ALGÈBRES DE KAC-MOODY 3
Soient deux matrices A1et A2dont des réalisations respectives sont (h1,Π1,Π∨
1)et (h2,Π2,Π∨
2). La
matrice A10
0A2est la somme directe de A1et A2; elle admet pour réalisation le triplet
(h1⊕h2,Π1× {0} ∪ {0} × Π2,Π∨
1× {0} ∪ {0} × Π∨
2),
appelé somme directe des réalisations.
Une matrice A(ainsi que sa réalisation) est décomposable si après avoir réordonné les indices elle se
décompose en une somme directe non triviale. Après avoir réordonné les indices, on peut toujours décom-
poser une matrice Aen une somme directe de matrices indécomposables ; la réalisation correspondante
est la somme directe des réalisations indécomposables correspondantes.
1.2. Construction de l’algèbre ˜
g(A). — Soit A= (ai,j )1≤i,j≤nune matrice complexe de rang `.
Choisissons une réalisation (h,Π,Π∨)de A. Introduisons une algèbre de Lie auxiliaire ˜
g(A), de générateurs
ei,fi(i= 1,...,n) et hsatisfaisant aux relations
(7)
[ei, fj] = δi,j α∨
i(i, j = 1,...,n),
[h, h0] = 0 (h, h0∈h),
[h, ei] = hαi, hiei(i= 1,...,n;h∈h),
[h, fi] = −hαi, hifi(i= 1,...,n;h∈h).
Il découle de l’unicité de la réalisation que ˜
g(A)ne dépend que de A. On écrira ad(x) = [x, ·].
Notons ˜
n+(resp. ˜
n−) la sous-algèbre de ˜
g(A)engendrée par les ei(resp. les fi).
Théorème 1.2. — (1) Nous avons une somme directe d’espaces vectoriels ˜
g(A) = ˜
n−⊕h⊕˜
n+.
(2) La sous-algèbre ˜
n+(resp. ˜
n−)est librement engendrée par les ei(resp. les fi).
(3) L’application ei7→ −fi,fi7→ −ei,h7→ −h(h∈h)s’étend de façon unique en une involution ˜ω
de l’algèbre de Lie ˜
g(A).
(4) L’algèbre de Lie ˜
g(A)se décompose en espaces radiciels sous l’action de hsous la forme
(8) ˜
g(A) = M
α∈Q+\{0}
˜
g−α!⊕h⊕ M
α∈Q+\{0}
˜
gα!,
où ˜
gα={x∈˜
g(A) ; [h, x] = α(h)xpour tout h∈h}. De plus dim(˜
gα)<+∞et ˜
gα⊂˜
n±pour ±α∈
Q+\ {0}.
(5) Il existe un unique idéal maximal rde ˜
g(A)intersectant trivialement h. Nous avons une somme
directe d’idéaux
(9) r= (r∩˜
n−)⊕(r∩˜
n+).
Démonstration. — Non recopiée car longue.
1.3. Construction de l’algèbre de Kac-Moody g(A). — Soit A= (ai,j )1≤i,j≤nune matrice com-
plexe (de rang `). Choisissons une réalisation (h,Π,Π∨)de A. Considérons l’algèbre de Lie ˜
g(A)sur les
générateurs eiet fi(i= 1,...,n) avec les relations (7). D’après le théorème 1.2 (1), l’application naturelle
h−→ ˜
g(A)est un plongement. Soit rl’unique idéal maximal intersectant trivialement h. Posons
g(A) = ˜
g(A)/r.
La matrice Aest la matrice de Cartan de l’algèbre de Lie g(A).
L’entier nest le rang de g(A). Le quadruplet (g(A),h,Π,Π∨)est appelé quadruplet associé à la matrice
A. Deux quadruplets (g(A),h,Π,Π∨)et (g(A1),h1,Π1,Π∨
1)sont isomorphes s’il existe un isomorphisme
d’algèbres de Lie φ:g(A)−→ g(A1)tel que φ(h) = h1,φ(Π∨) = Π∨
1et φ∗(Π1) = Π.
Une algèbre de Lie g(A)dont la matrice Aest une matrice de Cartan généralisée comme défini en (1–3)
est appelée algèbre de Kac-Moody.
Nous conserverons la même notation pour les images des ei, des fiet de hdans g(A). La sous-algèbre
hde g(A)est appelée sous-algèbre de Cartan. Les eiet fisont appelés générateurs de Chevalley. Ils
engendrent en fait l’algèbre dérivée g0(A) = [g(A),g(A)]. De plus
g(A) = g0(A) + h.
Il s’ensuit que g(A) = g0(A)si et seulement si det(A)6= 0. Posons h0=Pn
i=1 Cα∨
i; ainsi g0(A)∩h=h0.