Evidences géochimiques élémentaires et isotopiques de la transition
Boréal-Atlantique dans une tourbière belge.
François De Vleeschouwer1, L. Gérard2, M. Streel3, N. Mattielli4, N. Fagel5
1 Unité de Recherche Argiles et Paléoclimats, Département de Géologie, Université de Liège, Belgique.
2 Unité de Recherche Argiles et Paléoclimats, Département de Géologie, Université de Liège, Belgique.
3 Paléobotanique, Paléopalynologie, Micopaléontologie, Université de Liège, Belgique.
4 Département des Sciences de la Terre et de l’Environnement, Université Libre de Bruxelles,
5 Unité de Recherche Argiles et Paléoclimats, Département de Géologie, Université de Liège, Belgique.
Parmi les trois pour cent de la surface du globe recouverts de dépôts tourbeux, les
tourbières ombrotrophes sont uniquement alimentées par les retombées atmosphériques et
sont susceptibles d’enregistrer les évènements climatiques et anthropiques holocènes.
Depuis plus de 30 ans, les géochimistes environnementaux se sont intéressés aux
tourbières en tant que traceurs géochimiques des pollutions anthropiques (p.e. Shotyk et al.,
1998 et références reprises). Le climat est quant à lui évoqué de manière plus sporadique.
Le Dryas récent est par exemple bien identifié dans une tourbière du Jura suisse (Shotyk et
al., 2002). Nous présentons ici une étude focalisée sur la transition Boréal-Atlantique (~ 8.2
ka cal BP) dans une carotte de tourbe prélevée dans la tourbière du Misten (Plateau des
Hautes Fagnes, SE de la Belgique). Cette tourbière a accumulé plus de 7 m de tourbe
depuis le début du Boréal. En 1950, Persh avait déjà mis en évidence une perturbation dans
les profils polliniques de cette tourbière. Cette perturbation est caractérisée par une
diminution rapide de la concentration en pollen de noisetier et une augmentation de la
concentration en pollens d’aulne. Plus récemment, la même perturbation a été enregistrée
dans d’autres sites des Hautes Fagnes (Gotjé et al., 1990, Streel et al., 2005 ; Deroche et
al., 2005). Ce changement climatique, dû à la débâcle du glacier des Laurentides dans
l’Océan Atlantique Nord résultant en un ralentissement de la circulation de ce dernier,
semble être enregistré de manière relativement synchrone à travers le globe (p.e. Alley et
al., 1997). Après le repérage de l’intervalle grâce à une palynostratigraphie à moyenne
résolution, des échantillons ont été prélevés et analysés pour leurs contenus géochimiques
élémentaire et pour leurs signatures isotopiques en plomb. Cette étude est accompagnée de
datations au 14C. La géochimie élémentaire révèle une forte perturbation légèrement plus
jeune que la transition Boréal-Atlantique. Cette perturbation reflète un changement dans les
apports de particules. Les isotopes du plomb permettent de discuter l’origine de ces
particules et suggèrent plus particulièrement une influence de la croûte panafricaine
scandinave, jusque là englacée.
References
Alley R.B., Mayewski P.A., Sowers T., Stuiver M., Taylor K.C., Clark P.U. (1997) Geology 25, 483-486.
Deroche F., Gerrienne P., Streel M. (2005) Hautes Fagnes 260 (sous presse)
Persch, F. (mit Beïtragen von Overbeck, F.) (1950). Decheniana 104, 81-93.
Shotyk W., Weiss D., Appleby P. G., Cheburkin A. K., Frei R., Gloor M., Kramers J. D., Reese S., Knaap V. D.
(1998). Science 281, 1635-1640.
Shotyk W., Krachler M., Martinez-Cortizas A., Cheburkin A. K., Emons H. (2002) EPSL, 199, 21-37.
Streel M., Deroche F., Gerrienne P. (2005) Paléo-écologie, Géo-archéologie et Géographie historique, Belgeo,
2 (sous presse)