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Correspondances en médecine - 1 - mai 2000
Neurologie
F
ROID
,
TOUX
,
SEXE
...
ET CÉPHALÉES
Certaines céphalées ont des circonstances de
déclenchement particulières qu’il convient de
connaître afin d’éviter des explorations complé-
mentaires inutiles et de rassurer le patient !
C’est le cas notamment des céphalées
induites :
– par l’exposition au froid (ou l’ingestion de
boissons ou aliments glacés), dont le traite-
ment est purement préventif ;
par la toux (ou bien encore le rire ou les
pleurs), d’évolution habituellement régressive
sur quelques mois et généralement sensibles à
un traitement par indométacine ;
– ou par l’activité sexuelle.
Ces dernières, quatre fois plus fréquentes chez
l’homme que chez la femme, sont de trois
types :
céphalées “de tension” (douleur diffuse ou
occipitale sourde) croissant avec l’excitation
sexuelle et persistant de quelques heures à
quelques jours, vraisemblablement liées à la
contraction excessive des muscles de la tête et
du cou (relax !) ;
céphalées apparaissant en orthostatisme
(disparaissant en décubitus) de type “post-
ponction lombaire” (douleur sous-occipitale) et
persistant parfois pendant quelques semaines
après le rapport ;
ou, variété de loin la plus fréquente, cépha-
lées “vasculaires” (douleur explosive, pulsatile,
frontale ou occipitale) précédant ou accompa-
gnant l’orgasme et persistant de quelques
minutes à quelques heures, consécutives à
l’élévation tensionnelle qui se produit au cours
de l’acte sexuel.
J.M. Visy. Céphalées inhabituelles. La Lettre du Neurologue
1999 ; 2 (III) : 64-6.
F
AUT
-
IL INTERDIRE LE SPORT AUX MALADES
ÉPILEPTIQUES
?
À cette question on ne peut aujourd’hui
répondre que par oui et par non... tout dépend
du type d’épilepsie dont le patient est atteint et
de la nature de l’activité physique envisagée :
tout conseil ou toute précaution d’ordre géné-
ral n’a aucun fondement scientifique (chaque
épileptique est un cas unique) !
Pourquoi oui ? Il va de soi qu’un patient sujet à
des crises épileptiques (source de chutes)
risque de se blesser... et ce, indépendamment
du type d’activité pratiquée. Dès lors, par peur,
hyperprotection (ou ignorance)... mais aussi
souvent pour des raisons médico-légales, l’épi-
leptique est fréquemment exclu de toute acti-
vité sportive.
Pourquoi non ? Deux arguments de poids”
militent en sa faveur :
la quasi-totalité des études ayant analysé les
effets de l’entraînement physique chez l’épilep-
tique arrivent à la conclusion que l’activité phy-
sique ne favorise pas le déclenchement des
crises et semble même avoir, au contraire, chez
la plupart des patients, un effet bénéfique ;
la grande majorité des patients épileptiques
présente beaucoup moins de crises pendant les
périodes où ils participent de façon active à
toutes sortes de loisirs que pendant les
périodes d’inactivité, de repos ou d’ennui.
En outre, il faut ici souligner que la plupart des
sujets épileptiques ont la capacité mentale
d’évaluer les risques encourus pendant la pra-
tique d’un sport... et que toute activité de la vie
courante comporte un risque : le risque de
noyade dans une baignoire à domicile est de
loin beaucoup plus élevé que le risque de
noyade en piscine !
A. Arzimanoglou. Pratique sportive et épilepsies. La Lettre
du Neurologue 1999 ; 3 (III) : 104-8.
P
RISE EN CHARGE D
UNE PREMIÈRE CRISE
CONVULSIVE
Face à un adulte ou à un adolescent, sans anté-
cédent d’épilepsie, examiné pour un premier
épisode convulsif, il convient dans un premier
temps d’en rechercher les causes sans attendre
(cf encadré) ; certaines d’entre elles nécessitant
un traitement spécifique urgent.
revue de presse spécialisée
résumé et analyse d’articles sélectionnés
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Correspondances en médecine - 1 - mai 2000
Alcool et infarctus... cérébral
Une récente étude publiée dans le JAMA *
révèle que le lien entre consommation
d’alcool et risque de survenue d’un infarctus
cérébral décrit une courbe en J. En d’autres
termes, une consommation modérée d’alcool
(jusqu’à 2 verres par jour) est apparemment –
en ce domaine – bénéfique, alors qu’une
consommation importante (plus de 5 verres
par jour) apparaît délétère.
* R. Sacco et coll. The protective effect of moderate
alcohol consumption on ischemic stroke. JAMA
1999 ; 281 : 53-60.
S. Alamowitch. Consommation modérée d’alcool
et risque d’infarctus cérébral. La Lettre du
Neurologue 1999 ; 2 (III) : 70-1.
Grossesse et traitement anti-épilep-
tique
Tous les médicaments antiépileptiques
peuvent être à l’origine de malformations
congénitales. Pour autant, dans la majorité
des cas, le traitement antiépileptique doit
être poursuivi chez la femme enceinte, son
interruption pouvant être préjudiciable à la
mère et au fœtus.
F. Chassoux. Précautions d’emploi des antiépilep-
tiques en cas de grossesse. La Lettre du
Neurologue 1999 ; 2 (III) : fiche détachable.
L’épilepsie au volant
Une récente étude publiée dans Neurology*,
visant à identifier les facteurs de risque
d’accident de voiture chez les patients
épileptiques, montre que l’absence de crise
depuis au moins un an et la survenue
constante d’une aura précédant la crise sont
des facteurs “de bon pronostic”.
* G.L. Krauss et coll. Risk factors for seizure-related
motor vehicle crashes in patient with epilepsy.
Neurology 1999 ; 52 : 1324-9.
S. Alamowitch. Crises d’épilepsie et conduite auto-
mobile. La Lettre du Neurologue 1999 ; 3 (III) :
138-9.
Jambes sans repos
Le syndrome des jambes sans repos, à savoir
le besoin impérieux de bouger les jambes en
raison de l’apparition (généralement le soir
ou en début de nuit) de paresthésies
profondes des membres inférieurs, suscite
actuellement de nombreuses recherches.
Recherches justifiées par la fréquence de
cette affection qui est estimée à 10 % de la
population générale et 25 % des personnes
âgées de plus de 65 ans !
M.H. Marion. Le syndrome des jambes sans repos.
La Lettre du Neurologue 1999 ; 3 (III) : 144-5.
Alzheimer : produits disponibles
À l’heure actuelle, seuls trois médicaments
ont obtenu une autorisation de mise sur le
marché (AMM) pour la maladie d’Alzheimer :
le donépézil, la rivastigmine et la tacrine.
À noter que la prescription de ces trois
anticholinestérasiques est réglementairement
limitée aux formes légères et modérées de
cette affection, à savoir aux patients dont le
score au Minimental Status de Folstein est
compris entre 10 et 26.
H. Allain et coll. Le choix des thérapeutiques dans
la maladie d’Alzheimer. La Lettre du Neurologue
1999 ; suppl. au n°3 (III) : 167-72.
Parkinson : quoi de neuf ?
Deux nouvelles molécules sont à l’essai :
un nouvel agoniste dopaminergique, le
pramipexole, et un antagoniste
glutamatergique, le remacemide. Les
résultats préliminaires des études dont elles
ont fait l’objet (aux États-Unis) semblent
encourageants. À suivre !
M. Miloudi-Aissani. Traitements de la maladie de
Parkinson. 51
e
réunion annuelle de l’American
Academy of Neurology (AAN). La Lettre du
Neurologue 1999 ; suppl. au n°3 (III) : 211-2.
Pour en savoir plus :P. Le Cavorzin et coll. Les
médicaments de la maladie de Parkinson en 1999.
La Lettre du Pharmacologue 1999 ; 4 (13) : 76-88.
Quelques brèves...
Dans les premières heures, un traitement anti-
convulsivant – notamment l’administration pré-
coce de benzodiazépines – n’est pas justifié,
hormis en cas de récidive immédiate, d’état de
mal ou bien encore chez l’éthylique en sevrage.
La nécessité d’un traitement épileptique (tem-
poraire ou à long terme) ne sera considérée que
secondairement, une fois l’enquête étiologique
réalisée.
P. Masnou. Première crise convulsive survenant chez
l’adulte et l’adolescent : conduite pratique. La Lettre du
Neurologue 1999 ; 4 (III) : 250-2.
Une crise convulsive survenant chez un sujet
sans antécédent d’épilepsie peut être notam-
ment d’origine :
– idiopathique ou cryptogénique* (près de 30 %
des cas) ;
– toxique (éthylisme, abus de psychotropes...) ;
– métabolique (hypoglycémie, hyponatrémie...) ;
– vasculaire (ischémie, hématome...) ;
– tumorale, traumatique ou infectieuse.
* Syndrome épileptique qui ne peut pas être considéré
comme idiopathique mais paraît être symptomatique,
sans que la cause en soit clairement identifiée.
revue de presse spécialisée
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Correspondances en médecine - 1 - mai 2000
SAOS et impuissance
Les malades présentant un syndrome
d’apnées obstructives du sommeil (SAOS)
sont exposés à un risque accru d’infarctus du
myocarde (x 23 selon certaines études !) et
d’accident vasculaire cérébral (x 2,4)... mais
également d’impuissance : 20 % des patients
qui souffrent d’un SAOS se plaignent
d’impuissance et 50 % des hommes qui
consultent pour une impuissance organique
souffrent d’un SAOS.
C. Hausser-Hauw, B. Fleury Le syndrome d’apnées
obstructives du sommeil. La Lettre du Neurologue
1999 ; 4 (III) : 231-5.
Contraception orale et épilepsie
Certains médicaments antiépileptiques
(carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne,
primidone, topiramate) sont pourvus de
propriétés inductrices enzymatiques et sont
par conséquent susceptibles de diminuer
l’efficacité des contraceptifs oraux mini- ou
microdosés. Prudence !
Les benzodiazépines, la gabapentine, la
lamotrigine, la tiagabine, le valproate de
sodium et le vigabatrin ne possèdent pas, en
revanche, de propriétés inductrices
enzymatiques et n’interfèrent donc pas avec
la contraception orale mini- ou microdosée.
E. Landré. Contraception orale et médicaments
antiépileptiques. La Lettre du Neurologue 1999 ; 5
(III) : fiche détachable.
Épilepsie pharmacorésistante
Le traitement médicamenteux antiépileptique
se révèle insuffisamment efficace chez 25 à
30 % des malades (soit plus de 100 000
personnes en France). On comprend dès lors
pourquoi, depuis presque une décennie,
chaque année voit naître un nouveau
médicament antiépileptique... et ce n’est pas
fini !
M. Weber. Actualités des nouveaux médicaments
antiépileptiques. La Lettre du Neurologue 1999 ; 5
(III) : 298-302.
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