l’économie de proximité dans leurs diagnostics territoriaux ; mieux soutenir la dynamique économie de proximité dans les
contrats territoriaux ; articuler les politiques sectorielles de la Région au service de l’économie de proximité. Autrement
dit, les deux derniers leviers d’action consistent à réagencer, réarticuler ou redéfinir des dispositifs régionaux existant,
tels les Contrats de Développement Durable Rhône-Alpes (CDDRA), pour les mettre plus directement au service de
l’économique de proximité.
Le premier axe en revanche est plus novateur. Il renvoie au travail de formation-action que nous conduisons depuis 2011
avec ARADEL (Association Régionale des Développeurs Economiques Locaux) auprès d’un certain nombre de
territoires pilotes. Baptisée « Institut de Management des Pratiques Locales » (IMPL), cette démarche a accompagné
jusqu’ici 9 territoires rhônalpins : le CDDRA de Bourg en Bresse, le Parc Naturel Régional du Pilat, l’agglomération du
Pays Viennois, le PNR des Bauges, le CDDRA du Faucigny, le CDDRA du Haut Bugey, le CDDRA du Bugey, le Grand
Projet Rhône-Alpes Grotte Chauvet. Elle en aura bientôt accompagné près de 25. Concrètement cette démarche
consiste à expérimenter une approche du développement économique local basée sur les outils d’analyse des moteurs
du développement proposée par Laurent Davezies. Elus, techniciens et partenaires du territoire se rassemblent pour
produire un diagnostic ; ils le confrontent ensuite avec les autres territoires lors de sessions collectives. Ils partagent
ensemble une analyse des moteurs de leur développement et construisent un projet économique intégrant de nouveaux
indicateurs de richesse du territoire.
Cette expérience nous a permis de valider l’intérêt de l’approche par l’économie de proximité et de l’accompagnement
personnalisé des acteurs des territoires autour des représentations qu’ils se font de l’économie locale. Le travail de
diagnostic par les moteurs de développement permet en effet de comprendre le fonctionnement socio-économique d’un
territoire d’une façon plus globale et systémique. Il permet d’appréhender de concert les différentes dimensions des
économies locales, à savoir leurs dimensions productive, publique, sociale et résidentielle, et de cerner l’importance de
la consommation dans l’économie de proximité. Aujourd’hui, notre volonté est de faire bénéficier de cet
accompagnement tous les territoires de Rhône-Alpes qui en auront exprimé le souhait.
Selon vous, la notion d’économie de proximité fait-elle sens aux yeux du citoyen ?
Oui, je le pense. L’économie de proximité est au cœur de la vie quotidienne. Chacun d’entre nous est en contact avec
elle chaque jour : les commerces, les artisans, etc. En revanche, le rôle de la circulation des revenus de l’économie de
proximité est encore peu perçue. Il ne suffit pas de créer de la richesse. Encore faut-il que celle-ci circule localement !
Que peut-on attendre du développement de l’économie de proximité ?
Aujourd’hui, on observe une véritable accélération dans l’appropriation de l’économie de proximité dans les territoires.
Les élus y voient un intérêt de plus en plus fort parce qu’elle leur permet de reprendre la main sur les questions
économiques. Dans le contexte de la mondialisation, les stratégies de redéploiement et de désengagement des grandes
firmes échappent pour l’essentiel aux territoires. Elles peuvent donner un sentiment d’impuissance. L’économie de
proximité quant à elle présente un triple intérêt.
Sur le plan de l’emploi tout d’abord. Comme l’a montré le diagnostic que nous avons réalisé à l’échelle des zones
d’emploi de Rhône-Alpes, l’économie de proximité représente entre 40 et 80% des emplois. L’économie de proximité
joue un grand rôle dans la dynamique de création d’emplois. D’autant plus qu’elle correspond à des activités peu ou pas
délocalisables. En tant qu’élu, je peux contribuer à l’amélioration de la situation de l’emploi. Un bémol cependant, une
partie des emplois de l’économie de proximité, c’est-à-dire ceux qui sont peu ou pas qualifiés, sont porteurs de précarité,
sur le plan du statut, de la durée du contrat, du temps de travail, etc. L’amélioration de la qualité des emplois et la
sécurisation des parcours constituent donc un point de vigilance. Ensuite, parce qu’elle concerne les besoins concrets
des habitants, leur identification et leur satisfaction, l’économie de proximité permet de contribuer à l’amélioration du
cadre de vie. Enfin, parce qu’elle renvoie à des secteurs d’activités dont les centres de décision sont la plupart du temps
ancrés dans les territoires, l’économie de proximité permet de développer des relations de partenariat dans la durée. Je
peux mettre en place des politiques économiques dans la continuité. Au travers de l’économie de proximité, un maire
peut donc transformer la physionomie d’un quartier en travaillant sur le développement du commerce, de l’artisanat et
des services aux ménages. C’est quelque chose que l’on peut faire à l’échelle d’un mandat.
L’économie de proximité présente-t-elle un intérêt écologique ?
Cela me parait évident. En développant les circuits courts, en favorisant l’utilisation de ressources locales, en créant de
nouvelles activités et valeurs économiques (telles que les ressourceries qui donnent une seconde vie à nos déchets),
l’économie de proximité peut contribuer à alléger notre empreinte environnementale. Mais selon moi, l’intérêt écologique
de l’économie de proximité va bien au-delà de la dimension environnementale : parce qu’elle s’enracine dans le local
pour répondre aux besoins des populations présentes sur le territoire, l’économie de proximité permet de retrouver le
sens même de l’économie, qui est de répondre aux besoins humains. Parce qu’elle valorise les petites et très petites
entreprises, cette économie favorise la place des personnes dans la création de valeur comme dans les processus de
prise de décision et amène à de nouvelles formes de coopérations entre les acteurs, qu’ils soient privés ou publics.