© ENTRETIENS DE BICHAT 2010 -33
Psychomotricité n
cien  a  donc  le  choix  entre  plusieurs  tech-
niques,  notamment d'inspiration cognitivo-
comportementale (Douglas, 1972 ; Corraze,
& Albaret, 1996) afin de fournir aux enfants
agités et distraits des méthodes de contrôle
personnalisées et adaptées à leur âge et à leur
pathologie, dans l'optique de lui permettre
d'apprendre à apprendre. 
LES DÉFICITS SPÉCIFIQUES EN LIEN
AVEC LES APPRENTISSAGES
Les différents modules attentionnels et exécu-
tifs  indispensables  aux  apprentissages  sont
pour  plusieurs  auteurs  directement  reliés  à
leurs substrats neuro-anatomiques, c'est à dire
qu'ils renvoient à des réseaux cérébraux diffé-
rents (Mirsky, Anthony,  Duncan,  Ahearn, &
Kellam, 1991 ; Posner, & Fan, 2008 ; Posner,
& Petersen, 1990 ; Van Zomeren, & Brouwer,
1994). Les études et les outils d'évaluation qui
leur sont consacrés sont variés, c'est pourquoi
la compréhension et la mesure des fonctions
attentionnelles et exécutives sont loin d'être
aisées, d'autant que les modèles théoriques
qui tentent de rendre compte des altérations
du TDA/H sont eux-mêmes en perpétuel re-
nouvellement. Nous nous limiterons à définir
quelques dimensions des fonctions attention-
nelles d'un point de vue neuropsychologique,
leurs altérations et leurs manifestations com-
portementales  possibles  dans  le  cadre  du
TDA/H  (selon  les  principaux  modèles  théo-
riques actuels), et nous citerons un ou deux
tests standardisés qui permettent de mettre en
évidence quelques-unes de ces altérations (voir
Albaret, 2010 pour une revue plus détaillée). 
Le déficit d'attention
L’attention  est  appréhendée  aujourd'hui
comme un concept qui regroupe des sous-
processus imbriqués, et qui s’exerce sur des re-
présentations  cognitives,  perceptives,
conceptuelles ou motrices. Elle n’est pas, à elle
seule, un mécanisme unique, mais correspond
à un ensemble d’opérations et de capacités
neuropsychologiques en inter-relation (Couil-
let, Leclercq, Moroni, & Azouvi, 2002). Plu-
sieurs types d'attention qui interagissent ont
été identifiés et peuvent être plus ou moins
déficitaires et mis en évidence chez le sujet
TDA/H à l'aide de tests standardisés. 
L'attention soutenue est le fait de maintenir sur
la durée et avec efficacité son niveau d'atten-
tion et de vigilance pendant au moins 10 mi-
nutes. Plusieurs épreuves de barrages visent
l'évaluation  de  l'attention  soutenue  :  le  D2
(Brickenkamp, 1967) ou le T2B (Zazzo, 1960).
L'attention sélective, qui est la capacité à main-
tenir l'attention sur une cible malgré des dis-
tracteurs,  est  évaluée  par  le  test  de  Stroop
(Albaret & Migliore, 1999). L'attention divisée
consiste à gérer ses ressources attentionnelles
en partageant ou en changeant rapidement la
focalisation de l'attention afin de traiter une si-
tuation de double tâche notamment. L'épreuve
d'attention divisée du TEA-Ch est conçue spé-
cifiquement pour évaluer ce module. 
L'attention visuelle est la capacité à établir et
maintenir une attitude performante de traite-
ment visuel des informations. Le subtest At-
tention Visuelle de la NEPSY (Korkman, Kirk &
Kemp, 2003) évalue cette dimension atten-
tionnelle. L'attention auditive est la capacité à
établir et maintenir une attitude d'écoute en
portant intention aux messages sonores. La
NEPSY et la batterie d'évaluation du TEA-Ch
(Manly, Robertson, Anderson, & Mimmo-Smi-
thy, 2004) y consacrent un de leurs subtests. 
L'inattention est reconnue comme l'un des
trois piliers du syndrome avec l'impulsivité et
l'agitation motrice. Ses manifestations com-
portementales sont en général rapidement re-
pérées  par  les  enseignants,  puisque  toute
situation d'apprentissage nécessite un mini-
mum  d'attention.  L'élève  TDA/H  est  décrit
comme étant « dans la lune », multiplie les
oublis ou les erreurs par manque d'écoute et
d'observation, a le plus grand mal à terminer
un exercice sans se laisser distraire par les ca-
marades ou le bruit des pas de la personne qui
passe dans le couloir, etc. Une des priorités du
psychomotricien sera d'améliorer la qualité du
soliloque par des techniques d'auto-instruc-
tion  (Meichenbaum  &  Goodman,  1969,
1971), en encourageant l'enfant à verbaliser
les stratégies utilisées afin de mieux focaliser
son attention et affiner secondairement ses
capacités de résolution de problème.