gile et des parents qui n’ont pas les compétences suffi-
santes pour encadrer la fragilité de leur enfant.
Auteure : Je fais ici référence à la théorie des dysfonc-
tionnements primaires et à l’environnement invali-
dant tels que les a décrits Marsha Linehan
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.
Docteur : Vous me disiez que vous étiez une enfant
triste, inquiète, difficile à rassurer et qui faisait des crises
démesurées pour attirer l’attention.Vous étiez fragile et
vos parents étaient peu disponibles pour vous aider à
gérer votre détresse.
Auteure : Vous devez évoquer les antécédents fami-
liaux connus.
Docteur : Vous m’avez raconté que votre père était peu
présent à la maison et que votre mère, envahie par sa
propre détresse, était dépassée par l’ampleur de la tâche
et ne pouvait encadrer adéquatement sa petite fille plus
fragile. Vous n’avez donc pu vous équiper d’un bon coffre
à outils pour affronter la vie et avez construit votre iden-
tité sur une fondation précaire. De ces expériences dé-
coulent vos principales fragilités à l’abandon, votre faible
estime de vous-même, votre impulsivité, votre recherche
d’une satisfaction immédiate de vos besoins et votre in-
satiable désir d’affection pour combler le vide en vous.
Patiente : C’est difficile à entendre tout ça. C’est pas
très clair.
Docteur : Je vous explique autrement.
Auteure : Vous pourriez utiliser ici le modèle d’endo-
et d’exosquelette d’Évens Villeneuve
5
.
Docteur : Prenons l’image de deux sortes de tente de
camping : l’une contemporaine, avec une structure in-
terne très solide et qui résiste très bien aux intempéries,
et comparons-la à une personnalité mature (figure 1A).
L’autre tente possède plutôt une structure plus pré-
caire qui tient avec des cordages externes. Comparons-
la à une personnalité vulnérable (figure 1B).
Docteur : C’est une tente aux cordages externes que
vous avez reçue pendant votre enfance.Vos cordages ex-
ternes, qui sont importants pour vous et qui donnent
un sens à votre vie, sont votre famille, votre mari, votre
travail, vos parents et votre sens de l’autodiscipline. Ils
ont tous cédé dernièrement et vous vous retrouvez donc
au plancher (figures 1C et 1D).
Vous avez perdu votre emploi, puis vous vous êtes re-
mise à boire après cinq ans d’abstinence. En outre, votre
mari vous en veut et vous somme de quitter la maison.
Vos parents vous jugent et vous critiquent. Vous êtes
donc coupée de tout ce qui vous importait. Vos fragili-
tés sont ainsi sollicitées de toutes parts.
Formation continue
Le Médecin du Québec, volume 45, numéro 11, novembre 2010
Le questionnaire « L’outil d’autodiagnostic »3
OJe fais des efforts excessifs afin d’éviter qu’on m’abandonne.
LJe deviens perturbé à la pensée qu’une personne chère me quitte.
LJ’ai toujours vécu difficilement les ruptures.
OJ’ai tendance à aimer profondément les personnes ou bien
à les détester. C’est tout noir ou tout blanc.
LJe suis instable dans mes relations interpersonnelles.
LJe change souvent d’amis ou de conjoint.
LJe change souvent d’opinion sur la valeur des gens.
OJ’ai une très faible estime de moi-même. Je ne sais pas qui je suis
vraiment. Je me questionne sur ma personnalité, mon orientation
sexuelle, mon rôle dans la société.
OJ’ai des comportements impulsifs ou excessifs dans certains
domaines :
Ldépenses excessives (achats, jeu, casino, etc.) ;
Lsexualité (excès, absence de protection, multiples partenaires) ;
Ltoxicomanie (drogue, alcool, changement dans ma
consommation) ;
Lconduite automobile (rage au volant, impatience, excès de vitesse,
prise de risques) ;
Lalimentation, crise de boulimie (consommation excessive
d’aliments, de friandises, etc.) ;
Larrêt volontaire de l’alimentation.
OIl m’arrive de vouloir me faire du mal ou de me blesser physiquement.
Il m’arrive aussi de faire des menaces ou des gestes suicidaires
ou d’avoir des souhaits passifs de mort.
OIl m’arrive souvent d’être de mauvaise humeur, de faire des crises
de colère, d’être très irritable ou impatient, de briser des objets ou
de frapper des gens. Il m’arrive d’être impulsif dans mes décisions
et de regretter par la suite certaines de mes attitudes.
OIl m’arrive d’être euphorique et énergique et d’avoir des projets
plein la tête. Cependant, après peu de temps, mon humeur décline,
je deviens triste, découragé et frustré.
OJ’ai un sentiment de vide intérieur que rien ni personne n’arrive
à combler.
OÀ certains moments, il m’arrive de décrocher de la réalité et
de mes émotions, d’être absent, de ne plus avoir conscience
des gens autour de moi, de me sentir une autre personne, d’avoir
le sentiment d’être comme dans un rêve, d’être un observateur
extérieur de mon propre fonctionnement, de mon propre corps.
En période de stress, je deviens parfois bizarre ou je m’isole
de tout et deviens même méfiant envers les autres.
Tableau II
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