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Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 26, issue 2, spring 2016
reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie
Éditorial
Récemment, j’ai été étonnée de constater la fréquence
à laquelle le sujet de la survivance est soulevé dans les
congrès et conférences en oncologie. Les personnes diag-
nostiquées d’un cancer et traitées vivent non seulement plus
longtemps, mais aussi avec une maladie essentiellement sous
contrôle, voire aucune manifestation clinique. Leur nombre a
atteint un point sans précédent et est appelé à continuer d’aug-
menter grâce aux avancées scientiques et technologiques
contribuant au diagnostic et au traitement précoces du cancer.
De telles circonstances nous placent dans une excellente posi-
tion pour apprendre de ces gens sur les lacunes du continuum
de soins et pour explorer diverses idées d’amélioration du sout-
ien et de la prestation de soins.
Un problème fréquemment mentionné dans les études et
les forums de discussion des intéressés est celui du manque
d’information sur la période post-traitement. Beaucoup de
survivants ont rapporté ne pas avoir reçu d’information ou en
avoir reçu trop peu concernant ce qui arriverait une fois leur
traitement primaire contre le cancer terminé.
Bon nombre d’entre eux, au terme de leur traitement,
sont préoccupés par diverses questions : le cancer a-t-il réel-
lement disparu? Quand saurai-je qu’il a dénitivement dis-
paru? Reviendra-t-il? Comment le saurais-je s’il revient? Quels
signes et symptômes devrais-je surveiller? La peur d’une
récidive est un phénomène clairement présent au sein de ce
groupe, quoique variable en intensité d’une personne à l’autre.
La crainte peut s’intensier jusqu’à ce que la détresse émotion-
nelle devienne paralysante et qu’un aiguillage vers un interve-
nant psychosocial soit de mise.
En outre, plusieurs personnes se demandent ce qui peut
être fait pour éviter une récidive, ou du moins en réduire les
probabilités. Elles veulent savoir ce qu’elles peuvent faire.
La n d’un traitement est souvent un moment propice pour
introduire des changements d’habitudes de vie : alimentation
et choix nutritionnels, exercice et conditionnement physique,
abandon du tabagisme).
En discutant avec des gens en période post-traitement, on
déplore que beaucoup d’entre eux aient reçu très peu d’infor-
mation sur ce qui se passerait après leur traitement, ou sur
les gestes constructifs qu’ils pourraient poser dans cette nou-
velle phase de leur vie. Au mieux, ils ont reçu une liste de ren-
dez-vous avec leur oncologue et des recommandations sur les
échéances de certains tests de suivi (habituellement, un peu
avant le rendez-vous de suivi). Quelques fois, cette liste a été
mise par écrit et laissée au patient. Plusieurs ignorent quels
renseignements concernant leur traitement ou les activités
de suivi seront transmis à leur médecin de famille — ou s’ils
doivent s’en charger eux-mêmes.
Ce que les patients réclament, à la n de leur traitement
contre le cancer, c’est une représentation claire des prochaines
étapes; ils veulent savoir comment leur maladie sera surveillée,
pourquoi ils devraient revenir au centre d’oncologie, quelles
responsabilités a leur médecin de famille, quels eets secon-
daires tardifs ils doivent surveiller et comment ils doivent les
gérer s’ils adviennent. De plus, ils veulent être mis au courant
des ressources disponibles dans leur collectivité ainsi que des
moyens de communiquer avec ces ressources ou d’y accéder.
Un document contenant ce type de renseignements a été
appelé plan de soins aux survivants. Il est disponible en ver-
sion papier ou électronique et a pour but d’informer le patient,
qui pourra éventuellement le transmettre à son médecin de
famille. L’information y est personnalisée selon le type de
cancer, son stade d’évolution et le traitement administré au
patient. En eet, les eets secondaires tardifs ou à long terme
à surveiller dépendent du traitement reçu.
Peu de programmes ou de centres d’oncologie canadiens
orent actuellement un tel plan complet par écrit. Les évalu-
ations initiales des projets pilotes sur l’utilisation de plans de
soins aux survivants au Canada indiquent que de telles ini-
tiatives sont bénéques pour la réduction des doutes et de
l’inquiétude chez les survivants et qu’elles procurent un sen-
timent d’assurance et de contrôle. Le fait de remettre le plan
à un rendez-vous de transition (conversation centrée sur ce
qui succédera à la n du traitement) favorise sa bonne com-
préhension et clarie les rôles respectifs de l’oncologue et du
médecin de famille. Enn, les survivants sont rassurés lor-
squ’une procédure de communication claire est établie entre
leur médecin de famille et le centre ou le programme d’oncolo-
gie en cas de problème ou de question.
Dans le contexte de cette lacune, les inrmières et inrm-
iers en oncologie ont une occasion idéale d’élargir la portée
de leurs soins aux survivants. Leur rôle jouera en faveur des
patients pour les aider à comprendre les étapes qui font suite
à leur traitement primaire contre le cancer et à envisager
les gestes qu’ils peuvent poser dans leur parcours de surviv-
ance. Nous devons user de créativité et déterminer comment
rehausser les soins aux survivants du cancer pour tous ces
gens qui entrent dans cette phase de leur vie.
[Remarque : Ces commentaires se basent sur des projets
pilotes nancés par le Partenariat canadien contre le cancer
dans le but d’évaluer les plans de soins aux survivants cana-
diens. Visitez notre site Web : http://www.partnershipagainst-
cancer.ca/fr/]
Margaret I. Fitch, inf. aut., Ph.D.