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•Les néoplasies intraépithéliales de gradeI (CIN I)
Le “typage” viral nous permet d’adapter la thérapeutique. En
effet, il est logique de préconiser une abstention thérapeutique
avec surveillance pour les lésions de CIN I, associées ou non, à
des condylomes acuminés lorsque celles-ci sont associées à des
HPV non oncogènes du fait de la possibilité de régression spon-
tanée. Les femmes que l’on choisira de surveiller par cytologie
et colposcopie devront répondre à plusieurs critères : avoir une
lésion peu étendue sans HPV très oncogènes (16, 18), ne pas
avoir d’antécédent de CIN ou d’infection à HPV, avoir un statut
immunologique normal, être compliantes aux contrôles tous les
6mois. Cette surveillance ne se prolongera pas plus de 18 mois
à 1 an et sera interrompue dès l’aggravation des lésions.
En revanche, la survenue d’une CIN I associée à des HPV
oncogènes 16,18 justifie une attitude plus interventionniste.
Celle-ci consiste, à condition que la jonction pavimento-cylin-
drique soit complètement explorable, en une cryothérapie ou
une vaporisation au laser. Cette attitude se justifie d’autant
plus que dans notre expérience, les lésions de CIN I contenant
des HPV oncogènes ont toujours évolué vers des lésions de
plus haut grade chez les femmes VIH+.
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•Les néoplasies intra-épithéliales de grade II et III (CIN II
et CIN III)
Une attitude différenciée selon le degré de dysplasie CIN II ou
CIN III est difficile à établir. La présence de HPV non onco-
gènes sur CIN II peu étendue et jonction bien suivie pourrait
autoriser une simple destruction par vaporisation au laser. Une
exérèse avec examen histologique s’impose dès que la lésion
de CIN II est associée à un HPV 16, 18, 31 ou 33, et toujours
si la jonction pavimento-cylindrique est d’exploration difficile,
s’il s’agit d’une récidive ou de patientes immunodéprimées.
De plus, pour les patientes VIH+, l’existence d’une discor-
dance entre l’examen colposcopique et les résultats anatomo-
pathologiques nous ont conduit, malgré un taux de récidive
élevé, à préconiser des exérèses pour des CINII.
Les dysplasies de haut grade peu étendues à jonction pavi-
mento-cylindrique visibles chez les patientes jeunes et dési-
reuses de grossesse permettent une exérèse limitée qui peut
être envisagée à l’anse diathermique. La survenue de lésions
plurifocales justifie le recours à une exérèse plus large com-
portant une conisation chirurgicale associée à une vaporisation
laser périphérique. De plus, la notion de récidive ou l’impossi-
bilité d’exploration de la jonction pavimento-cylindrique est
pour nous une indication systématique à un examen extempo-
rané de la pièce de conisation permettant d’affirmer le passage
dans l’endocol en zone saine.
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•Les néoplasies intra-épithéliales glandulaires
Elles sont liées le plus souvent au HPV 18 et sont appelées GIN
(glandular intraepithelial neoplasia) de grade I, II et III. La sur-
venue d’une atypie glandulaire sur les frottis doit conduire à la
réalisation d’une colposcopie avec biopsie dirigée sur les aspects
lésionnels les plus atypiques associés à un curetage endocervi-
cal. La normalité de ce bilan peut conduire à la réalisation d’un
geste diagnostique à visée histologique sous la forme d’une résec-
tion cervicale associée à un curetage de l’endocol et de l’endo-
mètre. L’analyse histologique devra guider l’attitude thérapeu-
tique ultérieure.
Les lésions vaginales
Les lésions les plus fréquemment rencontrées correspondent à
des condylomes acuminés en rapport avec des HPV non onco-
gènes. Compte tenu de leur siège et de leur étendue, un traite-
ment conservateur est préconisé consistant soit en une cryothé-
rapie, soit en une vaporisation au laser. Un traitement local par
interféron peut être proposé (8, 10). La survenue de HPV onco-
gène n’est notée, dans notre expérience, que chez les patientes
immunodéprimées, notamment chez les patientes VIH+. Dans
ce dernier cas, les lésions sont étendues, étagées, et souvent asso-
ciées à des lésions vulvo-périnéales et cervicales. La présence
de HPV oncogène ne modifie pas notablement notre attitude. En
effet, les exérèses chirurgicales sont d’indication exceptionnelle,
du fait des séquelles fonctionnelles.
Les lésions vulvo-périnéales
Les lésions liées aux HPV se présentent le plus souvent sous la
forme exophytique (condylome acuminé) ou à type de papulose
bowenoïde. Ces lésions surviennent principalement sur des ter-
rains particuliers, notamment en cours de grossesse chez les
patientes diabétiques insulino-dépendantes et chez les patientes
immunodéprimées (7, 8, 10).
La biopsie avec examen anatomopathologique nous paraît indis-
pensable ainsi que le “typage” des HPV, bien que la corrélation
histo-virologique soit bonne. En effet, les condylomes vulvaires
sont le plus souvent liés à des HPV non oncogènes de type 6, 11
ou 42. Il n’existe pas dans ce contexte d’évolution vers des formes
invasives. En revanche, la régression spontanée de ces lésions
est possible, justifiant une surveillance de courte durée avant un
traitement systématique. L’accessibilité de ces lésions à un trai-
tement local permet l’utilisation dans les formes limitées de
Podophylline®, de solution de podophyllotoxine (Condyline®),
d’acide trichloracétique, plus rarement d’une cryothérapie ou
d’un traitement local par l’imiquinod (Aldara®). Dans les formes
diffuses, deux thérapeutiques peuvent être envisagées, soit le 5-
Fluorouracile (Efudix®), soit surtout la vaporisation au laser. Il
est à noter que l’utilisation de la podophylline, de l’acide tri-
chloracétique et du 5-Fluorouracile est contre-indiquée en cours
de grossesse (tableaux II et III).
À l’inverse des lésions condylomateuses, la papulose bowenoïde
est le plus souvent en rapport avec des HPV à risque 16, 18, 31,
33, 35 qui sont retrouvés dans 80 % des cas. L’évolution vers
des formes invasives est rare. Ce type de lésion nécessite de pri-
vilégier des traitements locaux fondés avant tout sur la vapori-
sation au laser afin d’éviter les séquelles de cicatrice rétractile
dues aux exérèses chirurgicales. Les indications de vulvectomie
superficielle ou radicale sont exceptionnelles.
L’ensemble de ces lésions requiert une surveillance rigoureuse
car, malgré l’ensemble de ces thérapeutiques, le taux de récidive
de ces lésions vulvo-périnéales est de 25 à 40 %. Le pronostic
des lésions à HPV est avant tout lié à la localisation cervicale.
Cela implique, devant toute lésion condylomateuse périnéale,
vulvaire ou vaginale, d’effectuer un bilan de l’état du col de l’uté-
rus par un frottis, une colposcopie et des biopsies dirigées.
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La Lettre du Gynécologue - n° 268 - janvier 2002