REVUE DE PRESSE L’oxygène hyperbare pour la prévention de la xérostomie radio-induite

REVUE DE PRESSE dirigée par le Dr M. François
6 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale 334 - juillet-août-septembre 2013
Loxygène hyperbare pour la prévention
de la xérostomie radio-induite
L’oxygène hyperbare est connu pour stimuler l’angiogenèse capillaire et la synthèse du
collagène dans les tissus irradiés. Il est proposé dans le traitement de l’ostéo-radionécrose
et en cas de difficultés de cicatrisation. Inversement, il a été montré qu’il n’augmentait
pas le risque de récidive, ni de deuxième localisation. Ce traitement aurait aussi un effet
préventif de la xérostomie. Les auteurs font une revue de la littérature des séries publiées
sur ce sujet. Plusieurs études pilotes, manquant malheureusement de groupes témoins,
ont montré un effet bénéfique avec une diminution de la xérostomie et du risque de caries
attribué à l’effet de l’oxygène hyperbare sur le flux salivaire, mais aussi sur le pH et sur la
colonisation bactérienne de la bouche.
Dr Martine François
Commentaire
La xérostomie est très invalidante. Une fois qu'elle
est constituée, nous n’avons à lui opposer que
des traitements palliatifs d’efficacité limitée.
Les techniques récentes d’irradiation à intensité
modulée permettent de limiter un peu l’irradiation
des glandes salivaires. Ces études utilisant l’acu-
puncture ou l’oxygénothérapie hyperbare pour
prévenir la xérostomie sont intéressantes, mais
demanderaient à être vérifiées sur un plus grand
nombre de patients.
Référence bibliographique
Meng Z, Garcia MK, Hu C et al. Randomized controlled trial of
acupuncturefor prevention of radiation-induced xerostomia
among patients with nasopharyngeal carcinoma. Cancer
2012;118:3337-44.
Référence bibliographique
Hadley T, Song C, Wells L et al. Does hyperbaric oxygen
therapy have the potential to improve salivary gland func-
tion in irradiated head and neck cancer patients? Med Gas
Res 2013;3:15.
Acupuncture pour prévenir la xérostomie
radio-induite
Un des effets adverses de l’irradiation des cancers de la tête et du cou est la xérostomie.
Les auteurs ont fait un essai randomisé acupuncture versus conseils d’hygiène buccale pour
la prévention de la xérostomie radio-induite. Cet essai a été réalisé à Shanghai, chez des
patients irradiés pour un cancer du cavum, cancer particulièrement fréquent en Chine. Les
patients du groupe acupuncture ont eu 3séances de 20minutes par semaine, les jours de
radiothérapie, pendant 7semaines. Les patients ont rempli des questionnaires toutes les
semaines pendant le traitement et à 6mois, ils ont aussi eu une mesure du flux salivaire
sans et avec stimulation. L’analyse des résultats montre une efficacité de l’acupuncture,
tant sur le ressenti des patients que sur le flux salivaire. Mais cette efficacité reste limitée :
à distance du traitement, le flux salivaire a été divisé environ par 3,25 dans le groupe non
traité par acupuncture, et par 3 dans le groupe traité.
M.F.
Commentaire
Les cancers de stadeI ou II de la cavité buccale, du
pharynx et du larynx sont souvent bien maîtrisés
localement par le traitement, mais ces patients
développent souvent dans les années suivantes des
deuxièmes localisations. La fréquence de celles-ci
est attribuée à l’intoxication chronique par l’alcool
et le tabac. Cette étude montre qu’il est vraiment
bénéfique d’arrêter le tabac, et surtout l’alcool,
après le diagnostic d’un tel cancer.
Référence bibliographique
Mayne ST, Cartmel B, Kirsh V, Goodwin WJ Jr. Alcohol and
tobacco use prediagnosis and postdiagnosis, and survival
in a cohort of patients with early stage cancers of the oral
cavity, pharynx, and larynx. Cancer Epidemiol Biomarkers
Prev 2009;18:3368-74.
Alcool, tabac et cancers des voies aériennes
supérieures
Deux cent soixante-quatre patients qui avaient un cancer de stade I ou II de la cavité buccale,
du larynx, de l’oro- ou de l’hypopharynx ont rempli un questionnaire sur leur consommation
d’alcool et de tabac avant la découverte du cancer, puis 1fois par an pendant 5ans. Les
auteurs ont ensuite analysé leur survie en fonction de leur consommation de tabac et
d’alcool avant, mais aussi après le traitement du cancer.
Le risque de décès augmente avec la consommation de tabac avant le diagnostic : il est
multiplié par 5,4 (IC95 : 0,7-40,1) chez les patients qui avaient fumé plus de 60paquets-
année (1paquet par jour pendant 60ans ou 2paquets par jour pendant 30ans) par rapport
à ceux qui n’avaient jamais fumé (p=0,003). Il augmente aussi avec la consommation
d’alcool : il est multiplié par 4,9 (IC95 : 1,5-16,3) chez les patients qui avaient bu plus de
35verres par semaine par rapport à ceux qui ne buvaient pas d’alcool (p<0,0001). Les
alcools forts sont les plus nocifs, et les vins, les moins nocifs. La persistance de la consom-
mation d’alcool supérieure à 2,3verres par jour multiplie le risque de décès par2,7, et
celle de la consommation de tabac par1,83. L’arrêt des boissons alcoolisées diminue
le risque puisque chez ces patients, le risque de décès n’est multiplié que par0,73 par
rapport à ceux qui n’ont jamais bu. Chez les patients qui ont arrêté de fumer après leur
premier cancer, le risque de décès n’était multiplié que par 0,36 par rapport à ceux qui
n’avaient jamais fumé.
M.F.
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Malnutrition des patients souffrant d’un cancer
buccal ou oropharyngé
Les auteurs ont étudié l’état nutritionnel de 116 adultes traités pour un cancer oropharyngé
ou de la cavité buccale. La prévalence de la malnutrition (définie comme une perte de poids
supérieure à 10 % par rapport au poids avant le traitement) était de 25 % à la fin du traitement
et s’est progressivement améliorée : 13 % entre 3 et 12mois après le traitement et 3 % au
cours de la deuxième et de la troisième année ; 5 % des patients avaient un indice de masse
corporelle inférieur à 18,5kg/m2, ce qui témoigne d’une malnutrition chronique. Les patients
dénutris présentaient plus de problèmes de sécheresse salivaire (p=0,03) ou de viscosité de la
salive (p=0,01) que les patients non dénutris. Les 2facteurs de risque de malnutrition les plus
importants étaient des difficultés de déglutition (p=0,005) et un apport protidique insuffisant.
M.F.
Commentaire
La perte de poids est à surveiller chez les patients
traités pour un cancer de la tête et du cou, car elle
s’accompagne insidieusement d’une diminution
de la force musculaire, mais aussi des fonctions
cognitives et des défenses immunitaires.
Référence bibliographique
Jager-Wittenaar, Dijkstra PU, Vissink A et al. Malnutrition in
patients treated for oral or oropharyngeal cancer—prevalence
and relationship with oral symptoms:an explorative study.
Support Care Cancer 2011;19:1675-83.
Commentaire
En cas de cancer limité des cordes vocales T1a, il
existe 2 options thérapeutiques : la résection au
laser par voie endoscopique et la radiothérapie
externe, avec un taux de guérison supérieur à 95 %.
La radiothérapie est plus coûteuse, plus longue à
mettre en œuvre que le laser et ne peut être faite
qu’une seule fois sur un même site, à la différence
du laser qui peut être répété. La qualité de la voix
après le traitement est aussi un facteur à prendre
en compte.
Référence bibliographique
Van Gogh CD, Verdonck-de Leeuw IM, Wedler-Peeters J,
Langendijk JA, Mahieu HF. Prospective evaluation of voice
outcome during the first two years in male patients treated
by radiotherapy or laser surgery for T1a glottic carcinoma.
Eur Arch Otorhinolaryngol 2012;269:1647-52.
Commentaire
La survie ne suffit pas, il faut garder le plaisir de
vivre. Cette étude confirme qu’il est nécessaire de
rechercher chez ces patients des signes de dépres-
sion et de vérifier qu’ils ne se réfugient pas dans
une intoxication, en général alcoolique, témoin
mais aussi cause d’un mauvais pronostic.
Référence bibliographique
Eadie TL, Bowker BC. Coping and quality of life after total
laryngectomy. Otolaryngol Head Neck Surg 2012;146:
959-65.
Évaluation de la voix de patients traités
pour un cancer du larynx T1a
Cette équipe d’Amsterdam a étudié prospectivement la voix de 106 patients âgés de 34 à
87ans avant, et jusqu’à 2ans après le traitement d’un cancer limité T1a de l’étage glottique ;
39ont été irradiés et 67traités au laser CO
2
. Les patients ont eu un enregistrement d’un /a/
soutenu avant le traitement, puis 3, 6, 12 et 24mois après le traitement ; 21sujets témoins
d’âge comparable ont aussi été enregistrés. Divers paramètres ont été analysés, dont la
fréquence fondamentale (F0), le shimmer, le jitter. Avant le traitement, les patients avaient
une F0, un shimmer et un jitter plus élevés que les sujets témoins. Après le traitement au
laser CO2, le jitter et le shimmer sont presque revenus à la normale dès le troisième mois, la
F0 restant toujours un peu élevée. Après la radiothérapie, si le shimmer s’est bien amélioré,
le jitter est resté très perturbé et la F0 était meilleure que dans le groupe traité par laser.
Au total, la voix s’améliore plus rapidement chez les patients traités au laser, mais à long
terme, le résultat vocal est bon dans les 2groupes.
M.F.
Adaptation et qualité de vie
après une laryngectomie totale
Après une laryngectomie totale, les patients doivent apprendre une nouvelle méthode de
communication verbale et s’adapter pour respirer et avaler. Les auteurs ont analysé, au moyen
de questionnaires, la qualité de vie de 67patients ayant subi une laryngectomie totale en
fonction de critères standard tels que l'âge, le stade du cancer et le type de traitement,
mais aussi de leurs stratégies d’adaptation.
Globalement, la qualité de vie et la qualité de la communication orale appréciées par les
patients est en moyenne de l’ordre de 68/100. La qualité de vie s’améliore un peu avec le
recul par rapport à l’intervention et est un peu meilleure chez les patients les plus âgés. La
qualité de la communication orale est peu influencée par la méthode choisie par le patient,
mais la qualité de la communication est moins bonne si le patient se contente de l’écrit.
Ce qui gêne le plus les patients, avant la peur de l'avenir et bien avant les douleurs, c’est la
limitation des activités physiques et leur apparence physique. Pour “faire avec”, les patients
utilisent diverses stratégies : ils évitent de trop penser à leur santé, ils essaient de positiver et
ils cherchent le soutien de leur entourage ou d’associations ; ils sont peu nombreux (dans
cette série) à se réfugier dans le repli sur soi ou l’alcool. Ce sont ces derniers patients qui
ont les plus mauvais scores de qualité de vie.
M.F.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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