REVUE DE PRESSE
dirigée par le Dr M. François
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 334 - juillet-août-septembre 2013 | 7
Malnutrition des patients souffrant d’un cancer
buccal ou oropharyngé
Les auteurs ont étudié l’état nutritionnel de 116 adultes traités pour un cancer oropharyngé
ou de la cavité buccale. La prévalence de la malnutrition (définie comme une perte de poids
supérieure à 10 % par rapport au poids avant le traitement) était de 25 % à la fin du traitement
et s’est progressivement améliorée : 13 % entre 3 et 12mois après le traitement et 3 % au
cours de la deuxième et de la troisième année ; 5 % des patients avaient un indice de masse
corporelle inférieur à 18,5kg/m2, ce qui témoigne d’une malnutrition chronique. Les patients
dénutris présentaient plus de problèmes de sécheresse salivaire (p=0,03) ou de viscosité de la
salive (p=0,01) que les patients non dénutris. Les 2facteurs de risque de malnutrition les plus
importants étaient des difficultés de déglutition (p=0,005) et un apport protidique insuffisant.
M.F.
Commentaire
La perte de poids est à surveiller chez les patients
traités pour un cancer de la tête et du cou, car elle
s’accompagne insidieusement d’une diminution
de la force musculaire, mais aussi des fonctions
cognitives et des défenses immunitaires.
Référence bibliographique
Jager-Wittenaar, Dijkstra PU, Vissink A et al. Malnutrition in
patients treated for oral or oropharyngeal cancer—prevalence
and relationship with oral symptoms:an explorative study.
Support Care Cancer 2011;19:1675-83.
Commentaire
En cas de cancer limité des cordes vocales T1a, il
existe 2 options thérapeutiques : la résection au
laser par voie endoscopique et la radiothérapie
externe, avec un taux de guérison supérieur à 95 %.
La radiothérapie est plus coûteuse, plus longue à
mettre en œuvre que le laser et ne peut être faite
qu’une seule fois sur un même site, à la différence
du laser qui peut être répété. La qualité de la voix
après le traitement est aussi un facteur à prendre
en compte.
Référence bibliographique
Van Gogh CD, Verdonck-de Leeuw IM, Wedler-Peeters J,
Langendijk JA, Mahieu HF. Prospective evaluation of voice
outcome during the first two years in male patients treated
by radiotherapy or laser surgery for T1a glottic carcinoma.
Eur Arch Otorhinolaryngol 2012;269:1647-52.
Commentaire
La survie ne suffit pas, il faut garder le plaisir de
vivre. Cette étude confirme qu’il est nécessaire de
rechercher chez ces patients des signes de dépres-
sion et de vérifier qu’ils ne se réfugient pas dans
une intoxication, en général alcoolique, témoin
mais aussi cause d’un mauvais pronostic.
Référence bibliographique
Eadie TL, Bowker BC. Coping and quality of life after total
laryngectomy. Otolaryngol Head Neck Surg 2012;146:
959-65.
Évaluation de la voix de patients traités
pour un cancer du larynx T1a
Cette équipe d’Amsterdam a étudié prospectivement la voix de 106 patients âgés de 34 à
87ans avant, et jusqu’à 2ans après le traitement d’un cancer limité T1a de l’étage glottique ;
39ont été irradiés et 67traités au laser CO
2
. Les patients ont eu un enregistrement d’un /a/
soutenu avant le traitement, puis 3, 6, 12 et 24mois après le traitement ; 21sujets témoins
d’âge comparable ont aussi été enregistrés. Divers paramètres ont été analysés, dont la
fréquence fondamentale (F0), le shimmer, le jitter. Avant le traitement, les patients avaient
une F0, un shimmer et un jitter plus élevés que les sujets témoins. Après le traitement au
laser CO2, le jitter et le shimmer sont presque revenus à la normale dès le troisième mois, la
F0 restant toujours un peu élevée. Après la radiothérapie, si le shimmer s’est bien amélioré,
le jitter est resté très perturbé et la F0 était meilleure que dans le groupe traité par laser.
Au total, la voix s’améliore plus rapidement chez les patients traités au laser, mais à long
terme, le résultat vocal est bon dans les 2groupes.
M.F.
Adaptation et qualité de vie
après une laryngectomie totale
Après une laryngectomie totale, les patients doivent apprendre une nouvelle méthode de
communication verbale et s’adapter pour respirer et avaler. Les auteurs ont analysé, au moyen
de questionnaires, la qualité de vie de 67patients ayant subi une laryngectomie totale en
fonction de critères standard tels que l'âge, le stade du cancer et le type de traitement,
mais aussi de leurs stratégies d’adaptation.
Globalement, la qualité de vie et la qualité de la communication orale appréciées par les
patients est en moyenne de l’ordre de 68/100. La qualité de vie s’améliore un peu avec le
recul par rapport à l’intervention et est un peu meilleure chez les patients les plus âgés. La
qualité de la communication orale est peu influencée par la méthode choisie par le patient,
mais la qualité de la communication est moins bonne si le patient se contente de l’écrit.
Ce qui gêne le plus les patients, avant la peur de l'avenir et bien avant les douleurs, c’est la
limitation des activités physiques et leur apparence physique. Pour “faire avec”, les patients
utilisent diverses stratégies : ils évitent de trop penser à leur santé, ils essaient de positiver et
ils cherchent le soutien de leur entourage ou d’associations ; ils sont peu nombreux (dans
cette série) à se réfugier dans le repli sur soi ou l’alcool. Ce sont ces derniers patients qui
ont les plus mauvais scores de qualité de vie.
M.F.
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.