264 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005
Étiologie
La xérostomie, ou sécheresse buccale, est définie
comme étant la réduction anormale de salive1.
Habituellement, la xérostomie est associée à une
diminution du flot salivaire et de la quantité de salive.
Toutefois, la sensation de bouche sèche n’est pas
toujours objectivée. En effet, quelques patients
ressentent une sécheresse buccale sans qu’il y ait
une réduction clinique significative du débit salivaire.
Inversement, certains patients peuvent présenter
cliniquement une diminution de la quantité et du
débit salivaire sans se plaindre de sécheresse2.
Les différentes études épidémiologiques mettent en
évidence l’ampleur du problème causé par les
troubles de xérostomie chez les personnes âgées3.
Cependant, la fréquence de ces troubles patholo-
giques est très diversement appréciée dans la
littérature selon la considération du symptôme de
sécheresse buccale ou de la mesure du débit
salivaire. On évalue sa fréquence à près de 30% au-
delà de 65 ans et plus3,4,5. En général, les taux ont
tendance à être plus élevés chez les femmes que
chez les hommes et augmentent avec l’âge3,4,6.
La salive et ses constituants
La sécrétion salivaire est assurée par trois paires de
glandes principales (parotides, sous-maxillaires et
sublinguales) et par un grand nombre de glandes
salivaires accessoires réparties dans diverses zones
de la muqueuse oropharyngée7. La salivation est
contrôlée par le système nerveux. La stimulation du
système nerveux parasympathique augmente la
sécrétion salivaire, le système nerveux central
augmente l’excrétion en réponse à des stimuli
sensoriels. La composition de la salive est modulée
par le système nerveux sympathique1,4.
Chez l’adulte, la sécrétion moyenne de salive est d’au
moins 500 ml/24 heures. Le débit varie de 0,3
ml/min sans stimulation à 5ml/min lors des repas.
On parle d’hyposalivation à 0.7ml de salive/min ou
moins lorsque l’on teste le débit après une
stimulation salivaire et moins de 0,1ml de salive/min
sans stimulation1,8.
La salive est constituée à 99% d’eau. Son contenu
en minéraux et protéines lui donne ses propriétés et
assurent ses différentes fonctions :
1- Lubrification.
La composition élevée en eau de la salive aide à
la formation du bol alimentaire, à la mastication,
à la déglutition, à l’élocution et au nettoyage des
tissus buccaux9,10. La mucine lubrifie le bol
alimentaire au moment de la déglutition.
2- Digestion et goût.
Cette fonction revêt deux aspects, mécanique et
chimique. La salive dissout les composantes
alimentaires. L'amylase salivaire hydrolyse
l'amidon en composés monosaccharidiques,
disaccharidiques et trisaccharidiques, facilitant la
digestion des aliments riches en amidon11.
3- Réparation tissulaire.
Les facteurs de croissances retrouvés dans la
salive participent à la croissance tissulaire, à la
différentiation et à la réparation12.
4- Maintien de la flore microbienne.
La salive contient différents agents antibactériens,
antiviraux, et antimycosiques. Ces agents balan-
cent la flore orale et inhibent la colonisation
bactérienne des tissus buccodentaires. L’action
mécanique de la salive participe également à
cette fonction10.
5- Pouvoir tampon.
La composition de la salive en carbonates et
phosphates permet le maintien du pH salivaire et
diminue le risque de carie dentaire. Elle procure
une protection à l’œsophage lors de reflux ou
régurgitation9,10.
6- Reminéralisation.
La salive protège les dents et participe à la
reminéralisation par son apport en calcium et
phosphates10.
7- Défense et immunité.
La présence de protéines, d’IgA, de cytokines,
d’hormones, de mucines et d’autres compo-
santes permettent à la salive de jouer un rôle au
sein du système immunitaire10.
Symptomatologie
Il existe une multitude de signes cliniques associés à
la xérostomie8,13 :
1- Bouche sèche (fig. 1A)
2- Atrophie des papilles filiformes
3- Chéilite angulaire (fig. 1B)
4- Érythème des muqueuses
5- Atrophie épithéliale
6- Ulcères
7- Hypertrophie unilatérale ou bilatérale des glandes
parotides
8- Infections orales comme la candidose, principa-
lement sous sa forme érythémateuse chronique
9- Caries rampantes dues à une déficience du
pouvoir tampon de la salive. La concentration et
la multiplication de bactéries cariogènes, l’aug-
mentation de leur activité acidogène ainsi que la
réduction de la vitesse d’élimination des sucres à
la surface des dents expliquent l’apparition de ces
caries extrêmement destructives. (fig. 2)
Article scientifique
La xérostomie chez les personnes âgées