Article scientifique Sophie Arpin, DMD, MSc1, Daniel Kandelman, Dr.CD, DMD, MPH.2, Benoît Lalonde, DMD, MSD, FRCD(c)3 La xérostomie chez les personnes âgées Mots clés • Xérostomie • Salive • Médicament • Traitement Key Words • Xerostomia • Saliva • Medication • Treatment »Résumé La sécheresse buccale est fréquemment observée chez les personnes âgées. Elle ne semble pas due à un vieillissement des tissus glandulaires mais est attribuée le plus souvent à la prise de médications affectant le flot salivaire, le syndrome de Sjögren et aux traitements de radiothérapie. Après avoir examiné l’étiologie, la symptomatologie, l’impact sur les tissus buccodentaires, les traitements disponibles de la xérostomie et des affections qui lui sont reliées, les auteurs proposeront des conseils et recommandations thérapeutiques. »Summary A dry mouth is frequently observed in elderly patients. This condition does not seem to be a result of ageing of the glandular tissues but rather attributed to the side effects of medications which may affect salivary flow, Sjögren Syndrome and radiotherapy. After a thorough review of the etiology, symptoms, as well as the impact on the hard and soft tissues of the oral cavity and the available treatments for xerostomia and its related complaints, the authors will propose advice and therapeutic recommendations. 1 2 3 263 Étudiante au PhD en Santé publique, option épidémiologie à l’Université de Montréal Professeur titulaire, chef du service de Dentisterie préventive et communautaire, Département de santé buccale, Université de Montréal Professeur agrégé, spécialiste en médecine buccale, Département de stomatologie, Université de Montréal Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Étiologie La xérostomie, ou sécheresse buccale, est définie comme étant la réduction anormale de salive1. Habituellement, la xérostomie est associée à une diminution du flot salivaire et de la quantité de salive. Toutefois, la sensation de bouche sèche n’est pas toujours objectivée. En effet, quelques patients ressentent une sécheresse buccale sans qu’il y ait une réduction clinique significative du débit salivaire. Inversement, certains patients peuvent présenter cliniquement une diminution de la quantité et du débit salivaire sans se plaindre de sécheresse2. Les différentes études épidémiologiques mettent en évidence l’ampleur du problème causé par les troubles de xérostomie chez les personnes âgées3. Cependant, la fréquence de ces troubles pathologiques est très diversement appréciée dans la littérature selon la considération du symptôme de sécheresse buccale ou de la mesure du débit salivaire. On évalue sa fréquence à près de 30% audelà de 65 ans et plus3,4,5. En général, les taux ont tendance à être plus élevés chez les femmes que chez les hommes et augmentent avec l’âge3,4,6. La salive et ses constituants La sécrétion salivaire est assurée par trois paires de glandes principales (parotides, sous-maxillaires et sublinguales) et par un grand nombre de glandes salivaires accessoires réparties dans diverses zones de la muqueuse oropharyngée7. La salivation est contrôlée par le système nerveux. La stimulation du système nerveux parasympathique augmente la sécrétion salivaire, le système nerveux central augmente l’excrétion en réponse à des stimuli sensoriels. La composition de la salive est modulée par le système nerveux sympathique1,4. Chez l’adulte, la sécrétion moyenne de salive est d’au moins 500 ml/24 heures. Le débit varie de 0,3 ml/min sans stimulation à 5ml/min lors des repas. On parle d’hyposalivation à 0.7ml de salive/min ou moins lorsque l’on teste le débit après une stimulation salivaire et moins de 0,1ml de salive/min sans stimulation1,8. La salive est constituée à 99% d’eau. Son contenu en minéraux et protéines lui donne ses propriétés et assurent ses différentes fonctions : 1- Lubrification. La composition élevée en eau de la salive aide à la formation du bol alimentaire, à la mastication, à la déglutition, à l’élocution et au nettoyage des tissus buccaux9,10. La mucine lubrifie le bol alimentaire au moment de la déglutition. 264 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 2- Digestion et goût. Cette fonction revêt deux aspects, mécanique et chimique. La salive dissout les composantes alimentaires. L'amylase salivaire hydrolyse l'amidon en composés monosaccharidiques, disaccharidiques et trisaccharidiques, facilitant la digestion des aliments riches en amidon11. 3- Réparation tissulaire. Les facteurs de croissances retrouvés dans la salive participent à la croissance tissulaire, à la différentiation et à la réparation12. 4- Maintien de la flore microbienne. La salive contient différents agents antibactériens, antiviraux, et antimycosiques. Ces agents balancent la flore orale et inhibent la colonisation bactérienne des tissus buccodentaires. L’action mécanique de la salive participe également à cette fonction10. 5- Pouvoir tampon. La composition de la salive en carbonates et phosphates permet le maintien du pH salivaire et diminue le risque de carie dentaire. Elle procure une protection à l’œsophage lors de reflux ou régurgitation9,10. 6- Reminéralisation. La salive protège les dents et participe à la reminéralisation par son apport en calcium et phosphates10. 7- Défense et immunité. La présence de protéines, d’IgA, de cytokines, d’hormones, de mucines et d’autres composantes permettent à la salive de jouer un rôle au sein du système immunitaire10. Symptomatologie Il existe une multitude de signes cliniques associés à la xérostomie8,13 : 1234567- Bouche sèche (fig. 1A) Atrophie des papilles filiformes Chéilite angulaire (fig. 1B) Érythème des muqueuses Atrophie épithéliale Ulcères Hypertrophie unilatérale ou bilatérale des glandes parotides 8- Infections orales comme la candidose, principalement sous sa forme érythémateuse chronique 9- Caries rampantes dues à une déficience du pouvoir tampon de la salive. La concentration et la multiplication de bactéries cariogènes, l’augmentation de leur activité acidogène ainsi que la réduction de la vitesse d’élimination des sucres à la surface des dents expliquent l’apparition de ces caries extrêmement destructives. (fig. 2) Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Une hypofonction généralisée des glandes salivaires peut aussi entraîner d’autres signes et symptômes comme la sécheresse de la gorge, une déglutition anormale et/ou douloureuse, des difficultés d’élocution et une diminution de la rétention des prothèses dentaires1,10,13. La plupart des patients présentant des symptômes de sécheresse buccale souffrent fréquemment de plusieurs de ces complications simultanément. Les patients atteints peuvent souffrir d’interruption du sommeil, de malnutrition et de perte de poids : conséquemment, une diminution de leur qualité de vie est souvent observée14,15. Les facteurs étiologiques associés à la xérostomie les plus fréquents sont les suivants : les médicaments affectant le flot salivaire, le syndrome de Sjögren et la radiothérapie au niveau de la tête et du cou1,9,10,13,15. Figure 1 : Présence chez le même patient d’une mucosite associée à l’état xérostomique. Notez la glossite atrophique (A) ainsi que la chéilite angulaire (B). La médication La prise de médicaments constitue la principale cause d’hypofonction des glandes salivaires chez les personnes âgées1,6,13. La majorité des aînés prennent des médicaments prescrits ou en vente libre. En effet, en 1999, 76% de l'ensemble des personnes âgées canadiennes vivant chez elles ont pris un médicament quelconque dans les deux jours précédant l’enquête, tandis que 53% en ont pris au moins deux au cours de cette période17. Les aînés de 75 à 84 ans sont généralement plus susceptibles que leurs homologues plus jeunes de prendre plus d'un médicament. De plus, en 1994-1995, 10% des Canadiens de 65 à 74 ans et 13% des 75 ans et plus usaient d’une polymédication, c’est-à-dire qu’ils ont déclaré avoir pris au moins cinq médicaments différents au cours des deux jours précédant l’enquête17. Figure 2 : Condition dentaire instable démontrant la présence de plusieurs caries dentaires ainsi qu’une sécheresse buccale importante chez cet homme souffrant d’un syndrome de Sjögren primaire. 265 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Par ailleurs, plusieurs études ont en effet mis en évidence une relation positive entre la sécheresse ressentie et la prise fréquente de médicaments1,16. Plusieurs médicaments, sous prescription et parfois en vente libre, causent la xérostomie par leurs propriétés anticholinergiques ou sympathomimétique1,16. De plus, leurs différentes combinaisons peuvent potentialiser l’effet de sécheresse16. Selon les diverses estimations, plus de 500 médicaments auraient la capacité d’induire la xérostomie1. Les principales catégories impliquées sont les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, imipramine), les antihistaminiques (chlorphéniramine, cétirizine, diphenhydramine, hydroxyzine) les benzodiazépines (diazépam, lorazépam), les béta-bloquants (aténolol, propranolol), Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées les dérivés de la phénothiazine (chlorpromazine), les anti-parkinsoniens (benzotropine), les analgésiques narcotiques (codéine, oxycodone), les anorexigènes (diéthylpropion), les anticholinergiques (atropine, diphenhydramine), les anti-spasmodiques (oxybutynine, clidinium), les antiémétiques (prométhazine), les anti-diarrhéiques (lopéramide, diphénoxylate/ atropine), les antihypertenseurs (captopril, énalapril), les diurétiques (hydrochlorothiazide) et les antipsychotiques (chlorpromazine, halopéridol)1,19. Enfin, la complexité des mécanismes d’action, les interactions et la variation dans l’absorption et l’élimination des médicaments rendent difficile la prévision de l’effet qu’ils auront sur la salive1. Figure 3 : Les patients souffrant d’un syndrome de Sjögren secondaire peuvent démontrer des atteintes d’arthrite rhumatoïde (A) ainsi que la maladie de Raynaud (B). Syndrome de Sjögren La xérostomie peut être aussi la conséquence de maladies systémiques telles que le syndrome de Sjögren1,4,9,10. Le syndrome de Sjögren est la maladie auto-immune la plus fréquente après l’arthrite rhumatoïde1. Selon les critères utilisés, il touche de 5% à 6% de la population. Son incidence est maximale entre 40 et 60 ans et est rencontré neuf fois plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes1. Figure 4 : Syndrome de Sjögren primaire. Notez la présence d’un exsudat purulent provenant du canal de Wharton (A) ainsi que les caries de racine (B). Le syndrome de Sjögren est une maladie chronique qui se caractérise par un hypofonctionnement des glandes salivaires et des glandes lacrymales, occasionnant par le fait même, un dessèchement au niveau des yeux et de la cavité buccale. Il se manifeste de deux façons : lorsqu’il survient chez des personnes atteintes d’une maladie rhumatismale ou d’une affection des tissus conjonctifs, telles que le lupus érythémateux, la sclérodermie, la polymyosite, l’arthrite rhumatoïde, la maladie de Raynaud, il s’agit de la forme secondaire du syndrome (fig. 3). Lorsque le dessèchement des yeux et de la bouche n’est pas associé à une de ces maladies, alors il est sous sa forme primaire10 (fig. 4). On peut également noter une hypertrophie des glandes salivaires majeures (fig. 5). Les critères européens révisés en 2001 peuvent être appliqués dans le diagnostic du syndrome de Sjögren (voir tableau I)20. La biopsie de glandes salivaires mineures labiales constitue une des techniques diagnostiques à considérer. (fig. 6) La radiothérapie Figure 5 : Hypertrophie des glandes salivaires majeures chez une patiente souffrant d’un syndrome de Sjögren. 266 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Les glandes salivaires sont particulièrement vulnérables au cours de l’irradiation radiothérapeutique des cancers de la tête et du cou, en particulier les Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Figure 6 : Biopsie de glandes salivaires labiales à des fins diagnostiques. glandes parotides21,22. La xérostomie induite par la radiothérapie est généralement permanente. Les doses supérieures à 52 Gy produisent une diminution sévère et permanente de la production de salive. En utilisant des doses < 26-30 Gy, la fonction salivaire est généralement préservée22. La radiothérapie affecte le parenchyme glandulaire, conduisant initialement à une réaction inflammatoire, suivie par l’atrophie, la fibrose et subséquemment à l’hyposécrétion de salive. L’importance du degré de dégénérescence de la glande salivaire dépend de la dose et de la zone irradiée. L’irradiation partielle des glandes résulte en un débit salivaire plus élevé qu’une irradiation complète. De plus, l’irradiation d’une tumeur au niveau d’une glande salivaire devrait éviter la glande contralatérale afin de conserver une activité sécrétoire1. Les nouvelles techniques d’irradiation des tumeurs de la tête et du cou, tentent à restreindre la zone ciblée et à diminuer les dommages salivaires22. Les caries de radiation, si aucune approche prophylactique n’est entreprise, sont une conséquence morbide de la radiothérapie tête et cou. (fig. 7) Autres étiologies Beaucoup d’autres conditions sont susceptibles de provoquer un état de sécheresse buccale. Une déperdition en eau et en métabolites occasionne un débalancement électrolytique comme dans les cas de déshydratation à cause de forte fièvre, sudation excessive, brûlure importante, vomissement, hémorragie, diarrhée, insuffisance rénale, malnutrition protéinique et diabète sucré ou insipide1,23,24. Figure 7 : Caries de radiation chez un homme de 69 ans traité pour un lymphome. Un certain nombre de dysfonctionnements du système nerveux autonome peut affecter la transmission neurologique et provoquer une diminution du flot salivaire. Ceci peut être le résultat de dysfonction du système nerveux autonome (encéphalite, tumeur cérébrale, AVC, du système nerveux central (maladie d’Alzheimer ou encore dans les cas de traumatismes)1. Aussi, la sarcoïdose présente une xérostomie et une hypertrophie des glandes salivaires dans 9% des cas.25. De plus, la xérostomie est une complication retrouvée dans la maladie du greffon contre l’hôte. Cette maladie se développe en tant que réponse immunitaire lorsque les lymphocytes T de la moelle osseuse du donneur (greffon) identifient les cellules de l’organisme du patient recevant la greffe en tant que corps étrangers et les attaquent. Une diminution de la sécrétion salivaire des parotides venant d’une 267 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées fibrose peut survenir conduisant à une altération dans la composition de la salive26. Enfin, la sécrétion salivaire peut être entravée par un calcul bloquant un canal d’excrétion d’une glande majeure et entraînant par le fait même un assèchement de la bouche1. Cependant, en général, les autres glandes salivaires compensent et il n’y a pas de xérostomie franche. Au niveau des infections virales, la sécheresse buccale peut se manifester, en particulier dans l’infection par le virus de l’hépatite C où la xérostomie est présente dans 12% des cas27. Elle peut être observée également dans 4 à 8% des personnes infectées par le VIH30 et dans l’infection au virus Epstein-Barr29. Finalement, même en l’absence de toute médication, la xérostomie peut être associée à divers problèmes psychologiques tels que la dépression ou un stress élevé. Toutefois, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la xérostomie ne semble pas être une conséquence biologique du vieillissement1. La forte consommation de médicaments ainsi que l’incidence plus élevée de certaines maladies systémiques peuvent expliquer en partie la prévalence élevée de sécheresse buccale chez les aînés. TRAITEMENTS Traitements de la xérostomie Le principal objectif du traitement de la xérostomie est d’augmenter le flot salivaire. Le succès des interventions dépend du degré de stimulation auquel les glandes salivaires sont capables de répondre. S’il s’agit d’une xérostomie résultant de la médication, il faut, en premier lieu, dresser la liste complète des médicaments consommés susceptibles de réduire la quantité de salive. Plusieurs approches existent29 : 1- L’élimination ou la réduction de la dose médicamenteuse. 2- Un changement dans la posologie. Les doses peuvent être ajustées afin que les pics de concentration sanguine se produisent pendant le sommeil. 3- Une substitution d’un ou plusieurs médicaments proposés. Cependant, il faut comprendre que le dentiste devra déterminer ces modifications thérapeutiques en stricte collaboration avec le médecin traitant et en pesant le pour et le contre vis-à-vis de l’importance des pathologies traitées. 268 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Il est possible de prendre plusieurs mesures pour augmenter le flot salivaire lorsque les glandes répondent à la stimulation. Il s’agit de divers stimuli topiques comme la mastication d’aliments durs, à basses calories et sans sucre tels les carottes, céleris ou gommes sans sucre1,9,10. D’autre part, les personnes atteintes de xérostomie devront s’hydrater fréquemment. La mastication d’aliments à teneur élevé en acide ascorbique, acide malique ou acide citrique augmente le flot salivaire mais n’est pas recommandée chez les patients dentés puisque l’acidité, en plus d’irriter les tissus oraux, contribue à la déminéralisation des dents et pourrait conséquemment augmenter, chez les aînés, le risque de caries radiculaires30. Lorsqu’il existe encore une certaine activité sécrétoire, un sialagogue systémique peut être employé afin d’augmenter la production de salive naturelle par les glandes salivaires1,9,10,30. D’une part, la pilocarpine orale (Salagen), un agent parasympathomimétique est utilisée dans le traitement de la xérostomie provoquée par une radiothérapie de la tête et du cou et chez les patients souffrant du syndrome de Sjögren1,30,31. Cet agent médicamenteux augmente la sécrétion des glandes exocrines (c’est-à-dire sudoripares, salivaires, lacrymales, gastriques, pancréatiques, intestinales et des cellules du système respiratoire). Les doses prescrites dépendent de la fonction résiduelle et varient selon chaque patient (5mg 3 à 6 fois par jour, 30 minutes avant les repas)30,31. Une rapide augmentation du flot salivaire est observée après l’administration de pilocarpine. Des effets secondaires sur le système cardiovasculaire (arythmie, tachycardie, hypertension) sont toutefois fréquemment signalés. La pilocarpine est contre-indiquée chez les asthmatiques non contrôlés et les patients chez qui l’apparition d’un myosis n’est pas souhaitable (iritis et glaucome à angle fermé). D’autre part, la cévimeline (Evoxac), un récent sialogogue approuvé aux États-Unis, est aussi utilisé chez les patients souffrant du syndrome de Sjögren et du cancer de la tête et du cou (30mg 3 fois par jour) (1,30,32). Toutefois, il n’est pas encore disponible au Canada. Deux autres alternatives systémiques sont suggérées dans le traitement de la xérostomie soit le béthanéchol (25 mg 3 fois par jour), un agent parasympathomimétique, et l’anétholtrithione (Sialor) (25mg 3 fois par jour), un sialagogue ayant une action directe sur les cellules sécrétrices des glandes salivaires1,30. Quoique l’anétholtrithione représente une thérapie très sécuritaire, son action sialagogue semble définitivement moins efficace que la pilocarpine. De plus, ses effets secondaires au niveau gastro-intestinal en limite son utilisation. Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Par contre, lorsqu’ aucune réponse aux stimuli n’est observée, il existe des substituts salivaires pour hydrater les muqueuses buccales (Moi-Stir, Mouth Kote, Oral Balance)30. Malheureusement, ces salives dites artificielles procurent un soulagement temporaire et une efficacité à court terme puisqu’elles sont avalées. Ils humidifient la cavité buccale mais ne possèdent pas les propriétés de protection, défense, réparation, apportées par la salive naturelle. Les produits à base de gel semblent être les plus efficaces, particulièrement au niveau du confort durant la nuit.9,30. Des humidificateurs peuvent également apporter un certain confort durant la nuit, particulièrement pour les respirateurs buccaux1. La candidose orale est d’abord traitée avec des agents antifongiques topiques tels la nystatine en suspension (100 000 U/ml 5-10 ml, 3 fois par jour), la nystatine en crème (100 000 U/ml à appliquer sur l’intrados des prothèses dentaires) (10,30). Cependant la suspension de nystatine est fortement sucrée et représente un risque cariogénique réel. Une prescription magistrale, c’est-à-dire faite sur commande par le pharmacien, et édulcorée sans sucre, doit être considérée dans l’éventualité d’un traitement à long terme. Lors d’infections plus sévères, le fluconazole (100 mg, 1 fois par jour) ou l’amphotericine, en rince-bouche (0,1 mg/ml, 5 ml 3 fois par jour) sont recommandés10,30. Traitements des affections causées par la xérostomie Finalement, l’inconfort amené par la sécheresse des muqueuses buccales peut être réduit par l’utilisation de lait de magnésie (15-30 ml, 4 fois par jour)30. En premier lieu, le traitement des diverses affections causées par la xérostomie passent par la prévention. Les patients doivent maintenir une fréquente hydratation, éviter les aliments sucrés et/ou acides et s’assurer d’une hygiène buccodentaire rigoureuse10. Des examens dentaires fréquents, aux 3 à 4 mois, sont importants afin d’atteindre un excellent niveau d’hygiène buccale, de détecter et de traiter les lésions carieuses initiales et les candidoses. Lors de ces rencontres, les techniques appropriées de brossage sont rappelées, incluant l’utilisation de soie dentaire, brosses interdentaires et l’irrigation buccale à l’aide d’un hydropropulseur10,30. Au niveau de la prévention des caries rampantes, il est fortement recommandé d’utiliser des gouttières contenant du fluorure de sodium 1,1% neutre durant 5 minutes quotidiennement en plus de l’utilisation de dentifrice à haute teneur en fluor10. La mastication de gomme à mâcher sans sucre peut diminuer le risque d’attaque carieuse en augmentant la sécrétion salivaire et en neutralisant la production d’acide10. Enfin, puisque les patients souffrant de xérostomie sont particulièrement à risque de développer des caries dentaires, le risque cariogénique de l’ensemble de la diète du patient doit être surveillé très étroitement. 269 Journal dentaire du Québec Volume 42 Juillet/Août 2005 Conclusion Les personnes âgées représentent le groupe de la population qui connaît la plus forte croissance33; la xérostomie étant un phénomène pathologique fréquemment associé avec l’âge, les dentistes seront donc de plus en plus confrontés à cette affection qui peut influencer la qualité de vie des patients atteints. La xérostomie est attribuée à plusieurs facteurs, principalement, les médicaments, le syndrome de Sjögren ainsi que la radiothérapie. Il est recommandé que les dentistes soient familiarisés avec le traitement des nombreuses affections causées par la xérostomie et avisés que les divers traitements palliatifs disponibles peuvent apporter un certain bien-être chez les patients atteints de xérostomie. Remerciement Les auteurs désirent remercier, Madame Roxane Berger, B.Pharm, pour ses commentaires utiles apportés lors de la lecture du manuscrit. Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Tableau I (adaptation et traduction autorisées par Vitali C)20 SYNDROME DE SJÖGREN : CRITÈRES DE CLASSIFICATION PROPOSÉS PAR LE COMITÉ AMÉRICANO-EUROPÉEN (2001) Traduit et adapté de : Vitali C, Bombardieri S, Jonsson R, Moutsopoulos HM, Alexander EL, Carsons SE et coll. Classification criteria for Sjögren's syndrome: a revised version of the European criteria proposed by the American-European Consensus Group. Ann Rheum Dis 2002 ; 6 : 554-558 Règles révisées de classification Syndrome primaire : a. La présence de 4 des 6 critères suivants incluant les critères IV ou VI b. La présence de 3 critères parmi les critères objectifs III, IV, V ou VI Syndrome secondaire En plus de l’existence d’une maladie des tissus conjonctifs, la présence du critère I ou II, et 2 des critères III, IV et V. I. Symptômes oculaires Réponse positive à au moins une des 3 questions suivantes : 1. Avez-vous eu les yeux secs de façon quotidienne gênante et persistante depuis plus de 3 mois ? 2. Avez-vous la sensation récidivante d'avoir du sable ou du gravier dans les yeux ? 3. Utilisez-vous des larmes artificielles plus de 3 fois par jour ? II. Symptômes buccaux Réponse positive à au moins une des 3 questions suivantes : 1. Avez-vous eu quotidiennement une sensation de bouche sèche depuis plus de 3 mois ? 2. Avez-vous eu à l'âge adulte un gonflement des glandes salivaires persistant ou récidivant ? 3. Utilisez-vous souvent des liquides pour vous aide à avaler les aliments secs ? III. Signes oculaires : Atteinte oculaire objective et évidente définie par un résultat positif à au moins un des deux tests suivants : 1. Test de Schirmer, sans anesthésie () 5 mm en 5 minutes) 2. Score de Rose Bengale (* 4 selon le score de van Bijsterveld) IV. Données histopathologiques : Score focal * 1 à la biopsie des glandes salivaires mineures. Un foyer est défini par l'agglomération d'au moins 50 cellules mononuclées. Le score focal est défini par le nombre de foyers sur 4 mm de tissu glandulaire. V. Atteinte des glandes salivaires : Atteinte objective et évidente des glandes salivaires définie par au moins un test positif parmi les 3 tests suivants : 1. Scintigraphie salivaire 2. Sialographie des parotides 3. Débit salivaire sans stimulation (< 1,5 ml en 15 minutes) VI. Autoanticorps : Présence d'au moins un type des anticorps sériques suivants 1. Anti-SSA 2. Anti-SSB CRITÈRES D'EXCLUSION Lymphome préexistant SIDA Sarcoïdose 270 Journal dentaire du Québec Hépatite C Traitement de radiothérapie antérieur de la tête et du cou Volume 42 Juillet/Août 2005 Réaction du greffon contre l'hôte (GVH). Utilisation d’anticholinergiques Article scientifique La xérostomie chez les personnes âgées Bibliographie 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. Demande de tirés à part Dre Sophie Arpin 13, André-Beauregard Verchères, QC J0L 2R0 31. 32. 33. 271 Porter SR, Scully C, Hegarty AM. An update of the etiology and management of xerostomia. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 2004 ; 97 : 28-46. Bergdahl M, Bergdahl J. Low unstimulated salivary flow and subjective oral dryness: association with medication, anxiety, depression and stress. J Dent Res 2000 ; 79 : 1652-8. Pajukoski H, Meurman JH, Halonen P, Sulkava R. 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