Dossier Dossier Le jitter par guillaume pille et Christophe Bouillot Le jitter, ses causes et ses effets, sont des sujets qui font polémique chez les professionnels et amateurs de la prise de son comme chez les audiophiles. Dans la recherche d’une chaîne d’acquisition ou de restitution audionumérique “parfaite”, il semble inévitable de se poser la question de la qualité du métronome qui bat la mesure de nos convertisseurs et des communications numériques entre appareils. Si la théorie du signal suppose que la prise d’échantillon (numérisation) ou la lecture de ces échantillons doit se faire à intervalles réguliers, comment ne pas s’inquiéter des possibles conséquences des variations de ces intervalles ? page 38 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 39 Dossier Du jitter dans les horloges ? pour l’analyse, le jitter est considéré comme un signal propre qui caractériser le spectre en fréquence ou certaines composantes Dans le domaine de l’audionumérique, nous devons considérer Quelles sont les origines du jitter ? exemples : Le jitter a pour origine les signaux d’horloge. Les horloges battent la mesure de nos convertisseurs et des communications numériques ou encore déterminent quand un tampon de données est transmis de la mémoire du système à une interface de communication. 1- La musique stockée sur Compact Disc est lue en tant que succession de bits (0 ou 1) par le lecteur. Ces bits sont transférés à un Convertisseur Numérique-analogique (CNa) qui retranscrit, au rythme d’une horloge locale, la musique dans le domaine analogique. 2- Les signaux audionumériques aeS/eBU ou S/pDIF sont des trames de données binaires transmises avec leur propre signal d’horloge, ils peuvent aussi être référencés à un signal d’horloge dédié (Vidéo ou Word Clock par exemple). Un signal d’horloge numérique est un signal en créneau (ou admet généralement qu’il est souhaitable qu’au moins 50% des cycles répondent à ces exigences de fréquence et d’amplitude passage d’un bas niveau à un haut niveau ou inversement) qui véhiculent l’information d’horloge. Fig. 1 Transition de référence occurences réelles des transitions occurences réelles des transitions Nous devons distinguer deux types de jitter, le jitter aléatoire et le jitter périodique. Le jitter aléatoire est généralement causé par du bruit (thermique principalement) ou de la diaphonie entre des lignes numériques. Une erreur de sampling aléatoire peut être assimilée à l’ajout d’une tension parasite aléatoire au signal analogique d’origine. à anticiper. Le jitter périodique ou déterministe est quant à lui totalement prévisible et reproductible. Il peut être causé par exemple par des variations régulières de la tension d’alimentation de l’horloge. Ce jitter provoque des harmoniques à certaines fréquences qui sont liés au signal audio enregistré. On peut parler de modulation de fréquence dans la mesure où le jitter interagit avec l’audio et que le bruit résultant dépend de cette occurences interaction, nous l’étudierons plus réelles loin. des transitions occurences théoriques des transitions Le jitter (en français le gîte ou gigue) est une erreur d’ordre temporel. Le jitter est la variation dans le temps d’un événement périodique – tel que les transitions d’un signal – par rapport à une référence idéale que l’événement suivrait s’il était parfaitement régulier. Contrairement à une horloge idéale, le point de retour à zéro des peut donc être vu comme une modulation de phase du signal audionumérique. Fig.1 Signal audionumérique présentant des transitions affectées de jitter. L’amplitude du jitter est égale à la valeur du plus grand retard moins la valeur de la plus grande avance des transitions (toujours en référence à un signal parfait), cette grandeur se mesure en unités de temps (de l’ordre de la nano ou picoseconde). page 40 appelé simplement “quartz”) et l’oscillateur contrôlé en tension (qu’on retrouvera sous l’acronyme VCO pour Voltage C o n t r o l e d Oscillator). Quartz Le quartz possède une excellente stabilité à une fréquence donnée unique. Cette fréquence est le point de résonance du cristal de quartz soumis à un champ électrique, elle dépend essentiellement de la forme et de la dimension du cristal. Cette très grande stabilité rend ce composant parfaitement adapté pour la génération d’horloges VCO d’échantillonnage au plus près des convertisseurs. Les meilleurs oscillateurs à quartz possèdent une compensation dérive en fréquence (capsule isolante ou “four”). Le VCO est un oscillateur dont la fréquence est déterminée par une tension de commande. ainsi il est possible par l’ajustement de cette tension d’obtenir une grande variété de fréquences Dans le cas de transmissions numériques, une mauvaise adaptation d’impédance et de mauvais câbles peuvent provoquer Si la précision de ces horloges, même très consciencieusement conçues, reste inférieure à celle d’un quartz, elle peuvent toutefois posséder de bonnes qualités de stabilité. bout de ligne, une atténuation ou Les boucles à verrouillage de phase (PLL) signaux rapides, menant à des pertes de synchronisation ou des pertes de données, nous verrons ce cas dans le jitter des interconnexions. en pratique, le jitter observé à un point d’un circuit audionumérique est un cumul de plusieurs sources de jitters aléatoires et périodiques. Les oscillateurs Les horloges présentes dans nos machines sont constituée principalement d’un composant délivrant un signal de fréquence la plus constante possible : l’oscillateur. Nous présentons les deux types les plus utilisés, l’oscillateur à quartz (souvent La boucle à verrouillage de phase ou pLL (phase-Locked Loop) est une invention française des années 30, mise en pratique de manière généralisée avec l’arrivée des circuits intégrés dans les années 60. Le principe d’une pLL est de comparer la phase d’un signal Fig. 2 Signal entrant Signal d’erreur Comparateur de phase Signal de sortie Filtre passe-bas VCO Diviseur optionnel NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 41 Dossier détermine la vitesse à laquelle l’horloge de sortie sera alignée oscillations du signal d’entrée, autrement dit du jitter du signal d’entrée. plus la stabilisation sur le signal d’entrée sera rapide et fait la qualité de la pLL. On retrouve ce type de circuit dans trois situations : récupération d’horloge, génération d’horloge et atténuation de jitter. Les pLL de récupération d’horloge sont utilisées en réception de se synchroniser et d’alimenter la machine réceptrice avec cette horloge reconstruite pour assurer une bonne récupération des données. en dehors de cette fonction principale, cette pLL La pLL de génération d’horloge sert à créer une horloge de sortie dont la fréquence est un multiple de celle du signal d’entrée. Cela se fait simplement en ajoutant un diviseur dans la boucle de contre-réaction reliant le VCO au comparateur de phase. Cela est très courant, par exemple pour générer une horloge 256 fois convertisseur requérant une horloge rapide. du jitter entrant pour le décaler hors de la bande audible. Il est à noter que les pLL fournissent des horloges dont le jitter est plusieurs ordres de grandeurs au-dessus du jitter d’un quartz ou d’un VCO. Le jitter d’échantillonage ou samplig jitter “Sampling jitter” est le nom donné aux erreurs d’horloge survenues au cours du processus de conversion analogique-numérique, numérique-analogique ou lors de la conversion de fréquence échantillonné à 44,1khz en signal à 96kHz). Les deux premiers cas (CaN et CNa) peuvent être associés avec un signal d’horloge concret alors que dans le cas du convertisseur de fréquence d’échantillonnage (ou SRC pour Sample Rate Converter), il peut s’agir d’un processus totalement numérique dans la mesure Le CaN est probablement l’élément le plus critique de la chaîne en matière de sensibilité au jitter ; et plus encore les convertisseurs générant des mots binaires de grande taille (>20bits). L’horloge qui synchronise un CaN doit donc être particulièrement stable. Une mauvaise horloge qui pilote un CaN peut engendrer une distorsion et/ou un bruit qui ne pourront plus être éliminés en aval dans la chaîne audionumérique. Fig. 3 3 kHz 0 dBV erreur J Le jitter n’affectera le signal audionumérique que lors de l’échantillonnage ou du ré-échantillonnage. Les effets du sampling jitter sont de moduler le signal échantillonné. Ce phénomène peut produire un changement indésirable, particulièrement s’il peut être perçu dans la bande audible. Dans certains cas, le signal avec le jitter est préféré mais, comme l’effet est souvent incontrôlable, il est communément récusé pour cette même raison. L’audibilité du phénomène est relative à la nature du jitter ainsi qu’au signal audio affecté. S1 S2 S3 S4 ... 6 kHz 0 dBV erreur Sampling jitter et horloge externe J Il existe un grand nombre de circonstances où une horloge doit être extraite d’une source externe. Typiquement, il peut s’agir d’un enregistreur audionumérique ou d’un processeur surround numérique qui doive se synchroniser (certains diront “clocker”) S1 S2 S3 S4 fait dans la machine “esclave” à l’aide d’un circuit constitué généralement d’une pLL. Cette pLL va générer, à partir du signal externe, un signal horloge indispensable au fonctionnement de la machine esclave. Dans la mesure où il s’agit d’un signal “neuf”, le jitter de l’horloge externe n’est pas directement lié au jitter intrinsèque à la pLL, mais il peut y contribuer dans une certaine mesure. Il n’est donc pas possible de parler de sampling jitter dans le cas de l’utilisation d’une horloge externe. Toutefois, l’utilisation du circuit pLL n’est pas neutre quant à la qualité de l’horloge de conversion, puisque les grandeurs typiques de jitter de ce type de circuit sont généralement bien plus importantes que celles d’un simple oscillateur à cristal. en d’autres termes, si la pLL a lissé les défauts de l’horloge externe, c’est au prix de l’ajout de ses défauts propres. C’est pourquoi – pour des performances optimales en terme de jitter – il est préférable, dans la mesure du possible, de faire tourner un convertisseur sur son horloge interne (on peut d’ailleurs signaler une architecture telle que leur horloge est remarquablement stable). Ceci est valable à moins que l’on ne synchronise le convertisseur sur une référence vidéo voire sur un autre par exemple). Bien évidemment, si l’on doit tout de même avoir recours à une horloge externe, celle-ci doit être aussi stable que possible (de préférence vidéo ou Word Clock) dans ce cas, il une pLL ultra-stable. Ceci se révèlera en pratique extrêmement 6 kHz 6 dBV erreur J S1 S2 S3 S4 Fig. 4 4 2 V rms 1 kHz (V) erreur (mV) arrivant sur son entrée avec le signal qu’elle délivre. Si les deux signaux sont parfaitement en phase, aucune correction n’est apportée. Si une différence est détectée, la pLL ajuste son VCO de manière à accélérer ou ralentir sa fréquence pour se synchroniser au signal entrant. 2 0 -2 des constructeurs donnent rarement ce type d’informations, ou -4 0 1 2 3 4 5 correspondre avec la nouvelle fréquence d’échantillonnage. Dans ce cas, il convient de parler d’horloge virtuelle. page 42 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 43 Dossier Représentation du sampling jitter dans le domaine temporel varier dans le temps et un mauvais point d’échantillonnage va affecter à l’échantillon une valeur d’amplitude erronée. Comme on peut le voir sur la Fig.3, l’erreur d’amplitude est proportionnelle à la pente du signal analogique qui croit avec la fréquence et avec le niveau de celle-ci (très important à haut niveau dans les hautes fréquences). une analyse de n’importe quel type de jitter et de réaliser une estimation de ce que doit être un niveau acceptable de jitter. par exemple il pourrait être décidé que le niveau maximum acceptable de jitter provoquerait une erreur de niveau de pleine échelle à 20kHz). Toutefois, même si cela permet de poser une limite (244ps peak pour une conversion 16bits), cela n’apporte aucune information quant au caractère d’audibilité d’un tel jitter. Représentation du sampling jitter dans le domaine fréquentiel Fig.3 Dans cet exemple, la fréquence d’échantillonnage est constante, mais le signal à échantillonner varie en fréquence et en amplitude. La Fig.4 représente la simulation de l’effet d’un jitter de type aléatoire sur un sinus pur de fréquence égale à 1kHz et d’une amplitude de 2V RMS. Le système de simulation a considéré un jitter aléatoire (de type gaussien) ayant une amplitude de 10ns RMS et a effectué les calculs sur chaque échantillon pour une fréquence d’échantillonnage de 176,4kHz (soit l’équivalent d’un CNa ayant un facteur d’oversampling de 4, tel que ceux utilisés dans les lecteurs de CD). Fig.4 Sampling jitter sur un sinus pur de 1kHz. On peut noter comment le sinus et le “signal d’erreur” intermodulent. L’erreur est le produit de la pente du sinus et du jitter Fig. 5 +0 Un convertisseur qui utilise le sur-échantillonnage (ou oversampling) est un convertisseur qui traite un nombre d’échantillons très supérieur au nombre minimum requis par la théorie de l’échantillonnage pour une bande passante donnée. C’est le cas typique du très répandu convertisseur Sigma-Delta. Typiquement, les taux d’oversampling sont compris entre 2x et 256x. Les performances des convertisseurs oversamplés sont Si un signal est échantillonné avec des erreurs de points d’échantillonnage, l’effet produit est une modulation du signal dans le temps. wall qui stoppent les HF non désirées du signal audio. Dans le wall est construit de telle sorte qu’il coupe toutes les fréquences en injectant un jitter de forme sinusoïdale à un signal donné, nous observons que le signal résultant présente en plus de la raie du signal d’origine deux bandes latérales. Les deux composantes ont une amplitude relative à l’amplitude du jitter et à la fréquence du signal entrant, et sont décalées de la fréquence d’origine de moins (pour la bande de gauche) ou plus (pour la bande de droite) la fréquence du jitter. Ces résultats peuvent être utilisés pour estimer le potentiel d’audibilité de la modulation audio induite par le jitter. La Fig.5 illustre cet effet sur un signal réel. Le signal entrant a une fréquence de 10kHz et la modulation du jitter est de 3kHz. Les deux composantes obtenues par majoration et minoration de la fréquence du signal audio par la fréquence du jitter sont représentées par les deux pics latéraux en dessous et au-dessus du pic à 10kHz. dBV -40 -60 -80 -100 -120 supérieures à 22,05kHz présentes dans le signal audio analogique échantillonné ne seront pas représentées dans le cadre d’un système audionumérique travaillant à 44,1kHz. Toutefois, si ces Fig. 6 0 2k 4k 6k 8k 10k Hz 12k 14k tonalité est minime c’est à dire aux maximum de tension où la pente est nulle. La simulation a permis de révéler un niveau de 124μVRMS soit -84dB par rapport au niveau du sinus. Considérant que cette erreur s’étend sur toute la bande passante de 88,2kHz représentée par une fréquence d’échantillonnage de 176,4kHz ; on peut considérer que, mesuré sur une bande passante de 20kHz, le niveau du bruit serait de 60μVRMS. Ce qui représente un niveau relatif de -90,5dB par rapport au niveau du sinus. La représentation du jitter dans le domaine temporel permet 16k 18k 20k -104 dB -110 dB pour illustrer ce phénomène, considérons un signal de fréquence F=1kHz échantillonné en présence d’un bruit (assimilable au jitter) pleine bande plat en fréquence. après calculs, on conclut que le jitter va produire une erreur dont le niveau aura un niveau relatif de -104dB par rapport au niveau du signal à échantillonner. Cette estimation du niveau de l’erreur reste la même quelle que soit la fréquence d’échantillonnage du convertisseur. Les sources de jitter, quoiqu’il en soit, ne sont pas plates sur l’ensemble du spectre. Le jitter est majoritairement formé de composantes basses fréquences ; phénomène dû à la fois aux passe-bas commun dans les circuits de régénération d’horloge. Le système d’oversampling ne réduira en aucun cas l’impact de ces composantes BF. 4X F S distorsion harmonique. Il est par conséquent primordial d’être capable de détecter et de mesurer ces artefacts dans les bas niveaux si la qualité sonore doit être optimisée. Ceci est de plus en rapport avec l’amélioration de la plage dynamique des convertisseurs modernes. Dans la mesure où la bande passante du jitter peut s’étendre jusqu’à la moitié de la fréquence d’échantillonnage du convertisseur, dans un convertisseur oversamplé, la bande passante du jitter peut s’étendre sur un spectre beaucoup plus large que pour un convertisseur non oversamplé. L’erreur causée par la modulation du jitter est relative au spectre du jitter. Dès lors, l’erreur affectant le signal audio convertit par un convertisseur “oversamplé” affecte également un spectre élargi proportionnellement au taux d’oversampling. (qui se présente sous forme de bruit) induite par le jitter. Or, un quart de la puissance totale implique la moitié de la tension totale ; il en résulte une erreur dont le niveau est inférieur de 6dB à celle induite par le convertisseur “non oversamplé”. Notons que le cas particulier d’un jitter sinusoïdal peut être étendu à des jitters de forme complexes, l’étude reste faisable en décomposant ces signaux complexes en séries de Fourrier. La nature non harmonique des artefacts engendrés par le jitter succession d’éléments de délai, de multiplicateurs (résistances additionnelles en série) et de points de sommation. Les éléments de délai sont censés être parfaitement identiques en matière de durée de retard engendrée. Le jitter affecte l’intervalle de temps entre les échantillons audio successifs. ainsi, les éléments de délai numériques ne représentent plus des points équidistants d’un point de vue temporel. Le jitter module l’intervalle de temps entre les différents échantillons ; ce qui peut radicalement altérer La Fig.6 montre que l’erreur induite par le jitter dans un CNa “oversamplé” avec un taux de 4x va s’étendre jusqu’à une fréquence quatre fois supérieure à celle d’un convertisseur 1x. Dans le cadre de l’audio pur, nous limitons nos considérations à une bande passante comprise entre 20Hz et 20kHz. Une analyse sur cet intervalle de fréquence montre la présence de seulement Fig.5 Modulation spectrale induite par le jitter. -140 page Convertisseurs et sur-échantillonnage Le jitter peut également être appréhendé sous son aspect de phénomène de modulation et analysé en termes de composantes fréquentielles. Il peut être mathématiquement démontré qu’il existe une relation entre une composante spectrale du jitter, une composante spectrale du signal audio et la modulation de jitter résultante. -20 44 L’effet du jitter sur les convertisseurs peut être beaucoup plus complexe qu’une simple variation d’horloge du signal audionumérique. D’autres signaux (comme par exemple, le bruit ultrasonique créé au sein du module de noise-shaping des convertisseurs 1-bit) peuvent être échantillonnés avec le signal audio désiré. 1X F S 2X F S 3X F S 2 2 2 2 fréquences n’étaient pas éliminées, il se produirait un phénomène d’aliasing (qui consiste en un repliement des hautes fréquences dans le spectre audio échantillonné). Fig.6 Le rectangle bleu représente l’erreur induite par un jitter pleine bande plat dans un convertisseur 1x. Le rectangle gris représente quant à lui l’erreur induite dans un convertisseur 4x. On remarque que l’erreur a la même “valeur” sur l’ensemble du spectre. La valeur du jitter a donc été réduite sur l’ensemble du spectre de l’audio échantillonné. Jitter, noise-shaping et convertisseurs 1-bit pour des taux d’oversampling élevés, il est possible de réduire NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 45 Dossier audio 20Hz-20kHz). Le niveau de ce bruit ultrasonique est relatif à Résolution temporelle virtuelle est en rapport étroit avec le niveau pleine échelle du convertisseur. Les algorithmes utilisés, dans un aSRC, pour l’estimation des L’action du sampling jitter sur ce bruit ultrasonique induit une modulation, identique à celle causée sur de l’audio “classique”. Cette modulation peut se retrouver (par repliement) dans le spectre audible et, dans la mesure où le bruit ultrasonique est présent même quand le signal audio est à un faible niveau, elle ne pourra être masquée. Son effet direct est de remonter le niveau du bruit de fond et par conséquent de réduire la plage dynamique du convertisseur. considèrent le signal d’horloge de l’un des signaux comme référence et détermine cette relation grâce à une horloge de mesure de fréquence élevée synchrone avec l’autre train binaire. Sampling jitter et convertisseurs de fréquence d’échantillonnage (SRC) Les convertisseurs de fréquence d’échantillonnage sont utilisés pour convertir un signal audionumérique de fréquence donnée en un signal de fréquence différente. La conversion induit de facto une interpolation ou une décimation entre les points d’échantillonnage du signal audionumérique entrant et la génération de valeurs pour les nouveaux points d’échantillonnage. Il existe deux types de SRC. par exemple, pour convertir d’une fréquence de 48kHz à Fe=96kHz, l’horloge de mesure peut être cadencée à 256x96kHz. On en déduit l’apparition de jitter dans les algorithmes d’estimation temporelle est égale à 40ns (=1/(256x96000)). Caractéristiques d’atténuation du “jitter virtuel” Les algorithmes d’estimation temporelle des aSRC possèdent une caractéristique d’atténuation du jitter, que l’on peut modéliser Dans la mesure où le processus est entièrement numérique, si la qu’un aSRC peut avoir un haut niveau d’atténuation du jitter. Dans le cas où le facteur de conversion entre les deux fréquences d’échantillonnage est un nombre entier (par exemple passage de Fe=48 kHz à Fe=96 kHz, facteur de conversion égal à 2), on peut déterminer les points d’échantillonnage avec précision et sans erreur. Dans ce cas, il est possible d’effectuer la conversion sans L’intégration d’un aSRC à un système est peu onéreuse ; ce qui fait que cette alternative est souvent considérée comme solution synchronisés. a l’inverse, une conversion de 44,1 kHz vers 96 kHz, par exemple, peut être effectuée en utilisant un rapport mathématique converti à cette fréquence par l’aSRC. Une mesure de l’horloge du CNa peut révéler le faible jitter au niveau de cet oscillateur. mathématique. Ce type de SRC est appelé convertisseur de fréquence d’échantillonnage synchrone (Synchronous Sample Rate Converter – SSRC). Toutefois, le processus de ré-échantillonnage au sein de l’aSRC doit également être considéré. Le jitter d’un aSRC n’étant qu’un décalage des valeurs numériques générées par l’algorithme d’estimation temporelle, il ne peut pas être mesuré directement. Quoiqu’il en soit, il est possible de mesurer ce jitter par l’étude de son impact sur un signal injecté de haut niveau et de haute fréquence. parfois, la fréquence d’échantillonnage en sortie de SRC ne peut pas être verrouillée sur celle entrante (à cause des rapports mathématiques entre les deux Fe). De plus, bon nombre Jitter dans les interconnexions numériques sampling jitter. La bonne démarche est d’essayer de maintenir le niveau en dessous de ce qui est toléré par l’appareil recevant le signal. Deux appareils distincts d’une chaîne audionumérique peuvent communiquer par l’intermédiaire d’une connexion. Cette connexion transportera les données audio, une information de synchronisation et parfois aussi l’horloge de synchronisation. Les communications aeS/eBU et S/pDIF remplissent les trois fonctions. Il peut arriver que dans le cas d’un nombre conséquent d’appareils devant être synchronisés, une horloge maîtresse soit distribuée aux machines (par exemple Word Clock). Si une unité audionumérique est synchronisée à une horloge (qu’elle soit interne ou externe) relativement peut sujette au jitter ; alors, tout jitter mesuré sur l’interface émettrice est dû à l’appareil lui-même : il s’agit de son jitter intrinsèque. Le standard de synchronisation aeS11 recommande d’utiliser un signal dédié pour le maintien d’une synchronisation commune, par un signal audionumérique de référence (Digital audio Reference Signal – DaRS). Les appareils permettant l’utilisation d’un DaRS possèdent une entrée dédiée (‘Sync in’ ou ‘external sync/clock’) qui peut être sélectionnée comme référence de Word Clock. Un avantage est que, dans la mesure où le signal de synchronisation est indépendant du programme interrompre le “timing” de l’appareil (qui continue de recevoir une Word Clock stable). Les problèmes causés par le jitter dans ces interconnexions sont des problèmes de perte de synchronisation ou éventuellement d’erreur dans la lecture d’une donnée. L’amplitude de jitter provoquant ce type de problèmes est de plusieurs ordres de grandeur au dessus du Fig. 8 par exemple, un circuit pLL intégrant un VCXO (Voltage Control crystal Oscillator) aura un jitter intrinsèque inférieur à celui d’un circuit à base de résistances et de condensateurs. Jitter induit par le câblage L’autre source de jitter dans les interconnexions numérique peut venir d’une mauvaise adaptation du câble de liaison.L’effet résistif du câble ou une impédance inadéquate peuvent causer sur le signal des pertes de niveau et des pertes aux fréquences élevées qui ont pour effet de Ce fait ne constituerait pas un problème si les effets étaient les mêmes pour chaque transition. Il en peuvent changer à tout moment et, combinées avec les pertes au sein du câble, ces différentes séquences binaires provoquent un décalage aléatoire (mais corrélé aux données) et par conséquent une augmentation des interférences. Fig. 9 De plus, l’interface aeS3 utilise le même signal pour véhiculer à la fois le signal d’horloge et les données audio, la conjonction des phénomènes précédents peut donc induire du jitter sur le signal d’horloge par l’intermédiaire de la modulation des données. Il convient donc de prêter une attention toute particulière aux mécanismes d’interférence (on parle d’interférence inter-symboles) entre les données et le signal d’horloge. ajustés. Ce type de SRC est appelé convertisseur de fréquence d’échantillonnage asynchrone (asynchronous Sample Rate Converter – aSRC). Il peut être vu comme une généralisation du concept du SSRC étendu à tout type de fréquences entrantes et Le niveau de jitter intrinsèque est déterminé par deux caractéristiques : les variations de phase des oscillateurs du circuit d’horloge et, dans le cas où l’horloge est externe, des caractéristiques du circuit pLL de régénération d’horloge. Ce serait le cas uniquement si l’on avait affaire à une alternance régulière de 0 puis de 1... Mais un “vrai” d’utilisation ; autrement dit pour faire face à des rapports de conversion arbitraires entre les fréquences entrantes et sortantes, différentes. Dans ce cas, la conversion doit se faire par un rapport mathématique plus complexe et qui peut varier dans le temps. Le SRC doit inclure un algorithme qui tente d’aligner les échantillons entrants et sortants en se basant sur leurs instants d’arrivée respectifs. Jitter intrinsèque Forme d’onde d’un signal aeS avec dégradations induites par le câblage forme d’onde aeS idéale point de passage à zéro Fig.8 Séquence de donnée en sortie d’interface aeS3 Fig.9 Séquence de donnée après passage dans 100m de câble très répandu dans bon nombre de produits audio professionnels ou non. page 46 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 47 Dossier Jitter de données Le jitter de données est le terme utilisé pour décrire le jitter affectant les transitions de la “forme d’onde” modulée par les données. Le données. Cette forme de jitter est la plupart du temps révélatrice d’interférences inter-symboles. Le jitter de données peut également être produit au sein même des circuits asymétriques où un délai peut varier entre les transitions de montée et de descente. Jitter induit par des bruits parasites Si les transitions des bits n’avaient pas été “ralenties” par les pertes dues au propriétés électriques du câble, leurs temps de montée/descente seraient si brefs que leurs points de passage à zéro seraient peu sensibles à l’ajout d’un quelconque bruit. Or, l’augmentation des temps de transitions, due aux pertes dans le câble, rend le signal sensible au bruit et à toute sorte de parasites extérieurs. Il en résulte un décalage du point de passage à zéro. par exemple, un bruit parasite affectant le signal peut faire varier le temps que telle. La sensibilité à ce type de bruit dépend de la vitesse des transitions, qui dépend elle-même des pertes survenues dans le câble. Le niveau de jitter induit par le bruit parasite est en corrélation directe avec la pente de la transition au point de passage à zéro, tout comme la tension de ce bruit est relative au temps (par l’intermédiaire de la pente). Sur des transitions rapides, un bruit d’interférence ne produira que peu de jitter : la variation de tension causera cependant une légère déviation temporelle. Il est important de noter que la “direction” de la déviation temporelle est directement en rapport avec le type de transition. ainsi, pour une transition “accélérée” par le bruit parasite, les transitions de montée interviendront plus tôt (par rapport à une référence idéale) et les transitions de descente seront retardées. pour une transition “ralentie” par le bruit, le contraire est vrai. Tolérance au jitter Un récepteur audionumérique de type aeS3 doit être capable de décoder des signaux provenant d’une interface émettrice. Si le niveau de jitter augmente, l’interface réceptrice commencera à décoder le signal incorrectement, générant ainsi des “mute” et/ou la perte du verrouillage sur le signal d’horloge entrant. Le niveau maximum de jitter avant lequel l’interface réceptrice commence à produire des erreurs lors de l’interprétation des données est appelé le niveau de tolérance au jitter de l’appareil. La tolérance au jitter est indépendante de la fréquence pour un jitter supérieur à la fréquence de coupure du circuit pLL. Mais, au fur et à mesure que le taux de variation de l’horloge (la fréquence du jitter) diminue, le récepteur pour des jitter de fréquence basse, le récepteur sera davantage sujet à subir l’importante augmentation de jitter et ainsi la tolérance au jitter augmente. en effet, plus la fréquence du jitter est basse, plus le signal est envoyé dans la boucle et donc plus les variations temporelles sont atténuées. page 48 pour des jitter de fréquence proche de la fréquence de coupure, il est possible qu’en raison d’une mauvaise conception, la tolérance au jitter de conception d’un système audionumérique complet à machines interconnectées. du circuit cause une opposition entre la déviation (dans la boucle) des transitions de données temporelles entrantes et l’estimation faite par le circuit des données temporelles (qui considère que celles-ci sont pires Si dans plusieurs articles les effets audibles de tel ou tel type de jitter sont étudiés, il reste que l’humble installateur, ingénieur du son ou auditeur audiophile n’a non seulement pas accès a ces mesures sur son système mais surtout rien, et c’est le plus troublant, ne garantit qu’un niveau de jitter bas “sonnera” mieux qu’un certain type de jitter dont l’effet s’entend à une fréquence donnée ! Accumulation du jitter Si nous considérons une chaîne d’appareils numériques, dans laquelle l’horloge de chaque appareil est verrouillée sur celle de son prédécesseur dans la chaîne, on constate que plusieurs chaîne. Chaque appareil va ajouter son propre jitter intrinsèque et chaque interconnexion (câblage) contribuera au jitter. De plus, à chaque étage de la chaîne va s’ajouter soit un gain soit une atténuation du jitter. Les effets de ce phénomène varient avec les caractéristiques de jitter individuelles de chaque élément de la chaîne et des séquences de données ; il est possible, avec des calculs relativement simples de se faire une idée de l’importance du problème. ainsi, il est évident et reconnu que plusieurs types de jitters aux effets conséquents et audibles apparaissent dans le cadre de l’utilisation d’une horloge externe, là ou une horloge interne même médiocre fera bien mieux. Mais l’utilisateur, vous, moi, pourra parfaitement préférer le son avec cette horloge “techniquement mauvaise”. cas d’apprécier selon des critères techniques ce qui fait réellement la qualité d’écoute ou d’enregistrement d’un système. L’alchimie née de l’interconnexion d’appareils résiste encore à une simple mesure de jitter... Pour aller plus loin : CNA Convertisseur Numérique-Analogique DARS Digital Audio Reference Signal (signal au- Fe Fréquence d’échantillonnage HF Haute(s) Fréquence(s) “a new method for analysing the effects of end-to-end jitter in digital audio systems” James a.S. angus preprint 4716 d’un phénomène de jitter, et c’est la base de toute la complexité BF Basse(s) Fréquence(s) que réceptrice) du jitter qui doivent être remplies par les appareils prétendant atténuer le jitter d’interconnexion. Cette atténuation préconisée est d’au moins 6dB pour des fréquences supérieures à 1kHz. Cette fréquence est très inférieure à la fréquence de coupure de 8kHz préconisée par les normes de l’interface aeS3 ; ces appareils nécessitent donc la transmission d’un signal d’horloge, séparé des données obtenue par régénération d’horloge, qui détermine la tolérance au jitter. Une règle voudrait qu’il faille au maximum éviter les synchronisations externes (généralement bien plus mauvaises qu’un quartz interne). Mais ce n’est pas toujours possible, en particulier dans le cas de systèmes d’acquisition audio à sources numériques multiples, idem pour la diffusion. Asynchrone) DIR Digital Interface Receiver (interface numéri- “Theoretical and audible effects of jitter on digital audio quality” eric Benjamin et Benjamin gannon preprint 4826 Le jitter est partout et vouloir s’en débarrasser, même s’il s’agit d’un noble objectif, semble peine perdue. Si les fabricants communiquent souvent sur la stabilité de leurs horloges internes, il est plus rare de trouver les performances des circuits de régénération en cas de synchronisation externe, généralement parce que leurs performances sont relativement mauvaises. (Convertisseur de Fréquence d’Echantillonnage dionumérique de référence) un gain inférieur à 2dB quelle que soit la fréquence du jitter. Le jitter, ami ou ennemi ? ASRC Asynchronous Sample Rate Converter CAN Convertisseur Analogique-Numérique Les conséquences normales de cette accumulation de jitter peuvent être (au fur et à mesure de l’avancement du signal dans la chaîne) des pertes occasionnelles de données voir même une perte du verrouillage sur le signal entrant. visant à limiter les problèmes d’accumulation du jitter. L’une d’elle Lexique “Jitter analysis of asynchronous sample-rate conversion” Robert adams preprint 3712 PLL Phase-Locked Loop (boucle à verrouillage de phase) ppm Parties Par Million SRC Sample Rate Converter (convertisseur de “evaluation of the audible distortion and noise produced by digital audio converters” Louis D. Fielder Journal of audio engineering Society, vol.35, n°7/8, 1987 fréquence d’échantillonnage) Measuring aeS-eBU digital audio interfaces” Richard C. Cabot Journal of audio engineering Society, vol.38, n°6, 1990 vertisseur de Fréquence d’Echantillonnage Syn- “Specifying the Jitter performance of audio Components”, Chris Travis et paul Lesso, audio engineering Society convention paper, 117th convention, 2004 October 28-31. SSRC Synchronous Sample Rate Converter (Conchrone) THD+N Total Harmonic Distortion + Noise (distorsion harmonique totale + bruit) “Measuring the effects of sampling jitter” Richard C. Cabot – audio precision VCO Voltage Controlled Oscillator (Oscillateur à “Digital Sound Signal : subjective effect of timing jitter”, W.I. Manson, BBC Research Department, BBC RD 1974/11, March 1974 WC Word Clock (signal d’horloge Contrôle en Tension) “Jitter Theory”, Julian Dunn, application and technical support for audio precision apWIN users, Technote 23, audio precision NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 NUMERO 01 - AUTOMNE 2012 www.horsphase.com www.horsphase.com page 49