La régionale d’Orléans-Tours a profité de la première session de formation du P.A.F. pour proposer à l’ensemble des collègues, membres ou non, de se réunir ce lundi 22 novembre à Tours. Cette date permettait aux collègues de toute l’académie d’être présents et de ne pas avoir à faire un déplacement spécifique. Une quinzaine de participants est un chiffre honorable par comparaison avec les réunions précédentes et il a été proposé de procéder à nouveau ainsi à l’avenir, quand la situation le justifiera. I – Le projet Chatel Actualité oblige, il a d’abord été question des annonces de notre ministre de tutelle. Simon Perrier a remis les choses en perspectives : il ne s’agit surtout pas d’introduire un enseignement de philosophie avant la terminale mais plutôt de mettre en valeur certaines possibilités déjà existantes pour des interventions des professeurs de philosophie auprès des élèves de seconde et de première. A ce titre, les propositions sont diverses : - Assurer l’horaire d’E.C.J.S. (2nde et 1ère). Intégrer le dispositif d’accompagnement personnalisé des élèves de 2nde et 1ère. Participer à certains enseignements d’exploration de 2nde tels que « Littérature et société », « Images et langages » ou « méthodes et pratiques scientifiques ». Proposer une « préparation à la philosophie » pour les élèves de 1ère Littéraire. Intervenir dans les cours de nos collègues pour apporter un éclairage philosophique à l’objet de leur étude. Certains collègues confirment que des professeurs de philosophie interviennent déjà dans ces cadres ou en tout cas été sollicités par leurs proviseurs. Mais cela reste minoritaire et il ne s’agit pas, dans la plupart de ces exemples, d’enseigner la philosophie. Un débat s’engage toutefois entre ceux qui estiment qu’il y a une dimension philosophique indéniable dans le programme d’E.C.J.S. (à certains niveaux) et ceux qui pensent qu’il est très dangereux de se prêter à ce jeu et d’accepter de sortir des limites de l’enseignement de la philosophie. Il apparaît ainsi qu’on ne peut dénier à un professeur de philosophie le droit de s’intéresser à d’autres disciplines et enseignements et de s’y impliquer à titre personnel. Certains le font quand il s’agit d’animer des ateliers de théâtre et des options comme le cinéma-audiovisuel ou l’histoire de l’art. Mais il faut être vigilant quant à une dérive qui conduirait à faire du professeur de philosophie une ressource humaine de l’éducation nationale, indifféremment affectable à diverses tâches. Nous restons d’abord et avant tout des enseignants spécialisés dans la discipline pour laquelle nous avons été recrutés. On ne saurait s’appuyer sur les initiatives individuelles pour étendre ces pratiques à l’ensemble des professeurs de philosophie. Plusieurs des participants soulignent ainsi l’importance de deux conditions qui sont évoquées par le discours du Ministre et auxquelles nous devrons être attentifs. Il s’agit d’une part de la notion de volontariat qui donne le droit à un professeur ne souhaitant pas sortir de sa discipline d’origine de refuser une proposition de son proviseur. D’autre part, le discours affirme que ces (fausses) innovations ne doivent en rien affecter l’enseignement de la philosophie tel qu’il existe déjà en terminale. L’essentiel se trouve, en fin de compte, dans ces deux conditions ; le reste n’est qu’effet d’annonce. On peut craindre sur ce point que ces dernières soient mentionnées dans une prochaine circulaire de rentrée pour être abandonnées ensuite. Il faudrait donc les garantir plus fermement. Quoi qu’il en soit, tous remarquent que l’idée d’une extension de l’enseignement de la philosophie à la 2nde et à la 1ère ne laisse pas de surprendre dans un contexte où a) les emplois du temps des élèves subissent une cure d’amaigrissement ; b) l’impératif comptable l’emporte sur les besoins pédagogiques ; c) enfin et surtout – pour ce qui concerne la philosophie – les heures dédoublées sont menacées de disparition dans les séries scientifiques et technologiques. Avant d’étendre notre enseignement à d’autres niveaux auxquels certains collègues ne souhaitent pas accéder, il faudrait commencer par ne pas le déstabiliser là où il existe déjà et où nous sentons bien plus légitimes. C’est l’occasion qui est saisie par Simon Perrier pour rappeler qu’il existe une pétition à ce sujet, qu’elle a recueilli environ un millier de signatures à ce jour, ce qui est bien mais encore insuffisant. Nos collègues doivent prendre conscience des conséquences dramatiques de la suppression des heures dédoublées. Dans les lycées où les classes de séries technologiques sont nombreuses, cela augmenterait de manière significative et insupportable le nombre de classes et d’élèves par professeur. Ce chapitre consacré au projet Chatel se termine sur un soupçon : considérant que nous perdrions des heures si nous ne pouvons plus bénéficier des dédoublements, le but n’est-il pas de faire en sorte que le temps ainsi libéré ne soit plus employé à l’enseignement de la philosophie mais à des activités subalternes ou, à tout le moins, étrangères à notre profession même ? On aurait alors trouvé le moyen de faire croire à une augmentation du poids de la philosophie dans le système scolaire français, là où on recherche en vérité davantage de « flexibilité », à coûts et moyens constants. II – Le baccalauréat Un mot est dit de l’organisation du baccalauréat. Plusieurs syndicats et associations demandent que la session 2011 débute un mardi et non un jeudi, objectif qui semble raisonnable et qui pourrait bénéficier de l’appui des services du rectorat dont la tâche s’en trouverait grandement facilitée. Le débat se poursuit sur la notation de l’épreuve de philosophie. On s’accorde généralement à dire qu’il y a eu des progrès, mais certaines difficultés persistent et la réflexion sur les conditions d’une notation juste doit être poursuivie. Deux aspects du problème dominent la discussion : a) La question de la moyenne : s’il est hors de propos d’atteindre les moyennes excessivement généreuses d’autres disciplines, il est peut-être judicieux de se rapprocher du 10/20 en se rappelant que 10 n’est pas une bonne note et qu’à être trop exigeant, on « autorise » les élèves à désespérer de la philosophie et à ne pas faire d’effort au long de l’année. Même si certains collègues sont très réticents à l’idée de noter plus largement, il semble bien que cette tendance s’affirme désormais plus nettement qu’auparavant. Reste à définir un seuil de crédibilité : trop basses, les notes découragent les élèves ; trop hautes, elles les dispensent de travailler. b) La reconnaissance du travail fourni : en raison d’un écrasement manifeste des notes entre 7 et 12 (plus ou moins), la notation ne rendrait pas justice aux élèves méritants, leur attribuant le même résultat (à peu de choses près) qu’aux élèves dilettantes. Plusieurs collègues font état de ce problème. Que dire à un élève sérieux qui constate qu’il a eu 7/20, tout comme le cancre de la classe ? Deux difficultés sont alors pointées successivement, qui expliquent en partie cette injustice. D’une part, nous valorisons le moindre élément intéressant d’une copie médiocre, la faisant sortir très vite de la zone des non-copies (de 0 à 5) pour la porter à 7 ou 8 sur 20 ; mais à l’inverse, nous surestimons la moindre imperfection d’une copie honorable, la faisant tout aussi vite chuter à 10 ou 11 sur 20. D’autre part, nous ne serions pas assez attentifs à la présence dans une copie d’indices permettant de repérer qu’un cours a été appris et que le candidat tente, peut-être avec maladresse mais en toute bonne foi, de le réinvestir. Alors que de plus en plus de candidats peinent à mettre au jour un problème, nous en sommes souvent réduits, il faut bien l’admettre, à valoriser la culture philosophique qui transparaît dans une copie. Cette discussion s’achève sur les moyens qui sont mis à notre disposition pour améliorer les choses sur ce point. L’organisation d’un stage similaire à celui de l’an passé pourrait être bénéfique car de nombreuses difficultés n’avaient pas pu être évoquées durant cette seule journée. Par ailleurs, le fait de disposer, lors de la réunion d’entente, d’un échantillon de copies sur les différents sujets contribue à rendre cette réunion plus fructueuse et la majorité des collègues présents paraît en souhaiter la reconduction. III – Le bureau de l’APPEP Les membres de l’APPEP sont restés à la fin de la réunion pour le renouvellement du bureau de la Régionale. Plus qu’un renouvellement, il s’est agi d’une extension, ce qui est une très bonne chose. Par ailleurs, Simon Perrier, accaparé par ses fonctions de président de l’APPEP au niveau national souhaitait ne plus être en outre le président de la Régionale. C’est donc, après vote du bureau, David LEBRETON qui lui succède à ce titre. Le même scrutin a maintenu Christophe Béal dans ses fonctions de vice-président et Philippe Blanc dans celles de trésorier. La séance est levée à 18h30. Compte-rendu rédigé par David LEBRETON