Entrevue de l’APPEP (Lyon) avec Madame Souad Ayada, IPR, le 16 juin 2011

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16. 06. 2011. Entrevue de la Régionale de l'APPEP du Rhône avec Madame Souad Ayada, IPRde
philosophie.
Madame Ayada débute l'entretien par une communication concernant la préparation à l'agrégation interne.
Malgré la grande qualité de l'enseignement qui y est dispensé, cinq professeurs seulement sont inscrits à ce
jour. La formation disparaîtra l'an prochain si les effectifs n'augmentent pas. Madame Ayada déplore cet état
de fait et nous demande de rappeler l'existence de cette formation indispensable autour de nous.
Nous abordons alors le premier point à l'ordre du jour: l'enseignement de la philosophie en amont de la
Terminale. Madame Ayada souligne qu'il s'agit d'expérimentation, pas d'autre chose. Il ne s'agit pas d'un
enseignement, mais d'interventions limitées dans le temps qui ne prennent pas une forme institutionnalisée.
Nous faisons observer qu'un appel à projets a été lancé par le Ministère début mars, mais que l'information a
été mal diffusée par l'administration dans les lycées. Madame Ayada répond qu'une enquête a été faite par
l'Inspection début septembre auprès des Chefs d'établissement pour qu'ils communiquent ce qui se faisait en
seconde. Mais tous les établissements n'ont pas répondu. Cela tient à ce que beaucoup de Chefs
d'établissement voulaient reconduire ce qui se faisait et se montraient réticents à l'idée d'un cadrage. L'appel
à projets a été ensuite adressé par la DGESCO par le biais des Rectorats et il n'a pas été relayé par les Chefs
d'établissement pour les mêmes raisons que celles qui ont ralenti le bon déroulement de l'enquête de
septembre: les Chefs d'établissement ont voulu, soit continuer ce qui se faisait, soit demander des heures. Or
les moyens sont limités. Nous posons alors la question de savoir si les interventions nouvelles n'entrent pas
en concurrence avec l'enseignement en première L déjà existant. Madame Ayada tient à nous rassurer: il n'en
est rien. Elle ajoute que le texte du 3 mars propose comme cadrage des pistes de travail significatives
délimitées par trois inspecteurs généraux et par trois universitaires. Nous faisons alors observer que des
interventions n'étant pas des cours, il nous semble difficile d'enseigner la philosophie. Madame Ayada répond
qu'il n'est pas question de supprimer des heures d'enseignement. L'Inspection générale se porte garante: ni les
horaires, ni les programmes ne seront modifiés. D'autre part, ceux qui se sont portés volontaires pour
l'expérimentation avaient déjà un acquis. Ce type d'intervention suppose une très grande compétence, un
travail prenant, exigeant. L'intervention sur les atomismes, par exemple, suppose un travail considérable.
Nous cherchons à resituer le débat à notre point de vue en exposant alors la position de l'APPEP , telle
qu'elle ressort notamment de l'entrevue avec Monsieur Marc Sherringham, Doyen de l'Inspection générale de
philosophie, le 9 mars: l'APPEP n'est pas hostile par principe au projet; elle n'y voit pas a priori un risque de
dilution de la philosophie; elle estime que la bonne volonté est manifeste à l'égard de la philosophie et que
c'est véritablement en philosophes que les professeurs peuvent en principe intervenir dans le dispositif. Mais
elle s'interroge sur la faisabilité du projet: comment, avec un volant d'heures extrêmement réduit intervenir
de façon pertinente? Nous citons Jean Lefranc, ancien Président de l'APPEP, pour qui le professeur devient
un « performer ». Le caractère ciblé des interventions ne donne d'autre part pas de temps à la maturation.
Nous ajoutons qu'une expérimentation doit être évaluée et nous nous inquiétons de la déclaration de
Monsieur Sherringham selon laquelle « une expérimentation n'a pas vocation à échouer ». Madame Ayada
répond en resituant à son tour le débat: un rôle essentiel est donné au professeur de philosophie dans le lycée
réformé; l'introduction de la pluridisciplinarité est conçue pour que les enseignements fassent sens; il est
donc important que le curseur ait été déplacé de la première à la seconde: s'ils prennent au sérieux la
seconde, les professeurs de philosophie peuvent devenir la cheville ouvrière de la réforme. Des savoirs autres
que la philosophie sont présents. Nous faisons alors observer que nous doutons que les enseignements
d'exploration soient un cadre adéquat. Madame Ayada nous répond qu'il faut faire preuve de rigueur, sans
démagogie: on peut par exemple intervenir sur « persuader et convaincre », ou sur la logique. Madame
Ayada souligne enfin que les professeurs de philosophie ne participent pas à l'orientation des élèves mais
qu'ils doivent donner un contenu et elle précise, à notre demande, que la plus grande transparence sera la
règle quand le bilan de l'expérimentation sera fait à la fin de la prochaine année scolaire : si la synthèse des
propositions académiques n'a pas été publiée fin mai, comme le Ministère s'y était engagé, c'est parce que le
calendrier n'était pas tenable.
Nous abordons alors la seconde question à l'ordre du jour: le baccalauréat. Madame Ayada nous apprend
qu'il n'y a aucun suppléant. Un retraité a accepté de corriger, de même qu'un vacataire dont le contrat prend
fin le 21 août. Le contrat des autres vacataires s'achevant le 19 juin il a été décidé de ne pas les solliciter.
Nous rappelons la situation particulièrement précaire des vacataires qui ne touchent pas d'indemnité de
chômage après leur contrat. Madame Ayada précise qu'elle avait demandé que les services du Rectorat
prolongent le contrat des vacataires. Il lui a été répondu que cela était impossible. En revanche, ceux qui
corrigent seront payés 5 euros par copie. Nous revenons sur la question des délais de correction. Madame
Ayada déplore que la demande d'anticiper de deux jours la date de l'écrit de philo n'ait pas été satisfaite par le
Ministère. Nous transmettons à Madame Ayada le Communiqué concernant les conditions de correction au
baccalauréat émanant de la direction nationale de l'APPEP. Nous soulignons que les services rectoraux euxmêmes protestent contre les conditions de correction. Madame Ayada explique qu'elle fait en sorte que le
temps de correction soit le plus long possible puisque, après prise de possession des copies le vendredi 17
juin à 11 heures, il s'étend jusqu'à l'extrême limite possible, à savoir le vendredi 1er juillet à 13 heures. Les
copies ont été équitablement réparties (de 75 à 90-95 en L, de 110 à 121 en ES, de 120 à 135 en S). Les
professeurs de CPGE ne sont pas sollicités s'ils ont un service complet. S'ils ont une classe dans le
secondaire, ils peuvent l'être, mais pour moins de 40 copies en L.
Nous abordons ensuite la troisième question à l'ordre du jour: la condition des stagiaires. Ils étaient, en
2010-2011 au nombre de trois: deux agrégés et un certifié dans l'enseignement privé sous contrat. Les deux
agrégés, l'un à 14 heures, l'autre à 15 heures, n'avaient pas de conseiller pédagogique dans leur établissement.
La mise en place de l'accompagnement pédagogique a été difficile en septembre; les deux stagiaires ont
souffert en début d'année scolaire (préparations au jour le jour, formation modeste). Tout l'accompagnement
des tuteurs a donc été nécessaire, mais il est difficile quand le tuteur n'est pas dans le même établissement.
Les stagiaires ont reçu quatre semaines de formation massée: deux avant, et deux après les vacances de
février. Il fallait les remplacer: cela s'est à peu près bien passé, certes difficilement pour un étudiant en
master 2, mais sans que le bilan soit catastrophique. Nous demandons s'il est possible d'espérer une
modification du statut des stagiaires l'an prochain. Madame Ayada nous répond que rien ne va en ce sens: la
demande qu'ils soient placés sous le régime des douze quinzièmes n'a pas été satisfaite et la première année
d'enseignement restera difficile. Trois supports sont retenus pour l'académie (lycées Saint Just à Lyon,
Georges Brassens à Rive de Giers, Jean-Paul Sartre à Bron; les collègues de ce dernier lycée refusent de
prendre en charge le tutorat). Nous posons la question de la composition du jury académique qui valide
l'année de stage.; nous nous inquiétons en effet que la philosophie n'y soit pas représentée. Madame Ayada
nous répond que le jury comprend un Proviseur, deux Doyens IPR, le Coordinateur académique SVT et deux
autres IPR. Le jury travaille sur les dossiers constitués par les IPR: l'avis des représentants de chaque
discipline va donc primer. Madame Ayada a vu tous les stagiaires et elle a constitué leur dossier en constatant
que les rapports des Chefs d'établissement sont bons. Au cas où il y aurait eu un désaccord entre un Chef
d'établissement et l'IPR il était prévu que le stagiaire soit convoqué par la DEC le 6 ou le 7 juillet.
Nous abordons enfin la question des TZR. La situation a été revue en allemand et en philosophie: le
constat a été fait que l'on disposait de beaucoup de remplaçants dans le Rhône mais que la situation au lycée
dans le nord de l'Ain par exemple était difficile. Jusqu'à la fin septembre il n'y avait pas de professeur de
philosophie au lycée Bellignat pour prendre un exemple. Le contractuel qui a occupé le poste manquait
ensuite d'expérience. Il a donc été décidé d'attribuer des postes fixes à des TZR au nord de l'Ain et au sud de
Lyon. Les autres remplaçants sont sur des zônes plus vastes. Ce n'est donc pas, comme la délégation de
l'APPEP le pensait, parce que les frais de déplacement des vacataires, à la différence de ceux des TZR, ne
sont pas remboursés que l'attribution des postes se fait pour les TZR à la périphérie de l'Académie et pour les
vacataires en centre ville.
Nous nous quittons en ayant le sentiment d'avoir abordé beaucoup de questions importantes sur lesquelles
le débat entamé pourrait être poursuivi.
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