de la HAS (p. 74-75) [1]. La confronta-
tion de ces différentes sources d’infor-
mation, qui offrent des regards diffé-
rents et complémentaires, enrichit l’éva-
luation de la situation de l’enfant.
Dans tous les cas, la réalisation d’un bi-
lan d’efficience intellectuelle est indis-
pensable, d’une part pour confirmer le
caractère spécifique du trouble suspecté
(en éliminant une déficience intellec-
tuelle), d’autre part pour mieux com-
prendre les potentialités de l’enfant (le
TDA/H pouvant représenter un obstacle
à leur mise en œuvre, notamment pour
les enfants de haut potentiel intellec-
tuel). Parmi les différents indices, deux
sont en général significativement abais-
sés : l’indice de mémoire de travail et
celui de vitesse de traitement. Ce bilan
d’efficience intellectuelle peut être com-
plété par des explorations neuropsycho-
logiques plus spécialisées, portant sur
les différentes fonctions attentionnelles
et exécutives (planification, inhibition
de l’impulsivité motrice ou cognitive,
flexibilité mentale…).
En pratique, plusieurs présentations cli-
niques coexistent : forme prédominant
sur l’inattention, ou prédominant sur
l’hyperactivité/impulsivité, ou formes
combinées, ou forme inattentive « res-
trictive ».
Dans sa démarche diagnostique, le mé-
decin doit distinguer dans la plainte les
difficultés directement liées au TDA/H
de celles liées aux comorbidités, qui sont
fréquentes : troubles des apprentissages,
trouble d’acquisition des coordinations
(TAC), troubles oppositionnels avec pro-
vocation (TOP), troubles des conduites,
troubles émotionnels (anxiété, dépres-
sion), troubles du sommeil, voire dépen-
dance aux substances addictives. Dans
tous les cas, la question d’une maltrai-
tance sous-jacente doit être envisagée,
soit comme étant à l’origine des symp-
tômes, soit dans le cadre d’une souffran-
ce ou d’un épuisement de l’entourage.
COMPLÉMENTARITÉ
ENTRE CONSULTATIONS
SPÉCIALISÉES
ET MÉDECIN DE PREMIER
RECOURS DANS
LA PRISE EN CHARGE
A partir de la confirmation du diagnos-
tic, l’analyse du retentissement des
troubles dans les différents domaines
de la vie de l’enfant ou de l’adolescent
est essentiel, afin d’en apprécier la sévé-
rité, l’étendue, et de guider le choix
entre les différentes options d’accompa-
gnement et de prise en charge (figure 3).
Dans le cadre de la consultation spécia-
lisée, plusieurs axes de prise en charge
sont proposés en fonction des difficultés
rencontrées par l’enfant et sa famille. La
prise en charge est basée sur une analy-
se dimensionnelle des capacités et des
difficultés de l’enfant (figure 4). Elle com-
prend, selon les recommandations, dif-
férents niveaux d’intervention dans le
cadre d’une prise en charge combinée.
La guidance parentale est indispen-
sable, réalisée notamment pour les en-
fants présentant des troubles opposi-
tionnels par des programmes d’entraî-
nement aux habiletés parentales sous
forme de groupes de Barkley [4] ou de
programmes Triple P : pratiques paren-
tales positives [5].
Les adaptations pédagogiques sont pro-
posées en lien avec l’équipe enseignan-
te, au travers des réunions d’équipe édu-
cative, des plans d’accompagnement
personnalisés (PAP) ou des projets per-
sonnalisés de scolarisation (PPS).
L’accompagnement psychologique indi-
viduel ou en groupe répond aux besoins
mis en évidence lors de l’évaluation. Il
peut comporter des programmes de thé-
rapie cognitivo-comportementale
(TCC), de remédiation cognitive ou une
psychothérapie de soutien [6-8].
L’accompagnement rééducatif par un
psychomotricien ou un neuropsycho-
logue peut si besoin être complété par
une prise en charge rééducative des co-
morbidités (orthophonie, ergothérapie).
L’indication éventuelle du traitement
pharmacologique par méthylphénidate
(seule molécule active disponible en
France) intervient en seconde inten-
tion, en complément des autres ap-
proches, parfois d’emblée dans les
formes sévères [9]. La mise en place du
traitement médicamenteux relève de la
consultation hospitalière spécialisée
(pédiatre, neuropédiatre, neurologue,
psychiatre), avec en général une consul-
tation de mise en place du traitement et
quelques semaines après une consulta-
tion de suivi pour déterminer le bénéfi-
ce et la tolérance, et proposer si besoin
une adaptation de la dose ou de la for-
me galénique. Il n’y a pas de nécessité
d’évaluation cardiologique systéma-
tique avant traitement (sauf en cas
d’antécédent familial de mort subite
d’origine cardiaque, de troubles du
rythme ou de conduction, de cardiopa-
thie sous-jacente). Enfin, une prise en
charge spécifique peut parfois être né-
cessaire, initialement ou secondaire-
ment, en cas d’anxiété importante, de
contexte dépressif…
Dans le cadre du traitement médica-
menteux, une consultation de suivi est
réalisée tous les vingt-huit jours par le
médecin de l’enfant, pour évaluer la
Médecine
& enfance
septembre 2016
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Figure 2
Consultation spécialisée à visée
diagnostique
Critères diagnostiques DSM V et CIM 10
Bilan d’efficience intellectuelle
Evaluation de l’attention et des fonctions
exécutives
Trouble déficitaire de l’attention :
– prédominant sur l’attention
– prédominant sur l’hyperactivité/impulsivité
– combiné
– forme inattentive restrictive (pure)
Comorbidités :
– apprentissages (langage écrit, calcul)
– coordinations, écriture, visuoconstruction
– troubles oppositionnels
– troubles des conduites
– troubles émotionnels (anxiété, dépression)
– troubles de sommeil
– dépendance aux substances addictives
– maltraitance
+
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