La Lettre du Sénologue • No 64 - avril-mai-juin 2014 | 17
Résumé
La radiothérapie externe à visée antalgique est un standard de prise en charge des patients atteints de
métastases osseuses douloureuses non compliquées et/ou en prévention des complications osseuses.
En cas de risque fracturaire, la radiothérapie est réalisée après une chirurgie de consolidation.
La ré-irradiation à visée antalgique est possible en l’absence d’efficacité de la radiothérapie, de réponse
partielle ou de récidive douloureuse. La radiothérapie est systématique après une vertébroplastie ou une
kyphoplastie. Les irradiations métaboliques, les biphosphonates ou le dénosumab ne contre-indiquent pas
la réalisation d’une radiothérapie externe à visée antalgique. Mieux encore, la radiothérapie en conditions
stéréotaxiques peut s’intégrer dans une stratégie curative pour les patients oligométastatiques et laisse
entrevoir de nouvelles perspectives de traitement.
Mots-clés
Radiothérapie
Douleur
Métastase osseuse
Stéréotaxie
Soins oncologiques
de support
Summary
Analgesic EBRT is a standard of
care for patients with uncom-
plicated painful bone meta-
stases and/or for prevention
from skeletal complications. In
case of fracture risk, the radia-
tion is performed after surgery
for consolidation. Analgesic
re-irradiation is possible in
the absence of effi cacy, partial
response or painful relapse
after radiotherapy. Radio-
therapy is systematic after
vertebroplasty or kyphoplasty.
Metabolic radiation, bisphos-
phonates or dénosumab do
not prevent from analgesic
EBRT. In the future, stereotactic
radiotherapy will be integrated
into a curative strategy for
oligometastatic patients and
suggests new issues for treat-
ment.
Keywords
Radiation therapy
Pain
Bone metastasis
Stereotactic radiation therapy
Supportive care
Radiothérapie externe
conformationnelle
en 3 dimensions
Indications et contre-indications
La radiothérapie externe à visée antalgique est
le standard thérapeutique de prise en charge des
métastases osseuses douloureuses non compliquées
et/ou en prévention des complications osseuses
quels que soient la localisation (vertébrale ou péri-
phérique) [3] et le type histologique (4). En cas de
risque fracturaire, la radiothérapie est réalisée après
une chirurgie de consolidation, pour stabiliser l’os
– au mieux 2 semaines après l’intervention (5) –,
et améliorer l’équilibre antalgique. La ré-irradia-
tion à visée antalgique en cas d’atteinte osseuse
douloureuse périphérique ou rachidienne est pos-
sible en l’absence d’effi cacité de la radiothérapie,
de réponse partielle ou de récidive douloureuse (4).
Il sera nécessaire de prendre en compte la dose
biologique délivrée aux tissus sains, notamment à
la moelle épinière. La radiothérapie est systéma-
tique après une vertébroplastie ou une kyphoplastie
(3). La radiothérapie métabolique, les biphospho-
nates ou le dénosumab ne contre-indiquent pas
la réalisation d’une radiothérapie externe à visée
antalgique (3).
Les schémas hypofractionnés en 30 Gy/10 fractions,
24 Gy/6 fractions, 20 Gy/5 fractions ou 8 Gy/1 frac-
tion sont possibles (3). Bien que l’effi cacité et la
tolérance d’une irradiation avec une fraction unique
de 8 Gy soient équivalentes aux autres schémas
hypo fractionnés, elle est très peu réalisée en pra-
tique clinique pour des raisons médico-économiques
et d’organisation des services de radiothérapie. Des
schémas hypofractionnés multifractionnés sont
préférables en cas de radiothérapie après chirurgie
orthopédique consolidatrice, bien qu’aucun essai
randomisé ne vienne étayer cette hypothèse. L’irra-
diation avec une fraction unique est à éviter en cas
de prévention ou de traitement d’une compression
médullaire, d’une masse tissulaire associée, ou si
l’irradiation a pour objectif le contrôle tumoral
(métastase unique ou oligométastatique). Les
contre-indications à l’irradiation antalgique première
sont les fractures pathologiques et les compressions
médullaires aiguës. Elles nécessitent le plus souvent
une chirurgie préalable.
Défi nition des volumes cibles
et des organes à risque
Les volumes cibles ne sont pas toujours défi nis dans
les essais prospectifs randomisés.
Le Gross Tumor Volume (GTV) correspond au volume
tumoral macroscopique clinique et paraclinique.
Une attention particulière sera portée à l’extension
aux parties molles.
Le Clinical Target Volume (CTV) correspond aux
extensions infracliniques non visibles sur les
examens complémentaires. Pour l’irradiation des
vertèbres, elles correspondent à la ou aux vertèbre(s)
atteinte(s) avec une vertèbre sus- et sous-jacente.
Deux vertèbres sus- et sous-jacentes sont prises en
compte en cas d’épidurite associée. Pour les os longs,
il correspond au volume tumoral avec une marge de
2 à 3 cm selon les études. Le volume cible comprend
l’os en totalité en cas de chirurgie orthopédique avec
mise en place de matériel d’ostéosynthèse en raison
du risque d’essaimage tumoral.
Le Planning Target Volume (PTV) correspond au
volume cible planifi é qui comprend le CTV auquel
on adjoint une marge de sécurité pour prendre en
compte les incertitudes de repositionnement et
les mouvements du patient et des organes. Il dépend
de la reproductibilité de la position du patient
douloureux.
Les organes à risque (OAR) sont en nombre limité,
compte tenu des doses totales modérées généra-
lement délivrées. Une attention particulière sera
apportée au tube digestif et à la moelle osseuse.
La balistique comprend le plus souvent un ou
plusieurs faisceaux. Les recoupes des anciens champs
d’irradiation en cas de ré-irradiation ou en prévision
d’irradiation à venir d’un site adjacent devront être
prises en compte.
Simulation virtuelle : la tomodensitométrie dosi-
métrique est généralement réalisée avec une épais-
seur de coupes de 3 à 5 mm. L’injection de produit
de contraste iodé n’est pas nécessaire. La position
de traitement doit être facilement reproductible,