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1 Avant-propos
Le cancer est une pathologie caractérisée par une cascade d’altérations moléculaires
provoquant une division cellulaire incontrôlée par l’organisme. On parle de tumeur lorsque
la masse cellulaire engendrée devient cliniquement observable. Ces tumeurs peuvent
demeurer localisées dans leur organe d’origine (in situ), ou bien devenir invasives et
disséminer vers des tissus distants pour former de nouvelles tumeurs appelées métastases.
Dans les deux cas, le cancer peut entraîner des dysfonctionnements sévères des organes
atteints et est une des causes de mortalité principale dans le monde, particulièrement dans
les pays développés (Torre et al., 2015).
Dans les années 90, Olshansky publiait dans Science que, malgré l’amélioration de l’espérance
de vie, celle-ci ne dépasserait jamais 85 ans à moins que ne soient découverts des
traitements majeurs pour les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies
dégénératives et le cancer (Olshansky et al., 1990). Or, le nombre de personnes survivant au
diagnostic d’un cancer ne cesse de croître, particulièrement dans les tranches d’âge les plus
élevées (75 ans et plus) (Bluethmann et al., 2016). Une étude réalisée sur plus de 60 pays a
établi que le taux de mortalité, tous cancers confondus, a diminué de 1,2% par an pour les
hommes et de 0,8% par an pour les femmes entre 2000 et 2010 (Hashim et al., 2016). Ces
améliorations ont été possibles grâce à des progrès considérables sur deux tableaux :
En clinique :
o Les méthodes de diagnostic se sont améliorées, notamment l’imagerie
médicale et la caractérisation moléculaire, ce qui permet de détecter plus
précocement les cas de cancer de manière non invasive et d’améliorer les
décisions médicales (Menge and Pellacani, 2016, Bleyer et al., 2016, Hyun et
al., 2015).
o La comorbidité induite par les thérapies anti-cancéreuses ou dues à l’état de
santé des patients est mieux prise en charge par les cliniciens (Johnston et al.,
2016).
o Le bien être des patients est un paramètre de mieux en mieux pris en compte
dans les décisions thérapeutiques (Spano et al., 2015), ce qui en soi n’a que
peu d’impact sur la survie mais constitue une véritable amélioration.
En recherche :
o L’essor de la coopération internationale en matière de recherche médicale.
o Les outils à disposition des chercheurs se sont diversifiés. Les ARN
interférents (Hannon, 2002), le séquençage à haut débit (Shendure and Ji,
2008), les approches -omics (Sun and Hu, 2016) et le genome editing
(Lombardo and Naldini, 2014) sont, avec beaucoup d’autres, des innovations
importantes qui ont totalement modifié les approches expérimentales en
cancérologie.
L’objectif de ma thèse a été d’enrichir notre connaissance de la pathologie cancéreuse pour
proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques et, in fine, améliorer le traitement de cette
maladie. Je vais dans un premier temps développer le contexte qui m’a amené à proposer la