
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 463
Résumé
Le congrès de l’ESMO, cette année, s’est particulièrement intéressé aux cancers de l’ovaire. Les études
ICON6 et TRINOVA-1 ont montré l’importance d’une approche antiangiogénique de ces cancers, dans
lesquels, en outre, l’effet sur la survie du bévacizumab se précise. Inhibiteurs de PARP et vintafolide ont
aussi été évoqués, ainsi que les liens entre traitements hormonaux substitutifs combinés et risque de
cancer de l’endomètre.
Mots-clés
Cancer del’ovaire
Traitements
antiangiogéniques
Traitement hormonal
substitutif
Risque de cancer
Summary
This year, the ESMO Congress
took a particular interest in
ovarian cancers. The ICON 6
and TRINOVA-1 studies have
shown the importance of an
antiangiogenic approach to
these cancers. Moreover, in
these patients, the effect on
survival of bevacizumab treat-
ment is being confi rmed. PARP
inhibitors and vintafolide were
also discussed, as well as the
relation between combined
hormone replacement thera-
pies and the risk of endometrial
cancer.
Keywords
Ovarian carcinoma
Antiangiogenic therapy
Hormonal substitutive
therapy
Risk ofcancer
la SSP sur la population globale ne se traduit pas
par une augmentation de la SG, probablement en
raison de l’adjonction du bévacizumab lors des lignes
ultérieures.
Autres antiangiogéniques
D’après Ledermann JA et al., abstr. LBA10 ;
Monk BJ et al., abstr. LBA41
L’étude OVAR 14 nous avait montré que d’autres
antiangiogéniques anti-VEGF anti-ITK utilisés en
maintenance seule étaient actifs dans le cancer de
l’ovaire en première ligne. L’étude ICON 6, présentée
par J.A. Ledermann (abstr. LBA10), qui étudie le
cédiranib, et l’étude TRINOVA-1, présentée par
B.J. Monk (abstr. LBA41), qui étudie le trébananib,
ont montré que l’approche antiangiogénique, qu’elle
utilise une action anti-VEGF ou d’autres voies, est
une démarche essentielle dans la prise en charge du
cancer de l’ovaire.
L’étude ICON 6 a subi différents changements :
amendements multiples ; changement d’objectif
principal en cours d’étude (SSP plutôt que SG) ;
modifi cation de la dose de cédiranib après l’inclu-
sion des 30 premières patientes (de 30 à 20 mg) ;
changement de schéma en cours d’étude. Cepen-
dant, elle nous a apporté une importante confi r-
mation en cas de rechutes sensibles. En effet, en
ajoutant du cédiranib, un puissant inhibiteur oral
de VEGFR-2 (inhibiteur d’ITK), ICON 6 a confi rmé
les résultats précliniques et ceux, prometteurs,
d’études de phase II en monothérapie. Dans cette
étude de phase III internationale qui a inclus
456 patientes en rechute sensible au platine, les
patientes étaient randomisées (2:3:3) entre CT à
base de platine (carboplatine + paclitaxel, carbo-
platine + gemcitabine ou carboplatine ou cispla-
tine seuls) + placebo suivis de placebo en entretien,
versus CT + cédiranib suivis de placebo en entre-
tien versus CT + cédiranib suivis de cédiranib en
entretien pendant 18 mois. L’objectif était d’étudier
l’intérêt de la molécule en association avec la CT,
puis en entretien. Les patientes qui avaient reçu
du bévacizumab antérieurement pouvaient être
incluses. Les résultats montrent que l’adjonction
de cédiranib à la CT et en entretien augmente la
SSP d’environ 3 mois (de 9,4 à 12,6 mois), et la SG
de 2,7 mois (de 17,6 à 20,3 mois ; HR = 0,70) chez
les patientes qui présentent une rechute de cancer
de l’ovaire sensible au platine. L’augmentation de
la SSP est également signifi cative lorsque le cédi-
ranib n’est utilisé qu’en concomitance avec la CT
(2 mois). Une augmentation signifi cative des effets
indésirables habituels des ITK (diarrhées, hypo-
thyroïdie et fatigue) et vasculaires (hypertension
artérielle, hémorragies et protéinurie) est associée
à l’utilisation du cédiranib, mais c’est la première
étude qui, en utilisant des antiangiogéniques dans
le cancer de l’ovaire, a démontré un gain en SG dans
la population générale.
Les résultats de l’étude TRINOVA-1 étaient égale-
ment attendus, puisque celle-ci testait l’effi cacité
d’un inhibiteur des angiopoïétines 1 et 2, autre voie
de l’angiogenèse tumorale. Les résultats de l’étude de
phase II randomisée dans une population en rechute
étaient très encourageants, et sont confi rmés par
les résultats de cette étude de phase III qui teste
l’adjonction du trébananib (15 mg/kg/sem. i.v. en
continu) ou d’un placebo au paclitaxel hebdo-
madaire (80 mg/m
2
/sem., 3 semaines sur 4) chez
des patientes qui présentent un cancer de l’ovaire
en rechute moins de 12 mois après une dernière
ligne de platine (stratifi cation selon intervalle libre
sans platine, maladie mesurable et topographie)
jusqu’à progression. Au total, 919 patientes ont été
incluses dans cette étude, dont l’objectif principal
était l’augmentation de la SSP : 50 % des patientes
environ présentaient une rechute résistante (inter-
valle libre sans platine [ILP] inférieur à 6 mois). Les
résultats sont positifs, avec une augmentation de
33 % de la SSP (la médiane passe de 6 à 8 mois)
avec le trébananib, et une augmentation du taux
de réponse (de 30 à 38 %) ; les données ne sont pas
matures sur la survie (actuellement : 17,3 mois sans
trébananib, et 19 mois avec). L’étude est positive
dans tous les sous-groupes étudiés (ILP inférieur ou
supérieur à 6 mois, par exemple). Le profi l de toxicité
est différent de celui du bévacizumab.
L’atout de cette molécule est l’absence d’effets
indésirables de type vasculaire (pas d’hypertension
artérielle, pas de protéinurie et pas de perforations
digestives) ; les principaux effets indésirables sont
des œdèmes (57 versus 26 %).