
1 Introduction
Le nombre de retraités par rapport au nombre de travailleurs est amené à croître au sein de l’Union
européenne, à cause de la baisse prévisible de la natalité, de la hausse de la longévité et du vieillis-
sement de la génération “baby-boom”. Dans ce contexte, les régimes de pension sont confrontés
à d’importants problèmes de financement, de sorte que de nombreux pays ont d’ores et déjà en-
tamé une réforme de leurs systèmes de pension. Le problème du financement des pensions revêt
une acuité certaine au Luxembourg. Selon le Groupe de travail vieillissement du Comité de politique
économique (Ageing Working Group, 2012), le Luxembourg serait parmi les pays de l’Union eu-
ropéenne celui qui serait confronté à la plus forte progression des dépenses totales de pension à
l’horizon 2060. D’ici à 2060, les dépenses totales de pension augmenteraient en effet à concurrence
de 10 points de PIB environ au Luxembourg, en dépit du fait que les calculs du Groupe de travail
vieillissement intègrent déjà l’hypothèse d’un ajustement des pensions aux salaires réels limité de
moitié à partir de l’année 2019, comme le prévoit la récente réforme. 1La hausse des dépenses de
pension calculée par le Groupe se limiterait à 2,0 points de PIB dans l’ensemble de la zone euro.
Cette hausse des dépenses de pension nettement plus prononcée au Luxembourg s’expliquerait
pour l’essentiel par deux particularités luxembourgeoises.
En premier lieu, le Luxembourg a au cours des dernières décennies fait appel à de larges contin-
gents de travailleurs non résidents. En raison de la relative “nouveauté” de ce phénomène fronta-
lier, les non résidents représentent environ 40% des recettes de cotisation mais seulement un peu
plus de 20% des dépenses (IGSS, 2012). Cette situation donne actuellement lieu à d’importants ex-
cédents des systèmes de pension. Ce décalage va cependant nécessairement s’estomper au fil du
temps, avec à la clef une détérioration mécanique de la situation financière de la sécurité sociale.
Le tableau 1 illustre clairement la singularité du Luxembourg à cet égard. Les taux de dépendance
démographique et économique, basés sur la seule population résidente, connaîtraient en termes
relatifs une augmentation similaire à celle attendue en Allemagne. Par contre le taux de dépen-
dance calculé en rapportant le nombre total de pensionnés (résidents et non résidents) au nombre
total de contributeurs (à nouveau les résidents et les non résidents) progresserait de manière plus
marquée au Luxembourg. Rapporté au taux allemand, le taux luxembourgeois passerait en effet
de 0,69 en 2010 à 1,00 en 2040 et 1,13 en 2060. En second lieu, comme le montre le graphique 1, les
pensions se caractérisent par une grande générosité au Luxembourg. Ainsi, selon l’OCDE (“Pen-
sions at a glance 2011”), le taux de remplacement net des revenus par les pensions de retraite
pour un revenu médian se situe à près de 100% au Luxembourg, contre 63% en moyenne dans les
trois pays limitrophes. En d’autres mots, les retraités au Luxembourg perçoivent une plus grande
1. Plus précisément, la réforme ne mentionne pas explicitement 2019 mais bien l’année à partir de laquelle le finan-
cement des pensions se retrouvera en déficit. Cette année est donc estimée à 2019 par le Groupe de travail vieillissement. A
noter que nous estimons ce retournement plus tard, en 2030, car notre modèle suggère une croissance potentielle plus
élevée, voir infra.
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