Thème 2 géo – Pôles et aires de puissance Question obligatoire – Centres d’impulsion mondiaux et inégalités de développement Questions du bac : Quels sont les trois indicateurs pris en compte pour calculer l’IDH (Indice de Développement Humain) ? (1 point) Justifiez l’affirmation suivante en donnant deux arguments (2 points) : « la mondialisation économique est dominée par trois grands centres d’impulsion ». Proposez une définition de la notion de pôle (1 point) Justifiez à l’aide de deux arguments différents l’affirmation suivante : « La mondialisation, tout en renforçant la domination de la Triade, permet l’émergence de nouveaux pôles » (2 points) Citez, en donnant des exemples, trois fonctions différentes qui font de New-York une ville au rayonnement planétaire (2 points) Quels points communs caractérisent les trois grands centres d’impulsion de l’espace mondial ? (2 points) Indiquez trois caractéristiques majeures de la mégalopole européenne (1,5 point) I) Les centres d’impulsion mondiaux Dans le contexte de la mondialisation, l’économie mondiale est de plus en plus polarisée, c’est-à-dire qu’elle s’organise autour de pôles moteurs. Un pôle est un centre qui exerce une influence sur un espace donné et qui concentre les flux de diverses natures. A l’échelle mondiale, on distingue trois pôles majeurs, ceux de la Triade : l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et l’Asie orientale. Ces pôles sont appelés aires de puissances. 1) Un monde dominé par des aires de puissance a) Les notions de puissance et aire de puissance La puissance désigne la capacité d’un Etat à influer sur le comportement des autres, voire à imposer ses vues. Cette puissance peut être de quatre ordres : - économique : PIB, commerce, monnaie, bourse, technologie… - géopolitique : armée, diplomatie… - culturel : idéologie, information, mode de vie… - territorial : superficie, ressources naturelles, population… On distingue les puissances en fonction de leur possession ou non de ces quatre attributs de la puissance. Le Japon par exemple est une puissance économique, mais pas géopolitique. On distingue aussi les puissances en fonction de leur espace d’influence : aujourd’hui, seuls les Etats-Unis sont une puissance mondiale, les autres pays sont plutôt des puissances régionales. Et étant donné que les USA possèdent tous les attributs de la puissance à un niveau élevé, on parle de superpuissance ou hyperpuissance. Une aire de puissance est une région du monde comprenant plusieurs Etats et qui, par son poids économique, ses capacités de production et d’innovation, son poids démographique, son influence politique, militaire, culturelle, joue un rôle majeur dans l’organisation du monde et constitue un centre d’impulsion de l’économie mondiale. b) Trois aires de puissance Donner fond de carte, y faire apparaître la Triade Fiche Trois aires de puissance -> coller tableau Amérique du Nord Europe occidentale Asie orientale Donnez un chiffre révélateur - la Triade représente 80 % du PNB et de la consommation. de la puissance économique - les pays de la Triade représentent 92 % de la capitalisation boursière. de la Triade ; un chiffre révélateur de sa puissance financière. Indiquez quatre facteurs expliquant la puissance économique de la Triade. - ancienneté de l'industrialisation - spécialisation dans la haute-technologie et les services dans le cadre de la DIT. - vaste marché de consommation - efficacité des réseaux de transports Montrez en quoi les aires de puissance de la Triade polarisent le monde (c'est-à-dire en quoi elles exercent une influence sur le reste du monde et en quoi elles sont attractives depuis le reste du monde) Les pôles de la Triade influent sur le reste du monde par : - les IDE de leurs firmes transnationales, notamment pour les délocalisations vers les pays ateliers. - le contrôle sur le commerce et le transport des matières premières. - le contrôle de l'essentiel des médias et des productions culturelles. Les pôles de la Triade sont attractifs pour : - les migrants internationaux en quête d'emploi - les IDE des autres pôles de la Triade ou des pays émergents. Dans un contexte de concur- Point fort : influence polirence entre ces aires de puis- tique, militaire et culturelle sance, quel est le principal des Etats-Unis Point fort : grande puissance Point fort : spécialisation commerciale, tourisme, spé- dans la haute-technologie cialisation dans les services. point fort de chacune d'elles ? Quelles faiblesses présentent l'Europe occidentale et l'Asie orientale ? Point faible : absence d'unité Point faible : tensions polipolitique tiques entre plusieurs pays. 2) Les métropoles et les mégalopoles, centres des aires de puissance Chaque aire de puissance de la Triade est elle-même polarisée par des métropoles. Une métropole est une grande ville qui concentre les flux de diverses natures et les fonctions de commandement (décision, conception, direction). Lorsque l’influence d’une métropole s’exerce à l’échelle planétaire, on parle de ville mondiale ou ville-monde ou ville globale : les quatre principales sont New-York, Londres, Paris et Tokyo. Ces grandes métropoles s’étendent au sein de mégalopoles. Une mégalopole est un espace urbain de dimension exceptionnelle regroupant des métropoles formant un système par les flux très importants qui les relient ; ces espaces comprennent également de nombreuses villes de moindre importance et se caractérisent par une forte densité de population. L’émergence des mégalopoles dans la deuxième moitié du XXe siècle s’explique par le fait que la concentration des activités et des habitants dans les métropoles entraîne un étalement urbain considérable, en raison du processus de périurbanisation (installation de citadins, puis d’activités économiques, toujours plus loin en périphérie des villes pour habiter en maison individuelle ou pour disposer de terrains plus grands et plus près des infrastructures de transports). Donc les métropoles deviennent le centre de véritables régions urbaines, qui finissent par entrer en contact avec d’autres villes. Des espaces ruraux subsistent cependant à l’intérieur des mégalopoles, et assurent souvent une fonction récréative. Chaque pôle de la Triade s’organise autour d’une mégalopole. Tableau « Les espaces mégalopolitains dans le monde » Voir feuille corrigée Faire compléter fond de carte planisphère II) L’émergence de nouvelles puissances économiques 1) La Chine (sujet d’étude) Fiche « La Chine » 1) La puissance économique de la Chine s’exprime de plusieurs manières : - elle occupe une part de marché de plus en plus importante sur de nombreux produits, fabriquant par exemple une part importante des produits électroniques, des jouets... La Chine est surnommée « l’atelier du monde ». - ses exportations se sont multipliées par deux ou trois vers les pôles de la Triade en seulement cinq ans, de 2000 à 2005. Sa balance commerciale est très excédentaire avec les USA et l’UE. - l’ouverture et la croissance économiques se traduisent par une croissance urbaine spectaculaire, comme à Shenzhen (près de Hong-Kong), village de pêcheurs devenu une ville millionnaire en quelques décennies. 2) La montée en puissance de la Chine a commencé avec les réformes de 1978 qui encouragent l’initiative privée dans l’économie. Plusieurs facteurs contribuent à une forte croissance : - l’ouverture aux investissements étrangers, attirés par le faible coût de la main d’œuvre et les potentialités du marché chinois, a permis à la Chine d’acquérir rapidement des technologies. - le taux d’épargne très élevé des ménages chinois offre de grandes possibilités de crédit bancaire et permet donc des investissements massifs pour les entreprises, notamment dans la recherche et développement. - l’Etat a entrepris une modernisation à marche forcée des équipements de transports. 3) La puissance de la Chine s’exerce de manière toujours plus importante à l’étranger : - les excédents commerciaux ont permis à la banque centrale chinoise d’accumuler d’énormes réserves de change, investies en bons du Trésor américains ; la Chine est donc le premier créancier des Etats-Unis. - les entreprises chinoises investissent de plus en plus dans le monde, pour contrôler des ressources pétrolières ou alimentaires, ou bien pour conquérir des marchés. - la Chine est désormais une grande puissance militaire, dotée d’un armement de haute technologie. 4) L’influence internationale de la Chine est surtout sensible en Afrique : elle y multiplie les investissements pour prendre le contrôle de ressources pétrolières. Ses compagnies pétrolières réussissent parfois à prendre la place des compagnies occidentales car elles financent la construction d’équipements dans le pays. La Chine achète également des terres dans plusieurs pays africains pour assurer sa sécurité alimentaire sans dépendre des importations, en délocalisant une partie de son agriculture. 5) La puissance chinoise présente cependant plusieurs limites : - le niveau de vie de la population est beaucoup plus faible dans les campagnes que dans les villes. Par exemple, l’espérance de vie est moins longue de six ans dans les régions rurales, et la mortalité maternelle est deux fois plus élevée qu’en ville ; seulement 18 % des ménages ruraux sont équipés d’un réfrigérateur, contre 90 % des ménages urbains. - les régions rurales de l’Ouest restent très pauvres : le niveau de vie n’augmente vraiment que sur la façade littorale industrialisée. Ainsi, le PIB/hab dépasse les 4 000 $ à Pékin ou Shanghai mais est inférieur à 1000 $ au Tibet. - les jeunes paysans fuient par millions la misère des campagnes pour tenter leur chance en ville, où ils sont exploités dans les usines ou les chantiers de construction. - les droits de l’homme ne sont pas respectés en Chine, qui est toujours une dictature. Les syndicats sont interdits, et une part importante de la population n’a pas de droits sociaux (sécurité sociale, retraite). Des minorités ethniques sont réprimées (Tibétains, Ouïgours). - la dégradation de l’environnement est très importante : une partie des terres est dégradée par l’excès d’engrais, les cours d’eau sont pollués par l’agriculture et l’industrie. 2) D’autres puissances émergentes La Chine fait partie des pays émergents, c’est-à-dire des pays du Sud qui connaissent une forte croissance économique grâce à une bonne intégration dans la mondialisation ; de plus leur croissance ne dépend pas seulement de délocalisations industrielles, mais repose aussi sur de puissantes entreprises nationales ; ce développement rapide leur permet de jouer un rôle de puissance à l’échelle régionale, et pour certains à l’échelle mondiale. En plus de la Chine (2e puissance économique), deux pays émergents sont en train de devenir des puissances mondiales : le Brésil (6e) et l’Inde (9e). D’autres pays du Sud sont souvent considérés comme des pays émergents en raison de leur forte croissance et d’une certaine puissance économique, mais leur rayonnement est essentiellement régional : le Mexique (14e), la Turquie (18e), l’Argentine (27e), l’Afrique du Sud (29e). Ces pays du Sud peuvent donc être rapprochés, pour ce qui concerne le PIB et le rayonnement régional, des grands pays du Nord qui ne font pas partie de la Triade : la Russie (10e), parfois considérée comme un pays émergent en raison de sa forte croissance économique depuis les années 2000, et l’Australie (13e) plus la Nouvelle-Zélande, anciennement riches et industrialisées. Compléter croquis : puissances régionales au Nord, pays émergents au Sud, ligne Nord-Sud (et d’abord villes mondiales et mégalopoles). Fiche : « Deux puissances émergentes : l’Inde et le Brésil » Inde Brésil 1) Doc. 3, 5a, 6. Relevez les informations montrant que l'Inde et le Brésil sont devenus de grandes puissances économiques. (3 points) - agriculture puissante (1er producteur de - agriculture puissante et fortement exportalait, 2e producteur de riz) trice (1er exportateur de sucre, viande bovine, café, jus d'orange, 2e pour le soja) - industrie puissante (1er producteur de 2) Doc. 3, 4, 5b. Quels sont les secteurs économiques les plus dynamiques de chacun de ces deux pays ? (2 points) - industrie mécanique (deux-roues, tracteurs, camions) - automobile (9e rang mondial) - services informatiques délocalisés (centres d'appels...) - industrie agro-alimentaire 3) Doc. 7. Quelle est l'ambition du Brésil et de l'Inde sur la scène internationale et comment comptent-ils atteindre cet objectif ? (2 points) L'Inde et le Brésil ont pour ambition de devenir le porte-parole des pays en développement sur les grandes questions mondiales. Pour cela, ils réclament une place plus importante à l'ONU et au FMI qui, selon, eux, doivent s'ouvrir aux nouvelles puissances du Sud. 4) Doc. 1 et 2, 8 et 9. Quelles sont les limites de la montée en puissance de l'Inde et du Brésil ? (3 points) L'inde comme le Brésil présentent d'importantes disparités régionales de développement : au Brésil, le développement du Sudeste s'oppose à la pauvreté du Nordeste. En Inde, l'IDH est très faible dans les régions centrales. fil de coton, 2e pour les deux-roues et les - industrie puissante (9e pour l'automobile) tracteurs) - triplement des exportations entre 1990 et 2004 - investissements à l'étranger de ses groupes industriels (Tata) - aéronautique Les inégalités sociales sont également très fortes : dans les deux pays, une minorité seulement de la population a accès à la consommation et vit dans des conditions comparables aux classes moyennes des pays du Nord, tandis qu'à l'opposé les pauvres sont nombreux, surtout en Inde où un habitant sur trois vit avec moins d'1$ par jour, et un sur quatre souffre de malnutrition. III) Les inégalités de développement 1) Les contrastes de développement Le développement désigne l’accroissement des richesses associé à l’amélioration des conditions de vie d’une population. Il se mesure principalement avec l’IDH (Indice de développement humain) (schéma) qui tient compte à la fois du niveau de vie (PIB/hab/an), du niveau d’éducation (durée moyenne de scolarisation) et du niveau de santé (espérance de vie). L’IDH est exprimé par un chiffre compris entre 0 et 1 ; la moyenne mondiale est de 0,663 en 2011 ; les deux extrêmes sont la République Démocratique du Congo (0,286) et la Norvège (0,943). Carte IDH 2011 Les pays du Nord ont un niveau de développement soit très élevé (pays de la Triade, Australie et Nouvelle-Zélande, NPI) soit élevé (ex-pays communistes). Les pays de l’ancien bloc communiste ont connu une crise dans les années 1990 suite au passage à l’économie de marché, mais connaissent pour la plupart une forte croissance depuis les années 2000, donc leur développement se rapproche de celui de la Triade. Dans les pays du Sud, les niveaux de développement sont beaucoup plus hétérogènes. On peut distinguer différents groupes de pays en fonction de leur niveau et de leur rythme de développement : - les pays émergents (voir définition dans le II), dont l’IDH peut être élevé (Argentine, Mexique, Brésil, Turquie) ou moyen (Chine, Inde, Afrique du Sud). - les pays ateliers d’Asie (Malaisie, Vietnam, Thaïlande, Indonésie, Philippines) : ils se développent rapidement grâce aux usines d’assemblage qui s’y installent en raison de leur main d’œuvre à très bas prix. - les pays pétroliers du golfe Persique : ils connaissent un développement plus ou moins fort depuis les années 1970 en raison de la hausse du prix des hydrocarbures. - les PVD (pays en voie de développement) : pays principalement situés en Afrique du Nord, Afrique australe et Asie centrale, dont l’IDH est le plus souvent moyen et dont la croissance n’est pas très rapide car ils ont du mal à attirer des investissements étrangers et à développer leur industrie. - les PMA (pays les moins avancés) : ils se caractérisent par un IDH faible et une vulnérabilité économique forte (instabilité politique, faible diversification de l'économie dominée par l'agriculture). On compte 49 PMA : 1 dans les Antilles (Haïti), 5 dans le Pacifique (petits Etats insulaires), 10 en Asie (Laos, Cambodge, Birmanie, Bangladesh, …) et surtout 33 en Afrique subsaharienne. Ces pays représentent 11 % de la population mondiale mais seulement 1 % du PIB et 0,4 % de la valeur des exportations. Les pays du Sud se développent donc plus ou moins rapidement en fonction de leur plus ou moins bonne intégration dans la mondialisation. 2) La question du développement durable La notion de développement durable est née dans les années 1980-1990. Elle est définie par l’ONU comme un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Pour cela, le développement durable cherche à concilier trois objectifs : économique, écologique et social. L’idée du développement durable est née d’une prise de conscience à partir des années 1970-1980 : le fait que la croissance démographique conjuguée à la croissance économique entraînaient une augmentation considérable des besoins en nourriture, eau, énergie, matières premières, et que cette consommation croissante causaient des pollutions de plus en plus graves et risquait d’épuiser les ressources non renouvelables. Aujourd’hui, la plupart des gouvernements sont d’accord sur la nécessité de respecter les principes du développement durable. Mais la mise en œuvre est inégale entre les pays du Nord et les pays du Sud. Au Nord, les pays scandinaves ont été les premiers à appliquer le développement durable : en Suède, par exemple, les énergies renouvelables assurent 40 % de la production énergétique nationale et des normes strictes ont permis de réduire les émissions de CO2 alors qu’elles continuent à augmenter dans les autres pays du Nord. Les politiques scandinaves ont servi de modèle à l’UE qui a intégré officiellement le DD parmi ses objectifs en 1997 ; depuis 2003, chaque Etat de l’UE est tenu de respecter les principes du DD dans ses politiques publiques. Le Japon s’est également engagé dans le DD au cours des années 1990, de même que les Etats-Unis même si ceux-ci n’ont jamais signé le protocole de Kyoto (1997) visant à la réduction des émissions de GES. Dans les pays du Sud, en revanche, le DD n’est pas encore une priorité, pour plusieurs raisons : - la population est souvent moins sensible que dans les pays du Nord aux problématiques environnementales. - certains gouvernements du Sud estiment que la priorité est la croissance économique et que la mise en place de mesures antipollution pour les usines, les véhicules, entraînerait un surcoût nuisible à leur développement. - les moyens manquent souvent pour développer les transports en commun, le traitement des eaux usées…