Dans cette situation plus ou moins prolongée, vécue de façon plus ou moins difficile sur le plan
psychologique, on va forcer la voix. On parle plus fort, on lutte contre les sécrétions en cas
d’infection des résonateurs, on tousse… On se fâche, on est en colère et tout notre corps est
prêt à frapper l’autre, en tout cas par le biais de nos paroles…
Cet effort vocal nécessite une augmentation de la pression sous-glottique pour augmenter
l’amplitude vibratoire des cordes, dans le but d’augmenter le volume de la voix, d’accentuer les
intonations, d’être convaincant, d’être menaçant…
Si cette situation est ponctuelle, même inadapté l’effort vocal n’aura pas de conséquence sur
notre appareil phonatoire.
Mais si la situation se répète, si les éléments extérieurs deviennent constants parce que
professionnels par exemple, ou bien lorsqu’une situation conflictuelle dure, on devrait
théoriquement pouvoir adapter notre comportement vocal pour rester efficace sur le plan
vocal, sans risquer d’abîmer les cordes vocales, éléments sans aucun doute les plus fragiles de
notre appareil phonatoire.
Ainsi, théoriquement, quand la voix doit être efficace (intensité, conviction, difficultés
organiques passagères...), on devrait utiliser ce qu'on appelle le comportement de projection
vocale :
Certitude d'être efficace
Orientation du regard vers l'interlocuteur
Redressement postural
Souffle abdominal (mouvement en anse de seau des côtes, synergie abdomino-
diaphragmatique : modulation fine et adaptée de la pression sous-glottique tout au long
de l'expiration phonatoire).
Si on ne maîtrise pas ce geste vocal d’effort, ou si ce comportement de projection vocale est
inefficace (du fait du dysfonctionnement ponctuel d’un des éléments de l’appareil phonatoire ou
de l’attitude d'écoute de l'Autre), on va parfois utiliser le comportement vocal d'insistance :
·flexion de la partie haute du thorax, projection du visage vers l'avant
·mise en position défavorable (position et tensions musculaires) du larynx : la contraction
des muscles inspirateurs accessoires rigidifie le tube laryngé dans son ensemble.
·Mauvais contrôle de la pression sous-glottique par défaut de contrôle des muscles
expirateurs et du débit d'air expiré.
Si ce comportement vocal d’insistance devient habituel parce que la situation se prolonge ou
parce que la personne le met automatiquement en oeuvre dès la prise de parole, on aboutit à une
irritation de la muqueuse laryngée et à une diminution de l'efficacité vocale. On utilise alors de
manière plus importante le comportement d'insistance pour pallier ce manque d’efficacité, ce
qui aboutit à une irritation de plus en plus marquée de la muqueuse laryngée, à une fatigue
musculaire de plus en plus rapide et à une voix de moins en moins efficace.
En conclusion, plus on force, moins la voix est efficace, et moins la voix est efficace, plus
on force.
C'est le cercle vicieux du forçage vocal.