REVUE DE PRESSE
La Lettre du Neurologue • Vol. XVIII - no 2 - février 2014 | 59
Commentaire
Cette étude révèle que les PAI sont rares non seule-
ment dans la population générale mais aussi chez
les patients souffrant de SEP. Elle montre qu’il n’y a
pas de sur- ou de sous-risque de PAI chez les femmes
atteintes de SEP. En revanche, les hommes souf-
frant de SEP auraient plus de diabète de type 1, de
maladie de Crohn et de lupus avant la SEP. Un des
atouts de ce travail est qu’il repose sur des registres
et non sur des autoquestionnaires comme l’étaient
de nombreuses études précédemment publiées.
Avant 1995, l’exhaustivité des cas n’était proba-
blement pas complète puisque seuls les patients
hospitalisés étaient inscrits dans les registres. Enfin,
la durée limitée de suivi des patients a peut-être
sous-estimé certaines PAI comme la polyarthrite
rhumatoïde dont l’âge de survenue est plus tardif.
Référence bibliographique
Magyari M, Koch-Henriksen N, Peger CC et al. Gender and
autoimmune comorbidity in multiple sclerosis. Mult Scler
2014:1-8.
SEP et pathologies auto-immunes
Cette étude avait pour objectifs de déterminer si les hommes et les femmes atteints de
SEP ont plus de pathologies auto-immunes (PAI) −notamment avant la SEP− que la
population générale. Chaque patient atteint de SEP, issu du registre danois de SEP, dont
le diagnostic a été posé entre 2000 et 2004, a été apparié à 25sujets contrôles issus du
registre national des patients danois. Mille quatre cent trois patients atteints de SEP ont
été inclus (939femmes et 464hommes) ainsi que 35 055sujets contrôles (23 455femmes
et 11 600hommes). Le sex-ratio femme-homme était de 2,02/1. La durée moyenne de
suivi était de 7ans et l’âge moyen au début de la SEP de 35,3ans. Quatre-vingt-quatre
pour cent des SEP étaient rémittentes. Parmi les hommes, 3,66% avaient une PAI contre
3,11 % chez les sujets contrôles (p= 0,59). Chez les femmes, 10,12 % avaient une PAI
contre 9,42 % chez les sujets contrôles (p= 0,47). Huit hommes et 14femmes avec SEP
avaient plus d’une PAI contre respectivement 51 et 322chez les sujets contrôles. La diffé-
rence n’était statistiquement significative que chez les hommes (p= 0,002). Les hommes
avec SEP avaient plus de risque d’avoir un diabète de type 1 (OR= 3,34 ; p= 0,008), une
maladie de Crohn (OR= 5,03 ; p= 0,03) ou un lupus (OR= 12,55 ; p= 0,02) avant leur
SEP que la population générale. L’âge moyen au diagnostic de la PAI était de 38,8ans
chez les patients atteints de SEP et de 39,7ans chez les sujets contrôles (p= 0,34).
A.F.
Rôle de la scintigraphie myocardique
dans le diagnostic de la démence à corps de Lewy
Les critères diagnostiques cliniques de la démence à corps de Lewy (DCL) ont une sensibilité
limitée, surtout dans les formes débutantes. Les méthodes d’imagerie utilisées pour améliorer
le diagnostic reposent sur la scintigraphie cérébrale de perfusion (SPECT), qui peut montrer
des anomalies dans les régions occipitales, et sur la scintigraphie myocardique au MIBG,
qui permet d’authentifier une atteinte de l’innervation sympathique post-ganglionnaire,
rapportée dans la DCL. Cette étude a comparé les performances de la SPECT à celles de
la scintigraphie myocardique au MIBG pour prédire la conversion de la forme possible à
la forme probable chez 94patients suspects de DCL débutante et suivis pendant 1an (1).
Les paramètres étudiés sur la scintigraphie cérébrale sont les ratios de rétention du ligand
dans la région occipitale rapportée au cervelet d’une part (O/C), et au striatum d’autre part
(O/S). Pour la scintigraphie myocardique, les paramètres considérés sont les ratios précoce
(15minutes après injection) et tardif (3heures après injection) cœur/médiastin (C/M) et le
taux d’élimination (washout rate [WR]). Les comparaisons ont été effectuées entre 33patients
passés au stade de DCL probable et 61 restés au stade de DCL possible.
La comparaison des ratios O/C et O/S entre les 2groupes n’a pas montré de différence
significative (p= 0,146 et p= 0,176, respectivement). Les comparaisons du ratio C/M et du
WR étaient, quant à elles, significatives. Les courbes ROC montrent des aires sous la courbe
assez faibles pour les marqueurs en SPECT (0,591 pour O/C et 0,585 pour O/S) alors qu’elles
sont respectivement de 0,935, 0,936 et 0,884 pour le ratio C/M précoce, tardif et pour le
WR. Le meilleur marqueur prédictif de conversion était le ratio C/M tardif.
J. Lagarde, Paris
Commentaire
Cet article renforce l’intérêt potentiel pressenti
de la scintigraphie myocardique au MIBG dans
le diagnostic de DCL, montrant une meilleure
utilité de la scintigraphie cardiaque au MIBG que
de la scintigraphie cérébrale dans la prévision de
conversion d’une DCL possible à probable. Néan-
moins, comme cela est mentionné dans l’éditorial
de la revue Neurology (2), ces résultats doivent être
validés dans d’autres populations, avec des effec-
tifs un peu plus importants et une évaluation en
aveugle des patients par le clinicien, ce qui n’était
pas le cas. De plus, cette technique pose encore des
problèmes de validation au niveau international,
car elle a pour l’instant été principalement utilisée
au Japon, et il est important de s’assurer de sa vali-
dité chez des patients présentant des pathologies
cardiaques associées, ce qui est assez fréquent dans
cette population. Il semble néanmoins probable que
la démarche diagnostique optimale reposera sur
une combinaison de plusieurs techniques, dont la
scintigraphie myocardique sera une des principales,
comme cela a été suggéré par F. Sakamoto et al. dans
un autre article récent portant sur ce même sujet (3).
Références bibliographiques
1. Oda H, Ishii K, Terashima A et al. Myocardial scintigraphy
may predict the conversion to probable dementia with Lewy
bodies. Neurology 2013;81(20):1741-5.
2. Ballard C, Grimmer T. Improving diagnosis of possible DLB:
is there a role for MIBG myocardial scintigraphy? Neurology
2013;81(20):1730-1.
3. Sakamoto F, Shiraishi S, Yoshida M et al. Diagnosis of
dementia with Lewy bodies: diagnostic performance of com-
bined 123I-IMP brain perfusion SPECT and 123I-MIBG myocar-
dial scintigraphy. Ann Nucl Med 2013 (Epub ahead of print).