REVUE DE PRESSE dirigée par le Pr T. Moreau
58 | La Lettre du Neurologue Vol. XVIII - no 2 - février 2014
Une imagerie amyloïde positive en TEP au PIB chez
un patient amnésique signe-t-elle nécessairement
le diagnostic de MA ?
L’imagerie amyloïde en tomographie par émission de positons (TEP) permet de visualiser et de
quantifier les dépôts amyloïdes fibrillaires intracérébraux. Le ligand amyloïde le plus “publié”
et utilisé est le PIB, marqué au carbone 11. Il reste actuellement réservé aux protocoles
de recherche clinique. Dans la maladie d’Alzheimer (MA), la TEP-PIB est toujours positive.
Les auteurs rapportent le cas d’un homme âgé de 83ans présentant un tableau de déficit
mnésique progressif évoluant depuis 5ans. Le MMS était à 23/30. Le déficit cognitif prédo-
minait sur la mémoire épisodique et l’orientation. L’IRM montrait une leucopathie, d’allure
vasculaire, mis sur le compte des complications d’un diabète jusqu’alors non connu et non
traité. La TEP-PIB était positive (index PIB cortical : 1,83) avec une distribution topographique
comparable à celle observée dans la MA. Le diagnostic de MA avait été retenu. Le malade est
décédé 6mois plus tard d’une hémorragie intracérébrale. L’autopsie révéla une angiopathie
amyloïde cérébrale sans présence de plaque amyloïde ni dégénérescence neurofibrillaire,
ni cicatrices d’infarctus anciens.
M. Sarazin, Paris
Commentaire
Chez un sujet présentant un déficit cognitif
progressif évoquant fortement une MA, l’ima-
gerie amyloïde en TEP-PIB peut être positive
dans le cadre d’une angiopathie amyloïde céré-
brale (AAC) sans MA. Rappelons que l’AAC est
observée chez environ 36% des sujets de plus de
60ans. L’AAC peut être associée ou non à une MA.
Dans cette observation, l’IRM ne montrait pas de
micro saignement, mais les séquences en écho de
gradient n’avaient pas été faites.
Référence bibliographique
Ducharme S, Guiot MC, Nikelski J et al. Does a positive
Pittsburgh Compound B scan in a patient with dementia
equal Alzheimer disease? JAMA Neurol 2013;70(7):912-4.
Commentaire
Cette étude rétrospective est la plus importante
concernant l’efficacité du mycophénolate de
mofétil utilisé pendant une période relativement
longue (2ans). Elle montre un effet sur les pous-
sées avec une bonne tolérance.
Référence bibliographique
Michel L, Vukusic S, De Seze J et al. Mycophenolate mofetil in
multiple sclerosis: a multicentre retrospective study on 344
patients. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2014;85(3):279-83.
Mycophénolate de mofétil et SEP
Cette étude rétrospective avait pour objectif d’évaluer l’efficacité et la tolérance du myco-
phénolate de mofétil dans la SEP à partir des données de 3centres français (Lyon, Nantes
et Strasbourg) utilisant la base de données EDMUS. L’objectif primaire était de comparer
le taux annualisé de poussées (TAP) sous mycophénolate de mofétil à celui de l’année
précédant le début du traitement. Les objectifs secondaires comprenaient une analyse de la
sensibilité comparant le TAP sur d’autres périodes de temps (6mois) immédiatement avant
et après le début du traitement et durant une période contrôle similaire 1an avant le début
du traitement, une comparaison du score de handicap EDSS 1an avant le traitement, à son
instauration, et à 1an de traitement. Les effets secondaires ainsi que les perturbations du bilan
biologique étaient colligés. Troiscent quarante-quatre patients ont été inclus. Ils recevaient
du mycophénolate de mofétil à cause d’effets indésirables sous immunomodulateurs, d’un
refus des injections, d’un passage en forme progressive. Cent trente-huit patients (40,1%)
avaient une forme rémittente de SEP, 61 (17,7%) avaient une forme d’emblée progressive
et 16 (4,7%) avaient un syndrome cliniquement isolé. La durée d’évolution moyenne de la
SEP à l’instauration du traitement était de 10,9 ± 0,5ans, l’EDSS moyen était de 5,0 ± 0,1.
Cent quarante-neuf patients (43,3 %) avaient reçu d’autres immunosuppresseurs dans les
2années précédentes avec une période d’arrêt entre les 2traitements de 3,9±5,4mois.
Les patients étaient sous mycophénolate de mofétil depuis en moyenne 25,3±1,1mois.
Le traitement avait été arrêté pour effets indésirables chez 122patients, pour échec chez
24, pour convenance personnelle chez20, pour cancer chez 1, et pour raisons inconnues
chez 42. Deux patients sont décédés de cause non précisée. Le pourcentage d’arrêt était
le même que la forme de la SEP soit rémittente ou progressive. Le TAP sous traitement
0,35±0,05 était significativement plus faible que pendant une période de contrôle de 1an
(p< 0,0001), et que dans l’année précédant le traitement (1,32 ± 0,08 ; p< 0,0001). Le
score EDSS restait stable entre l’instauration et 1an de traitement. Les effets indésirables
(11%) étaient des troubles digestifs (n= 13; 3,7%), des infections bénignes des voies
aériennes supérieures (n= 6 ; 1,7 %), une asthénie (n=11 ; 3,2 %), et des lymphopénies
transitoires (n= 6 ; 1,7 %).
A. Fromont, Dijon
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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La Lettre du NeurologueVol. XVIII - no 2 - février 2014 | 59
Commentaire
Cette étude révèle que les PAI sont rares non seule-
ment dans la population générale mais aussi chez
les patients souffrant de SEP. Elle montre qu’il n’y a
pas de sur- ou de sous-risque de PAI chez les femmes
atteintes de SEP. En revanche, les hommes souf-
frant de SEP auraient plus de diabète de type 1, de
maladie de Crohn et de lupus avant la SEP. Un des
atouts de ce travail est qu’il repose sur des registres
et non sur des autoquestionnaires comme l’étaient
de nombreuses études précédemment publiées.
Avant 1995, l’exhaustivité des cas n’était proba-
blement pas complète puisque seuls les patients
hospitalisés étaient inscrits dans les registres. Enfin,
la durée limitée de suivi des patients a peut-être
sous-estimé certaines PAI comme la polyarthrite
rhumatoïde dont l’âge de survenue est plus tardif.
Référence bibliographique
Magyari M, Koch-Henriksen N, Peger CC et al. Gender and
autoimmune comorbidity in multiple sclerosis. Mult Scler
2014:1-8.
SEP et pathologies auto-immunes
Cette étude avait pour objectifs de déterminer si les hommes et les femmes atteints de
SEP ont plus de pathologies auto-immunes (PAI) −notamment avant la SEP− que la
population générale. Chaque patient atteint de SEP, issu du registre danois de SEP, dont
le diagnostic a été posé entre 2000 et 2004, a été apparié à 25sujets contrôles issus du
registre national des patients danois. Mille quatre cent trois patients atteints de SEP ont
été inclus (939femmes et 464hommes) ainsi que 35 055sujets contrôles (23 455femmes
et 11 600hommes). Le sex-ratio femme-homme était de 2,02/1. La durée moyenne de
suivi était de 7ans et l’âge moyen au début de la SEP de 35,3ans. Quatre-vingt-quatre
pour cent des SEP étaient rémittentes. Parmi les hommes, 3,66% avaient une PAI contre
3,11 % chez les sujets contrôles (p= 0,59). Chez les femmes, 10,12 % avaient une PAI
contre 9,42 % chez les sujets contrôles (p= 0,47). Huit hommes et 14femmes avec SEP
avaient plus d’une PAI contre respectivement 51 et 322chez les sujets contrôles. La diffé-
rence n’était statistiquement significative que chez les hommes (p= 0,002). Les hommes
avec SEP avaient plus de risque d’avoir un diabète de type 1 (OR= 3,34 ; p= 0,008), une
maladie de Crohn (OR= 5,03 ; p= 0,03) ou un lupus (OR= 12,55 ; p= 0,02) avant leur
SEP que la population générale. L’âge moyen au diagnostic de la PAI était de 38,8ans
chez les patients atteints de SEP et de 39,7ans chez les sujets contrôles (p= 0,34).
A.F.
Rôle de la scintigraphie myocardique
dans le diagnostic de la démence à corps de Lewy
Les critères diagnostiques cliniques de la démence à corps de Lewy (DCL) ont une sensibilité
limitée, surtout dans les formes débutantes. Les méthodes d’imagerie utilisées pour améliorer
le diagnostic reposent sur la scintigraphie cérébrale de perfusion (SPECT), qui peut montrer
des anomalies dans les régions occipitales, et sur la scintigraphie myocardique au MIBG,
qui permet d’authentifier une atteinte de l’innervation sympathique post-ganglionnaire,
rapportée dans la DCL. Cette étude a comparé les performances de la SPECT à celles de
la scintigraphie myocardique au MIBG pour prédire la conversion de la forme possible à
la forme probable chez 94patients suspects de DCL débutante et suivis pendant 1an (1).
Les paramètres étudiés sur la scintigraphie cérébrale sont les ratios de rétention du ligand
dans la région occipitale rapportée au cervelet d’une part (O/C), et au striatum d’autre part
(O/S). Pour la scintigraphie myocardique, les paramètres considérés sont les ratios précoce
(15minutes après injection) et tardif (3heures après injection) cœur/médiastin (C/M) et le
taux d’élimination (washout rate [WR]). Les comparaisons ont été effectuées entre 33patients
passés au stade de DCL probable et 61 restés au stade de DCL possible.
La comparaison des ratios O/C et O/S entre les 2groupes n’a pas montré de différence
significative (p= 0,146 et p= 0,176, respectivement). Les comparaisons du ratio C/M et du
WR étaient, quant à elles, significatives. Les courbes ROC montrent des aires sous la courbe
assez faibles pour les marqueurs en SPECT (0,591 pour O/C et 0,585 pour O/S) alors qu’elles
sont respectivement de 0,935, 0,936 et 0,884 pour le ratio C/M précoce, tardif et pour le
WR. Le meilleur marqueur prédictif de conversion était le ratio C/M tardif.
J. Lagarde, Paris
Commentaire
Cet article renforce l’intérêt potentiel pressenti
de la scintigraphie myocardique au MIBG dans
le diagnostic de DCL, montrant une meilleure
utilité de la scintigraphie cardiaque au MIBG que
de la scintigraphie cérébrale dans la prévision de
conversion d’une DCL possible à probable. Néan-
moins, comme cela est mentionné dans l’éditorial
de la revue Neurology (2), ces résultats doivent être
validés dans d’autres populations, avec des effec-
tifs un peu plus importants et une évaluation en
aveugle des patients par le clinicien, ce qui n’était
pas le cas. De plus, cette technique pose encore des
problèmes de validation au niveau international,
car elle a pour l’instant été principalement utilisée
au Japon, et il est important de s’assurer de sa vali-
dité chez des patients présentant des pathologies
cardiaques associées, ce qui est assez fréquent dans
cette population. Il semble néanmoins probable que
la démarche diagnostique optimale reposera sur
une combinaison de plusieurs techniques, dont la
scintigraphie myocardique sera une des principales,
comme cela a été suggéré par F. Sakamoto et al. dans
un autre article récent portant sur ce même sujet (3).
Références bibliographiques
1. Oda H, Ishii K, Terashima A et al. Myocardial scintigraphy
may predict the conversion to probable dementia with Lewy
bodies. Neurology 2013;81(20):1741-5.
2. Ballard C, Grimmer T. Improving diagnosis of possible DLB:
is there a role for MIBG myocardial scintigraphy? Neurology
2013;81(20):1730-1.
3. Sakamoto F, Shiraishi S, Yoshida M et al. Diagnosis of
dementia with Lewy bodies: diagnostic performance of com-
bined 123I-IMP brain perfusion SPECT and 123I-MIBG myocar-
dial scintigraphy. Ann Nucl Med 2013 (Epub ahead of print).
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