
Encadré. Principales causes infectieuses de myosites.
Virus : VIH, hépatites B et C, virus d’Epstein-Barr, virus de la mononucléose infectieuse, cytomégalovirus, herpès, adénovirus, virus
Coxsakie, ECHO virus, virus de l’influenza A et B, para-influenza
Bactéries : pyomyosite, staphylocoques, streptocoques,
Escherichia coli
, gonocoque,
Yersinia, Clostridium, Legionella, Borrelia
burgdoferi, Treponema pallidum ;
au contact d’un mal de Pott, leptospirose (ictère + myalgies), lèpre (très rarement)
Champignons : candidoses, actinomycose, coccidioïdomycose, cryptococcose
Parasites : trichine (œdème de la luette et conjonctivopalpébral), cysticercoses, échinococcoses,
Toxoplasma gondii, Toxocara canis,
Toxocara cati,
trypanosomiase, sarcocystose, microsporidiose
318 | La Lettre du Neurologue Nerf & Muscle • Vol. XVII - no 10 - décembre 2013
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Commentaire
L’apparition de symptômes musculaires (myalgies,
faiblesse musculaire, élévation des CPK, etc.) dans un
contexte initial fébrile associée à des signes inaugu-
rateurs digestifs et à un séjour dans un pays tropical
suggère une myosite infectieuse.
Les myosites infectieuses sont assez rares mais très
diverses (encadré). Leurs symptômes sont proches de
ceux des polymyosites inflammatoires, des myopa-
thies nécrosantes auto-immunes et des myopathies
toxiques. Les causes virales sont les plus fréquentes. Il
est important de rechercher une infection par le VIH,
car celle-ci peut provoquer la survenue d’une myosite
inflammatoire, sous la forme d’une polymyosite
idiopathique, ou, par le biais d’une immunodéfi-
cience, une infection par un parasite, par exemple
une toxoplasmose. Parmi les autres causes virales, on
peut citer les virus de l’influenza A, qui peuvent être
très nocifs chez l’adulte, entraînant une insuffisance
rénale, les virus Coxsackie B (syndrome de Bornholm)
qui peuvent causer des myalgies intercostales, abdomi-
nales, mais aussi des pleurites, des péricardites, des
orchites ou des méningites.
La plupart des causes virales sont, en général, d’évo-
lution spontanément favorable, mais une rhabdo-
myolyse, une myoglobinurie et une insuffisance rénale
peuvent survenir.
Les causes bactériennes sont dominées par les
pyomyosites, atteintes musculaires au contact d’abcès
à staphylocoques, en particulier chez le toxicomane ou
le diabétique. Parfois, les streptocoques peuvent causer
des formes fulminantes mortelles avec gangrène. Les
autres agents sont plus exceptionnels. Il faut signaler
la possibilité, chez les personnes en contact avec l’eau
douce (égoutiers, sportifs en eaux vives ou dans les
piscines, etc.), de la leptospirose. Cette affection est
à suspecter dès qu’il y a myalgies et ictère ou insuf-
fisance rénale, même sans syndrome hémorragique
ou neurologique grave. Elle entraîne des myopathies
nécrosantes avec des polynucléaires au contact des
fibres musculaires et non des lymphocytes (figure 5).
Les causes fongiques sont très rares ; il s’agit surtout
de candidoses chez les patients immunodéprimés.
Après les virus, les autres grandes causes infectieuses
à rechercher sont les parasites. La parasitose la plus
fréquente est la trichinose, après ingestion de larves
enkystées dans de la viande de porc, de cheval ou de
gibier mal cuite. En plus des signes généraux et digestifs
peu spécifiques, un œdème de la luette et de la paupière
ou des conjonctives est évocateur. Parfois, un érythème
peut mimer une dermatomyosite. Dans la trichinose,
l’hyperéosinophilie est constante, et la sérologie permet
de confirmer le diagnostic. Le traitement repose sur le
thiabendazole accompagné de corticoïdes.
La cysticercose après ingestion de Taenia solium dans
la viande de porc donne plutôt des formes chroniques
avec calcification des larves et, parfois, une pseudo-
hypertrophie des muscles, surtout des mollets et
de la langue. Le traitement est le praziquantel. La
toxoplasmose à Toxoplasma gondii peut donner des
tableaux musculaires, soit en cas d’immunodéficience,
soit en cas d’ingestion de souches virulentes dans des
pays étrangers. La biopsie musculaire peut également
montrer dans le muscle des kystes qui vont être
marqués positivement avec l’anticorps antitoxoplasme
qui permet de confirmer le diagnostic (figure 6). Le
traitement comporte pyriméthamine et sulfadiazine.
Enfin, la toxocarose, due soit à Toxocara canis (parasite
du chien), soit à Toxocara cati (parasite du chat),
s’observe surtout chez les enfants ou les personnes
pratiquant la géophagie. Les manifestations sont très
variées et peuvent inclure un syndrome de Löffler et
une atteinte du système nerveux central, mais il y a
toujours une hyperéosinophilie.