IMAGE COMMENTÉE Une démence suivant une dépression D. Galanaud Département de neuroradiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. U n patient de 50 ans est hospitalisé pour un syndrome démentiel d’installation rapide précédé d’une dépression. Une IRM en séquence Flair et de diffusion est réalisée. On retrouve des hypersignaux des pulvinars, étendus aux noyaux dorso-médians des thalamus, présents en séquence Flair (image 1) et en séquence de diffusion (image 2). Il existe également un hypersignal moins marqué des noyaux lenticulaires (à noter en particulier l’atteinte de la partie antérieure du noyau lenticulaire gauche). Cet aspect est caractéristique de la forme variante de la maladie de CreutzfeldtJakob (vCJD). Cette maladie à prions, connue également sous le nom de “nouveau variant”, a été associée épidémiologiquement à la consommation de viande bovine contaminée (maladie de la “vache folle”). Elle touche des sujets plus jeunes (âge moyen : 28 ans) que la forme sporadique de la maladie (sCJD), avec une présentation clinique un peu différente : le tableau commence souvent par un syndrome dépressif, parfois associé à des douleurs des membres inférieurs, suivi au bout de quelques mois par un syndrome démentiel. La durée totale d’évolution est de l’ordre de un an. L’IRM retrouve dans plus de 90 % des cas des hypersignaux des pulvinars en séquence Flair et en séquence de diffusion, souvent étendus aux noyaux dorsomédians du thalamus (signe de la crosse de hockey ou hockey stick sign). Ces hypersignaux sont généralement associés à une baisse du coefficient apparent de diffusion. On peut également observer dans certains cas une atteinte du cortex ou des autres noyaux gris, mais beaucoup plus rarement que dans le sCJD. L’atrophie est absente au début de la maladie. Les hypersignaux thalamiques peuvent également s’observer dans le sCJD mais, dans ce cas, ils sont associés à des hypersignaux plus marqués du striatum. Le principal diagnostic différentiel en imagerie est l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke, que l’on distinguera facilement par le contexte clinique (alcoolique ou sujet dénutri, installation beaucoup plus rapide) et la réversibilité sous vitaminothérapie. O I M A G E S Image 1 Image 2 Vol. XII - n° 4 - avril 2008 • La Lettre du Neurologue | 103