Cas clinique Neurorétinopathie maculaire aiguë : à propos d’un cas Acute macular neuroretinopathy: a case report M. Addou-Regnard1, F. Fajnkuchen1, 2, S. Levasseur3 (1 Hôpital Avicenne, Bobigny ; 2 Centre d’imagerie et de laser, Paris ; 3 Saint-Leu-la-Forêt) Neurorétinopathie maculaire aiguë • Scotome paracentral • Lésion maculaire en pétales de fleur. Acute macular neuroretinopathy • Paracentral scotoma • Wedge-shaped macular lesion in petal flower. U ne femme âgée de 29 ans consulte, en septembre 2011, car elle perçoit des scotomes paracentraux de l’œil gauche sans baisse d’acuité visuelle associée et sans douleurs. Elle présente, dans ses antécédents, une tumeur cérébrale du lobe temporal gauche, non évolutive et récemment évaluée dans une consultation spécialisée. Examen et évolution L’examen clinique initial retrouve une acuité visuelle à 10/10 P2 aux 2 yeux. L’examen du segment antérieur et le tonus oculaire sont sans particularités. L’examen du fond d’œil est initialement considéré comme normal. Le champ visuel (Octopus) de l’œil gauche montre des scotomes paracentraux (figure 1) ; du côté de l’œil droit, il existe une zone très localisée où l’on constate une discrète diminution de la sensibilité rétinienne. Le bilan est complété par une OCT. Le cliché en infrarouge de l’OCT décèle, à gauche, 3 zones sombres périfovéolaires ayant une disposition en pétales de fleur ; à l’œil droit, on constate également une lésion sombre d’aspect pétalloïde (figure 2). L’OCT met en évidence, par ailleurs, un épaississement localisé de la couche plexiforme externe, au niveau même des lésions visibles en infrarouge (figure 3, p. 167). La patiente nous est adressée pour avis. Les rétinographies permettent de constater une discrète modification de la coloration au niveau des lésions rétiniennes (figure 4, p. 167). Le cliché en autofluorescence est sans particularités (figure 5, p. 167). Le diagnostic de neurorétinopathie maculaire aiguë est retenu. Aucun traitement n’a été entrepris chez cette patiente, qui sera revue pour contrôle quelques semaines plus tard. Légendes Discussion La neurorétinopathie maculaire aiguë (AMNR) est une atteinte maculaire rare, et sa physiopathologie demeure inconnue. Elle peut être uni- ou bilatérale, l’atteinte de l’œil adelphe pouvant être différée de quelques jours. Elle prédomine chez la femme jeune. Le facteur de risque le plus souvent retrouvé est la présence d’un syndrome pseudo-grippal (1) dans les jours ou semaines précédant l’atteinte. D’autres associations ont été décrites, notamment la prise de contraceptifs oraux ou les épisodes de migraines (1). L’acuité visuelle peut être conservée ou modérément altérée. L’atteinte maculaire est caractérisée par des lésions maculaires de couleur brune rougeâtre, partiellement confluentes en forme de pétales de fleur ; les bords sont bien délimités, sans soulèvement maculaire. 164 Images en Ophtalmologie • Vol. VII • no 6 • novembre-décembre 2013 Figure 1. Champ visuel Octopus. a. Œil droit. b. Œil gauche. Figure 2. Cliché infrarouge initial. a. Œil droit : lésion sombre unique en inféromaculaire. b. Œil gauche : 3 lésions sombres sont disposées en pétales de fleur autour de la fovéa. Échelle des gris des valeurs Échelle des seuils Échelle des gris des valeurs Échelle des seuils 1a 1b 2a 2b Images en Ophtalmologie • Vol. VII • no 6 • novembre-décembre 2013 165 Cas clinique L’étude du champ visuel montre une corrélation entre la topographie des lésions et les scotomes paracentraux. Cet examen serait intéressant pour établir le diagnostic et le suivi de ces patients (2). Les clichés en infrarouge permettent de voir au mieux la forme bien délimitée et arrondie des lésions autour de la fovéa, qui ont une disposition typiquement décrite en pétales de fleur. L’OCT maculaire spectral domain retrouve, dans la plupart des cas rapportés, une atteinte des couches rétiniennes externes : atteinte de la ligne des ellipsoïdes et surtout de la couche plexiforme externe, qui apparaît épaissie (3, 4). Les clichés en autofluorescence, l’angiographie et l’angiographie au vert d'indocyanine restent sans particularités, ce qui suggère l’absence de participation de l’épithélium pigmentaire et de la choroïde. Le pronostic est favorable, avec une récupération visuelle souvent complète et une régression spontanée des lésions. La neurorétinopathie maculaire aiguë est une atteinte rare. Cette affection aiguë a bénéficié de l’évolution des techniques d’imagerie et notamment de l’OCT spectral domain, qui a permis de préciser la localisation de l’atteinte au niveau des couches II rétiniennes externes. Références bibliographiques 1. Turbeville SD, Cowan LD, Gass JD. Acute macular neuroretinopathy: a review of the literature. Surv Ophthalmol 2003;48(1):1-11. 2. Kuznik-Borkowska A, Cohen SY, Broïdo-Hooreman O, Gaudric A. [Acute macular neuroretinopathy]. J Fr Ophtalmol 2006;29(3):319-22. 3. Feigl B, Haas A. Optical coherence tomography (OCT) in acute macular neuroretinopathy. Acta Ophthalmol Scand 2000;78(6):714-6. 4. Grover S, Brar VS, Murthy RK, Chalam KV. Infrared imaging and spectral-domain optical coherence tomography findings correlate with microperimetry in acute macular neuroretinopathy: a case report. J Med Case Rep 2011;5:536. 166 Images en Ophtalmologie • Vol. VII • no 6 • novembre-décembre 2013 Légendes Figure 3. Clichés OCT-cSLO montrant un épaississement localisé de la couche plexiforme externe. a. Œil droit. b. Œil gauche. Figure 4. Rétinophotographies de l’œil gauche montrant une discrète modification de la coloration rétinienne au niveau des lésions périfovéolaires. Figure 5. Cliché en autofluorescence sans particularités. Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. 3a 3b 4 5 Images en Ophtalmologie • Vol. VII • no 6 • novembre-décembre 2013 167