Images en Ophtalmologie
•
Vol. VII
•
n
o
6
•
novembre-décembre 2013
164
Cas clinique
Neurorétinopathie maculaire aiguë :
à propos d’un cas
Acute macular neuroretinopathy: a case report
M. Addou-Regnard1, F. Fajnkuchen1, 2, S. Levasseur3
(1 Hôpital Avicenne, Bobigny ;
2 Centre d’imagerie et de laser, Paris ;
3 Saint-Leu-la-Forêt)
Une femme âgée de 29 ans consulte, en septembre 2011, car elle perçoit des
scotomes paracentraux de l’œil gauche sans baisse d’acuité visuelle asso-
ciée et sans douleurs. Elle présente, dans ses antécédents, une tumeur céré-
brale du lobe temporal gauche, non évolutive et récemment évaluée dans une
consultation spécialisée.
Examen et évolution
L’examen clinique initial retrouve une acuité visuelle à 10/10P2 aux 2yeux. L’examen
du segment antérieur et le tonus oculaire sont sans particularités. L’examen du fond
d’œil est initialement considéré comme normal.
Le champ visuel (Octopus) de l’œil gauche montre des scotomes paracentraux
(fi gure1)
; du côté de l’œil droit, il existe une zone très localisée où l’on constate une
discrète diminution de la sensibilité rétinienne.
Le bilan est complété par une OCT. Le cliché en infrarouge de l’OCT décèle, à gauche,
3zones sombres périfovéolaires ayant une disposition en pétales de fl eur ; à l’œil droit,
on constate également une lésion sombre d’aspect pétalloïde
(fi gure2)
. L’OCT met en
évidence, par ailleurs, un épaississement localisé de la couche plexiforme externe, au
niveau même des lésions visibles en infrarouge
(fi gure3, p.167)
.
La patiente nous est adressée pour avis. Les rétinographies permettent de constater
une discrète modifi cation de la coloration au niveau des lésions rétiniennes
(fi gure4,
p.167)
. Le cliché en autofl uorescence est sans particularités
(fi gure5, p.167)
.
Le diagnostic de neurorétinopathie maculaire aiguë est retenu. Aucun traitement n’a
été entrepris chez cette patiente, qui sera revue pour contrôle quelques semaines
plus tard.
Discussion
La neurorétinopathie maculaire aiguë (AMNR) est une atteinte maculaire rare, et sa
physiopathologie demeure inconnue. Elle peut être uni- ou bilatérale, l’atteinte de
l’œil adelphe pouvant être différée de quelques jours. Elle prédomine chez la femme
jeune. Le facteur de risque le plus souvent retrouvé est la présence d’un syndrome
pseudo-grippal
(1)
dans les jours ou semaines précédant l’atteinte. D’autres associa-
tions ont été décrites, notamment la prise de contraceptifs oraux ou les épisodes de
migraines
(1)
. L’acuité visuelle peut être conservée ou modérément altérée.
L’atteinte maculaire est caractérisée par des lésions maculaires de couleur brune
rougeâtre, partiellement confl uentes en forme de pétales de fl eur ; les bords sont bien
délimités, sans soulèvement maculaire.
Neurorétinopathie maculaire
aiguë • Scotome paracentral •
Lésion maculaire en pétales
de fl eur.
Acute macular neuroretino-
pathy • Paracentral scotoma •
Wedge-shaped macular lesion
in petal fl ower.
Légendes
Figure 1. Champ visuel Octopus.
a. Œil droit.
b. Œil gauche.
Figure 2. Cliché infrarouge initial.
a. Œil droit : lésion sombre unique en infé-
romaculaire.
b. Œil gauche : 3 lésions sombres sont dispo-
sées en pétales de fl eur autour de la fovéa.