UNIVERSITÉ DU QUÉBEC MONTRÉAL CHINE-AFRIQUE: ÉVOLUTION DE LA COOPÉRATION SINO-MALIENNE

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
CHINE-AFRIQUE:
ÉVOLUTION DE LA COOPÉRATION SINO-MALIENNE
ENTRE 1960 ET 2008
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN ADMINISTRATION
(MBA RECHERCHE)
PAR
OUMOU NIOGHO SANOGO
FÉVRlER 2010
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
Service des bibliothèques
Avertissement
La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le
formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles
supérieurs (SDU-522 -Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article
11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du
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d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non
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et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits
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la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»
Remerciements
Tout au long des deux années passées à rassembler des informations et des données pour la
réalisation de ce document, j'ai eu l'honneur de bénéficier du soutien de nombreuses personnes
auxquelles je tiens ici à exprimer ma plus sincère gratitude. Sans l'expertise et la sagesse de M.
Prosper Bernard sur le sujet qui m'intéressait, ce travail de recherche n'alliait pas été possible.
C'est surtout grâce à son inspiration et à sa grande passion pour l'étude de la Chine que j'ai à mon
tour pu développer un intérêt tout particulier pour cette région du monde et pleinement apprécier
les découvertes que je faisais de part et d'autre lors de mes recherches. Il est donc important pour
moi de lui réitérer ma plus profonde reconnaissance. Je souhaite également remercier Monsieur
Michel Plaisant pour ses conseils éclairés lors du processus de rédaction et de lecture du mémoire
car son regard académique sur mon document durant les premiers stades de son ébauche ont
beaucoup aidé à peaufiner des détails essentiels à toute recherche. De même, je tiens à transmettre
toute ma considération à M. Lassana Maguiraga, professeur à l'UQAM, pour sa participation à la
lecture finale du mémoire.
Au Mali, lors d'un séjour de prospection effectué en février 2009, la coopération sans failles et les
encouragements de M. Abdoullah Coulibaly - directeur de l'IHEM-, M. Seydou Coulibaly ainsi
que M. Issa N'diaye se sont avérés être des soutiens et des sources d'informations extrêmement
prolifiques. Grâce à nos interactions, j'ai réellement pu constater l'intérêt du milieu académique et
politique local en ce qui a trait au sujet Chine-Afrique. Pour l'abondance de ses contacts, sa
disponibilité constante malgré un emploi du temps souvent chargé et son érudition sur le thème de
la Chine, je souhaite tout spécialement transmettre mes plus vifs remerciements à M. Modibo Bah
Koné, un homme « sans façons» qui m'a véritablement permis de « vivre» concrètement mes
recherches, de mettre des visages sur la coopération sino-malienne et de mesurer toute l'ampleur
du phénomène. Pour la traduction en mandarin qu'elle a très gentiment accepté d'entreprendre en
dépit de ses propres obligations, je remercie Mlle Tianhan Guy, étudiante en Sciences Sociales à
l'UQAM.
Enfin, toute ma plus profonde reconnaissance va à ma famille et à mes parents qui m'ont toujours
gratifié d'un soutien inaltérable, à travers toutes mes entreprises, petites comme grandes. Dans les
moments de découragement et de doutes propres à la réalisation d'un travail de rédaction, les
nombreux coups de fils et conversations, bref l'appui inconditionnel dont j'ai tout le temps
bénéficié, et ce malgré la distance, ont constitué des moteurs essentiels à la concrétisation de mes
ambitions ainsi que des rappels constants de la chance qui m'a été donnée de pouvoir bénéficier
d'une éducation de grande qualité, loin de mon pays natal. Papa et Maman, merci pour votre
amour, pour l'exemple de réussite que vous représentez pour moi et mes frères, pour toutes ces
années de soutien et pour toutes celles à venir à vos côtés.
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES FIGURES.........
VI
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES ABREVIATIONS
viii
RÉSUMÉ........................................................................................................
IX
PREMIÈRE PARTIE
INTRODUCTION AU SUJET............................................................................................................
1
CHAPITRE 1
INTRODUCTION GÉNÉRALE AU SUJET..
1.1 Présentation du sujet et de la problématique de recherche
1
.
1.2 Objectifs et contribution à la recherche.................................................................. 5
1.3 Méthodologie.................................................................
Il
lA Structure du document.........
18
CHAPITRE II
MISE EN CONTEXTE: ÉVOLUTION DU COMMERCE EXTERIEUR DE LA CHINE ET
DES PAYS AFRICAINS
20
2.1 Un constat général: La mondialisation, moteur d'un réveil économique................. ........
20
2.2 La Chine dans le commerce mondial: mutation de son commerce extérieur....................
22
2.3 La stratégie africaine de Pékin
25
DEUXIÈME PARTIE
REVUE DE LA LITTÉRATURE ET MÉTHODOLOGIE
30
Introduction
31
iv
CHAPITRE III
REVUE DE LA LITTÉRATURE - ÉVOLUT10N DES ÉCONOMIES CHINOISE
ET MALIENNE
34
La Chine
34
3.1 Présentation de la Chine
34
3.2 Le système politique chinois
37
3.3 Évolution de l'économie chinoise à travers la politique de réforme
des années 1970................................................................................................ 39
3.3.1 Avantages théoriques de l'intégration financière....................
39
3.3.2 La politique de réforme (1978).............................................................
41
3.4 L'accession de la Chine à l'OMC et son ouverture au commerce international.................
47
Le Mali........................................................................................................................................... 53
3.5 Présentation du Mali.................
53
3.6 L'économie du Mali...................................
57
3.6.1 Agriculture, élevage et pêche..........................
59
3.6.2 L'industrie et les services........................................................................
60
3.7 Le commerce extérieur du Mali....
62
3.7.1 Evolution des exportations............
62
3.7.2 Evolution des importations............
64
3.7.3 Répartition géographique du commerce extérieur.............
66
CHAPITRE IV
LA PRÉSENCE CHINOISE EN AFRIQUE ET AU MALI
70
4.1 Perspectives sur la présence chinoise en Afrique
70
4.2 Le Mali: grand partenaire ouest-africain de la Chine................................................
88
4.2.1 Historique des relations sino-maliennes..........................
88
4.2.2 Bilan des réalisations et projets chinois au Mali
94
4.2.3 Volet culturel: l'intégration chinoise au Mali
Conclusion...
108
III
v
CHAPITRE V
MÉTHODOLOGIE ET RÉSULTATS DES RECHERCHES..........................................
) 13
5.1 Retour sur les aspects méthodologiques.............................................................. ...
113
5.1.1 Élaboration du questionnaire.................................................................
113
5.1.2 Réalisation des entrevues au Mali.......
115
..
5.2 Présentation et analyse des résultats du questionnaire................................................
117
5.2.1 Analyse quantitative...........................................................................
117
5.2.2 Analyse qualitative.......
121
Conclusions......................................................................................................
127
TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GÉNÉRALE............
129
CHAPITRE VI
CONTRIBUTIONS À LA RECHERCHE, RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION....
130
7.1 Retour sur la contribution de l'étude à la recherche
130
7.2 Conclusion générale.........
132
APPENDICES
139
BIBLIOGRAPHIE
187
LISTE DES FIGURES
Figure 1
Cartes de la Chine et du Mali
Figure 2
Données saillantes concernant la Chine et le Mali
Figure 3
Évolution du PIB et du PlBfhab chinois entre 1978 et 2001
Figure 4
Évolution des exportations et des importations chinoises (%) entre 1980 et 2002
Figure 5
Principales exportations chinoises à destination de l'Afrique en 2005
Figure 6
Principales importations chinoises en provenance d'A frique en 2005
Figure 7
Les avantages de \' intégration financière
Figure 8
PIB de la Chine selon les secteurs (milliards de Yuans)
Figure 9
Structure par produits des exportations entre 2003 et 2007
Figure 10
Structure des importations par produits en 2007
Figure Il
JO principaux partenaires africains de la Chine en 2006
Figure 12
Échanges sino-africains par secteur, 2005 (milliards de dollars)
Figure 13
Accords bilatéraux signés entre le Mali et la Chine en 2007 et 2008
Figure 14
Age des répondants
Figure 15
Activité principale des répondants
Figure 16
Niveau de connaissances des répondants chinois en commerce international
Figure 17
Position de la Chine dans le commerce mondial selon les répondants chinois
Figure 18
Intérets économiques et politiques de la Chine en Afrique selon les répondants
chinois
Figure 19
L'intégration culturelle des chinois en Afrique selon les répondants chinois
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1
Commerce extérieur chinois avec les sous régions africaines (moyenne 1993­
2004)
Tableau 2
Évolution des exportations de biens
Tableau 3
Évolution des importations totales (CAF)
Tableau 4
Orientation géographique des exportations du Mali de 2003 à 2007
Tableau 5
Statistiques SPSS
Tableau 6
Sexe des répondants
LISTE DES ABRÉVIATIONS
AHIDA
BCEAO
BTP
CAF
CCRCA
CEDEAO
CIA
COMATEX
COVEC
CMLN
CNUCED
DEC
DNSI
F&D
FCFA
FLASH
FMI
FOCCA
IDE
IHEM
LICA
MBA
MIC
NPI
OCDE
OMC
ONG
ONU
PCC
PED
PIB
PNB
PPP
RMB
RPC
SESSI
TIC
UMPP
UNICOP
UQAM
WHYCOS
Action Humanitaire Internationale d'Aide au Développement
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
Bâtiments et Travaux Publics
Cost and Freight (Coût et Fret)
Cercle Confucius pour la Recherche sur la Chine et l'Asie
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
Central Intelligence Agency
Compagnie Malienne des Textiles Sa
Société d'ingénierie d'outre-mer de Chine
Comité Militaire de Libération Nationale
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et Je Développement
Diplôme d'Etudes Collégiales
Direction Nationale des Statistiques et de l'Informatique
Finance & Development
Franc CFA (Franc de la Communauté Financière Africaine)
Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines
Fonds Monétaire International
Forum sur la Coopération Chine-Afrique
Investissement Direct à l'Etranger
Institut des Hautes Etudes en Management
Liaison Chine-Afrique
Master in Business Administration
Mesures sur les Investissements et le Commerce
Nouveaux Pays Industrialisés
Organisation de Coopération et de Développement Economiques
Organisation Mondiale du Commerce
Organisation non Gouvernementale
Organisation des Nations Unies
Parti Communiste Chinois
Pays en développement
Produit Intérieur Brut
Produit National Brut
Parité du Pouvoir d'Achat
Yuans
République Populaire de Chine
Service des Études Statistiques et Industrielles
Technologies de l'Information et des Communications
Usine Malienne des Produits Pharmaceutiques
Union Nationale des Conserveries de Poissons
Université du Québec à Montréal
World Hydrological Cycle Observing System
RÉSUMÉ
En opérant un revirement spectaculaire lui ayant pennis de passer d'une économie fennée aux
influences extérieures à l'une des plus grandes puissances commerciales au monde, la Chine a, en
l'espace de quelques années, brisé tous les dogmes qui voulaient qu'une économie initialement
faible ne puisse que très difficilement accéder à la suprématie économique. La réforme de son
économie, entamée en 1978 sous l'impulsion du gouvernement de Deng Xiaoping et plus tard son
accession à l'OMC, a pennis l'ouverture graduelle du pays aux marchés intemationaux et a
engendré la croissance phénoménale qui est survenue par la suite. Les relations entre la Chine et
l'Afrique remontent toutefois aux années 1960. Très tôt, la Chine a développé des contacts
diplomatiques avec ses « frères» africains. Pékin a en effet épaulé les pays africains nouvellement
indépendants et a activement participé à la consolidation des mouvements de libération locaux
dans une logique de lutte contre les impérialismes. Au Mali, depuis le régime socialiste de Modibo
Keïta, sous la Première République, la Chine a foumi son aide dans l'édification du tissu industriel
du pays et dans le développement d'usines textiles et phannaceutiques, importantes à la création
de toute nation voulant entamer sa croissance. Grâce à des contacts et visites fréquemment
organisés entre les deux gouvemements, le Mali et la Chine ont réussi, au fil des régimes
politiques, à développer un partenariat et des relations bilatérales particulièrement solides dans le
cadre de la sous-région. Aujourd'hui encore, la Chine entreprend de grandes réalisations et projets
ièmc
de construction au Mali, à l'image du 3
pont de la capitale malienne, qui constitue actuellement
le plus grand projet de construction jamais entrepris par la Chine en Afrique de l'Ouest.
L'inauguration de ce véritable « cadeau» de la Chine envers le Mali est prévue pour septembre
2010 et commémorera à la fois le cinquantenaire de l'indépendance du pays et celui de la
coopération Chine-Mali.
Dans ce document, nous voulions étudier l'évolution des relations entre la Chine et le Mali entre
les années 1960 et 2008. Pour ce faire, nous avons employé 2 méthodes de recherche principales:
le sondage et l'entrevue. Le sondage nous a pennis de recueillir les opinions et connaissances des
répondants chinois quant au commerce sino-africain et de comprendre leur perspective unique par
rapport au phénomène. Les entrevues effectuées au Mali au mois de mars 2009, nous ont quant à
elles fourni des témoignages utiles sur la réalité des échanges entre les 2 pays et les relations
interpersonnelles existant entre les maliens et les chinois. L'utilisation conjointe de méthodes de
recherche qualitative et quantitative a eu pour avantage de nous gratifier d'une vue d'ensemble sur
un phénomène particulièrement complexe. Nous avons donc déduit de nos recherches que malgré
les nombreux effets bénéfiques qu'ont les échanges bilatéraux entre les deux régions, incluant,
entre autres, la construction d'infrastructures de base et l'octroi de prêts préférentiels, la présence
chinoise de plus en plus accrue au Mali dans plusieurs secteurs de la vie courante, soulève aussi de
nombreux enjeux au niveau local. En contrepartie d'une aide ponctuelle peu coûteuse et très
efficace, la Chine puise indéniablement dans les ressources domestiques pour combler ses propres
besoins- à la mesure de l'envergure de son territoire et de sa population- en plus d'inonder les
marchés maliens de ses produits à la qualité douteuse. De ce fait, même si Pékin répond aux
urgences africaines sans la longue liste de conditions et pré-requis qui caractérisent la coopération
avec les bailleurs de fonds occidentaux, il est donc plus que jamais nécessaire que le Mali et les
pays africains touchés par le phénomène chinois, demeurent conscients des conséquences aussi
bien positives que négatives pour la croissance et le développement de leurs nations respectives.
Mots-clés: Chine-Afrique, relations sino-maliennes, coopération « donnant-donnant », croissance chinoise
Première partie
Introduction au sujet
CHAPITRE 1
Introduction générale au sujet
1.1 Présentation du sujet et de la problématique
Au début des années 1980, le mouvement de renouveau économique instauré par
le gouvernement chinois se manifeste entre autres par la mise en place d'une
nouvelle politique d'ouverture commerciale à l'égard des pays africains. En effet,
œuvrant dans une optique similaire, soit le développement et la croissance
économique, la Chine et les pays africains ont très vite exploités leurs affinités et
noués, au fil des années, des liens commerciaux solides. Ceux-ci ont ainsi fourni
la possibilité aux uns et aux autres d'assurer la satisfaction de leurs divers intérêts
et d'amorcer une collaboration efficace fondée sur un certain rapport de
dépendance. Aussi, la Chine, soucieuse de se procurer des quantités importantes
de matières premières à moindre coût s'est-elle tout justement tournée vers le
continent africain dont les réserves constituent une véritable aubaine pour Pékin.
En contrepartie de ces derniers services,
la Chine s'engage à répondre aux
besoins de financement des pays en difficulté et à combler les besoins urgents en
infrastructures (routes, aéroports, ministères) accablant plusieurs de ces nations
africaines.
Depuis la conférence de Bandung en 1955, marquée par la naissance du
mouvement des non- alignés (Antoine Kernen, 2007), la Chine souligne son
engagement envers l'Afrique dans la lutte contre l'impérialisme, le colonialisme
et toutes formes d'hégémonie occidentale. Hormis le large éventail de domaines
au sein desquels la Chine intervient en Afrique, la stratégie chinoise peut
également être susceptible de révéler des aspects diplomatiques se rattachant à la
création même de la République Populaire. Malgré les affres de sa propre histoire
économique, la Chine a donc posé des actions non négligeables envers l'Afrique
2
tels que le financement d'un projet d'aide alimentaire en Guinée dans les années
60 ou encore l'engagement de ses travailleurs dans la construction du chemin de
fer Tazara (Tanzanie-Zambie)l. Ces initiatives marquent à l'évidence la volonté
de la Chine d'établir sa réputation et son influence en Afrique.
Au regard de la conjoncture internationale actuelle, on comprendra que les
relations sino-africaines n'ont cessé de croître depuis les tous premiers échanges,
survenus dans les années 60 pour certains pays. Cette dernière tendance a
d'ailleurs donné lieu à une toute nouvelle dynamique commerciale à l'échelle des
deux régions.
Désormais, les réalités économiques et politiques instaurées par les puissances
occidentales dans le cadre de l'Afrique font l'objet d'une grande remise en
question. Avec le lancement en octobre 2000 de la Focca, le Forum sur la
coopération Chine-Afrique, dont la dernière édition s'est tenue à Beijing du 3 au 5
novembre 2006, une plateforme formelle de coopération s'est mise en place et a
permis à la Chine de réaffirmer son engagement envers l'Afrique. Ce
regroupement, destiné à aider les pays membres à composer avec les défis du
21 ième siècle, a notamment entraîné l'adoption de mesures pour la lutte contre la
pauvreté. De même, il a marqué la consolidation des liens économiques et
politiques existant entre les deux régions. En début 2006, conjointement à la tenue
de cette 3ième rencontre ministérielle, Beijing a également procédé à la publication
d'un document portant sur les modalités de sa politique officielle en Afrique.
Même si cette initiative demeure à relativiser en raison du fait que la coopération
sino-africaine présente aussi bien des avantages que des inconvénients, elle
marque cependant une signification importante dans l'intensité des relations sino­
africaines.
1 Kernen, Antoine. 2007. « Les stratégies chinoises en Afrique: du pétrole aux bassines en plastique ».
Politique Africaine, no 105 (mars), p. 163-180, http://www.politique­
africaine.com/numeros/pdf/conjonctures/1 05163.pdf.
3
Par ailleurs, selon les statistiques de l'ONU, le commerce entre la Chine et
l'Afrique avait plus que triplé entre 2000 et 2005, passant de 12 milliards de
dollars US à près de 40 milliards 2 . À la lumière de ces chiffres, qui sont très
parlants, il apparaît clair que la Chine est à l'origine de la croissance de plusieurs
pays africains. La majeure partie de cette collaboration s'effectue d'ail leurs dans
les secteurs pétrolier, minier et industriel.
Ainsi, bon nombre de pays africains et particul ièrement ceux d'Afrique de
l'ouest, tels que le Mali et le Sénégal réalisent une grande part de leurs échanges
avec Pékin. Comme mentionné précédemment, celle-ci donne un écho favorable
aux besoins de financement et d'infrastructures exprimés par les États africains.
C'est par exemple la construction de routes, d'aéroports, de chemins de fers, de
bâtiments officiels, etc. La main d'œuvre chinoise, disponible sur place et fournit
par Pékin elle-même, éclipse, dans leur effort d'implantation en Afrique, les
entreprises locales qui ne sont pas suffisamment concurrentielles. Le ministère
chinois de l'Économie et du Commerce Extérieur a d'ailleurs établi que depuis
1956, la Chine a contribué à implanter plus de 800 projets en Afrique dans les
domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, du textile, de l'énergie, des
infrastructures, de l'hydraulique et de l'électricité. Afin d'assurer le bon
déroulement ainsi que le suivi de ces projets, Pékin a envoyé plus de 50 000
ingénieurs et techniciens vers les différents pays qui requéraient J'aide des experts
chinois.
Indépendamment de ces éléments, la coopération inter-état au niveau de
l'éducation représente également un domaine en pleine expansion. D'après les
chiffres, au mois de septembre 2008, la Chine avait accordé des bourses à près de
21000 étudiants, et ce à travers 50 pays africains 3 . De ce fait, la Chine constitue
2
Magazine ChineA Frique.com. Entrevue avec Omar R. Mapurie, ambassadeur de la Tanzanie en
Chine: « Encore et toujours plus de relations », http://www.chinafrigue.com/zf-2005/2006­
11/2006.11-zf-l.htm.
) Chinelnformations.com. Janvier 2008. « Les étudiants africains s'intéressent de plus en plus à la
Chine », http://www.chine-informations.com/actualite/les-etudiants-africains-interessent-de-plus-en­
plus-a-Ia-chine 8450.html.
4
une destination particulièrement prisée par les étudiants d'origine africaine
désirant poursuivre leurs études et bénéficier d'un encadrement de choix. Ceux -ci
sont chapeautés par les institutions chinoises et suivent une formation d'une année
parfois dans le but d'apprendre à s'exprimer parfaitement en mandarin. De même,
de nombreux professeurs chinois ont migré vers l'Afrique. Comme on peut donc
le constater, cette forme de coopération interuniversitaire aux aspects très
culturels, prend désormais une place prépondérante dans les relations sud-sud, en
lien avec les échanges culturels qui ont également lieu entre les 2 régions chinoise
et africaines.
Les relations sino-africaines possèdent donc un fort caractère, à la fois
multidimensionnel et multiforme. La Chine se place dorénavant en toute puissante
revendicatrice de la position de premier partenaire commercial des pays africains,
autrefois détenue par des puissances occidentales comme la France ou la
Belgique.
Ici, la problématique nous place au cœur de la coopération et de l'évolution des
tendances commerciales entre la Chine et les pays africains depuis ces 30
dernières années. En Afrique de l'ouest, et plus précisément au Mali, l'arrivée
chinoise date des années 1960, lorsque, sur fond de colonialisme et conjointement
à d'autres nations sous régionales, le pays accédait enfin à son indépendance. À
l'époque, la Chine a apporté un soutien solide sur les plans politique, économique,
et industriel à la République malienne naissante. Ce faisant, Pékin a fortement
contribué à la constitution du tissu industriel initial du Mali,
tout en se
garantissant, par la même occasion, un appui de plus au sein du Mouvement des
Non Alignés ainsi qu'un partenaire commercial dont la confiance demeure jusqu'à
présent inaltérée.
Quels sont les réels facteurs motivant les acteurs économiques chinois et
africains à établir des liens commerciaux? La coopération si no-africaine est-elle
vraiment bénéfique pour les partenaires africains de Pékin à plus long terme?
5
Pourquoi la Chine entretient-elle des relations diplomatiques privilégiés avec
certains pays ouest-africains, comme le Mali? Quelles conclusions pouvons-nous
en tirer en ce qui a trait à l'avenir des relations d'échanges entre Pékin et les États
africains? Autant de questions cruciales auxquelles nous tenterons d'apporter une
réponse tout au long de cette étude.
Se fondant sur ces interrogations, nous avons abouti au sujet de recherche
suivant:
Chine-Afrique:
Étude de l'évolution de la coopération et des relations commerciales sino­
maliennes entre 1960 et 2008
1.2 Objectifs et contribution à la recherche
Après de mûres réflexions sur la question, il est apparu clair qu'une analyse à
l'échelle de l'Afrique dans son ensemble aurait touchée un trop grand nombre de
contextes économiques, politiques, sociaux et culturels, en lien avec la variété des
interactions propres aux échanges entre les deux régions à l'étude. Afin de
circonscrire la recherche, nous avons donc choisi de limiter le sujet à une région
géographique donnée, l'Afrique de l'Ouest, puis de réduire le bassin de pays
possibles à une nation en particulier: le Mal i.
En effet, du point de vue des différentes sous-régions africaines, les statistiques
montrent qu'en 2004 la Chine exportait davantage -en moyenne- vers l'Afrique
de l'Ouest, totalisant 1 568 millions de dollars US en flux d'échanges. Viennent
ensuite l'Afrique du nord et l'Afrique australe, avec respectivement 1 564 et 1 311
millions de dollars US. Le tableau ci-dessous traduit ces dernières tendances:
6
Tableau 1
Commerce extérieur chinois avec les sous régions africaines (moyenne 1993­
2004)
Millions de dollars
US
Importations
Exportations
Afrique du Nord
816
1 564
Afrique de l'Ouest
257
1 568
Afrique centrale
841
71
Afrique de l'Est
51
401
Afrique australe
2239
1 311
Afrique
4205
4916
« Les sous-régions considérées sont celles définies par l'Union Africaine. Source :
Compilation des données de la Direction OfTrade Statistics, FMI (2006) »
Source: tirée de l'Atlas de l'intégration régionale en Afrique de l'ouest (OCDE)
Malgré sa place de 1er partenaire au niveau des exportations, on peut toutefois
observer que la région ouest-africaine occupe l'avant dernière position pour les
importations de marchandises. En effet, avec 257 millions de dollars US, les pays
d'Afrique de l'ouest ne sont vraisemblablement pas aussi riches en ressources que
leurs voisins d'Afrique australe (2 239 millions de dollars US) ou d'Afrique
centrale (841 millions de dollars), qui renferment des réserves plus importantes
d'hydrocarbures (pétrole) et de matières premières diverses.
Toutefois, la forte hausse des flux commerciaux enregistrée ces dernières années
entre les pays ouest-africains et la Chine, font de cette région une zone très
intéressante à étudier. Aujourd'hui, grâce à ce nouveau commerce, de nombreux
pays ont la possibilité d'améliorer le niveau de vie de leurs habitants par l'offre de
biens de consommation courant importés de Chine, tels que des vêtements, des
médicaments, des appareils électroniques, etc. Ceux-ci se vendent à prix très
abordables sur les marchés locaux et s'avèrent plus compétitifs que les produits
venus d'occident. La présence chinoise en Afrique de l'Ouest constitue donc un
7
véritable phénomène de société, dont les impacts économiques, sociaux et
culturels se font ressentir dans la vie quotidienne de tous, que ce soit opérateur
économique international ou simple consommateur de biens et de services.
En Afrique de l'Ouest, nous avons choisi d'étudier J'évolution des relations sino­
maliennes, car en ce qui a trait à ce sujet, le cas du Mali illustre parfaitement
l'implantation actuelle des chinois dans la sous-région avec tous ses éléments,
positifs comme négatifs. En raison de sa grande superficie et de sa position
géostratégique en Afrique de l'Ouest, le Mali représente en effet une véritable
plaque-tournante pour les intérêts chinois au sein de la sous-région. En cultivant
des relations particulièrement étroites avec le Mali, Pékin prouve qu'elle a depuis
longtemps compris l'importance de tirer profit de la place centrale qu'occupe le
Mali dans la région, en termes d'idéologie de développement, de stabilité
politique, de présence et d'abondance de ressources naturelles diverses telles que
l'or, le diamant et bientôt le pétrole.
L'histoire a maintes fois démontré que la coopération entre la Chine et le Mali
repose sur des bases solides, les 2 pays partageant de nombreuses affinités. Ainsi,
il est important de souligner que déjà sous le régime de Modibo Keita (1915­
1977), premier président de la République malienne et « père de l'indépendance»
du pays, Bamako et Pékin envisageaient une même vision socialiste du
développement, quant à l'atteinte de la croissance sociale et économique. Les
deux nations constituaient alors de ferventes partisanes des 3 mouvements que
sont l'anticolonialisme, le panafricanisme et le non-alignement. Avec sa devise
nationale
« un peuple, un but, une foi », le Mali s'est inspiré de la doctrine
chinoise pour parfaire son tissu industriel et amorcer l'éveil de son économie à
l'ère moderne. La République du Mali des années 1960 était donc, tout comme la
Chine, un pays aux vues très « maoïstes» et cela se reflétait même dans
l'éducation de ses élites puisque tous devait s'imprégner des enseignements
contenus dans le fameux Petit Livre Rouge de Mao Zedong.
De plus, contrairement à certains pays limitrophes comme le Sénégal et le Burkina
Faso, qui se sont alignés avec Taiwan à plusieurs moments de leur histoire, le
8
Mali s'est révélé tout de suite plus enclin à accepter les investissements chinois,
n'ayant pas d'autres moyens de se procurer des infrastructures de base, capitales à
son développement. Pour Pékin, il était de ce fait plus facile d'y encrer son
influence et de s'assurer un partenariat indéfectible pour l'avenir. Pour toutes ces
raisons, le Mali a très tôt bénéficié du soutien de la Chine et inversement.
Aussi, l'analyse du cas Mali-Chine est-elle très pertinente à la compréhension du
saut chinois vers l'Afrique, et ce à plusieurs niveaux car aucun pays ouest-africain
ne jouit d'une telle proximité commerciale et diplomatique avec Pékin.
Par ailleurs, en examinant la littérature sur le sujet, il est apparu clair que peu
d'auteurs s'étaient penchés jusque là sur le cas spécifique de la coopération
chinoise en Afrique de l'Ouest. Beaucoup abordent le cas de l'Afrique australe et
du centre, les premiers partenaires de la Chine en termes d'échanges de ressources
énergétiques, mais très peu parlent des pays ouest-africains dans le cadre de leurs
ouvrages, et encore moins du Mali, considéré comme l'un des pays les plus
pauvres de la planète. De par le fait qu'il se présente comme une étude de cas, ce
travail apportera une contribution substantielle à la recherche car il comprend une
analyse approfondie des relations sino-africaines dans le cadre d'un pays, le Mali,
qui est significatif en termes d'échanges de toutes natures avec la Chine et dont
l'économie est aujourd'hui en pleine mutation, en partie grâce à cette action
chinoise. En effet, en ciblant notre analyse sur ce pays, l'objectif est d'analyser les
changements qui ont eu lieu et qui sont entrain de survenir dans la dynamique des
relations entre les régions concernées. L'étude porte aussi bien sur les relations
«inter-États» que sur les liens interpersonnels rythmant la coopération entre les
divers protagonistes. Nous pensons que des recherches au sein de ces deux
dimensions cruciales seront susceptibles de véhiculer
toute la complexité
inhérente au commerce sino-africain. Nous pourrons ainsi aborder de façon ciblée
l'ensemble des composantes formant les interactions économiques, politiques,
culturelles et sociales qui se créent entre Pékin et Bamako (Mali), comprendre la
perception des maliens et des chinois quant à l'intensification des échanges entre
les 2 pays, en plus d'évaluer les impacts que possèdent ces échanges sur les
9
économies des différentes nations. Ainsi, l'analyse pour le Mali fournira la
possibilité de formuler des projections et d'adapter nos conclusions à d'autres
pays ouest africains à l'économie similaire, tout en tenant compte toutefois des
contextes et alliances locales. Nous identifierons de ce fait les tendances futures
quant au commerce avec la Chine et pourrons également préconiser des mesures
d'adaptation
à
l'échelle
sous-régionale.
Les
figures
suivantes
illustrent
respectivement les situations géographiques de la Chine et du Mali de même que
des données importantes en ce qui a trait aux 2 nations à l'étude:
Figure 1 : Cartes de la Chine et du Mali
r
1
1
1
1
--
------------------------------------
1
Chine
1
Mali
21
1
1
1
1
1
1
1
1
_
Source: Google Imoges (7 ooût 2008)
10
Figure 2 : Données saillantes concernant la Chine et le Mali
Mali
Superficie: 1.24019 millions de km 2
Population: 13.52 millions
Capitale: Bamako
Indépendance: 22 septembre 1960
Ressources: Pétrole, phosphates, gaz,
agriculture (coton)
Commerce avec Pékin: 145 millions de
dollars US en 2005
Chine
Superficie: 9.6 millions de km 2
Population: 1.3 milliards
ième
3
exportateur mondial en 2006
(968 milliards de ,dollars
Capitale: Beijing {Pékin
er
Création de la RPC : 1 oètobre 1949 par
ao Zedong
Source: Adaptée des données du site officiel de la FOCCA
Comme l'illustrent les deux figures ci-dessus, si ['on considère uniquement les
positions géographiques respectives du Mali et de la Chine ainsi que les données
sociodémographiques associées, les deux pays n'ont a priori rien en commun.
Toutefois, comme le Mali aujourd'hui, la Chine a longtemps été un pays en voie de
11
développement qui, contrairement aux pays ouest africains, a su mettre en route sa
croissance grâce à une politique d'ouverture bien pensée par ses dirigeants de
l'époque. La Chine a toujours constitué une référence pour bon nombre d'Etats
africains et à plusieurs égards, l'exemple de l'ascension chinoise à la suprématie
commerciale pourra peut être servir de tremplin au Mali et aux PED pour amorcer, à
leur tour, un processus efficient de développement économique et social.
Les objectifs précédemment mentionnés dans le cadre de ce travai 1 nécessitent un
processus méthodologique capab le de saisir l'ensemble des facettes du sujet et de la
problématique. Une bonne maîtrise des différents contextes propres à chacun des pays
de même que la compréhension des perceptions individuelles quant au commerce
sino-africain, constitueront donc des atouts essentiels à la réalisation adéquate du
mémoire.
Afin de résoudre ces questions, la section suivante se propose d'aborder les aspects
méthodologiques, notamment en ce qui concerne la pertinence des procédés choisis,
leur portée dans le cadre du sujet ainsi que les limites qu'ils posent.
1.3 Méthodologie
Dans l'objectif de bénéficier d'un démarche optimale de recherche et donc de
recueillir les données les plus représentatives possibles, nous avons opté pour une
combinaison de méthodes de recherche qualitatives et quantitatives. En effet,
l'utilisation conjointe de ces 2 types de méthodes a pour avantage de permettre la
prise en compte de tous les volets du problème, et non pas uniquement les aspects
sociaux, culturels ou statistiques, chose qu'entraine bien souvent la recherche selon un
seul type de procédé.
En effet, il s'agissait aussi bien pour nous de connaître et d'établir des statistiques sur
le sujet que de recueillir l'avis d'acteurs économiques chinois et maliens quant aux
12
relations entre leurs pays respectifs. À cet effet, les méthodes qualitatives permettent
la formation d'hypothèses, de même que la confirmation ou la réfutation de théories
préalablement définies (Line Ricard, 2007) tandis que les approches quantitatives
favorisent surtout la recherche dans le cadre d'une démarche exploratoire (Line
Ricard, 2007). Ces deux types de procédés se révèlent donc complémentaires dans la
réalisation d'une recherche qui se veut être complète.
Puisque nous privilégions un mix des deux méthodes d'enquête, le modèle d'analyse
s'inspire d'une démarche à la fois inductive et déductive. Autrement dit, nous partons
tour à tour des faits pour dégager des théories explicatives puis des théories, pour
analyser et expliquer les faits entourant le phénomène qui nous intéresse ici (Marie
France Turcotte, 2007). Encore une fois, on retrouve la notion de complémentarité
dans les procédés.
En ce qui concerne les méthodes quantitatives, nous avons opté pour la méthode du
questionnaire afin de rassembler des statistiques fiables concernant la perception des
répondants quant au commerce Chine-Afrique.
Aussi, pour les méthodes qualitatives, nos démarches visaient-elles principalement à
évaluer l'opinion d'un petit groupe d'individus, une population significative, aptes à
s'exprimer par rapport aux tenants et aboutissants de la présence chinoise en Afrique.
Pour ce faire, nous avons adopté la méthode de l'entrevue.
Afin de mener à bien toutes ces recherches, touchant parfois à la vie privé des
protagonistes et sollicitant leurs opinions sur divers sujets, nous nous sommes assurés
de demander et d'obtenir une certification éthique auprès du comité institutionnel
d'éthique de la recherche avec des êtres humains de l'UQÀM. Octroyé le 4 aoüt 2008
par Mr Joseph Lévy, ce certificat, valide pour toute la durée du projet, stipule que le
mémoire faisant l'objet de ces recherches est « conforme aux pratiques usuelles en
13
éthique de la recherche et répond aux normes établies par le cadre normatif pour
l'éthique de la recherche avec des êtres humains de l'UQÀM».
Ainsi, en raison des dispositions et exigences de ce certificat, chaque personne
interrogée dans le cadre des entrevues a approuvé et signé le formulaire de
consentement qui garantissait la non-divulgation d'informations sensibles à leur sujet.
Les méthodes quantitatives
•
Le questionnaire (sondage)
Vu le sujet, le but du questionnaire était d'obtenir des informations fiables quant à
l'évolution du commerce sino-africain et à la présence chinoise en Afrique. Les
résultats ainsi glanés devaient permettre d'obtenir des statistiques pertinentes,
susceptibles de servir à l'analyse. Le questionnaire se présente de ce fait sous la forme
d'un sondage destiné aux gens d'affaires, interrogés à Pékin, à propos de la montée en
puissance de la Chine et des liens unissant leur pays aux nations africaines.
Le bassin de répondants comprend donc des étudiants chinois au MBA cadres ainsi
que des entrepreneurs dont les affaires les mettent en contact fréquents avec des
partenaires internationaux. En tout, un échantillon d'une cinquantaine de personnes a
été retenu. Par cette démarche, nous voulions cibler des individus au fait de l'actualité
internationale, capables de porter un jugement éclairé sur les tendances actuelles en
matière d'échanges internationaux. En raison des contraintes géographiques qui se
posaient du fait de l'éloignement physique des répondants, les questionnaires ont du
être administré à distance, par voie informatique plus précisément, de Montréal vers
Beijing. Afin de faciliter la compréhension et la participation des répondants chinois,
une traduction en mandarin du questionnaire a également été mise en œuvre, en
collaboration avec Mr Raymond Lai iberté, agent de recherche au vice-décanat à la
recherche de l'École des sciences de la gestion à l'UQÀM. Une fois toutes les
réponses recueillies, les questionnaires ont tour à tour été traités sur Excel puis sur le
14
logiciel de statistiques SPSS. Les résultats ainsi obtenus ont fait l'objet de calcul de
variances et d'écart -type à partir de SPSS, ce qui avait principalement pour but de
mesurer la représentativité de notre échantillon.
Grâce à la variété de questions ouvertes et fermées qu'il est possible de soumettre aux
répondants, la méthode du sondage par questionnaire permet de recueillir des
réponses qui se traduisent ensuite en statistiques. Elle fournit donc la possibilité de
réaliser des analyses croisées par l'intermédiaire des variables quantitatives qu'elle
génère. De façon générale, elle permet de bénéficier d'une vue d'ensemble d'un
phénomène même si elle peut parfois omettre les nuances propres à l'avis des
répondants sur tel ou tel sujet. Il faut ainsi composer avec les erreurs humaines en tous
genres qu'est susceptible d'entrainer ce type de méthode.
Toutefois, 1'util isation conjointe de plusieurs méthodes, contribue à atténuer les divers
biais pouvant survenir en cours de chemin.
Les méthodes qualitatives
•
L'entrevue
En interrogeant des individus œuvrant au cœur des milieux politique et économique
malien, on s'assure de contacter des acteurs ayant un certain degré d'expérience avec
le phénomène à l'étude. En effet, ces recherches «sur le terrain» ont l'avantage de
fournir les témoignages de personnes directement concernées par les relations
diplomatiques et économiques survenant entre Pékin et ses multiples partenaires
maliens en plus de garantir une base solide à la vérification de nos hypothèses de
départ.
Ainsi, dans un premier temps, nous avons logiquement du procéder aux choix des
participants et du type d'entrevue qui correspondrait le mieux aux exigences de notre
sujet.
15
Les participants:
C'est lors d'un séjour de 2 mois à Bamako, au Mali, que nous avons pu obtenir la
majorité des entrevues reportées dans ce mémoire. Ce voyage aura véritablement
permis de rencontrer des acteurs au cœur de la coopération Mali-Chine et de
collaborer avec les académiciens locaux afin de mieux saisir la portée du phénomène
au sein de la société malienne. Après de nombreuses démarches (lettres officielles,
contacts sur place, etc.), nous avons finalement pu obtenir un total de 3 entrevues
avec:
Monsieur Seydou Coulibaly, Chef de la Coopération Bilatérale au Ministère des
Affaires Étrangères. En charge du volet coopération avec la Chine, Mr Coulibaly est
en contact permanent avec les plus éminents représentants des autorités chinoises au
Mali, tel que son Excellence Monsieur l'Ambassadeur ZHANG Guo Qing et
Monsieur HUa Tian Yun, premier conseiller de la RPC au Mali. Il a donc été une
personne ressource cruciale à l'avancement de nos recherches (prêts de documents sur
le sujet, état des statistiques sur le commerce sino-malien, etc.) de même qu'une
source fiable d'informations sur l'état passé et présent des contacts entre Pékin et
Bamako. Ses fonctions officielles à la présidence malienne lui confèrent en plus une
proximité et une expérience de la situation que peu d'individus possèdent localement.
C'est pour toutes ces raisons que nous avons choisi de réaliser notre première
entrevue avec Mr Coulibaly.
Dr Modibo Bah Koné, Ph D,
professeur d'éducation comparée à la
FLASH (la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines) et
surtout président du Cercle Confucius pour la Recherche sur la Chine
et l'Asie (C.C.R.C.A). Ayant fait ses études de doctorat en Chine, Mr
Koné s'est révélé être une mine d'informations concernant le mode de vie,
la culture et l'intégration des ressortissants chinois à la société malienne.
Grâce à la teneur de ses activités, Mr Koné nous a également permis
d'assister à sa conférence sur le lancement des activités du C.C.R.C.A et
de rencontrer, lors de ce rassemblement, des acteurs proéminents de la
coopération Mali-Chine (professeurs, sinologues, officiels chinois, etc.).
16
Entre autres, Mr Koné nous a présenté Mr Issa N'diaye, Ancien ministre
de la culture au Mali qui fut d'une aide très précieuse dans l'élaboration
des entrevues. De plus, suite à sa formation en Chine, Mr Koné parle
couramment mandarin et est véritablement imprégné de tous les aspects du
phénomène chinois au Mali. Nous avons donc sollicité son opinion pour
obtenir une autre perspective, sans doute moins officielle que celle des
membres de la présidence, concernant la présence chinoise au Mali, et ce
en termes aussi bien positifs que négatifs.
Monsieur Issa N'diaye, Chef du département des Sciences Sociales à la
FLASH et Ancien Ministre de la culture lors du premier gouvernement du
président Alpha Oumar Konaré. Philosophe de formation, Mr N'diaye a
une très bonne connaissance de la politique malienne et des débuts de la
coopération sino-malienne. 11 est l'une des rares personnes au Mali à
pouvoir faire un historique des relations sino-maliennes depuis les années
1960, maitrisant toutes les subtilités du phénomène. Sa contribution au
mémoire nous aura donc permis de mieux cibler les origines du
phénomène et d'en voir les principales causes.
Accessoirement, pour les besoins de la recherche, nous nous sommes également
entretenus très brièvement avec Messieurs: Abdoullah Coulibaly, président de
l'IHEM (Institut des Hautes Études en Management)- qui nous a présenté le Dr
Modibo Bah Koné; Boubacar Sidiki Touré, Ancien ministre et Directeur de la
coopération internationale -qui nous a mis en contact avec Mr Seydou Coulibaly ; et
Mr ZHANG Guo Qing, Ambassadeur de Chine au Mali que nous avons rencontré
lors de la conférence sur le lancement des activités du Cercle Confucius pour la
Recherche sur la Chine et l'Asie (C.C.R.C.A) qui s'est tenue le samedi 14 mars 2009
au Lycée Askia Mohamed de Bamako.
17
Le type d'entrevue:
D'un point de vue théorique et dans l'optique de recueillir le maximum
d'informations, nous avons opté pour l'entrevue semi-dirigée. En effet, selon une
perspective constructiviste de la recherche, favorisant un certain degré de liberté dans
la formation d'une interaction sociale,
l'entrevue doit permettre la « co­
construction» du savoir généré entre l'interviewer et l'interviewé (Marie-France
Turcotte, 2007). Ainsi, cette forme d'entrevue a pour avantage d'être ouverte tout en
étant dirigée par l'intermédiaire de questions précises portant sur le sujet.
Plus précisément, selon Savoie-Zajc (2003), auteur de renom en la matière:
« L'entrevue semi-dirigée consiste en une interaction verbale animée
de façon souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le
rythme et le contenu unique de l'échange dans le but d'aborder, sur un
mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes généraux
qu'il souhaite explorer avec le participant de la recherche. Grace à cette
interaction, une compréhension riche du phénomène sera construite
conjointement avec l'interviewé ».
Cette définition de la méthode traduit bien Je fait que l'entrevue permet de saisir
toutes les subtilités propres à un sujet donné, en plus d'en extraire des leçons, voire de
créer des théories à la base des témoignages recueillis. Elle vise donc l'explication (le
pourquoi),
la compréhension
(le comment),
l'apprentissage (quoi, qui) et
l'émancipation (la réflexion) (Marie-France Turcotte, 2007).
En raison de tous ces éléments, l'entrevue apporte une contribution substantielle à
l'éclaircissement de tous les volets du sujet. Elle permet d'obtenir des témoignages
d'individus faisant face aux enjeux internationaux de façon quotidienne et de
combiner leurs expériences pour avoir un travail plus riche.
18
1.4 Structure du document
La présente étude s'organise selon 3 grandes parties:
La première partie, J'introduction au sujet, comprend deux chapitres. Comme
son nom l'indique, l'introduction, soit le 1er chapitre, se charge de présenter le
sujet et la problématique au lecteur, en plus de passer en revue les objectifs à
atteindre, la méthodologie et la structure du document. Le second chapitre, la mise
en contexte, a pour but d'effectuer pour sa part une brève mise en contexte quant
au commerce extérieur de la Chine et de ses homologues africains. Servant à
mettre en exergue l'importance actuelle du commerce sud-sud et à établir un état
des faits quant au commerce entre Pékin et ses partenaires africains, cette dernière
partie du premier bloc aborde entre autres les sujets de la mondialisation du
commerce, du boom économique chinois et de l'arrivée massive de
Pékin à
travers les pays africains.
La deuxième partie, constituant le développement, contient les éléments
importants que sont la revue de la littérature et la méthodologie de la recherche.
Dans le 1er chapitre de cette partie, nous voyons l'évolution de l'économie de la
Chine d'une part, à travers son évolution idéologique, la politique de réforme des
années 1970 et l'ouverture du pays au commerce international et celle du Mali
d'autre part, avec l'analyse de ses principaux partenaires régionaux, dont la Chine.
À la suite de cela, nous réalisons une certaine synthèse des informations
précédentes et étudions effectivement la présence chinoise en Afrique de l'ouest et
au Mali. Nous y abordons notamment les réalisations de Pékin au Mali, aspects
très importants pour comprendre l'ampleur du sujet que nous traitons et pour saisir
l'influence chinoise dans la sous-région.
Suivent les aspects méthodologiques dans le cadre du chapitre V qui aborde
l'élaboration du questionnaire, la réalisation des entrevues au Mali et la
présentation des résultats de recherche. Dans la même veine, le chapitre VI réalise
19
une analyse qualitative et quantitative (T-Test) des résultats
présentés
précédemment dans le but de tirer les conclusions appropriés.
Enfin, la troisième partie, conclusion générale sur le sujet, présente les
contributions et implications de l'étude à la littérature portant sur le commerce
Chine-Afrique, de même que les perspectives d'avenir quant à ce phénomène. Elle
tire donc les conclusions nécessaires sur la problématique, à la lumière des
analyses apportées dans la seconde partie, et marque par conséquent la finalité de
l'étude.
Pour l'heure toutefois, la section suivante se propose de faire une entrée en
matière pour le lecteur, portant notamment sur les thèmes de la mondialisation en
lien avec l'essor chinois et des relations de Beijing avec ses partenaires africains.
CHAPITRE II
Mise en contexte: Évolution du commerce extérieur de la
Chine et des pays africains
2.1 Un constat général: La mondialisation, moteur d'un réveil économique
Depuis ces 30 dernières années, l'accélération du phénomène de mondialisation
de même que la réduction des barrières physiques et vil1uelles au commerce, ont
incité de nombreux pays à œuvrer en faveur d'une libéralisation de leurs économies.
Plusieurs nations, qui accusaient auparavant d'un certain retard économique, ont eu la
possibilité d'entamer une réorientation bénéfique inhérente à leur politique de
commerce extérieur. Elles ont ainsi pu initier un véritable renouveau économique et
s'intégrer plus en avant aux dynamiques
économique et politique prévalant à
l'échelle mondiale. Il s'agit par exemple des NPI (Nouveaux Pays Industrialisés)
d'Asie tels que les « 4 dragons» - soit Corée du sud, Taiwan, Singapour ou encore
Hong Kong - qui ont efficacement réformé leurs économies dans le but de
promouvoir une croissance soutenue.
En tant que 3ième exportateur mondial, la Chine s'est placée en véritable pionnière
de cette logique d'ouverture à la fin des années 1970 et occupe aujourd'hui, grâce à
ses efforts marqués sur la scène internationale,
une position de leader dans les
échanges mondiaux de biens et de services. D'ailleurs, selon les études menées par
l'OCDE, la Chine deviendrait le 1er exportateur de biens et services d'ici 2010. Le
commerce chinois représenterait alors près de 10% du total des flux de marchandises,
contre seulement 6% en 2005.
Dans son initiative d'expansion de ses marchés, la Chine s'est créée une certaine
dépendance envers les forces extérieures et a donc favorisé les échanges sud-sud.
Pékin a réalisé des partenariats et investissements non négligeables en Afrique par
21
exemple, exploitant de ce fait un filon qui avait été quelque peu délaissé par les
puissances occidentales telles que la France et les États-Unis. En effet, la situation
économique pour le moins précaire du continent africain en fait un candidat idéal aux
projets de coopération et d'aide au développement. En Afrique de l'ouest, la Chine
collabore fréquemment avec les gouvernements pour la construction d'infrastructures
majeures (routes goudronnées, bâtiments officiels, etc.). Ces ententes sino-africaines
permettent par conséquent aux États africains de pallier au manque d'expertise de
leur main d'œuvre, et ce à moindre coût. En échange, Pékin entretient ses importants
besoins en matières premières en puisant dans les réserves africaines. Plusieurs pays,
tels que le Congo, l'Afrique du sud ou encore le Nigéria lui procurent de ce fait les
hydrocarbures et les denrées agricoles (coton) nécessaires à l'alimentation de sa
propre production.
Malgré l'activité économique que cela crée pour les nations impliquées, beaucoup
sont d'avis que ce phénomène est également susceptible de nuire considérablement
aux industries locales dont la main d'œuvre demeure en retrait d'un bon nombre de
ces projets sino-africains. Quoiqu'il en soit, la réalité est que depuis plusieurs
décennies déjà, les relations entre le gouvernement chinois et ceux des pays africains
restent au bon fixe. D'ailleurs, suite au Forum sino-africain précédemment mentionné,
les dirigeants des deux régions ont réaffirmé leur engagement et établit des objectifs
cruciaux à atteindre pour la collaboration sino-africaine. En effet, à l'issu de cette
réunion,
qui
rassemblait de
nombreux acteurs économiques
(entrepreneurs,
responsables économiques, etc.), la Chine avait prévu une hausse de plus de 100
milliards de dollars US de ces échanges avec l'Afrique pour 2010. De plus, le montant
des contrats signés avec les divers partenaires africains s'élevaient à près de 1.9
milliards de dollars US (Chris Alden, 2007)
En raison de cette nouvelle donne commerciale, l'Europe et les États-Unis doivent
désormais revoir leurs approches diplomatiques quant aux relations politiques et
économiques qu'ils entretiennent avec le continent africain.
22
Pour bien saisir les aspects économiques et commerciaux du sujet, il est important
d'analyser la situation de la Chine ainsi que son cheminement en tant que puissance
mondiale axée vers les marchés internationaux.
2.2 La Chine dans le commerce mondial
Issue à l'origine d'une économie fermée, la Chine a peu à peu migré vers le
socialisme de marché. Ce processus, achevé en 1978, lui a permis d'accéder aux
marchés internationaux. Avec l'importance de sa population et les énormes besoins en
ressources énergétiques que cela entraine, la Chine a considérablement bénéficié du
contact aux autres nations et a alors pu asseoir une croissance économique solide
à l'échelle mondiale.
Figure 3 : Évolution du PIB et du PIB/hab chinois entre 1978 et 2001
(en millions de Yuan)
120000
100000
80000
60000
PIB
PIB/hab
40000
20000
o
• • • • 1
11 -
.....
1
.., h
Il
Source: réalisée à partir des données tirées de China Facts and figures 2002
23
Comme on peut ('observer sur ce graphique, le PIB chinois a connu une ascension
fulgurante depuis la fin des années 70. En effet, en l'espace de 23 ans, le PIB est passé
de 3624.1 millions de Yuans à 95933.3 millions en 2001, soit une augmentation de
plus de 92 309 millions. Ces chiffres traduisent l'envol de l'économie chinoise mais
n'illustrent pas toute l'ampleur du phénomène
Selon un article du SESSI (le Service des Études Statistiques et Industrielles) pOltant
sur la montée de la Chine dans les échanges mondiaux, les échanges chinois ont
évolué trois fois plus vite que le commerce mondial. À elle seule, la Chine était
responsable en 2002 d'un cinquième des exportations mondiales en termes
d'électroniques, d'un qualt en ce qui concerne l'habillement et d'un sixième pour les
.
.
4
ImpoltatlOns .
Les réformes économiques et sociales mises en place dès 1978 par Deng Xiaoping ont
permis à la Chine de prendre un réel envol vers l'économie de marché. En favorisant
les investissements de tous ordres,
à la fois à l'intérieur et à J'extérieur de son
territoire, la Chine a considérablement amélioré sa performance économique et a
notamment pu accéder à l'üMC en décembre 2001.
Depuis, les expoltations chinoises vers le reste du monde n'ont cessé de croître. Le
schéma ci -joint illustre l'évolution des exportations chinoises entre 1980 et 2002.
Cette dernière figure démontre bien l'ascension de ces échanges, que ce soit en termes
d'impoltations ou d'expoltations.
De façon générale, on observe que les exportations sont passées d'environ 0.9% en
1980 à 6% en 2002, soit une augmentation de 5.1 points en l'espace de 22 ans. Les
importations sont quant à elles passées de 1 à 4% sur la même période de temps.
La croissance chinoise est donc fulgurante à l'échelle du globe et grâce à cette
stratégie de commerce extérieur, la Chine pourrait bien détrôner l'Allemagne dès cette
Lemoine, Françoise. 2006. « La montée de la Chine dans les échanges mondiaux ». SESSl,
L'industrie française et la mondialisation (Paris), team.univ-paris l.fr, p.209-222.
4
24
année. Selon les experts, les exportations chinoises devaient d'ailleurs augmenter de
20% entre 2007 et 2008.
Figure 4 : Évolution des exportations et des importations chinoises (%) entre
1980 et 2002
7
6­
5
,"
"
Exportations chinoises
4
... .. '
3
,,
,,'
.. ....
_Import~ions c~noises_
O+---r--,....---..-.---r----r--,....---,.-.--......-................---,.-.---.--................---.-.--......-........--.----.
1980 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
Source: CEPII : bose de données Chelem
Ayant initié leur commerce par l'exportation de produ its provenant de secteurs
traditionnels comme le textile, la Chine se réoriente aujourd'hui vers les secteurs de
haute technologie pour demeurer compétitive face aux puissances occidentales. Aussi,
les machines et équipements divers prennent désormais une place prépondérante dans
25
le commerce pratiqué par Pékin. En 2002, les équipements électroniques constituaient
environ 40% du total des exportations de la Chine, contre seulement 18% en 1993 5 .
Toutefois, pour éliminer une certaine dépendance envers les technologies étrangères,
le pays a considérablement investi dans la Recherche et Développement avec en vue
la création d'une solide expertise locale. Selon les estimations du CEPII, ces dépenses
constituaient 1.3% du PIB en 2003 et devaient monter à 1.5% en 2005, contre
seulement 1% en 1999. On comprendra ainsi que l'un des principaux objectifs de la
Chine consiste véritablement à se placer là où la demande s'avère la plus forte. À
cette fin, elle est à l'écoute des marchés internationaux et opère une diversification de
son offre.
Par ailleurs, comme précédemment souligné, la Chine a également bénéficié des
retombées positives provenant des investissements étrangers ainsi que des
délocalisations opérées par divers pays industrialisés (pays asiatiques surtout). Avec
les faibles coûts qu'elle offre à ses partenaires, les activités de sous-traitance et
d'assemblage ont pris une importance accrue dans plusieurs régions du pays.
Cependant, malgré cette prospérité économique apparente, il est quand même à
souligner que celle-ci a fortement accentuée les déséquilibres au sein même du pays.
II existe une grande disparité entre les revenus des plus riches et ceux des plus
pauvres. De plus, l'exode rural s'est accéléré, animé par une population qui cherche
elle aussi à profiter des bénéfices de la mondialisation.
2.3 La stratégie africaine de Pékin
Dans une certaine mesure, la logique de faibles coûts s'applique aussi au commerce
entre la Chine et l'Afrique. En effet, grâce à des coûts d'opération et de main d'œuvre
Lemoine, Françoise. 2006. « La montée de la Chine dans les échanges mondiaux ». SESSI,
L'industrie française et la mondialisation (Paris), team.univ-paris I.fr, p.209-222.
5.
26
relativement faibles, la Chine s'impose désormais comme un partenaire de choix pour
les pays africains. Afin de saisir l'ampleur du phénomène, on peut citer le fait que
près de 130 000 chinois sont actuellement installés en Afrique, principalement au
Zimbabwe, au Nigéria, en Angola et en Guinéé. Ce fait illustre bien la nouvelle
politique de commerce extérieur avec l'Afrique lancée par le gouvernement chinois.
Ainsi, suite à une certaine accalmie commerciale entre le début des années 80 et le
milieu des années 90, les échanges sino-africains ont repris de leur vitalité. En
échange de certains biens de consommation courants, l'Afrique fournit les matières
premières et les hydrocarbures dont manque la Chine. La logique est donc aussi bien
économique que géopolitique. Pékin défend ardemment ses intérêts du point de vue
des ressources énergétiques dont elle a besoin mais affirme aussi vouloir s'unifier
avec l'Afrique dès les années 1950 pour combattre les « impérialismes ». Elle fournira
d'ailleurs son soutien militaire à plusieurs nations africaines qui l'épauleront à leur
tour dans le cadre de son différent avec Taiwan.
Au début des années 1980, la Chine entretient des relations diplomatiques avec près
de 44 pays africains et dépense déjà près de 100 millions de dollars par an en aide au
développement. De plus, les échanges avec l'Afrique sont multipliés par 50 entre
1980 et 2005, ce qui place désormais la Chine en troisième partenaire commercial du
continent après les États-Unis et la France 7. L'augmentation des investissements
chinois en Afrique a été soutenue. En 2004, ces IDE chinois à destination de l'Afrique
ont totalisé 135 millions de dollars US, brisant ainsi le record des années précédentes.
Pour le premier trimestre de 2005, ils ont atteint 2,8 millions de dollars US 8 . Les
schémas ci-dessous montrent respectivement la proportion des exportations chinoises
à destination de l'Afrique en 2005 et celle des importations chinoises en provenance
d'Afrique pour la même année.
Niquet, Valérie. 2006. « La stratégie africaine de la Chine ». Politique Etrangère IFRI, (été), no 2, p.
361 à 374, Cairn. Info.
7 CEDEAO-CSAO/OCDE. Aout 2006. Série économie: Atlas de l'intégration régionale en Afrique de
l'ouest. Abuja (Nigeria) - Paris (France), 20 p.
6
8
Magazine ChineAFrique.com, http://www.chinafrique.com.
27
Figure 5 : Principales exportations chinoises à destination de l'Afrique en 2005
.Autres
o Equipements industriels
• Appareils électriques
• Equipements de telecommunications
.Véhicules de transport
o Vetements et chaussures
DTextiles
5%
Source: réalisée à partir des données du CNUCED (2006) et
de l'Atlas de /'intégration régionale en Afrique de l'ouest (OCDE)
Comme on peut l'observer, autre que les équipements divers (42%), la Chine exporte
beaucoup de textiles (16%) et de vêtements (14%) vers l'Afrique.
Figure 6 : Principales importations chinoises en provenance d'Afrique en 2005
iii Pétrole
~
Métaux
2%
3%
iii Coton
iii Bois
iii Pierres précieuses
Source: réalisée à partir des données du CNUCED (2006) et
de l'Atlas de l'intégration régionale en Afrique de l'ouest (OCDE)
'..J
Autres
28
Pour ce qui est des importations, les principaux biens provenant des pays d'Afrique de
l'ouest sont le pétrole et le coton (ce dernier approvisionne l'industrie textile
chinoise). La Chine est d'ailleurs devenue le premier partenaire commercial des
grands pays producteurs de coton tels que le Burkina Faso, le Tchad, le Mali ou
encore le Bénin.
Dans le cas du Mali, le pays qui nous intéresse ici, la Chine a, depuis plusieurs
années, considérablement gagné du terrain dans les échanges avec l'État et les
entreprises maliennes. Les pays ouest-africains détiennent en effet de fortes attaches
avec Pékin. Au Mali par exemple, c'est en 1964, grâce à la visite du premier ministre
chinois Zhou Enlaï, sous la présidence de Modibo Keïta, que s'amorce la coopération
si no-malienne (Pierre Kakou, 2004). Depuis, de nombreuses entreprises chinoises se
sont implantées au Mali dans des domaines aussi divers et variés que la cogestion, la
participation au capital de sociétés mixtes, l'agriculture, l'industrie, les travaux
publics, etc.
Dans son article portant sur la coopération Mali-Chine, Pierre Kakou, nous apprend
également que de juin 1996 à décembre 2003, le Mali a pu bénéficier de multiples
dons provenant de la Chine, s'élevant à une valeur d'environ 61 milliards de FCF A.
Ces prêts ont été octroyés à des conditions particulièrement avantageuses pour le Mali
puisqu'ils étaient sans intérêts et conjointement à cela, 37 milliards de dollars de dette
ont été annulées depuis la tenue du forum. De ce fait, comme on peut l'observer, la
Chine constitue à l'heure actuelle l'un des 1ers partenaires économiques du Mali.
En 2000, la Chine occupait la 37 ième position dans le commerce extérieur du Mali
alors qu'en 2005 elle remontait jusqu'à la 4ième position. L'arrivée au pouvoir du
président Amadou Toumani Touré a en plus marqué une nouvelle étape dans
l'intensification des échanges entre les 2 pays. Le président malien a d'ailleurs
effectué de nombreuses visites officielles en RPC pour souligner et réaffirmer le
soutien inconditionnel du Mali à une Chine « unie et indivisible ». En février dernier,
le président Hu Jin Tao a également effectué une tournée dans la sous-région qui a été
marquée au Mali par la signature d'un certain nombre d'accords préférentiels et la
pose de la 1ère pierre du Troisième pont de Bamako sur le fleuve Niger.
29
En dépit de la recrudescence de ces échanges et des relations tissées, il est important
de signaler que la part des transactions avec l'Afrique demeure marginale à J'échelle
du commerce chinois. Ils constituent en fait 2.5% 9 du commerce extérieur de la
Chine. L'Afrique ne représente donc pas un enjeu véritablement majeur pour le bien
être économique de la Chine même si les conséquences, à la fois positives et
négatives de cette coopération restent eux très présents pour le continent africain et
ses habitants.
CEDEAO-CSAO/OCDE. Août 2006. Série économie. Atlas de l'intégration régionale en Afrique de
l'ouest. Abuja (Nigeria) - Paris (France), 20 p.
9
Deuxième partie
Revue de la littérature
Et Méthodologie
Introduction
La politique de réforme et d'ouverture aux échanges internationaux mise en œuvre
par la Chine à la fin des années 1970, sous l'impulsion du gouvernement communiste
de Deng Xiaoping, a marqué un véritable tournant dans l'histoire économique de la
nation chinoise.
En stimulant le développement de secteurs-clés de l'économie tels que les domaines
bancaire et privé, la Chine a implanté sa stratégie d'accession aux marchés mondiaux
et à la domination économique. L'internationalisation de ses échanges rejoignait ainsi
l'un des principaux objectifs de la nouvelle politique mise en œuvre par le PCC, qui
consistait à réaliser la transition d'une économie centralisée - imperméable aux
influences extérieures - vers une économie socialiste de marché. Grâce à l'ouverture
graduelle de son économie, la Chine a généré un niveau de croissance sans précédent,
passant du statut de pays en voie de développement à celui de puissance commerciale
à part entière, au même titre que les pays les plus industrialisés de la planète tels que
les États-Unis ou l'Allemagne.
En 2000, après près d'une vingtaine d'années marquées par les changements, aussi
bien économiques que sociaux, le revenu chinois par habitant s'élevait désormais à
2000 dollars US par habitant tandis que les libertés individuelles prenaient une place
plus importante dans la vie quotidienne de la population et ce en dépit du fait que la
main mise du régime demeure très présente à plusieurs aspects (censure, contrôle des
médias, etc.). Par des initiatives efficaces et soutenues, la Chine a créée la sensation
au sein de l'arène économique mondiale, suscitant de par son succès économique
ponctuée d'une croissance solide, l'intérêt des plus grands analystes économiques au
monde. Parmi les pays émergents comme l'Inde, le Mexique ou encore le Brésil, la
Chine se présente comme une « pionnière» du développement et de la réussite
économique rapide et soutenue. La Chine représente donc, et ce à plusieurs égards, un
modèle pour de nombreux pays en voie de développement.
32
Grâce à une celtaine réduction de ses barrières au commerce et à l'avènement de
nouveaux partenariats commerciaux et politiques à travers le monde, l'ouverture
internationale a permis à Pékin d'accueillir favorablement les investissements
étrangers nécessaires à sa croissance (à une économie de marché).
En raison de ses similitudes avec l'Afrique, la Chine considérée comme « l'apôtre de
la coopération Sud-Sud », a été l'une des lères à déceler le filon que représentait le
continent noir. En effet, les relations diplomatiques Chine - Afrique relèvent d'une
longue tradition puisque dès les années 1960, Pékin implante son influence dans les
pays africains. La Chine a ainsi été l'un des 1ers pays à fournir son aide aux ex­
colonies d'Afrique nouvellement indépendantes qui, à
cruellement de toutes ressources.
Dans une
l'époque manquaient
logique de « lutte contre
les
impérialismes », Ja Chine a tenu à développer très tôt ses relations commerciales avec
l'Afrique, en raison notamment de la réserve non négligeable d'hydrocarbures que
constitue celle-ci. Aujourd'hui, présente au sein de nombreux pays africains, Pékin est
le premier partenaire commercial de nombre de ces nations, qui en raison de leur
niveau de développement précaire, sont très friandes de produits et services bon
marché.
En Afrique subsaharienne et au Mali en particulier, l'activité chinoise prend de plus
en plus d'ampleur à divers niveaux de l'économie. Plus que jamais, la coopération
si no-africaine a tendance à se réaffirmer, comme le symbolise la visite récente du
président Hu Jin Tao au Mali et au Sénégal.
Dans cette deuxième partie de l'étude, la revue de la littérature nous permettra
d'aborder et d'examiner l'évolution des politiques de commerce chinoises de même
que les liens l'unissant à l'Afrique, à travers la littérature portant sur le sujet. Nous
nous attacherons également à étudier le Mali plus en détail pour comprendre les
spécificités de son économie et identifier les moteurs de la coopération sino-malienne.
Pourquoi le Mali a-t-il autant besoin de J'aide chinoise? Quels sont les secteurs clés
qui sont concernés par cette coopération? Comment cette coopération sino-malienne
est-elle susceptible d'évoluer dans les années à venir? En passant en revue les
différentes sources existant sur le sujet, les sections et pages suivantes permettront de
33
répondre efficacement à un certain nombre de questions qui peuvent se poser dans le
cadre de cette étude.
Paradoxalement, même si le phénomène est relativement nouveau pour les pays
occidentaux, les ouvrages et les articles abordant la coopération Chine - Afrique
abondent au sein des pays tels que le Mali ou le Sénégal, vivant la situation à l'heure
actuelle. De nombreux auteurs comme Adama Gaye
du Sénégal (Le Dragon et
l'Autruche, 2008) qui a publié un livre abordant les relations de pouvoir existant entre
Pékin et les pays africains, Ali Askouri du Soudan (China's investment in Sudan ... )
ou encore Roger Sokorobi Afri de la Côte d'Ivoire, se sont penchés sur la question
afin de mettre en exergue les enjeux actuels liés aux échanges entre la Chine et les
nations africaines. Grâce à la pertinence de leurs œuvres, ces auteurs, certains
journalistes, d'autres diplomates ou analystes, permettent de mettre en lumière une
certaine perspective africaine qui a souvent tendance à être négligé au profit des
opinions occidentales sur le phénomène. Ils apportent un regard nouveau sur les
avantages et les inconvénients liés au commerce si no-africain, d'un point de vue
crucial, celui propre aux individus évoluant au cœur de la situation.
Dans le souci de comprendre les divers aspects qui sous-tendent cette tendance et de
saisir tous les points de vue existant sur le sujet, il est donc important de ne pas
négliger cette importante source d'informations que sont les bases de données
africaines. Plutôt que de réaliser le résumé linéaire de chaque ouvrage ou article, nous
axerons davantage notre analyse sur les différentes présentations qui sont faites de
l'œuvre chinoise en Afrique, afin d'explorer tous les volets pertinents à notre étude.
Aussi, dans un premier temps, nous réaliserons une présentation générale et succincte
de la Chine à travers ses différentes caractéristiques socio-économiques puis, dans un
second temps, nous étudierons son économie et la politique d'ouverture à l'origine de
sa croissance phénoménale. Enfin, nous présenterons le Mali et verrons l'évolution de
ses échanges avec la Chine depuis les années 1980.
CHAPITRE III
Revue de la littérature ­
Évolution des économies chinoise et malienne
La Chine
3.1 Présentation de la Chine
Avec une popu lation d' 1.3
milliards d'habitants et un
territoire d'une superficie de
9 596 960 km 2, la Chine, en
plus d'être le pays le plus
peuplé au monde, constitue
également le
~/
4ième
pays le
plus large après la Russie, le
Canada et les États-Unis 1o .
À elle seule, la Chine englobe donc 20.7% de la population mondiale et représente,
avec une densité moyenne de 133 habitants par km 2 , le plus important foyer de
population de la planète ll . Située en Extrême Orient, la Chine est entourée par des
pays tels que la Corée du nord, l'Afghanistan à l'ouest ou encore ['Inde au sud. Grâce
à l'envergure de son territoire, à l'ampleur de sa population mais aussi à sa force en
tant que grande civilisation millénaire, la Chine a toujours occupé une place centrale
en Asie orientale.
\0 CIA, The Word Factbook. 2009. East & Southeast Asia : China (Geography),
htlps://www.cia.gov/librar /publ i cations/the-worlJ- factbook/geos/ch.htm 1.
Il Présidence de la république du Mali. Archives, hup://www.koulouba.pr.ml.
35
Aujourd'hui, après une histoire fort mouvementée, le pays compte 23 provinces, 5
régions (Guangxi, Nei Mongol, Ningxia, Xinjiang Uygur et Xizang (Tibet)) et 4
municipalités, soient Chongqing, Shanghai, Tianjin et enfin Beijing, la capitale l2 .
D'après les données du CIA Factbook 2009, la Chine est un pays qui possède un sous­
sol riche en ressources de tous genres: la Chine exploite entre autres du charbon, du
fer, du pétrole, du mercure et plus récemment du gaz naturel. En outre, l'écosystème
local varie beaucoup selon les régions. L'agriculture du blé domine le nord du pays
tandis que le sud est plutôt consacré à la culture du riz. À elle seule, la forêt constitue
13% du territoire tandis que la steppe et la prairie se partagent le reste. Les terres
arables occupent quant à elle, la partie australe du pays.
Comme de nombreuses sources semblent désormais le signifier, la recrudescence des
activités humaines, résultat du développement du pays, fait en sorte que la Chine
souffre aujourd'hui de plusieurs enjeux écologiques et environnementaux. Les
autorités chinoises s'accordent elles-mêmes pour dire que la pollution de l'air ­
conséquence de l'usage abusif du charbon- les pluies acides; la pénurie d'eau
potable; la pollution des nappes phréatiques ainsi que la déforestation et la
destruction des terres agricoles; constituent les principaux enjeux qui devront faire
l'objet de mesures sérieuses durant les années à venir.
Les récentes catastrophes écologiques survenues dans plusieurs régions, tel que le
tremblement de Terre d'une intensité de 7.9 sur J'échelle de Richter qui a eu lieu dans
la province du Sichuan en mai 2008 et qui a fait plus de 12000 morts 13, sont une
parfaite illustration des aléas naturels auxquels le pays doit parfois faire face. Pour
CI A, The Word Factbook, 2009. East & Southeast Asia : China (Geography),
https://ww\\'.cia.l!.ov/librarv/publicHtions/the-world-Jàctbook/ueoslch.html,
12
13 Lantier, Alex. 200S. « Tremblement de terre en Chine: lourd bilan des victimes et grandes
conséquences économiques », Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI),
htlp://www .wsws.orll/rrancaislNews/200S/maiOS/seis-m 17.shtml.
36
illustrer la rudesse du climat chinois, on dénombre par exemple près de 5 typhons par
an sur les côtes sud et est du paysl4.
Malgré son déclin au 19 ième et au début du 20 ième siècle, la Chine a longtemps régné en
civilisation souveraine et avant-gardiste à l'échelle mondiale, dominant allègrement
les arts et la science. En effet, la Chine est à l'origine de nombreuses inventions qui
ont révolutionné notre façon d'envisager le quotidien et qui sont encore largement
utilisées de nos jours. Parmi ces avancés technologiques, on notera par exemple le
papier et l'imprimerie - le plus ancien livre d'imprimerie, le «sûtra du diamant»
datant de 868 ap J-C- ; la boussole - déjà employé par les chinois au Il ième siècle ap
J-C- ; la poudre et les armes à feu -dont l'invention par les chinois fut à l'origine de
l'art de la guerre moderne comme nous la connaissons aujourd'hui- ; le sismographe
ou encore les allumettes l5 .
La Chine fut donc pendant très longtemps un royaume flamboyant d'innovations et de
grandeur artistique. Déjà durant la dynastie QIN I6 , au IVème siècle (de 221 à 207 av.
J. -C.), ['unification du pays, les réformes politiques et les grandes constructions
architecturales occupaient une place prépondérante dans la pensée stratégique
chinoise. L'empereur QIN fut d'ailleurs à l'origine de la construction de la toute
première Grande Muraille de Chine, entreprise qui infligea d'ailleurs beaucoup de
souffrance aux sujets de l'empire et dont l'histoire fascine encore aujourd'hui des
milliers de chercheurs à travers le monde.
CI A, The Word Factbook. 2009. East & Southeast Asia : China (Geography),
https:1Iwww.cia.gov/librarv/publications/the-world-tilctbook/Qcos/ch.html.
1.
15 Chinelnformations.com. 2008. « Inventions chinoises», http://www.chine­
in formations.com/guide/inventions-chinoises_154.html.
"Qin, dynastie" EncycJopédie Microsoft® Encarta® en ligne 2009, http://fr.encarta.msn.com ©
1997-2009 Microsoft Corporation.
16
37
3.2 Le système politique chinois
Ainsi, après des millénaires d'une histoire politique agitée, la Chine est aujourd'hui
un État communiste, héritage d'une certaine tradition séculaire liée à l'impérialisme.
En effet, depuis le 1er octobre 1949, le PCC est considéré comme le parti unique en
Chine, malgré la présence de 8 autres partis dont les pouvoirs et l'influence sont tout
de même très limités. Le système politique chinois est donc très particulier et en
contraste avec les systèmes multipartites ou bipartites que l'on peut retrouver dans les
pays occidentaux. Comme l'explique le magazine Chinafrique (novembre 2007, vol
2, no 11), le système chinois se caractérise avant tout par une coopération entre les
divers partis et un mécanisme de consultation politique, dirigés par le PCc. C'est un
mode de fonctionnement qui est en place depuis la fondation du PCC en 1949 et qui
ne cesse de se développer depuis la 3ième session plénière du Comité central issu du
Xlème Congrès du Parti Communiste. Par ailleurs, plutôt que de se rassembler et de
former une opposition, ces 8 partis démocrates forment une alliance avec le Parti
Communiste et collaborent ensemble à la gestion des affaires d'État. Toujours selon
le magazine Chineafrique, les principes fondamentaux édictant les rapp0l1s entre le
PCC et les partis minoritaires peuvent se définir comme:
« Une coexistence à long terme, un contrôle mutuel, une collaboration franche
et un partage des honneurs et déshonneurs ».
Très axé sur le respect de la constitution, le PCC se charge quant à lui, à travers
l'adoption fréquente d'initiatives politiques et idéologiques, d'assurer la défense des
intérêts des différentes ethnies constituant le peuple chinois ainsi que la promotion de
la « cause sociale» du pays. Avec près de 70 millions de membres en 2006 17 , le Parti
Communiste Chinois est considéré comme le parti le plus vaste au monde et dirige la
politique de la Chine à tous les niveaux de la structure sociale.
Comme ont pu l'illustrer les évènements récents survenus en Chine et dans plusieurs
villes mondiales (manifestations contre les jeux olympiques, entrée de Yahoo sur le
marché chinois, propagande, censure), la PCC détient encore beaucoup de contrôle
17
•
Novembre 2007. « Le système de parti en Chine ». Magazine Chinafrique, vol 2, no 1J.
38
sur la vie des chinois et sur les informations qui sont véhiculées par les médias du
pays.
En effet, l'évolution actuelle du parti, de son mode de fonctionnement et des
politiques chinoises, résulte tout comme l'histoire du pays, d'un parcours
particulièrement mouvementé. Nombreux sont les ères et les dirigeants qui se sont
succédés à la tête du parti, adoptant des mesures parfois radicales pour s'accaparer du
pouvoir et diriger l'État. C'est ainsi qu'en 1966 18 se met en place la grande révolution
culturelle, instigué par Mao, qui avait alors perdu de l'influence au sein de l'arène
politique et économique. Ce dernier, éclipsé de la présidence par Uû Shàoqi et donc
en marge de l'administration économique du pays, décide de lancer une révolution et
d'user du poids de la jeunesse pour se hisser à nouveau au sommet de l'État. S'en
suivent alors 3 années d'une véritable propagande rythmée entre autres par une
mobilisation massive de la jeunesse, à travers la création du groupe des « Gardes
rouges». Formé de jeunes chinois, les gardes rouges ont constitué le cœur de la
révolution et du culte de Mao, s'inspirant des enseignements contenus dans le Livre
Rouge de Mao pour conduire leurs activités. Aussi, les gardes rouges mènent-ils
d'une main de fer l'œuvre de Mao en se chargeant de persécuter et d'humilier les
« révisionnistes», les élites intellectuelles, les artistes et autres responsables
politiques. De ce fait, ils remettent en cause toute forme de hiérarchie, notamment au
sein du PCC duquel ils veulent éliminer la bureaucratie et la présence des partisans
à la réforme. Dans le domaine culturel, la révolution consistera surtout en une volonté
d'étouffer
les valeurs traditionnelles chinoises
(tels que
les
principes du
Confucianisme, la destruction d'un grand nombre de temples et figurines bouddhistes,
etc.) ainsi que les valeurs occidentales considérées comme nuisibles à la société.
Toutes ces mesures en opposition à ['éducation et à la culture, ont permis à Mao de
retrouver sa place à la tête de l'État.
Toutefois, achevée en 1976 selon les historiens chinois, la révolution culturelle se sera
avérée particulièrement dévastatrice pour la Chine, puisqu'elle a engendré près de 1
millions de morts. À la mort de Mao la même année, les politiques instaurées depuis
18
Terra Nova. Avril 2006. « La révolution culturelle en Chine », dinosoria.com.
39
le Grand Bond en avant de 1958 19 , ont laissé la Chine dans un certain état de
stagnation économique se manifestant par une économie centralisée et complètement
absente des marchés mondiaux. L'accession au pouvoir de Deng Xioaping, « leader
des réformistes» marquera par conséquent l'avènement d'une ère de mutations pour
la Chine, et ce à plusieurs égards: l'emphase est désormais mise sur la nécessité
d'éduquer le peuple, de demeurer fidèle aux valeurs culturelles prescrites et surtout de
faire en sorte que l'économie chinoise accède à un renouveau de croissance. C'est
dans cette logique que la Chine décide de lancer sa politique de réforme économique
et d'amorcer son ouverture à l'international.
3.3 Évolution de l'économie chinoise à travers la politique de réforme des années
1970
3. 3.1 Les avantages théoriques de l'intégration financière
Au regard des changements observés dans l'évolution de l'économie chinoise, on peut
affirmer qu'au terme de sa politique de réforme et d'ouverture, la Chine a réussi à
libéraliser avec succès son compte de capital. Selon la revue Finance &
Développement (Mars 2007), une publication trimestrielle du FMI, en assouplissant
notamment les restrictions aux mouvements de capitaux et aux flux de transactions
internationaux, la Chine a réussi à stimuler sa croissance et à lisser la consommation.
En effet, en prenant diverses mesures, judicieusement choisies, la Chine a réorienté
son économie aussi bien aux niveaux domestique qu'international et a bénéficié des
effets combinés de ses nouvelles orientations. Ainsi, en théorie, la libéralisation du
compte de capital a pour conséquence une intensification des retombées positives sur
la croissance ainsi qu'une réduction de la propension aux crises économiques.
L'intégration commerciale permet pour sa part la diminution des risques de crises
pouvant résulter de l'ouverture aux marchés financiers, la baisse des coûts et par là
19
Terra Nova. Avril 2006. « La révolution culturelle en Chine », dinosoria.com
40
même une amélioration du rapport « coûts-avantages ». Enfin, avec le développement
du secteur financier, il se produit une forte stimulation de la croissance grâce aux
entrées de capitaux.
Le graphique suivant, tiré et adapté de la revue F&D (mars 2007) du FMI, résume
bien les bénéfices de l'intégration financière en comparaison aux voies traditionnelles
de développement,
tels que ressentie par la Chine à plusieurs niveaux de son
économie.
Figure 7 : Les avantages de l'intégration financière
- Allocation internationale
plus efficace des capitaux
- Hausse du ratio
Capital/Travail
'------>
- Partage international des
risques
Voies traditionnelles
Avalltages collatéraux
Développement du marché financier
Développement des institutions
- Meilleure gouvernance
- Discipline macroéconomique
Source' Adaptée du graph. 3 p 12 de Finance&Development (mars 2007), FMI
41
Avec son niveau de croissance sans précédent, la Chine rend obsolète les théories
affirmant que les pays émergents ne peuvent bénéficier de tous les avantages liés à
l'intégration financière. Depuis son ouverture, la Chine multiplie les initiatives pour
développer ses secteurs bancaire et financier et profite des bienfaits de cette stratégie.
Un brève rétrospective des tenants et aboutissants de la politique de réforme
entreprise à la fin des années 1970, nous permettra dans un premier temps de mieux
comprendre le fonctionnement de l'économie chinoise et dans un second temps, de
saisir toute l'importance de cette initiative dans la réussite actuelle de la Chine.
3. 3. 2 La politique de réforme (1978)
Comme nous l'apprend Yin Wenquan dans son ouvrage intitulé « La vOIe de
développement de la Chine et la mondialisation» (2007), c'est lors de la 3ième session
plénière du comité central tenue durant le XI Congrès du PCC en 1978, que la
réforme de l'économie chinoise a été décidée. Deng Xiaoping, alors secrétaire général
du Parti, prend conjointement, avec les autres leaders du pays, la décision stratégique
de « concentrer tout le travail sur l'édification économique et sur la réforme du
système économique
»20.
Cette nouvelle orientation constituait un pas en avant pour
l'économie fermée de la Chine.
Avant cette réunion historique du Parti, l'économie était entièrement planifiée par
l'État et se caractérisait par (Wenquan, 2007) :
20
•
Une répartition des ressources dirigée par les institutions étatiques
•
Un contrôle direct des entreprises par l'Etat
•
Le principe de « gestion en nature»
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine et la mondialisation. Chine, 65 p.
42
•
Le gouvernement assurait la gestion exclusive des biens publics dont il
détenait logiquement la propriété
Grâce à ce système, l'Etat chinois chapeautait à la fois les activités
macroéconomiques et les activités microéconomiques.
En dépit de ces
désavantages, cette gestion centralisée, instaurée par [e régime autocratique de
Mao Zedong, a joué un rôle prépondérant dans « la mobilisation ainsi que dans la
concentration des ressources et la formation rapide d'une base industrialisée
indépendante et assez complète» (Wenquan, 2007).
Toutefois, ce régime n'arrivait pas à résoudre les problèmes alimentaires du pays
et avec les mutations survenues dans le paysage économique mondial ainsi que
['ouverture des frontières au commerce, le système chinois hautement centralisé
n'a pu s'adapter à l'augmentation des besoins et des facteurs de production.
Cette inadaptation a ainsi contribué pendant quelques temps au ralentissement de
l'économie et au manque de développement chinois. fi y avait donc une certaine
déficience des forces de production et le niveau de vie de la population demeurait
très bas, entraînant le retard du pays dans son ensemble.
À la lumière de ces éléments, la réforme avait clairement pour objectif de
redynamiser cette économie chancelante, en orientant celle-ci vers les forces de
marché et l'accès aux échanges internationaux. La réforme a surtout touché six
principaux domaines:
1. Le système économique dans les régions rurales:
Les zones rurales chinoises ont été les premières à bénéficier de la réforme au
niveau de leur mode de fonctionnement économique et donc de l'exploitation
des terres agricoles. En décembre 1978 21 , l'État a concédé le pouvoir aux
cantons, aux bourgs et au comité de villageois au sein de ces régions rurales.
21
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine et la mondialisation Chine, 65 p.
43
Ces changements signent alors le déclin de l'agriculture et la création du
système de double exploitation rurale.
2. La réforme des entreprises d'État
Cette mesure constitue un aspect majeur de la réforme car avant celle-ci les
entreprises publiques dominaient plus de 80%
22
du volume de ventes
industrielles. Désormais, la politique chinoise visait à accorder davantage
d'autonomie aux opérateurs économiques, autrement dit à « donner le pouvoir
de décision aux entreprises et à leur laisser plus de profits ».
3. La réforme du système d'investissement
Grâce à la réforme de son système d'investissement, la Chine a entrepris
d'ouvrir ses frontières et d'accueillir un plus grand nombre de flux de
transactions, d'IDE et d'échanges en général. A la fin des années 1970, le
gouvernement chinois a élaboré un celtain nombre de mesures préférentielles
afin d'attirer l'investissement étranger. Comme on peut l'imaginer ces
initiatives ont fortement contribué à accroitre ce type d'investissement au sein
du pays: d'après l'ouvrage de Mr Wenquan, entre 1979 et 2005, on a recensé
près de 552 942 projets d'investissement étranger en Chine, ayant générés un
total de 1285, 67 milliards de dollars US en masse monétaire. De par son fort
potentiel d'attraction, la Chine se place depuis 1993 au 1er rang des pays en
développement en ce qui a trait à l'introduction de capitaux issus
d'investissements direct étrangers. En 2002, fort de sa notoriété en tant que
véritable « hot spot» pour les investisseurs, la Chine supplante même les
Etats-Unis qui jouissait jusque là de la 1ère place en tant que pays d'accueil
d'IDE dans le monde.
22
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine el la mondialisation. Chine, 65 p.
44
Parallèlement aux investissements effectués sur son territoire domestique, la
Chine et les entreprises chinoises ont également été très présentes à
l'international puisqu'en fin 2007, on comptait 7000 sociétés chinoises
exerçant des activités dans 173 pays et régions du monde, soit un flux total de
118 milliards de dollars US 23 .
4. La réforme du système financier et fiscal
La
nouvelle
logique
d'autonomie
aux
entreprises
a
beaucoup
considérablement contribué à l'accomplissement de cet aspect de la politique
de réforme. Afin de se lancer plus efficacement dans la course vers la
croissance, le gouvernement chinois a stimulé le développement des secteurs
non étatiques et a par exemple beaucoup œuvré en faveur de la création et de
la réussite des « stock markets ». De plus, après avoir longtemps maintenu une
monnaie suivant les fluctuations exactes du dollars US, la Chine réévalue son
Yuan à 2.1 %24 en juillet 2005 et crée ainsi un nouveau système monétaire
fonctionnant selon un panier de monnaies, utilisé comme référence. Un certain
nombre de mesures de cet acabit auront donc contribué à développer le
paysage financier et fiscal de la Chine, favorisant par exemple l'apparition de
bourses dans les villes de Shenzhen et de Shanghai, conjointement à la mise en
place de nouvelles institutions financières.
5. La réforme du système bancaire
Malgré les évolutions relativement lentes qu'enregistre ce secteur, l'État
chinois a quand même réussi à échafauder un réseau diversifié de banques
depuis la fin des années 1970. Préalablement à la réforme économique, la
23
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine et la mondialisation. Chine, 65 p.
CI A, The Word Factbook. 2009. East & Southeasl Asia : China (Economy),
htlps://WW\\' •ci a. (LU V /1 i brarv/pli bl i cations/lhe-worl d- faclbook! [l.eos/ch. htm1
24
45
Banque populaire de Chine était l'unique institution bancaire ayant le droit et
la capacité d'exercer des activités en Chine. En effet, la Banque populaire
détenait le statut de banque centrale et chapeautait l'intégralité des opérations
de prêts et de dépôts. Les mutations instaurées par le gouvernement de Deng
Xiaoping ont ainsi permis de mettre en place un système bancaire national
fondé sur la présence de banques spécialisées. Pour chaque grand poste
économique, il existait une banque chargée de s'occuper spécifiquement des
affaires bancaires concernant ce domaine particulier. Initialement, on avait
donc la Banque Centrale, la Banque Industrielle et Commerciale de Chine, la
Banque de Construction de Chine, la Banque de Chine, la Banque Agricole de
Chine et la Banque des Communications de Chine 25 . C'est seulement en
1986, après des décennies d'absence, que les banques commerciales feront
leur première apparition (C!TrC, China Everbright Bank, etc.). Dans ce
contexte, les banques chinoises bénéficieront surtout de
deux rôles
principaux, ceux de réguler et de superviser l'activité bancaire et de contribuer
par la même à la croissance de l'économie nationale.
6. La réforme du commerce extérieure et des devises étrangères
Cet aspect de la politique avait avant tout pour objectif de décentraliser la
gestion du commerce extérieur et des devises étrangères. Elle a permis à la
Chine de s'intégrer à l'économie mondiale et d'ouvrir son économie aux
échanges commerciaux grâce à une collaboration avec un plus grand nombre
de partenaires situés partout à travers le monde.
En somme, par l'intermédiaire d'un certain nombre de nouvelles orientations, la
politique visée à la fin de la décennie 1970, a boosté la croissance chinoise. Depuis
1978, la restructuration a de ce fait engendré une forte augmentation du PIB de la
25
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine et/a mondialisation. Chine, 65 p.
46
Chine, comme nous l'avons précédemment constaté. Ainsi, entre 1980 et 2005 26 , le
PIB de la Chine est passé de 451.78 milliards de Yuan à 18 232.1 milliards de Yuan,
avec un rythme de croissance annuel moyen de 9.54%. En 2008, sur la base de la ppp
(parité des pouvoirs d'achat), la Chine constitue la
2ième27
économie du monde derrière
les États-Unis, et ce en dépit des revenus assez moyens d'une grande partie de sa
population. Le schéma suivant illustre l'évolution du PIB selon les différents secteurs
économiques sur la période 1978-2005 :
Figure 8 : PIB de la Chine selon les secteurs (milliards de Yuans)
PIB de la Chine (en milliards de Yuans)
20000
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
o
00
~
~
ri
m
~
~
ri
0
00
~
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--PIB
ri
00
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00
~
ri
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ri
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00
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~
~
~
~
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ri
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ro ro ro
ri
ri
--Secteur Primaire
00
00
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ri
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00
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ri
0
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ri
ri
~
~
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ri
M
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ri
--Secteur Secondaire
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00
fi
fi
fi
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ri
ri
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m
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~
ri
0
0
0
N
ri
0
0
N
N
0
0
N
M ~ ~
000
000
N
N
N
--Secteur Tertiaire
Source: Réalisé à partir du graphique 2 p. 37 de l'ouvrage de Yin Wenquan intitulé « La
voie de développement de la Chine et la mondialisation 1/
26
Wenquan, Yin. 2007. La voie de développement de la Chine et la mondialisation. Chine, 65 p.
CIA, The Word Factbook. 2009. East & Southeast Asia : China (Economy),
hltPs://www.cia.!!ov/librarv/publications/the-world-factbook/geos/ch.html
27
47
Comme on peut l'observer à partir du schéma, en dehors de l'évolution du PŒ
global, celui du secteur tertiaire a connu la plus forte hausse au fil des années au
niveau des différents secteurs. Ainsi, à moins de 2 000 milliards de Yuans à la fin
1970, Je PŒ généré par les activités du secteur tertiaire s'élevait désormais à plus de 8
000 milliards de Yuans en 2005. Ce secteur de l'économie a donc enregistré une
croissance solide, surtout à partir de la fin des années 1980. Cette hausse peut
justement être due à la politique du gouvernement d'accorder plus d'autonomie aux
entreprises afin que celles-ci puissent développer des services lucratifs, de stimuler la
concurrence entre ces divers acteurs économiques et de promouvoir en général la
croissance des secteurs non étatiques. Ainsi, après un départ assez lent dans les débuts
de la restructuration, le graphique nous montre que la Chine a su remonter peu à peu
la pente du développement dans plusieurs domaines de son économie, pour finalement
atteindre un très bon niveau de performance depuis la fin du XXème siècle.
Grâce à la promotion d'une nouvelle politique économique, la Chine a mis en place
un système hybride, à mi-chemin entre le socialisme pur prôné par le marxisme,
léninisme et Je capitalisme de marché. La naissance du socialisme de marché a
favorisé une mutation favorable des conditions économiques et commerciales, aussi
bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du territoire chinois. D'ailleurs, Yin Wenquan
l'affirme lui-même, « l'ouverture mène au développement et permet de pousser
l'émancipation idéologique, la réforme et l'innovation, de rééquilibrer les éléments
économiques à J'intérieur du pays, et d'élever l'efficacité de la répartition et de
l'utilisation des ressources, et la compétitivité du secteur industriel ».
3.4 L'accession de la Chine à l'ÛMC et son ouverture au commerce
international
L'adhésion de la Chine à l'üMC le Il décembre 2001 marque un tournant majeur
dans le cadre de la politique de commerce extérieure du pays. En effet, après de
nombreuses années de tergiversations, l'entrée de la Chine dans l'üMC constitue une
48
mutation fondamentale dans la stratégie chinoise, soulignant le renforcement de
l'ouverture et de l'intégration internationale, en plus de la naissance de nouve.lles
occasions d'affaires. Comme l'affirment les auteurs Sara Yang Bosco et Pau 1 Kenzie
(associés Perkins Coie LLP - Hong Kong) dans leur texte sur l'accession de la
Chine aux rangs du club commercial, cette initiative représente
« un changement
qualitatif d'une ampleur inégalée depuis que la Chine a décidé d'ouvrir ses portes
à l'investissement direct étranger, à la fin de la décennie 1970 ».
Ainsi, en se joignant à l'OMC, la Chine a encore une fois prouvé à tous sa volonté de
changer les choses, à plusieurs niveaux:
Sur le plan économique:
En adhérant à l'OMC, la Chine s'est engagée à réduire voire à éliminer les pratiques
de double fixation des prix qui étaient en vigueur depuis l'avènement de son système
économique. De plus, dans le cadre des négociations, la Chine a également consenti à
adopter des mesures visant à accorder les privilèges et traitements dont jouissent les
entreprises nationales aux compagnies étrangères et aux sociétés à capitaux étrangers
présentes en Chine. Ce faisant, la Chine a donc décidé de démontrer une attitude
différente, plus clémente face à J'investissement étranger et à assouplir ses
règlementations locales envers les entreprises non domestiques.
Conformément à l'échéancier mis en place par l'OMC dans son protocole
d'accession, les barrières commerciales diminueront progressivement en Chine pour
permettre aux différentes communautés économiques de commercer plus aisément
avec la RPc. Toutefois, ces nouveautés ne concernent pas uniquement le secteur
commercial mais touchent aussi le domaine bancaire puisqu'il a été établi que dans
les 5 ans suivant l'accession de la Chine à l'OMC, les banques étrangères auront la
possibilité de poursuivre les mêmes activités en devises étrangères et nationales que
leurs confrères de la RPc. Dès 2003, ces banques extérieures bénéficieraient du droit
de faire des affaires en devise locale avec les entreprises chinoises. Les compagnies
49
étrangères pourraient par exemple détenir jusqu'à 49%28 de certaines activités de la
branche Télécommunications en Chine et les produits en lien avec les TIC seraient
quant à eux exemptés de taxes douanières lors de leur entrée sur le sol chinois. Les
avocats et experts-comptables étrangers profiteraient eux aussi d'un assouplissement
positif quand à la quantité et à la localisation de leurs bureaux dans le pays.
En plus d'avoir signé un accord bilatéral avec les États-Unis, la Chine s'est engagée
dès 200 J, à respecter les clauses de l'Accord de f'OMC sur les mesures concernant
les investissements et liées au commerce (accord sur les MIC) qui défendent l'usage
des différents types de barrières non tarifaires au commerce, plus spécifiquement les
BNT ou les MNT tels que définis par la nomenclature de l'OMe.
Ces quelques exemples de mesures illustrent donc la profonde libéraIisation que
devait apporter l'adhésion à \'OMe. Celle-ci a même rendu des lois et des règles
jusque là largement appliquées en Chine complètement incompatibles avec les
dispositions prévues par l'OMe. Le défi pour la Chine actuelle est par conséquent de
ne pas succomber à la tentation de vouloir passer les réglementations de l'OMC sous
silence, au profit des anciennes pratiques et de respecter le protocole de sauvegarde la
reliant au club commercial pendant les 12 premières années de son accession.
Sur le plan politiq ue :
Pour la Chine, ['entrée à l'OMe ne constitue pas uniquement une manière de nouer
des partenariats favorables à la croissance de son commerce, mais c'est également,
comme l'affirme Michael Furse9 , directeur de la Chambre Américaine de Commerce,
« une déclaration politique et un engagement de la part du groupe de direction
Furst, Michael. 2001. L'accession de la Chine à l'OMC (compilations de textes portant sur la Chine
après son accession à l'OMC), 65 p.
28
29 Furst, Michael. 2001. L'accession de la Chine à l'OMC (compilations de textes portant sur la Chine
après son accession à l'OMC), 65 p.
50
chinois, à l'effet que l'actuelle politique de réforme et d'ouverture se poursuivra et
s'approfondira ». Etant donné le profond changement et la grande innovation que
représente l'accession à l'üMC dans la pensée et la politique chinoise, le
gouvernement considère cet évènement comme un véritable « monument à son
leadership ».
En outre, pour les réformateurs du régime en faveur d'une stratégie d'ouverture plus
appuyée, l'üMC sera un mécanisme qui permettra de résoudre les grands enjeux du
moment tels que la montée de la corruption, la croissance du chômage ou encore la
stagnation de la demande intérieure, en plus de briser les dernières objections aux
changements positifs présentes au sein du partie. De par son recours à des règles
d'application strictes, l'üMC sera peut être le tremplin vers une économie de marché
chinoise davantage axée sur le respect de la règle de droit, la transparence du
processus gouvernemental, la responsabilité, le traitement national envers les
entreprises étrangères en conformité avec les dispositions internationales, etc. Les
hauts standards qu'exigent les mécanismes de l'üMC serviront alors de justifications
aux réformateurs pour faire approuver leurs changements.
Par ailleurs, le fait même d'adhérer à l'üMC permet à la Chine de pouvoir redorer son
blason auprès de l'opinion internationale et de montrer sa volonté accrue de
formaliser plus avant ses réformes, car elle fait déjà partie de plusieurs organisations
internationales comme les Nations Unies, la Banque Mondiale ou encore le FMI.
Sur le plan diplomatique:
À ce niveau, la signature d'un accord de commerce bilatéral entre la Chine et les
États-Unis a constitué un catalyseur vers la résolution permanente des griefs
commerciaux entre les 2 nations. Ce faisant, l'üMC a permis d'éliminer une entrave
de plus à l'assouplissement des relations entre les deux géants et d'atténuer le
gaspillage mutuel des ressources auquel donnait lieu les tiraillements. Avec la
51
libéralisation des conditions de faire affaire en Chine, la communauté américaine
jouira par conséquent d'une plus grande liberté pour effectuer des investissements
fructueux en Chine, l'incertitude étant désormais reléguée au second plan. En somme,
cette initiative d'adhésion à l'OMC a symbolisé un pas essentiel vers l'intégration de
la Chine au processus complexe de mondialisation économique et géopolitique.
Sur le plan culturel:
Pour la Chine, l'année 2001 a réellement constitué une année-phare. Globalement,
beaucoup d'évènements tels que l'accession de l'équipe nationale chinoise aux
éliminatoires de la Coupe du Monde, l'octroi à la ville de Beijing du mandat
d'organisation des Jeux Olympiques et l'adhésion du pays à l'OMC en fin d'année,
ont permis de réaliser le vœu d' « entrée dans le monde» du gouvernement chinois.
Au regard de ces accomplissements à saveur internationale, Je peuple chinois a réalisé
avec euphorie que la Chine entrait dans une nouvelle étape de son histoire et qu'elle
ne se plaçait plus en marge des manifestations mondiales.
Ainsi, à la lumière de toutes ces mutations, la participation de la Chine à l'OMC
souligne véritablement une nouvelle ère de coopération pour Pékin. La Chine a donc
toutes les cartes en main pour faire partie intégrante du commerce extérieur mondial,
s'impliquer dans les relations internationales et instaurer une coopération « gagnant­
gagnant» avec ses partenaires commerciaux. Pour achever ces derniers, il faudra
qu'elle réussisse toutefois à répondre promptement aux exigences de l'OMC et à
établir une compréhension mutuelle avec ses collaborateurs et à poursuivre le
relâchement de ses politiques restrictives. On peut donc imaginer de façon réaliste,
qu'avec le manque de transparence qui caractérise parfois les procédures chinoises,
les premières années au sein de !'OMC ne seront pas vraiment de tout repos pour la
Chine et son gouvernement. Quoiqu'il en soit, l'OMC permettra très certainement
d'accélérer l'ouverture et de stimuler la poursuite des réformes au niveau du système
économique et légal.
52
Nous avons vu que depuis la fin des années 1970, suite à des périodes assez troubles
de son histoire, la Chine a mis en place une politique de réformes massives afin
d'introduire son économie à l'économie de marché et d'ouvrir ses frontières au
monde. L'adhésion du pays à ('üMC en décembre 2001, marquait le point culminant
de son intégration au commerce mond ial, car ainsi elle accédait à de nouvelles
occasions d'affaires et signifiait son souhait d'accueillir favorablement les IDE faites
par les entreprises étrangères sur son territoire domestique. Grâce à ces multiples
initiatives brillamment exécutées par les gouvernements successifs de Deng Xiaoping,
Jian Zemin et maintenant Hu Jin Tao, la Chine enregistre une croissance
phénoménale, comme l'illustre l'évolution de son PIB au fil des années, la plaçant de
ce fait au rang prestigieux de i
ème
économie mondiale.
Toutefois, malgré ces réussites économiques, du jamais vu dans l' histoire, la Chine
doit encore faire face et relever de nombreux défis: le gouvernement doit en effet
adopter des mesures pour assurer la croissance de J'emploi et ainsi réduire la tendance
au chômage pour des millions de migrants quittant les régions urbaines pour les villes,
lutter contre la corruption et autres crimes économiques et gérer les dommages
environnementaux générés par la transformation économique 3o .
Afin d'obtenir les ressources dont elle a besoin pour développer ses industries, la
Chine se tourne plus que jamais vers ses partenaires de longue date: les pays
africains. Depuis les années 1980, la Chine a donc intensifié ses échanges avec
l'Afrique, exportant et important activement des produits avec les régions africaines
qui soutiennent ouvertement ses diverses politiques. Le Mali, qui a toujours réaffirmé
son attachement à Pékin, constitue par conséquent le principal foyer de coopération
sino-africaine dans la région ouest-africaine et bénéficie constamment des aides du
gouvernement chinois à divers niveaux de son économie.
CI A, The Word Factbook. 2009. East & Southeast Asia : China (Economy),
htt:ps://w\vw.cia.gov/librarv/publications/the-world-factbook/geos/ch.html
30
53
La section suivante se propose donc de faire une étude du Mali dans ses principales
caractéristiques pour mieux comprendre les facteurs majeurs reliant ses intérêts à ceux
de Pékin, et vice versa.
Le Mali
3.5 Présentation du Mali
A L GIll: R 1 ~
oS
a
h
....
....... ~w....1
Fort d'une superficie de 1.241.238
km 2
31
et d'une population de
12
millions d'habitants, le Mali constitue
le plus grand pays d'Afrique de l'ouest.
Enclavé et donc marqué par l'absence
de côtes maritimes, le Mali est entouré
de 7 pays, soient l'Algérie au nord, la
Côte d'Ivoire et la Guinée au sud, le
Burkina Faso à J'est, la Mauritanie et le
Sénégal à l'ouest et enfin le Niger à
l'est. Tantôt vallonné, tantôt désertique, le Mali jouit d'une variété de paysages qui
correspond à la diversité des ethnies locales. Au sud-ouest par exemple, s'étendent le
plateau Manding, les grandes falaises du Tamboura et les plaines de la Falémé et du
Diourou, tandis qu'au nord, se succèdent les ergs du Sahara et les dunes de sables de
l'Adrar des Iforas.
En outre, même si le pays n'a pas d'accès direct à la mer, 2 fleuves prenant source
dans le massif du Fouta-Djalon en Guinée, s'y rejoignent. Il s'agit du fleuve Sénégal
d'une part et du fleuve Niger, le plus important, d'autre part. Ce dernier, long de 1700
km du coté malien (4700 km en tout) et essentiel au bon déroulement de la vie
quotidienne des populations locales, se divise en plusieurs bras: le Delta intérieur du
31
Présidence de la république du Mali. Géographie du Mali, http://w\v.koulouba.pr.ml.
54
Macina qui est inondé de septembre à décembre, le lac Débo, le lac Galado et le lac
Faguibine situé à 150 km de la ville de Tombouctou et particulièrement abondant en
poissons. Le fleuve Niger est en effet le
3ième32
plus long neuve d'Afrique et le l4 ième
au monde. Pour bon nombre de personnes, il représente ainsi une réserve de
nourriture non négligeable et donc un moyen de subsistance des plus importants au
sein des diverses communautés.
En raison du fait qu'il se trouve à la croisée des routes du méridien du désert et du
grand axe fluvial ouest-est, le Mali bénéficie d'un climat se caractérisant par 3
saisons. En tant que pays au climat tropical sec, le Mali a une saison sèche qui s'étend
de mars à juin, une saison des pluies (hivernage) des mois de juin à septembre et une
saison froide d'octobre à février, qui est d'ailleurs marquée par l'arrivée de
l'harmattan (un vent sec « desséchant
»33).
À l'image de sa civilisation séculaire, le Mali comporte une large diversité de groupes
ethniques. Comme la Chine en Asie du sud --est, l'empire du Mali a longtemps
constitué une référence en Afrique de l'ouest en termes de richesse, de commerce et
même de médecine et de sciences. Les villes légendaires de Tombouctou et de Djenné
représentaient des carrefours de connaissances pour les universitaires d'alors,
cherchant à s'instruire sur diverses pratiques considérées comme
révolutionnaires
pour l'époque.
À travers sa prolifique histoire, le Mali a véritablement constitué le berceau de
puissants empires qui ont donné naissance à une civilisation dont les traditions et
coutumes demeurent encore fortement ancrées au sein de la société actuelle.
Fondé au Il ième siècle, le grand Empire du Mali succéda à l'Empire du Ghana
(Ouagadou) dont les origines remontent elles-mêmes au 4 ième siècle. Gouverné par le
roi mythique Soundiata Keita, héros de nombreuses légendes et épopées mandingues,
32
World Meteorological Organization (WMO) - Whycos. 2009. En cours de mise en œuvre Niger­
HYCOS: système mondial d'observation du cycle hydrologique.
http://www.whycos.org/rubrique.php3?id_rubrique=67
33
Présidence de la république du Mali. Géographie du Mali, http://,,vww.koulouba.pr.ml.
55
l'empire était constitué de 30 clans distincts et jouissait d'une grande renommée au
sein de la sous-région en raison des richesses que possédaient ses souverains.
L'empire prospérait entre autres grâce à l'extraction et à l'exploitation de quantités
massives d'or, en plus de pratiquer l'agriculture et le commerce de bon nombre de
denrées alimentaires, essentiels à la survie des populations d'alors.
D'ailleurs, Ja
culture du coton et de l'arachide y était déjà particulièrement développée. Les va-et­
vient incessants des caravanes de cuivre, de sel, d'or et d'étoffes rythmaient ainsi la
vie quotidienne des marchands de l'époque et permettaient donc à l'empire d'étendre
son influence commerciale aux territoires alentours. En plus des bénéfices
économiques, ce commerce entre les villes a engendré d'importants échanges
culturels entre les civilisations, créant ainsi J'avènement d'une population « negro­
arabo-berbère» occupant aujourd'hui la partie nord du Mali - et plus spécifiquement
les villes de Tombouctou, Gao et Djenné.
Après une histoire aussi riche qu'agitée, rythmée tour à tour par l'apogée et le déclin
de souverains et d'empires successifs, le début de la période coloniale en 1850
marque un tournant majeur pour le pays. Progressivement, le Mali passe en effet sous
le contrôle absolu et exclusif de l'État français. Entre 1850 et 1956, le système féodal
qui caractérisait le système politique malien est complètement aboli, les anciens
monarques éliminés alors
que
les
institutions
françaises
(écoles,
système
administratif, bureaucratie etc.) font leur apparition dans la vie quotidienne des
populations. En 1959, suite à des années d'occupation française, on assiste à la
création de la Grande Fédération du Mali réunissant alors le Sénégal et le Soudan
français (l'actuel Mali) et ayant pour principal objectif de former une alliance efficace
afin de mener à bien le développement économique des nations nouvellement
indépendantes. Toutefois, malgré l'élan unificateur qui sous-tendait une telle
initiative, cette union entre les 2 ensembles régionaux prend fin en 1960. Le 22
septembre 1960 marque ainsi le divorce complet et total avec la puissance
colonisatrice et la proclamation officielle de l'indépendance de la République du
Mali, présidée par Modibo Keita.
56
Ayant au préalable lancé un régime socialiste calqué sur le modèle chinois, Modibo
Keita est plus tard victime d'un coup d'État fomenté par Moussa Traoré et ses
partisans du Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN). Ce dernier sera à
l'origine du monopartisme au Mali, en plus de plonger le pays dans plusieurs années
d'une dictature particulièrement oppressante pour la population. C'est seulement suite
à la révolte populaire du 26 mars 1991 que le régime de Moussa Traoré sera renversé
par Amadou Toumani Touré. Cet évènement crucial pour le pays fournira le tremplin
nécessaire vers l'adoption en août 1991 d'une nouvelle approche démocratique,
édictée lors de la Conférence Nationale. Cette conférence a en effet permis
d'instaurer des changements importants au sein de l'arène politique malienne: le
gouvernement de transition a entre autres établi le multipartisme dans le cadre du
système politique, renouvelé les libertés individuelles pour les communautés et fait en
sorte que le Mali soit aujourd'hui reconnu comme l'un des pays les plus
démocratiques de la sous-région. Depuis le 8 juin 2002, le pays est présidé par
Amadou Toumani Touré.
Même si contrairement à son partenaire la Chine, le Mali est une nation relativement
jeune, les 2 pays partagent néanmoins de nombreux points communs dans le cadre de
leur histoire respective, des éléments qui ont véritablement constitué des catalyseurs
dans le développement des liens si no-maliens. Ainsi, bien que le Mali ait finalement
opté pour la voie démocratique après des années de dictature, comme la Chine, le
pays a tout à tour connu une ère socialiste dans les années 1960, évolué sous
l'influence d'un parti unique et subi les effets de la colonisation. Ces similarités aussi
bien positives que négatives que partagent les 2 nations dans Jeur histoire les rallient
fortement et expliquent en partie le fait que les rapports entre la Chine et le Mali
remontent aux années 1960. La Chine, dans la volonté d'être un « grand frère» pour
ses compatriotes africains et de combattre J'impérialisme occidental, a fourni son aide
pour développer le pays suite à l'indépendance.
57
Aussi, malgré un passage à vide dans les années 1980, durant lequel le Mali a
accumulé un retard économique important (destruction progressive du tissu industriel,
forte baisse des exportations de produits, stagnation de la croissance, etc.) la Chine est
demeurée présente dans le pays, Pékin s'adaptant à chaque fois au système politique
de l'heure. C'est avec l'arrivée au pouvoir d'ATT (Amadou Toumani Touré) que l'on
a pu observer une reprise intense des activités diplomatiques et commerciales entre les
deux pays.
Par ailleurs, la politique de Moussa Traoré ayant fortement affaibli les instances
économiques du pays, devenues d'autant plus obsolètes depuis la colonisation, le
Mali, à l'image de la Chine, a du réaliser des changements afin de relancer la
croissance et de rattraper le retard économique provoqué par plus d'une vingtaine
d'années d'une dictature marquée par des famines multiples et des grèves étudiantes
et synd icales 34 .
3.6 L'économie du Mali
En 1992, un an après son revirement politique, le Mali a opéré des réformes non
négligeables au sein de son engrenage économique, dans le but de « libéraliser
l'économie, de réduire les déséquilibres macro-économiques et de rétablir les
conditions d'une croissance durable et soutenue de J'économie
»35.
Toutefois, en dépit
des initiatives prises dans le sens d'un développement économique et social, près de
20 ans après le régime de Moussa Traoré, le Mali demeure considéré comme l'un des
pays les moins avancés et donc les plus pauvres de la planète. En 2009, le PIB/hab.
est encore de 180 420 Francs CFA, soit 391 dollars US, tandis que le taux de
croissance du PIB est à 5%36. De plus, près de 65% de la population demeure en
34
"Mali" Encyclopédie Microsoft® Encarta® en ligne. 2009. http://fr.encarta.msn.com © 1997-2009
Microsoft Corporation.
35
Présidence de la république du Mali. Économie du Mali, http://www.kolliouba.pr.ml
36
Présidence de la république du Mali. Économie du Mali, hltp://wwvv.kolliouba.pr.ml
58
dessous du seuil de pauvreté, dont 75% vivent en milieu rural. En raison de la
pauvreté des populations et du manque d'infrastructures modernes caractérisant bon
nombre de pays en voie de développement, le Mali reste fortement dépendant envers
l'aide internationale, les accords bilatéraux signées avec la Chine, la France ou encore
les États-Unis et, dans une plus petite mesure, les envois de fonds réalisés par la
diaspora malienne installée à l'étranger. Les nombreuses politiques d'ajustements
structurels imposées au fil des années par des institutions internationales telles que le
FMI et la Banque Mondiale, afin d'accélérer la libéralisation économique ont
également laissé leurs empreintes négatives sur l'économie du pays. Avec la
dévaluation du franc CFA en 1994, ces dernières réformes ont eu des effets pervers
sur les conditions de vie de la population. Toutefois, elles ont également permis
d'attirer des investissements étrangers et de relancer la croissance entre 1996 et 2006
pour que celle-ci atteigne 5% par an (contre 1% en moyenne entre 1985 et 1993). Les
efforts du Mali dans le sens d'une gestion efficace de ses caisses et d'une bonne
gouvernance de l'État ne sont pas passés inaperçus puisque le pays a bénéficié d'une
annulation de sa dette multilatérale en 2005 37 •
En plus des bailleurs de fonds traditionnels, la Chine joue également un rôle de plus
en plus crucial au niveau de l'aide au développement puisque Pékin a construit de
nombreux hôpitaux, envoyé des médecins coopérants pour répondre aux besoins les
plus urgents en termes de santé, initié la signature d'accords préférentiels et contribué
à alléger la dette malienne.
De façon générale, l'économie du pays comporte 3 principaux secteurs: l'agriculture,
l'élevage et la pêche.
"Mali" Encyclopédie Microsoft® Encarta® en ligne. 2009. http://fr.encarta.msn.com © 1997-2009
Microsoft Corporation.
37
59
3.6.1 Agriculture. élevage et pèche
L'agriculture, qui reste une composante importante de l'économie, concerne environ
75% de la population active en plus de constituer 44% du PNB. L'économie malienne
constitue donc avant tout une structure à dominante agricole, étant donnée que sur 12
millions d'habitants, 80% de la population vit de cette activité. De plus, à lui seul, ce
secteur représente 15% de la valeur des exportations du pays38. Au niveau des
différentes denrées cultivées, les cultures vivrières les plus importantes sont le mil, le
sorgho, le maïs, le riz, le blé, le niébé, le fonio, les tubercules (soit des légumes tels
que l'igname, la pomme de terre ou encore le manioc) et les pois sucrés. Toutefois,
exploité depuis plusieurs siècles, le coton constitue la première culture industrielle du
pays dont la production a culminé durant la campagne 1998/1999 pour atteindre plus
de 500 000 tonnes. Ainsi, même si le Mali a quelque peu perdu son avantage
concurrentiel à ce niveau en raison de la compétition féroce que livre le coton
américain, le pays demeure quand même le 1er producteur africain au sud du Sahara et
le second sur toute l'étendue du continue, après l'Égypte 39 . Mis à part la culture du
coton, celle de l'arachide, du tabac et de la canne à sucre constitue également des
activités industrielles essentielles pour le pays. Par conséquent, la production,
l'exploitation et maintenant l'exportation des fruits et légumes locaux deviennent des
activités de plus en plus prisées par les acteurs économiques du pays. Afin de réduire
les pertes réalisées au niveau local et d'accroître les recettes économiques liées aux
récoltes, ceux-ci visent plus que jamais les marchés régionaux et internationaux,
friands de produits « frais ». Ainsi, les principaux produits exportés sont les mangues,
les haricots verts, les pastèques et les produits de cueillette tels que le karité et la
gomme arabique.
Le Mali est aussi un grand pays d'élevage: selon les statistiques de la présidence
malienne, le cheptel malien s'élèverait à près de 13.8 millions de petits ruminants et à
38
Présidence de la république du Mali. Économie du Mali, hUp://www.koulouha.pr.ml
39
Présidence de la république du Mali. Économie du Mali, http://www.koulouba.pr.ml
60
5.8 millions de bovins. C'est donc le cheptel le plus important en Afrique de l'ouest,
d'où le caractère crucial de cette activité au sein de l'économie malienne.
Malgré le fait qu'elle constitue un élément crucial de l'économie malienne, la pêche
demeure quant à elle, une activité à caractère informel dont la pratique est encore
réservée à certaines ethnies de pêcheurs. Aucune règlementation ni normes ne
régissent cette activité séculaire qui est profondément implantée dans la culture locale.
Toutefois, en dépit de l'absence d'un certain cadre normatif, une année hydrologique
normale peut générer jusqu'à 100 000 tonnes
40
de poissons.
Comme dans beaucoup de pays en voie de développement, le secteur primaire occupe
donc une place prépondérante dans les activités de la population malienne et participe
fortement à l'économie locale. Cependant, à la vue des enjeux modernes qu'ont
apportés les 20 iéme et 21 iéme siècles, le gouvernement malien œuvre activement pour
promouvoir le développement et la croissance des secteurs secondaire et tertiaire.
Ainsi, les domaines de l'industrie et des services sont en pleine expansion, et ce
depuis plusieurs années.
3.6.2 L'industrie et les services
Tout naturellement, le secteur industriel malien comprend plusieurs branches,
chacune contribuant différemment à la croissance globale du pays.
Au sein de
l'industrie manufacturière, les principaux groupes sont l'industrie agroalimentaire qui
constitue à elle seule 42% du total des activités et l'industrie textile, responsable de
40% de la production. À la suite de ces 2 grandes branches, on a également le BTP
(Bâtiments et Travaux Publics), l'eau et l'électricité, les matériaux de construction, le
bois, le papier, les industries mécaniques et électriques ainsi que l'industrie extractive.
Grâce à cette dernière, le Mali réussit d'ailleurs à exploiter du phosphate, du marbre et
du kaolin, en plus de l'or dont l'extraction relève d'une tradition séculaire.
40
Présidence de la république du Mali. Économie du AI/ali, http://www.koulouba.pr.ml
61
Avec la démocratisation actuelle du pays, la libéralisation de son économie et
l'ouverture graduelle des frontières nationales aux TIC, le développement des services
connait un essor particulièrement notable depuis ces dernières années. Que ce soit au
niveau du secteur bancaire ou de celui des télécommunications, les services prennent
une place de plus en plus essentielle dans la vie des maliens évoluant en milieu
urbain, fournissant ainsi des incitatifs forts et un environnement propice aux
investisseurs étrangers désirant profiter de ces nouvelles opportunités. À titre
d'exemple, plusieurs banques étrangères (Groupe Atlantique de la Côte d'Ivoire, la
Banque commerciale du Sahel provenant de la Libye, la Banque pour le Commerce et
['Industrie venant de la Mauritanie, etc.) se sont déjà installées au Mali entre 2007 et
2009 et plusieurs autres effectuent des prospections fréquentes sur le territoire local
dans ce sens. En 2009, le Mali comptait 13 banques et 4 établissements financiers,
nombres qui ne cesseront certainement pas de s'accroître dans les années à venir.
À l'image de certains pays voisins comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal, le Mali a
encore beaucoup de chemin à faire dans le sens du libéralisme économique et du
développement des secteurs secondaire et tertiaire. En effet, la prépondérance du
secteur primaire au Mali fait que J'économie nationale est particulièrement vulnérable
aux changements climatiques et aux fluctuations du cours des matières premières (or,
coton, etc.) aux niveaux régional et international.
L'enclavement du pays et l'absence de côtes maritimes engendrent également une
forte dépendance envers les territoires frontaliers qui jouissent des apports positifs de
la mer (le port de Dakar, d'Abidjan, de Conakry en Guinée, de Théma au Ghana,
etc.). Selon les analyses effectuées dans le cadre de la configuration toute particulière
du Mali, les principales solutions au développement sont donc une
exploitation du potentiel de terres irrigables, une modernisation
« meilleure
des équipements
agricoles, une amélioration des infrastructures routières et une diversification de
l'économie.
»41
"Mali" Encyclopédie Microsoft® Encarta® en ligne. 2009. http://fr.encarta.msn.com © 1997-2009
Microsoft Corporation.
41
62
3.7 Le commerce extérieur du Mali
3.7.1 Évolution des exportations
En 2007, sur la base des données ajustées par la BCEAO dans son rapport annuel
2007 sur la balance des paiements et la position extérieure globale du Mali, les
exportations totales du pays se sont élevées à 745 860 millions de FCFA, soit une
baisse de 64 811 millions (8%) par rapport aux résultats obtenus en 2006. Selon les
documents de la Banque Centrale, ce ralentissement est principalement attribuable à
la diminution des exportations d'or non monétaire et de coton puisque les autres
produits - notamment les animaux vivants- ont enregistré une hausse sur la même
période. En effet, les exportations d'or ont chuté de 12.3% (72 308 millions de FCFA)
entre 2006 et 2007 en raison d'une certaine « contraction de la production ». Les
volumes d'or exportés ont ainsi baissé de 16.6% durant la même période,
conséquence alarmante de l'épuisement graduel des réserves d'or dans les mines de
Morila, de Sadiola et de Yatéla. En plus de ce phénomène, le prix moyen de l'or à
l'exportation est passé de 9 471.7 FCFA/g à 9 954,0 FCFA/g entre 2006 et 2007 (soit
une hausse de 5.1 %), handicapant ainsi son commerce au niveau des échanges avec
l'étranger.
Cependant l'exportation de l'or n'est pas la seule activité à avoir enregistré une
certaine baisse. Comme précédemment souligné, le coton a également souffert de la
conjoncture en 2007. Les exportations de fibre de coton se sont élevées à 110.889
millions en 2007, ce qui représente une baisse notable de 30.138 millions, soit 21.4%
par rapport aux performances réalisées en 2006. Cet état de fait, causé entre autres par
la diminution des volumes à l'exportation et la baisse des prix moyens sur les
marchés, a contribué à accentuer le repli du Mali dans la branche coton.
Ci-après, le tableau 2 illustre bien l'évolution des exportations de biens entre 2003 et
200
63
Tableau 2
Évolution des exportations de biens
RUBRIQUES
2003
2005
2004
2006
2007
(en millions de FCFA)
Marchandises générales
210214
242172
221 071
220770
227079
Biens exportés pour transformation
Réparation de biens
89
267
2126
3096
4098
2415
3336
Or non monétaire
326833
270567
355504
587486
515178
TOTAL EXPORT (FOSI
539262
515835
580673
810671
745860
Achats de biens dans les ports et aéroports
Source: BCEAO, DNS!.
Ce tableau, issu du rapport annuel 2007 de la BCEAO sur la balance des paiements et
la position extérieure globale du Mali, démontre l'importance du secteur aurifère dans
le cadre des exportations du pays, suivi par le poste des « marchandises générales ».
On constate ainsi que même si les exportations d'or ont connu une baisse entre 2006
et 2007, elles se sont tout de même considérablement accrues depuis 2003, passant de
326.833 millions de FCFA en 2003 à 745.860 millions en 2007 (soit une
augmentation d'environ 38% sur 4 ans).
La figure 7 fournit quant à elle la structure par produits des exportations -avec leurs
parts en pourcentage - entre les mêmes années 2003 et 2007. Une fois de plus, on
observe très clairement que l'or non monétaire et le coton occupent des places de
choix dans le cadre des exportations, et ce en dépit du fait que ['exportation du coton
connaisse un déclin notable depuis 2004.
64
Figure 9 : Structure par produits des exportations entre 2003 et 2007
&J.O
70,0
c:
60.0
Q)
50.0
~
40.0
cu
30.0
Q.
Années
iii Anim aux vivants _ Autres 0 Coton _ Or non monétaire
Source' BCEAO, DNS/ (2007)
3.7.2 Évolution des importations
En 2007, les importations maliennes se sont chiffrées à 1.091.450 millions de FCFA,
ce qui traduit une hausse de 132.291 millions de FCFA (soit 14.6%) par rapport aux
résultats générés en 2006. Comme pour les exportations, le tableau ci-dessous
présente des données ajustées par la BCEAO et illustrent l'évolution des importations
totales entre 2003 et 2007. Au regard des statistiques, les importations ont connu une
certaine augmentation durant la période 2003-2007, passant de 734.578 millions de
FCFA pour la 1iére année à 1.09 J .450 millions pour la 2nde année, totalisant une
croissance globale de
48.5 % sur les 4 années. En 2007, la hausse des importations
est essentiellement due aux biens d'équipements et aux biens intermédiaires,
autrement dit les produits chimiques, les machines et véhicules, les matériaux de
construction et autres produits. Ces quatre groupes de produits ont ainsi enregistré des
hausses respectives de 13.7%, 24.2%, 14.5% et 106%, dont 263.311 millions de
FCFA pour la seule catégorie des machines et véhicules et 157.468 millions pour celle
des matériaux de construction. Les importations de produits pétroliers ont également
65
affiché une augmentation sensible par rapport à leur niveau précédent, s'élevant à
8546 millions de fCfA en 2007, soit 3.7% de plus qu'en 2006.
Par contre, à l'inverse des produits précédents, les importations de produits
alimentaires ont diminué de 6.3% pour finalement se chiffrer à 161.105 millions de
fCf A. Ces derniers ont pu bénéficier des effets positifs de la campagne agricole
2006/2007, ce qui a par conséquent permis au pays d'être moins dépendant des
denrées extérieures
Tableau 3
Évolution des importations totales (CAF)42
RUBRIQUES
2003
2004
2006
2005
2007
(en millions de FCFA)
Marchandises générales
727980
732777
825063
950997
1088051
Réparations de biens
1791
1070
1012
1162
733
Achats de biens dans les ports et aéroports
4807
1050
0
0
2666
734578
734897
826075
952159
1091450
Biens importés pour transformation
TOTAL
Source: BCEAO. DNS! (2007)
La figure suivante montre la structure par produits des importations maliennes en
2007 et illustre le fait que les catégories des machines et véhicules et des produits
pétroliers constituent respectivement 24% et 22% du total des importations, ce qui
représente quand même des proportions non négligeables pour un pays en voie de
développement. Les consommateurs maliens sont particulièrement friands de biens
électroniques, électroménagers et de véhicules de transport provenant de Chine, dont
les prix bon marché sont très concurrentiels par rappol1 à ceux du marché. Ces
42
Cost And Freight (coût, assurance et fret)
66
produits répondent en effet aux attentes d'une population au pouvoir d'achat limité,
en termes de rapport qualité/prix.
De plus, le pays n'ayant pas de ressources pétrolières afin de supporter
l'accroissement du nombre de ces véhicules et machines en tous genres, le besoin en
produits pétroliers (carburant, fioul, etc.) se fait de plus en plus ressentir au sein de la
société
Figure 10 : Structure des importations par produits en 2007
• Autres
11%
•
Produits
al imentai res
15%
• Produits chimiques
14%
Matériaux de
construction
14%
• Produits pétroliers
22%
Machines et
véhicules
24%
• Produits alim entaires
• Produits pétroliers
Matériauxde construction .Produits chimiques
Machines el véhicules
• Autres
Source: DNS/, DGD (2007)
3.7.3 Répartition géographique du commerce extérieur
Tel que précisé dans le rapport annuel de la BCEAO, contrairement à l'année 2006,
l'orientation géographique des biens exportés en 2007, met en exergue 3 grandes
zones de destination commerciale: il s'agit de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe. En
effet, au niveau du commerce extérieur global, le continent africain demeure le plus
grand partenaire commercial du Mali. Les échanges avec les pays africains occupent
ainsi plus de Y4 des exportations et la moitié des importations de marchandises. Plus
67
spécifiquement, le commerce avec ces pays en termes d'exportations a totalisé
529.468 millions de fCfA pour l'année 2007, soit
77,2% de l'ensemble des
exportations. Ce résultat est une conséquence directe de l'exportation d'or vers
l'Afrique du sud, pour une recette totale de 475.695 millions de fCFA. En ce qui
concerne l'Asie, les pays tels que la Chine, le Vietnam, la Thaïlande et Singapour
demeurent des destinations de choix pour le coton-fibre provenant des cu Itures
maliennes. Pour 2007, les exportations vers l'Asie se sont élevées à 11.6% (79.397
millions de FCFA) du total des exportations - dont 2.2% pour la Chine (réf. tableau
4) - contre 14.2% en 2006.
L'Europe, qui constituait traditionnellement le partenaire commercial du Mali,
occupe quant à elle une place de plus en plus restreinte au sein des exportations
maliennes. Même si sa part dans les exportations a augmenté en comparaison à 2006,
celle de 2007, qui se chiffre à 10.5% reste tout de même plus faible que celle des 2
autres ensembles que sont l'Afrique et l'Asie. Fait intéressant, car historiquement le
Mali est plus proche des pays d'Europe comme la France. Or, il apparait désormais
que le continent asiatique supplante l'Europe au niveau des opportunités offertes au
plan économique ainsi que de l'attractivité de ses marchés.
Le tableau ci-après résume l'orientation géographique des exportations du Mali entre
2003 et 2007.
68
Tableau 4
Orientation géographique des exportations du Mali de 2003 à 2007
l003
Million$.
de FC!'A
De.uinalion
EUROPE
Union curooécnne
dOnt FrlU\ec
AultcS nav,s curooécns
AFRIQIIE
UEMOA
CÔlcd'lvoi«:
S~n~ ••1
Burkina Faso
Bénin
TOf!o
Guinée Oissau
N-i2er
Autres
"/0
%
2007
Million~
%
%
de l'CFA
173781
44454
19 144
129327
33,9
36,8
3.7
25.2
207825
33432
12793
174 393
36,3
36.8
2.2
30.5
44 116
31 911
8604
12205
5,6
36.M
1.1
1.5
71656
40295
5978
31 361
10,5
36.8
0.9
4.6
69311
43415
13345
16736
4529
1 118
2620
0
5067
25896
12.0
7.5
2.J
2.9
0.8
0.2
0.5
0.0
0.9
4.5
200809
37 623
10537
17680
5081
833
860
0
2632
163 186
39,2
7.3
2.1
3.4
1.0
0,2
0,2
0.0
0.5
31,8
263 184
52357
7434
3925 .
1 408
2959
214
16
1 075
210827
46,0
9,2
627 8lll
39 1.l4
9794
21 104
6221
924
447
79.1
529458
53763
17 123
29085
5 196
694
862
0
80l
475 695
77.2
7.8
2.5
4.2
0.8
0.1
0.1
0.0
0.1
69.4
3917
658
3259
0,7
0.1
0,2
0.2
0.0
2306
995
1 311
OA
U.t.
1193
1090
103
82067
6448
973
74646
U,2
1.1
0.2
12.9
136 946
48365
12593
75988
2(,.7
9,4
2,5
14.8
98471
)) 222
6843
58406
17,2
5.8
32
0,0
10
0,0
4S?
Ion
512739
100
Autres
AUTRES
Tolal
de l'CFA
2fl()6
Millions
de Fer,\
73,1
36.8
4.8
61.6
Etah;·Ullis
Autres
%
2005
MilliQns
de l'CFA
422 132
66 497
27874
355635
AI'\II::RJQlIF.
ASIE
Chine
Taiwan
2004
Million~
~77
-
...
~71
1.3
6,9
4.9
12
2.7
0
644
588749
0.8
0.1
0,1
0.0
0.1
74.2
7857
1475
6382
1,0
0.2
0.8
5 111
2%6
0.7
0,3
04
14,2
7? 397
Il,6
10.2
113 037
49457
8909
54671
6.2
1.1
6.9
15255
2546
61 596
2.2
0,4
9.0
158
0,0
402
0.1
14
0,0
9·u
100
793295
100
(,85636
100
0,2
0,5
0.0
0.0
0.2
36.9
0.2
0.2
1.2
2 145
Source' Tiré du rapport annuel 2007 de la BCEAO, à partir des données de la Direction Nationale de
la Statistique et de l'informatique
Au niveau des importations, la structure des pays est demeurée la même depuis 2003,
Le continent africain conserve sa position de
Jer
fournisseur du Mali, et viennent
ensuite l'Europe, l'Asie et l'Amérique. La part de l'Afrique dans le total des
importations est de 51% tandis que l'Europe, l'Asie et l'Amérique se placent
respectivement à 27%, 14.6% et 6.3% en 2007. Dans les importations en provenance
de l'Europe, la part de la France s'établit à 55.2% en 2007 - contre 52.9% en 2006 _,
ce qui est normal vu les liens unissant les 2 pays.
En somme, au niveau de son commerce extérieur, il est clair que le Mali réalise plus
d'importations que d'exportations, Ce phénomène montre encore la fragilité du
système économique national et la forte dépendance du Mali envers les produits
69
étrangers, que ce soit au niveau des machines et véhicules provenant d'Asie que des
produits pétroliers servant à satisfaire la demande locale. Ce surplus d'importations
contribue donc fortement à la détérioration du compte des transactions courantes ainsi
qu'au déficit enregistré par la balance des paiements du pays. Au titre de l'année
2007, ce dernier s'élevait globalement à 10.7 milliards de FCFA avec une position
extérieure en fin de période de -659.7 milliards de FCFA. Avec une telle réalité, les
acteurs économiques chinois perçoivent bien les opportunités qu'offrent le marché
malien en termes d'exportations de marchandises et apportent leurs marchandises
pour les revendre à prix bon marché.
On constate donc à plusieurs égards que l'influence chinoise se fait de plus en plus
importante dans plusieurs pays africains, un phénomène qui incite les intellectuels du
continent et des pays occidentaux à jauger les impacts positifs et négatifs de tels
échanges sur les économies africaines. Aussi, dans la section suivante, nous
aborderons en profondeur le sujet de la présence chinoise en Afrique et au Mali, au
travers d'une analyse précise de la situation à l'aide notamment d'entrevues réalisées
sur le terrain. Nous espérons ainsi pouvoir fournir une vision claire de la situation afin
d'amorcer nos conclusions à venir sur le sujet.
70
CHAPITRE IV
La présence chinoise en Afrique et au Mali
4.1 Perspectives sur la présence chinoise en Afrique
Au cours des chapitres précédents, nous avons vu que les rapports africains ont connu
une très nette recrudescence depuis ces dernières années, alors que la Chine, sous
l'impulsion d'un nouveau gouvernement, a décidé de mener une politique de réforme
économique et d'ouverture aux échanges internationaux. Toutefois, même si c'est
surtout depuis ces 10 dernières années que l'attention internationale se tourne vers ce
phénomène, les deux régions partagent historiquement un passé commercial commun.
En effet, avec son article intitu lé « Faut-il avoir peur de la Chine? », paru dans le
magazine Jeune Afrique (novembre 2006), Mr Roger Sokorobi Afri - président de
l'üNG AHIDA et du projet LICA en Côte d'Ivoire - nous apprend que des liens
historiques « profonds et forts» unissent la Chine à bon nombre de pays africains.
Selon cet auteur, ces relations séculaires font partie intégrante des raisons de
l'évolution rapide ainsi que de l'intensité actuelle des relations si no-africaines.
En fait, les contacts entre la Chine et l'Afrique remontent à déjà plus de 3000 ans 43
:
les vestiges archéologiques et anciennes céramiques chinoises retrouvées dans
différentes régions de l'Afrique, allant de Tombouctou (au nord de J'actuel Mali) au
grand canal du Mozambique situé dans le sud du continent, illustrent le type
d'échanges qu'entretenaient alors les deux civilisations. Selon Mr Afri, les contacts
indirects entre la Chine et l'Afrique auraient commencé sous la dynastie des Han au
t ème
siècle (av. 202-220). Au
i ème
siècle, certainement avec l'évolution des
technologies disponibles à l'époque, ces contacts seraient entrés dans une phase
d'échanges directs et de nouvelles amitiés se seraient plus tard tissées, au début du
Manji, Firoze, et Stephen Marks. 2007. African perspectives on China in Africa. Cape Town (South
Africa): Fahamu, 174 p.
43
71
15 ième siècle lorsque la Chine se rapproche du roi du « pays des malins» (actuel
Kenya). Toutefois, ce n'est qu'aux alentours des années 50 que la coopération si no­
africaine prend sa forme actuelle, alors que de nombreux pays africains font face aux
défis de la colonisation et de l'indépendance nouvellement acquise. Des années 1950
aux années 1980, la Chine assiste donc les pays africains au sein des mouvements
indépendantistes, soutient plus de 800 projets en Afrique, incluant l'aide à la
concrétisation d'initiatives dans l'agriculture, la pêche, les textiles, l'énergie, les
infrastructures, la conservation de l'eau, etc.44 Ce soutien précoce de la Chine a alors
pour effet de renforcer et de réaffirmer les amitiés tissées avec les jeunes
gouvernements africains. Les partenaires s'unissent dans une logique de « solidarité
tiers-mondiste », la Chine augmentant son aide aux gouvernements africains et
appliquant continuellement sa politique de « respect mutuel» et de « souci pour la
diversité ».
En contrepartie, la Chine a lié des alliances de choix avec les pays africains et obtenu
des appuis inconditionnels dans la reconnaissance de sa souveraineté vis-à-vis de
Taiwan, l'indifférence par rapport à la question des droits de l'homme ainsi qu'un
SUPPOlt de plus dans le cadre des organisations internationales. Comme nous
l'explique Mr Ndubisi Obiorah dans son article intitulé « Who's afraid of China in
Africa? Towards an African civil society perspective on China-Africa relations»
(2007), la coopération sino-africaine s'est
largement poursuivi au 21 ième siècle
puisqu'en 2000, le forum Chine-Afrique a été à l'origine du lancement d'un
programme économique et social mixte. De plus, la Chine a également profité de cette
occasion pour annuler la dette de 10 milliards de dollars US qui accablaient plusieurs
états africains. En décembre 2003, lors de la tenue de la 2nde édition du forum, elle a
poursuivi sur cette lancée et procédé au soulagement de la dette de 31 autres pays
d'Afrique. Par ces initiatives et l'aide qu'elle a fournit, la Chine a maintes fois
réaffirmé sa volonté d'établir des relations politiques et commerciales solides avec
Manji, Firoze, et Stephen Marks. 2007. African perspectives on China in Africa. Cape Town (South
Africa): Fahamu, 174 p.
44
72
l'Afrique. Cette politique de rapprochement avec le continent africain est en ligne
directe avec son propre besoin de ressources naturelles, de stabilité et de
développement économique.
En même temps, la façon de faire chinoise présente un attrait considérable aux pays
africains, jusque là habitués à la main mise des pays occidentaux. Comme le précise
Mr Afri dans son article, Pékin mène avant tout « une politique souple et porteuse
d'espoir, grandement appréciée par les africains» : en effet, le gouvernement chinois
respecte la souveraineté des pays africains en termes de politique et d'économie et
pratique par conséquent une politique de non ingérence dans les affaires intérieures
des pays avec lesquels il entretient des échanges. De plus, l'un des aspects importants
de
la
politique chinoise est d' « instaurer
la
paix et d'amorcer
le vrai
développement» (Afri, 2006). Forte de son expérience au niveau des techniques de
production, beaucoup d'africains espèrent que la Chine pourra aider l'Afrique à
exploiter son potentiel économique et ainsi générer de la richesse pour les
populations. Avec seulement 200 millions d'hectares de terres cultivées, 900 millions
d'hectares disponibles à l'élevage en tout temps et 40% des réserves d'eau de la
planète (Afri, 2006), l'Afrique demeure un continent aux réserves naturelles inusités
dont le développement agricole reste encore à faire. Pour participer à ce
développement, la Chine devra donc collaborer avec les ONG locales et mettre en
place des organisations au sein de la société civile afin de mieux cerner les besoins
africains et matérialiser les mesures prises lors des différents forums Chine-Afrique.
L'AHIDA (Action Humanitaire Internationale d'Aide au Développement), une ONG
internationale œuvrant activement dans le domaine du développement, pourrait par
exemple fournir un catalyseur dans ce sens, afin « d'établir une plateforme
d'échanges entre les investisseurs chinois et africains et favoriser un développement
concret des 2 peuples» (Afri, 2006).
Cependant, malgré les bonnes intentions que la Chine semble avoir à l'égard de ces
partenaires du continent noir, beaucoup de critiques s'élèvent, aussi bien de la part des
experts occidentaux que des africains eux-mêmes. En effet, nombreux sont ceux qui
affirment que la recrudescence des échanges avec l'Afrique et la présence de Pékin
73
dans de nombreuses régions africaines traduisent la volonté de la Chine d'assurer la
poursuite de ses intérêts nationaux. Dans son ouvrage intitulé « Africa in China's
global strategy» (2007), le Dr Marcel Kitissou - historien et expert politique­
explique d'ailleurs que la Chine a constamment cherché à former des alliances et des
structures internationales durables afin de protéger ses intérêts dans le cadre du
« système global ».
La Chine est consciente que même si l'ère actuelle de mondialisation prend fin, les
relations internationales bâties très tôt avec des partenaires fiables survivront aux
mutations de l'économie mondiale. Selon le Dr Kitissou, la Chine a ainsi établi des
amitiés avec les gouvernements de plusieurs pays africains, soit parce que ceux
jouissent d'un sous-sol particulièrement riche en hydrocarbures, soit parce que les
pays bénéficient d'une position stratégique au plan géopolitique (Soudan et
Zimbabwe par exemple). De même en 2006, lors du sommet Chine-Afrique tenu à
Beijing, la Chine s'est assurée un accès continuel aux matières premières et
ressources énergétiques fournis par le continent. À travers la signature d'un accord
préférentiel de 3 milliards de dollars US et l'augmentation substantielle de l'aide au
développement, la Chine a par la même occasion réitérée son engagement envers
l'Afrique. Toutefois, beaucoup s'interrogent sur le degré de sincérité chinois. En effet,
comme la France dans les années 1960, la Chine est aujourd'hui entrain d'accéder au
statut de « puissance régionale» en Afrique. Or, il ne faut pas oublier que la Chine est
un pays qui doit affronter de nombreux défis au niveau national. Les problèmes de
stabilité politique font par exemple en sorte que 10% des ménages chinois les plus
riches contrôle 40% de la richesse nationale et que le PIB/hab. des provinces côtières
est 10 fois plus élevé que celui des provinces les plus pauvres, situées dans les terres
intérieures (Kitissou, 2007). Les inégalités économiques et sociales existant entre les
différentes strates de la population sont donc patticulièrement exacerbées en Chine.
De plus, au niveau de sa géographie, la Chine fait également face à de nombreux
enjeux qui la poussent constamment à aller à la recherche de nouvelles solutions et
ressources naturelles, dans le but de pallier aux manques du pays.
74
La détérioration rapide de l'environnement, l'absence de réserves d'eau suffisantes, la
pollution des nappes phréatiques, la pénurie en ressources naturelles, les besoins
importants en nouvelles sources d'énergies, l'urbanisation rapide, l'insatisfaction des
populations à l'égard des autorités locales, le phénomène de corruption et la nécessité
de former une nouvelle génération de fonctionnaires honnêtes et qualifiés, constituent
quelques uns des enjeux pour lesquels la Chine doit aujourd'hui trouver des solutions
rapides et efficaces. En 2030 par exemple, le pays aura besoin de 8 millions de barils
de pétrole de plus pour répondre aux besoins gargantuesques de la société (Kitissou,
2007) et devra avoir un fournisseur de la taille de l'Arabie Saoudite pour satisfaire
une telle demande (Orange, 2004). Par conséquent, la Chine considère désormais
l'approvisionnement en pétrole et la recherche de nouvelles sources d'énergie comme
une affaire de « sécurité nationale ».
En raison de toutes ces contraintes, de nombreux experts sont d'avis pour dire qu'en
cherchant à servir l'Afrique et à enrayer ses problèmes, la Chine cherche avant tout à
résoudre les défis que lui pose la taille de sa propre population et de son territoire.
C'est pour cette raison qu'elle n'accorde certainement pas beaucoup d'importance aux
aspects éthiques de ses relations avec certains régimes politiques africains, car Pékin
doit prioritairement répondre à la pression de ses marchés domestiques et résoudre les
problèmes politiques urgents. La Chine est notamment très critiquée pour son alliance
avec le Soudan et le rôle qu'elle joue dans le conflit du Darfour.
En effet, en contrepartie d'un accord sur le pétrole avec Khartoum, Beijing
approvisionne le pays en armements et a même tenté d'assouplir I.es sanctions des
Nations Unis à l'égard du gouvernement soudanais, en ce qui a trait à la violation des
droits de l'homme dans le pays. Les chinois se doivent de protéger les régimes
politiques avec lesquels ils signent des accords car un changement politique à cet
endroit pourrait justement perturber l'accomplissement de leurs intérêts. Marcel
Kitissou a en plus noté que sur cette question, en s'assurant l'amitié de dirigeants
africains typiquement condamnés par les puissances occidentales et en finançant des
projets aux impacts douteux, les autorités et les entreprises chinoises installées en
75
Afrique accroissent leur influence politique plus rapidement et s'assurent ['obtention
de contrats très lucratifs.
Par ailleurs, ayant nouée des liens avec plusieurs pays du Golfe de Guinée comme le
Nigéria ou l'Angola, de même qu'avec des pays comme le Tchad, le Congo ou encore
la Libye, la Chine participe également au « boom pétrolier» qui a présentement lieu
en Afrique. Rien qu'en 2004, l'Afrique a fourni 28.7% des importations brutes de
pétrole de la Chine (Kitissou, 2007).
Le graphique suivant montre les 10 principaux partenaires africains de la Chine pour
l'année 2006.
Figure 11 : 10 principaux partenaires africains de la Chine en 2006
• Congo
• Guinée équatoriale
Nigéria
• Afrique du sud
.Angola
Bénin
• Reste de l'Afrique
Algérie
Libye
• Egypte
Soudan
Source: Alden, Chris (2007) Il China in Afdca ». p.20
(Adap/é selon les données de Hong and Sun Il Dynamics of in/erna/ionalisa/ion and ou/ward
inves/men/, p.624)
76
On observe donc que pour l'année 2006, hormis la catégorie « reste de l'Afrique », la
Chine transigeait surtout avec l'Angola et l'Afrique du sud, ces derniers comptant
respectivement pour 21 % et 18% du commerce total de la Chine avec les pays
africains. La figure 12 illustre quant à elle ['intérêt de la Chine pour [es ressources
naturelles et [es produits hydrocarbures des pays africains car on constate que la
Chine importe infiniment plus ces biens que les autres types de produits. En 2005, les
importations chinoises de produits miniers et pétroliers s'élevaient à environ 18
milliards de dollars. En contrepartie, la Chine exporte beaucoup de produits
manufacturiers en Afrique, le total de cette activité se chiffrant à un peu moins de 18
milliards pour l'année 2005. La chine équilibre ainsi son importation de produits
énergétiques par l'exportation massive de ses propres produits industriels vers le
continent africain.
Figure 12 : Échanges sino-africains par secteur, 2005 (milliards de dollars)
Agricultural products
Food
Fuels and mining products
Manufactures
Iron and Steel
• Exports
Chemicals
Imports
Machinery and transport equipment
Textiles
Clothing
Other manufactures
o
5
10
15
Source: A/den, Chris (2007) « China in Africa Il, p./9
(Adapté se/on les données du Centre for Chinese Studies)
20
77
Les rapports que la Chine entretient avec plusieurs régimes politiques africains, le
plus souvent instables, soulèvent J'inquiétude de la communauté internationale et
engendre des problèmes de sécurité internationale. Aujourd'hui, notamment en raison
de la question du pétrole, la Chine pose une menace de concurrence aux États-Unis,
avec toutes les implications que cela peLlt avoir telles que la course à l'armement,
l'exploitation et l'exacerbation des tensions régionales (Kitissou, 2007). De plus,
certains observateurs (Karumbidza 2007 ; Jacob 2004) ont récemment maintenu que
la Chine est passée de l'application d'une idéologie dite de « guerre froide» à la
poursuite classique de son seul intérêt économique, et ce notamment en allant à la
quête de matières premières, de nouveaux marchés et hautes sphères d' influence
diverses. Selon ces auteurs, pour arriver à ces fins, la Chine a procédé à des
investissements et à des échanges massifs en tous genres, en plus de fournir une
assistance militaire à des pays à risque comme le Zimbabwe et bien sur le Soudan,
« au point que la Chine pourrait être soupçonnée de poursuivre les mêmes objectifs
qu'une puissance impérialiste classique» (Jacob, 2004) et de « vouloir établir des
bases militaires stratégiques en Afrique » (Karumbidza, 2007).
Comme on peut le constater, la question étant relativement récente, les avis sont très
partagés sur Je sujet, certains experts n'hésitant pas à peindre l'approche chinoise
comme strictement calculatrice et opportuniste. Peut-on vraiment condamner la Chine
aussi durement? N'est ce pas là le propre de toute puissance que d'explorer d'autres
marchés, terres, pays, etc. pour assurer sa propre subsistance? Pour répondre à ces
questions,
il est également nécessaire de considérer l'opinion des acteurs
économiques et politiques africains impliquées dans cette coopération Chine-Afrique.
Quelle est donc la position des pays africains dans cette équation complexe? Que
pensent -ils réellement de cette nouvelle donne commerciale entre la Chine et leurs
gouvernements? Malgré les détracteurs de la Chine qui dénoncent allègrement la
possibilité d'abus et d'un pillage des ressources de la part de Pékin à long terme, de
nombreux officiels et experts africains approuvent l'aide immédiate et urgente que la
Chine fournit au continent. Comme l'a affirmé le président chinois au sénat nigérian
lors d'une visite en 2005, les relations sino-africaines s'établissent dans le cadre d'une
78
logique « de coopération gagnant-gagnant» (Karumbidza, 2005). En échange des
hydrocarbures et ressources naturelles africaines, la Chine, contrairement à l'occident,
répond promptement aux besoins d'infrastructures et de soins médicaux des
populations africaines. Dans beaucoup de pays, Pékin participe entre autres à la
construction d'écoles et d'hôpitaux, à la formation de la main d'œuvre locale pour
améliorer le niveau de développement du pays ainsi qu'à l'octroi de nombreuses
bourses aux étudiants africains désirant poursuivre leurs études en Chine. De plus,
dans le domaine de la construction et des travaux publics, la Chine apporte bien
souvent une expertise technique que les africains ne possèdent malheureusement pas.
La rapidité d'exécution des projets de construction de routes par exemple et le faible
coût auquel ces services sont rendus par la Chine, sont des incitatifs particulièrement
puissants dans le cadre de la collaboration sino-africaine. Étant un ancien pays en voie
de développement, la Chine perçoit et comprend bien les lacunes des pays africains et
est peut être plus à même d'y répondre de façon adéquate.
La réalité demeure que pour bon nombre de gouvernements africains, l'urgence de la
situation et la satisfaction rapide des multiples besoins d'une population le plus
souvent pauvre priment très clairement sur la prise en compte des intérêts à long
terme des chinois. Dans l'immédiat, la coopération Chine-Afrique et les prêts et
accords préférentiels qui en découlent, offrent de biens meilleurs alternatifs à la
croissance que J'aide que l'occident a pu fournir jusque là.
La Chine suit aussi la proposition en 5 points des Nations Unis pour assister et
accélérer la croissance et le développement des pays en voie de développement. Ces
mesures consistent (Karumbidza, 2007):
À ne pas imposer de tarifs douaniers sur certaines exportations en
provenance des pays les moins avancés
À procéder à une augmentation de l'aide au développement pour les pays
pauvres les plus endettés et pour les pays les moins avancés
À annuler les dettes contractées par ces derniers et à leur octroyer des prêts
avantageux
79
À fournir des médicaments et des traitements efficaces contre la
propagation du paludisme et former des professionnels de la santé dans ce
sens
Par ailleurs, la Chine participe aux missions de paix de l'ONU en vue de promouvoir
un environnement sain et pacifique dans les régions agitées du monde : à l'heure
actuelle, 7200 chinois (militaires, policiers et fonctionnaires civils) sont engagés dans
16 missions de paix de l'ONU à travers la planète. 12 de ces missions et les 2/3 de
l'effectif chinois se trouvent en Afrique (Chinafrique, novembre 2007).
Lors d'une entrevue que nous avons menée le 18 mars 2009 à Bamako (Mali), Mr Issa
N'diaye 45 , ancien ministre malien de la culture et directeur du département de
sciences sociales à la FLASH 46 , donne son avis sur la montée de la Chine au niveau
mondial et sur la présence chinoise en Afrique:
Q. : En tant qu'académicien et aussi philosophe malien, que pensez-vous de la
montée en puissance de la Chine au niveau mondial?
Issa N'diaye : Bon, c'est à mon avis un phénomène qui n'est pas surprenant,
compte tenu d'abord du poids démographique de la Chine à l'échelle
mondiale, et ensuite de l'histoire proprement dite de la Chine, qui est une
civilisation millénaire et qui a contribué au progrès de l 'humanité dans pas
mal de domaines. Vous savez qu'il y un certain nombre de découvertes qui ont
été faites par la Chine: on parle de la boussole entre autres et de la poudre à
canon pour ne nommer que quelques inventions. Quand on considère la
position stratégique de la Chine en Asie et le rôle qu'elle a joué dans le
mouvement des non alignés avec les pays du tiers monde où elle assurait de
45
Voir intégralité de l'entrevue appendice A.6 p167.
46
FLASH: Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines.
80
fait un certain leadership, on peut comprendre pourquoi la Chine est entrain
de devenir une puissance mondiale aujourd'hui et puis surtout pourquoi elle
joue un rôle de plus en plus important en Afrique.
Q. : Donc justement, que pensez-vous des implications de ce phénomène pour les
pays occidentaux d'une part, et en particulier les anciens pays colonisateurs, et
d'autre part les pays africains comme le Mali?
Issa N'diaye: Je pense que la Chine brise ce tête-à-tête entre les pays
africains anciennement colonisés et leurs maîtres de tutelle. Il y avait en
quelque sorte un dialogue à 2 et maintenant la Chine vient interférer dedans et
elle interfère dedans avec d'autant plus de facilité qu'en Afrique elle n'a pas
de passé colonial. Elle n'a pas de contentieux, d'un point de vue historique ou
de n'importe quel point de vue avec les africains. Deuxièmement, la Chine a
beaucoup aidé l'Afrique lors des indépendances d'abord en dénonçant le
colonialisme et ensuite en parrainant pas mal de pays en ce qui concerne leur
accession à la souveraineté internationale. Le Mali par exemple est l'un des
pays que la Chine a reconnu, dès son indépendance et qu'elle a accompagné
sur le plan diplomatique au moment de son adhésion au Nations Unies. Et en
plus, on peut dire que la Chine a largement contribué à la base économique
du nouveau Mali indépendant, à plus de 70-S0%. Le tissu industriel de la
rère
République du Mali a été bâti par les chinois, à travers surtout des industries
de transformation et puis sur le plan commercial, il y avait une coopérative
que la Chine avait créée avec le Mali pour approvisionner le pays dans les
produits de première nécessité, c'était l'UNlCOP (Union nationale des
industries de la conserve de poissons).
81
Mr Seydou Coulibaly47, de poursuivre lors de notre entrevue à Bamako (Mali) :
Q. : Vous qui êtes au cœur de la coopération sino-malienne, dans le cadre de
votre profession, que pensez-vous de la croissance et de la montée chinoise dans
l'économie mondiale?
Seydou Coulibaly: Je pense que c'est depuis l'arrivée au pouvoir du
rr
ministre chinois Deng Xiaoping, qui a prôné l'ouverture de la Chine envers le
monde que cela s'est amorcée et je crois que les chinois n'ont fait que suivre
cette voie depuis les années 78. Mao étant le père de la nation chinoise, Deng
Xiaoping est devenu le père de l'économie et du progrès chinois et je pense
effectivement qu'il est indéniable mijourd'hui, de reconnaître que sur le plan
mondial, le commerce et l'économie internationale la Chine occupe une place
très très importante. Une place qui ne cesse d'augmenter au jour le jour parce
que la Chine essaie de satisfaire au maximum les besoins des pays africains et
de tous les pays émergents.
Q. : Oui, il est certain que la Chine entretient des relations très étroites avec le
continent africain et à votre avis quelles sont les implications de ce phénomène
pour les pays occidentaux?
Seydou Coulibaly: Pour les pays occidentaux, c'est peut être une certaine
jalousie parce que concernant le cas des pays africains, ce sont des bastions,
des anciennes colonies qui sont entrain de leur échapper autant sur le plan
économique, que sur le plan politique à long terme. La Chine arrive à faire
avec les pays africains tout ce que les occidentaux n'ont pas réussi à faire
jusqu'à présent avec ceux-ci, notamment en accordant des prêts à des
conditions extrêmement avantageuses, qui répondent aux besoins des pays
africains pour leur développement.
Mr Coulibaly est le chef du département de la coopération bilatérale au Ministère des Affaires
Etrangères et de la Coopération internationale depuis mai 2008. [1 chapeaute les relations bilatérales
entre le Mali et la Chine. Voir intégralité de l'interview en annexes.
47
82
Q. : Justement, pour les pays africains qui assistent à l'arrivée et à l'installation
massive des chinois sur leur territoire, quelles sont les implications économiques,
politiques et sociales de cette coopération bilatérale?
Seydou Coulibaly: Les implications c'est que ces pays arrivent peut être à
accéder aux infrastructures de base dont ils ont besoin pour leur
développement, des choses qui n'étaient pas faisables oufaciles à obtenir avec
les bailleurs de fonds classiques. La Chine, avec sa politique d'octroi de prêts
à des conditions avantageuses, de prêts préférentiels qu'elle accorde sans se
soucier de la situation politique du pays, arrive quelque peu à débloquer nos
pays. Sur le plan social, avec le développement des infrastructures de base,
cela fait des grands chantiers, des marchés et donc des emplois. Mais
de l'autre côté, il yale revers de la médaille avec l'affluence des chinois dans
des secteurs préalablement occupés par les locaux, notamment les petits
commerces et la vente de petits articles parce qu'auparavant, c'était les
africains qui partaient en Chine pour ramener ces marchandises mais
maintenant ce sont les boutiques chinoises qui sont installées de part et
d'autres des marchés africains. Donc vous voyez un peu ce que cela fait, cela
crée une certaine grogne sociale comme on a pu le constater au Sénégal où
ils pensent vraiment que les chinois sont entrain d'empiéter sur leurs
attributions.
Ces personnalités maliennes, au fait des tractations avec la Chine semblent ainsi
partager le même message: celui d'une Chine à l'affût des besoins de son partenaire
le Mali et présente à travers plusieurs ères et régimes politiques différents. Impartiale
à la politique intérieure du pays, la Chine tend désormais à accentuer le divorce entre
les pays africains anciennement colonisés et les puissances occidentales qui avaient la
main mise sur les actes des gouvernements africains. Elle brise les anciens dogmes et
paradigmes qui voulaient que l'Afrique n'ait d'autre alternative que de demander de
l'aide aux bailleurs de fonds traditionnels comme le FMI et la Banque Mondiale.
Aujourd'hui, beaucoup de pays comme le Mali signe des accords bilatéraux avec la
Chine comme partie intégrante de leur stratégie de croissance, et indépendamment de
83
l'avis des puissances occidentales sur les motifs profonds de la Chine. Toutefois,
comme l'a souligné Mr Coulibaly, les africains demeurent conscients des effets
pervers de cette coopération qui entraine aussi une hausse de la concurrence étrangère
pour les petits commerces du pays. Ceux-ci sont en effet victimes de la compétitivité
des produits chinois alors que les marchés souffrent eux-mêmes du manque de qualité
de ces marchandises. Dans certains cas, comme au Sénégal et au Mali, ce phénomène
peut susciter des soulèvements publics car pour qu'un pays puisse se développer, il est
aussi nécessaire que les acteurs économiques locaux puissent faire prospérer leurs
entreprises dans le cadre d'une concurrence saine et loyale. Par ailleurs, on peut se
demander si la Chine n'irait pas jusqu'à faire de l'Afrique son terrain d'essai pour des
produits qu'elle cherche encore à vendre sur son propre territoire. Ce sont des
questions qu'il sera intéressant d'étudier dans J'avenir et juger de l'évolution de la
situation. Pour l'heure, il sembJerait que des pays pauvres comme le Mali et le
Sénégal doivent se résoudre à accepter la situation afin d'accélérer le développement
et de rehausser le niveau de vie des habitants, dans l'attente qui sait, de nouvelles
solutions moins contraignantes.
En attendant, le modèle de développement chinois pourrait peut être servir d'exemple
ou de tremplin à l'Afrique vers l'accomplissement des ses propres buts. Partie de rien,
la Chine a réussi à se positionner au niveau mondial, à développer ses industries
(nouvelles technologies, industries de pointe) et à engager sa réforme économique
vers la voie de l'ouverture internationale (Afri, 2004). Comme le fait remarquer le Dr
Kitissou dans son ouvrage, la Chine est la preuve vivante du fait qu'il est possible
pour l'hémisphère sud de se développer malgré les défis qui peuvent l'hand icaper
dans ce sens. C'est donc aux pays africains d'analyser les échecs et les réussites de la
Chine afin d'adapter ces enseignements à leurs propres systèmes et prendre des
décisions éclairées qui profiteront à l'ensemble des populations. En suivant le modèle
de la Chine, il est crucial pour ('Afrique de guider et de former une nouvelle
génération de fonctionnaires visionnaires, honnêtes, qualifiés et dévoués à la cause de
leur nation et aux changements positifs.
84
[1 est clair que pour les chinois « seul le travail paie» et l'Afrique espère plus que
jamais profiter de l'expérience et du pragmatisme chinois dans le domaine du
revirement économique. D'ailleurs, dans le cadre du projet LICA (Liaison Chine­
Afrique), la Chine travaille déjà de concert avec [' AHIDA 48 afin de mettre en place
des projets inhérents au « développement culturel du continent, à la gestion des
changements
climatiques,
à
l'autosuffisance
agricole,
à
l'éducation,
à
l'industrialisation et à la lutte contre les pandémies» (Chinafrique, novembre 2008).
Selon Chris Alden, expert en relations internationales au London School ofEconomies
and Political Science, il est encore trop tôt pour prédire l'évolution de la coopération
si no-africaine dans les années à venir et ainsi définir une perspective définitive à ces
échanges en constante mutation. Toutefois, à la base des événements actuels et des
indices que ceux-ci fournissent aux analystes dans le domaine, l'auteur définit les 5
« visages» de la Chine, des observations générales qui vont aider à déterminer le
futur des relations avec le continent noir:
« La Chine comme le nouveau visage de la mondialisation» : Avec sa
montée en puissance, la Chine a brisé le consensus selon lequel seuls les
États-Unis et l'Occident en général, étaient les principaux acteurs de la
mondialisation et représentaient donc des menaces à l'avancement des
pays africains, eux-mêmes coincés dans une inextricable pauvreté. Malgré
le fait que ces derniers restent encore loin d'atteindre la réussite
économique et sociale, la Chine a prouvé qu'il était possible de modifier
l'équation communément reconnue et acceptée parmi
les cercles
académiques et scientifiques occidentaux. Le fait est que les africains
considèrent aujourd'hui la Chine comme une puissance économique et
commerciale à part entière et ils sont conscients des implications d'une
telle concurrence pour les grandes puissances traditionnelles. La croissance
phénoménale de la Chine ainsi que le savoir-faire de ses entreprises
publiques et privées - dont les performances font pâlir celles des
48
Action Humanitaire Internationale d'Aide au Développement.
85
compagnies africaines et occidentales - en fait un acteur particulièrement
redoutable au niveau des marchés internationaux. De plus, la discipline et
l'expertise qui caractérisent la main d'œuvre chinoise, travaillant parfois
dans des conditions extrêmes, met en exergue la détermination chinoise à
accomplir les activités engagées par le pays. Tous ces facteurs font
maintenant que la Chine constitue le nouveau visage de la mondialisation
en Afrique.
« La Chine comme un modèle de développement»: comme souligné
précédemment, l'exemple des entreprises chinoises pourrait constituer un
tremplin susceptible d'inciter les entreprises africaines à réaliser des
investissements de nature capitalistique dans des régions qui en manquent
cruellement. En effet, selon les statistiques de la Banque Mondiale, les
élites africaines ont tendance à conserver 40% de leur richesse à l'extérieur
du continent. En comparaison, ce chiffre est seulement de 6% pour les
investisseurs asiatiques (Chris Alden, 2007). Étant donné J'admiration que
beaucoup d'intellectuels africains vouent aux accomplissements de la
Chine et aux réformes que celle-ci a mise en œuvre pour y arriver,
l'Afrique peut d'ores et déjà commencer à appliquer certains de ces
enseignements. Les gouvernements africains pourraient déjà s'assurer que
les investisseurs étrangers avec lesquels ils transigent participent de façon
concrète et tangible au développement du continent. Ils pourraient par
exemple inciter les chinois à embaucher plus de main d'œuvre locale parce
que le contraire ne bénéficie pas tellement à la population active du pays.
Comme l'a si bien noté Deng Xiaoping lors d'une visite au Ghana en
1985, les africains doivent non pas copier le modèle chinois mai l'adapter
à leurs propres réalités et conditions domestiques (Chris Alden, 2007).
« La Chine comme miroir de l'Occident» : il apparait évident que les pays
occidentaux démontrent aujourd'hui une certaine irritation quant à la
présence de plus en plus accrue de la Chine au sein des anciennes colonies
africaines. Ce phénomène signifie pour de nombreuses puissances une
86
certaine perte de terrain auprès de gouvernements sur lesquels elles
exerçaient traditionnellement une grande influence. À cet égard, la
recrudescence des activités chinoises en Afrique et l'ascension de la Chine
au niveau mondial constituent les reflets du « déclin» des pays
occidentaux. Au sens des africains, l'occident démontre une certaine
amertume par rapport à cette situation et fait preuve d'une flagrante
hypocrisie car tous se rappellent encore de la manière dont l'Europe a fait
son entrée sur le continent au 19 ième siècle. Contrairement à l'occident, la
Chine est avant tout considérée comme un allié de choix au développement
et
non
comme
une
nation
« moralisatrice».
Les
chinois
sont
particulièrement conscients de cette frustration, car pendant plus de 20
ans, leur pays a été le second plus grand bénéficiaire des investissements
étrangers occidentaux (Chris Alden, 2007). En raison des faibles coûts de
main d'œuvre et du grand bassin de consommateurs potentiel que constitue
la Chine, les entreprises occidentales ont massivement investi dans le pays,
y délocalisant une grande partie de leurs activités afin de minimiser leurs
coûts de production. Logiquement, beaucoup d'observateurs dénoncent le
fait qu'en réalisant ce type d'activités avec la Chine, les occidentaux ne se
préoccupaient ni se plaignaient du manque de respect envers les droits de
l'homme et des conditions de travail précaires des effectifs employés dans
les usines. Or aujourd'hui, l'essor chinois provoque des élans de
protestation à travers les pays industrialisés. En vérité, la Chine s'inspire
elle aussi des modèles occidentaux et met en évidence le fait que
« l'investissement occidental a façonné la Chine actuelle à son image»
(Alden, 2007).
« La Chine comme partenaire des parias»: Ce 4ième point attire notre
attention sur l'enjeu croissant de la montée en puissance des autorités
municipales et provinciales chinoises dans le cadre de la conduite des
échanges sino-africains. Ces entreprises et acteurs économiques divers ont
un bilan mitigé en ce qui a trait au respect des lois et standards
environnementaux et sont par conséquent susceptibles de mettre en péril la
87
bonne poursuite de la coopération Chine-Afrique, et ce en raison de leur
manque de conformité aux pratiques internationales. Aussi, la gestion et
l'éradication de ce type d'écarts représenteront l'un des principaux défis de
la Chine et des pays africains victimes de ces comportements.
« La Chine comme partie prenante responsable» : Les activités chinoises
ont apporté beaucoup de bienfaits à l'Afrique mais également sou levé de
nouvelles questions quant à l'éthique de certaines politiques chinoises.
Ainsi, malgré sa stratégie de non ingérence dans les affaires politiques des
pays d'accueil, Pékin a entre autres tenté à maintes reprises d'influencer
les relations entre le Soudan et les Nations-Unies, essayant même de
convaincre
Khartoum
d'adopter
les
résolutions
proposées
par
l'organisation internationale. La question de l'introduction d'armements en
tous genres sur le continent reste également un des points les plus sensibles
de cette dynamique Chine-Afrique. Il faut donc que les États africains
réalisent la nécessité de pallier à ces effets pervers, qui ont tendance à
maintenir l'état de chaos et d'instabilité politique dans lesquels certains
pays sont déjà plongés. [1 est crucial que la Chine, en raison de l'influence
qu'elle acquiert en Afrique, se comporte en partie prenante responsable et
applique des pratiques de bonne gouvernance là où elle décide d'implanter
ces activités. Dans l'état actuel des choses toutefois, il est clair qu'un long
chemin reste à parcourir dans ce sens.
Même si le phénomène Chine-Afrique est résolument très « tendance» depuis ces 10
dernières années dans les milieux politique et économique, il demeure très difficile de
tirer des conclusions définitives sur une dynamique en changements constants.
Comme nous l'avons vu à travers cette section, les intérêts géopolitiques qui unissent
la Chine et l'Afrique sont des incitatifs très puissants, qui alimentent constamment les
interactions entre les 2 blocs. La nécessité d'atteindre la stabilité politique et de
nourrir ses énormes besoins en ressources naturelles représentent des catalyseurs
importants aux actions d'aides chinoises en Afrique. Toutefois, il ne faut pas omettre
88
le fait que contrairement aux puissances occidentales, la Chine s'est alliée très tôt
avec les pays africains pour combattre les impérialismes et soutenir les mouvements
de libération à travers le continent. Pour beaucoup de pays africains, ces liens,
remontant comme au Mali aux années 1960, sont des marques indélébiles du soutien
indéfectible de la Chine en tant que compagnon de lutte contre le colonialisme. Ainsi,
les initiatives passées et présentes de Pékin tels l'octroi de prêts préférentiels et
l'annulation des dettes, résonnent comme des preuves de la détermination chinoise à
tirer l'Afrique de son gouffre économique et social et à répondre à l'urgence des
besoins des pays les moins avancés.
Comme le cas du Mali, exemplaire en Afrique de l'ouest, l'illustre aujourd'hui, la
Chine devient un acteur prédominant dans les affaires intérieures de beaucoup de
pays. Dans la section suivante, nous explorerons l'étendue des relations entre les
gouvernements chinois et maliens et discuterons des éventuelles implications de ces
échanges pour le pays.
4.2 Le Mali: grand partenaire ouest-africain de la Chine
4.2.1 Historique des relations sino-maliennes
Dans le cadre de la coopération politique, le Mali et la République Populaire de Chine
ont officiellement amorcé leurs échanges diplomatiques le 25 octobre 1960 Uournal le
Républicain, 13 février 2009). Au fil des années, malgré les réformes politiques voire
économiques survenues tour à tour dans les deux pays, les contacts entre la Chine et le
Mali n'ont cessé de s'accroître. Grâce à des visites de haut niveau fréquemment
organisées entre les 2 régions et le soutien inaltérable que le Mali a témoigné aux
autorités chinoises en ce qui a trait à question taïwanaise, le Mali est devenu un
partenaire de choix pour la Chine au sein de la sous-région. En effet, le Mali a très tôt
signifié sa conviction et sa fidélité envers l'existence d'« une République Populaire de
Chine unie et indivisible ». Cette alliance fondamentale posait donc les bases d'une
coopération très prometteuse pour l'avenir.
89
Déjà en 1964, les visites respectives du premier ministre chinois Zhou Enlai au Mali,
et celle du président malien Modibo Keita en Chine, marquent une consolidation et
une réaffirmation importantes des liens entre les 2 nations. La même année, le Mali et
la Chine signent d'ailleurs le « Traité d'amitié », qui établit un cadre juridique de
coopération afin de normaliser les échanges entre les 2 pays. À la suite de Modibo
Keita, le Président Moussa Traoré, a tenu à préserver et à renforcer les liens tissés
avec la Chine sous la Deuxième République et a également effectué une visite à
Beijing en 1986. Avec de nombreux projets communs et l'aide au développement
fourni au Mali par la Chine, et ce dans plusieurs domaines tels que l'industrie, les
textiles ou encore la santé, les échanges avec la RPC se sont tout logiquement
maintenues. En 1994, Son Excellence Mr Alpha Oumar Konaré, 1er chefde l'État de
la troisième République du Mali, rend lui aussi visite à la Chine dans le même souci
de consolidation des échanges.
Toutefois, malgré plus de 40 ans de coopération, c'est surtout depuis l'investiture de
Mr Amadou Toumani Touré en 2002, que la coopération entre la Chine et le Mali
connait véritablement une envolée phénoménale. Celui-ci perçoit en effet les besoins
urgents du Mali en termes d'infrastructures de base et souscrit à la nécessité de
développer des liens solides avec une nouvelle génération de bailleurs de fonds qui
comprennent mieux les enjeux tout particuliers auxquels font face les pays pauvres.
Pour l'État malien, la Chine offre tous ces avantages et constitue actuellement l'une
des solutions les plus efficaces au développement rapide du pays. Aussi, afin de
signifier son engagement à l'égard du renforcement de cette alliance, Mr Touré s'est
rendu en Chine à 3 reprises. Du 15 au 20 juillet 2004, le président de la République a
ainsi effectué une visite de « Travail et d'Amitié» en RPC, accompagné en cela par
une importante délégation de 3 ministres et d'une cinquantaine d'acteurs économiques
et
d'hommes
d'affaires
maliens.
De
même,
lors
du
sommet
Chine-Afrique tenu à Pékin du 4 au 6 novembre 2006, le Président Touré a tenu à
assister et à participer aux travaux de cette session extraordinaire, de concert avec les
autres pays africains partenaires de la Chine. Indépendamment de cette occasion, le
président malien a eu plusieurs entretiens porteurs avec son homologue chinois
Monsieur Hu Jin Tao lors de sa visite, des rencontres au sommet qui ont permis aux 2
90
pays d'arrimer leurs relations dans Je cadre de la conjoncture du nouveau siècle. Ces
entrevues entre chefs d'état ont donné lieu à la création de nouveaux échanges
fructueux sur les plans politique et économique. En effet, les 2 pays ont procédé à la
signature de 5 Accords majeurs dont deux portant sur la coopération économique et
technique et octroyant respectivement au Mali un prêt de 20 millions de yuans (soit
1,5 milliards de FCFA) de même qu'un don de 40 millions de yuans (soit 3 milliards
de FCFA) Uournal le Républicain, 13 février 2009).
Enfin, organisés à Beijing entre le 8 et le 24 août 2008, les XXIXèmes Jeux
Olympiques ont été l'occasion pour le Président Touré de se rendre une 3 ième fois en
Chine et d'assister à la cérémonie d'ouverture des festivités sportives. Par ailleurs, vu
les relations qui lient aujourd'hui les 2 nations et la générosité dont la Chine a
indéniablement fait preuve à l'égard de ses homologues maliens au fil des années, de
nombreux officiels maliens et chinois ont tour à tour effectué des visites de courtoisie
afin de réitérer la confiance qui ponctue la collaboration entre Pékin et Bamako.
Comme nous l'explique Mr Issa N'diaye dans le cadre de l'entrevue que nous avons
réalisé avec lui dans les locaux de la FLASH à Bamako, la Chine a fortement
contribué au développement industriel et économique du « nouveau» Mali:
Q. : Donc justement, que pensez-vous des implications de ce phénomène pour les
pays occidentaux d'une part, et en particulier les anciens pays colonisateurs, et
d'autre part les pays africains comme le Mali?
Issa N'diaye : [. ..] depuis les années 1960, la Chine faisait du commerce avec
le Mali et c'était aussi un commerce essentiellement basé sur le troc. Il n y
avait pas d'échanges monétaires à proprement parler. La Chine livrait des
marchandises et le Mali en contrepartie livrait certains produits dont les
chinois avaient besoin. Par exemple, les huileries, les usines de conserve, tout
ce qui est rizerie, sucrerie et même le matériel agricole provenaient des usines
créées par les chinois. Le tissu industriel malien a donc vraiment été érigé
grâce au concours des chinois.
91
Q. : Pourquoi pensez-vous que Pékin s'est tellement intéressé à notre pays au fil
des années? Pourquoi n'a-t-elle pas choisi de s'implanter autant dans d'autres
pays de la sous-région comme le Burkina ou encore la Côte d'Ivoire par
exemple?
Issa N'diaye: Il y a à mon avis 2 ou 3 considérations expliquant ce
phénomène. D'abord, il y avait l'option idéologique que le Mali avait choisie
en ce sens qui était la voie socialiste de développement et celle option
idéologique faisait que le mali était proche de la Chine. Ensuite, je pense qu'il
y avait le fait que le Mali faisait partie des pays africains qui militaient
activement à l'époque pour l'adhésion de la Chine aux Nations Unies parce
qu'en ce temps là c'était Taiwan qui était aux Nations Unies et les puissances
occidentales s'opposaient à l'entrée de la Chine. Le poste de la Chine aux
Nations Unies était occupé par Taïwan et le Mali faisait partie des pays qui
dès le début ont refusé de reconnaître Taiwan et ont toujours revendiqué le
poste de membre des Nations Unies pour la RPC Je pense que ceci a fait une
convergence de faisceau qui fait que la Chine a considéré le Mali comme un
allié important, étant en plus un pays central du point de vue géostratégique
dans la zone.
A mon avis,
c'est ce qui explique les investissements massifs que la Chine a eu
à faire au Mali dans les années 1960. Même sur le plan militaire, dans
l'aviation plus précisément, les techniciens chinois avaient commencé à bâtir
une base pour pouvoir projeter des réparations d'avion dans la sous-région. A
l'époque, les chinois avaient déjà pris la relève sur les soviétiques qui avaient
été présents aussi au Mali. L'alliance entre la Chine et le Mali remonte donc à
très longtemps.
Q. : À votre avis, de quelle nature sont les intérêts chinois au Mali ?
Issa N'diaye : Alijourd'hui, ce sont les intérêts économiques et commerciaux
qui ont pris le pas sur les considérations politiques. On peut dire qu'au début
92
c'était les relations politiques qui étaient primordiales, qui expliquaient
l'investissement massif des chinois. Par exemple, les usines textiles ont été
faites avec le soutien des chinois.
A la
chute du régime de Modibo Keita et
avec les programmes d'ajustement structurels auxquels le Mali a été
contraint, c'est la Chine qui a repris ces usines textiles. D'abord en cogestion,
cela veut dire que la Chine a pris une place importante aussi bien au niveau
du capital qu'au niveau technologique pour moderniser ces usines textiles.
Cel/es-ci ont d'ailleurs produit pas mal de produits de qualité (t-shirts
militaires et survêtements exportés en Europe).
Ces marchandises ont été confectionnées ici et cela a permis d'organiser
l'exportation de certains produits. Je sais aussi qu'avec ces usines textiles le
Mali a eu à exporter du fil avec le concours chinois, biens qui étaient aussi en
partie rachetés par les usines textiles chinoises. C'était donc une opération
rentable. Ensuite, il y a eu cette histoire de canne à sucre pour laquelle le
Mali s'était adressé à l'époque à la France pour lui demander de l'aider à
installer des usines de production de sucre. La France avait répondu en disant
que la canne à sucre ne pouvait pas pousser au Mali. Toutefois, quand le Mali
s'est adressé aux chinois, ils sont venus implantés la canne à sucre. Il y a
d'abord eu des usines de sucre à Doulwbougou l, puis 2 et ensuite Seribala,
ce qui était une première dans la sous région. Ces usines faisaient une
production pour satisfaire les besoins nationaux mais également pour être
exportée dans les pays environnants. Les chinois fabriquaient également du
matériel agricole sur place, ce qui a permis d'approvisionner les agriculteurs
maliens avec du matériel agricole en plus de donner lieu à une exportation
dans la sous région.
Q.: Donc finalement, le Mali exportait beaucoup de biens grâce à l'action
chinoise.
Oui! Ensuite, il y a eu l'usine pharmaceutique qui existe encore aujourd'hui
et c'était une
j'ère
dans la sous région puisque celle-ci fabriquait 40 produits
93
de base. Elle permettait non seulement d'approvisionner le marché malien en
médicaments de première nécessité mais aussi la sous-région. Donc la
coopération avec la Chine est vraiment l'une des coopérations les plus
fructueuses que le Mali ait connue et je pense que malgré le fait
qu'aujourd'hui le Mali et la Chine ont peu de rapport sur le plan idéologique,
la Chine a pu sauvegarder les intérêts suscités par les investissements. Ce qui
fait que la Chine continue à être présente sur le plan du sucre, sur le plan du
textile, sur le plan de l'usine pharmaceutique. Le domaine du matériel
agricole a quant a lui été privatisé.
FOlt de son expérience au sein du gouvernement malien, Mr N'diaye constitue une
précieuse source de connaissance quant à l'évolution de la coopération entre la Chine
et le Mali. À travers son témoignage, il apparait clair que la Chine a accompagné le
Mali dans les étapes les plus difficiles de son développement. Pékin a en effet
construit de nombreuses usines qui ont permis au Mali de se bâtir une base initiale de
produits d'exportations. La ressemblance idéologique que les pays partageaient dans
les années 1960 et la position centrale qu'occupe le Mal i en Afrique de l'ouest ont
constitué de puissants catalyseurs dans la hausse des relations entre les 2 pays. D'où
le fait que le Mali ait démontré un soutien sans failles à la Chine depuis l'initiation
des contacts diplomatiques en octobre 1960. En plus, fait important souligné par Mr
N'diaye, la Chine a plusieurs fois répondu aux appels de son « frère malien» lorsque
la France lui déclinait son aide. Pour une ex-colonie, ce sont des actes qui demeurent
encrées dans la mémoire collective.
Aujourd'hui, grâce aux liens politiques solides existant entre Pékin et Bamako, les
chinois tournent de plus en plus leur attention vers le potentiel économique du pays. À
Bamako, les projets dirigés par les chinois fleurissent partout et les réalisations
chinoises sont visibles dans la capitale malienne grâce aux nouvelles routes et
bâtiments officiels construits par la main d'œuvre chinoise. La section suivante se
propose donc de faire le résumé des principaux accords signés et accomplissements en
tous genres réalisés au Mali par les chinois.
94
4.2.2 Bilan des réalisations et projets chinois au Mali
Au titre de l'année 2007, le commerce bilatéral entre le Mali et la Chine s'est élevé à
161 millions de dollars US, soit près de 80,5 milliards de FCFA. Entre janvier et
octobre 2008, le montant de ces échanges entre les 2 régions s'est chiffré à 202
millions de dollars, avec une augmentation de 58.8% par rapport aux résultats
enregistrés sur la même période durant l'année précédente Uournal le Républicain, 13
février 2009).
Ce dernier montant comprend entre autres les exportations et
importations chinoises qui ont respectivement atteint 140 millions de dollars US
(environ 170 milliards de FCFA) et 62 millions de dollars US (3 J milliards de FCFA)
en 2008. La rapide évolution des statistiques du commerce Chine-Mali traduisent
l'intensité et la fréquence des contacts entre les 2 pays. Ainsi, de nombreuses
entreprises chinoises se sont d'ores et déjà installées au Mali tandis que les hommes
maliens n'hésitent plus à effectuer des voyages fréquents en Chine afin d'y trouver de
nouvelles opportunités commerciales ainsi que des produits à meilleur prix.
Tel que présenté dans les chapitres précédents, les principaux produits que la Chine
exporte vers les marchés mal iens sont les produits électroménagers, le thé vert - les
maliens étant culturellement très friands de produits naturels et du thé tout
particulièrement -, les produits d'industries légères et les textiles. En contrepartie, la
Chine importe bien évidemment du coton malien: à titre d'exemple, rien qu'en mars
2007, la Chine a importé 23000 tonnes de coton provenant des cultures maliennes, ce
qui représente un montant de 31,83 millions de dollars USD et )5.915 milliards de
fCfA. Ces échanges de coton entre les 2 pays comptent donc pour 89% des
importations chinoises en provenance du Mali 49 . Afin de continuer sur la voie de
l'augmentation des flux d'échanges de part et d'autre, Pékin et Bamako ont procédé à
la signature de l'échange de notes conférant au Mali le « droit de douane préférentiel
spécial chinois» sur certains produits maliens. Ces données, parmi les rares
. 2009. « La coopération entre le Mali et la Chine ». Le Républ icain (Bamako - Mali), 13 février,
no 2796, p 7.
49
95
officiellement disponibles du coté malien, démontrent la volonté des 2 parties
d'instaurer un commerce bilatéral de haut acabit entre la Chine et le Mali. Pour
augmenter ses exportations, la Chine n'hésite pas envoyer ses produits vers le
territoire malien tout en important les ressources du pays.
En qualité de chef de la coopération bilatérale avec la Chine au Mali, Mr Seydou
Coulibaly nous explique les principales activités que convoitent concrètement les
chinois au Mali:
Q.: Quels sont les principaux besoins auxquels les chinois répondent ici au
Mali? Quelles niches d'activité occupent-ils?
Seydou Coulibaly: Pour le moment, ils sont dans le BTP, surtout dans la
réalisation d'irifrastructures. Mais vous savez, comme je l'ai dit avant, ils sont
aussi dans le petit commerce - c'est-à-dire la vente de chaussures, d'habits, de
pièces détachée- et même dans la petite restauration. Cette dernière activité de
petite restauration n'est d'ailleurs pas vu d'un bon œil par certains qui
pensent que derrière ces restaurants se cachent des activités illicites.
En tout cas, généralement ils sont surtout dans la réalisation de grands
travaux tels que les routes, les ponts, les hôpitaux. Il y a d'ailleurs beaucoup
d'entreprises chinoises ici qui se spécialisent dans la construction, comme par
exemple la société chinoise COVEC (Société d'ingénierie d'outre-mer de
Chine). Vous savez, au Mali, toutes les premières unités industrielles sont des
réalisations de la Chine, j'entends par là l'UMPP (Usine Malienne des
Produits Pharmaceutiques), la COMA TEX (Compagnie Malienne des Textiles
Sa) et aujourd'hui, le projet de
]ième
sucrerie à Sukala. Voilà un peu les
secteurs dans lesquels les chinois sont les plus présents.
Sur le plan purement économique, la Chine a accordé de nombreux avantages au Mali
au fil des années. Suite à l'annulation le 4 décembre 2001, d'une dette d'environ 37
milliards de FCFA, la dette bilatérale du Mali envers la Chine a diminué pour
96
atteindre 20 milliards de FCFA. Entre 1967 et 2008, les nombreux prêts préférentiels
et dons accordés par les chinois ont permis la réalisation d'infrastructures essentielles
au démarrage économique du pays, panni lesquelles figurent les premières « unités
industrielles» et entreprises d'État du Mali telles que décrites par Mr Issa N'diaye
dans la section précédente. Aussi, « la gestion des entreprises créées dans le cadre de
la coopération chinoise a évolué de l'assistance technique à la cogestion puis à la
cession de ces unités à des entreprises chinoises» Uournal le Républicain, 13 février
2009).
Plus
récemment,
le
financement
chinois a perm is
la construction
d'infrastructures phares dans le pays telles que le Centre International de Conférences
de Bamako, le Stade du 26 mars qui a accueilli la Coupe d'Afrique des Nations en
2002, le Mémorial Modibo Keïta, l'extension des bureaux de la Présidence, la
construction de 3 stades dans les villes de San, Koutiala et Bougouni, etc. L'aide
chinoise a également été à l'origine de la concrétisation de projets sociaux comme
par exemple l'édification des maisons de la Femme et de l'Enfant à Bamako ainsi que
dans 8 grandes régions du Mali, de même que la construction de 2 écoles rurales à
Sévaré et M'Pebossa.
Au titre de la coopération financière, le Mali et la Chine ont signé les
suivants depuis 2007 :
accords
97
Figure 13 : Accords bilatéraux signés entre le Mali et la Chine en 2007 et 2008
-Accord signé le 29 mars 2007: qui octroie 30 millions de RMB au Mali (2,318 milliards de
FCFA
Dons et
prêts 2007
-Accord signé le 31 décembre 2007: qui octroie 10 millions de RMB au Mali (772 millions
de FCFA)
- Accord du 5 décembre 2008 : qui accorde 40 millions de RMB au Mali (3,635 mtlliards de
FCFA)
- Accord du 5 décembre 2008: qui octroie un pnet sans intéret de 30 millions de RMB au
Mali (2,318 milliards de FCFA)
Dons et
prêts 2008
• Un prêt concessionnel de 500 millions de RMB (33,797 milliards de FCFA) donné par la
EXIM BANK CHINA pour financer le projet de 3ième sucrerie de N-Sukala
Source: Réalisée à partir des données de l'article « Coopération entre le Mali et la Chine
ii
Goumal le
Républicain, février 2009)
Le nombre d'accords signés entre la Chine et le Mali démontre l'accroissement rapide
des échanges à plusieurs niveaux de la coopération et l'intensification des liens, qu'ils
soient économiques, financiers, politiques, sociaux ou même culturels. Ainsi, à
l'heure où nous analysons les faits, de nouveaux projets en collaboration avec les
chinois sont actuellement en cours de développement ou de réal isation dans diverses
régions du Mali. C'est notamment le cas du projet de soutien dans le domaine de la
broderie, les chinois ayant une grande expeltise dans le secteur de la confection
textile, mais également la construction de dix Maisons de la Femme et de l'Enfant à
Bamako ainsi que dans chacune des villes régionales majeures. De même, le grand
projet de construction du 3ième pont de Bamako dont nous reparlerons un peu plus tard
98
et celui de 3ième sucrerie, dont le coût est estimé à 1100 milliards de Yuans ou 85
milliards de FCFA, sont des rappels importants du fait que les contacts entre la Chine
et le Mali ont toutes les chances de s'intensifier durant les 10 prochaines années.
En ce qui trait à la coopération sanitaire, l'aide chinoise se manifeste à travers la
présence d'une Mission Médicale Chinoise créée à la suite de la signature le 16 juillet
2001 d'un Protocole d'Accord entre le Mali et la RPc. Les dispositions de cet accord
spécifient que la mission doit se composer d'une trentaine de spécialistes chinois de la
santé dont le but est d'effectuer des visites tous les 2 ans dans les hôpitaux des villes
de Kati, Markala et Sikasso. Ainsi, en plus des médicaments que la Chine envoie à
destination des villes maliennes, dons en équipements sanitaires et autres
financements d'urgence, les médecins chinois ont la possibilité de faire bénéficier la
population locale de leur expertise et de leurs connaissances en la matière. D'ailleurs,
tout récemment, le 27 décembre 2008, I.es deux partenaires ont procédé à la signature
d'autres accords pour la création d'un Centre anti paludisme à l'hôpital de Kati - l'un
des centres de santé les plus importants du pays - et la construction d'un hôpital qui
se situera sur la rive droite du fleuve Niger. Ce dernier centre sera un hôpital moderne
qui comprendra 150 lits et qui permettra aux patients d'accéder de façon plus rapide
aux meilleurs soins de santé de la capitale. D'un coût de 3.4 milliards de FCFA, le
projet suscite déjà beaucoup d'intérêt localement même si les travaux de construction
ont été confiés non pas à une entreprise malienne mais à la société chinoise QUILU.
De façon générale, la contribution chinoise dans le domaine de la santé constitue en
effet l'un des aspects les plus importants et les plus intéressants pour les autorités et la
population maliennes. Accompagner voire guider le Mali vers la voie de la prospérité
économique, c'est aussi garantir le bien-être et satisfaire les besoins de base des
citoyens formant sa population. Selon l'agence de presse chinoise Xinhua, entre 1968
et 2008, « 670 travailleurs médicaux chinois ont apporté leur aide au Mali et ont
soigné plus de 3 millions de personnes».
Dans le domaine du Tourisme et de l'Artisanat, les deux parties ont signé un Accord
de coopération à Beijing le 15 juillet 2004 qui a pour but de « favoriser la
99
compréhension mutuelle et le rapprochement des peuples chinois et malien» et plus
d'avoir un effet bénéfique sur le développement économique et social du Mali.
La coopération culturelle est quant à elle administrée par un accord signé le 15 juillet
2004 entre les parties malienne et chinoise, dont les dispositions prévoient notamment
le déroulement ainsi que l'organisation de stages de formation et autres types
d'activités culturelles. À ce sujet, il est important de souligner qu'entre 2004 et 2005,
53 cadres et techniciens maliens ont pris part à des stages de formation organisés en
Chine. Ces initiatives ont ainsi permis aux professionnels maliens d'approfondir leurs
connaissances et de faire l'apprentissage de nouveaux savoir-faire utiles à leurs
domaines de travail respectifs. Lors de sa venue au Mali entre Je Il et Je 14 décembre
2007, le ministre chinois de la culture a également informé les autorités locales d'une
aide de pJus de 15 millions de FCFA (soit 200 000 RMB) accordée par Beijing pour
J'achat et l'installation d'équipement didactique destiné à l'usage de l'Institut malien
des Arts et Métiers Multimédia« Balla Fasséké KOUYATÉ ».
En outre, Je mois de mars 2009 a marqué le lancement à Bamako des activités du
Cercle Confucius lors d'une conférence so organisée au Lycée Askia et réunissant
quelques personnalités maliennes comme Mr Issa N'diaye et Mr Seydou Badian
Kouyaté - l'un des précurseurs de la coopération sino-malienne - et les représentants
locaux de la RPC tels que l'ambassadeur de Chine Son Excellence Mr ZHANG Guo
Qing. La tenue de la conférence devait en effet marquer le lancement des activités du
cercle Confucius comprenant 2 principaux organes:
1- La classe Confucius: celle-ci est née du protocole d'accord entre les
instituts Confucius à Beijing et le Lycée Askia de Bamako et œuvre
pour l'enseignement et la promotion de la langue chinoise au Mali.
2- Le cercle Confucius pour la Recherche sur la Chine et J'Asie
(C.C.R.C.A): qui a été mis en place par l'association du cercle
Confucius constituée d'anciens étudiants maliens en Chine et dirigé
50
Voir le compte rendu de la conférence appendice A.7 p. 171
100
aujourd'hui par Mr Modibo Bah Koné. C'est un regroupement qui
œuvre pour la promotion de la langue et de la culture chinoise ainsi
que pour le développement des connaissances sur l'Asie en général
dans le cadre du Mali.
Lors de son intervention à la dite conférence, Mr ZHANG Guo Qing a indiqué que
depuis 2 ans la coopération Mali-Chine s'était renforcée. L'installation de la classe
Confucius au Lycée Askia fournira en plus la possibilité au peuple malien
d'approfondir sa connaissance de la culture chinoise et de pouvoir faire
l'apprentissage du mandarin. Il s'est dit très heureux du lancement de ces activités car
les enseignements de Confucius représentent un aspect très important de la culture
chinoise. Les valeurs confucianistes correspondent selon lui à la recherche de
l'harmonie en Chine et dans le monde. Dans l'univers actuel, ce sont des valeurs qui
doivent rester dans les esprits et être respectées par tous. En outre, il a exprimé le fait
qu'il faille « travailler ensemble pour préserver l'amitié qui dure entre le Mali et la
Chine depuis un demi-siècle» et dont on fêtera justement le cinquantenaire en 2010.
En échangeant quelques mots avec lui lors de la conférence, il nous a affirmé que
l'avantage de la Chine sur les pays européens réside dans le fait qu'à la différence des
occidentaux, ils fournissent une aide pragmatique, utile dans l'immédiat pour le
gouvernement malien. Il est conscient que la Chine est démonisée en occident et il
tenu à préciser que malgré la présence chinoise au Mali, on dénombre toujours moins
d'entreprises chinoises qu'américaines et européennes sur le territoire malien. La
concurrence avec ces dernières est naturelle et entre uniquement dans le cadre des
« règles du marché ». Mr ZHANG Guo Qing nous a également souligné avec
beaucoup de modestie, que plus la Chine avancera dans son développement, plus elle
essayera d'apporter son aide au Mali.
Le Dr Modibo Bah Koné, président du Cercle Confucius pour la Recherche sur la
Chine et l'Asie (C.C.R.C.A) a également tenu à intervenir lors de la conférence afin
de parler de la coopération sino-malienne dans le cadre de l'enseignement. Mr Koné
a ainsi souligné le fait que depuis 25 ans, la Chine accorde des bourses aux étudiants
maliens voulant étudier en Chine. De ce fait, la création de son association avait pour
101
but de comprendre ce que le Mali pouvait attendre de plus de
la Chine à divers
niveaux de cette coopération.
Le Dr Koné a exprimé son désir de voir les échanges avec la Chine s'accentuer au
niveau de l'enseignement car celui-ci représente d'après lui un moteur de
développement essentiel pour les pays en voie de développement comme le Mali. En
effet, selon le Dr Koné, la montée en puissance de la Chine repose avant tout sur 3
postulats fondamentaux:
• L'ancienneté de la situation chinoise: Avec plus de 5000 ans d'histoire, la
Chine représente l'une des plus anciennes civilisations de la planète. Après
plusieurs changements majeurs au cours de son histoire, eJie a su adapter sa
pensée et son monde de fonctionnement actuels à l'enseignement de
Confucius. De plus, la Chine a également une tradition millénaire qui valorise
l'éducation et qui place l'enseignement comme un aspect très important de la
vie quotidienne des individus. Pour le Dr Koné, il s'agit d'une logique que
l'on peut illustrer par la phrase suivante: « Respect the Teacher, Value the
Teaching ».
• La formation des élites comme priorité nationale: En Chine, l'enseignement
primaire et supérieur, relèvent une importance capitale et font partie intégrante
des priorités nationales du pays.
• Le respect de la nation: Les chinois ont un respect sacré pour la nation, une
conscience citoyenne saine qui porte en elle la politique du gouvernement.
Par conséquent, si l'on comprend les dires du président du C.C.R.C.A, grâce à la
place capitale qu'occupe la formation de ses élites, la Chine a pu se développer et
prendre la voie du développement. Il faudrait donc que la Chine renforce son
partenariat avec le Mali au niveau de l'amélioration de l'enseignement supérieur car
celui-ci constitue le « leitmotiv» de l'économie et du progrès. En raison notamment
102
des grèves incessantes qui animent le pays et des conflits perpétuels survenant entre
enseignants et étudiants, l'éducation malienne est aujourd'hui en péril. La jeunesse
malienne a besoin d'une nouvelle philosophie de l'éducation afin de lutter
efficacement contre ses problèmes et insuffler un sens nouveau des responsabilités
vers la population estudiantine. Pour cela, il serait aussi nécessaire d'accentuer la
présence du privé et des opérateurs de téléphonie mobile par exemple (qui ont
beaucoup de ressources matérielles et financières à leur disposition) au niveau de
l'investissement en faveur de l'enseignement supérieur.
D'après les suggestions du Dr Koné, au niveau de l'enseignement malien, la Chine
pourrait prendre les initiatives suivantes:
Appuyer la formation des cadres et des enseignants
Œuvrer pour l'informatisation des locaux d'enseignement supérieur
Participer à la création d'un DEC en langues chinoises
Financer la construction de nouvelles facultés (sciences juridiques et
économiques notamment)
Donner la possibilité aux étudiants maliens de faire des « recyclages»
professionnels en Chine afin d'avoir les atouts en main pour contribuer
efficacement au développement du Mali.
Même si ces actions sont dans l'intérêt d'une meilleure éducation pour tous, la Chine
semble toutefois accorder plus d'importance à la poursuite de ses ambitions
économiques dans le pays. Pour l'heure, le projet phare au Mali demeure en effet la
construction du 3ième pont de Bamako. En raison de son coût de 2,28 milliards de
FCFA (37,7 millions de RMB) et de sa portée économique et sociale, c'est
actuellement l'un des plus grands projets de construction jamais effectué au Mali et le
projet de coopération le plus important jamais réalisé gratuitement par la Chine au
sein de la sous-région Uournal L'Essor, février 2009). À Bamako, des affiches sont
103
exposées un peu partout dans la ville, montrant l'aspect final du pont qui devrait être
achevé pour la célébration du cinquantenaire de la coopération sino-malienne et de
l'indépendance du pays en septembre 2010.
Maquette du Pont de l'Amitié sino-malienne
(L'Essor, février 2009)
Les chinois et le gouvernement malien ont beaucoup investi en publicité pour
promouvoir les bienfaits du projet et tirent donc une grande fierté du contrat
avantageux qui a été conclu entre les 2 partenaires.
Selon le quotidien malien l'Essor, le pont enjambera le fleuve Niger au niveau de la
zone industrielle de Sotuba et permettra d' « améliorer le réseau routier de la capitale
et de viabiliser la partie Est de la ville». En effet, ce cadeau colossal de la part de
Pékin va grandement facil iter la vie des bamakois car traverser le fleuve lors des
heures de pointes a toujours constitué une tâche difficile en raison des embouteillages
monstres créés par le manque de voies de circulation. La zone industrielle étant située
en pleine ville, les semi-remorques se doivent très souvent de respecter les contraintes
horaires et d'emprunter des routes en pleine zone administrative, non adaptées à leurs
104
activités, causant de ce fait une congestion du trafic routier. L'ouvrage en lui-même
sera constitué d'un pont d'environ 1450 mètres construit sur une longueur totale de 2
200 mètres en plus de comp011er un échangeur desservant chaque rive du fleuve. La
largeur du pont et des deux voies de raccordement sera de 24 mètres. La coupe
transversale comprendra quant à elle un terre-plein central de séparation de 2,5
mètres, 2 bordures de séparation de 0,25 mètres chacune entre véhicules et cyclistes, 2
pistes cyclables de 2 mètres chacune et deux trottoirs de 1,5 m chacun (incluant les
garde-fous).
Ce nouveau pont dont le nom est « Pont de l'amitié sino-malienne» marque
véritablement la consécration et le point culminant des relations entre la Chine et le
°
Mali depuis ces 1 dernières années. Il constitue indéniablement l'un des plus beaux
cadeaux que Je gouvernement malien ait jamais reçu de l'un de ses partenaires
internationaux. Encore une fois, avec ce projet, la Chine a supplanté les pays
européens sur leur terrain de prédilection car ceux-ci se limitent encore à l'octroi de
prêts alors que Pékin agit en grand frère et allié du développement. Le 13 février
2009, le président chinois Hu Jin Tao est arrivé à Bamako sous une valse
d'acclamations et de réjouissances pour la pose de la 1ère pierre du pont en
compagnie de son homologue malien. La ville vibrait aux couleurs des drapeaux
chinois et maliens et l'on pouvait palper l'enthousiasme latent qui résonnait dans les
discours du président Touré et des officiels chinois et maliens. À l'occasion de cette
visite d'État de deux jours qui a également été marquée par la tenue d'une séance de
travail et la signature d'un certain nombre de conventions, la Chine et le Mali ont
réaffirmé la solidité des relations de coopération et d'amitié qui existent entre les 2
pays.
Le Président Amadou Toumani Touré a d'ailleurs déclaré: « le Mali et la Chine
fondent une amitié de 49 ans et bientôt nous allons boucler le cinquantenaire de
l'amitié historique qui lie les 2 pays ». Conscient de l'ampleur des actions chinoises
depuis les années 1960, le président a ajouté: « Depuis l'indépendance, la Chine a
accompagné nos premiers pas dans les grandes réalisations qui devaient être le socle
de notre économie. Cette coopération devient de plus en plus importante, une
105
coopération nouée dans un intérêt commun et le Mali ne peut que s'en réjouir [... ] Je
peux dire sans me tromper que les plus grandes réalisations de notre pays
portent l'empreinte de la Chine [...] Nous sommes réconfortés de l'appui, du soutien
et de l'accompagnement que vous accorderez non seulement au Mali, mais aussi à
toute l'Afrique face à une crise économique sévère et profonde ». Le président a
également fait part de sa fascination à l'égard du développement chinois à travers une
anecdote: « La première fois que j'ai effectué une visite d'État en Chine, à mon
retour au Mali certains m'ont dit de leur raconter la Chine. J'ai répondu que la Chine
ne se raconte pas, elle se visite. C'est dire combien j'ai été impressionné par le bond
qualitatif réalisé par ce pays. J'ai été aussi impressionné de voir comment nos amis de
Chine ont pu rester fidèles à leurs traditions et avancer dans la modernité. J'ai été
également impressionné par les grandes réalisations effectuées par ce pays lors des
Jeux olympiques. Je pense que la Chine est une école qui mérite d'être visitée dans ce
sens ». À cela, le président Hu Jin Tao a rétorqué que les 2 États ont pu « franchir une
étape supplémentaire dans
les relations
bilatérales et ouvrir de nouvelles
perspectives» en plus d'ajouter que la Chine accorderait 34 bourses d'études au Mali
et qu'elle accueillerait 65 maliens dans le cadre de son programme de formation des
ressources humaines Uournall'Essor, février 2009).
À la lumière de toutes ces réalisations, on saisit bien que la coopération sino-malienne
est avant tout un phénomène multidimensionnel qui transcende la simple relation
diplomatique. Les autorités maliennes et chinoises n'hésitent plus à parler de liens de
« fraternité» pour décrire les relations qui existent entre les 2 pays.
La Chine a fait du Mali un partenaire fidèle au sein de la sous-région et l'admiration
que Pékin suscite ne fait désormais plus aucun doute. Toutefois, malgré les louanges
faites par les autorités maliennes, la Chine possède aussi ses détracteurs au Mali. En
effet, si la Chine offre de nouvelles possibilités au Mali en termes de développement,
beaucoup s'inquiètent des impacts liés à ces activités à long terme. En fait, 2 courants
de pensée se chevauchent au Mali quant à la présence chinoise dans le pays: il y a
d'une part les optimistes pour lesquels la Chine a constitué un véritable contrepoids
106
aux puissances coloniales. Pour ces individus, la Chine présente une alternative non
négligeable face à l'Europe et aux bailleurs de fonds traditionnels qui ne cèdent
jamais rien sans imposer au préalable une pléthore de conditions. Depuis
l'indépendance, la Chine a ainsi démontré que ses promesses étaient suivies par des
actions concrètes et contrairement aux européens, celles-ci ne sont pas sous-tendues
par des ambitions colonialistes. À ce sujet, Mr Seydou Badian Kouyaté, ministre entre
1960 et 1968 et écrivain très reconnu, considéré pour beaucoup comme le « plus
chinois des maliens », a déclaré que « la Chine n'a pas l'ambition d'une puissance
mondiale, bien qu'elle en ait les moyens et la force. Les chinois veulent progresser en
toute modestie, sur les deux jambes, par le travail et la rigueur» (Maliweb, février
2009). Pour les partisans de la présence chinoise au Mali, la Chine représente avant
tout un modèle de discipline et de réussite, un pays développé qui se considère encore
comme un pays en voie de développement et qui comprend donc très bien les besoins
maliens.
D'autre part, les critiques de la Chine la perçoive comme une menace, une nation qui
envahit les marchés locaux et qui n'emploie que très peu la main-d'œuvre du pays.
D'ailleurs, J'essentiel des travaux réalisés dans le cadre de la construction du 3ième
pont sera effectué par l'entreprise chinoise CGGc. Les marchés de construction
routière ou hôtelière sont très fréquemment accordés à des sociétés chinoises, ce qui
provoque J'insatisfaction des entreprises nationales.
En se promenant dans [es rues de Bamako, on constate en effet que les entreprises et
petits commerces chinois sont de plus en plus nombreux. Le marché est actuellement
inondé par les produits chinois en tous genres, ceux-ci allant de la qualité la plus
mauvaise à la plus descente. On y retrouve également des vendeurs chinois qui
prennent les places autrefois occupées par les femmes cherchant à vendre leurs
légumes et condiments. De même, dans les magasins, le « made in China» s'impose
désormais comme la norme, que ce soit au niveau des jouets pour enfants, des
vêtements et chaussures que des véhicules motorisés (ou «djakartas »). Certains
ressortissants chinois se livrent aussi à des activités indécentes en développant des
bars et hôtels de passe qui encouragent les comportements inappropriés. Ce genre
107
d'activités néfastes a tendance à fortement inciter les critiques et protestations de la
population malienne. Le commerce chinois représente ainsi une concurrence de plus
en plus redoutable pour les petits acteurs économiques cherchant à écouler leurs
produits et à développer leurs affaires.
Mr Seydou Coulibaly nous explique plus avant les implications du phénomène:
Q. : Ici lorsqu'on se promène au Mali, on remarque que le marché est réellement
inondé par les produits chinois de toutes sortes, comment pourrait évoluer ce
phénomène dans le pays, à l'instar du Sénégal par exemple et de la réaction
publique que cela a suscité?
Seydou Coulibaly : Au Mali comme au Sénégal, certains sont irrités par le
rapport qualité/pri;'( des produits chinois mais si l'on prend l'exemple des
motos chinoises, on voit qu'en comparaison aux motos japonaises, cela va du
simple au « quintuple» en termes de prix! Pour une moto japonaise qui est
vendue 1.200.000 FCFA, on trouve toujours une moto chinoise à 300.000 ou
375.000 FCFA. Voyez-vous cela profite à une population ayant un pouvoir
d'achat moyen. Donc, c'est un peu compliqué de ne voir que les aspects
négatifs mais du point de vue de la qualité, certains se plaignent en disant que
les motos chinoises sont des « motos à usage unique» (rires). Pourvu que
nous puissions y trouver notre compte car pour le moment cela règle un
problème crucial qui est là, qui se pose et on essaie de gérer en attendant
d'avoir les moyens de s'acheter un produit de meilleure qualité.
Q. : Que pensez-vous du fait que les chinois ramènent systématiquement leur
propre main d'œuvre pour travailler sur leurs projets (dans la construction,
l'enseignement, la médecine, etc.) au lieu de former la population locale à ces
tâches?
Seydou Coulibaly: Là j'avoue franchement qu'il est compliqué de vouloir
former la main d'œuvre locale. Je ne pense pas que les chinois veuillent
108
forcément importer leur main d'œuvre. Dans l'enseignement par exemple, un
domaine très règlementé, en fonction de la taille de l'institut et des besoins de
celui-ci, les chinois doivent s'ajuster. Il ne s'agit pas non plus de ramener 100
coopérants chinois pour enseigner car le marché ne l'exige pas et si le marché
ne l'exige pas, je ne vois pas la nécessité de ramener tout cet effectif. Mais
dans le passé, on a eu à avoir des professeurs chinois ici dans des lycées tels
que Sikasso, Markala et autres venus enseigner le chinois. Avec le recul, cela
s'est estompé mais avec la création de l'Institut Confucius pour la promotion
de la langue et de la culture chinoise, tout sera réglementé et je pense que les
autorités vont veiller à cela. Tout cela rentre dans le cadre des échanges
culturels, scientifiques et techniques qu'on a avec pratiquement tous les pays.
4.2.3 Volet culturel: L'intégration chinoise au Mali
Par aiJ leurs, les effets négatifs de la coopération sont également accentués par le
manque d'intégration des chinois à la culture locale. En effet, même à l'étranger, les
chinois demeurent fortement attachés à leur identité nationale et en dépit du fait que
beaucoup d'entre eux parlent la langue locale, le « bambara », une infime proportion
cherche véritablement à connaître et à rencontrer les maliens sur une base autre que
professionnelle. Ce manque de rapprochement avec les locaux est une lacune majeure
dans le cadre de la coopération et beaucoup de mal iens se plaignent de la « distance»
que les chinois instaurent dans leurs rapports avec la population. Lors de notre
rencontre avec lui, Mr Koné, président du C.C.R.C.A et ancien étudiant au doctorat en
Chine, nous a d'ailleurs expliqué que:
« Les chinois ne connaissent pas bien les africains. Du point de vue des contacts avec
J'extérieur, les chinois quittent très rarement le territoire national. En général, ils
viennent juste pour travailler en Afrique et sont très curieux de la façon de vivre des
africains. En Chine, les africains ont quant à eux beaucoup de mal à s'adapter car il
faut déjà passer 1 an à apprendre le mandarin. Dès qu'un étranger parle chinois
toutefois et qu'il apprécie la gastronomie locale par exemple, il est accepté plus
109
facilement au sein de la communauté. Les chinois ne sont pas racistes même s'ils
peuvent être chauvins, ils sont juste très ignorants en ce qui a trait à l'Afrique et
confondent parfois même le Mali avec la Somalie. [...] Parallèlement, les maliens ne
cherchent pas trop à approfondir leur connaissance de la culture chinoise. Les maliens
aiment avant tout copier les chinois pour le développement mais aussi pour les arts
martiaux et tout ce qu'ils voient dans les films à la télévision. Ils sont surtout épatés
par le courage et l'ardeur au travail des chinois et se demandent comment être comme
eux à ce niveau. Pour le reste, les maliens savent qu'ils ont leur propre traditions et ne
sont pas complexés par la culture de qui que ce soit. »
Mr Koné confirme ainsi ce que nous avons pu observer sur place, le fait que le malien
moyen n'aime pas trop le chinois qui vient lui prendre ses clients sans même chercher
à le connaître. À vrai dire, en dehors des autorités et des officiels gouvernementaux
qui 1imitent leurs propos négatifs au sujet des chinois au Mali, la population est elle
très consciente des tenants et aboutissants de ce phénomène. Dans un pays où les
règles d'hospitalité et de fraternité sont d'une importance capitale, il est clair que les
chinois installés au Mali vont devoir s'intégrer davantage à la population pour vivre
en harmonie avec tous.
Les interactions interpersonnelles, contrairement aux
rencontres État-État, manquent cruellement de chaleur et d'allant pOLIr faire en sorte
que la population arrête de se méfier des chinois. Ceux-ci sont d'ailleurs réputés pour
vendre des produits de mauvaise qualité. Certaines activités chinoises au Mali brisent
aussi les tabous imposés par la société, ce qui suscite des tensions supplémentaires
entre les maliens conservateurs et les propriétaires de ces nouveaux bars et hôtels qui
tapissent désormais la ville.
Jusqu'à preuve du contraire cependant, l'état plutôt froid des relations entre la
population et les ressortissants chinois n'a pas l'air d'handicaper les échanges entre
les 2 gouvernements. Au contraire, beaucoup d'intellectuels maliens pensent que la
Chine peut servir d'inspiration au Mali dans les années à venir pour amorcer sa
croissance et son développement. Voyons ce que Mr Seydou Coulibaly en pense:
110
Q.: Selon vous, est ce que la réussite chinoise et le modèle de développement
qu'elle a mis en œuvre peuvent inspirer le Mali à aller de l'avant?
Seydou Coulibaly : Deng Xiaoping lui-même a dit que « peu importe que le chat soit
noir ou blanc, l'essentiel c'est qu'il attrape les souris». Donc on peut fortement
s'inspirer de cette expérience chinoise pour peu qu'on s'en donne les moyens parce la
réussite chinoise c'est avant tout l'expérimentation de plusieurs politiques de
développement allant du Marxisme et du Léninisme au capitalisme actuel. C'est un
peu un savant dosage de toutes ces politiques et si le Mali réussit à s'approprier cette
logique, on ne pourra avoir mieux. En si peu de temps, ils sont arrivés à réaliser des
exploits, c'est donc un exemple. Toutefois, pour s'inspirer de la Chine, le minimum
c'est d'avoir de la discipline car c'est un peuple discipliné. Ils ont réussi à
s' « autodiscipliner » et je crois que c'est grâce à cela qu'ils ont pu arriver à un tel
niveau de croissance, grâce à la discipline, au courage, à la volonté, à la
persévérance et à la croyance en ce que l'on fait. Je pense qu'avec la réunion de ces
éléments, il ne devrait pas y avoir de problème car effectivement je ne considère pas
que le modèle chinois soit un modèle savant mais que c'est à force de volonté qu'ils
en sont arrivés là. Ils l'ont voulu, ils l'ont fait, pourquoi pas nous?
Et Mr Issa N'diaye d'ajouter dans la même veine lors de la conférence pour le Cercle
Confucius:
« La valeur du pays reflète la qualité de la ressource humaine », et dans ce contexte,
des valeurs fondamentales échappent au Mali. » Il faudrait selon lui que le pays puisse
s'inspirer de l'exemple de la réussite chinoise et de ce qu'elle a construit de
l'intérieur. Il est important d'avoir un cadre de réflexion stratégique pour réaliser de la
gestion et de la projection à long terme. Il s'agit de « construire des perspectives et
non pas gérer au quotidien ». Il a également souligné la nécessité de bâtir une capacité
autonome de réflexion stratégique au niveau national et non pas international et de
développer des synergies au sein même du pays.
111
Conclusion
En attendant que le Mali démontre la volonté et la discipline nécessaires pour aller de
l'avant, il semblerait que dans l'état actuel des choses la coopération sino-malienne va
continuer à s'accroître dans les années à venir. Même s'il est difficile de réaliser des
anticipations quant à l'évolution du phénomène, il est certain qu'avec les nombreux
projets en cours d'élaboration ou de réalisation, les relations entre la Chine et le Mali
ne vont pas cesser de sitôt. D'après Mr Coulibaly, la coopération politique étant au
« beau fixe », les relations économiques ne peuvent que suivre dans le même sens.
Quant aux effets à moyen terme de cette coopération, il est très clair sur le sujet:
Q. : Sans vouloir se projeter trop loin dans l'avenir, mais à la lumière de tout ce
que les chinois ont accompli jusqu'à présent, que pensez-vous de l'effet de la
coopération sino-malienne sur l'économie et le développement du pays à moyen
terme?
Seydou Coulibaly : Cela ne peut avoir qu'un impact positifsur l'économie du
pays. Prenons l'exemple de l'hôpital de Yirimacfjon: vous savez que dans le
pays, nous n'avons que 2 à 3 grands hôpitaux, notamment l 'hôpital de Kati,
l 'hôpital Gabriel Touré et l'hôpital du Point G, tous sur l'autre rive du fleuve.
Une personne qui est à Banakanbougou (un quartier de Bamako) et qui a
besoin de subir une intervention très sérieuse, on ne pourra plus l'amener
dans un centre de référence, il faut qu'on le transporte dans l'un des 3
hôpitaux précédents. Or, le patient a tout le temps de mourir avant d'accéder
aux soins en raison de l'éloignement de ces infrastructures de santé. Avec la
construction de l 'hôpital de Yirimacfjon, cette même personne peut gagner 5
minutes de plus au lieu de vouloir se rendre de l'autre coté du fleuve aux
heures de pointes pour recevoir les premiers soins. L'impact ne pourra être
que positif et à la longue la présence chinoise pourra même générer des
emplois.
Si je considère seulement le cas de la 3ième sucrerie, cela va créer des milliers
d'emplois permanents et saisonniers car cela va entraîner le développement
112
d'autres activités connexes génératrices de revenus pour les populations,
l'amélioration de leurs conditions de vie, etc. Vraiment, à mon humble avis, je
pense que cela ne peut être que positifpour nos populations.
Selon toute vraisemblance donc, tant que cette coopération continuera à fortement
profiter aux 2 parties, rien ne pourra l'arrêter, à tel point que des pays comme l'Inde
ou la Turquie, qui commencent tout juste à faire leur entrée au Mali, ne représentent
aucune menace envers la suprématie chinoise. Les 2 pays continueront à réaffirmer
leur amitié par des visites fréquentes de part et d'autre. Comme l'a affirmé le
Président de la République malienne lors de la présentation des condoléances à la
suite du tremblement de terre survenu en mai 2008 dans la province du Szechuan,
« Nous avons partagé des moments de gloire, nous allons partager des moments
de souffrance ».
CHAPITRE V
Méthodologie et résultats des recherches
5.1 Retour sur les aspects méthodologiques
Comme précisé dans le cadre du chapitre 1 de ce document, la méthodologie
utilisée pour mener les recherches repose à la fois sur des aspects quantitatif et
qualitatif. En effet, pour recueillir des données représentatives quant aux
perceptions malienne et chinoise par rapport au sujet qui nous intéresse, nous
avons opté pour des méthodes de recherche différentes mais complémentaires,
choisies en fonction des répondants de chacune des régions. Ainsi, nous avons
choisi d'appliquer la méthode du sondage par questionnaire en Chine tandis qu'au
Mali nous avons privilégiée la tenue d'entrevues avec des personnalités locales au
fait du phénomène qui nous intéresse. En raison de l'éloignement géographique du
territoire chinois, le questionnaire administré en ligne constituait une solution
efficace et non coûteuse afin de sonder l'opinion de l'échantillon choisie. Au Mali
cependant, la conduite d'entrevues sur le terrain s'est avéré être le meilleur moyen
d'action en raison de la réticence naturelle des gens à répondre à des
questionnaires académiques et du fait que nous avions déjà des contacts officiels
sur place. La combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives a donc permis
d'évaluer l'ampleur de la distorsion entre les vues chinoises et maliennes en plus
d'agrémenter la recherche de statistiques « fraîches» et de témoignages réels.
5.1.1 Élaboration du questionnaire
Lors de l'élaboration du questionnaire, il était crucial de construire des questions
qui allaient nous aider à évaluer non seulement la connaissance des répondants
chinois au niveau du commerce international en général mais aussi leur degré de
114
familiarité avec les grands aspects de la coopération sino-africaine. Le but était
entre autres de voir si les répondants chinois étaient conscients de la position de
leur pays sur la scène commerciale mondiale et des répercussions de la présence
chinoise sur l'économie et le développement de ses partenaires africains. Sur les
conseils avisés du professeur Prosper Bernard, PhD, il a été décidé de constituer
un échantillon de taille moyenne composée d'étudiants au MBA en Chine et de
professionnels. Cette population devait permettre d'obtenir des réponses plus
fiables car composés d'individus au fait de l'actualité internationale et évoluant au
sein du milieu des affaires. Les protagonistes de la recherche seraient donc des
personnes dont les activités les amèneraient parfois à entretenir des contacts avec
des partenaires internationaux. Finalement, sur la cinquantaine de répondants
visés, 46 personnes ont participé au questionnaire. En posant tour à tour des
questions fermées et ouvertes, nous souhaitions obtenir des réponses précises aux
questions posées mais aussi connaître l'opinion des répondants quant à certains
aspects du phénomène tels que l'intégration culturelle des ressortissants chinois en
Afrique. Toutefois, pour éviter les lourdeurs et les difficultés d'analyse, la
majorité des questions sont restées des questions fermées.
Aussi, le questionnaire se composait d'un total de 26 questions réparties en 4
grandes sections s'organisant comme suit:
Section 1 : Le commerce international (5 questions)
Section 2: La Chine dans le commerce international (4 questions)
Section 3 : Les relations sino-africaines (9 questions)
Section 4 : Données démographiques (8 questions)
Comme on peut l'observer, les thèmes et questions ont été pensés selon la
méthode de l' « entonnoir », c'est-à-dire de telle façon que le sujet principal soit
introduit de façon graduelle auprès des participants. Afin d'éliminer la contrainte
géographique liée au fait que les répondants se trouvaient en Chine, nous avons
choisi d'administrer le questionnaire par voie informatique. Pour cela, il fallait
tout d'abord procéder à une traduction du questionnaire français en mandarin car
115
nous devions bien évidemment éliminer la barrière de la langue dans le cadre de la
bonne poursuite du processus de recherche. Une fois cette tâche effectuée, grâce à
la précieuse collaboration de Mlle Tianhan Guy, étudiante en sciences sociales à
l'UQÀM, nous avons procédé à la saisie des données sur le logiciel de sondage en
ligne SurveyMonkey. Mr Raymond Laliberté, agent de recherche à l'UQÀM,
s'est chargé de la configuration informatique et de la mise en ligne du sondage sur
ledit logiciel. Cette méthode a pour avantage de faciliter la transmission du
questionnaire aux répondants puisqu'il suffit de leur faire parvenir le lien internet
par courriel en plus de représenter une alternative non couteuse en termes de
déplacement et de collecte des données. Ce questionnaire, avant tout destiné à
l'usage d'un échantillon représentatif de la population chinoise, nous a permis
d'effectuer une évaluation rapide des connaissances des participants quant à
l'économie de leur pays, à celle de l'Afrique et à la contribution de la Chine dans
la croissance de ses partenaires africains.
Jointes en annexes, le lecteur trouvera des copies du questionnaire traduit en
français et en mandarin, de même que les résultats de la collecte de données que
nous commenterons dans les sections suivantes.
5.1.2 Réalisation des entrevues
Lors de notre visite dans la capitale malienne entre les 9 février et 1er avril 2009, nous
avons eu l'occasion de rencontrer un certain nombre d'acteurs locaux, dont les
activités ou les expériences se trouvent en lien direct avec la problématique qui nous
intéresse ici. Nous avons donc jugé peliinent d'organiser des entrevues avec certaines
de ces personnes afin d'agrémenter la recherche de témoignages directs, effectués sur
le terrain.
Cette façon de procéder aurait pour avantage d'obtenir une perspective unique en la
matière, provenant d'individus ayant soit vécus les débuts de la coopération sino­
malienne, soit réalisés une partie de leur cursus académique en Chine, soit faisant
partie d'organisations officielles et gouvernementales dont le but est de stimuler le
116
commerce bilatéral avec les chinois. Actuellement au Mali, avec
la forte
augmentation des échanges avec Pékin, de nombreuses personnes sont en effet au
cœur du phénomène. Après plusieurs consultations, Messieurs Seydou Coulibaly ­
Chef de la Coopération Bilatérale au Ministère des Affaires Étrangères -, Modibo
Bah Koné - professeur d'éducation comparée à la FLASH et président du Cercle
Confucius pour la Recherche sur la Chine et l'Asie (C.C.R.C.A) - et Issa N'diaye ­
Chef du département des Sciences Sociales à la FLASH et Ancien Ministre de la
culture du Mali - ont très gracieusement accepté de nous rencontrer.
Grâce à la diversité de leurs champs d'activités, chacun de ces protagonistes nous ont
amené à considérer les relations sino-maliennes sous différentes perspectives: Une
perspective étatique avec Mr Coulibaly, une perspective culturelle avec Mr Koné et
une perspective historique avec Mr N'diaye.
Les 3 interviews, effectuées
respectivement les 18, 19 et 24 mars 2009, ont donc apporté des visions
complémentaires nécessaires à la bonne compréhension du phénomène tel qu'il se
déroule présentement au Mali. Comme le questionnaire, la grille d'entrevue avait pour
objectif de sonder l'opinion des répondants sur ces grands thèmes: la montée en
puissance de la Chine au niveau mondial; la recrudescence des échanges avec les
pays africains en général et avec le Mali en particulier; les répercussions politiques,
économiques et sociales de cette situation pour le Mali à moyen et à long terme;
l'intégration culturelle des travailleurs chinois au Mali et les tendances futures des
échanges
bilatéraux entre
la Chine et
le
Mali.
En
raison des éléments
multidimensionnels qu'elles apportent, ces entrevues nous ont principalement servi à
saisir tous les aspects du sujet et à de ce fait appuyer nos arguments dans le cadre des
chapitres analytiques de ce document. En annexes, se trouvent les interviews de
chacun des participants dans leur intégralité, de même que les formulaires de
consentement que ceux-ci ont du signer avant le début de chaque entrevue.
Afin de faire le lien entre les vues maliennes et chinoises, la section suivante se
charge de présenter et d'analyser les résultats du questionnaire administré aux
répondants chinois. Nous verrons donc de façon qualitative et quantitative comment
117
convergent et/ou divergent 1es conceptions du phénomène Chine- Afrique dans les 2
régions à l'étude.
5.2 Présentation et analyse des résultats du questionnaire
Les données recueillies lors du questionnaire ont un rôle essentiel car elles nous
fournissent en effet l'opinion d'une partie de la population chinoise concernant notre
problématique. Afin de présenter une analyse plus complète, nous organiserons la
présentation des résultats en 2 étapes: une première analyse quantitative réalisée à
partir de SPSS et calculant les moyennes et fréquence sur certaines catégories de
questions démographiques et une seconde analyse qualitative qui aborde les réponses
données par les répondants lors de moment spécifique du questionnaire. De cette
manière, nous pensons toucher les différents aspects pertinents à la recherche.
5.2.1 Analvse quantitative
Nous avons procédé à J'analyse quantitative grâce à l'outil statistique SPSS. Comme
J'illustre la capture d'écran ci-dessous, nous avons défini nos variabJes, codé les
différentes catégories de réponse définies au préalable et saisi les données qui nous
intéressaient. Ici, par souci de clarté et de concision, nous avons choisi d'étudier 4
variables spécifiques: Le sexe des répondants, leur âge, leur niveau de scolarité et
leur activité principale. Cette procédure avait aussi pour objectif de permettre une
meilleure compréhension de notre échantillon de répondants en termes numériques et
statistiques.
118
Capture d'écran (SPSS)
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1
B.....
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•
À partir du tableau 5, qui rassemble les statistiques globales pour les 4 catégories de
réponse que nous avons défini, nous pouvons constater que sur les 2 dernières
questions concernant respectivement les années de scolarité et J'activité principale des
répondants, on dénombre 12 et 11 abstentions. On peut donc assumer que les
répondants avaient plus de réticence à répondre à ces dernières questions qu'à celles
portant sur leur sexe et leur âge.
Étant donné que la variable « Années de scolarité des répondants» était la seule
donnée dite numérique, elle est la seule à posséder le calcul d'une variance et d'une
moyenne. Dans le cadre de la moyenne des années d'études, le tableau nous montre
qu'en moyenne, notre population à l'étude a connu une scolarité d'environ 16 années,
ce qui nous prouve bien que, comme nous le voulions, les participants sont des
personnes gui ont en général suivi des études supérieures. La variance du groupe est
quant à elle de 5.886, ce qui fait que notre écart type - la racine carrée de la variance
119
- est de 2.43. Avec un écart-type relativement faible, on peut affirmer que notre
échantillon est assez constant et qu'il n'est de ce fait pas trop dispersé.
Tableau 5 : Statistiques (SPSS)
Années de
N
Valid
Missing
Sexe des
Age des
scolarité des
Activité principale
répondants
répondants
répondants
des répondants
37
37
34
35
9
9
12
11
Mean
16.41
Variance
5.886
Percentiles
25
1600
50
16.00
75
1800
En ce qui concerne le sexe des répondants, on constate d'après le calcul des
fréquences dans le tableau 6, que plus de femmes que d'hommes ont répondu au
questionnaire et qu'encore une fois 9 personnes se sont abstenues de répondre à cette
question. Toutefois, en dépit de l'abstention, plus de 80% de notre échantillon a quand
même fourni des réponses sur cette question.
120
Tableau 6 : Sexe des répondants
Cumulative
Frequency
Valid Percent
Percent
15
32.6
40.5
40.5
Femme
22
47.8
59.5
100.0
Total
37
80A
100.0
Va Homme
lid
Percent
Mi No response
9
19.6
46
100.0
ssi
ng
Total
Pour l'âge des répondants, nous avons défini 4 catégories de réponses, afin de rendre
le graphique plus synthétique et plus facile à saisir sur SPSS. Comme dans le
questionnaire, ces 4 catégories sont: « moins de 25 ans », « 25 à 35 ans », « 35 à 45
ans », « 45 à 55 ans» et « plus de 55 ans ». En plus d'être majoritairement constituée
de femmes, les statistiques montrent que la majorité des répondants se situent dans la
tranche d'âge la plus jeune, celle des moins de 25 ans, suivi par les 25-35 ans. Cela
peut très probablement s'expliquer par le fait que beaucoup des répondants sont des
jeunes étudiants et professionnels. Les répondants les plus âgés se situent en effet
dans la fourchette « 45-55 ans ».
Figure 14
Age des répondants
z.­
20"
,.­
'0­
5
1
Age des rlIpondants
1
1
1
121
Au niveau de leur activité principale, la plupart des répondants (17 personnes) sont
des salariés et des étudiants (II personnes). À la lumière de ces informations, il est
plus facile d'établir une vision d'ensemble quant à nos répondants. En somme, cette
population correspond au profil que nous recherchions car il s'agissait avant tout
d'administrer le questionnaire à des individus ayant un certain niveau d'éducation
capables de fournir leurs opinions par rapport au phénomène qui nous interpelle dans
le cadre de ce document. Joints en annexes, se trouvent tous les tableaux et graphiques
obtenus par SPSS et recensant les calculs effectués par rapport à nos 4 varaibles
démographiques.
Figure 15
Activité principale des répondants
20
15
1
1
Sans profession
..
1-11
Cadre
1
ProfessIon libérale
Etudiant
Activité principale des répondants
5.2.2 Analvse qualitative
Dans le cadre de la première section du questionnaire intitulée « le commerce
international », nous cherchons à évaluer le niveau de connaissance de nos répondants
au niveau des relations avec l'extérieur, et ce en dépit du fait que nOLIs les ayons
sélectionnés en fonction de leur niveau d'éducation.
Comme on peut l'observer sur le graphique ci-dessous, en ce qui a trait à cet aspect, la
plupart des répondants (55%) avouent avoir une connaissance moyenne du commerce
122
international et 27% reconnaissent même avoir un niveau de connaissance
relativement dans le domaine. De façon générale, malgré le fait que nos répondants
soient des étudiants et des professionnels, ayant donc des connaissances plus élevées
que la moyenne des chinois, on peut
affirmer qu' i Is ne sont toutefois pas
particulièrement au fait des dynamiques régionales caractérisant les échanges
internationaux entre les divers blocs mondiaux. De plus, d'autres statistiques révèlent
aussi que la plupart des répondants n'ont pas fait affaire avec des partenaires
internationaux au cours de la dernière année.
Cet état de fait peut sans doute s'expliquer par le fait qu'une grande partie de notre
échantillon est constituée d'étudiants dont les activités n'entrent pas dans le cadre de
ce genre d'échanges avec l'étranger. Seuls 4.4 % des répondants, soit 2 personnes sur
45 au total, ont répondu qu'ils avaient fait affaire avec l'international plus de 5 fois
durant la dernière année. Ces éléments fondamentaux nous donnent ainsi une
indication quant au degré d'ouverture de la population chinoise et de l'intérêt qu'ils
accordent
~
connaissance des répondants
)mmerce international
s élevé
2%
aux
mouvements
mondiaux.
Très faible
16%
Il
semblerait
logiquement
que seules les
personnes ayant
Faible
27%
des
fonctions
commerciales
spécifiques,
évoluant au sein
du milieu des
affaires, entretiennent des contacts avec des partenaires internationaux sur une base
régulière.
Toutefois, en dépit de leur connaissance pour la plupart moyenne du commerce
international, la plupart des répondants soit 60% (27 personnes sur 45) pensent tout de
123
même que les échanges entre pays du sud ont augmenté depuis ces 30 dernières
années et sensiblement le même nombre de personnes estiment que ce type d'échange
aura tendance à augmenter dans le futur. Les répondants chinois sont de ce fait
conscients que les pays du sud entretiennent des contacts de plus en plus intenses et
cherchent à développer plus avant leurs relations.
La seconde section du
questionnaire aborde le statut de la Chine au sein du
commerce mondial, et de façon prévisible, 46.3% des répondants qualifient la position
actuelle de la Chine d' « élevée ». Toutefois, de façon tout aussi surprenante, 34.1 %
qualifient cette même position de « moyenne ». Seuls 4.9% des répondants chinois
(soient 2 personnes) pensent que la position de la Chine est « très élevée », ce qui est
très intéressant vu que la Chine bat actuellement tous les records au niveau des
exportations et du commerce mondial en général. Grâce à cette question, on observe
le fait que les perceptions varient beaucoup parmi les répondants chinois et que la
place de la Chine au niveau mondial est peut être encore floue dans l'esprit des
ressortissants locaux. En Afrique au contraire, la Chine a tendance à être
unanimement considérée comme une grande puissance économique et commerciale.
Figure 17: Position de la Chine dans Je commerce mondial
selon les répondants chinois
46.30%
0%
Très faible
Faible
Moyen
Elevé
Très élevé
124
De plus, en contradiction avec ce que l'on observe à ['échelle internationale en ce qui
a trait aux investissements chinois à l'étranger à l'image de la multitude de projets de
construction que Pékin entreprend constamment au Mali, la plupart des participants au
questionnaire (57.9%) pensent que la Chine a une présence moyenne dans le secteur
des investissements à l'étranger. Cependant, sur d'autres questions visant à connaitre
les places actuelle et future de la Chine dans les échanges sud-sud, la majorité de
notre échantillon estime quand même que la Chine a une présence élevée pour ce type
d'activités (19 personnes sur 42 au total) et que celles-ci vont d'ailleurs continuer à
s'intensifier dans les années à venir.
Une fois de plus, il est facile de constater que les répondants chinois ne mesurent pas
toute l'ampleur des activités chinoises à l'international et qu'il règne encore une
certaine confusion à ce niveau.
En ce qui concerne la troisième section inhérente aux relations sino-africaines, les
résultats au questionnaire ont démontré que la majorité des répondants chinois
(51.4%) pensent que la Chine a une présence élevée en Afrique. Toutefois, 3
personnes pensent encore que la Chine est faiblement présente dans les pays africains,
ce qui peut paraître surprenant si l'on considère que du point de vue africain, la Chine
est entrain d'envahir les marchés locaux. Seulement 6 répondants pensent que la
Chine est très présente sur le continent noir.
Parallèlement, selon 59.5% des participants, la Chine possède des intérêts
économiques et politiques moyens en Afrique. Seules 8 personnes, soient 21.6% des
répondants estiment que les intérêts de Pékin en Afrique sont élevés tandis que 5
personnes considèrent que ceux-ci sont faibles. Les chinois semblent par conséquent
avoir des réserves à reconnaître l' infl uence de leur gouvernement sur le continent
africain. D'après leurs réponses, les répondants ne semblent pas au fait des avantages
multiples que la Chine retire des échanges avec ses partenaires africains et des
ressources qui sont à la clé de ce commerce pour le pays. Au contraire, pour beaucoup
d'experts internationaux et d'africains, Pékin exploite très clairement ses relations
125
avec
les
gouvernements
africains
au
maximum
afin
de se procurer
les
matières
prem ières
elle
dont
manque
cruellement sur
son
territoire
domestique.
Toutefois,
nonobstant
certaines des réponses précédentes impliquant par exemple que la Chine n'est pas
très présente en Afrique, on constate malgré tout que la majorité des répondants
chinois pensent que ces relations d'échanges ont un fort impact sur l'économie
africaine. Il semblerait que 59.5% des participants chinois trouvent en effet que les
échanges avec la Chine ont un impact considérable sur l'économie et la croissance des
pays africains. Cependant, 10% des répondants (4 personnes) estiment encore que ce
type de contacts bilatéraux a peu d'impact sur l'économie africaine alors que 13.5%
d'entre eux pensent même que ces échanges n'ont carrément aucun impact sur
l'économie africaine. De façon générale, Ces résultats sont quelque peu en divergence
avec l'opinion africaine car particulièrement au Mali, tous s'accordent pour dire que
les relations d'échange avec la Chine ont de fOltes répercussions sur l'économie du
pays.
Sur la question 14 du questionnaire, dont le but était de sonder l'opinion des
répondants quant à l'évolution de la coopération Chine-Afrique, 64.9 % des individus
reconnaissent que dans l'avenir ces relations vont augmenter tandis que 27% pensent
qu'elles vont même « beaucoup augmenter ». On observe aussi que 23 personnes
considèrent que cette tendance va fortement affecter les entreprises locales à long
126
terme. Seulement 8 personnes estiment que cette tendance a le potentiel nécessaire
pour « énormément» affecter les industries africaines. Contrairement aux répondants
chinois, les africains semblent plus conscients de l'impact des activités chinoises sur
les entreprises africaines à plus long terme. Ils bénéficient d'une plus grande
proximité au phénomène et donc d'une meilleure visualisation de ses effets positifs et
négatifs à long terme.
En ce qui a trait à l'aspect culturel de la coopération Chine Afrique, de façon
intéressante, 55.6 % des répondants chinois, soit la majorité d'entre eux, pensent que
les chinois s'intègrent beaucoup aux cultures locales et 5.6% considèrent même qu'ils
s'y intègrent énormément. Pourtant, en Afrique, le manque de proximité culturelle des
chinois avec les populations des pays d'accueil constituent comme nous l'avons vu
précédemment, l'une des principales lacunes de la coopération sur le terrain. Ces
réponses sont donc en forte contradiction avec la réalité africaine et démontrent d'une
part le souci des chinois de défendre leurs compatriotes installés à l'étranger et d'autre
part, le sentiment que les chinois ne tentent pas tellement de développer leur
connaissance par rapport à la culture de leurs hôtes. Très clairement, il y a une
importante distorsion quant aux perceptions qui prévalent dans les 2 régions à l'étude.
Figure 19: L'intégration culturelle des chinois en
Afrique selon les répondants chinois
Enonnément
6%
127
Toutefois, ce que montrent aussi les données, c'est que la plupart des répondants
souhaiteraient voir un plus grand effort d'intégration de la part de leurs homologues
installés dans les pays africains. Dans cette optique, 86.1 % des répondants, soient 31
personnes,
pensent que cette
intégration serait facilitée
par
l'organisation
d'événements et d'activités culturelles favorisant le rapprochement des différentes
communautés. De plus, 47.2% des individus interrogés pensent que cette intégration
devrait également passer par plus de familiarité avec les citoyens des villes locales.
L'apprentissage de la langue locale semble un aspect moins important pour les
répondants, peut être à cause d'un certain sentiment de fierté nationale qui caractérise
beaucoup le comportement des chinois en général et à l'étranger en particulier, et ce
même si en contrepartie, ils apprécient beaucoup le fait que les étrangers apprennent à
parler le mandarin.
Conclusions:
Malgré le fait que les répondants de notre échantillon soient des professionnels et des
étudiants au MBA, nous avons pu observer à travers les réponses données dans ce
sondage, que ceux-ci possèdent une connaissance et une compréhension relativement
moyenne du commerce international. Le sondage laisse transparaître le fait que les
chinois ne perçoivent pas avec exactitude la position de leur pays au niveau mondial,
à moins que ce ne soit une certaine humilité qui les pousse à donner une place
moyenne à la Chine au niveau international. De plus, on observe très clairement une
distorsion entre les perceptions chinoises et africaines dans le cadre du questionnaire:
du fait de leur proximité au phénomène de présence de la Chine en Afrique, les
africains démontrent une meilleure connaissance de l'impact des activités chinoises
sur le continent noir. Sur certaines questions ayant spécifiquement trait à l'Afrique, on
observe une abstention élevée de la part des chinois (voir le sommaire des résultats en
annexes). De même, sur d'autres questions,
la plupart des répondants chinois
estiment que les ressortissants chinois en Afrique s'intègrent très bien aux cultures
locales alors que sur place, le manque d'intégration des chinois constitue l'un des plus
grands problèmes qu'évoquent spécifiquement les populations locales.
128
Grâce à ce questionnaire, il est donc plus facile de mesurer l'étendue des
connaissances des chinois quant à l'Afrique, à son économie et à l'influence de la
Chine sur les pays africains. En somme, cette influence est sous-estimée par les
répondants chinois.
Troisième partie
Conclusion générale
CHAPITRE VI
Contri bution de l'étude, recommandations et conclusion
7.1 Retour sur la contribution de l'étude
Avec la montée en puissance de la Chine au niveau de la scène économique
internationale et l'intensification simultanées de ses échanges commerciaux avec les
pays africains, le sujet de la coopération Chine-Afrique présentait un fort potentiel
d'analyse dans le cadre d'un travail de recherche. En effet, il s'agit d'un phénomène
relativement nouveau qui ne fait pas encore l'objet d'une littérature très abondante et
qui possède donc J'avantage de constituer un champ d'étude offrant de nombreuses
possibilités aux chercheurs désirant s'y atteler.
Depuis plusieurs années déjà, il est indéniable que la Chine s'impose comme un
acteur majeur à l'échelle aussi bien mondiale que régionale. Désormais, la Chine
pulvérise tous les records en termes de croissance et transcende ainsi bon nombre des
standards de performances anciennement établies par les puissances traditionnelles.
En somme, comme en témoignent les statistiques recueillies sur le sujet depuis les
dernières décennies, la Chine crée à elle seule une nouvelle donne économique, un
nouveau dogme de la performance commerciale au niveau international. D'un point
de vue académique, il était donc intéressant d'aborder le cas d'une telle puissance,
sous l'angle non pas des relations de force qui peuvent exister entre la Chine et les
pays occidentaux mais sous la perspective des contacts qu'entretient Pékin avec ses
homologues africains depuis de nombreuses années. Nous avons jugé pertinent
d'analyser la dynamique complexe qui rythme les échanges entre la Chine d'une part,
véritable symbole du virage économique réussi, et les pays d'Afrique d'autre part qui
demeurent encore en majorité des pays en voie de développement, perturbés par des
guerres intestines et la pauvreté des populations locales. Les paradoxes et similitudes
existant entre les 2 régions au niveau économique, politique et culturel représentaient
un attrait certain et des aspects particulièrement passionnants à explorer.
131
En concentrant nos efforts sur l'évolution de la coopération Chine-Mali depuis les
années
1960,
notre
but
était
non
seulement
d'exposer
un
phénomène
multidimensionnel faisant partie intégrante de l'histoire économique passée et
présente du Mali mais aussi de chercher à saisir l'étendue des activités chinoises au
Mali ainsi que les conséquences positives et négatives pour le pays à divers niveaux
de la société. Les démarches sur le terrain (Mali) réalisées conjointement au sondage
mené auprès de répondants chinois ont réellement permis de valider nos hypothèses
de départ et d'aborder l'ampleur du phénomène dans ses diverses facettes, aussi bien
« inter-États» qu'interpersonnelles. Ces dernières activités ont eu pour avantage
d'obtenir le point de vue de nombreux acteurs situés de part et d'autre des régions à
l'étude et donc d'obtenir une meilleure compréhension des différentes perspectives
inhérentes au sujet.
Par ailleurs, le choix du Mali comme pays de référence en Afrique de l'ouest nous a
fourni la possible d'étudier les relations uniques reliant ce pays de la sous-région à la
Chine et de découvrir que les relations entre les 2 pays possèdent des fondements
particulièrement propices au maintien de leurs relations diplomatiques. Le manque de
documents officiels et de recherches académiques effectuées sur le cas spécifique de
la coopération Chine-Mali constituait en plus un incitatif supplémentaire ainsi qu'une
porte ouverte à la recherche. À travers la rédaction de ce mémoire, nous espérions
apporter des outils clairs pour comprendre le futur de la coopération entre la Chine et
le Mali et étendre cette expérience à d'autres pays africains à l'économie similaire.
Enfin, ce travail était également l'occasion de proposer des recommandations quant à
la conduite des affaires entre la Chine et le Mali à la base des faits observées et des
témoignages recuei Ilies, car même si la coopération si no-africaine possède de
nombreux effets positifs elle comporte aussi un certain nombre d'aspects négatifs à ne
pas négliger. Beaucoup plus que la Chine, les pays africains bénéficiant de l'appui de
Pékin doivent être particulièrement attentifs à leurs propres besoins et aux
conséquences à long terme de cette coopération pour leurs territoires et populations
respectives.
132
7.2 Conclusion générale
Après avoir brièvement passé en revue l'ascension rapide de la Chine à la place de
leader qu'elle occupe aujourd'hui dans le cadre de la mondialisation ainsi que les
implications de cette nouvelle donne au niveau de la croissance économique du pays,
nous avons abordé le phénomène de l'intensification des échanges entre la Chine et
l'Afrique. À ce niveau, nous avons vu que dans le but de satisfaire ses besoins
gargantuesques en ressources énergétiques, la Chine se tournait de plus en plus vers
les pays africains dont le sous-sol regorge bien souvent d'hydrocarbures et de
matières premières en tous genres.
En contrepartie des biens précieux qu'elle obtient pour combler les besoins de son
énorme population, la Chine accorde entre autres des prêts préférentiels à ses
paltenaires africains, en plus d'exporter ses produits manufacturés vers les marchés
domestiques. Pour
la Chine, ces échanges bilatéraux consistent principalement à
importer du pétrole et du coton en provenance de l'Afrique, afin d'assurer le bon
fonctionnement de ses industries, et à exporter des textiles, des vêtements et des
appareils électroniques.
En ce qui a trait à la région ouest-africaine, nous avons pu constater que les relations
officielles entre la Chine et le Mali remontent aux années 1960. Alors que la nation
malienne naissante se libérait du joug occidental et accédait à son indépendance, la
Chine s'est présentée comme un « grand frère» dans la lutte contre les impérialismes.
Aussi, l'analyse de cette histoire commune entre les 2 pays a-t-elle permis de mettre
en exergue les similarités et expériences à l'origine des relations d'amitié liant les 2
pays. Même si contrairement à la Chine, Je Mali représente un pays relativement
jeune, les 2 nations constituent néanmoins des civilisations à l'héritage historique et
culturel particulièrement riche. De plus, comme la Chine aujourd'hui, le Mali a
également connu une petite ère socialiste lors de la création de la
]ère
République
malienne et de l'accession au pouvoir de Modibo Keïta en 1960. À l'époque, la Chine
a été un allié important dans le cadre des mouvements de libération et de l'aide au
développement pour les nations nouvellement indépendantes. En réaffirmant
constamment son soutien à Pékin par rapport au différend avec Taïwan et en lui
133
accordant son vote auprès des grands organismes internationaux tels que l'ONU, le
Mali s'est garanti un partenariat solide qui lui a permis de bénéficier du savoir-faire
chinois dans l'édification des toutes premières usines alimentaires, textiles et
pharmaceutiques du pays.
Aujourd'hui, grâce à un fort respect mutuel, à des visites d'État organisées de part et
d'autre sur une base régulière et donc à des relations s'appuyant sur des fondations
très solides, le Mali et la Chine entretiennent des échanges commerciaux
particulièrement fructueux. La dernière visite du président Hu Jin Tao au Mali, en
février dernier, a d'ailleurs signifié une consolidation de l'alliance Chine-Mali, et ce
grâce à l'octroi par Pékin de plusieurs prêts avantageux et à la pose de la première
pierre du 3ième pont de la ville de Bamako. Avec un coût de 2,28 milliards de FCFA,
ce dernier projet constitue à l'heure actuelle le plus grand projet de construction
entrepris par la Chine en Afrique de l'Ouest et marque le point culminant de la
coopération entre Pékin et Bamako.
Tel qu'observé tout au long de ce travail, la coopération entre la Chine et les pays
africains comportent beaucoup d'avantages pour les pays bénéficiaires. La Chine
répond à un certain nombre de besoins ponctuels, sans poser de questions et sans
appliquer toutes les conditionnalités qu'implique la collaboration avec les pays
européens et les bailleurs de fonds traditionnels comme le FMI ou la Banque
Mondiale. Grâce à l'action chinoise dans les pays africains, ceux-ci profitent en effet:
• De j'octroi de prêts et dons
préférentiels et de la signature d'accords
bilatéraux particulièrement avantageux. Grâce à ces initiatives, la Chine
adopte de plus en plus le statut d'investisseur privilégié et brise la relation qui
existait auparavant entre les pays européens et leurs ex-colonies.
• De l'annulation d'une grande partie de leur dette bilatérale.
• De l'expertise et de la rapidité d'exécution de la main d'œuvre chinoise sur
des projets exécutés à moindre coût. Depuis plusieurs années, le rapport
134
qualité-prix devient de plus en plus intéressant car sur les projets de
construction par exemple les standards chinois sont désormais très proches des
normes
occidentales.
Les
entreprises
et
l'État
chinois
s'avèrent
particulièrement généreux par rapport à leurs réalisations en plus d'être très
prompts à reconnaître les besoins des pays dans lesquels ils sont présents.
• D'une aide non négligeable au développement qui consiste par exemple à
construire des infrastructures de base telles que des hôpitaux ou des écoles au
sein de zones rurales dont la population vit de façon très précaire, ou encore à
accorder des bourses et des voyages de formations aux individus souhaitant
poursuivre leurs études en Chine.
Toutefois, d'après ce que l'on peut déjà constater sur le terrain, la coopération Chine­
Afrique comporte également un certain nombre de facteurs potentiellement nuisibles à
long terme pour le bien-être économique et social des pays d'accueil:
• À l'heure actuelle, les marchés africains sont véritablement inondés par les
produits chinois, dont la plupart sont souvent d'une qualité exécrable. Même si
ces marchandises sont moins chères et présentent donc un attrait pour une
population au
pouvoir d'achat très moyen,
leur utilisation
pourrait
éventuellement être nocive sur le moyen et long termes. Cette menace est
particulièrement réelle pour tout ce qui est produits alimentaires et
médicamenteux car en Chine même, de nombreux scandales récents ont
concerné la qualité déplorable de ce type de biens (laits en poudre pour bébé,
jouets, etc.).
[1
est donc essentiel de faire attention à ce que les marchés
africains ne deviennent pas les « dépotoirs» des manufacturiers chinois.
• En raison des faibles coûts d'achat qui caractérisent les produits chinois et
J'arrivée de commerçants chinois dans le secteur des petits commerces, les
marchands locaux font face à un nouveau type de concurrence. Les chinois
prennent la place autrefois réservée aux petits étalages et aux marchandes
135
venant vendre leurs cond iments aux marchés, et menacent donc le moyen de
subsistance de ces personnes ne disposant pas d'autres ressources tangibles
pour survivre.
• S'il est vrai qu'il est pratiquement impossible pour les chinois de
systématiquement former la main d'œuvre locale à chaque fois qu'ils
entreprennent un projet, il serait quand même judicieux de leur part de
témoigner plus d'intérêts envers l'utilisation des produits locaux dans leurs
réalisations. À titre d'exemple, de nombreuses entreprises fabriquent sur place
des produits finis tels que des briques et pavés entrant dans le processus de
construction et mériteraient donc de se voir accorder plus fréquemment et plus
aisément des marchés dans le cadre des projets colossaux pour lesquels les
chinois œuvrent constamment.
• Comme l'affirment aujourd'hui beaucoup d'observateurs, les pays africains
doivent faire attention au pi liage à long terme de leurs propres ressources. Il
est plus que jamais nécessaire pour les pays africains de réaliser que la
générosité chinoise, même soumise à moins de conditions, comporte quand
même un coût non négligeable pour ses partenaires. Afin de se développer de
façon plus que satisfaisante, l'Afrique a un grand besoin de ses ressources
pour ne plus dépendre uniquement des importations provenant d'autres
régions du globe.
• Enfin, sur le plan interpersonnel, le manque d'intégration des chinois aux
cultures locales instaure continuellement une certaine distance entre ces
derniers et les locaux. Des efforts sont donc nécessaires dans le sens d'une
amélioration de ces échanges afin que la coopération puisse passer à un autre
niveau et que la population se sente moins menacée par les actions chinoises.
136
Cependant, malgré tous les aspects négatifs que l'on pourrait recenser sur les
implications à long terme de cette coopération, il semblerait qu'à la lumière de tous
les faits observés et entrevues effectuées sur place, on puisse affirmer sans risque de
se tromper que dans le futur, la collaboration inter-État entre la Chine et le Mali a de
forte chance de s'accentuer. Pour que ce phénomène évolue correctement, tout en
limitant le risque d'abus de part et d'autre, nous pouvons formuler un certain nombre
de recommandations:
• Malgré les difficultés que cela implique dans les pays en voie de
développement, il serait judicieux d'instaurer et d'appuyer le respect
de
règles
de
bonne
gouvernance,
des
pratiques socialement
responsables appliquées dans la conduite des affaires entre les
entreprises chinoises
installées en
Afrique et
les opérateurs
économiques locaux. Comme le font un certain nombre d'institutions
financières afin d'éviter les abus quant aux transactions qu'elles
chapeautent, une ligne de conduite clairement définie dans le cadre de
la coopération Chine-Afrique pourrait entre autres contribuer à limiter
le pillage des ressources à long terme pour les pays africains et fournir
un élan bénéfique vers un développement économique et social sain.
• Tenter de prévenir l'arrivée massive de produits chinois de mauvaise
qualité sur les marchés locaux et procéder à un meilleur contrôle de la
qualité de ces
marchandises selon des
standards spécifiques
(introduction de la certification ISO), surtout en ce qui a trait aux
denrées alimentaires et aux produits pharmaceutiques.
•
Posséder une meilleure connaissance du secteur informel local afin
d'identifier les impacts réels de l'activité chinoise sur les petits
commerces
137
• Dans la même veine, il faudrait également fournir une mei.lleure
protection aux entreprises domestiques contre la fixation arbitraire des
prix par les commerces chinois et ainsi favoriser l'instauration d'une
concurrence saine et loyale entre les 2 parties.
• Surveiller l'ouverture intempestive de nouveaux commerces chinois ne
correspondant ni aux lois ni aux mœurs sociales du pays, dans
l'objectif d'éviter le mécontentement et les soulèvements potentiels de
la population
Comme toute coopération bilatérale, les relations entre la Chine et l'Afrique ne sont
pas parfaites, il reste encore un long chemin à parcourir vers une coopération que l'on
pourrait véritablement qualifier de « gagnant-gagnant ». Toutefois, tant que la Chine
continuera à répondre aussi efficacement à l'appel des pays africains et à combler
leurs attentes présentes, on peut raisonnablement s'attendre à ce que les échanges
entre les 2 partis aillent crescendo dans les années à venir et à ce que ces relations
prennent de nouvelles formes. Déjà, le lancement au Mali de la Classe Confucius,
l'introduction de produits typiquement chinois tels que le thé parfumé et
l'augmentation du nombre d'hommes d'affaires maliens effectuant des visites
fréquentes en Chine, laissent présager de l'intensification future des liens culturels
entre les 2 régions. Dans l'avenir, il sera donc intéressant pour les observateurs et
experts du sujet, d'examiner l'évolution de ces relations à saveur culturelle et sociale,
de même que le type d'empreinte qu'aura laissé le phénomène chinois sur le continent
africain.
ANNEXES
140
APPENDICES
LE QUESTIONNAIRE
A.t Questionnaire en français
VEUILLEZ ENCERCLER LA REPONSE QUI VOUS CONVIENT LE MIEUX.
Répondre ici
Très faible
Section 1: Le commerce international
1
Quel est votre niveau de connaissance en commerce international?
2
1
Do fois
2 Au cours de la dernière année, à quelle fréquence avez-vous fait
moyen
faible
élevé
3
Très élevé
5
4
o Plus de 5 fois
Dl à 5 fois
des affaires avec des partenaires internationaux?
3
4
Pour quels types d'échanges principalement avez-vous fait des
affaires?
a- Vente/Achat de produits Vente/Achat de services
b- Import-export
c- Collaboration dans le cadre d'investissements locaux
d- Autres
DO fois
Do fois
DO fois
Do fois
Selon vous, depuis ces 30 dernières années, les échanges sudsud ont?
Diminué
beaucoup
5 Dans l'avenir, cette tendance aux échanges sud-sud aura
Section 2 : La Chine dans le commerce international
1 Comment qualifieriez-vous la position actuelle de la Chine dans
1
Dl à 5 fois
Dl à 5 fois
Dl à 5 fois
Dl à 5 fois
diminué 1 Stagné
o Plus de 5 fois
o Plus de 5 fois
o Plus de 5 fois
1
augmenté
1
1
Augmenté
beaucoup
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
Très faible
moyen
faible
1
2
3
le plus? a}Exportations de biens et services (médicaments,
textiles, etc.
1
2
b) Importations
1
c) Investissements à l'étranger (construction d'infrastructures, etc.)
1
2
2
D'après vous, dans les échanges sud-sud, la Chine a une
présence
Dans l'avenir, dans les échanges sud-sud, la Chine aura une présence
1
2
1
2
3
1
D Plus de 5 fois
élevé
Très élevé
4
5
3
4
5
3
4
5
3
4
5
3
4
5
1
le commerce mondial?
2 Pour quels types d'échanges pensez-vous que la Chine s'illustre
3
4
Section 3 : Les relations sino-africaines
1
Selon vous, depuis ces 30 dernières années, le commerce africain a
2
Comment qualifieriez-vous la présence chinoise actuelle dans
les pays africains?
3 les intérêts économiques/politiques de la Chine en Afrique sont
4
?
Comment diriez-vous que ces relations d'échange affectent
l'économie africaine?
5 Dans l'avenir, cette coopération sino-africaine va
Diminuer
beaucoup
1
diminuer
1
peu
1
1
2
1
Diminuer
beaucoup
1
diminuer
1
6
Comment cette dernière tendance affectera-t-elle l'économie
africaine à long terme? (entreprises locales)
1
moyen
2
2
1
Très peu
3
faible
1
1
Stagner
2
1
Très faible
Très peu
1
1
1
2
1
5
4
5
beaucoup
4
Stagner
nullement
3
Très élevé
4
3
peu
5
4
élevé
3
3
2
1
Augmenter
beaucoup
3
nullement
1
5
4
augmenter
1
1
augmenter
4
beaucoup
4
énormément
5
Augmenter
beaucoup
5
1
1
1
énormément
5
141
7
8
9
L'intégration chinoise aux cultures locales (des pays africains)
est
Souhaiteriez-vous voir un plus grand effort d'intégration de la
part des chinois en Afrique?
Par quels moyens?
Section 4: Données démographiques
o Femme
1 Sexe: o Homme
2 Combien d'années d'étude avez-vous complété?
4
5
6
Votre entreprise est:
Quel pourcentage de ses affaires votre entreprise effectue-t-elle avec
l'Afrique?
Dans quelle industrie votre entreprise évolue-t-elle principalement?
7 Quel type de produits et/ou services votre entreprise offre-t­
elle?
1
1
1
2
1
3
1
4
1
5
1
1
1
1
2
1
3
1
4
1
5
1
D Evénements, activités culturelles diverses
D Plus de familiarité avec les citoyens
D Apprentissage des langues locales
D Autres
Quel âge avez-vous? 0 < de 25 ans 025-35
035-45
045-55
OPlus de 55 ans
3-Quelle est votre activité principale? o Sans profession
OSalarié OCadre 0 Profession libérale OÉtudiant 0
Autres
PME locale OMultinationale 0 Autres
o
00% 01 à 15% 016 à 30% 031 à 45% 0 Plus de 45%
D Commerce, gros et détail DFinance et services D Fabrication et
construction D Communications, transport et commerce D Industries
primaires D Gouvernement
DServices
D Biens industriels DBiens de consommation
D
Toutes ces réponses.
142
A.2 Questionnaire en mandarin
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144
A.3 Sommaire des résultats (avec notes)
Échantillon: Étudiants chinois au MBA et professionnels
Nombre total de répondants: 46 personnes
ection 1 : Le commerce international
1. Quel est votre niveau de connaissance en commerce international?
Très Faible: 15.6 %, soit 7 répondants sur 45
Faible: 26.7%, soit 12 répondants sur 45
Moyen: 55.6 %, soit 25 répondants sur 45
Elevé: 0.0%
Très élevé: 2.2 %, soit 1 répondant sur 45
Notes: On voit que malgré notre échantillon d'étudiants au MBA, 55.6 % des
répondants chinois ont un niveau de connaissance moyen en commerce
international. De même, 26.7 % des répondants reconnaissent avoir un niveau de
connaissance faible en commerce international. De façon générale, on peut donc
affirmer que les étudiants chinois ne sont pas trop au fait de la place des autres
pays au niveau des échanges internationaux et de la dynamique entre les divers
blocs régionaux.
2. Au cours de la dernière année, à quelle fréquence avez-vous fait affaire
avec des partenaires internationaux?
o fois: 73.3 %, soit 33 répondants
sur 45
1 à 5 fois: 22.2 %, soit 10 répondants sur 45
Plus de 5 fois: 4.4%, soit 2 répondants sur 45
Notes: Les résultats nous montrent que la grande majorité des répondants (73.3%
ou 33 personnes) n'ont pas fait affaire avec des partenaires internationaux. On
peut penser que leurs activités n'entrent peut être pas dans le cadre de ce genre
d'échanges (études par exemple). Seuls 4.4 % des répondants, soit 2 personnes, ont
répondu qu'ils avaient fait affaire avec l'international plus de 5 fois. Cette question
nous donne une indication sur le degré d'ouverture du commun des chinois. Il
semblerait que seules les personnes avec des fonctions commerciales, évoluant au
sein du milieu des affaires, entretiennent des contacts avec des partenaires
internationaux
145
3. Pour quels types d'échanges principalement avez-vous fait des affaires?
de
Vente-Achat
produits
Vente-Achat
de
services
ImportjExport
Investissement
ofois
1 à 5 fois
Plus de 5 fois
77.3%
(17 personnes)
77.8%
(14 personnes)
80%
(16 personnes)
84.2 % (16
personnes)
18.2%
(4 personnes)
22.2%
(4 personnes)
15%
4.5%
(1 personne)
0%
(3 personnes)
15.8% (3
personnes)
5%
(1 personne)
0.0%
Notes: Sur cette question, comme elle suit logiquement la précédente, 31 personnes
ont donné une réponse tandis que 15 personnes se sont abstenues.
D'après les résultats du tableau, on remarque que la majorité des répondants n'ont
pas réalisé d'échanges, et ce toutes catégories confondues (ce qui corrobore les
conclusions précédentes). Cependant, 4 personnes ont affirmé avoir fait des « vente­
achat de produits» de 1 à 5 fois et 4 autres personnes ont dit avoir fait des « vente­
achat de services» à la même fréquence. De même, 1 personne a dit avoir fait des
« vente-achat de produits» plus de 5 fois tandis qu'une autre personne a fait de
l'import -export à la même fréquence.
De façon générale, le poste le plus important est celle des ventes-achat de services
avec 22.2 % des répondants qui ontfait des échanges de 1 à 5 fois dans le domaine
des services.
4. Selon vous, depuis ces 30 dernières années, les échanges sud-sud ont?
Diminué beaucoup: 8.9% (4 personnes)
Diminué: 15.6% (7 personnes)
Stagné: 4.4% (2 personnes)
Augmenté: 60% (27 personnes)
Augmenté beaucoup: 11.1% (5 personnes)
Notes: en général, ils pensent quand même que les échanges ont augmenté malgré
leur connaissance pour la plupart moyenne en commerce international. 45
personnes ont répondu à la question et 1 personne s'est abstenue
5. Dans l'avenir, cette tendance aux échanges sud-sud aura?
Diminué beaucoup: 6.7% (3 personnes)
Diminué: 11.1 % (5 personnes)
146
Stagné: 6.7% (3 personnes)
Augmenté: 62.2% (28 personnes)
Augmenté beaucoup: 13.3% (6 personnes)
Notes: Comme pour la question précédente, 45 personnes ont répondu et 1 s'est
abstenue. On peut voir que 62.2% des répondants chinois pensent quand même que
les échanges sud-sud vont s'intensifier. En général donc, la tendance est à la hausse
des relations internationales entre les 2 blocs puisque 13.3 % des répondants (6
personnes) pensent que ce type d'échanges va « augmenter beaucoup ». C'est donc
une augmentation des réponses favorables par rapport à la question précédente
Section 2 : La Chine dans le commerce international
6. Comment qualifieriez-vous la position actuelle de la Chine dans le
commerce mondial?
Très faible: 0.0%
Faible: 14.6% (6 personnes)
Moyen: 34.1% (14 personnes)
Elevé : 46.3% (19 personnes)
Très élevé: 4.9% (2 personnes)
Notes: 41 personnes ont répondu à la question et 5 se sont abstenues. De façon
prévisible, 46.3% des répondants qualifient la position actuelle de la Chine
d'« élevé ». Toutefois, de façon surprenante, 34.1% qualifient cette même position
de moyenne. Seules 4.9% des répondants chinois (soient 2 personnes) pensent que
la position de la Chine est très élevée, ce qui est très intéressant vu que la Chine bat
actuellement tous les records au niveau des exportations et du commerce mondial
en général. Avec cette question, on voit que les perceptions varient beaucoup parmi
les répondants chinois et que la place de la Chine au niveau mondial est peut être
floue pour les ressortissants locaux. (Contrairement à l'Afrique ou la Chine est
considérée comme une grande puissance commerciale)
7. Pour quels types d'échanges pensez-vous que la Chine s'illustre le plus?
Exportations de
biens et services
Importations
Très
faible
2.4% (1)
Faible
Moyen
Elevé
Très élevé
4.8% (2)
42.9%
33.3%
(14)
37.8%
(14)
16.7% (7)
(18)
0%
8.3% (3)
48.6%
(18)
5.4% (2)
147
Investissements
2.6% (1)
18.4% (7)
à l'étranger
57.9%
(22)
18.4% (7)
2.6% (1)
Notes: Pour cette question, 42 personnes ont répondu et 4 personnes se sont
abstenues. Pour la plupart des répondants chinois, la Chine a une présence
moyenne dans toutes les catégories d'échanges. Cependant, 57.9% des répondants
(soient 22 personnes) pensent que la Chine s'illustre moyennement dans le secteur
des investissements à l'étranger (ce qui encore une fois ne concorde pas avec les
résultats des répondants maliens puisque ceux-ci pensent que la Chine a une
présence très élevée dans le domaine des investissements à l'étranger). Une fois de
plus, on voit que les répondants chinois ne mesurent pas toute l'ampleur des
activités chinoises à l'international.
8. D'après vous, dans les échanges sud-sud, la Chine a une présence
Très faible: 0.0%
Faible: 7,1 % (3 personnes)
Moyen: 42.9% (18 personnes)
Elevé: 45.2% (19 personnes)
Très élevé: 4.8% (2 personnes)
Notes: Sur cette question, 42 personnes ont répondu et 4 se sont abstenues. La
majorité des chinois pensent quand même que la Chine a une présence élevée dans
les échanges sud-sud (19 personnes). Cependant, très proche, 42.9% des répondants
pensent que leur pays a une présence plutôt pour le même type d'échanges. Il y a
même 3 personnes qui pensent que la Chine a une présence faible dans les relations
sud-sud. Ces résultats ne sont pas concordance avec ceux du Mali puisque la
majorité pense que la Chine a une présence élevé et très élevé dans le commerce
sud-sud. Encore fois, il semblerait que les chinois ne sont pas au fait de l'ampleur du
phénomène chinois au niveau des PED.
9. Dans l'avenir, dans les échanges sud-sud, la Chine aura une présence
Très faible: 0.0%
Faible: 7.1% (3 personnes)
Moyen: 26.2% (11 personnes)
Elevé : 54.8% (23 personnes)
Très élevé: 11.9% (2 personnes)
148
Notes: Comme pour la question précédente, 42 personnes ont répondu et 4 se sont
abstenues
Même si 54.8% des répondants pensent que dans l'avenir la Chine aura une
présence élevée seules 2 personnes (11.9%) pensent que cette influence dans les
échanges sud-sud deviendra très élevée. De plus, il y a toujours 3 personnes qui
pensent que cette présence chinoise demeurera faible dans l'avenir. Il y a encore
une divergence de résultats avec le Mali car pour la grande majorité des
répondants maliens la Chine continuera à avoir une présence très élevée. ~
85.7% des répondants maliens.
Section 3 : Les relations sino-africaines
10. Selon vous, depuis ces 30 dernières années, le commerce africain a
Diminuer beaucoup: 0.0%
Diminuer: 13.2% (5 personnes)
Stagner: 23.7% (9 personnes)
Augmenter: 47.4% (18 personnes)
Augmenter beaucoup: 15.8% (6 personnes)
Notes: pour cette question, 38 personnes ont répondu et 8 se sont abstenues (peut
être parce qu'ils ne possèdent pas assez de connaissance sur l'Afrique). La grande
majorité des répondants, soient 18 personnes (47.4%) pensent toutefois que le
commerce africain a augmenté et 23. 7% pensent que ce commerce a stagné. On ne
note pas de trop grandes différences avec les réponses des répondants maliens.
11. Comment qualifieriez-vous la présence chinoise actuelle dans les pays
africains?
Très faible: 0.0%
Faible: 8.1 % (3 personnes)
Moyen: 24.3% (9 personnes)
Elevé: 51.4 % (19 personnes)
Très élevé: 16.2% (6 personnes)
Notes: 37 personnes ont répondu et 9 se sont abstenues. La majorité des
répondants chinois (51.4%) pensent que la Chine a une présence élevée en Afrique.
Toutefois, 3 personnes pensent encore que la Chine a une présence faible dans les
pays africains, ce qui peut paraitre surprenant du point de vue africain. 6
personnes pensent tout de même que la Chine est très présente sur le continent
149
noir. (Pour les africains, en majorité ils pensent que la Chine a soit une présence
moyenne en Afrique, soit une présence très élevée, 3 personnes pour chaque
catégorie de réponse).
12. Les intérêts économiques/politiques de la Chine en Afrique sont?
Très faible: 0.0%
Faible: 13.5% (5 personnes)
Moyen: 59.5% (22 personnes)
Elevé : 21.6% (8 personnes)
Très élevé: 5.4% (2 personnes)
Notes: Comme pour la question précédente, 37 personnes ont répondu et 9 se sont
abstenues. La plupart des répondants chinois, soient 22 personnes (59.5%) pensent
que les intérêts économiques et politiques des chinois en Afrique sont plutôt
moyens. Seulement 8 personnes, soient 21.6% des répondants trouvent que les
intérêts de Pékin en Afrique sont élevés. De même, 5 personnes trouvent que les
intérêts de la Chine en Afrique sont faibles. Encore une fois, il semblerait que les
chinois semblent avoir des réserves à admettre la présence de leur pays ou
l'influence de leur gouvernement sur le continent africain. Ces résultats ne
concordent pas tout à fait avec ceux récoltés du coté malien. Au Mali, la majorité
des répondants pensent que la Chine possède des intérêts « élevés» et « très élevés»
en Afrique. Même s'ils sont dans le milieu des affaires, les chinois semblent très peu
au fait des réalités de la dynamique et des relations sino-africaines.
13. Comment diriez-vous que ces relations d'échange affectent l'économie
africaine?
Très peu: 0.0%
Peu: 10.8% (4 personnes)
Nullement: 13.5% (5 personnes)
Beaucoup: 59.5% (22 personnes)
Enormément: 16.2% (6 personnes)
Notes: Encore une fois, 37 réponses et 9 abstentions. Malgré leurs réponses
précédentes, on voit que la majorité des répondants chinois pensent quand même
que ces relations d'échanges ont un fort impact sur l'économie africaine. Il
semblerait que les 22 personnes qui pensent que la Chine a des intérêts moyens en
Afrique pensent aussi que les échanges avec la Chine ont un impact considérable
sur l'économie des pays africains. Toutefois, 10% des répondants (4 personnes)
pensent que ce type de relations a peu d'impact sur l'économie africaine tandis que
13.5% des répondants pensent que ces mêmes échanges n'ont aucun impact sur
l'économie africaine. Chez les répondants maliens, personne n'a opté pour les 3
premiers choix de réponses, tous s'accordent pour dire que les relations d'échange
150
avec la Chine ont un impact considérable sur l'économie des pays d'Afrique (85.7%
-7« Beaucoup »)
14. Dans l'avenir, cette coopération sino-africaine va
Diminué beaucoup: 0.0%
Diminué: 2.7% (1 personne)
Stagné: 5.4% (2 personnes)
Augmenté: 64.9% (24 personnes)
Augmenté beaucoup: 27% (10 personnes)
Notes: 37 répondants et 9 abstentions. Comme on peut l'observer, 64.9 % des
répondants chinois pensent que dans l'avenir la coopération sino-africaine va
augmenter alors que 27% de ceux pensent qu'elle va même beaucoup augmenter.
Ces résultats vont en général dans le même sens que les résultats maliens a part
qu'en majorité les répondants maliens pensent que le commerce sino-africain va
« beaucoup augmenter ».
15. Comment cette dernière tendance affectera-t-elle l'économie africaine à
long terme ? (entreprises locales) ?
Très peu: 0.0%
Peu: 5.6% (2 personnes)
Nullement: 8.3% (3 personnes)
Beaucoup: 63.9% (23 personnes)
Enormément: 22.2% (8 personnes)
Notes: Sur cette question, 36 personnes ont répondu et 10 se sont abstenues,
peut être à cause d'un manque certain de connaissance de l'économie africaine.
Toutefois, on observe que 23 personnes ont quand même répondu que cette
tendance va beaucoup affecter les entreprises locales à long terme. 22.2%, soient
8 personnes ont quand même répondu que la tendance allait « énormément»
affecter l'économie africaine dans l'avenir. Contrairement aux répondants
chinois, les maliens n'ont pas utilisé les 3 premiers choix de réponses, parce
qu'ils sont certainement plus conscients de l'impact des activités chinoises sur
les entreprises africaines à plus long terme. Ils bénéficient d'une plus grande
proximité au phénomène et donc d'une meilleure visualisation de ses effets
positifs et négatifs à long terme.
16. L'intégration chinoise aux cultures locales (pays africains) est
Très peu: 0.0%
Peu: 16.7% (6 personnes)
151
Nullement: 22.2% (8 personnes)
Beaucoup: 55.6% (20 personnes)
Enormément: 5.6% (2 personnes)
Notes: Pour cette question, 36 personnes ont fourni une réponse et 10 se sont
abstenues (comme pour la question précédente). De façon intéressante, 55.6 % des
répondants, soit la majorité d'entre eux pensent que les chinois s'intègrent
beaucoup aux cultures locales et 5.6% pensent qu'ils sy intègrent énormément.
Pourtant, fait tout aussi important, 22.2% (8 personnes) pensent que les chinois ne
s'intègrent pas du tout aux cultures locales. Ces réponses sont très contradictoires
et démontrent d'une part le souci des chinois de défendre leurs compatriotes
installés à l'étranger et d'autre part, le sentiment que les chinois ne tentent pas
tellement de connaitre les cultures de leurs hôtes. Ces résultats contredisent
également l'opinion des répondants maliens, car en majorité (57.1 %) ont répondu
que les chinois ne s'intègrent que «peu» aux cultures locales. Aucun des
répondants maliens n'a opté pour le 5ième choix de réponse. Très clairement, il y a
une importante distorsion quant aux perceptions des 2 groupes d'individus
interrogés par rapport à l'intégration chinoise en Afrique (les réponses maliennes
et chinoises vont dans des sens opposés).
17. Souhaiteriez-vous voir un plus grand effort d'intégration de la part des
chinois en Afrique?
Très peu: 0.0%
Peu: 2.7% (1 personne)
Nullement: 8.1% (3 personnes)
Beaucoup: 64.9% (24 personnes)
Enormément: 24.3% (9 personnes)
Notes: Pour cette question, 37 personnes ont répondu et 9 se sont abstenues. On
observe que sur cette question, 64.9% des personnes souhaiteraient voir un plus
grand effort d'intégration de la part des chinois en Afrique malgré leurs réponses
précédentes selon lesquelles les ressortissants chinois en Afrique s'intègrent
beaucoup aux cultures locales. 3 personnes ne souhaitent pas voir les chinois faire
plus d'efforts dans ce sens (ils estiment peut être que les efforts déjà fournis sont
suffisants). Ces réponses des chinois vont de manière générale dans le sens des
réponses maliennes puisque ceux-ci veulent en majorité (57.1% ~ 4 personnes)
voir les chinois fournir «beaucoup» d'efforts vers une meilleure intégration aux
cultures africaines.
18. Par quels moyens?
Evénements, activités culturelles diverses: 86.1% (31 personnes)
152
Plus de familiarité avec les citoyens: 47.2% (17 personnes)
Apprentissage des langues locales: 30.6% (11 personnes)
Autres: ~
Notes; Sur cette question, 36 personnes ont répondu et 10 se sont abstenues. On
apprend ainsi que 86.1 % des répondants, soient 31 personnes, pensent que les
chinois devraient passer par l'organisation d'événements et d'activités culturelles
pour s'intégrer à la culture locale. 47.2% des répondants pensent que cette
intégration devrait passer par plus de familiarité avec les citoyens des villes locales.
L'apprentissage de la langue locale semble un aspect moins important pour les
répondants chinois, peut être à cause d'un certain sentiment de fierté nationale qui
caractérise beaucoup le comportement des chinois à l'étranger (toutefois, ils
apprécient beaucoup quand les étrangers apprennent à parler le mandarin).
Parallèlement, pour les répondants maliens, le plus important c'est de développer
une certaine familiarité avec les citoyens et d'apprendre les langues locales.
ection 4 : Données démographique
19. Sexe
Homme; 40.5 % -) 15 personnes
Femme; 59.5 % -) 22 personnes
Notes; 37 répondants, 9 absentions.
20. Quel âge avez-vous?
Moins de 25 ans; 62.2% (23 personnes)
25-35 ans: 21.6% (8 personnes)
35-45 ans: 10.8% (4 personnes)
45-55 ans: 5.4% (2 personnes)
Plus de 55 ans; 0.0%
Notes; 37 répondants, 9 absentions. D'après les statistiques, c'est donc des
personnes relativement jeunes qui ont répondu en majorité. Même si ce sont des
étudiants aux MBA, leur jeunesse peut peut-être expliquer leur manque de
connaissance en commerce international.
153
21. Combien d'années d'études avez-vous complété?
Moyenne des années d'étude: 16.4 années (des personnes qui ont faites des études
supérieures)
1. Quelle est votre activité principale?
Sans profession: 5.7% (2 personnes)
Salarié: 48.6% (17 personnes)
Cadre: 5.7% (2 personnes)
Profession libérale: 8.6% (3 personnes)
Étudiant: 31.4% (11 personnes)
~ 'Ë : 2 personnes
Notes: 35 personnes ont répondu, 11 se sont abstenues. La majorité des répondants
sont des salariés (milieu des affaires ?) et des étudiants.
2. Votre entreprise est
PME locale: 42.9% (12 personnes)
Multinationale: 17.9% (5 personnes)
Entreprise nationale: 39.3% (11 personnes)
Notes: 28 répondants, 18 abstentions. Certainement en raison du fait que tous les
répondants ne sont pas des salariés travaillant au sein d'une entreprise. De façon
générale, la majorité des répondants chinois travaillent pour des entreprises
locales. Seules 5 personnes travaillent pour des multinationales.
3. Quel pourcentage de ses affaires votre entreprise effectue-t-elle avec
l'Afrique?
0% : 29 % (9 personnes)
1 à 15% : 25.8% (8 personnes)
16 à 30%: 19.4% (6 personnes)
31 % à 45% : 6.5% (2 personnes)
Plus de 45% : 19.4% (6 personnes)
Notes: 31 répondants, 15 abstentions. Comme on peut voir, la majorité des
répondants travaillent pour une entreprise qui ne fait aucune affaire avec l'Afrique.
Cependant, 25.8% des répondants affirment que leur entreprise effectue 1 à 15% de
ses activités avec l'Afrique, ce qui reste tout de même un pourcentage très faible
154
4. Dans quelle industrie votre entreprise évolue-t-elle principalement?
Commerce, gros et détail: 6.7% (2 personnes)
Finance et services: 23.3% (7 personnes)
Fabrication et construction: 33.3% (10 personnes)
Communications, transport et commerce: 16.7% (5 personnes)
Industries primaires: 10% (3 personnes)
Gouvernement: 10% (3 personnes)
Notes: 30 répondants, 16 abstentions. La plupart des répondants chinois, soit
33.3% et 23.3% travaillent respectivement pour des entreprises évoluant dans les
domaines de la «fabrication et de la construction» et des «finances et services ».
5. Quel type de produits et/ou services votre entreprise offre-t-elle?
Biens industriels: 46.7% (14 personnes)
Biens de consommation: 16.7% (5 personnes)
Services: 33.3% (10 personnes)
Toutes ces réponses: 3.3% (1 personne)
Notes: 30 répondants, 16 abstentions (comme pour la question précédente). La
plupart des répondants chinois évoluent dans le domaine des biens industriels et
des services.
Conclusions: Malgré le fait que les répondants de notre échantillon soient des
professionnels et des étudiants au MBA, on observe à travers les réponses données
dans ce sondage, que ceux-ci possèdent une connaissance et une compréhension
relativement moyenne du commerce international. Le sondage laisse transparaitre
le fait que les chinois ne perçoivent pas avec exactitude la position de leur pays au
niveau mondial, à moins que ce ne soit une certaine humilité qui les pousse à
donner une place moyenne à la Chine au niveau international. De plus, on observe
très clairement une distorsion entre les perceptions chinoises et africaines dans le
cadre du questionnaire: du fait de leur proximité au phénomène de présence de la
Chine en Afrique, les africains démontrent une meilleure connaissance de l'impact
des activités chinoises sur le continent noir. Sur certaines questions ayant
spécifiquement trait à l'Afrique, on observe un taux d'abstention élevé de la part
des chinois. De même, sur d'autres questions, la plupart des répondants chinois
estiment que les ressortissants chinois en Afrique s'intègrent très bien aux cultures
locales alors que sur place, le manque d'intégration des chinois constitue l'un des
plus grands problèmes décriés par les populations locales.
Grace à ce questionnaire, on arrive donc à mesurer l'étendue des connaissances des
chinois quant à l'Afrique, à son économie et à l'influence de la Chine sur les pays
155
africains. En somme, cette influence est quelque peu sous-estimée par les
répondants chinois.
156
A.4 Analyse SPSS sur 4 catégories de variables
Fréquences
Statistiques
Evolution du
Années de
N
Sexe des
Age des
scolarité des
répondants
répondants
répondants
Valid
Missing
commerce sinoActivité principale africain selon les
des répondants
37
37
34
35
37
9
9
12
11
9
Mean
16.41
Variance
5886
Percentiles
répondants
25
16.00
50
16.00
75
18.00
Table des Fréquences
Sexe des répondants
Cumulative
Frequency
Valid
Missing
Total
Percent
Valid Percent
Percent
Homme
15
32.6
40.5
40.5
Femme
22
47.8
595
1000
Total
37
80.4
100.0
9
19.6
46
100.0
No response
157
Age des répondants
Cumulative
Frequency
Valid
Valid Percent
Percent
1
23
50.0
622
62.2
2
8
17A
21.6
83.8
3
4
87
108
94.6
4
2
4.3
5A
1000
37
80A
1000
9
19.6
46
100.0
Total
Missing
Percent
No response
Total
Années de scolarité des répondants
Cumulative
Frequency
Valid
Missing
Total
Percent
Valid Percent
Percent
11
1
2.2
2.9
2.9
12
1
22
2.9
59
13
4
8.7
11.8
17.6
15
1
22
2.9
20.6
16
12
26.1
35.3
559
17
5
10.9
14.7
706
18
6
13.0
17.6
88.2
20
2
43
59
94.1
21
1
2.2
2.9
97.1
22
1
22
29
1000
Total
34
73.9
100.0
No response
12
26.1
46
100.0
158
Activité principale des répondants
Cumulative
Frequency
Valid
Sans profession
Percent
Valid Percent
Percent
2
43
5.7
5.7
17
370
48.6
543
Cadre
2
43
5.7
600
Profession libérale
3
6.5
86
68.6
Etudiant
11
23.9
31.4
100.0
Total
35
76.1
100.0
No response
11
23.9
46
100.0
Salarié
Missing
Total
Graphiques en barres
Sexe des répondants
0­
;.,
g 15
QI
::>
0"
QI
ù:
0­
Ferrrre
Sexe des répondants
159
Age des répondants
5
0­
g>­ 15
CI>
:::J
..
go
CI>
IL
0­
1
5
1
1
1
1
2
Age des répondants
Années de scolarité des répondants
~
r::::
CI>
:::J
go
...
CI>
IL
11
12
13
15
16
17
18
20
Années de scolarité des répondants
21
22
160
Activité principale des répondants
0­
5
0­
5
1
1
Sans profession
1
Salarie
1
Cadre
1
1
A-ofession libérale
ktivité principale des répondants
Budianl
161
LES ENTREVUES
A.S Les formulaires de consentement
-FORMULAIRE DE CONSENTEMENT (sujet majeur)
Il
Chine-Afrique: Étude de l'évolu/lon de la coopération s/no-afr/ca/ne entre 1980
et 2008, le cas du Mali et du Sénégal/I.
Responsable du projet: Oumou Niagho sanago
Département, centre ou Institut: École des SCiences de la Gestion (ESG) - MBA red1erche
Université du Québec à Montréal
BUT GÉNÉRAL DU PROJET
Vous êtes Invité à prendre part à ce projet visant à étudier l'évolution des relations slno-africalnes sur ia péliade
1980-2008 et à comprendre les tenants et aboutissants de cette coopération pour le Mali et le Sénégal, 2 pays
ouest-africains concernés par le phénomène à "étude. 11 vise également à analyser les relations lnter-états ainsi
que les contacts interpersonnels résultant de cette présence chinoise sur le continent africain. Ce projet de
recherche entend donc apporter une contribution à la recherche de par l'étude de ce phénomène actuel pour
une zone bien précise, et ce, afin de pouvoir dégager les tendances futures quant aux relations diplomatiques et
économiques qui auront lieu entre Pékin et ses homologues africains.
PROCÉDURE
Votre parbdpation consiste à donner une entrevue indlvlduelle au cours de laquelle il vous sera demandé de
décrire, entre autres choses, votre connaissance du commerce International, votre vision quant à la place
actuelle de ia Chine face à la mondialisation des marchés, votre expérience personnelle avec des partenaires
chinois ainsi que votre perception en ce qui a trait à 11mplantatlon d'acteurs économique chinois en Afrique, et
dans votre pays en partlQJ\ler. Cette entrevue est enregistrée sur cassette audio avec votre permission et
prendra environ 1 heure de votre temps. Le lieu et Iheure de l'entrevue sont à votre discrétion (I1nterv1ewer).
La transcription sur support informatique qui en suivra ne pennettra pas de vous identifier.
AVANTAGES et RlSQUES
Votre partldpatlon contribuera à favancement des connaissances, par une meilleure compréhension de la
dynamique inhérente à la coopération sino-africaine et des Implications que celle-ci possède pour les 3 pays à
l'étude. 11 n'y a pas de risque d1nconfort Important associé à votre participation à cette rencontre. Vous
demeurez toutefois libre de ne pas répondre à une Question que vous estimez embarrassante sans avoir à vous
Justifier. Vous pouvez décider de suspendre ou de mettre fin à l'entrevue si vous estimez que votre bien-être est
menacé.
CONFIDENTIAlITÉ
11 est entendu que les renseignements recueillis lors de l'entrevue sont confidentiels et Que seuls les membres
de l'éQuipe de recherche auront accès à votre enregistrement et au contenu de sa transcription. le matériel de
recherche (cassette codée et transcription) ainsi Que votre formulaire de consentement seront conservés dans
mon bureau, dans un dasseur barré et sur un ordinateur sécurisé, auxquels mol seul accès, pour la durée totale
du projet les cassettes ainsi que les formulaires de consentement seront détruits par le Professeur Prosper
Bernard, directeur du mémoire, 2 ans après leur utilisation initiale.
162
PARTICIPATION VOLONTAIRE
Votre participation à ce projet est volontaire. Cela signifie Que vous acceptez de participer au projet sans
aucune contrainte ou pression extérieure et Que par ailleurs vous être libre de mettre nn à votre participation en
tout temps au cours de cette recherche. Dans ce cas et à votre demande les renseignements vous concernant
seront détruits. Votre accord à participer implique également que vous acceptez Que le chercheur puisse utiliser
aux fins de la présente recherche (articles, conférences et communications scientifiques) et à des fins
pédagogiques, les renseignements recueillis à la condition qu'aucune information permettant de vous Identifier
ne soit divulguée publiquement à moins d'un consentement explicite de votre part.
DES QUESTIONS SUR LE PROJET OU SUR VOS DROITS?
Vous pouvez contacter le chercheur principal au numéro (514) 932-4351 pour des questions additionnelles sur
le projet ou sur vos droits en tant que sujet de recherche. Le Comité Institutionnel d'éthique de la recherche
avec des êtres humains de I1JQAM a approuvé le projet de recherche auquel vous allez participer. Pour des
informations concernant les responsabilités du chercheur au plan de l'éthique de la recherche ou pour formuler
une plainte ou des commentaires, vous pouvez contacter le Président du Comité institutionnel d'éthique de la
recherche, Joseph Josy Lévy, au numéro (514) 987-3000 # 4483. II peut être également joint au secrétariat du
Comité au numéro (514) 987-3000 # 7753.
REMEROEMENTS
Votre collaboration est essentielle pour la réalisation de mon projet et je tiens à vous en remercier. Si vous
souhaitez obtenir un résumé écrit des principaux résultats de cette recherche, veuillez ajouter vos coordonnées
ci-dessous:
SIGNATURES:
Je,
reconnais avoir lu le présent formulaire de consentement et consens
volontairement à participer à ce projet de recherche. Je reconnais aussi que l'interviewer à répondu à mes
questions de manière satisfaisante et que j'ai disposé suffisamment de temps pour réfléchir à ma décision de
participer. Je comprends que ma participation à cette recherche est totalement volontaire et que je peux y
mettre fin en tout temps, sans pénalité 'àucune forme, ni justification à donner. Il me suffit d'en Informer la
responsable du projet.
Signature du sujet:
Date:
Nom (lettres moulées) et coordonnées:
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1
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Signature du chercheur responsable ou de son, sa délégué(e) :
Date:
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163
PARTICIPATION VOLONTAIRE
Votre participation à ce projet est volontaire. Cela signifie que vous acceptez de participer au projet sans
aucune contrainte ou pression extérieure et que par ailleurs vous être libre de mettre fin à votre participation en
tout temps au cours de cette recherche. Dans ce cas et à votre demande les renseignements vous concernant
seront détruits. Votre accord à participer Implique également que vous acceptez que le chercheur puisse utiliser
aux fins de la présente recherche (articles, conférences et communications scientifiques) et à des fins
pédagogiques, les renseignements recueillis à la condition qu'aucune information permettant de vous identifier
ne soit divulguée publiquement à moins d'un consentement explicite de votre part.
DES QUESTIONS SUR LE PROJET OU SUR VOS DROITS'
Vous pouvez contacter le chercheur principal au numéro (514) 932-4351 pour des questions additionnelles sur
le projet ou sur vos droits en tant que sujet de recherche. Le Comité institutionnel d'éthique de la recherche
avec des êtres humains de l'UQAM a approuvé le projet de recherche auquel vous allez participer. Pour des
informations concernant les responsabilités du chercheur au plan de l'éthique de la recherche ou pour formuler
une plainte ou des commentaires, vous pouvez contacter le Président du Comité institutionnel d'éthique de la
recherche, Joseph Josy Lévy, au numéro (SI4) 987-3000 # 4483. Il peut être également joint au secrétariat du
Comité au numéro (SI4) 987-3000 # 7753.
REMERCIEMENTS
Votre collaboration est essentielle pour la réalisation de mon projet et je tiens à vous en remercier. Si vous
souhaitez obtenir un résumé écrit des principaux résultats de cette recherche, veuillez ajouter vos coordonnées
ci-dessous:
SIGNATURES:
'Dr fv1a ot:b" !Jal. I<~
Je.
10" 1 reconnais avoir lu le présent formulaire de consentement et consens
volontairement à participer à ce projet de recherche. Je reconnais aussi que l'interviewer à répondu à mes
questions de manière satisfaisante et que j'ai disposé suffisamment de temps pour réfléchir à ma décision de
participer. Je comprends que ma participation à cette recherche est totalement volontaire et que je peux y
mettre fin en tout temps, sans pénalité d'aucune forme, ni Justification à donner. Il me suffit d'en informer la
responsable du projet.
Signature du sujet:
<:miJ
~~
Date:
Nom (lettres moulées) et coordonnées:
//( A~N:.·
Signature du chercheur responsable
Date:
OU
de son, sa délégué(e) :
1"3 )03/ !co
j
164
PARTICIPATION VOLONTAIRE
Votre participation à ce projet est volontaire. Cela signifie que vous acceptez de participer au projet sans
aucune contrainte ou pression extérieure et que par ailleurs vous être libre de mettre fin à votre participation en
tout temps au cours de cette recherche. Dans ce cas et à votre demande les renseignements vous concernant
seront détruits. Votre accord à participer implique également que vous acceptez que le chercheur puisse utiliser
aux fins de la présente recherche (articles, conférences et communications scientifiques) et à des fins
pédagogiques, les renseignements recueillis à la condition qu'aucune information permettant de vous identifier
ne soit divulguée publiquement à moins d'un consentement explicite de votre part.
DES QUESTIONS SUR LE PROJET OU SUR VOS DROITS?
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le projet ou sur vos droits en tant que sujet de recherche. Le Comité institutionnel d'éthique de la recherche
avec des êtres humains de l'UQAM a approuvé le projet de recherche auquel vous allez participer. Pour des
informations concernant les responsabilités du chercheur au plan de l'éthique de la recherche ou pour formuler
une plainte ou des commentaires, vous pouvez contacter le Président du Comité institutionnel d'éthique de la
recherche, Joseph Josy Lévy, au numéro (514) 987-3000 # 4483. Il peut être également joint au secrétariat du
Comité au numéro (514) 987-3000 # 7753.
REMERaE~1ENTS
Votre collaboration est essentielle pour la réalisa~on de mon projet et je ~ens à vous en remercier. Si vous
souhaitez obtenir un résumé écrit des principaux résultats de cette recherche, veuillez ajouter vos coordonnées
ci -dessous:
SIGNATURES:
i
Je,
' \ \ rÎ
cl 1 1 è 'j E
reconnais avoir lu le présent fonmulalre de consentement et consens
volontairement à participer à ce projet de recherche. Je reconnais aussi que l'interviewer à répondu à mes
questions de manière satisfaisante et que j'ai disposé suffisamment de temps pour réfiéchir à ma décision de
participer. Je comprends que ma participation à cette recherche est totalement volontaire et que je peux y
mettre fin en tout temps, sans pénalité d'aucune forme, ni justification il donner. Il me suffit d'en informer la
responsable du projet.
Signature du sujet :
~
~
Date:
Nom (lettres moulées) et coordonnées:
IS'<;()
f'J 1),'(1
Yé
rU)SH
LI A!1(}f/).fc' ~P d.e i3a >1.0' a../IO fvl«L'
Signature du chercheur responsable ou de son, sa délégué(e) :
Date:
:1.4/03/01
1
165
A.6 Les interviews
Interview 1 : Monsieur Seydou Coulibaly
Q.! : Bonjour Mr Coulibaly, pourriez-vous vous présenter brièvement et nous parler
de votre parcours académique et professionnel?
SC: Je suis Seydou Coulibaly, chef de département de la coopération
bilatérale au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération
internationale. Je suis diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration du Mali,
avec une spécialisation en Sciences Juridiques. J'ai intégré la fonction
publique en 2002 en tant que conseiller aux affaires étrangères. En débutant,
j'étais chargé des dossiers au niveau de la division culturelle et là depuis mai
2008, je suis chef de département coopération bilatérale au niveau du
Ministère.
Q.2: En quoi consiste cette dernière fonction? Quels sont les objectifs que vous
visez?
SC: Mes fonctions actuelles consistent avant tout en un rôle de coordination.
Comme le titre du poste le suggère, le chef de la coopération bilatérale
s'occupe de coordonner les activités de coopération avec tous les pays pris
individuellement avec lesquels le Mali a signé un accord de coopération,
notamment Mali-Chine, Mali-France, Mali-Côte d'Ivoire, Mali-Burkina, Mali­
Canada, etc.
Q.3 : Donc dans le cadre de vos fonctions, vous ne vous occupez pas uniquement du
cas de la coopération sino-malienne, vous chapeautez les relations entre le Mali et
plusieurs autres pays?
SC: Personnellement, je m'occupe de la Chine, de l'Iran, de l'Inde mais en
tant que coordinateur je pourrais dire que je m'occupe de tous les pays parce
que mes autres collaborateurs (que je supervise) sont en charge d'autres pays
comme le Japon, le Burkina, la France ou encore l'Angleterre. Et comme je
suis le Chef, je suis obligé de coordonner. Donc on pourrait dire en partie que
principalement je m'occupe de la Chine mais que subsidiairement je m'occupe
de beaucoup d'autres pays.
Q.4 : Vous qui êtes au cœur de la coopération sino-malienne, dans le cadre de votre
profession, que pensez vous de la croissance et de la montée chinoise dans l'économie
mondiale?
166
s. C : Je
rr
pense que c'est depuis l'arrivée au pouvoir du
ministre chinois
Deng Xiaoping, qui a prôné l'ouverture de la Chine envers le monde et je
crois que les chinois n'ont fait que suivre cette voie depuis les années 78. Mao
étant le père de la nation chinoise, Deng Xiaoping est devenu le père de
l'économie et du progrès chinois et je pense effectivement qu'il est indéniable
aujourd'hui, de reconnaître que la Chine sur le plan mondial, le commerce et
l'économie internationale une place très très importante. Une place qui ne
cesse d'augmenter au jour le jour parce que la Chine essaie de satisfaire au
maximum les besoins des pays africains et de tous les pays émergents.
Q.5 : Oui, il est certain que la Chine entretient des relations très étroites avec le
continent africain et à votre avis quelles sont les implications de ce phénomène pour
les pays occidentaux?
s. C:
Pour les pays occidentaux, c'est peut être une certaine jalousie parce
que concernant le cas les pays africains, ce sont des bastions, des anciennes
colonies qui sont entrain de leur échapper autant sur le plan économique, que
sur le plan politique à long terme. La Chine arrive à faire avec les pays
africains tout ce que les occidentaux n'ont pas réussi à faire jusqu'à présent
avec ceux-ci, notamment en accordant des prêts à des conditions extrêmement
avantageuses, qui répondent aux besoins des pays africains pour leur
développement
Q.6: Justement, pour les pays africains qui assistent à l'arrivée et à l'installation
massive des chinois sur leur territoire, quelles sont les impl ications économ iques,
politiques et sociales de cette coopération bilatérale?
s. C:
Les implications c'est que ces pays arrivent peut être à accéder aux
infrastructures de base dont ils ont besoin pour leur développement, des
choses qui n'étaient pas faisables ou faciles à obtenir avec les bailleurs de
fonds classiques. La Chine, avec sa politique d'octroi de prêts à des
conditions avantageuses, des prêts préférentiels qu'elle accorde sans se
soucier de la situation politique du pays ...
Sur le plan social, avec le développement des infrastructures de base, ca fait
des grands chantiers, des marchés et donc des emplois mais de l'autre coté, il
yale revers de la médaille avec l'ajjluence des chinois dans des secteurs
préalablement occupés par les locaux, notamment les petits commerces et la
vente de petits articles parce qu'auparavant, c'était les africains qui partaient
en Chine pour ramener ces marchandises mais maintenant ce sont les
boutiques chinoises qui sont installées de part et d'autres des marchés
africains. Donc vous voyez un peu ce que cela fait, cela crée une certaine
grogne sociale comme on a pu le constater au Sénégal ou ils pensent
vraiment que les chinois sont entrain d'empiéter sur leurs attributions.
167
Q.7: Effectivement, ici lorsqu'on se promène au Mali, on remarque que le marché est
réeJiement inondé par les produits chinois de toutes sortes, comment pourrait évoluer
ce phénomène dans le pays, à l'instar du Sénégal par exemple et de la réaction
publique que cela a suscité?
s. C:
Au Mali comme au Sénégal, certains sont irrités par le rapport
qualité/prix des produits chinois mais si l'on prend l'exemple des motos
chinoises, on voit qu'en comparaison aux motos japonaises, cela va du simple
au « quintuple» en termes de prix! Pour une moto japonaise qui est vendue
1.200.000 FCFA, on trouve toujours une moto chinoise à 300.000 ou 375.000
FCFA. Voyez-vous cela profite à une population ayant un pouvoir d'achat
moyen. Donc, c'est un peu compliqué de ne voir que les aspects négatifs mais
du point de vue de la qualité, certains se plaignent en disant que les motos
chinoises sont des « motos à usage unique» (rire!:». Pourvu que nous
puissions y trouver notre compte car pour le moment cela règle un problème
crucial qui est là, qui se pose et on essaie de gérer en attendant d'avoir les
moyens de s'acheter un produit de meilleure qualité.
Q.8 : Cette présence à divers niveaux de l'économie malienne fait de la Chine l'un des
principaux partenaires commerciaux du Mali, pourquoi pensez-vous que Pékin s'est
tellement intéressé à notre pays au fil des années? Pourquoi n'a-t-elle pas choisi de
s'implanter autant dans d'autres pays de la sous-région comme le Burkina ou encore
la Côte d'Ivoire par exemple?
s. C : Le Burkina par exemple
n'a pas de relations avec la Chine parce que
celui-ci est avec Taiwan. Le Mali est toujours stable dans sa politique vis-à-vis
de la Chine. Le Mali a toujours prôné sont attachement à une République
populaire de Chine unie et indivisible et soutient la Chine dans sa politique
d'unité nationale. Vous savez dans le problème taïwanais, nous avons toujours
affirmé notre attachement indéfectible à une RPC unie. En plus, le Mali
entretient de bonnes relations politiques avec la Chine, en témoigne des visites
de haut niveau organisées çà et là depuis Modibo Keïta. Vous n'êtes pas sans
savoir que les 12 et 13 févriers derniers, le président de la RPC Hu Jin Tao, a
effectué une visite d'État au Mali et c'est visite a été l'occasion pour les 2
pays de nouer des liens de coopération plus étroits et de signer des accords.
Q.9 : Donc en termes de coopération, quels sont les principaux besoins auxquels les
chinois répondent ici au Mali? QueJies niches d'activité occupent-ils?
S. C: Pour le moment, ils sont dans le BTP, dans la réalisation
d'infrastructures surtout mais vous savez, comme je l'ai dit avant, ils sont
aussi dans le petit commerce - c'est-à-dire la vente de chaussures, d'habits, de
pièces détachée- et même dans la petite restauration. Cette dernière activité de
168
petite restauration n'est d'ailleurs pas vu d'un bon œil par certains qui
pensent que derrière ces restaurants se cachent des activités illicites.
En tout cas, généralement ils sont surtout dans la réalisation de grands
travaux tels que les routes, les ponts, les hôpitaux. Il y a d'ailleurs beaucoup
d'entreprises chinoises ici qui se spécialisent dans la construction, c'est par
exemple les sociétés chinoises Guedjoba, Covec ou encore Xilu. Vous savez,
au Mali, toutes les premières unités industrielles sont des réalisations de la
Chine, j'entends par là l'UMPP, la Comatex et aujourd'hui, la SOCALA avec
le projet de 3ième sucrerie. Voila un peu les secteurs dans lesquels les chinois
sont les plus présents.
Q.I0: Que pensez-vous du fait que les chinois ramènent systématiquement leur
propre main d'œuvre pour travailler sur leurs projets (dans la construction,
l'enseignement, la médecine, etc.) au lieu de former la population locale à ces tâches?
S.C: Là j'avoue franchement qu'il est compliqué de vouloir former la main
d'œuvre locale. Je ne pense pas que les chinois veuillent forcément importer
leur main d'œuvre. Dans l'enseignement par exemple, un domaine très
règlementé, en fonction de la taille de l'institut et des besoins de celui-ci, les
chinois vont s'ajuster. Il ne s'agit pas non plus de ramener J00 coopérants
chinois pour enseigner car le marché ne l'exige pas et si le marché ne l'exige
pas, je ne vois pas la nécessité de ramener tout cet effectif Mais dans le passé,
on a eu à avoir des professeurs chinois ici dans des lycées tels que Sikasso,
Markala et autres venus enseigner le chinois. Avec le recul, cela s'est estompé
mais avec la création de l'Institut Confilcius pour la promotion de la langue et
de la culture chinoise, tout sera réglementé et je pense que les autorités vont
veiller à cela. Tout cela rentre dans le cadre des échanges culturels,
scientifiques et techniques qu'on a avec pratiquement tous les pays.
Q.II : Comment pensez-vous que le financement chinois dans le BTP et dans les
différents domaines que Pékin couvre au Mali va évoluer dans ['avenir?
S. C: (Rires) Cela me demanderait de me projeter dans l'avenir, de me
prononcer sur le futur de la coopération avec la Chine. Toutefois, je pense que
tant que la coopération politique est au beau fixe, la coopération économique
le sera aussi, d'autant plus que je ne vois pas de raisons qui puissent
constituer un obstacle à cette coopération. Jusqu'à présent nous avons besoin
de réaliser les infrastructures nécessaires à notre développement et je crois
que tant que notre attachement à une RPC unie et indivisible sera réaffirmé et
réitéré, il n Ji aura pas de problème, on continuera à bénéficier de l'aide
chinoise. Je ne vois pas de raison pour que ca ne se poursuive pas, peut être
que je peux me permettre de dire que ca ira même crescendo.
169
Q.12 : Et donc il y a plusieurs projets en préparation actuellement?
s. C:
Oui, nous avons plusieurs projets, le projet-phare étant celui de la
construction du fème pont de Bamako. Il y a également l 'hôpital moderne à
Yirimadjon, de 150 lits qui va être construit par les chinois. Ce sont vraiment
les 2 projets majeurs qui seront réalisés dans les 2-3 ans à venir.
L'inauguration du pont est prévue pour 2010, pour coïncider avec le
cinquantenaire de l'anniversaire de notre accession à l'indépendance.
Q.13 : Sans vouloir se projeter trop loin dans l'avenir, mais à la lumière de tout ce que
les chinois ont accompli jusqu'à présent, que pensez-vous de l'effet de la coopération
sino-malienne sur l'économie et le développement du pays à moyen terme?
s. C : Cela ne peut avoir qu'un impact positifsur l'économie du pays. Prenons
l'exemple de l 'hôpital de Yirimadjon: vous savez que dans le pays, nous
n'avons que 2 à 3 grand~ hôpitaux, notamment l 'hôpital de Kati, l'hôpital
Gabriel Touré et l'hôpital du Point G, tous sur l'autre rive du fleuve. Une
personne qui est à Banakanbougou et qui a besoin de subir une intervention
très sérieuse, on ne pourra plus l'amener dans un centre de référence, il faut
qu'on le transporte dans l'un des 3 hôpitaux précédents, le patient a tout le
temps de mourir avant d'accéder aux soins en raisons de l'éloignement de ces
infrastructures de santé. Avec la construction de l'hôpital de Yirimadjon, cette
même personne peut gagner 5 min de plus au lieu de vouloir se rendre de
l'autre coté dufleuve aux heures de pointes pour recevoir les premiers soins.
L'impact ne pourra être que positifet à la longue la présence chinoise pourra
même générer des emplois.
Si je considère seulement le cas de la fèllle sucrerie, cela va créer des milliers
d'emplois permanents et saisonniers car ca va entrainer le développement
d'autres activités connexes génératrices de revenus pour les populations,
l'amélioration de leurs conditions de vie, etc. Vraiment, à mon humble avis, je
pense que ca ne peut être que positifpour nos populations.
Q.14: Si on s'éloigne un peu du domaine purement économique, sur le plan culturel,
pensez-vous que les chinois présents au Mali s'intègrent bien à la population locale,
en termes d'interactions avec les maliens par exemple?
S. C : A ma connaissance, je n'ai pas eu vent de heurts majeurs entre les 2
communautés, à part des cas que l'on pourrait qualifier de criminels et là ca
ne concerne pas une seule catégorie de population, c'est peut être le hasard
des faits qui a voulu qu'à un moment donné on s'attaque à un ressortissant
170
chinois. C'est peut être du à l'appât du gain. Sinon, je pense que les chinois
s'adaptent, ils essaient même de parler la langue. Je crois même qu'ils
apprennent la langue avant de venir donc ils s'intègrent parfaitement au
milieu. Bon, à ma connaissance, je n'ai pas eu vent de conflits ou de
soulèvement pour le moment contre la colonie chinoise qui n'est estimée qu'à
800 ou 1000 ressortissants.
Q. 15 : Du coté malien, comment pensez-vous que la population perçoive la culture
chinoise vu que les opinions restent quand même mitigées quant à leur présence dans
le pays?
s. C:
Je crois que jusqu'à preuve du contraire, la Chine avait tOt!/ours
constitué un mythe pour les uns et les autres parce que quand on voit le
progrès qu'ils ont réalisé en si peu de temps, on se dit en pensant « Chinois»
que c'est vraiment un peuple travailleur, un peuple courageux, un « petit »
peuple qui voit les choses en grand. Les académiciens pensent que la Chine
c'est l'avenir et c'est pour cela que tous veulent apprendre le mandarin, voire
même étudier en Chine. Toutefois, le commun des maliens ne connaît pas trop
bien la culture chinoise, on les connaît seulement à travers les jilms de karaté
de Jacky Chan et autres, les frasques et les exploits de Jacky Chan. Je pense
que pour la plupart des maliens, c'est surtout comme cela.
Q.16 : Enfin, est ce que la réussite chinoise et le modèle de développement qu'elle a
mise en œuvre peuvent inspirer le Mali à aller de l'avant?
S.C: Deng Xioaping lui-même a dit que « peu importe que le chat soit noir ou
blanc, l'essentiel c'est qu'il attrape les souris ». Donc on peut fortement
s'inspirer de cette expérience chinoise pour peu qu'on s'en donne les moyens
parce la réussite chinoise c'est avant tout l'expérimentation de plusieurs
politiques de développement allant du Marxisme et du Léninisme au
capitalisme actuel. C'est un peu un savant dosage de toutes ces politiques et si
le Mali réussit à s'approprier cette logique, on ne pourra avoir mieux. En si
peu de temps, ils sont arrivés à réaliser des exploits, c'est donc un exemple.
Toutefois, pour s'inspirer de la Chine, le minimum c'est d'avoir de la
discipline car c'est un peuple discipliné. Ils ont réussi à s 'autodiscipliner et je
crois que c'est grâce à cela qu'ils ont pu arriver à un tel niveau de croissance,
grâce à la discipline, au courage, à la volonté, à la persévérance et
à
la
croyance en ce que l'on fait. Je pense qu'avec la réunion de ces éléments, il ne
devrait pas y avoir de problème car effectivement je ne considère pas que le
modèle chinois soit un modèle savant mais que c'est à force de volonté qu'ils
en sont arrivés là. Ils l'ont voulu, ils l'ont fait, pourquoi pas nous?
(conclusion avenir)
171
Q.17: Si l'on extrapole un peu, est ce des pays émergents comme la Turquie et J'Inde
qui arrivent eux-aussi en Afrique, pourraient représenter à long terme des menaces
pour la suprématie chinoise au Mali?
S.C: Il est difficile d'y répondre car il y a beaucoup d'éléments à considérer.
En effet, il y a d'abord le lien historique entre la Chine et le Mali, un ciment
qui unit les 2 pays de façon vraiment très particulière. La Turquie c'est pour
le moment un peuple qui nous est pratiquement étranger et l'Inde commence
un peu à venir au Mali, et en Afrique, notamment avec le forum Inde-Afrique.
Peut être, le temps aidant, l'Inde entrera t-elle dans une coopération
bilatérale avec le Mali mais pour le moment on ne peut rien dire. Il ne faut pas
oublier le facteur historique qui est là et vu tout le chemin que l'on a parcouru
avec la Chine, ce n'est pas en si peu de temps que l'on peut rattraper et
dépasser la Chine, ce n'est pas facile. La Chine ne se laissera pas faire et ce
n'est pas parce que c'est un colonisateur, mais la Chine croit en ce qu'elle
fait, il y a un sentiment de confiance mutuelle, de paix et de considération qui
s'est installée entre nos 2 peuples depuis 1963. Ce n'est donc pas en 10 ans ou
en 20 ans que l'on pourra battre ce record.
Pour la Turquie et l'Inde, il y a encore du chemin à faire, je ne suis pas
catégorique mais pour y parvenir il faudra réellement un surpassement, un
effort extraordinaire de la part de ces 2 pays pour qu'ils puissent damer le
pion à la Chine. Accorder les mêmes facilités, sinon plus de facilités, que la
Chine accorde n'est pas chose facile car vous n'êtes pas sans savoir que
l'Inde est aussi un pays émergent et le temps qu'elle finisse avec sa
construction nationale, qu'elle sorte, qu'elle vienne au Mali et qu'elle batte
les chinois, c'est compliqué et ca demande de faire du chemin.
Q.18 : En tout cas, j'ai été surprise de voir à quel point les rapports entre la Chine et le
Mali sont fraternels et bénéficie de propos rassembleurs de pal1 et d'autre, on a
vraiment le sentiment que cela va au delà de la simple coopération économique et
politique!
s. C : Absolument! Si
vous avez bien suivi la visite du président chinois au
Mali, il a été émerveillé par cette phrase de notre président à l'occasion du
tremblement de terre survenu vers le mois de mai 2008 dans la province du
Szechuan où le président A TT a déclaré en remplissant le livre de
condoléances ouvert a l'ambassade de Chine. Il a dit « Nous avons partagé
des moments de gloire, nous allons partager des moments de souffrance ». Le
président chinois en a été tellement touché qu'il ne s'est pas privé de le
répéter. Je crois que ca ce sont des liens vraiment forts qui existent là.
172
Interview 2 : Monsieur Modibo Bah Koné
Q.l : Bonjour Mr Koné, pourriez-vous vous présenter brièvement et nous parler de
votre parcours académique et professionnel?
MK: Je suis Modibo Bah Koné, diplômé de l'École Normale Supérieure du
Mali en psychopédagogie. Entre 1982 et 2009, j'ai fait un DEA en éducation à
l'ISFRA (Mali) puis un PHD en Chine dans le domaine des Sciences de
l'Éducation. Je suis revenue de Chine en 2003. Au Mali, durant cette période,
j'ai surtout travaillé dans l'enseignement: je me suis tout d'abord occupé de
l'administration de l'éducation au sein du ministère de l'éducation et par la
suite j'ai été conseillé technique du ministre en charge de l'enseignement
supérieur et de la recherche. Présentement, je suis professeur d'enseignement
comparé et de philosophie de l'éducation à la FLASH.
Q.2: Quels sont les objectifs que vous visez dans le cadre de vos fonctions au
département des Sciences Sociales de la FLASH?
MK: Mes objectifs sont de fournir une formation adaptée et spécialisée à mes
étudiants, en plus de les préparer aux réalités du marché de l'emploi. Selon
moi, au terme de leur cursus, il faut qu'ils soient aptes à faire de la recherche
et à travailler dans le social, dans les ONG installées sur place. Ils doivent
pouvoir produire des documents fiables sur leur société et devenir des
enseignants efficaces.
Q.3 : VOLIS avez effectué votre doctorat en Chine, quels sont les enseignements que
vous retenez de ce séjour quant au mode de vie des chinois et à leur façon d'envisager
les relations humaines?
MK: Les chinois ne connaissent pas bien les africains. Du point de vue des
contacts avec l'extérieur, les chinois quittent très rarement le territoire
national. En général, ils viennent juste pour travailler en Afrique et sont très
curieux de la façon de vivre des africains. En Chine, les africains ont quant à
eux beaucoup de mal à s'adapter car il faut déjà passer 1 an à apprendre le
mandarin. Dès qu'un étranger parle chinois toutefois et qu'il apprécie la
gastronomie locale par exemple, il est accepté plus facilement au sein de la
communauté. Les chinois ne sont pas racistes même s'ils peuvent être
chauvins, ils sont juste très ignorants en ce qui a trait à l'Afrique et
corifondent parfois même le Mali avec la Somalie.
173
Q.3 : Vous qui êtes un ancien de la Chine, que pensez-vous de la montée en puissance
de la Chine au niveau mondial?
M.K: Je pense que les chinois ont observé leur environnement et qu'ils ont
tiré des enseignements positifs de l'éclatement de l'ex-URSS et du Japon.
L'ère Meiji du Japon qui a commencé vers 1860 a montré aux chinois que
pour devenir fort, il est nécessaire de faire les bons choix et de s'ouvrir à
l'occident. Historiquement parlant, la Chine dominait le Japon. Puis, un siècle
plus tard, le Japon envahissait la Chine. À ce moment là, les chinois se sont
posés des questions et compris que l'ouverture à l'extérieur devenait
indispensable. En somme, la Chine a retenu 2 leçons essentielles de son
expérience avec l'envahisseur: grâce au génie de Deng Xioaping, la Chine a
adopté une politique d'ouverture tout en conservant l'autoritarisme étatique et
politique coriforme au passé Confucéen puis grâce à la présence des valeurs
Confucéenne, la Chine à continuer de prôner le respect de l'État, de la société
ainsi que l'importance stratégique de l'enseignement supérieur et de la
recherche.
Q.4 : Quelles sont les implications de ce phénomène pour les pays occidentaux? Pour
les pays africains?
M.K: L'occident va devoir redessiner une nouvelle géopolitique en fonction
de l'émergence d'un nouveau « grand ». Contrairement à la domination
occidentale qui implique une pensée unilatérale, l'émergence de la Chine a le
potentiel de rassembler les autres pays du tiers-monde. L'occident va donc
devoir réviser sa stratégie et faire face à une nouvelle guerre froide
commerciale. De leur côté, les africains vont également pouvoir chercher leur
voie car avec l'occident « colonisateur» qui continue à insLiffler ses points de
vue sur le continent, l'Afrique n'a pas vraiment les moyens de réaliser ses
propres choix. Désormais, la Chine a compris qu'elle donne la possibilité aux
pays africains de prendre des décisions correspondant à leurs intérêts en plus
d'exploiter leurs positions stratégiques. il est clair que sans l'Afrique,
l'occident ne serait pas la puissance que nous connaissons.
Q.5 : La Chine est aujourd'hui l'un des plus grands partenaires commerciaux du Mali,
pourquoi pensez-vous que la Chine s'intéresse autant à notre pays?
M.K: Historiquement, le Mali était l'un des camarades idéologiques de la
Chine. Modibo Keita avait en effet un gouvernement socialiste dans les années
1960 qui suivaient entre autre les enseignements de Mao. Lors de leurs
premières visites en Afrique, les chinois avaient d'ailleurs tendance à nouer
des relations avec les pays dits « rouges» à l'époque, tels que la Tanzanie, le
Ghana ou encore la Guinée. Ces pays socialistes constituaient des alliés pour
174
la Chine car ceux-ci souhaitaient se détourner complètement de l'Occident, la
puissance titulaire d'alors.
Q.6: La Chine est aujourd'hui l'un des plus grands partenaires commerciaux du Mali,
pourquoi pensez-vous que la Chine s'intéresse autant à notre pays?
M.K: Un pays comme le Mali bénéficie d'une position stratégique au sein de
la sous-région. Le Mali est donc un pays central du point de vue de son
histoire, de la mobilité de ces citoyens et de la stabilité politique qu'il y règne.
Le Mali était déjà une grande nation, et ce bien avant les indépendances. En
fait, qui a le Mali maîtrise la sous-région et cela, les chinois l'ont bien
compris. Les autres pays de la sous-région n'ont pas une telle influence
politique et idéologique. La France avait elle aussi compris la place centrale
du Mali et voulait à tout prix s'assurer de prendre le contrôle total du pays. Le
Mali s'apparente en effet à un laboratoire, car si quelque chose y fonctionne,
on peut être sur que cela va marcher partout. De plus, les maliens ont toujours
été de très grands commerçants, à l'image des ethnies « Dioula» et
« Sarakolé » qui pratiquaient depuis plusieurs siècles déjà le commerce des
colas et des cauris et qui sont m!fourd'hui présents à travers le monde. Vu que
les chinois ont aussi besoin de pétrole et de ressources énergétiques pour
développer leur pays, il est indispensable pour eux de s'établir dans des pays
centraux. Plus que le Sénégal, le Mali a constitué un candidat idéal pour cela
car la France y a été beaucoup moins influente.
Q. 7: En tant que président du C.C.R.C.A, pourquoi avez-vous décidé de créer un tel
groupe de recherche et quels sont les objectifs que vous visez?
M.K: J'ai naturellement tot!fours été très intéressé par l'enseignement et
l 'histoire de la Chine. Avant mes études en Chine, j'avais déjà été encadré par
des professeurs soviétiques et cubains qui venaient aider le Mali, et je
rencontrais très souvent des médecins chinois qui venaient travailler à
Bamako. Ce sont des expériences qui m'ont marqué. Je visionnais aussi des
longs métrages sur la guerre de libération de la Chine contre le Japon
et l'Occident, des films qui parlaient entre autres du Livre Rouge et de
l'insigne de Mao. Plus tard, lors de mes études en Chine, j'ai très vite réalisé
que ce que l'on dit de la Chine est très différent de ce que la Chine a
réellement fait. À la vue des grandes réalisations faites par les chinois, du
défilé des commerçants et du progrès économique et technologique qu'ils ont
accompli, j'ai compris que la réalité chinoise était tout à fait différente de ce
que l'occident en disait.
À mon retour au Mali, en tant que chercheur, j'ai voulu capitaliser le potentiel
de savoir que j'avais acquis pour le mettre au service de l'université. Je pense
qu'au Mali, nous ne sommes pas très conscients des bénéfices qu'apporterait
175
une coopération interuniversitaire avec les chinois alors que nous pourrions
gagner en expérience en entretenant de tels contacts avec la Chine. Au Mali,
nous n'innovons pas en matière d'enseignement supérieur tandis qu'en Chine,
toutes les grandes universités possèdent un centre d'Etudes Africaines. C'est
pour cela que j'ai jugé nécessaire de mettre en œuvre la création du CCRCA.
Il était important de créer un organe qui allait mener des recherches sur
l'Asie mais aussi protéger les intérêts nationaux contre les intérêts chinois.
Les chinois ne sont pas conscients que certaines de leurs activités vont à
l'encontre de la culture du pays et il est important de dialoguer et de le leur
expliquer. En tant que chercheur, je connais bien la Chine et les locomotives
de leur développement. Mon rôle est donc de faire comprendre aux maliens les
rouages de la croissance chinoise car au Mali, dans certains milieux, nous
avons encore une mauvaise compréhension du phénomène. Le groupe offre
aussi la possibilité d'inviter des chercheurs étrangers à prendre aux
recherches et aux débats.
Q.8 : Quel effet ou contribution pensez-vous que ce groupe aura sur la coopération
Chine-Mali?
M.K: Le groupe peut constituer une structure qui servira par exemple à
guider les chinois installés au Mali. S'ils souhaitent initier un projet de
développement au Mali ou encore se procurer des études de marchés sur tel
ou tel projet, le CCRCA pourra les appuyer dans ce sens. Les chinois peuvent
également se lier aux maliens à travers des conférences-débats.
Q.9: Dans J'avenir, comment pensez-vous que le financement par les chinois
d'activités à caractère culturel et éducatifva évoluer?
M.K: Ce n'est pas évident que cela va se poursuivre comme ilfaudrait car les
chinois ne sont pas très conscients des implications du rang de grande
puissance qu'ils occupent. Ils risquent de se dire à long terme que le
financement de tels projets n'est pas rentable pour eux. D'ailleurs, pour
accroître leur irifluence à ce niveau, ils auraient pu faire comme les
américains et acheter un nouveau terrain pour la construction du Cercle
Confucius au lieu d'établir les locau.x au Lycée Askia de Bamako. La Chine
n'a pas encore cette vision la toutefois. Pour le cercle, l'idée était de créer un
centre qui nous permettrait d'échanger avec les grands chercheurs et
sinologues de la région, en plus d'organiser des forums sur la Chine et des
séances de « brainstorming» sur le sujet. Pour intéresser plus avant les
chinois à la chose, nous avons décidé d'inclure Confucius dans le sigle du
Cercle car c'est un aspect crucial de leurs croyances. Pour l'instant, les
chinois ne comprennent que très timidement qu'il faut être culturellement
présent dans les pays partenaires pour faire évoluer la coopération.
176
Malheureusement, les chinois s'intéressent beaucoup trop aux dirigeants, et
très peu aux citoyens du pays.
Q. 10: Comme dans la construction, les chinois pensent apporter leurs propres
enseignants pour donner des cours de mandarin au Mali, que pensez-vous de ce
phénomène?
M.K: Ils ont slifjisamment de main-d'œuvre donc le fait d'apporter leurs
effectifs leur fait du tourisme en plus de leur coûter moins cher. Quand ils
viennent travailler au Mali par exemple, ils goutent aux plaisirs du pays.
Certains, comme par exemple le président de l'Amicale de Chine, restent en
partie parce qu'ici les lois sont particulièrement étanches et qu'ils ont plus de
faciliter à mener leurs affaires. Toutefois, même s'ils s'installent dans le pays,
les chinois ont tOlijours tendance à se méfier des réalités du pays.
Q.II : Justement, sur le plan culturel comment les maliens perçoivent-ils les chinois
selon vous?
M.K: Les maliens ne cherchent pas trop à approfondir leur connaissance de
la culture chinoise. Les maliens aiment avant tout copier les chinois pour le
développement mais aussi pour les arts martiaux et tout ce qu'ils voient dans
les films à la télévision. Ils sont surtout épatés par le courage et l'ardeur au
travail des chinois et se demandent comment être comme eux à ce niveau.
Pour le reste, les maliens savent qu'ils ont leur propre traditions et ne sont
pas complexés par la culture de qui que ce soit.
Q. J 2: A la lumière des actions chinoise observées, que pensez-vous de l'effet de la
coopération sino-malienne sur l'économie et le développement à long terme du pays?
M.K : Avec la présence chinoise au Mali, beaucoup de biens de consommation
ont fait leur entrée au Mali et sont devenus accessibles au consommateur
moyen. Sans les chinois, il n'y aurait pas de motos Jakarta à 400000 FCFA.
Le malien moyen ne se préoccupe pas vraiment de la qualité des produits et ne
se rend pas toujours compte que les biens provenant de la Chine ne sont pas
Jystématiquement bons. En fait, les gens préfèrent manger du n'importe quoi
que de ne rien manger du tout. D'ailleurs, les produits chinois envahissent le
marché: à cause du thé qu'ils importent dans le pays, l'usine de thé situé à
Sikasso a même jèrmé. Mais réellement, qu'est ce qui nous prouve que le thé
chinois n'est pas périmé? Les commerces chinois amènent aussi une forte
augmentation de la contrefaçon dans les médicaments notamment. Sur ce plan
là, la présence chinoise peut avoir des effets négatifs mais pour l'instant, nous
177
ne pouvons rien faire car nous ne possédons pas encore les moyens de
contrôler notre propre consommation.
Q.15 : Comment pensez-vous que cette coopération va croitre dans l'avenir?
MK: Je pense que la coopération entre nos deux pays va s'accentuer.
Toutefois, contrairement à l'Occident, les chinois n'ont pas encore compris
que pour faire pencher la balance de leur coté, il faut contrôler les élites du
pays. L'Occident continue avec ce jeu de contrôle des élites et la Chine
poursuit encore sa politique de non ingérence dans la politique intérieure des
pays africains. Pour la Chine, il faut avant tout pratiquer la philosophie « Heu
Ping », soit prôner la paix et l 'harmonie, ne pas empiéter sur les affaires du
pays et ne pas entrer dans une logique de pure machiavélisme. Sur le plan du
contrôle des ressources, la chine doit se mettre au niveau des occidentaux. A
mon avis toutefois, les chinois vont longtemps rester dans cette dynamique et
ne pas assumer pleinement le rôle de grande puissance mondiale. De par leur
histoire, marquée par un certain repli sur soi, les chinois sont limités dans ce
sens, contrairement aux français qui pratiquent volontiers l'impérialisme.
Pour que la coopération évolue dans le bon sens
, il faudrait que les chinois s'ouvrent plus à l'Occident, qu'ils s'intègrent
mieux aux cultures des pays africains en côtoyant plus les populations locales
par exemple, et qu'ils octroient d'avantages de bourses pour former les élites
locales.
178
Interview 3 : Monsieur Issa N'diaye
Q.l : Bonjour Mr N'diaye, pourriez-vous vous présenter brièvement et nous parler de
votre parcours académique et professionnel?
l.N: Je suis Issa N'diaye, professeur de philosophie de formation. J'ai fait
mes études jusqu'au niveau maitrise au Mali et ensuite je suis allé en France,
à l'université de Bourgogne pour passer en DEA et faire ma thèse en
philosophie. Après ces études, je suis rentré au Mali pour enseigner à l'Ecole
Normale Supérieure d'abord puis j'ai travaillé au centre national de
recherche scientifique et technologique. Je suis par la suite entré dans le
gouvernement de transition au ministère de l'éducation. De la transition, j'ai
intégré le ministère de la culture et j'ai été ministre de la culture dans le 1er
gouvernement du président Alpha Konaré. Après, je suis passé au contrôle
général d'Etat et c'est de cette fonction que je suis revenu enseigner à la
FLASH.
Q.2 : D'accord. En quoi consistent vos fonctions à la FLASH?
l.N: À la FLASH, j'enseigne au département des sciences sociales, en
philosophie, je donne donc des cours de philosophie. Jai également dirigé la
section de philosophie et maintenant depuis 2 ans, je dirige le département de
sciences sociales. Le département de sciences sociales comprend 4 sections:
la philosophie, la typologie, les sciences de l'éducation et la socio­
anthropologie.
Q.3 : Dans le cadre de ces fonctions universitaires, quels sont les objectifs que vous
visez?
I.N: Mon travail ici consiste à assurer le déroulement correct des cours, à
surveiller l'exécution correcte des programmes, à superviser les évaluations et
en ce qui concerne le corps enseignant, à veiller à la formation continue et
complémentaire des enseignants et des assistants au DEA.
Q.4: En tant qu'académicien et aussi philosophe malien, que pensez-vous de la
montée en puissance de la Chine au niveau mondial?
I.N: Bon, c'est à mon avis un phénomène qui n'est pas surprenant, compte
tenu d'abord du poids démographique de la Chine à l'échelle mondiale, et
ensuite de l 'histoire proprement dite de la Chine, qui est une civilisation
millénaire et qui a contribué au progrès de l 'humanité dans pas mal de
domaines. Vous savez qu'il y un certain nombre de découvertes qui ont été
179
faites par la Chine: on parle de la boussole entre autres et de la poudre à
canon pour ne nommer que quelques inventions. Quand on considère la
position stratégique de la Chine en Asie et le rôle qu'elle a joué dans le
mouvement des non alignés avec les pays du tiers monde où elle assurait de
fait un certain leadership, on peut comprendre pourquoi la Chine est entrain
de devenir une puissance mondiale aujourd'hui et puis surtout pourquoi elle
joue un rôle de plus en plus important en Afrique.
Q.5 : Donc justement, que pensez-vous des implications de ce phénomène pour les
pays occidentaux d'une part, et en particulier les anciens pays colonisateurs, et d'autre
part les pays africains comme le Mali?
IN: Je pense que la Chine brise ce tête-à-tête entre les pays africains
anciennement colonisés et leurs maitres de tutelle. 1/ y avait en quelque sorte
un dialogue à 2 et maintenant la Chine vient interférer dedans et elle interfère
dedans avec d'autant plus de facilité qu'en Afrique elle n'a pas de passé
colonial. Elle n'a pas de contentieux, d'un point de vue historique ou de
n'importe quel point de vue avec les africains et deuxièmement, la Chine a
beaucoup aidé l'Afrique lors des indépendances d'abord en dénonçant le
colonialisme et ensuite en parrainant pas mal de pays en ce qui concerne leur
accession à la souveraineté internationale. Le Mali par exemple est l'un des
pays que la Chine a reconnu, dès son indépendance et qu'elle a accompagné
sur le plan diplomatique au moment de son adhésion au Nations Unies. Et en
plus, on peut dire que la Chine a largement contribué à la base économique
du nouveau Mali indépendant, à plus de 70-80%. Le tissu industriel de la rère
République du Mali a été bâti par les chinois, à travers surtout des industries
de transformation et puis sur le plan commercial, il y avait une coopérative
que la Chine avait créée avec le Mali pour approvisionner le pays dans les
produits de première nécessité, c'était l'UN1COP.
Donc depuis les années 1960, la Chine faisait du commerce avec le Mali et
c'était aussi un commerce essentiellement basé sur le troc. 1/ n y avait pas
d'échanges monétaires à proprement parler. La Chine livrait des
marchandises et le Mali en contrepartie livrait certains produits dont les
chinois avaient besoin. Par exemple, les huileries, les usines de conserve, tout
ce qui est rizerie, sucrerie et même le matériel agricole provenaient des usines
créées par les chinois. Le tissu industriel malien a donc vraiment été érigé
grâce au concours des chinois.
Q.6: Pourquoi pensez-vous que Pékin s'est tellement intéressé à notre pays au fil des
années? Pourquoi n'a-t-elle pas choisi de s'implanter autant dans d'autres pays de la
sous-région comme le Burkina ou encore la Côte d'Ivoire par exemple?
180
l.N: Il y a à mon avis 2 ou 3 considérations expliquant ce phénomène.
D'abord, il y avait l'option idéologique que le Mali avait choisie en ce sens
qui était la voie socialiste de développement et cette option idéologique faisait
que le mali était proche de la Chine. Ensuite, je pense qu'il yale fait que le
Mali faisait partie des pays africains qui militaient activement à l'époque pour
l'adhésion de la Chine aux Nations Unies parce qu'en ce temps là c'était
Taiwan qui était aux Nations Unies et les puissances occidentales
s'opposaient à l'entrée de la Chine. Le poste de la Chine aux NU était occupé
par Taiwan et le Mali faisait partie des pays qui dès le début ont refusé de
reconnaÎtre Taiwan et ont toujours revendiqué le poste de membre des Nations
Unies pour la RPc. Je pense que ceci a fait une convergence de faisceau qui
fait que la Chine a considéré le Mali comme un allié important, étant en plus
un pays central du point de vue géostratégique dans la zone.
À mon avis, c'est ce qui explique les investissements massifs que la Chine a eu
àfaire au Mali dans les années 60. Même sur le plan militaire, dans l'aviation
chinois, les techniciens chinois avaient commencé à bâtir une base pour
pouvoir projeter des réparations d'avion dans la sous-région. A l'époque, les
chinois avaient déjà pris la relève sur les soviétiques qui avaient été présents
aussi. L'alliance entre la Chine et le Mali remonte donc à très longtemps.
Q.7 : À votre avis, de quelle nature sont les intérêts chinois au Mali?
l.N: Aujourd'hui, ce sont les intérêts économiques et commerciaux qui ont
pris le pas sur les considérations politiques. On peut dire qu'au début c'était
les relations politiques qui étaient primordiales, qui expliquaient
l'investissement massif des chinois. Par exemple, les usines textiles ont été
faites avec le soutien des chinois. A la chute du régime de Modibo Keita et
avec les programmes d'ajustement structurels auxquels le Mali a été
contraint, c'est la Chine qui a repris ces usines textiles. D'abord en cogestion,
cela veut dire que la Chine a pris une place importante aussi bien au niveau
du capital qu'au niveau technologique pour moderniser ces usines textiles.
Celles-ci ont d'ailleurs produit pas mal de produits de qualité (t-shirts
militaires et survêtements exportés en Europe).
Ces marchandises ont été confectionnées ici et ca a permis d'organiser une
exportation de certains produits. Je sais aussi qu'avec ces usines textiles le
Mali a eu à exporter dufil avec le concours chinois, et qui était aussi en partie
racheté par les usines textiles chinoises. C'était donc une opération rentable.
Ensuite, il y a eu cette histoire de canne à sucre pour laquelle le Mali s'était
adressé à l'époque à la France pour lui demander de l'aider à installer des
usines de production de sucre. La France avait répondu en disant que la
canne à sucre ne pouvait pas pousser au Mali. Toutefois, quand le Mali s'est
adressé aux chinois, ils sont venus implantés la canne à sucre. Il y a d'abord
eu des usines de sucre à Doukabougou 1, puis 2 et ensuite Seribala, ce qui
était une première dans la sous région. Ces usines faisaient une production
181
pour satisfaire les besoins nationaux mais également pour être exportée dans
les pays environnants. Les chinois fabriquaient également du matériel
agricole sur place, ce qui a permis d'approvisionner les agriculteurs chinois
avec du matériel agricole en plus de donner lieu à une exportation dans la
sous région.
Q.S : Donc finalement, le Mali exportait beaucoup de biens grâce à J'action chinoise.
l.N: Oui! Ensuite, il y a eu l'usine pharmaceutique qui existe encore
aujourd'hui et c'était une Fère dans la sous région qui fabriquait 40 produits
de base. Elle permettait non seulement d'approvisionner le marché malien en
médicaments de première nécessité mais aussi la sous-région. Donc la
coopération avec la Chine est vraiment l'une des coopérations les plus
fructueuses que le Mali ait connue et je pense que malgré le fait
qu'aujourd'hui le Mali et la Chine ont peu de rapport sur le plan idéologique,
la Chine a pu sauvegarder les intérêts suscités par les investissements. Ce qui
fait que la Chine continue à être présente sur le plan du sucre, sur le plan du
textile) sur le plan de l'usine pharmaceutique. Le domaine du matériel
agricole a quant a lui été privatisé.
Q.9 : Qu'est ce qui explique donc le ralentissement des relations entre le Mali et la
Chine puis la reprise de la coopération durant la décennie SO ?
l.N: Avec la chute de Modibo, les rapports se sont refroidis mais par la suite,
le Mali s'est très rapidement tourné vers la Chine en ce qui concerne par
exemple l'usine textile parce que les usines étaient en faillite. C'est la chine
qui a repris ces usines là en cogestion à plusieurs reprises. Ils ont repris une
Fère fois, puis quand ils ont redressé, ils ont donné au Mali, c'est tombé en
faillite. Ensuite, ils sont revenus, et ils ont redressé encore. La Chine n'avait
pas intérêt à délaisser complètement le Mali, elle a continué à garder cette
passion.
À l'époque, le Mali était l'un des rares pays où la Chine avait une
implantation forte. Par exemple, en Cote d'Ivoire et au Sénégal son
implantation est récente parce qu'eux avaient plus de relation avec Taiwan
qu'avec la Chine continentale. Donc le phénomène de surgissement de la
Chine sur la scène sous régionale a été fait surtout à partir du Mali.
182
A.7 C.C.R.C.A
Compte rendu de la conférence sur le lancement des activités du Cercle
Confucius
Lancement des activités du Cercle Confucius pour la Recherche sur la Chine et l'Asie
(C.C.R.C.A)
Lieu: Lycée Askia Mohamed de Bamako
Date: Samedi 14 mars 2009 à partir de 9 heures
PROGRAMME DE LA CEREMONIE
8h30-9hOO: Arrivée et installation des activités
9hOO-9hI5: Arrivée de l'ambassadeur de la République Populaire de Chine et des
autres officiels
9h20 : Présentation du programme par le proviseur, maitre de cérémonie
9h30-9h40 : Discours de bienvenue du président du Cercle Confucius pour la
Recherche sur la Chine et l'Asie(C.C.R.C.A), Dr Modibo Bah Koné
9h40-10hOO: Intervention de son Excellence Mr ZHANG Guo Qing, ambassadeur de
République populaire de Chine au Mali.
IOh-10h30: pause café
10h40-11h10: Exposé sur la vie et œuvres de Confucius par Dr Belco Ouologuem,
enseignant à la FLASH
11h10-12h00: Conférence-débats: La coopération Chine-Mali dans le domaine de
l'enseignement supérieur et les nouvelles perspectives pour l'avenir, par Dr Modibo
183
Bah Koné, président du Cercle Confucius pour la Recherche sur la Chine et
l'Asie(C.C.R.C.A)
Modérateur: Mr HUa Tian Yun, premier conseiller de l'ambassade de la RPC au
Mali
12h10: Fin de la cérémonie
• La conférence devait marquer le lancement des activités du cercle Confucius
comprenant 2 principales activités:
3- La classe Confucius: née du protocole d'accord entre les instituts
Confucius à Beijing et le Lycée Askia de Bamako (enseignement,
formation et promotion de la langue chinoise)
4- Le cercle Confucius: qui œuvre pour la promotion de langue et de la
culture chinoise (Association du cercle Confucius constituée d'anciens
étudiants maliens en Chine)
• Intervention de son Excellence Mr ZHANG Guo Qing, ambassadeur de
République populaire de Chine au Mali:
Lors de son intervention, Mr ZHANG Guo Qing a indiqué que depuis 2 ans la
coopération Mali-Chine s'était renforcée. L'installation de la classe Confucius
au Lycée Askia permettra en plus au peuple malien d'approfondir sa
connaissance de la culture chinoise et de pouvoir apprendre à parler le
mandarin. Il s'est dit très heureux du lancement de ces activités car Confucius
représente une partie importante de la culture chinoise. Les valeurs
confucianistes correspondent selon lui à la recherche de 1'harmonie dans le
monde et en Chine. Dans le monde actuel, ce sont des valeurs qui doivent
rester et être respectées. En outre, il a exprimé le fait qu'il faille « travailler
ensemble pour préserver l'amitié qui dure entre le Mali et la Chine depuis un
demi-siècle» et dont on fêtera le cinquantenaire en 2010.
184
J'ai pu échanger quelques mots avec lui lors de la conférence et il m'a affirmé
que l'avantage de la Chine sur les pays européens c'est qu'à la différence des
occidentaux, ils fournissent une aide pragmatique, utile dans ['immédiat pour
le gouvernement malien. Il est conscient que la Chine est démonisée en
Occident et a il tenu à préciser que malgré la présence chinoise au Mali, on
dénombre
toujours
moins
d'entreprises
chinoises
qu'américaines
et
européennes sur le territoire malien. La concurrence avec ces dernières est
naturelle et entre uniquement dans le cadre des « règles du marché ». Mr
ZHANG Guo Qing m'a également souligné avec beaucoup de modestie, que
plus la Chine avancera dans son développement, plus elle essayera d'apporter
son aide au Mali.
• Présence également lors de la conférence de Mr Seydou Badian Kouyaté, l'un
des initiateurs dans les années 1960 de la coopération si no-malienne,
précurseur de la vie politique malienne et auteur de l'hymne national du Mali.
• Intervention du Dr Modibo Bah Koné, président du Cercle Confucius pour la
Recherche sur la Chine et l'Asie(C.C.R.C.A) : (domaine de l'enseignement)
De plus en plus, la Chine s'impose dans le monde. Au Mali, la Chine accorde
depuis 25 ans des bourses aux étudiants maliens voulant étudier en Chine. La
création de l'association avait donc pour but de comprendre ce que la Mali
pouvait attendre de la Chine à divers niveaux.
Selon le Dr Koné, la montée en puissance de la Chine repose avant tout sur 3
postulats:
• L'ancienneté de la situation chinoise: la Chine a en effet plus
de 5000 ans d'histoire, c'est l'une des plus anciennes
civilisations.
Elle a su
adapter sa
pensée actuelle à
l'enseignement de Confucius. La Chine a aussi une tradition
millénaire qui valorise l'éducation, c'est encré dans les
mentalités que l'enseignement doit avoir une place importante
185
dans le mode de vie. Il s'agit d'une logique que l'on peut
illustrer par la phrase suivante « Respect the teacher, Value the
teaching»
• L'enseignement supérieur et pas seulement de base, a une
importance capitale en Chine. Il fait partie des priorités
nationales.
• Les chinois ont un respect sacré pour la nation, une conscience
citoyenne
saine
qui
porte avec
elle
la
politique
du
gouvernement.
Il faut donc que la Ch ine renforce son partenariat avec le Mali au niveau de
l'amélioration de l'enseignement supérieur car c'est le leitmotiv de l'économie, du
progrès. En raison notamment des grèves incessantes dans le pays, la jeunesse
malienne a besoin d'une nouvelle philosophie de l'éducation pour lutter contre les
problèmes et rendre les étudiants plus responsables. Selon Mr Koné, il faudrait aussi
accentuer la présence du privé et des opérateurs de téléphonie par exemple (qui ont
beaucoup de ressources matérielles et financières à leur disposition) au niveau de
l'investissement en faveur de l'enseignement supérieur.
Au Mali, au niveau de l'enseignement, la Chine pourrait:
Appuyer la formation des cadres et des enseignants
Œuvrer pour l'informatisation des locaux d'enseignement supérieur
Participer à la création d'un DEC en langues chinoises
Financer la construction de nouvelles facultés (sciences juridiques et
économiques notamment)
Donner la possibilité aux étudiants maliens de faire des recyclages
professionnels en Chine pour avoir les atouts en main et contribuer
efficacement au développement du Mali.
186
•
Intervention de Mr Issa N'diaye :
Mr Issa N'diaye a voulu faire une réflexion sur le passé du Mali. Selon lui,
« la valeur du pays reflète la qualité de la ressource humaine», et dans ce
contexte, des valeurs fondamentales échappent au Mali. Il faudrait que le pays
puisse s'inspirer de l'exemple de la réussite chinoise et de ce qu'elle a
construit de l'intérieur. Il est important d'avoir un cadre de réflexion
stratégique pour réaliser de la gestion et de la projection à long terme.
« Construire des perspectives et non pas gérer au quotidien ». Il a également
souligné la nécessité de bâtir une capacité autonome de réflexion stratégique
au niveau national et non pas international et de développer des synergies.
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