DOCUMENT D’OBJECTIFS DES SITES NATURA 2000 SIC : « MONTAGNE SAINTE-VICTOIRE – FORET DE PEYROLLES – MONTAGNE DES UBACS – MONTAGNE D’ARTIGUES » ET ZPS : « MONTAGNE SAINTE-VICTOIRE » TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION REDACTEUR : GRAND SITE SAINTE-VICTOIRE 570, avenue du Club Hippique 13090 Aix-en-Provence Tél. 33 (0)4 42 64 60 90 Fax. 33 (0)4 42 64 60 99 Email : [email protected] Document disponible sur Internet : www.grandsitesaintevictoire.com DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 2INTRODUCTION 1 DESCRIPTION DE LA VALEUR ECOLOGIQUE DU SITE 5 Le contexte écologique global 5 La faune et la flore de Sainte-Victoire 5 Les habitats d’intérêt communautaire présents sur le site Fiche H.h : Les habitats herbeux naturels et semi-naturels Fiche H.l : Les habitats de landes et de broussailles 5 5 5 Fiche H.r : Les habitats rocheux 5 Fiche H.f : Les habitats forestiers Fiche H.p : les Sources pétrifiantes avec formation de travertins 5 5 Fiches de description des espèces remarquables Fiche n°E.f : Les espèces floristiques d’intérêt patrimonial Tableau de synthèse des espèces floristiques d’intérêt patrimonial : Fiche n°E.f.1 : Les espèces floristiques des annexes de la directive Fiche n° E.f.2 : Les espèces floristiques menacées Fiche n°E.f.3 : Les espèces floristiques rares Fiche n°E.o : les oiseaux d’intérêt patrimonial Tableau de synthèse des oiseaux d’intérêt patrimonial Fiche n°E.o.1 : les rapaces de l’Annexe 1 Fiche n°E.o.2 : les passereaux de l’Annexe 1 Fiche n°E.o.3 : les espèces nocturnes de l’Annexe 1 Fiche n°E.o.4: Les espèces migratrices de l’Annexe 1 Fiche n°E.o.5 : Les autres oiseaux nicheurs d’intérêt patrimonial Fiche n°E.r : les reptiles et les amphibiens de l’Annexe IV Fiche n°E.r.1 : les reptiles de l’annexe IV Fiche n°E.r.2 : les amphibiens de l’annexe IV Fiche n°E.i : les insectes d’intérêt communautaire et patrimonial Fiche n° E.i.1 : Les papillons de jour Fiche E.i.2 : Les papillons de nuit Fiche E.i.3 : Les orthoptères Fiche n°E.i.4 : Les coléoptères Fiche n°E.i.5 : Les Odonates Fiche n°E.c: les Chiroptères de l’Annexe II Tableau de synthèse des espèces de chiroptère Fiche n°E.a: les espèces aquatiques d’intérêt communautaire 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 ANALYSE ET HIERARCHISATION DES ENJEUX DE CONSERVATION 5 Les enjeux liés à la conservation des habitats naturels 5 Les enjeux liés à la conservation des espèces 5 Les enjeux transversaux liés à la conservation de l’ensemble des habitats et espèces 5 DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION ANALYSE DES CONTRAINTES ET DES OPPORTUNITES SOCIO-ECONOMIQUES 5 Préambule 5 Le plus grand territoire forestier des Bouches du Rhône 5 Une mosaïque de zones cultivées 5 Les activités de loisir 5 La fonction résidentielle du site 5 Le contexte institutionnel 5 Les différents statuts fonciers et de protection 5 LA STRATEGIE ET LES OBJECTIFS DE CONSERVATION RETENUS 5 La stratégie de conservation adoptée 5 Les objectifs de conservation retenus 5 Les objectifs de conservation des habitats Objectif O.p : Conserver les pelouses sèches des massifs et des crêtes Objectif O.f : Augmenter la superficie des chênaies âgées Objectif O.e : Protéger et restaurer les habitats d’éboulis Objectif O.r : Restaurer les ripisylves à Peuplier blanc Objectif O.c : Favoriser la gestion conservatoire d’habitats ponctuels d’intérêt communautaires : sources pétrifiantes, zones humides de Jouques et de la Cause aval 5 5 5 5 5 Les objectifs complémentaires de conservation des espèces Objectif O.or : Maintenir des zones de nidification et d’alimentation pour les rapaces et les oiseaux rupestres Objectif O.ins : Vérifier la richesse du site en insectes et maintenir leurs habitats Objectif O.cap : Augmenter la capacité d’accueil du site pour d’autres espèces caractéristiques 5 Les objectifs d’accompagnement favorables à l’ensemble des habitats et espèces Objectif O.pra : Promouvoir les pratiques sylvicoles et agricoles favorables à la conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire Objectif O.mc : Favoriser la revalorisation biologique des milieux définitivement abandonnés par l’agriculture Objectif O.fre : Assurer la compatibilité des activités récréatives avec la conservation des habitats et des espèces Objectif O.am Assurer la compatibilité des grands aménagements et des activités d’exploitation des ressources naturelles avec la conservation des habitats et des espèces TOME 2 : MESURES DE GESTION DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 5 5 5 5 5 5 5 5 5 Introduction 1 INTRODUCTION Natura 2000, un outil de gestion et de conservation du patrimoine naturel : En Europe, la variété des climats, des paysages et des cultures induit une grande diversité biologique dont le maintien est un facteur clé, en particulier dans les zones rurales, pour un développement durable des territoires. L’objectif de Natura 2000 est donc de conserver la biodiversité à l’échelle européenne, par des actions de valorisation, d’entretien, de protection et de conservation des habitats naturels et des espèces remarquables. Le site naturel de la « montagne Sainte-Victoire – forêt de Peyrolles – montagne des Ubacs – montagne d’Artigues », par la richesse de son patrimoine naturel, se devait de participer à cet effort collectif de préservation du patrimoine mondial. Ce territoire, d’une superficie de 29 000 ha caractérisé par une grande variété d’habitats naturels, héberge des éléments de très grande valeur patrimoniale avec près de 100 espèces végétales et autant d’espèces animales remarquables. Natura 2000, une démarche locale à échelle humaine : au-delà de l’objectif commun de conservation de la biodiversité européenne, Natura 2000 se veut aussi et surtout, sur le territoire français, une démarche locale proche des enjeux environnementaux et des enjeux socioéconomiques qui caractérisent et différencient chaque site. Les qualités du site de Sainte-Victoire ont fait de ce territoire un espace privilégié pour le développement humain depuis ses origines. Au même titre que les paysages, la richesse biologique qu’il s’agit aujourd’hui de conserver concerne principalement des zones anthropiques, qui résultent des activités passées et actuelles. Ce constat impose de prendre tout le recul nécessaire à la mise en œuvre de l’objectif poursuivi avec Natura 2000. « La nature » qu’il convient de conserver n’est pas dissociable de son histoire et de sa géographie, ni de sa valeur économique, sociale et culturelle. Natura 2000 doit être une façon de maintenir l’homme au sein de son espace naturel, de lui permettre de « l’utiliser, l’exploiter, le contempler » mais aussi de « le préserver, le conserver et le valoriser ». Il s’agit bien d’une recherche d’équilibre à définir localement. Natura 2000, une démarche basée sur la concertation et l’implication de tous : cette relation au développement durable de la démarche Natura 2000 et la volonté de trouver un équilibre nécessitent la participation de tous. La création d’un comité de pilotage sur chaque site témoigne de cette volonté de concertation et d’échange. Sainte-Victoire est un espace naturel périurbain qui, au-delà des enjeux naturels, est influencé par un développement urbain très fort. Il est donc important, peut-être plus qu’ailleurs, que tous les acteurs participent et s’impliquent dans cet effort collectif de conservation de la biodiversité. Le grand nombre de structures représentées au Comité de pilotage illustre cette détermination Aussi, ce document d’objectifs ne doit pas être lu comme « une doctrine » qui s’impose aux autres démarches mais bien comme un élément important du puzzle qui constitue l’aménagement de ce territoire. Natura 2000, une démarche retranscrite dans un document de référence : l’élément fort de cette volonté de participation et d’implication de tous, c’est le document d’objectifs, véritable plan de gestion du site, qui fixe les orientations adoptées collectivement pour assurer la conservation du patrimoine naturel, et les mesures de gestion permettant de les mettre en œuvre. « Il a pour finalités : f Le développement des connaissances scientifiques. Ce travail est effectué par synthèse bibliographique et études de terrain. Il peut dépasser les limites du site, et induire au besoin des ajustements du périmètre. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Introduction DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 2 Introduction 3 f L’animation d’une concertation locale. Elle est réalisée sous l’égide du comité de pilotage qui réunit principalement les représentants des collectivités territoriales intéressées et de leurs groupements et les représentants des propriétaires, usagers et exploitants de biens ruraux compris dans le site. Des réunions thématiques, qui regroupent tous les acteurs concernés, complètent ce dispositif de concertation. f La rédaction d’un document de référence. Il définit les objectifs de gestion du site et les mesures permettant d’atteindre des objectifs, en tenant compte des deux phases précédentes et des modalités d’attribution des aides contractuelles. Il n’a pas de valeur réglementaire, mais est un outil d’orientation et d’aide à la décision pour tous les acteurs. Il permet la rédaction de l’arrêté préfectoral de mise en œuvre concrète des objectifs de gestion du site. f La mise en œuvre d’actions de communication. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, la population locale est informée de la démarche Natura 2000, des particularités biologiques et socioéconomiques du site, des objectifs retenus, des actions qui seront menées et du rôle que chacun peut jouer concrètement. » (Extrait du « cahier des charges pour l’élaboration du DOCOB » - DDAF 13 - 2002) La rédaction du document d’objectifs… Elle est animée, coordonnée et assurée par l'opérateur local Natura 2000, qui a été choisi par le Préfet. Pour le site " la Montagne Sainte-Victoire – forêt de Peyrolles – montagne des Ubacs – montagne d’Artigues " c'est le Grand Site Sainte-Victoire qui a été désigné. Le Grand Site Sainte-Victoire, a été créé le 10 août 2000. Il est issu du syndicat intercommunal de Sainte-Victoire et du syndicat intercommunal du massif forestier du Ligourès, Concors, Vautubière. Son périmètre d’intervention couvre 35 000ha et concerne 14 communes : Aix-en-Provence, Beaurecueil, Châteauneuf-le-Rouge, Jouques, Le Tholonet, Meyrargues, Peyrolles-en-Provence, Puyloubier, Rousset, Saint-Antonin-sur-Bayon, Saint-Marc-Jaumegarde, Saint-Paul-lez-Durance, Vauvenargues et Venelles. Il est constitué et géré par les collectivités locales : le Département des Bouches du Rhône, la communauté d’agglomération du Pays d’Aix, qui représente les communes et la Région PACA. Ses missions sont : - la gestion des massifs forestiers pour la prévention des incendies - la préservation et la mise en valeur des paysages et du patrimoine naturel, culturel et bâti - l'accueil du public et la gestion de la fréquentation, et le soutien à un développement économique durable Basé sur un état des lieux récent des richesses du site, le document d'objectifs est avant tout le résultat de : f la prise de connaissance des inventaires naturalistes par les acteurs du territoire ; f la réflexion commune sur les enjeux de la conservation de ces richesses ; f l'identification collective des objectifs à atteindre pour la protection des milieux et des espèces remarquables. Des territoires d’intervention : Le site de « la Montagne Sainte-Victoire – forêt de Peyrolles – montagne des Ubacs – montagne d’Artigues » est concerné par les deux Directives européennes qui encadrent la démarche Natura 2000 : une Zone de Protection Spéciale (ZPS) au titre de la Directive Oiseau et une Proposition de site d’Intérêt Communautaire (PSIC) au titre de la Directive Habitats. Le présent document concerne la mise en application de ces deux directives. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Introduction 4 La directive 79/409 CEE du Conseil du 2 avril 1979, ou directive Oiseaux, établit un système général de protection de toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des Etats membres. Elle prévoit l'obligation pour les Etats de créer des zones de protection, d'entretenir et aménager les habitats conformément aux impératifs écologiques, de rétablir les biotopes détruits, voir de créer des biotopes. De plus, "les espèces mentionnées à l'annexe I de la directive font l'objet de mesures de conservation spéciale concernant leurs habitats [...]."(art.4). Ce sont des espèces menacées pour lesquelles les Etats doivent prévoir des zones de protection spéciales (ZPS). La directive concernant "la Conservation des Habitats naturels ainsi que de la Faune et de la Flore sauvages" a été adoptée le 21 mai 1992 par le Conseil des Communautés Européennes. Elle a pour objectif de "contribuer à assurer la biodiversité par la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages". Les Etats membres doivent notamment garantir le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèces d 'intérêt communautaire, la notion de restauration constituant une originalité de cette Directive Habitats et de la Directive Oiseaux par rapport aux autres instruments internationaux de protection de la nature. les Etats membres doivent constituer un réseau cohérent de Zones Spéciales de Conservation (ZSC). Ce réseau sera constitué par des sites abritant des habitats naturels figurant à l'Annexe I, et des habitats des 508 espèces figurant a l'Annexe II de la directive. Les sites retenus au titre des deux directives sont intégrés au réseau NATURA 2000. Un état des lieux du site pour identifier les enjeux de conservation : Le document d’objectifs se fonde d'abord sur l’état des lieux des richesses écologiques. Le Grand Site SainteVictoire a confié ces inventaires à divers spécialistes chargés, chacun dans leur domaine de compétence, de mettre à jour les connaissances du patrimoine naturel : f Habitats naturels : Office National des Forêts f Flore : Eco-med/Conservatoire botanique National de Porquerolles f Oiseaux : Naturalia/ Conservatoire – Etudes des Ecosystèmes Provençaux/ Ligue de Protection des Oiseaux. f Reptiles – Amphibiens : Naturalia f Insectes : Office Pour les Insectes et leur Environnement – Ecomed f Chiroptères : Groupe Chiroptère de Provence Au-delà de la mise à jour des connaissances, ce travail a surtout pour but d’identifier les enjeux de conservation des habitats naturels et des espèces. La synthèse des résultats de ces travaux est présentée dans les « fiches Habitats » et les « fiches Espèces ». Les résultats complets sont eux regroupés dans le document de compilation qui pourra être consulté sur demande auprès du Grand Site Sainte-Victoire ou des services de la DDAF et de la DIREN. Les enjeux de conservation des espèces et des habitats sont souvent intimement liés aux pratiques humaines. Le Document d’objectifs comprend donc également une analyse du contexte, des menaces et des opportunités liées aux caractéristiques socio-économiques du territoire. Cet inventaire des pratiques et des activités a été constitué à partir d’une synthèse de documents existants, principalement l'état des lieux réalisé en 2002 par l'Office National des Forêts lors de la mise à jour du PIDAF "Concors - -Sainte-Victoire". Le rapprochement et la mise en perspective des enjeux écologiques et du contexte économique et social permettent de définir les objectifs de gestion et de conservation des habitats et des espèces qu’il est souhaitable et possible d’appliquer. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Introduction 5 Le processus de concertation : Le Document d’objectifs est un document de référence qui analyse, identifie, hiérarchise des enjeux, donne des orientations et détermine des choix de gestion. Il est donc légitime de se demander qui en est à l’origine. Rappelons qu’en France, le choix a été fait de s’appuyer sur la contractualisation des mesures de gestion avec les acteurs locaux. Le document d’objectifs est donc le résultat d’un travail collectif d’échange et de concertation qui permettra de faire vivre un projet commun. Animée par l'opérateur local, la concertation s’organise à deux niveaux. f Le comité de pilotage, présidé par Monsieur le Sous-préfet d'Aix-en-Provence, regroupe près de 85 structures : services de l'Etat, établissements publics, collectivités locales, représentants des propriétaires terriens, organisations professionnelles, gestionnaires, milieu associatif et usagers. C'est un organe privilégié d'échanges où le travail de l’opérateur local et des groupes thématiques est discuté, amendé ou approuvé. Il s’est déjà réuni à deux reprises : • Le 28 novembre 2002 : validation de la méthodologie de travail (groupe de travail, inventaires naturalistes, tableau de bord, etc.). • Le 18 mai 2004 : présentation des résultats des inventaires et validation des enjeux et objectifs de gestion • Le 07 juillet 2005 : validation définitive du document d’objectifs qui définit les enjeux et objectifs de gestion ainsi que l’intitulé des mesures de gestion. f Les groupes de travail sont là pour aider le comité de pilotage dans son travail. Ils ont identifié les enjeux et formulé les objectifs. Ils sont formés autour de cinq thèmes de réflexion : • Gestion des habitats, de la faune et de la flore ; • Habitats et gestion agricole ; • Habitats et gestion sylvicole ; • Habitats et gestion des activités de loisir et autres activités • Et le « groupe élus » constitué des maires et des conseillers généraux concernés qui assurent le suivi et le pilotage politique de la démarche Natura 2000 Ces groupes de travail se sont réunis au cours de trois sessions : • Printemps 2003 : définition d’un méthodologie de travail ; • Automne 2003 : définition des enjeux et objectif de gestion ; • Automne – hiver 2004 : définition des mesures de gestion. Toutes ces réunions d’échange et de travail ont permis d’assurer une cohérence du document d’objectifs avec le territoire et les acteurs qui le font vivre. La communication : Dans la mesure où en France l'un des maîtres mots de la mise en œuvre de Natura 2000 était le "dialogue territorial", préalablement à la rédaction du document d’objectifs la rencontre avec la population et son information tout au long de la démarche étaient une condition du succès. L’information locale a donc été organisée sous plusieurs formes : f des réunions publiques dans les communes qui ont eu lieu au début de la démarche et qui seront renouvelées pour la présentation des résultats finaux ; f un classeur de liaison déposé dans toutes les mairies et consultable par tous qui regroupe toutes les informations sur la démarche (comptes-rendus de réunions, textes réglementaires…) ; f une lettre d'information distribuée dans tous les foyers (20 000 exemplaires). Trois numéros sont prévus, deux ont déjà été diffusés. La première lettre présentait la démarche dans sa globalité et les formes qu'elle pourrait prendre localement, la deuxième les résultats des inventaires, ainsi que les principaux enjeux et objectifs retenus. La dernière lettre d'information, prévue pour l’automne 2005, présentera les mesures de gestion. Les deux volets du document d’objectifs : Le document d’objectifs du site Natura 2000 s’articule en deux volets. Le document de synthèse des enjeux et objectifs de conservation qui présente : f Un état des lieux des richesses écologiques au travers de fiches descriptives des habitats naturels et des espèces ; f Une définition des enjeux qui pèsent sur la conservation de ces habitats et de ces espèces ; DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Introduction 6 f Une analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques qui devront êtres prises en compte dans la gestion ; f Et une présentation de la stratégie et des objectifs de gestions retenus par le comité de pilotage. Le document de synthèse des mesures de gestion. Il s’agit du volet opérationnel du document d’objectifs. Il fixe les cahiers des charges des mesures contractuelles de gestion et définit les moyens financiers et techniques nécessaires à leur mise en œuvre. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DESCRIPTION DE LA VALEUR ECOLOGIQUE DU SITE DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 7 Description de la valeur écologique du site 8 LE CONTEXTE ECOLOGIQUE GLOBAL « On auroit peine à se persuader qu’une région assez exposée aux ardeurs du soleil put produire une si grande quantité de végétaux, si l’on en étoit convaincu par l’expérience, surtout dans ces endroits où le terrain est élevé en hautes collines qui ont cet avantage par dessus les pays septentrionnaux, qu’elles produisent sur les sommets les mêmes plantes que ces derniers, et nourrissent dans leur partie méridionnale les plantes qui sont particulières et même plusieurs de celles que l’on trouve dans le plat pays. Nous en avons une preuve démonstrative dans la montagne de Santo-Venturi, qui n’est pas fort éloignée de la mer, où l’on voit croître sur son sommet des plantes de Savoïe ou de pays septentrionnaux. Cependant au pied de la même montagne l’on trouve le Stœchas arabica [Lavandula Stœchas L.] qui est une plante qui ne vient que dans les pays méridionnaux de cette provinee. » « Histoire des plantes qui naissent aux environs d’Aix » - Mr GARIDEL - 1907 Quatre grandes caractéristiques… La richesse biologique de la montagne Sainte-Victoire et des massifs voisins repose principalement sur la très grande variété de milieux naturels intimement imbriqués en une mosaïque d'espaces ouverts et boisés. L’atout écologique que représente cette mosaïque est amplifié par trois autres caractéristiques : f la géographie et la géomorphologie : le site est à la rencontre entre le domaine alpin et le domaine méditerranéen (on constate un dénivelé de près de 800 mètres entre le point le plus bas et le sommet le plus haut du périmètre). La variété des reliefs, des expositions, des altitudes et des épaisseurs des sols participe également à la valorisation de la richesse biologique du site en créant autant de conditions différentes parfois extrêmes. f La grande taille du site, l'un des plus vastes espaces naturels d'un seul tenant de notre région, qui fait que toute cette multitude de milieux naturels et d’espèces a la place de s'y développer. f Et enfin, l’occupation humaine très ancienne qui a fortement contribué à développer et entretenir cette mosaïque naturelle de milieux. Les forêts de chêne… Commençons par un des espaces les plus significatifs de notre région, les forêts de Chêne. Dans la forêt de Chênes verts, on lit facilement les marques de l'exploitation économique. La trace de charbonnières vient attester de la fabrication ancienne de charbon de bois ; Leur structure en taillis, les rejets autour d'anciennes souches témoignent des coupes régulières de bois de chauffage depuis des temps reculés. De ce fait les formations de chênes âgés, de plus de cent ans, sont rares. Cependant depuis les dernières grandes exploitations qui datent des années quarante, on peut noter une augmentation importante des surfaces de taillis vieillissant de plus de 60 ans. Favoriser la poursuite de cette maturation forestière sur certains secteurs favorables même sur des surfaces restreintes offrirait un lieu de vie indispensable à de nombreux oiseaux et insectes comme le Lucane cerf-volant, plus grand coléoptère d'Europe ou le grand Capricorne qui développent leurs larves dans les vieilles écorces. Pour trouver une forêt de Chênes blancs, il faudra rejoindre un fond de vallon à l'ambiance plus fraîche et plus humide où les sols sont plus profonds, ou bien un ubac. Cette forêt est un refuge pour des espèces montagnardes comme le Houx ou le Lis martagon. Ces deux espèces témoigneraient d’ailleurs de la présence, à l'époque postglaciaire, d'une ancienne forêt de Hêtre qui, comme sur la Sainte Baume toute proche, se serait perpétuée sur plus de 20 000 ans. Sur ces sols profonds et riches on trouvait jadis des cultures comme en témoignent les restanques et les bories qu'on y découvre encore. La pinède de pin d'Alep… Autre milieu forestier, la pinède de Pins d'Alep. Ces forêts lumineuses au sous-bois de garrigue sont lentement colonisées par les Chênes verts dont les glands ont besoin de l'ombre pour se développer. A terme, le Pin d'Alep cèdera à terme sa place à une forêt de Chêne vert. Seules quelques pinèdes situées dans des milieux peu hospitaliers comme les falaises ou les dalles rocheuses résisteront à cette évolution. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 9 Ces milieux pionniers ne comptent pas parmi les plus riches. Toutefois, de retour d'Afrique, le circaète Jean-le-blanc y revient chaque printemps pour nicher sur la cime des grands pins et parmi les nombreuses Fauvettes de Provence, la Passerinette apprécie les clairières de ces pinèdes. Les garrigues et pelouses de basse altitude… Ces milieux résultent d’une dégradation de la forêt de Chêne par les feux répétés, les coupes de bois fréquentes et le pâturage intensif. Les taillis de Chênes verts évoluent d’abord en garrigue à Chênes kermès à romarins et à cistes cotonneux, puis si la dégradation se poursuit vers des pelouses à iris nains et orchidées sauvages. Si la pression d’exploitation se relâche, l’évolution peut s’inverser au profit d’une lente reconquête par la forêt. Loin des idées reçues, ces milieux dégradés ne sont pas synonymes de faible biodiversité ! Ils accueillent de nombreuses espèces inconditionnelles de la garrigue, comme le Lézard vert et le Lézard ocellé ou des insectes comme la Magicienne dentelée. On y dénichera aussi des espèces floristiques originales comme l'Ophrys jaune ou la Gagée très feuillue. Les landes et pelouses d’altitude… Comme la forêt de Chêne vert, la forêt de Chêne blanc connaît des dégradations : le froid et le mistral bien sûr influencent cette évolution, mais également le surpâturage ou les incendies. Quand elle disparaît, elle laisse place à la garrigue à buis qui se voit à son tour relayée par les pelouses. Le Genêt de Lobel est le plus accompli dans son adaptation au vent et au froid : son port en coussinet hérissé de piquants caractérise la "lande hérisson". La Fauvette pitchou partage ce milieu avec le Criquet hérisson qui n'existe qu'en Provence et nulle part ailleurs au monde. Le Crave à bec rouge, exceptionnel à si basse altitude, côtoie les oiseaux nicheurs de la falaise. Certains oiseaux comme l'Accenteur alpin ne sont visibles qu'en hiver, lorsqu’ils fuient les grands froids des montagnes. Des dizaines de milliers de passereaux utilisent la garrigue à buis pour y passer leurs nuits d’hiver à l'abri. Les falaises et les éboulis… Situés principalement sur la chaîne de Sainte-Victoire, ces déserts de pierres que sont les falaises et les éboulis offrent des conditions écologiques extrêmes, qui ont exigé de la nature de grandes capacités d'adaptation. Ainsi, la Sabline de Provence a développé un immense système racinaire pour s'agripper dans les éboulis. Très présente dans le massif voisin des Calanques, cette espèce est très rare dans le site où elle n’a été observée qu’une seule fois. La Doradile de Pétrarque s'est adaptée à la chaleur en étant capable de perdre jusqu'à 80% de son poids en eau sans mourir. Enfin, le Genévrier de Phénicie est capable de prendre pied sur les rochers les plus verticaux grâce à son système racinaire très puissant. Certains oiseaux compensent ces conditions difficiles en allant se nourrir ailleurs comme le Merle de roche qui va chercher les insectes sur les crêtes ou l'Aigle de Bonelli qui chasse en contre bas sur les zones de culture et autres milieux ouverts. Les milieux aquatiques… Source de vie, les milieux aquatiques sont habités par des espèces extrêmement sensibles à toute forme de pollution. Parmi les espèces qui fréquentent les cours d'eau clairs et oxygénés du site, citons le Barbeau méridional, cantonné au pourtour méditerranéen, le Blageon, représenté par une sous-espèce locale, et l'Ecrevisse à pieds blancs. Concernant l'avifaune, l'installation du Martin pêcheur et de l'Agrion de Mercure sont des signes encourageants. La dégradation physique de ces rivières et plans d'eau serait une menace pour des espèces comme le Crapaud calamite et la Rainette méridionale. Sur les rives, grands arbres et buissons comme le Saule cendré, très rare en zone littorale profitent à toute une faune, oiseaux et reptiles, dont la Couleuvre d'Esculape peu commune en région méditerranéenne. Les vasques, localisées au niveau de ruptures de pente et caractéristiques des sources pétrifiantes calcaires, sont aussi un milieu particulièrement vulnérable. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 10 Les milieux anthropiques… Enfin pour terminer ce tour d’horizon des grands milieux naturels qui font la richesse biologique du site il faut s’intéresser aux milieux anthropiques. Commençons par les paysages ouverts par l'activité pastorale. Les moutons font tonte rase de la garrigue, dévorant avec délectation l'Aphyllante de Montpellier, ainsi que la "baouque", nom local du Brachypode rameux. En délaissant les plantes aromatiques, les épineux, et surtout le buis dont la sève contient un poison, ils finissent par sculpter la garrigue, créant des paysages originaux, tel le matorral à Genévriers. Les pelouses ainsi dégagées voient fleurir les orchidées sauvages comme l'Acéras homme pendu ou l'Ophrys araignée. Toutefois, avec la diminution des troupeaux ces milieux sont victimes d'embroussaillement. Les plantes nourricières de chenilles sont ainsi étouffées et des papillons rares tel le Damier de la succise et la Proserpine s'en trouvent menacés. Il convient aussi de parler des terres cultivées, clairières artificielles incrustées dans les garrigues et les forêts. En ouvrant ces espaces, l'homme a créé des systèmes très favorables à toutes sortes d'espèces qui sinon seraient absentes. Les cultures sont le milieu qui abrite, héberge ou nourrit le plus d'espèces animales. Les rapaces en ont fait leur terrain de chasse privilégié. Les haies avec leurs arbres creux profitent aux cavernicoles comme le Hibou petit duc ou la Chouette chevêche. Toutefois, les techniques évoluant, les plantes messicoles, liées aux modes de culture traditionnels comme la tulipe d'Agen ou la Nigelle de France sont très menacées. LA FAUNE ET LA FLORE DE SAINTE-VICTOIRE Les insectes… représentent la plus grande richesse faunistique du site avec 1500 espèces connues ou potentiellement présentes dont une population de papillons de nuit estimée à environ 1000 espèces. 36 espèces d’insectes sont reconnues comme représentant un enjeu de conservation important. Beaucoup sont considérées comme rares, peu courantes ou bio-indicatrices. Citons comme exemple des longicornes peu courants, comme Phytoecia rufipes qui vit sur le fenouil, ou le Ropalopus insubricus qui vit sur les érables. Certaines sont endémiques, d’autres, principalement sur les crêtes de Sainte-Victoire, sont en limite d’aire de répartition comme le gros carabique Cryptotrichus alpinus, habitant des Alpes méridionales françaises. Les Oiseaux… représentent un indicateur de la valeur écologique des écosystèmes. Avec 145 espèces observées dont 92 nicheuses, la diversité et la densité des peuplements d'oiseaux sur Sainte-Victoire, sont encourageantes pour un espace naturel péri-urbain en comparaison d'autres territoires tels que la Chaîne de l'Etoile, les Alpilles ou le Luberon, même si cette faune est globalement typique des collines sèches dites méditerranéennes. Les Mammifères… Le hérisson et l’écureuil, communs sur le site, sont protégés au niveau national. Pour ce qui est des espèces chassables, le petit gibier a très fortement diminué en raison du développement des épidémies et de la fermeture des milieux. Le chevreuil est naturellement présent au nord et un programme de re-introduction a été initié par les chasseurs au sud du territoire. Le sanglier, lui est très répandu. De nombreux petits rongeurs sont également présents bien qu’ils semblent, eux aussi, pâtir de la disparition des cultures traditionnelle en terrasse. Enfin, la Genette vient d’être redécouverte récemment sur Sainte-Victoire sans que l’on puisse préciser les effectifs. Mais la valeur du site pour les mammifères réside surtout dans les 12 espèces de chauves-souris qui vivent dans les forêts et les cavités de nos massifs. Toutes sont protégées du fait de leur déclin important ces dernières décennies. Ces animaux exigeants ont besoin de la richesse des milieux pour se développer : les grottes pour se reproduire et hiberner, les milieux ouverts riches en insectes pour se nourrir, les cavités dans les vieux arbres pour se reposer. La flore… de la montagne Sainte-Victoire et de ses massifs voisins est logiquement majoritairement d’affinités méditerranéennes. Cela représente environ 500 plantes à fleur soit environ 20% de la flore française. Il existe une très grande disparité entre les systèmes collinaires de Concors et de Vautubière et la montagne Sainte-Victoire qui concentre la majorité des espèces patrimoniales. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 11 Description de la valeur écologique du site 12 Au nord de la vallée de Vauvenargues, les pinèdes de pin d’Alep et les taillis de chênes constituent des sous-bois relativement pauvres sur un plan floristique. Retenons les espèces de la forêt de chêne blanc qui se développe localement dans les quelques peuplements âgés encore présents sur les ubacs ou dans les fonds de vallon des massifs. Sur la montagne Sainte-Victoire, les caractéristiques géographiques font que sa richesse floristique va au-delà du cortége des espèces méridionales. Elle occupe une situation intermédiaire entre les espaces littoraux et les premiers contreforts des Alpes. Des plantes habituées à pousser dans le centre de l’Europe ou dans les Alpes provençales trouvent sur les crêtes de Sainte-Victoire les conditions favorables à leur développement. Leurs stations comptent parmi les plus méridionales. Citons comme exemple le Genêt de Lobel, le Raisin d’ours, le Cotonéaster commun ou le Lys martagon. Inversement, certaines espèces thermophiles, situées sur les pentes sud de la montagne, se trouvent ici très au nord de leur localisation préférentielle. Cette situation en limite d’aire de répartition contribue très fortement à la richesse floristique du massif. Un nombre important d’espèces peuvent être considérées comme rares ou menacées. Certaines ne sont nulle part ailleurs présentes dans le département. LES HABITATS D’INTERET COMMUNAUTAIRE PRESENTS SUR LE SITE Comme la diversité des milieux naturels le laissait supposer ce n’est pas moins de 46 habitats naturels qui ont été identifiés sur le site dont 26 d’intérêt communautaire et 6 prioritaires au titre de la directive « Habitats ». Habitats communautaires Code DH Habitats Code prioritaires Corine *6220-1 * *6220-2 (faciès) * *6220-3 * *6220 * 6210-35 *6210-35 4090-4 * Types d'habitats EUR15 : cahiers d'habitats Surfaces occupées Habitats herbeux 1202,5 ha * Parcours sub-steppiques de graminées et annuelles (Thero*34.511 Brachypodietea) : ourlets méditerranéens mésothermes à Brachypode rameux de Provence * Parcours sub-steppiques de graminées et annuelles (Thero*34.5 Brachypodietea) : pelouses à thérophytes méditerranéennes mésothermes * Parcours sub-steppiques de graminées et annuelles (Thero*34.51 Brachypodietea) : pelouses à thérophytes méditerranéennes mésothermes sur sables dolomitiques 835,7 ha dont 400,4 ha en mosaïque ≈1% de 835,7 ha 105,3 ha dont 432.4 ha en mosaïque *34.36 *Parcours sub-steppiques de graminées et annuelles (TheroBrachypodietea) variante sur sols profonds nitroclines et xéroclines 61,8 ha 34.326 Pelouses calcicoles : pelouses méso-xérophiles montagnardes provençales 199,7 ha 34.326 Pelouses calcicoles : pelouses méso-xérophiles montagnardes provençales avec *sites d’orchidées remarquables (ponctuel négligeable) Landes et fourrés 1116,2 ha Landes oroméditerranéennes endémiques à genêts épineux : landes épineuses supra-méditerranéennes des corniches et crêtes ventées 70,3 ha dont 55,0 ha en mosaïque 31.7456 DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 13 Habitats communautaires Code DH Habitats Code prioritaires Corine Types d'habitats EUR15 : cahiers d'habitats Surfaces occupées 464,7 ha dont 44,5 ha en mosaïque 382,6 ha dont 125 ha en mosaïque 5210-1 32.1311 Formations de Genévriers méditerranéens : junipéraies à Genévrier oxycèdre 5210-3 32.1321 Formations de Genévriers méditerranéens : junipéraies à Genévrier rouge du Sud de la France 5210-6 32.134 Formations de Genévriers méditerranéens : junipéraies méditerranéennes à Genévrier commun 33,0 ha 5110-3 31.82 Formations stables xérothermophiles à Buxus sempervirens des pentes rocheuses : buxaies supraméditerranéennes 77,2 ha dont 12,5 ha en mosaïque Habitats forestiers 13477,5 ha Forêts à Quercus ilex : yeuseraies à Laurier-tin Forêts à Quercus ilex : yeuseraies calcicoles supraméditerranéennes à Buis ≈ 90% de 9816,0 ha ≈10% de 9816,0 ha 2963,0 ha dont 136,6 ha en mosaïque 9340-3 45.312 9340-5 45.313 9340-8 41.714 Forêts à Quercus ilex : yeuseraies-chênaies pubescentes à Gesce à larges feuilles 9380-2 41.711 Chênaies pubescentes à Houx de Provence et du Languedoc 515.5 ha 92A0-6 44.61 Forêts-galeries à Salix alba et Populus alba : peupleraies blanches 183,0 ha Habitats rocheux 397,8 ha 8130-23 61.32 Eboulis ouest méditerranéens et thermophiles : éboulis calcaires de Provence 65,7 ha dont 33,4 ha en mosaïque 8130-1 61.31 Eboulis ouest méditerranéens et thermophiles : éboulis calcaires supraméditerranéens 6,4 ha 8210-1 62.1111 Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique : falaises calcaires méditerranéennes thermophiles 294,1 ha dont 120,0 ha en mosaïque Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique : falaises calcaires supraméditerranéennes Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique : 62.151 falaises et rochers dolomitiques supraméditerranéens Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique : 62.1115 végétation humo-épilithiques des parois calcaires méditerranéennes 8210-10 62.151 8210-13 8210-26 8310 *7220-1 65.4 * *54.121 3150 22.13 3290 24.16 Grottes non exploitées par le tourisme 28,1 ha 3,5 ha (ponctuel négligeable) (ponctuel négligeable surfacique souterrain non estimé) Habitats humides 80,5 ha *Sources pétrifiantes avec formation de travertins communautés des suintements et sources carbonatés Eaux libres : lacs eutrophes Eaux courantes : ruisseaux méditerranéens intermittents (ponctuel négligeable) 75,5 ha Linéaire variable estimé à 5,0 ha DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 14 Fiche H.h : Les habitats herbeux naturels et semi-naturels (6220, 6210) Le site est bien pourvu en milieux ouverts herbeux qui sont pour la plupart des habitats d’intérêt communautaire ou prioritaire pour l’Europe. DESCRIPTION ET INTERET : Suivant la dynamique et leur état de conservation, on trouve différents types d’habitats herbeux : f Pelouses en état de conservation favorable Certaines zones sont encore pâturées si bien qu’il y subsiste une belle diversité. Elles correspondent généralement aux parties élevées des reliefs. Cette continuité du pâturage est assez exceptionnelle dans les Bouches-du-Rhône, un peu moins dans le Var. On observe ainsi des pelouses entretenues et diversifiées de plusieurs types fonctionnels (Cf. liste des habitats). Leur état de conservation est variable mais généralement moyen à excellent comme en attestent les relevés phytosociologiques et la valeur patrimoniale tout à fait remarquable de la faune et de la flore : Crêtes de la Sainte-Victoire ; Colle Pelade ; Montagne d’Artigues ; Citadelle - Puits d’Auzon ; crête de la Montagne des Ubacs. f Pelouses stables Certaines zones présentent des pelouses plutôt stables du fait de la faible fertilité du sol (climax édaphique), parfois seulement rajeunies par les incendies et/ou pâturées par quelques chèvres en liberté. Elles correspondent généralement aux crêtes et sommets pas ou peu pâturés et aux pentes rocailleuses des différents reliefs : Adret Sainte-Victoire ; sommet et crête du Concors ; sommet et crête de la Vautubière ; sommet de la Tête du Marquis ; sommet et crête du Marinas … Elles sont un peu moins riches en plantes annuelles mais présentent généralement de belles populations de bulbeuses. f Pelouses en régression Certaines zones ouvertes et entretenues ont évolué ou évoluent aujourd’hui vers des garrigues à Cistes, Chênes kermès, ou des matorrals à Chênes vert et des pineraies diverses. Une analyse historique pourrait renseigner sur l’origine et l’évolution de ces milieux. Des pelouses plus ouvertes et mieux conservées qu’aujourd’hui ont sans doute été davantage représentées sur les hauts des Costes-Chaudes, sur le Cengle, sur l’adret de la Montagne des Ubacs, les versants de la Vautubière. Actuellement, la physionomie et la composition floristique de ces zones à fort embroussaillement, ont parfois amené à les classer en mosaïques de « pelouses » et de « garrigues » ou « matorrals ». f Les formations herbacées sèches semi-naturelles (variante sur sols profonds) Ces pelouses, favorisées par des sols profonds, sont principalement développées sur d’anciennes cultures qu’elles occupent de manière transitoire. La typicité de l’habitat est toute relative. Son rattachement controversé à la classe des Thero-Brachypodietea lui confère le statut d’intérêt prioritaire malgré son faible intérêt patrimonial. La relative qualité des sols sur lesquels elles se développent, les rend particulièrement sensibles à la dynamique naturelle de recolonisation forestière par le Pin d’Alep mais aussi par le Chêne. L’optimum de développement de l’association végétale se manifesterait au bout d’une dizaine d’années. Concernant sa répartition, le manque de prospection sur les terrains agricoles abandonnés invite à relativiser la surface totale de l’habitat sur le site. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 15 FACTEURS DE GESTION FAVORABLES A L’HABITAT : f Pelouses en état de conservation favorable Leur état de conservations est quasi optimal dans les conditions actuelles de gestion. • le maintien des pratiques actuelles en confortant le pastoralisme ovin partout où il est encore présent constitue le moyen le plus efficace pour garantir la conservation de ces milieux. L’adaptation des calendriers de pâturage peut permettre d’optimiser la conservation des espèces floristiques caractéristiques. • La mise en place de suivis phytosociologiques et des populations de la flore et de la faune patrimoniale, peut aussi permettre d’évaluer l’impact des mesures de gestion actuelles et d’éventuellement les réajuster aux enjeux biologiques en fonction des opportunités socioéconomiques. • La dynamique de certains végétaux sur les pelouses peut faire l’objet d’une surveillance et d’une évaluation, en particulier celle du Buis sur les pelouses sommitales. L’extension de cette espèce, constituant un refus de pâturage, peut sur le long terme un élément d’appauvrissement biologique. Des mesures expérimentales de lutte réalisées sur les zones à très forts enjeux, à l’image des travaux menés sur d’autres sites (ex. Luberon, Grands Causses), permettent de limiter le développement de ces végétaux. f Pelouses stables Du fait des faibles enjeux liés à l’absence de dynamique végétale, seule une surveillance générale, confortée ou non par des suivis, pourra être recherchée. f Pelouses en régression Ces milieux pourraient (re)trouver une physionomie voire une fonctionnalité écologique de pelouses ouvertes et diversifiées après quelques travaux de restauration, suivis d’une reprise d’un pâturage intégré. • Les ovins sont les plus efficaces pour l’entretien des milieux herbeux alors que les caprins (ex. Chèvres du Rove) sont les plus actifs contre les broussailles. Leurs actions peuvent être complémentaires : les caprins auraient alors éventuellement un rôle de préparation des milieux à améliorer ou à restaurer avant le pâturage ovin. • Les moyens mécaniques (débroussaillement sélectif et broyage) bien que coûteux ainsi que le brûlage dirigé sont également des outils efficaces ; La caractère temporaire de leur usage fait qu’ils sont souvent réservés à la restauration initiale. Les secteurs concernés sont : certaines zones de la crête et du versant nord de Sainte-Victoire, le versant ouest de Sainte-Victoire et l’adret des Costes chaudes, l’adret de la montagne des ubacs, le sommet et la crête du Concors, de la Vautubière du Marinas et de la Colle Pelade sur les zones attenantes aux pelouses en meilleur état. f Les formations herbacées sèches semi-naturelles (variante sur sols profonds) En l’absence de rotations des mises en cultures, l’habitat développé sur friche est amené à disparaître et céder progressivement la place à la végétation primitive. Le pastoralisme ovin et la fauche pourraient représenter des solutions palliatives à la disparition de ces habitats. Des mesures expérimentales dans ce sens seraient intéressantes à mener. Ces gazons semblent se maintenir convenablement sous les contraintes de fréquentation humaine (espaces de jeux et de loisirs). f Certains secteurs de garrigue se révèlent fort intéressants après débroussaillement avec l’apparition de nouvelles pelouses à annuelles et géophytes (ex. Cengle). On constate que les actions complémentaires que sont le pâturage, le débroussaillement ou le brûlage dirigé peuvent concourir à l’ouverture de certains milieux ciblés et ainsi jouer un rôle favorable pour la biodiversité mais aussi pour la prévention contre les incendies. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 16 Fiche H.l : Les habitats de landes et de broussailles (4090, 5210, 5110) DESCRIPTION ET INTERET : f Les Landes « hérissons » à Genêt de Lobel constituent des habitats endémiques de Provence à très forte valeur patrimoniale. Situés essentiellement sur la crête de Sainte-Victoire, ces habitats se développent sur les zones exposées aux vents violents. La composition de l’habitat constitue ici le type de référence avec celui de la Sainte Baume. Dans les massifs plus méridionaux (Etoile, Calanques) il est très appauvri et dans les massifs plus septentrionaux (Luberon, Ventoux, Alpilles) le Genêt de Lobel est remplacé par le Genêt de Villars. f Les Matorrals à Genévriers ont une richesse patrimoniale toute relative, qui dépend fortement de l’habitat sur lequel les genévriers sont « piquetés ». Sur le site, les Genévriers atteignent rarement de grande taille (les plus hauts Genévriers mesurant entre 3m et 5m) si bien qu’il existe peu de formations réellement « arborescentes ». Les pentes rocailleuses stables d’ubacs, les crêtes et vires rocheuses et les pelouses pâturées de longue date sont les habitats privilégiés du Genévrier de Phénicie (ou Genévrier rouge), à condition qu’ils n’aient pas trop eu à subir d’incendies. Les genévriers rouges supportent assez mal le feu et la plupart du temps ne rejettent pas après incendie. Ainsi, les falaises sud de la SainteVictoire en sont presque totalement dépourvues et leur présence est très discontinue sur la crête. Sur le versant nord, de belles formations assez stables en mélange avec le Buis sont développées sur les zones exposées aux sols superficiels. Dans les endroits pâturés, les genévriers rouges sont généralement en mélange avec les genévriers oxycèdres (Cades) et parfois les genévriers communs piquetés sur des pelouses riches. On peut considérer ces formations comme constituant des états de conservation favorables de l’habitat. Sur certaines friches, on trouve régulièrement des formations à Genévriers oxycèdres et/ou à Genévriers communs. Ces espèces pionnières sont habituellement des composantes des garrigues à romarin pour les premières, de pelouses à Brôme érigé et des sous bois plutôt frais pour les secondes. Quand ils s’implantent sur des zones anciennement cultivées, ces peuplements peuvent atteindre des densités et des hauteurs conséquentes. FACTEURS DE GESTION FAVORABLES A L’HABITAT f Landes à Genêt de Lobel • Comme pour les pelouses, le bon état de conservation de cet habitat fait que sa préservation passe par un maintien de la gestion actuelle. Le pâturage ovin intégré avec de faibles pressions de pâturage, un calendrier adapté aux espèces de la faune et de la flore et une conduite précise du troupeau, est le meilleur moyen pour lutter contre la dynamique naturelle d’embroussaillement. Localement la dynamique lente des buis, des ourlets pré-forestiers et des pins sylvestres pourra faire l’objet d’un suivi. • Ces milieux adaptés pour se développer sur des milieux rocailleux, sont cependant très sensibles à l’érosion et à un sur piétinement. On constate que la pratique de la randonnée telle qu’elle s’exerce aujourd’hui est compatible avec les objectifs de conservation de cet habitat. On recherchera donc a favoriser une canalisation de cette fréquentation sur les secteurs très fréquentés ou particulièrement sensibles. f Matorrals à Genévriers rouges Dans les milieux rocailleux comme sur les pentes stables et les complexes de falaises, la conservation des formations à genévriers est favorisée par la préservation et un vieillissement des peuplements qui peuvent alors devenir plus ou moins arborés. • Quelques actions de débroussaillement sélectif et/ou d’éclaircies peuvent être complémentaires lorsque la dynamique végétale est importante et que se développent d’autres espèces concurrentielles. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 17 Sur les friches, les pelouses et les parcours pâturés, l’entretien par le pâturage est garant de la conservation des genévriers et de leur développement au détriment des autres végétaux broutés. Il est préférable de privilégier la hauteur des peuplements plutôt que leur densité. f Pentes stables à Buis et Amélanchiers Seules les pentes stables sont d’intérêt communautaire. Le buis y est piqueté sur des habitats rocheux et des pelouses. La dynamique d’évolution des buxaies y est nulle, malgré le développement possible en hauteur des buissons. La conservation des formations à Buis n’est donc a priori pas menacée. Pourtant, à l’instar des genévriers rouges, de très nombreux buissons de buis ont séché sur pied pendant la sécheresse de l’été 2003, en particulier dans les pentes stables. Il est probable qu’une partie importante des peuplements puisse se reconstituer par rejets de souches. FICHE H.R : LES HABITATS ROCHEUX (8210, 8230, 8310) DESCRIPTION ET INTERET : Sur le site, les principaux reliefs présentent des zones rocheuses (Marinas, Concors, Vautubière, Montagne des Ubacs, Montagne d’Artigues, Tête du Marquis, Citadelle) mais aucune n’est aussi développé que l’adret de Sainte-Victoire au caractère minéral prestigieux et emblématique. Ces milieux sont en général composés de complexes de rocs, de falaises (corniches, parois et pieds de falaises), d’éboulis et de quelques cavités d’origine karstique. f Les milieux de falaises et de pentes rocheuses sont des habitats originaux. Très stables (la dynamique végétale y est quasiment inexistante), ils sont presque exclusivement constitués d’espèces animales et végétales spécialisées dont la valeur patrimoniale est généralement importante. Les pieds de falaises peuvent constituer localement des habitats d’espèces très intéressants et sont particulièrement sensibles. Ils doivent nécessairement être pris en compte dans la gestion des milieux rocheux. f Les éboulis sont des pierriers de pentes avec des éléments de granulométrie variée (essentiellement des petits cailloux mais aussi des blocs). Milieux instables par définition, leur équilibre précaire est fonction de l’effritement des roches et de la mobilisation des cailloux par l’érosion. Les espèces qui s’y développent sont très originales, en particulier les végétaux et les insectes qui leur sont inféodés. Trop de mobilité détruit un éboulis (raclage et accumulation des blocs en pied de pente) alors que trop de stabilité entraîne sa fixation et la régression des communautés spécifiques par implantation de végétaux plus banals. f Les grottes sont assez nombreuses sur le site, souvent sous formes de gouffres. Ces cavités d’origines karstique semblent peu fréquentées par les promeneurs et les spéléologues en dehors des zones principales de passage et seraient d’un intérêt sportif relativement faible. La flore y est seulement développée aux abords frais des entrées (sans aucune espèce remarquable inventoriée) alors que la faune y est très spécialisée avec diverses espèces de chiroptères et d’invertébrés. Les espèces cavernicoles exploitent aussi les nombreuses fissures et cavités offertes par les parois qui peuvent servir de gîte ou de refuge. FACTEURS DE GESTION FAVORABLES A L’HABITAT : f Falaises (8210-10 ; 8210- 13 ; 8210 –26) : DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 18 Seules les exploitations de la roche en carrières, les utilisations sportives (escalade) et le dérangement de proximité (escalade, randonnée, parapente, …) peuvent éventuellement porter préjudice au maintien des communautés vivantes inféodées à ces habitats. La première des activités est aujourd’hui limitée par le statut de Site Classé. La fréquentation récréative et sportive est très importante sur le site mais son évolution semblerait s’être relativement stabilisée. Sur le site, peu d’espèces patrimoniales de la flore sont répertoriées dans ces milieux. Les espèces végétales caractéristiques des parois subsistent en partie sur les voies d’escalade et se rencontrent également sur les secteurs attenants moins intéressants au niveau sportif. • On recherchera à maintenir l’intégrité des ces milieux par une maîtrise concertée du développement de nouveaux équipements sportifs dans les secteurs actuellement non exploités. Ainsi, la philosophie, aujourd’hui soutenue par les principales associations gestionnaires de l’escalade sur le site, de maintien de la partie haute de la montagne SainteVictoire en « secteur d’aventure » c'est-à-dire vierge de tout équipement pérenne constitue une démarche exemplaire qui doit être soutenue. Egalement, des secteurs non équipés pourront faire l’objet d’une protection réglementaire pérenne afin de constituer un réseau de « réservoirs biologiques ». f Eboulis (8130-1 ; 8130-23) De nombreux éboulis sont très dégradés par les descentes depuis les sentiers balisés ou non et depuis les secteurs d’escalade, essentiellement en versant sud de Sainte-Victoire et sous la Croix de Provence en versant Nord. • Une canalisation matérialisée de la fréquentation paraît être le seul moyen d’éviter les descentes et la divagation. Il faut autant que possible privilégier les trajets horizontaux (traversées) et limiter sérieusement les possibilités de trajets verticaux (montées et descentes diffuses qui ont un très fort impact déstabilisant pour les éboulis). Il est également possible de dévier les sentiers sur les parties non actives des éboulis (« berges » de l’éboulis si on le considère comme un milieu soumis à une dynamique d’écoulement). Dans certains cas, le recours à des mises en défens légères sous formes de palissades, de tas de bois, ou éventuellement de clôtures avec fils en métal peut être approprié. Il est important que les aménagements ne gênent pas la dynamique naturelle de l’éboulis. On recherchera l’efficacité maximale pour l’impact écologique et paysager le plus faible. Ces réflexions devront aussi se faire en concertation avec tous les représentants des usagers. f Grottes (8310) Les cavités sont pour certaines d’entre-elles difficiles d’accès et peu fréquentées par l’homme comme le Garagaï. D’autres sites d’un grand intérêt biologique sont plus accessibles. Elles peuvent faire l’objet d’une fréquentation ponctuellement soutenue (Daouste, Champignons et Artigues en particulier). Cette fréquentation « anarchique » est incompatible avec la préservation de la faune qui s’y trouve. Ces habitats ponctuels constituent un réseau de gîtes nécessaire à la survie des chiroptères. La dégradation et le dérangement historique ou actuel de ce réseau a conduit à une régression de certaines espèces aujourd’hui rares. Les préconisations des spécialistes de la faune et des chiroptères en particulier sont à prendre en compte pour la gestion de ces habitats naturels (Cf. fiches espèces). FICHE H.F : LES HABITATS FORESTIERS (92A0, 9340, 9380) DESCRIPTION ET INTERET : Les milieux et les habitats forestiers sont bien représentés en surface sur le site avec, tous habitats compris, environ 20 000 ha d’espaces boisés. On trouve : f Les Ripisylves, ou forêts galeries riveraines (92A0-6) : DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 19 Peuplements boisés de bords de rivières, ce sont les forêts les plus productives en terme de biomasse. On les retrouve en cordons arborés souvent discontinus sur les rives des quelques cours d’eau du site. Certaines sont naturellement protégées par des barrières naturelles et ont une structuration riche et diversifiée. Quelques assez beaux peuplements riches et diversifiés doivent en effet leur tranquillité à des gorges qui limitent toutefois leur développement en largeur (par endroits sur la Cause, le Délubre et le Bayon). D’autres, situées sur les ruisseaux les plus permanents (Réal, Abéou, …) qui permettraient les meilleurs développements, sont localement dégradées par des exploitations ou des aménagements et pénétrés d’éléments exogènes (Robiniers, Ailantes, …) pouvant se révéler envahissants ou tout au moins concurrentiels des végétaux indigènes. f Les Yeuseraies à Laurier tin (9340-3) et les Yeuseraies à Buis (9340-5) : Lorsqu’ils sont développés, ces habitats se présentent sur de grandes surfaces, généralement sous la forme de taillis peu élevés (plateau de La Keyrié, massif du Concors, Cengle, etc…). Ils sont en général exploités, mais quelques très exceptionnels îlots de grands et vieux arbres témoignent de possibilités forestières offertes par certaines zones (ex. environs du village à SaintMarc Jaumegarde) et de l’intérêt de la gestion écologiquement durable et de la préservation de quelques secteurs. Dans certaines localités, ces habitats ont été dégradés par un ou plusieurs passages d’incendies (versant sud de Sainte-Victoire, Cengle, …). Il en résulte des taillis très bas et denses essentiellement constitués de rejets récents et de bois mort. Quelques actions de réhabilitation ont déjà été menées : coupe des bois calcinés, sélection de brins (furetage ou balivage). f Les Yeuseraies-chênaies pubescentes (9340-8) : Il s’agit de la variante du précédent habitat sur sols plus profonds, généralement en fond de vallon ou sur d’anciennes restanques abandonnées. Les sols marneux conviennent également assez bien aux Chênes pubescents. Ces peuplements plus élevés sont en général développés en taillis mais sont parfois traités et orientés en futaie (sur souche). D’autres se sont implantés naturellement par semis sur d’anciennes zones cultivées et ont ainsi acquis des physionomies de futaies. On observe généralement sur la zone des peuplements jeunes, souvent plus ou moins dégradés, mais quelques rares vallons très tranquilles présentent des futaies tout à fait exceptionnelles car en très bonne voie de maturation (ex. Vallon de Saunaresse). Quelques zones où cet habitat est présent ont également été dégradées par les incendies (versant sud de Sainte-Victoire, Cengle, …). Il en résulte des taillis bas et denses essentiellement constitués de rejets récents et de bois mort. f Les Chênaies pubescentes à Houx de Provence et du Languedoc (9380) : C’est un habitat naturel remarquable à très forte valeur patrimoniale que l’on ne retrouve que sur très peu de sites. Ces forêts « anciennes » et résiduelles à Houx et/ou à Ifs, sont considérées avec très grand intérêt puisqu’elles fourniraient des informations sur la structure que devraient avoir de nombreuses forêts vieillies en Provence. On les retrouve sur les ubacs les plus frais de la SainteVictoire, de la Montagne des Ubacs et de la Montagne d’Artigues, mais localement aussi en quelques rares petites tâches ailleurs, à la faveur d’une ambiance forestière. Dans certains secteurs, le Houx est actuellement en cours d’implantation naturelle du fait de la maturation en cours (quelques stations en ubac de Montagne d’Artigues et en Forêt Domaniale de la Gardiole). Les chênaies pubescentes à Ifs ou à Houx sont en général encore un peu trop jeunes pour constituer tout à fait l’exemplarité recherchée. Quelques zones où cet habitat est présent ont été dégradées par des coupes récentes : les Ifs ou les Houx ont soit été coupés, soit ont été volontairement laissés sur pieds lors d’exploitation des Chênes. Ces essences ne s’implantent qu’en sous bois frais et leur développement est limité lorsqu’ils se retrouvent isolés des milieux forestiers. Du fait des diamètres potentiels que pourraient atteindre les arbres, cet habitat est favorable au gîte d’espèces rares de chauves-souris comme le Murin de Beschtein. f Les Pineraies DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 20 Les pineraies présentes sur le site ne constituent pas des milieux riches ni originaux et ne sont pas sélectionnées par la Directive Européenne « Habitats »1. Elles sont donc seulement considérées comme des formations forestières pionnières et non comme des habitats naturels à part entière. Les pineraies de pins d’Alep sont de très loin les plus représentées, généralement implantées sur des garrigues ou des friches. En absence de perturbations (feux), elles peuvent permettre l’installation lente des chênaies mésoméditerranéennes à chênes verts et/ou à chênes pubescents. Des pineraies de pins sylvestres se développent et s’implantent sur certains ubacs élevés, en particulier sur les substrats dolomitiques. Elles peuvent évoluer vers des chênaies blanches fraîches. Il existe également d’autres types de pineraies à Pins maritimes ou à Pins parasols (pins pignons) qui ont pu se naturaliser à partir de plantations anciennes à la faveur de quelques substrats plus acides (calcarénites de Jouques et sables dolomitiques du Délubre). Leur évolution est similaire à celle des autres pineraies. FACTEURS DE GESTION FAVORABLES A L’HABITAT : f Ripisylves, forêts galeries La richesse biologique de ces milieux est tributaire de l’alimentation superficielle et souterraine en eau ainsi que de la diversité des faciès observés, depuis les stades pionniers herbeux ou arbustifs aux stades forestiers plus matures (Saules, Peupliers puis Frênes, Ormes et Chênes blancs). Elle peut se révéler très importante. Ils représentent des milieux rares dont la fonction biologique est forte en termes de milieux de chasse pour plusieurs espèces de chauves-souris et en terme de fonctionnalité écologique pour la faune (corridor). L’objectif sur ces milieux serait de les laisser évoluer sans action anthropique sauf exceptionnelles • Il est important de conserver la fonctionnalité des ripisylves. Les dynamiques d’écoulement des cours d’eau sont particulièrement importantes à connaître, à maintenir ou restaurer. Veiller à ne pas favoriser l’implantation d’une végétation envahissante (Robiniers, Ailantes, Buddleia, etc.) Les boisements les plus âgés doivent être conservés ainsi que les peuplements diversifiés. Des élagages de branches sur les gros arbres peuvent être localement exécutés s’il existe de réels problèmes de sécurité (ex. ripisylve de la Cause au Tholonet) • D’une manière générale, il convient améliorer les connaissances scientifiques sur la composition et le fonctionnement de ces milieux forestiers humides avant toute définition d’une gestion spécifique. f Yeuseraies à Laurier tin et yeuseraies à Buis / Yeuseraie-chênaie pubescente du mésoméditerranéen (à Gesce à larges feuilles) / Chênaies pubescentes à Houx de Provence et du Languedoc. Globalement la structure actuelle de ces habitats forestiers fait que la poursuite de traitement en taillis avec une rotation de 40 à 60 ans semble la mieux adaptée. Cette gestion forestière traditionnelle permet par la rotation des coupes l’entretien d’une mosaïque de peuplements ouverts avec des milieux de pelouse et de garrigue qui constituent des habitats d’espèces. Au-delà, des modes de gestion visant à augmenter la valeur biologique de ces habitats peuvent être recommandés : • Adapter ou poursuivre la pratique forestière « traditionnelle » afin d’optimiser son intérêt biologique par le maintien de zones de refuge, de support et d’alimentation pour le faune : - Maintien de vieux arbres au sein du peuplement ; - Maintient d’alvéoles forestières pluristratifiées pendant la coupe ; - Traitement pluristratifié des lisières ; • Gestion écologique expérimentale d’amélioration des qualités biologiques des peuplements : 1 Les Pineraies relevant de la Directive Européenne (IC code 9540) sont absentes du site puisqu’elles ne concerneraient que les « stations primaires » installées à la transition entre les étages thermoméditerranéen supérieur et mésoméditerranéen inférieur au climat thermophile chaud et peu arrosé (ex. pSIC Calanques). DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site - - 21 Sélection de réservoirs forestiers de biodiversité sur les habitats les mieux conservés. Sélection des zones ou de parties des zones riches et intéressantes pour une conservation, c’est à dire exemptes de pratiques de gestion sylvicole : chênaie verte de crête de la Montagne des ubacs, chênaie blanche à houx du versant nord de la Montagne des ubacs puis St pierre jusqu’à Rians, ubac de la montagne d’Artigues, chênaie blanche mésoméditerranéenne du vallon de la Saunaresse, pentes nord de Sainte-Victoire en particulier les zones fraîches où le Houx commence à se développer, vallons frais de la Domaniale de la Gardiole de Rians ; … Sur certains secteurs, on pourra rechercher notamment pratiquer, comme cela est préconiser dans « les cahiers des habitats Natura 2000 – habitats forestiers », le passage en futaie sur un mode expérimental. Cette évolution pourra se faire par vieillissement et/ou par sélection de brins de taillis. Cette mesure de gestion est envisageable, au moins par îlots sur les stations présentant les meilleures potentialités notamment en terme de substrat et/ou les secteurs ne présentant pas d’intérêt économique particuliers. • Entretien de corridors boisés entre les espaces forestiers préservés de façon à assurer les échanges entre les populations de la faune et de la flore. f Les Pineraies Les pineraies de Pins d’Alep sont intéressantes pour le passage à d’autres stades forestiers tels les chênaies. Les jeunes pineraies s’implantent naturellement sur certains habitats, en particulier après incendie sur les garrigues à romarin. Ces régénérations naturelles sont préférables aux plantations artificielles au fort impact sur les milieux et le sol et au taux de réussite parfois très faible. Aucune recommandation n’est formulée ici. Fiche H.p : les Sources pétrifiantes avec formation de travertins TYPOLOGIE ET HABITATS ASSOCIES ET DYNAMIQUE : On trouve sur le site quelques sources présentant des dépôts de calcite mêlés à des végétaux spécialisés. D’origine karstique, ces habitats très ponctuels permettent le développement d’algues et de mousses particulières et ont une forte valeur patrimoniale considérée d’intérêt communautaire prioritaire. Les plus beaux exemples sont les vasques de tuf du Délubre et du Bayon, à conserver impérativement, mais l’on retrouve certaines autres résurgences et quelques coulées de tuf dans d’autres secteurs, parfois d’origine semi naturelle (sortie de canalisation). La cascade de tuf à la sortie Est de Vauvenargues, coulant par intermittence depuis la résurgence située en amont de la route, est également particulièrement remarquable pour le secteur. Certaines résurgences, situées dans des dépressions ne déposent pas de calcite (ex. système de résurgences du Grand Valat à Meyrargues). FACTEURS DE GESTION FAVORABLES A L’HABITAT : Tous les habitats ponctuels à forts enjeux biologiques doivent faire l’objet d’une surveillance et d’une protection au même titre que les espèces protégées de la flore et de la faune, afin de les préserver d’une destruction éventuelle. C’est le cas des sources pétrifiantes qui pourront faire l’objet de suivis simples. L’information sur la présence de ces habitats doit être réfléchie au cas par cas. Par exemple, si la divulgation de la présence de vasques de tuf sur Sainte-Victoire n’est pas souhaitable car elle pourrait mener à leur dégradation en y augmentant la fréquentation (baignade, piétinement des mousses, déchets, …), des portés à connaissance des services concernés peuvent parfois permettre d’éviter certaines détériorations malencontreuses. En cas de menaces majeures, une mise en défend matérialisée peut être mise en place. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 22 FICHES DE DESCRIPTION DES ESPECES REMARQUABLES Fiche n°E.f : Les espèces floristiques d’intérêt patrimonial DESCRIPTION GLOBALE DE L’ETAT DE CONSERVATION DU SITE : Si l’on présente ces espèces par ordre de valeur patrimoniale décroissante, on obtient la hiérarchisation suivante : f 2 espèces sont inscrites à la directive « habitats » f 8 espèces sont menacées : • 3 au niveau mondial (« vulnérable » dans le livre rouge mondial de l’IUCN) ; • 4 au niveau national (inscrites au livre rouge tome 1) ; • et 1 au niveau de la région (inscrite au livre rouge national tome 2 et très rares en PACA) f 13 espèces sont rares : • 4 au niveau mondial ( « rares » dans le livre rouge mondial de l’IUCN) • 5 au niveau national (inscrites au livre rouge national tome 2 provisoire) • Et 4 en Provence (absentes du livre rouge national mais protégées en région PACA). 23 espèces sont retenues dans la liste de travail. A ce classement basé sur le statut des espèces, il y a trois exceptions : f Ophrys saratoi Camus (non sensu Delforge), non évalué par la Liste rouge mondiale (IUCN, 1997) car incluse dans Ophrys bertolonii sensu lato, est à considérer comme espèce menacée à l’échelon mondial (cf. VELA 2002). f Ophrys provincialis (Baum. & Künk.) Paulus, non évalué par la Liste rouge mondiale (IUCN, 1997) car méconnue et probablement incluse dans Ophrys « sphegodes » sensu lato, est à considérer comme espèce rare à l’échelon mondial (cf. VELA 2002). f Anarrhinum laxiflorum Boiss. (A. bellidifolium auct. gall. pro parte), non évalué par le Livre rouge national (tome 1, 1995) car alors inconnu sur le territoire et inclus dans Anarrhinum bellidifolium sensu lato, est à considérer comme espèce menacée à l’échelon national. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 23 Tableau de synthèse des espèces floristiques d’intérêt patrimonial : Espèces Niveau de protection Espèce de l’annexe 2 Anarrhinum laxiflorum* Anemone palmata National Etat de conservation local Menacée en France ☺ Menacée en France Anthémis gerardiana Cotoneaster delphinensis Etat de conservation mondial Menacée dans le monde Régional ☺ Menacée dans le monde Crepis suffrenniana Rare dans le monde Delphinium fissum Régional Rare en France Dictamnus albus Régional Rare en Provence Fritillaria involucrata Rare dans le monde Gagea granatelli National Rare en France Gagea pratensis National Rare en France Gouffeia arenarioides National Menacée dans le monde Inula biffrons National Rare en France Jurinea humilis National Menacée en France Kengia serotina Régional Rare en Provence Ophioglossum vulgatum Régional Rare en Provence Ophrys provincialis Régional Rare dans le monde Ophrys saratoi National Menacée dans le monde Polygala exilis Régional Menacée en France Prangos trifida Régional Menacée en Provence Spiranthes aestivalis National Viola jordani Régional Annexe IV Menacée en France ☺ ☺ ☺ ☺ _ ☺ ☺ ☺ _ Rareen France ☺ : Etat de conservation favorable (forte distribution, en extension, pas de menace) ; : Etat de conservation moyen (distribution moyenne, dynamique stable, manque de connaissances, menaces possibles) : Espèce en mauvaise état de conservation (disparition, faible distribution, en régression, menaces importantes) * Nouvelle espèce pour la France (anciennement citée par erreur sous le nom d’Anarrhinum bellidifolium (L.) Willd. Catalogue de la flore rare et menacée en région Provence Alpes Côte d'Azur "Anarrhinum bellidifolium (L.) Willd.". 04: indéterminé; 06: vulnérable; 13: R; 83: R; 84: R. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 24 Fiche n°E.f.1 : Les espèces floristiques des annexes de la directive f Gouffeia arenarioides Cette espèce, de l’annexe 2 de la directive « habitats », est supposée présente sur une seule station dans un éboulis du flanc nord de Sainte-Victoire (signalée par l’abbé le Brun vers 1930). Depuis, elle n’a pas pu être observée malgré une prospection quasi exhaustive des secteurs qui lui sont favorables. - Population C : 0% > p > 2% (en l’occurrence, 0 %, puisque population non retrouvée, et présumée disparue) - Statut de conservation Degré de conservation des caractéristiques de l’habitat important pour l’espèce : II : éléments bien conservés (EII) Possibilités de restauration (dans ce cas, il s’agirait d’une simple réintroduction de l’espèce, l’habitat d’accueil étant toujours présent) : II : Restauration possible avec un effort moyen (RII) - Synthèse du statut de conservation D : Condition très mauvaise (présumé disparu) - Isolement A : Population isolée (et en limite d’aire absolue) - Evaluation globale D : Valeur non significative (même si elle venait à être retrouvée) f Spiranthes aestivalis Il en va de même pour cette espèce, de l’annexe IV de la directive « habitats », déjà observée sur une seule station de Sainte-Victoire mais dont les nombreuses prospections ciblées n’ont pas permis de confirmer la présence. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 25 Description de la valeur écologique du site 26 Fiche n° E.f.2 : Les espèces floristiques menacées Menacées dans le monde : f Anthemis gerardiana (cf. A. cretica auct., A. montana auct.) Localisé sur une station éparse de quelques hectares (Montagne Sainte-Victoire). Populations réduites (environ une centaine d’individus ?). Biologie de la reproduction non connue mais a priori satisfaisante. Etat de conservation des habitats assez satisfaisant (surveiller le surpâturage et piétinement éventuels). f Cotoneaster delphinensis (cf. C. integerrimus auct.) L’espèce est au moins présente sur l’ubac de la moitié NE de la montagne Sainte-Victoire (Chabert 1999). Encore méconnu à cause des confusions historiques, le Cotonéaster du Dauphiné semble être présent en quelques points isolés. Populations non encore étudiées. A souffert de la sécheresse pendant l’été 2003, rendant difficile la maturation des fruits, de ce fait peu nombreux, rabougris et n’arrivant pas toujours à maturité (J.-P. Chabert, comm. or.). Biologie de la reproduction a priori satisfaisante (espèce autogame apomictique). Etat de conservation des habitats a priori satisfaisant, la « remontée biologique » associée au retour des forêts et fruticées doit pouvoir profiter à cette espèce ornithochore (fruits disséminés par les oiseaux). f Ophrys saratoi (= O. drumana) Localisé sur quatre stations réduites (Sainte-Victoire W, Sainte-Victoire E, Petit Sambuc). Populations réduites (environ une centaine d’individus ?). Biologie de la reproduction très satisfaisante (bon taux de fructification dans chaque station) bien que difficile car spécifique à une seule espèce d’hyménoptères. Son pollinisateur Chalicodoma albonotata (abeille solitaire sauvage) mériterait d’être étudié in situ. Etat de conservation des habitats satisfaisant (surveiller néanmoins les cueillettes éventuelles). Menacées en France : f Anarrhinum laxiflorum (= A. bellidifolium p.p.) L’espèce est présente en au moins deux points certains vallons arides comme le Vallon des Masques (commune de Vauvenargues, 13) et le Vallon Jouvénian (commune de Rians, 83). Abondance des populations inconnue (redécouverte récente). Biologie de la reproduction non connue dans notre cas. Etat de conservation des habitats a priori satisfaisant. La « remontée biologique » associée à l’embroussaillement des zones ouvertes (pelouses sèches méditerranéennes) nécessiterait un suivi pluriannuel. De même, des actions de pâturage à des fins conservatoires ne pourraient y être envisagées qu’après bilan des populations connues (abondance, reproduction, dynamique) et avec un suivi rapproché de surveillance des effets éventuels du parcours ovin sur l’espèce. f Anemone palmata s.l. (cytotype diploïde) Très localisé sur une station réduite d’environ 100 mètres carrés (extrémité versant W du plateau de la Keyrié, hors pSIC). Populations réduites (une cinquantaine d’individus). Biologie de la reproduction très mauvaise : peu d’individus florifères, production de fruit peu probable (mais possible). N.B. : c’est le cas pour ce taxon dans toute la Provence. Etat de conservation de l’habitat satisfaisant, mais à surveiller de très près (terrain privé). DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 27 f Jurinea humilis Localisée sur un vaste secteur de plusieurs dizaines d’hectares (Montagne Sainte-Victoire au NE et E Pic des Mouches). Populations assez abondantes (environ un millier d’individus ?). Biologie de la reproduction non connue mais a priori satisfaisante. Etat de conservation des habitats assez satisfaisant (surveiller le surpâturage et piétinement éventuels). f Polygala exilis Cette espèce sub-endémique est de surcroît dispersée en Provence, et rarissime dans les Bouches-du-Rhône. Elle est présente en bordure du pSIC en au moins une station au lieu-dit Les Bréguières (argiles rouges à bruyères). C’est une espèce de stations temporairement humides (existe aussi en PACA sur les alluvions de la Durance et du Buëch). Abondance des populations méconnue (espèce peu étudiée). Biologie de la reproduction non connue dans notre cas, mais probablement satisfaisante car annuelle et autogame. Etat de conservation des habitats aujourd’hui très dégradé, fragmenté et résiduel. Statut exact peut-être sous-évalué à cause du manque de prospections. En effet, cette espèce fugace et de petite taille ne se reconnaît qu’à son stade de floraison, à moment tardif de la saison (été). Des techniques de recherche et de suivi fin dans ce secteur gagneraient à être effectuées. Menacées en Provence : f Prangos trifida (= Cachrys trifida ; cf. C. libanotis auct.) Cette espèce méditerranéenne, rare en Provence, est présente en au moins une station du Vallon des Masques. C’est une espèce de parcours arides et rocailleux, calcaires. Abondance des populations méconnue (espèce peu étudiée). Biologie de la reproduction non connue dans notre cas. Etat de conservation de ses habitats inconnu, mais peut-être non satisfaisant à cause de sa fragilité locale. En effet, cette espèce semble aimer les zones ouvertes comme les parcours substeppiques naturels. Des techniques de suivi pluriannuel de la dynamique naturelle et de l’effet du pâturage devraient être effectuées. Fiche n°E.f.3 : Les espèces floristiques rares Rares dans le monde : f Crepis suffrenniana Localisé sur une dizaine de stations réduites en superficie (crête de la Sainte-Victoire, Colle Pelade à Artigues, Vautubière et Calanques de Meyrargues). Populations abondantes (plusieurs milliers d’individus en 2003). Plante annuelle à effectifs variables. Biologie de la reproduction très satisfaisante (espèce probablement entomogame facultative avec possibilité d’autogamie). Durée de vie des semences non connue avec précision, mais probablement de l’ordre de plusieurs années. Etat de conservation des habitats satisfaisant dans l’ensemble. Certains secteurs non pâturés sont très enherbés, les seules éclaircies étant celles des piétons (Pas de l’Escalette), d’autres secteurs trop pâturés sont eutrophisés et piétinés par les troupeaux (Plan de la Crau, par plaques), d’autres enfin sont des reposoirs récents abandonnés et sont colonisés pendant quelques années par le Crépis (Plan de la Crau, Le Signal). Un suivi scientifique et expérimental de la dynamique spatiale des populations en relation avec les cycles de pâturage serait intéressant à mettre en œuvre. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 28 f Fritillaria involucrata L’espèce est présente en de nombreux points d’affleurements rocheux, de corniches herbeuses et de clairières ou lisières de forêts claires, essentiellement à l’ubac de la Sainte-Victoire mais aussi des nombreux autres chaînons. Populations assez abondantes dans l’ensemble. Biologie de la reproduction satisfaisante, à en croire les nombreux fruits que l’on peut voir sur les tiges sèches en automne. Etat de conservation des habitats a priori satisfaisant. La « remontée biologique » associée au retour des forêts feuillues ne semble pas trop gêner cette espèce héliophile tolérante. L’abandon du pâturage en de nombreux points doit pouvoir profiter à cette espèce qui semble en progression (phénomène méconnu, à étudier avec précision !). f Ophrys provincialis Localisé sur de nombreuses stations, la plupart réduites mais d’autres agglomérées en vaste station (Roque-Hautes). Populations abondantes (environ un millier d’individus ?). Biologie de la reproduction à étudier (mesure du taux de fructification dans un nombre représentatif de station). Pollinisation difficile car spécifique à une seule espèce d’hyménoptères. Son pollinisateur Anthophora atriceps (abeille solitaire sauvage) est rare en France (Sud-Est) et mériterait d’être étudié in situ. Etat de conservation des habitats globalement satisfaisant (surveiller néanmoins les cueillettes éventuelles). Une combinaison modérée incendies / DFCI / pâturage permet un maintien global et diversifié des pelouses sèches méditerranéennes à Brachypode rameux, sans jamais tomber dans l’excès de l’une de ces trois méthodes ni de l’absence de perturbation entraînant une dynamique des ligneux. En France : f Delphinium fissum Localisé sur quelques stations réduites, dont une seule est connue aujourd’hui avec certitude (Défilé de Mirabeau). Les autres sont à rechercher activement, notamment celle de La Gardiole vu récemment (CHARLES 1996). La population connue est réduite (une centaine d’individus). Biologie de la reproduction a priori satisfaisante, sauf cette année 2003 où la sécheresse précoce associée à la canicule dès le mois de juin au moment de la floraison, a fait avortée les fleurs sommitales (un taux de fructification partiel a cependant pu être observé en juillet). Etat de conservation des habitats gravement insatisfaisant : la station connue a été endommagée à 50 % en 2001 par des travaux d’entretien / amélioration de voirie sur la Route Nationale. De plus, le sol est constitué d’une accumulation de sables détritiques en pied de falaise, et est très sensible à l’érosion. Le site étant fréquenté par des visiteurs (grotte néolithique juste au-dessus), il serait souhaitable d’entreprendre une action urgente de protection de l’habitat. f Gagea pratensis (= G. stenopetala) Localisée en divers petits points liés aux hauts de versant nord à proximité de crêtes rocheuses sur divers chaînons et sur la montagne Sainte-Victoire. Encore méconnue : prospections à poursuivre. Populations peu abondantes (moins d’une centaine d’individus ?). Biologie de la reproduction méconnu, mais a priori satisfaisante (cette espèce est normalement florifère). Etat de conservation des habitats satisfaisants dans l’ensemble, l’espèce pourrait sans doute profiter de nouveaux circuits de pâturage dans des secteurs comme Vautubière, etc. (voir la situation favorable sur la crête du Grand Lubéron). f Gagea granatelli (G. « foliosa ») DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 29 Localisé d’une part sur un vaste secteur de plusieurs dizaines d’hectares (Sambuc / Ubacs / Citadelle), et d’autre part en divers petits points localisés aux crêtes rocheuses de chacun des chaînons. Populations assez abondantes (environ un millier d’individus ?). Biologie de la reproduction très satisfaisante pour cette espèce habituellement très bulbilifère et peu florifère en France. Dans notre cas, au moins une station (col de Sambuc) est très florifère. Etat de conservation des habitats satisfaisant dans l’ensemble, l’espèce profitant des circuits de pâturage dans le secteur Ubacs / Citadelle. Ailleurs, sa position limitée aux crêtes herbeuses et caillouteuse lui confère un abri naturel bien que de faible superficie. f Inula bifrons Localisé sur une station réduite d’environ 1000 mètres carrés découverte au cours de l’été 2003 (verger extensif à Camp-Chinois). Population réduite (une vingtaine d’individus). Biologie de la reproduction a priori satisfaisante. Etat de conservation de l’habitat assez satisfaisant, des portions de la parcelle étant enherbées, d’autres en friche et d’autres désherbés manuellement. A surveiller de très près car les effectifs sont faibles et le traitement de la parcelle incertain (terrain privé). f Viola jordani L’espèce est présente en divers points de clairières ou lisières de forêts feuillues caducifoliées, essentiellement dans le secteur de Puits de Rians et La Gardiole. Populations paraissant assez abondantes dans l’ensemble (effectifs non estimés avec précision), et peut-être en progression (effet de la « remontée biologique » ?). Biologie de la reproduction peu connue dans notre cas, mais probablement satisfaisante. Etat de conservation des habitats a priori satisfaisant. La « remontée biologique » associée au retour des forêts feuillues ne semble pas gêner cette espèce hélio-tolérante, au contraire, la qualité de la litière et du sol (notamment suite à l’absence de pâturage dans certains points) doit pouvoir profiter à cette espèce. Sa dynamique gagnerait à être mieux connue. Rares en Provence : f Dictamnus albus L’espèce est présente en divers points de clairières ou lisières de forêts feuillues caducifoliées, essentiellement dans le secteur de Puits de Rians et La Gardiole. Populations assez abondantes dans l’ensemble, et peut-être en progression (environ un millier d’individus ?). Biologie de la reproduction peu connue dans notre cas, mais satisfaisante au moins à l’entrée de la Forêt Domaniale. Etat de conservation des habitats a priori satisfaisant. La « remontée biologique » associée au retour des forêts feuillues ne semble pas trop gêner cette espèce héliophile tolérante, au contraire la qualité de la litière et du sol (notamment suite à l’absence de pâturage dans certains points) doit pouvoir profiter à cette espèce. Sa dynamique gagnerait à être mieux connue. f Kengia serotina (= Cleistogenes serotina) Cette espèce subtropicale, dispersée en Provence, rarissime dans les Bouches-du-Rhône, est présente en bordure du pSIC en au moins un point du Vallon de Jouvénian. C’est une espèce de stations arides et rocailleuses. Abondance des populations méconnue (espèce peu étudiée). Biologie de la reproduction non connue dans notre cas. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 30 Etat de conservation des habitats inconnu, mais peut-être non satisfaisant à cause de sa fragilité locale. En effet, cette espèce semble aimer les zones ouvertes comme les parcours substeppiques naturels. Des techniques de suivi pluriannuel de la dynamique naturelle et de l’effet du pâturage itinérant dans ce secteur gagneraient à être effectuées. f Ophioglossum vulgatum Très localisé sur deux stations réduites découvertes par J. Baret en avril 2003 (bord de La Cause aux Infernets et entre le barrage Zola et le barrage romain). Population abondante (environ une centaine de pieds ?). Reproduction sexuée par spores à forte capacité de dispersion par le vent, et multiplication végétative très active in situ grâce à l’appareil racinaire rhizomateux. Etat de conservation de l'habitat satisfaisant. Aucune dégradation humaine. Présence néanmoins d’une dynamique ligneuse (peupliers) dans le tapis herbacé. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 31 Fiche n°E.o : les oiseaux d’intérêt patrimonial DESCRIPTION GLOBALE DE L’ETAT DE CONSERVATION DU SITE : Le cortège des espèces d’oiseaux est globalement typique des peuplements des collines sèches dites méditerranéennes composées de différents milieux : garrigues de divers types (ici prédominance des pelouses et garrigues basses à chênes kermès) et formations rupicoles (falaises et éboulis). A ce biotope, incontestablement le plus riche de tout le périmètre, s’ajoutent des milieux beaucoup plus boisés aux influences septentrionales comme c’est le cas sur le versant nord de la Sainte-Victoire, les montagnes des Ubacs ou de Concors ainsi que les boisements de Chêne blanc de la partie varoise du site. Pour un massif calcaire situé à proximité d’une grande zone urbaine (Aix en Provence), le chiffre de 145 espèces contactées, dont 92 sont nicheuses, est relativement important comparé à d’autres milieux en partie similaires (Chaîne de l’Etoile, Alpilles ou Luberon). Il est le résultat d’une grande variété de milieux lié à une grande amplitude altitudinale et à des modes de gestion variés des milieux (cultures, défrichements, gestion forestière, incendies…). Parmi les oiseaux nicheurs observés sur le site, figurent 10 espèces sont inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux : Circaète Jean-le-Blanc, Aigle royal, Aigle de Bonelli, Grand-duc d’Europe, Engoulevent d’Europe, Alouette lulu, Pipit rousseline, Fauvette pitchou, Pie-grièche écorcheur et Bruant ortolan DYNAMIQUE GLOBALE DES PEUPLEMENTS : Nous avons la chance de disposer de trois inventaires ornithologiques sur un même site, sur une période de 56 ans. Malgré les quelques limites dues aux différences des méthodologies, il est possible aujourd’hui de dégager des tendances générales : f La dynamique des peuplements d’oiseaux : Pour les espèces disparues, nous pouvons citer le Vautour percnoptère qui nichait fort probablement dans les années 40, l’Aigle royal qui n’a fait que changer de site de nidification dans les années 70 et le Faucon pèlerin qui y nichait très probablement. Pour ce qui des nouvelles espèces, nous relèverons la présence fort commune aujourd’hui du Bruant fou et du Bruant ortolan, non signalés dans les inventaires de Rivoire et de Cheylan pour le premier et non signalé par Rivoire pour le second, celle du Circaète Jean-le-Blanc qui n’est étonnamment pas cité chez Rivoire, celle du Monticole de roche qui n’est apparue dans la région qu’à la fin des années 60 (Launay, 1982) ; et c’était déjà sur la Sainte-Victoire ! Rajoutons l’Hirondelle rousseline, une espèce en augmentation dans la région PACA et qui n’est présente dans la ZPS que depuis 2 ans, ainsi que la Tourterelle turque, d’acquisition récente. f La dynamique des populations d’oiseaux : la fermeture progressive des milieux ouverts s’illustre parfaitement par le changement de la diversité de l’avifaune. Des espèces comme le Pouillot véloce ou le Rouge-gorge n’étaient connus qu’en hivernage à l’époque de Rivoire alors que depuis les travaux de Cheylan, les observations de ces deux espèces sont en augmentation. Le Tarier pâtre était un oiseau non signalé par Rivoire, présent en faible effectif au bord des cultures d’après Cheylan (Cheylan, 1983) et aujourd’hui assez commun dans les garrigues hautes et les landes à Buis. Le Rossignol philomèle n’est même pas mentionné chez Rivoire malgré son chant puissant, mais est très présent chez Cheylan malgré un déclin ces trente dernières années. Idem pour des espèces à proprement parler forestière comme le Pigeon ramier, qui était rare il y a 50 ans et qui n’a cessé d’augmenter jusqu’à aujourd’hui, pour le Pinson des arbres dont les mentions ont presque quadruplé depuis 1971 et pour l’Alouette lulu, le Bruant zizi ou la Fauvette orphée, espèces typiques des milieux semi-ouverts. L’arrivée ou l’accroissement de ces espèces s’accompagnait bien sûr d’une diminution des espèces de milieux ouverts. C’est notamment le cas pour la Fauvette passerinette dont les effectifs semblent avoir spectaculairement chuté en trente ans, dans une moindre mesure pour la Fauvette pitchou et pour le Traquet oreillard en perte de vitesse sur le massif. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 32 Tableau de synthèse des oiseaux d’intérêt patrimonial nom latin Statut biologique Aigle botté Hieraaetus pennatus Migratrice Etat de conservation mondial Rare Aigle de Bonelli Hieraaetus fasciatus Nicheuse En danger Aquila chrysaetos Nicheuse Rare Alouette lulu Lullula arborea Nicheuse A surveiller Autour des palombes Accipiter gentilis Nicheuse Favorable Bondrée apivore Pernis apivorus Migratrice Favorable Emberiza hortulana Nicheuse En déclin Busard Saint-Martin Circus cyaneus Hivernante A surveiller Non évalué Cigogne blanche Ciconia ciconia Migratrice Rare Non évalué Ciconia nigra Migratrice Vulnérable Non évalué Circaetus gallicus Nicheuse Rare Crave à bec rouge Pyrrhocorax yrrhocorax Hivernante A surveiller Non évalué Engoulevent d'Europe Caprimulgus europaeus Nicheuse A surveiller Epervier d'Europe Accipiter nisus Nicheuse Favorable ☺ ☺ Faucon crécerelle Falco tinnunculus Nicheuse A surveiller Faucon émerillon Falco columbarius Migratrice Vulnérable Faucon pèlerin Falco peregrinus De passage Rare Fauvette orphée Sylvia hortensis Nicheuse A préciser Fauvette passerinette Sylvia cantillans Nicheuse Favorable Sylvia undata Nicheuse A surveiller Grand-duc d'Europe Bubo bubo Nicheuse Rare Hirondelle rousseline Hirundo daurica Nicheuse vulnérable Apus melba Nicheuse Favorable ☺ Milan noir Milvus migrans Migratrice A surveiller Non évalué Milan royal Milvus milvus Migratrice A surveiller Non évalué Monticola saxatilis Nicheuse A surveiller Otus scops Nicheuse A surveiller Lanius collurio Nicheuse En déclin Pipit rousseline Anthus campestris Nicheuse A surveiller Rollier d'Europe Coracias garrulus Nicheuse Rare Traquet oreillard Oenanthe hispanica Nicheuse Vulnérable De passage Vulnérable Espèces Aigle royal Bruant ortolan Cigogne noire Circaète Jean-le-blanc Fauvette pitchou Martinet à ventre blanc Monticole de roche Petit-duc scops Pie-grièche écorcheur Vautour percnoptère Neophron percnopterus Espèce de l’annexe 1 Etat de conservation local Non évalué ☺ ☺ Non évalué ☺ ☺ Non évalué ☺ : Etat de conservation favorable (forte distribution, en extension, pas de menace) ; : Etat de conservation moyen (distribution moyenne, dynamique stable, manque de connaissances, menaces possibles) : Espèce en mauvaise état de conservation (disparition, faible distribution, en régression, menaces importantes) DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 33 Fiche n°E.o.1 : les rapaces de l’Annexe 1 f Aigle de Bonelli Un couple est présent sur Sainte-Victoire, où il se reproduit régulièrement depuis quelques années. Aujourd’hui, il évolue principalement sur le flanc sud de la chaîne centrale et sur le plateau du Cengle. S’il n’hésite pas à se rendre sur les terrains dégagés au sud de l’autoroute A8, il est très peu observé sur le flanc nord de Sainte Victoire. Cependant, il utilise ponctuellement les pelouses de Colle Pelade comme territoire de chasse. A l’examen du territoire occupé, on remarque l’importance des zones ouvertes, qu’elles soient naturelles ou cultivées. Cette espèce prestigieuse dépend de leur maintien ainsi que de la limitation de la fréquentation des abords de l’aire en période de reproduction. f Aigle royal C’est dans le périmètre Natura 2000 que nous rencontrons le seul couple nicheur des Bouches du Rhône. Aujourd’hui, l’Aigle royal a abandonné la chaîne centrale de Sainte-Victoire et un couple se reproduit irrégulièrement dans la Montagne des Ubacs. Il faut noter la naissance d’un aiglon en 2005. Concurrent direct de l’Aigle de Bonelli, le territoire de l’Aigle royal prend en compte toute la partie nord du périmètre Natura 2000 (Forêt de Peyrolles, Montagne de la Vautubière, zones agricoles autour de Jouques jusqu’aux contreforts du Grand Luberon et une partie de la vallée de la Durance), sans que les deux territoires ne se chevauchent. Situé en marge de son aire de répartition, l’Aigle Royal des Ubacs ne pourra se maintenir que grâce à une surveillance des abords de l‘aire en période de nidification, permettant d’éviter tout dérangement. Ainsi qu’au maintien de ses territoires de chasse et de leur capacité à accueillir des espèces-proies. La mise en place, en partenariat avec les éleveurs dans charnier pourra être étudié. f Circaète Jean-le-Blanc Les territoires de ces oiseaux sont immenses (plusieurs milliers d’hectares) et malgré l’observation parfois de plus de 2 oiseaux au même endroit, le nombre de couples nicheurs ne doit pas excéder trois. Un couple est nettement présent sur un territoire centré sur le plateau du Cengle mais qui s’étend au minimum des Costes Chaudes aux terres cultivées au sud de Puyloubier ainsi que sur tout le flanc sud de Sainte-Victoire. Un autre couple est présent au nord de la chaîne centrale et il semble, compte tenu des cris entendus dans le secteur du Délubre, qu’un nid y ait été construit. Bien qu’il lui soit possible de patrouiller sur le flanc sud, ce couple a été plusieurs fois aperçu autour du massif de Concors, de la Montagne des Ubacs et de la vallée de Vauvenargues. Enfin un dernier couple est suspecté dans le secteur de la montagne de la Vautubière puisque des oiseaux au plumage différent du couple précédent ont été observés en chasse vers le Gentié. Sa pérennité sur le site, cela passe par une bonne gestion des milieux ouverts, de crêtes, de garrigue ou en zones agricoles. Des espaces à la végétation rase et riches en insectes et micromammifères favorisent la présence des reptiles, leurs proies exclusives. f Grand-duc d’Europe Un minimum de 7 territoires a été identifié. 3 se trouvent sur la chaîne centrale où ils semblent découper en trois parties égales le flanc sud de la montagne. 3 autres couples sont présents le long de la barre du Cengle. Un couple est présent sur les falaises de Meyrargues. De nombreux contacts les années passées laissent penser à la présence d’un couple dans la falaise qui surplombe le village de Vauvenargues (Tête du Marquis). Pour ce qui est du maintien des Grands-ducs sur Sainte-Victoire, cela passe incontestablement par bonne productivité des espaces ouverts et semi-ouverts en grosses espèces proies (du rat au lièvre) ainsi qu’à une certaine protection des aires de nidification lors de la couvaison et de l’élevage des jeunes. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 34 Description de la valeur écologique du site 35 Fiche n°E.o.2 : les passereaux de l’Annexe 1 f Alouette lulu L’espèce est assez commune sur la chaîne centrale notamment le flanc sud et les crêtes ainsi que sur les garrigues qui l’entourent sur sa face sud et ouest. Elle est bien représentée sur le plateau du Cengle notamment au-dessus des barres ainsi que dans les secteurs semi-ouverts de la montagne d’Artigues ou les espaces plus dégagés de la Colle Pelade. D’autre part, elle est régulière dans la partie nord notamment dans les boisements de conifères et de feuillus de la forêt de Meyrargues ou des contreforts du Sambuc ou de la Montagne des Ubacs. Moins inféodée aux zones agricoles que sa cousine l’Alouette des champs, l’Alouette lulu profite pourtant d’une agriculture encore traditionnelle qui ouvre les milieux tout en maintenant de la végétation sous forme d’îlots ou de pinèdes éclaircies par exemple. f Bruant ortolan L’aire de distribution de cette espèce occupe toute la moitié sud. C’est sur la ligne de crêtes de Sainte-Victoire que les densités sont les plus élevées puisque ce n’est pas moins de 15 mâles chanteurs qui ont été localisés, tous répartis sur la face nord dans les parties rocheuses au milieu de zones de végétation très rases. Les autres lieux de présence se trouvent sous la barre du Cengle ou quelques mâles ont été entendus dans sa partie ouest et, de manière plus régulière, tout le long du versant sud de la chaîne centrale ainsi que dans les garrigues très dégradées au pied de la chaîne. Enfin, les derniers signes de présence ont été enregistrés dans le secteur varois de la montagne d’Artigues, plus précisément sur la Colle Pelade où trois chanteurs se partageaient les parcours à moutons. Au total, la population de Bruant ortolan dans le périmètre du Grand Site oscillerait entre 40 et 50 couples. Compte tenu de sa distribution dans le Grand Site, le maintien de cette espèce passe de manière élémentaire par la préservation des zones de crêtes en empêchant la reconquête par la forêt et des garrigues suffisamment aérée pour la recherche de nourriture. f Fauvette pitchou La Fauvette pitchou fait partie des espèces les plus fréquemment observée. Logiquement, les plus fortes densités se rencontrent dans les zones ouvertes de la partie sud du site et particulièrement les garrigues à Chênes kermès de la jupe du Cengle ou du flanc sud de la chaîne centrale entre le refuge Cézanne et l’Oppidum Untinos. Pour autant, le nord n’est pas oublié puisque de nombreux contacts ont été effectués dans les zones à Chênes verts des Adrets du Petit Sambuc et sur les piémonts sud de la montagne des Ubacs. Ailleurs, elle est présente en faibles densités dans les boisements de conifères de la forêt de Meyrargues. En revanche elle est absente de la ligne de crêtes, même si elle occupe faiblement versant nord, l’étage à buis jusqu’à 800 m d’altitude, et est très faiblement représentée dans les boisements clairs de la montagne d’Artigues ainsi que les milieux ouverts de la Colle Pelade. Aucune tendance ne semble apparaître dans les effectifs français mais une surveillance et un entretien des garrigues est nécessaire pour la préservation de cette espèce. f Pie-grièche écorcheur Peu de migrateurs ont été aperçus sur le site. Toutefois, un couple a été découvert début mai sur le plateau du Cengle près de la propriété dénommée le Cabanon du loup mais des prospections ultérieures n’ont pas permis de recontacter l’espèce. Rappelons pour information que cette espèce a déjà niché sur le site de Sainte-Victoire au lieu-dit Coquille en 1995 (A. Marmasse, P. Bardot). Le retour ou le maintien de l’agriculture extensive est la meilleure solution pour conserver cette espèce. Restaurer les haies, conserver des prairies de fauche et des parcours à bovins, réhabiliter les zones herbeuses, maîtriser l’utilisation d’insecticides chimiques sont autant de mesures pour recréer l’habitat de l’espèce et l’enrichir en espèces proies. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 36 Description de la valeur écologique du site 37 f Pipit rousseline L’espèce n’a été rencontrée que dans la partie méridionale, celle qui est la plus soumises aux influences méditerranéennes. Elle est donc régulière sur le flanc ouest de la chaîne centrale, au sud du barrage de Bimont et dans le domaine de Roques Hautes. Ailleurs, elle habite les garrigues très ouvertes du flanc sud de Sainte-Victoire, quelques zones du secteur de Rians dont les surfaces pâturées de la Colle Pelade. Enfin, l’endroit où il est le plus facile de l’observer demeure sans aucun doute la ligne de crête où 10 mâles chanteurs ont été comptabilisés sur le linéaire entre le Garagaï de Cagoloup et la Croix de Provence. Le maintien du Pipit rousseline passe sans aucun doute par l’entretien des espaces peu végétalisés comme les parcours à moutons, les zones de crêtes ou les garrigues très basses, ce qui implique régulièrement un fauchage de la végétation et une garrigue aérée. Fiche n°E.o.3 : les espèces nocturnes de l’Annexe 1 f Engoulevent d’Europe L’Engoulevent est le plus commun des oiseaux nocturnes. Il est très répandu dans les forêts de conifères au nord du site (Forêt de Meyrargues et de Peyrolles en l’occurrence). Il est également bien représenté sur la montagne des Ubacs, Concors et les Sambuc ainsi que dans les alentours de la Montagne de la Vautubière. Dans la partie sud, il est très fréquemment contacté sur le pourtour du lac de retenue de Bimont, dans les garrigues ouvertes du flanc sud de la chaîne centrale, sur le plateau et sous la barre du Cengle. Peu menacé dans le Grand Site, l’espèce gagnerait à la préservation d’une mosaïque de milieux alternant milieux très ouverts et des boisements plus denses ou de type îlots en zones ouvertes. Fiche n°E.o.4: Les espèces migratrices de l’Annexe 1 f Aigle botté Des oiseaux de passage sont observés très ponctuellement sur le site. f Bondrée apivore Cette espèce est un migrateur commun sur le site surtout en période post-nuptiale. En extension au niveau national, elle pourrait nichée prochainement sur le site compte tenu des habitats naturels présents qui lui sont favorables. f Busard Saint-Martin Il s’agit d’un hivernant commun sur le site qui profite des milieux agricoles et de garrigues. L’absence de reproduction en Provence ne laisse envisager aucune évolution de son statut sur Sainte-Victoire. f Cigognes blanche et noire La proximité de la Durance, qui est un axe de reproduction principal, permet des observations très ponctuelles de passage de ces deux espèces sur le site. f Crave à bec rouge L’espèce niche dans les Pyrénées, le Languedoc-Roussillon et les départements alpins. Sur le site ; l’espèce est aujourd’hui seulement hivernante. Les dernières preuves de reproduction remontent à 1972 (Cheylan, 1980) voire 1976 (Yeatman, 1976). Depuis, plus aucune tentative de nidification malgré les prospections régulières. En hiver les premiers oiseaux arrivent dans les derniers jours d’octobre pour avoisiner les 50 oiseaux au cœur de l’hiver. f Faucon émerillon L’espèce est migratrice sur le site. Ainsi, des passages peuvent être observés très occasionnellement notamment en début de reproduction. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 38 f Faucon pèlerin L’espèce est observée occasionnellement sur les falaises de Sainte-Victoire. Notamment des jeunes qui peuvent être à la recherche de nouveaux lieux de nidification compte tenu de la dynamique colonisatrice que connaît l’espèce. f Milans noir et royal Les deux espèces de milan sont des migrteurs. Pour le Milan noir les populations nicheuses sur la Durance viennent ponctuellement prospecter sur le site. Pour le milan royal les effectifs sont faibles et il n’y a pas d’hivernage. Fiche n°E.o.5 : Les autres oiseaux nicheurs d’intérêt patrimonial f Autour des palombes En France, l’espèce est présente dans la quasi-totalité des départements. Sur le site, seul un juvénile de l’année a été observé. D’autres indices laissent penser que l’espèce est nicheuse (aire, cris, etc.). Cette espèce qui affectionne les espaces boisés étendus et suffisamment tranquilles est donc favorisée par la recolonisation forestière et surtout le vieillissement des peuplements. f Chevêche d’Athéna Nous savons qu’elle est représentée dans la zone de la Montagne d’Artigues à proximité des habitations et dans la vallée de Vauvenargues. Deux paramètres sont indispensables à l’installation et à l’existence d’une Chevêche : des cavités pour nicher (arbres creux ou vieilles maisons) et des terrains dégagés riches en insectes et micromammifères. le maintien des noyaux de population comme réservoirs d’individus est une mesure essentielle. Pour cela, il faut entretenir les milieux adéquats et donc conserver les vieux arbres creux pour nicher, des milieux ouverts pour chasser, favoriser les développement des insectes par une utilisation raisonnée des pesticides. La réhabilitation des vergers, le maintien d’arbres isolés, la pose temporaire de nichoirs, l’étêtage des saules ou la plantation de haies en bord de route sont autant de mesures pour pérenniser les couples existants et favoriser l’installation de nouveaux f Epervier d’Europe Cette espèce nicheuse sur le site est commune sur le site. Elle occupe largement les habitats boisés. f Faucon crécerelle Comme pour l’épervier, cette espèce nicheuse est commune sur le site. Elle profite des falaises pour sa reproduction et des milieux ouverts comme territoires de chasse. f Fauvette Orphée C’est une des surprises des prospections de terrain. L’espèce semble très présente sur le Grand Site, essentiellement au pied de la chaîne centrale sur le versant sud mais elle remonte parfois aussi vers le haut des vallons à la faveur de couloirs végétaux. Côté nord, l’espèce est moins nombreuse mais elle a été contactée à deux reprises sous la ligne de crêtes à proximité des landes à buis parsemées de quelques hauts et touffus buissons ainsi que vers l’observatoire de la Sinne. On explique mal les variations inter-annuelles de densités alors que les milieux semblent identiques. Toutefois le maintien et le développement de l’élevage extensif ou l’ouverture mécanique de certains milieux notamment dans les garrigues moyennement hautes eutrophiées par le chêne kermès ou l’Ajonc à petites fleurs semblent favorables à la conservation de l’espèce. f Fauvette Passerinette Il s’agit d’un oiseau estivant nicheur. Cette espèce est commune sur le site. Comme sa cousine la fauvette pitchou, elle profite des garrigues pour son développement. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 39 f Hirondelle rousseline Nouvelle espèce nicheuse pour le site où deux couples ont été contactés lors de la période d’inventaire : un autour du barrage de Bimont et un autre dans la ferme de Roques Hautes. Le premier couple a été contacté dès le 17 avril mais par la suite, les contacts furent plus irréguliers sans qu’il soit possible d’attester de la reproduction. Le second couple, lui aussi contacté le 17 avril s’est montré très fidèle à son site et a emmené deux jeunes à l’envol. La protection des sites de nidification, plutôt identiques d’année en année, contre les prédateurs et les promeneurs ainsi que le maintien d’une agriculture peu dispendieuse en insecticides autour de ces sites seraient des mesures de précaution pour favoriser son implantation dans notre pays. Une information des personnes, notamment pour la ferme de Roques Hautes, permettrait ensuite la poursuite de sa reproduction sur Sainte-Victoire. f Huppe fasciée Peu de contacts étonnamment sur le Grand Site. Les quelques sites utilisés se trouvent aux abords des fermes agricoles dans le secteur de la Montagne d’Artigues, dans les zones semiboisées du massif de Concors ou de la Forêt de Peyrolles et une donnée étonnante pratiquement sur les crêtes de la Sainte-Victoire à proximité de la zone pâturée du Pic des Mouches. Sa conservation à long terme passe par une modification globale du mode de gestion des espaces naturels et ruraux qu’elle fréquente. Quelques exemples : replanter des haies, conserver des arbres morts, favoriser la pâturage ovin, encourager la polyculture et une gestion des friches et des jachères dans une optique de protection de la Nature. f Martinet à ventre blanc Habitué des grandes falaises, le Martinet à ventre blanc a naturellement trouvé un terrain de prédilection dans Sainte-Victoire. Outre la colonie bien connue du Garagaï, de petites colonies ont été localisées dans toute la partie supérieure de la chaîne centrale. Ainsi une quinzaine d’oiseaux évoluent au niveau du Signal et une autre quinzaine vers le Bau de l’Aigle. Fait intéressant sur le site, l’utilisation de la carrière du Vallon du Marbre par une huitaine de couples. Le Martinet à ventre blanc n’est pas à proprement dit une espèce en danger ou en régression. Sa présence fait toutefois partie des paysages provençaux aussi la conservation des crêtes et des pelouses sommitales à un niveau de végétation très ras favorisant la prolifération des insectes, d’autant plus lorsqu’un troupeau de moutons y pâture, apparaît comme une mesure efficace. f Monticole de roche Comme connu et prévu, le Monticole de roche n’a été contacté que dans les zones rupestres du flanc sud de la chaîne centrale en des effectifs assez intéressant pour la Provence. Elle y est présente de manière quasi continue du refuge Cézanne jusqu’au vallon de Saint-Ser, là où les conditions de reproduction sont optimales. Les sites actuels ne semblent pas nécessiter de mesures particulières de conservation. En revanche, certains secteurs gagneraient à bénéficier de la techniques des feux expérimentaux en fin d’hiver, pour favoriser l’installation de nouveaux couples, sur le plateau du Cengle par exemple puisque l’on sait qu’il cohabite aisément avec le Monticole bleu, commun sur ce dernier site. f Monticole bleu De par ses exigences écologiques, le Monticole bleu se rencontre exclusivement dans les zones rupestres exposées au sud. Très bien représenté dans la chaîne centrale qu’il occupe de sa base jusqu’aux crêtes, il est aussi présent en nombre sur la barre du Cengle puis plus ponctuellement comme sur la falaise du Marbre. La conservation de l’espèce repose sur deux approches : l’entretien des milieux ouverts pour faciliter sa recherche de nourriture (écobuage, débroussaillage, pastoralisme…) et la maîtrise de la fréquentation des falaises dans le temps et dans l’espace. f Petit-duc scoops DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 40 Autrefois très présent dans la vallée de Vauvenargues avec treize mâles chanteurs sur 16 km (Cheylan), l’espèce semble avoir régressé dans ce même secteur puisqu’elle n’y a été contactée qu’à quelques reprises. Ailleurs, peu de contacts dans les zones cultivées si ce n’est autour d’Artigues, de Roque-Hautes, de Puyloubier et du puits d’Auzon. D’autres contacts ont aussi été enregistrés en pleine garrigue sur la montagne des Ubacs et sur le flanc sud de Sainte-Victoire. La préservation des zones agricoles ou périurbaines par un usage modéré de produits toxiques conduirait bien évidemment à une amélioration de la situation de ce chasseur d’insectes. Toutefois, quand les milieux sont suffisamment préservés, c’est le manque de cavité naturelle suite à la destruction des vieux arbres qui empêche l‘installation de cet oiseau. Pour compenser cela, la pose de nichoirs est une solution adéquate et souvent qualifiée de réussite comme sur l’île de PortCros par exemple. f Pie-grièche méridionale On aurait pu s’attendre à de meilleures densités suite à l’incendie qui a éclairci les milieux. Pourtant les seuls contacts avec cette espèce se sont limités à 3 oiseaux différents à l’ouest du plateau du Cengle (entre le Cabanon du Loup et la ferme des Masques) dans un habitat constitué principalement de Chênes verts. L’autre site est localisé sur le flanc sud de Sainte-Victoire, sur les petites collines rocheuses au sud de la Roque Vautarde, où 1 couple évoluait en période de nidification. L’espèce profite évidemment de la réouverture des milieux, que ce soit de manière mécanique comme c’est le cas sur le plateau de la Barben ou à la suite des incendies (sur Sainte-Victoire par exemple). Le maintien des zones ouvertes est donc une mesure indispensable pour contenir l’espèce mais avec quelques recommandations : les parcelles de sol nu doivent alterner avec des plaques de végétations basses et surtout présenter un grand nombre de perchoirs. L’espèce est absente des grandes zones de garrigues basses sans aucun perchoir. Une bonne solution consiste donc soit à laisser des îlots d’arbustes au milieu des zones girobroyées, soit à maintenir les arbustes calcinés après les incendies. f Pipit rousseline En France, les effectifs de cette espèce tournent autour de 25 000 couples. Elle est présente dans la plupart des départements aux influences méditerranéennes. Sur le site, l’espèce a été contactée principalement dans la partie sud du périmètre : garrigues autour du barrage de Bimont, cultures du plateau du Cengle, pieds de falaise et crêtes de la Montagne Sainte-Victoire. De manière générale, la fermeture des milieux et la gestion agricole « moderne » sont les plus grandes menaces pour la conservation de l’espèce du fait de la diminution des insectes qu’elles provoquent. f Rollier d’Europe Sur le site, cette espèce a le statut d’estivant nicheur possible ou occasionnel. La rareté des observations et leur caractère très localisé (vallée de Vauvenargues) ne permettent pas d’être plus précis sur l’état de conservation de l’espèce. f Traquet oreillard L’espèce n’a été contactée que sur le flanc sud de la chaîne centrale en des effectifs qui confèrent à Sainte-Victoire le statut de site d’importance pour la conservation de l’espèce en Provence. En effet, ce n’est pas moins de six mâles (parfois accompagné) qui ont été contactés pendant la période de chant, certains situés au pied de Sainte-Victoire dans les zones de garrigue très ouvertes parsemées de nombreux rochers, d’autres en milieu rupestres (Oratoire Charles Troump, Refuge Baudinot, vallon de St-Ser), parfois au point culminant du massif. L’avenir de cette espèce emblématique de nos garrigues passe incontestablement par la poursuite de l’activité pastorale génératrice de milieux ouverts pourvoyeurs d’insectes. Des mesures agroenvironnementales de soutien à l’élevage extensif dans les régions où survit encore l’espèce serait par conséquent les bienvenues. De plus, l’entretien des garrigues dégradées, c’est-à-dire le maintien d’une certaine hauteur de végétation avec des espaces nus, que ce soit de manière mécanique ou bien par l’intermédiaire du brûlage dirigé (à condition bien sûr que cela se déroule en dehors de la période de reproduction) servirait à la conservation de l’espèce. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 41 Fiche n°E.r : les reptiles et les amphibiens de l’Annexe IV DESCRIPTION GLOBALE DE L’ETAT DE CONSERVATION DU SITE : Sur les 19 espèces contactées ou potentiellement présentes (12 espèces de reptiles et 7 espèces de batraciens) dans le périmètre Natura 2000, 8 sont inscrites à l’Annexe IV de la Directive Habitats. Cependant les prospections n’ont permis de confirmer que seule 5 espèces, figurant à l’annexe IV de la « Directive habitats », sont présentes de manière certaine sur le site : le Lézard vert, le Lézard des murailles, la Couleuvre d’Esculape, le Crapaud calamite et la Rainette méridionale. Ces espèces sont parmi les espèces les plus répandues et les plus communes d’Europe. Si la Couleuvre d’Esculape est peu courante sur le secteur étudié, et dans les milieux humides de Basse Provence, les deux lézards sont localement très communs, notamment en lisière des ripisylves, des haies et en zones rupestres pour le Lézard des murailles. Fiche n°E.r.1 : les reptiles de l’annexe IV f Lézard vert : C’est une des quatre espèces les plus communes rencontrées dans le périmètre. Il est présent dans toutes les zones à végétation clairsemée au sud de Sainte-Victoire mais demeure assez régulier côté nord notamment à proximité des zones agricoles ainsi que dans les boisements aérés de Chêne pubescent. Les secteurs les plus propices à son observation se trouvent dans les zones herbeuses ou de garrigue de la jupe et du plateau du Cengle par exemple ou bien le long du sentier marron sur le flanc sud de Sainte-Victoire. Ailleurs, il est signalé dans les zones de prairies autour de la Maison Sainte-Victoire ainsi que le long de la D17 à proximité des villages ou des zones enherbées à proximité des zones de garrigue dégradées (Saint Antonin, Saint-Ser, Coquille…). Commun dans le sud de la France, cette espèce profite parfois abondamment des zones buissonneuses, des lisières ou simplement des zones enherbées à proximité des chemins et des habitations. Le maintien de zones enherbées (friches, talus, haies, sous-bois) est donc vital pour l’espèce de même que l’effet lisière aux abords des parties boisées. f Lézard des murailles : Très commun à proximité des zones habitées, il est aussi assez régulier en milieu naturel notamment dans les falaises très ensoleillées du flanc sud de Sainte-Victoire ainsi que dans les zones de sous-bois de conifères autour du plateau du Cengle ou dans la forêt de Meyrargues. Les habitats naturels semblent peu menacés mais les milieux anthropisés pâtissent des nouvelles normes de construction. Les vieux murs de pierre sont bouchés quand ils ne sont pas détruits, les restanques recouvertes de végétation, les jardins arrosés d’insecticides … f Couleuvre d’Esculape Nous ne l’avons pas recherchée dans la ripisylve de l’Infernet, site qu’elle doit toujours fréquenter car il n’y pas eu de perturbations notables de son écosystème depuis les années 70, période à laquelle elle était régulièrement observée (Cheylan, 1973). Nous avons recueilli une donnée de 2002, non loin de là toutefois dans un vallon frais sur le sentier des Plaideurs, flanc nord de SainteVictoire donc (M. Magnier, comm. pers).Les observations dans le Grand Site s’alignent donc sur sa préférence des milieux frais et humides en région méditerranéenne. La fraîcheur et les grands arbres lui offrent le gîte et le couvert. C’est encore une espèce qui s’inscrit parfaitement dans la problématique de conservation des ripisylves et des zones boisées mâtures, notamment celles qui jouxtent immédiatement les cours d’eau de la vallée de Vauvenargues. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 42 Fiche n°E.r.2 : les amphibiens de l’annexe IV f Crapaud calamite Moins répandu que le Crapaud commun, le Calamite occupe un biotope plus large que ce premier. En effet, on le rencontre aussi bien dans les zones cultivées qu’en pleine garrigue mais beaucoup moins à proximité des zones anthropisées. Bien que très peu contacté à l’intérieur du périmètre, il est présent ponctuellement dans la vallée de Vauvenargues notamment dans le secteur du col des Portes et du Puits d’Auzon. Sa présence a également pu être établie dans les secteurs cultivés entre Jouques et le massif de Concors. Les autres contacts se sont faits au sud aux environs de Puyloubier et à la sortie de Saint Antonin sur Bayon. On signalera la régularité de l’espèce à proximité du site dans le secteur de Pourrières autour des vignobles. Peu de menaces pèsent sur cet animal qui est bien représenté dans notre région. Toutefois, l’utilisation en surnombre de produits phytosanitaires, la fermeture des milieux et la disparition des points d’eau temporaires peuvent représenter un danger. f Rainette méridionale Cette espèce est assez régulièrement contactée dans le périmètre Natura 2000 notamment à proximité des habitations où la majorité des contacts ont lieu. Ainsi, les observations proviennent de la vallée de Vauvenargues (les Lamberts) et de Saint Antonin sur Bayon (de la maison Ste Victoire au pont de l’Anchois). Rajoutons que plusieurs observations ont été faites en pleine garrigue sous la barre du Cengle plus exactement. Cela s’explique par la présence d’abreuvoirs à gibiers. Aucune menace ne pèse véritablement sur cette espèce. Comme tous les amphibiens, elle pâtit de l’emploi en surnombre des produits phytosanitaires que ce soit au niveau agricole ou dans les jardins privés, ainsi que de la diminution de certains de ses habitats comme les mares ou autres points d’eau. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 43 Fiche n°E.i : les insectes d’intérêt communautaire et patrimonial DESCRIPTION GLOBALE DE L’ETAT DE CONSERVATION DU SITE : Fiche n° E.i.1 : Les papillons de jour 116 espèces ont été recensées, soit 87% des espèces connues en Var et Bouches-du-Rhône. L’inventaire des Rhopalocères du site a donc atteint un excellent niveau d’avancement. Il peut être amélioré par la réalisation de prospections ciblées sur certaines espèces potentielles manquantes à ce jour à la liste. Cette très grande diversité spécifique en papillons de jour est liée à une assez bonne diversité de milieux naturels au sein du territoire étudié. Les papillons de jour d’intérêt communautaire « le Damier de la Succise » (Euphydryas aurinia provincialis) Description et intérêt : Abondance des populations connues Abondant (14 stations connues) Habitats de l’espèce Milieux ouverts et semi ouverts de pelouses et de garrigues sèches et rocailleuses. Niveau de connaissance Satisfaisant mais incomplet. Etant donné l’abondance des milieux potentiellement favorables à l’espèce, celle-ci doit être très abondante sur le territoire. Evolution des effectifs : Probablement en faible régression Statut local Bon état de conservation DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 44 Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Conservation des habitats naturels favorables à l’espèce f Compléments de prospections (affiner les connaissances sur la répartition de l’espèce) et mettre en place une veille régulière sur l’espèce f Etude sur les plantes-hôtes utilisées par l’espèce sur le territoire. « l’Alexanor » (Papilio alexanor) Description et intérêt : Abondance des populations connues Présence à confirmer (1 citation historique imprécise : « Ste Victoire, 1950 ») Habitats de l’espèce Milieux ouverts et bien exposés de pelouses sèches et rocailleuses Niveau de connaissance Très faible ; prospections ciblées à réaliser. Evolution des effectifs : Probablement en forte régression Statut local Très défavorable : espèce en très forte régression (disparue ?) Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Conservation des habitats naturels favorables à l’espèce f Prospections ciblées « La Diane » (Zerynthia polyxena) Description et intérêt : Abondance des populations connues Rare (3 stations dans le même secteur) Habitats de l’espèce Les milieux humides favorables au développement des plantes hôtes (aristoloches) Niveau de connaissance Bon niveau de connaissance, quasi-exhaustif. La seule zone encore non prospectée qui pourrait accueillir l’Aristoloche arrondie (A. rotunda) est la vallée du Béarn, en amont de la zone déjà connue. Evolution des effectifs : Probablement en faible régression Statut local Vulnérable Facteurs de gestion favorables à l’espèce : La station la plus sensible est celle de Jouques. Sur ce site, les aristoloches sont localisées en bordures des prairies humides, sur les talus : f Maîtrise foncière ou d’usage des parcelles concernées et mise en place d’une gestion conservatoire des populations f Etablir un plan de gestion concerté de la station (Diagnostic fin de la population, concertation avec les propriétaires, gestionnaires et utilisateurs de la zone) f Limiter la pratique des brûlages de roselières sèches. Préférer la non-intervention, ou l’entretien par fauche (un peu moins traumatisante). f Améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce et en particulier sur la continuité des populations et mettre en place d’une veille régulière sur l’espèce. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 45 Liste des papillons de jour d’intérêt communautaire et patrimonial 23 espèces présentent un enjeu de conservation particulier : Espèce : Répartition, abondance et évolution en France Catégorie et statut de protection PAN A3 Enjeu de conservation (à l’échelle régionale ou nationale) Agrodiaetus dolus : Méditerranéen localisé mais abondant, aire disjointe Arethusana arethusa : Assez localisé, abondant, en régression dans le nord de la France Faible à modéré Argynnis pandora : Répandu sur les côtes atlantiques et la région méditerranéenne, mais peu abondant Faible à modéré Brenthis hecate : Tiers méridional de la France, très localisé et peu abondant PAN B Assez fort Chazara briseis : Assez répandu et abondant en zone méditerranéenne. Très localisé et en régression ailleurs. PAN A1 Fort Erebia epistygne : Méditerranéen, très localisé et rarement abondant. PAN A2, Livre rouge européen Fort Euchloe tagis : Méditerranéen. Très localisé PAN A3 Fort Euphydryas aurinia provincialis : Méditerranéen, commun PN, DHFF2 Modéré Hyponephele lupina : Méditerranéen très localisé et peu abondant. PAN A1 Fort Iolana iolas : Méditerranéen très localisé et assez rare. PAN A2 Fort Laeosopis evippus : Méditerranéen, très localisé, assez peu commun PAN B Fort Leptidea duponcheli : Méditerranéen, localisé et peu abondant, aire disjointe Modéré Libythea celtis : Méditerranéen répandu, parfois abondant Modéré Lysandra hispana : Méditerranéen assez répandu et abondant. Faible Meleageria daphnis : Méditerranéen localisée et peu abondante, absente en plaine méditerranéenne Mellicta dejone : Tiers méridional, très localisé. Papilio alexanor : Alpes du Sud, localisé et peu abondant Pieris mannii : France. Espèce mal connue, dite répandue et abondante en zone méditerranéenne. Faible à modéré Polyommatus amandus : Basses montagnes méridionale, très localisée et peu abondante Modéré Pyrgus onopordi : Tiers méridional. Localisé, peu abondant, en régression Pyrgus sidae : Méditerranéen, localisé, peu abondant, en limite PAN A3 d’aire, (en régression) Assez fort Zerynthia polyxena : Méditerranéen, localisé assez abondant, limite d’aire, régression PN, DHFF4, PAN A3 Très fort Zerynthia rumina : Méditerranéen, assez localisé mais abondant PN Modéré PAN B Modéré Fort Assez fort PN, DHHF4, PAN Fort B PAN B Modéré Légende : PAN : Programme d’Actions Nationales (A1 : très fort déclin partout en France, A2 : fort déclin, A3 : déclin moyen, B : à surveiller) ; PN : espèces bénéficiant d’une Protection Nationale ; DHFF : espèces inscrites annexes 2 ou 4 de la Directive Habitats Faune Flore, (* : espèce prioritaire). DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 46 Fiche E.i.2 : Les papillons de nuit 16 espèces ont été recensées, soit une part minime des nombreuses espèces connues dans le Var et les Bouches-du-Rhône (environ 2500). Au sein du sous-ordre des Hétérocères, les zygènes (famille des Zygaenidés) sont actives de jour et ont donc été étudiées lors des mêmes campagnes de prospections que les papillons de jour (Rhopalocères). L’inventaire de cette famille bénéficie d’un excellent niveau d’avancement (15 espèces). Les autres familles (Noctuidae, Geometridae, etc.), plus difficiles à étudier, ne sont que très partiellement connues. Seule, l’écaille chinée (Callimopha quadripunctaria), espèce communautaire (prioritaire) mais commune en France et notamment en Provence, est signalée. Parmi les espèces de la directive habitat et potentielles sur le site (connues à proximité), le Sphinx de l’argousier (Hyles hyppophaes) ne peut se trouver sur le site, sa plante-hôte n’ayant pas été rencontrée. Il existe par contre sur la Durance, près de Pertuis. Le Sphinx de l’épilobe (Proserpinus proserpina) n’a pas non plus été observé. La plante-hôte principale, les épilobes, existe près du ruisseau de St Bacchi, à la fenêtre des Vacons et dans le vallat de l’Abeou. La présence de ce beau sphinx crépusculaire reste donc potentielle sur le territoire d’étude. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 47 Liste des papillons de nuit d’intérêt communautaire et patrimonial Espèce : Répartition, abondance et évolution en France Catégorie et statut de protection Enjeu de conservation (à l’échelle régionale ou nationale) Aglaope infausta : Tiers méridional, en assez forte régression Fort Callimorpha quadripunctaria : Presque toute la France, localement en DHFF2* régression faible mais encore abondant. Modéré Zygaena hilaris : PACA, Rhône-Alpes et LanguedocRoussillon. Répandu, mais souvent en faible densité. Localement en régression. Modéré Zygaena nevadensis : Alpes méridionales Assez fort Zygaena occitanica : Tiers méridional. Faible à modéré Zygaena rhadamanthus : Zone méditerranéenne Zygaena sarpedon: Zone méditerranéenne, atlantique et ligérienne. Effectifs en faible densité mais semblant stables. PN Modéré Faible à modéré Légende : PAN : Programme d’Actions Nationales (A1 : très fort déclin partout en France, A2 : fort déclin, A3 : déclin moyen, B : à surveiller) ; PN : espèces bénéficiant d’une Protection Nationale ; DHFF : espèces inscrites annexes 2 ou 4 de la Directive Habitats Faune Flore, (* : espèce prioritaire). Les papillons de nuit d’intérêt communautaire « L’Ecaille chinée » (Callimorpha quadripunctaria) Description et intérêt : Abondance des populations connues Rare (2 stations connues) Habitats de l’espèce Utilise tous les habitats naturels : Milieux très ouverts de pentes rocheuses, éboulis Pelouses sèches et milieux boisés Milieux frais de bord de ruisseaux ou de fond de vallons Niveau de connaissance Très probablement beaucoup plus répandue. L’espèce est assez difficile à observer et est potentiellement présente dans tout le territoire d’étude. Evolution des effectifs : Probablement stable et localement en régression faible Statut local Probablement en bon état de conservation, à confirmer Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Favoriser le maintien des milieux herbeux et semi-ouvert f Compléments de prospections : affiner les connaissances sur la répartition de l’espèce et sur la continuité des stations (fonctionnement en métapopulations). DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 48 Fiche E.i.3 : Les orthoptères 33 espèces ont été recensées, soit 20% des espèces connues du Var et des Bouches-du-Rhône, et 27 % des espèces connues du Parc Naturel Régional du Luberon. La liste des espèces est donnée en annexe. L’inventaire des Orthoptères du site a donc atteint un niveau d’avancement nettement améliorable. Parmi ces espèces, trois représentent ont une valeur patrimoniale et/ou réglementaire notable : Répartition et abondance en France Espèce : Catégorie et statut de protection Enjeu de conservation (à l’échelle régionale ou nationale) Saga pedo : Méditerranéen répandu mais en faible densité. LRF menacée niveau 3 (menace modérée), PN, DHFF4 Assez fort Prionotropis hystrix azami : Endémique des collines et piémonts sudalpins. Assez localisé. LRF menacée niveau 2 (menace forte), PN Très fort Pararcyptera microptera kheili : Endémique des collines provençales et des piémonts sud-alpins. Assez commun. LRF menacée niveau 3 (menace modérée) Assez fort Légende : PAN : Programme d’Actions Nationales (A1 : très fort déclin partout en France, A2 : fort déclin, A3 : déclin moyen, B : à surveiller) ; PN : espèces bénéficiant d’une Protection Nationale ; DHFF : espèces inscrites annexes 2 ou 4 de la Directive Habitats Faune Flore, (* : espèce prioritaire). Les orthoptères d’intérêt communautaire Saga pedo Pallas, 1771 « La Magicienne dentelée » Description et intérêt : Abondance des populations connues Peu de stations connues (5 stations récentes) Espèce en densité toujours faible Habitats de l’espèce Milieux de garrigues et pelouses steppiques ou mésophiles de l’étage méditerranéen au montagnard. Niveau de connaissance Répartition de l’espèce mal connue. La discrétion de l’espèce ne facilite pas sa détection. Les habitats favorables à l’espèce sont nombreux sur le site. Espèce probablement bien représentée sur le site. Statut local Favorable (bon état de conservation) Evolution des effectifs : inconnue Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Favoriser le maintien des milieux herbeux et semi-ouvert notamment par du pâturage extensif. f Améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce et en particulier sur la continuité des populations. f Veille régulière sur l’espèce f Etude des capacités de la dynamique de re-colonisation d’habitats ayant bénéficiés de réouverture. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 49 Fiche n°E.i.4 : Les coléoptères Au total, 267 espèces appartenant à 32 familles ont été récoltées. Les Cérambycides sont les coléoptères les plus représentés avec 51 espèces. Beaucoup d’espèces considérées comme rares, peu courantes ou bio-indicatrices ont été trouvées. C’est le cas d’Elater ferrugineus, gros taupin (Elateridae) qui vit sur les chênes et qui est considéré comme rare (Chatenet, 2000 ; Leseigneur, 1972), les bousiers Copris umbilicatus et Sisyphus schaefferi, rares et en régression en France. Des longicornes peu courants, comme Phytoecia rufipes qui vit sur le fenouil, ou le Ropalopus insubricus (sur les érables) ont aussi pu être observé. Le bupreste du genévrier, Palmar festiva, espèce rare (Chatenet, 2000) a été observé à deux reprises (Maughan en 2002; Boyer en 2004). Le Barbot ou pique-prune Osmoderma eremita, cétonide protégé en France et inscrit aux annexes 2 (prioritaire) et 4 de la directive habitats, inféodé aux vieux arbres, n’a pas encore été observé sur le site. Il est fort probable que cet insecte puisse se trouver dans les chênaies situées dans le nord-est du site d’étude. Des prospections plus approfondies seront donc nécessaires. Espèce : Répartition en France, abondance et évolution Statut réglementaire Enjeu de conservation (à l’échelle régionale ou nationale) Callimus abdominalis : Sud de la France et basse vallée du Rhône. Rare Modéré Cerambyx cerdo : Presque toute le France. Abondant Copris umbilicatus : Sud du Massif Central, Alpes du sud. Fort Eurythyrea micans : Sud de la France, et localement dans le centre-est. Localisé. Faible à modéré Hesperophanes pallidus : Presque toute la France. Rare. Méconnu. Faible à modéré Lucanus cervus : Presque toute la France. Commun dans le sud, localisé ailleurs Palmar festiva : Dans une grande partie de la France. Localisé Faible à modéré Phytoecia rufipes : Sud-est de la France. Très rare. Fort Ropalopus insubricus : Alpes du sud. Rare Fort PN, DHFF2,4 DHFF2 Modéré Modéré Légende : PAN : Programme d’Actions Nationales (A1 : très fort déclin partout en France, A2 : fort déclin, A3 : déclin moyen, B : à surveiller) ; PN : espèces bénéficiant d’une Protection Nationale ; DHFF : espèces inscrites annexes 2 ou 4 de la Directive Habitats Faune Flore, (* : espèce prioritaire). Les coléoptères d’intérêt communautaire Cerambyx cerdo Linné, 1758 « le Grand Capricorne » Abondance locale : Abondance des populations connues Assez rare (3 stations) Habitats de l’espèce Toutes les chênaies. Niveau de connaissance Probablement très commun, étant donné l’abondance de chênes verts et chênes pubescents. Evolution des effectifs : Probablement en faible progression (développement de la chênaie verte sur certains milieux ouverts). Statut local Bon état de conservation DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Favoriser le développement de peuplements de bois sénescent f Améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce. f Veille régulière sur l’espèce Lucanus cervus « le Lucane Cerf-volant » Abondance locale : Abondance des populations connues Rare (1 station) Habitats de l’espèce Les chênaies âgées présentant des bois dépérissant Niveau de connaissance Il existe probablement davantage de très nombreuses autres populations. Evolution des effectifs : Inconnue. Statut local Etat de conservation inconnu, probablement satisfaisant Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Favoriser le développement de peuplements de bois sénescent f Améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce. f Veille régulière sur l’espèce DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 50 Description de la valeur écologique du site 51 Fiche n°E.i.5 : Les Odonates 26 espèces ont été recensées, soit 37% des espèces connues en Var et Bouches-du-Rhône. La liste complète est donnée en annexe. L’inventaire des Odonates du site, assez pauvre en milieux aquatique, semble avoir atteint un bon niveau d’avancement. Il peut être amélioré par la réalisation de prospections ciblées sur certaines espèces potentielles manquantes à ce jour à la liste. Cette très grande diversité spécifique est liée à une assez bonne diversité de milieux naturels au sein du territoire étudié. Certaines espèces non observées en 2003/2004 et jamais signalée de la zone restent très potentielles car connues à proximité dans des milieux assez similaires (Coenagrion caerulescens, Platycnemis latipes, P. pennipes, Sympetrum fonscolombei, Oxygastra curtisii, etc.). 4 espèces présentent un enjeu de conservation modéré ou fort : Espèce : Répartition en France et abondance Statut réglementaire Evolution des Enjeu de conservation effectifs (à l’échelle régionale ou nationaux nationale) Coenagrion mercuriale Presque toute la France où il est PN, DHFF assez bien représenté (surtout dans l’est et le sud) Stable Modéré Ischnura pumilio Toute la France, mais souvent rare Non connu Faible à modéré Gomphus simillimus Existe dans toute la France où il est généralement rare Non connu Assez fort Cordulegaster boltonii immaculifrons N’existe, en France, que dans la région méditerranéenne où il est bien représenté. Stable Faible à modéré DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 52 Légende : PAN : Programme d’Actions Nationales (A1 : très fort déclin partout en France, A2 : fort déclin, A3 : déclin moyen, B : à surveiller) ; PN : espèces bénéficiant d’une Protection Nationale ; DHFF : espèces inscrites annexes 2 ou 4 de la Directive Habitats Faune Flore, (* : espèce prioritaire). Les Odonates d’intérêt communautaire Coenagrion mercuriale (Charpentier, 1840) « L’Agrion de Mercure» Abondance locale : Abondance des populations connues Probablement assez commun (3 stations sur 6 sites prospectés) Habitats de l’espèce Cours d’eau permanents de faible importance et autres points d’eau (mares) Niveau de connaissance Répartition sur le site d’étude encore mal connue. De nombreuses populations restent probablement à découvrir. Evolution des effectifs : Probablement en faible régression Statut local Bon état de conservation Facteurs de gestion favorables à l’espèce : f Favoriser la conservation des habitats naturels favorables à l’espèce f Améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce et en particulier sur la continuité des populations. f Veille régulière sur l’espèce DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 53 Fiche n°E.c: les Chiroptères de l’Annexe II Le site possède un réseau souterrain important. Certaines cavités sont déjà connues comme étant des gîtes majeurs pour les chauves-souris. La présence de sept espèces classée à l’annexe II de la directive Habitats sur les 12 espèces inventoriées sur le site, témoigne de la richesse écologique du site. On notera cependant la possible disparition du Rhinolophe euryale. Tableau de synthèse des espèces de chiroptère Espèces nom latin Espèce de l’annexe 2 Observations locales de l’espèce Etat de conservation local Rhinolophus ferrumequinum n Rhinolophus hipposideros n Inconnu Rhinolophus euryale n Non évalué Grand Murin Myotis myoti) n Non évalué Petit murin Myotis blythii n Murin de Daubenton Myotis daubentonii n Murin de Capaccini Myotis capaccinii n Grand rhinolophe Petit rhinolophe Rhinolophe euryale Murin à oreilles échancrées Murin de Natterer Murin de Bechstein Myotis emarginatus Non évalué n Inconnu Myotis nattereri n Non évalué Myotis bechsteinii n Noctule commune Nyctalus noctula Noctule de Leisler Nyctalus leisleri Inconnu Non évalué n Non évalué Non évalué Grande Noctule Nyctalus lasiopterus Sérotine commune Eptesicus serotinus n Non évalué Pipistrelle commune Pipistrellus pipistrellus n Non évalué Pipistrelle soprane Pipistrellus pygmaeus n Non évalué Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii n Non évalué Pipistrellus nathusii n Non évalué Hypsugo savii n Non évalué Plecotus austriacus n Non évalué Barbastelle commune Barbastella barbastellus n Non évalué Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersii n Tadarida teniots n Pipistrelle de Nathusius Vespère de Savi Oreillard gri Molosse de Cestoni Non évalué n Observation de l’espèce postérieure à 1990 n Observation de l’espèce antérieur à 1990 n Pas d’observation / présence probable ☺ : Etat de conservation favorable (forte distribution, en extension, pas de menace) ; : Etat de conservation moyen (distribution moyenne, dynamique stable, manque de connaissances, menaces possibles) : Espèce en mauvaise état de conservation (disparition, faible distribution, en régression, menaces importantes) DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 54 f Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) • Le Grand Rhinolophe se rencontre régulièrement dans les cavités peu dérangées de la montagne Sainte-Victoire et dans un tunnel à Peyrolles en effectifs faibles. L’espèce est donc régulière sur le site (présence de gîtes et d’espaces de chasse favorables), mais aucun rassemblement ni aucune colonie ne sont connus. L’espèce est donc peu commune. Il est probable qu’une ou plusieurs colonies soient présentes sur le site ou à proximité du site Natura 2000. • Tous les contacts de Grands rhinolophes correspondent à des observations en gîte d’individus isolés le plus souvent. Aucun individu n’ayant été capturé et aucune femelle avec jeune n’ayant été observée, nous n’avons pas de preuve de la reproduction de cette espèce sur le site. Des prospections complémentaires sont donc nécessaires pour statuer sur cette espèce. Aucune colonie de reproduction n’est actuellement connue dans les Bouches-du-Rhône (petite colonie probable à Orgon et à Saint-Rémy de Provence). La recherche de gîtes de reproduction est donc prioritaire pour la conservation de l’espèce. Elle peut se faire par implication de la population locale (« Programme Village »). La zone Ste Victoire, ainsi que la périphérie, sont propices à l’espèce. Le maintien et la reconstitution des populations du Grand rhinolophe impliquent la mise en œuvre de mesures concomitantes de protection au niveau des gîtes, des terrains de chasse et des corridors boisés de déplacement et de limitation des infrastructures. f Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) • Le Petit Rhinolophe fréquente des cavités du Nord de la montagne Sainte-Victoire jusqu’au Nord du site. L’espèce semble très rare sur le site cependant deux colonies ont été récemment découvertes autour de la montagne des Ubacs. Il s’agit très certainement de colonies de reproduction. Le Petit rhinolophe est une espèce dont l’écologie en zone méditerranéenne est méconnue. • En région PACA, la principale cause de raréfaction vient de la disparition des réseaux de gîtes liés au bâti qu'il occupait (granges, caves, combles, bergeries…). Sa survie dépend du maintien des paysages agro-pastoraux traditionnels et d'un réseau important de gîtes peu éloignés les uns des autres (bâtiments et grottes). f Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) • Nous ne disposons que d’une donnée sur le site dans une cavité du vallon des Masques. C’est une espèce probablement peu commune. • Le Murin à oreilles échancrées se nourrit majoritairement de mouches et d'araignées. Comme le Grand rhinolophe, il apprécie les paysages morcelés, riches en habitats et en écotones ainsi que la présence du pâturage. Le murin à oreille échancrée semble préférer pour la chasse les forêts âgées et pluristratifiées. f Petit murin (Myotis blythii) • D’après les données dont nous disposons, il semble que le Petit murin fréquente régulièrement le site. L’espèce s’est très certainement reproduite à la grotte des Artigues et fréquente toujours le site en transit. La grotte de la Daouste semble avoir été un lieu très important pour les chiroptères dans les années 60. Le petit murin y était très certainement représenté. La Grotte au Champignons pourrait avoir hébergé une colonie de l’espèce par le passé (conditions thermique favorables, mais dérangement excessif). Le site dispose donc de plusieurs sites favorables à l’espèce mais le dérangement semble actuellement réduire ses possibilités de maintien et de reproduction. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 55 • Des prospections complémentaires seraient nécessaires pour mettre en évidence la reproduction de l’espèce sur le site. Une importante colonie de reproduction se trouve à proximité du site dans les basses gorges du Verdon et le site de la Sainte-Victoire sert de zone de chasse pour cette population. La mise en tranquillité des sites cavernicoles naturels importants pour l’espèce est essentielle : Grotte des Artigues (à rattacher au site prioritairement), la grotte de la Daouste et la grotte aux Champignons. Toute mise en tranquillité des tunnels ne peut qu’être favorable à l’espèce et lui fournir un réseau de gîtes sécurisés qui pourrons voir dans un proche avenir le retour de l’espèce. L’accompagnement du pâturage extensif est favorable au maintien de milieux de chasse du Petit murin. La recherche de sites de reproduction est aussi importante. f Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi) • Le Minioptère de Schreibers est une espèce grégaire strictement cavernicole et méditerranéenne qui occupe un réseau limité de cavité en Provence-Alpes-Côtes d'Azur et dans Sainte-Victoire. Le Minioptère est une espèce devenue très rare en France en quelques décennies, il convient donc de faire tout ce qui est possible pour la maintenir en bon état de conservation. Quatre sites semblent essentiels à la survie de l’espèce et à la reconstitution des populations aujourd’hui très réduites : Gouffre du Garagaï, Grotte de la Daouste, Grotte des Artigues, Grotte des Champignons. • Des prospections complémentaires et des suivis seraient nécessaires pour mettre en évidence la reproduction de l’espèce sur le site. La préservation du Gouffre du Grand Garagaï est importante à la survie de l’espèce (transit). De même, la mise en tranquillité de la grotte aux Champignons est à favoriser. Un aménagement sous forme d’un périmètre grillagé autour de la Grotte des Artigues doit être réalisé. Enfin, la mise en tranquillité de la grotte de la Daouste est un enjeu important pour le site et l’espèce. Ces travaux doivent se faire en collaboration avec les spéléologues et archéologues. f Murin de Capaccini (Myotis capaccinii) • Le Murin de Capaccini est une espèce grégaire strictement cavernicole et méditerranéenne qui occupe un réseau limité de cavités en Provence-Alpes-Côtes d'Azur et une seule dans SainteVictoire. Le Murin de Capaccini est une espèce devenue très rare en quelques décennies, il convient donc de faire tout ce qui est possible pour la maintenir en bon état de conservation. • Les derniers éléments de sa biologie recueillis par télémétrie (programme Life Chiroptères 2004-2008), montrent que les femelles de la colonie d’Esparron dans les basses gorges du Verdon fréquentent la grotte de la Daouste. Le site ets donc d’importance pour la conservation de cette espèce rarissime en France. • Des prospections complémentaires et des suivis seraient nécessaires pour mettre en évidence la reproduction de l’espèce sur le site. La mise en tranquillité de la grotte de la Daouste est un enjeu important pour le site et l’espèce. Ces travaux doivent se faire en collaboration avec les spéléologues et archéologues. f Murin de Beschtein (Myotis bechsteini) • Le Murin de Beschtein est une espèce typiquement forestière pour le gîte et principalement forestière pour les territoires de chasse. Il est présent sur le site N2000 où deux contacts seulement ont été obtenus en un même endroit : au Col des Portes en période de reproduction. Cette espèce est devenue très rare en Europe du fait des exploitations forestières inaptes à maintenir des conditions biologiques favorables à la faune. • Un programme de conservation forestière sur le site N2000 serait très favorable à la préservation du Murin de Beschtein : - la création de noyaux de conservation de plusieurs hectares sur le site - la création d’un réseau d’îlots de sénescence et de vieillissement - un maintien de tous vieux peuplements actuels tels les vieux arbres en ripisylve ou forêts riveraines, les fonds de vallons tels le Délubre et le vallon Sud du col des Portes, les arbres isolés âgés en alignements ou vergers par ex. - une limitation des coupes « d’entretien » (DFCI ou « nettoyage » de rivière) dans des espaces fragiles, dynamiques et diversifiés que sont les vallons et les boisements riverains, ripisylves ou non. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 56 Description de la valeur écologique du site 57 TABLE D'EVALUATION DES MESURES DE GESTIONS ET DE CONSERVATION POUR LES CHAUVES-SOURIS DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 58 Fiche n°E.a: les espèces aquatiques d’intérêt communautaire Ces espèces n’ont pas fait l’objet d’une étude particulière. Les informations présentées sont issues : f du « plan départemental pour la protection du milieu aquatique et la gestion des ressources piscicoles » rédigé en 2003 par la Fédération des Bouches du Rhône pour la pêche et la protection du milieu aquatiques. f Des fiches espèces des Cahiers habitats Natura 2000 édités par la Documentation Française. Le site compte quatre cours d’eau qui sont Le Bayon, La Cause, le Labéou et le Réal. Ils hébergent 4 espèces d’intérêt communautaire: l’écrevisse à pattes blanches, le Blageon et le Barbeau fluviatile. L’écrevisse à pattes blanches DIAGNOSTIC : f Statut : figure à l’annexe 2 et 5 de la directive habitats, inscrite à l’annexe 3 de la convention de Berne et est susceptible de bénéficier de mesures de protection prises dans le cadre d’un arrêté de biotope au niveau national. f Localisation sur le site : le Bayon et le Réal. f Etat de conservation sur le site : Inconnu FACTEUR DE GESTION FAVORABLE A L’ESPECE : f Au XIXe siècle, les populations étaient abondantes et l’Écrevisse à pieds blancs colonisait l’ensemble du territoire. Actuellement, les peuplements ont dangereusement régressé, subissant l’action conjuguée de la détérioration des biotopes liée à l’activité anthropique (pollution de l’eau, ménagements urbains, rectification des cours avec destruction des berges, exploitation forestière ou agricole avec usage de fongicides et d’herbicides...) et des introductions d’espèces (poissons ou écrevisses exotiques concurrentes plus résistantes). f La généralisation des facteurs perturbant à l’échelle européenne constitue une réelle menace pour l’espèce à moyen terme. f Préciser son état de conservation par un inventaire de la population f La protection des biotopes dont la dégradation progressive renforce les conditions de prolifération d’espèces concurrentes plus résistantes. Cette démarche suppose une réelle prise en compte des biotopes à écrevisses : protection des berges naturelles, contrôle des travaux d’équipement, traitement des effluents pollués, etc. f Le respect de la législation sur le commerce et le transport des écrevisses (arrêté du 21/07/1983), notamment l’interdiction de transport des écrevisses exotiques vivantes ; f L’information et la sensibilisation du public à la préservation de l’espèce ; f Suivi de l’espèce et des populations. Le Blageon DIAGNOSTIC : f Statut : figure à l’annexe 2 de la directive habitats et à l’annexe 3 de la convention de Berne, inscrite au « livre rouge des espèces menacées de poissons d’eau douce de France » et classée comme rare au niveau régional ; f Localisation sur le site : le Bayon, la Cause aval (après le barrage Bimont), le Labéou et le Réal f Etat de conservation sur le site : Inconnu DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 59 FACTEUR DE GESTION FAVORABLE A L’ESPECE : f Le Blageon est en régression en Europe. Sur plusieurs points du réseau hydrobiologique et piscicole (RHP), il s’est raréfié et a diminué en taille. f Préciser son état de conservation par un inventaire de la population f Suivi de l’espèce et des populations f Maintenir la stabilité et la qualité des systèmes hydrologiques des eaux courantes, des nappes phréatiques et des eaux dormantes (ni drainage, ni marnage artificiel, ni barrages, surveillance de la pollution). f Maintenir la qualité physico-chimique des eaux et un débit minimum dans les cours d’eau et réseaux d’eau courante. Le Barbeau fluviatile DIAGNOSTIC : f Statut : figure à l’annexe 5 de la directive habitats bien que largement répandu en France et dans notre région. f Localisation sur le site : le Bayon, la Cause aval (après le barrage Bimont), le Labéou et le Réal f Etat de conservation sur le site : Inconnu FACTEUR DE GESTION FAVORABLE A L’ESPECE : f préciser son état de conservation sur le site par un inventaire de la population f Largement répandue en France et en Europe, morphologiquement et génétiquement homogène, cette espèce n'est pas considérée comme menacée f Suivi de l’espèce et des populations Le Chabot DIAGNOSTIC : f Statut : figure à l’annexe 2 de la directive habitats. f Localisation sur le site : le Réal f Etat de conservation sur le site : Inconnu FACTEUR DE GESTION FAVORABLE A L’ESPECE : f préciser son état de conservation sur le site par un inventaire de la population f Réhabilitation du milieu (habitats, pollution), éviter la canalisation des cours d’eau… f Lutte contre l’implantation d’étangs en dérivation, ou en barrage sur les cours d’eau de tête de bassin. f Suivi de l’espèce et des populations. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Description de la valeur écologique du site 60 Habitats d’intérêt communautaire Pelouses et landes 6210 4090 5210 5110 9340 9380 92A0 Gouffeia arenarioides Mammifères Oiseaux (espèces nicheuses) Invertébrés Damier de la Succise Ecaille chinée Grand Capricorne Lucane Cerf-volant Agrion de Mercure Ecrevisse à pattes blanches Aigle de Bonelli Aigle royal Alouette lulu Bruant Ortolan Circaète Jean-le-blanc Engoulevent d’Europe Fauvette pitchou Grand-duc d’Europe Pie-grièche écorcheur Pipit rousseline Rollier d’Europe Grand rhinolophe Petit rhinolophe Petit murin Murin de Capaccini Murin à oreilles échancrées Murin de Bechstein Minioptère de Schreibers Blageon Chabot Poi sso Espèces Natura 2000 (Annexe 2 directive « habitat » et annexe 1 directive « oiseaux ») Plant es 6220 Habitats forestiers - Autres habitats d’espèce importants Habitats rocheux 8130 Habitats humides 8210 8310 7220 3150 3290 2/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T Autres Pelouses Garrigues Pinèdes Milieux agricoles 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A 1/A 1/A 1/T 2/T 1/A 2/A 1/A 1/A 1/A 2/A 1/A 1/A 1/A x/A 2/A 1/A 2/T 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A 1/A 1/T 2/T 1/A 1/T 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A 1/T 1/T 1/A 1/T 1/T 1/A 1/A 1/A x/A 1/A 1/A 1/A x/A 1/A 1/A 1/A x/A 1/A 1/A 1/A x/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 2/S 2/S 2/R 1/T 2/R 1/T 1/T 2/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/T 1/RS 1/RS 1/T 1/A 2/T 1/T 1/RS 1/T 1/T 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A 1/RS 1/T 2/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A x/A 2/A 2/A 1/T 2/T 2/A 1/T 1/T 1/A 1/T 1/T 2/A 1/A 1/A 1/A x/A 1/R 1/A 1/T 1/T 1/T 1/A 1/A 1/R 1/SA 1/SA 1/R 1/SA 1/SA 1/R 1/SA 1/SA x/A x/A 1/A 1/S 1/S 1/RS 1/RS 1/A 1/SA 1/SA 1/SA 1/RS 1/A 1/A 1/A 1/A 1/SA 1/SA 1/SA 1/S 2/A 2/A 1/SA 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/RS 1/A 1/A 1/A 1/A 1/A 1/T 1/T 1/A x/A 1/A 1/T 1/T R = reproduction ; A = alimentation ; S = stationnement, refuge ; C = corridors, déplacement ; T = toutes fonctions confondues (plantes, animaux fixés) 1 = habitat principal (ou important pour l’espèce) ; 2 = habitat secondaire ; x = habitat fréquenté (manque de connaissances scientifiques sur l’importance de l’habitat pour l’espèce considérée) ; ? = habitat susceptible d’être fréquenté (manque de connaissances scientifiques sur l’écologie de l’espèce) DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 1/A 1/A 2/T 2/T 1/A 2/T 2/A Analyse et hiérarchisation des enjeux de conservation ANALYSE ET HIERARCHISATION DES ENJEUX DE CONSERVATION DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 61 Analyse et hiérarchisation des enjeux de conservation 62 Sur la base de cette description de la valeur écologique du site, le comité de pilotage a défini et retenu les enjeux de conservation des habitats naturels et des espèces spécifiques à la démarche Natura 2000. Il s’agit « des questions qui se posent au territoire ». LES ENJEUX LIES A LA CONSERVATION DES HABITATS NATURELS f L’importance écologique des pelouses « naturelles », en régression, à l’échelle européenne. Le site est bien pourvu en milieux ouverts herbeux. Certaines pelouses, du fait de leur stabilité naturelle ou de la gestion qui s’y exerce, sont dans un état de conservation favorable. D’autres, par contre, sont en régression, faute d’entretien. Elles évoluent vers des milieux de garrigues qui sont nettement moins riches biologiquement et déjà largement répandus sur le territoire. f La rareté des forêts âgées, d’une grande importance écologique. Le passage régulier du feu et l’exploitation forestière intensive passée font qu’il n’existe pratiquement aucune forêt âgée sur le site. La vocation de « réservoir biologique » de la forêt en est donc absente. Pourtant, quelques rares îlots de grands et vieux arbres semblent témoigner du potentiel forestier offert par certaines zones. f Le risque de déstabilisation des habitats d’éboulis. Ces milieux sont par essence très instables et très sensibles à toute action de déstructuration de leur substrat. S’ils semblent supporter les passages des randonneurs en traversées, la descente « en ramasse » leur est très préjudiciable. f La gestion écologique des ripisylves. Peuplements boisés de bords de rivières, ce sont des forêts très spécifiques. Très peu répandues sur le site, il convient de conserver leur fonctionnalité. Pour cela, il est nécessaire d’améliorer les connaissances scientifiques sur la composition et le fonctionnement de ces milieux. LES ENJEUX LIES A LA CONSERVATION DES ESPECES f L’importance du massif de Sainte-Victoire pour la conservation des rapaces et des oiseaux rupestres. La surface importante de falaises du massif constitue une opportunité écologique pour la nidification de ces espèces. L’incendie de 1989, en ré ouvrant très violemment les milieux, a permis le développement de lieux d’alimentation très favorables sur les crêtes et sur le piedmont. Ces deux conditions permettent aujourd’hui d’évaluer un bon état de conservation de ces espèces. L’augmentation de la fréquentation et la dynamique naturelle de reboisement pourraient modifier ces conditions favorables. f La fermeture à l’échelle du site des anciens milieux ouverts. Les milieux ouverts (pelouses, garrigues, certaines parcelles agricoles) constituent des habitats privilégiés pour le développement d’une faune et d’une flore importantes. Ils sont souvent liés à des activités qui aujourd’hui ont disparu ou sont nettement moins présentes sur le site. De ce fait, on assiste à un phénomène de « fermeture » par la recolonisation de la forêt. Cette évolution présente un danger pour la conservation de certaines espèces. f La fragilité et l’importance écologique des milieux humides. Rares en Méditerranée, ils servent souvent de refuge pour de nombreuses espèces. Très dépendants des aléas climatiques, ils sont d’autant plus sensibles aux activités humaines. On doit insister sur le manque de connaissances précises sur les richesses et l’état de conservation de ces milieux sur le site (l’inventaire naturaliste sur ces habitats n’a pu être réalisé à ce jour). f L’importance écologique des cavités naturelles pour la conservation des chiroptères. Les cavités constituent un habitat d’espèce pour les chiroptères en particulier. Un nombre restreint de cavités naturelles est nécessaires à la restauration des peuplements de chiroptères cavernicoles. La mise en place d’un réseau de sites favorables doit être envisagé. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse et hiérarchisation des enjeux de conservation 63 LES ENJEUX TRANSVERSAUX LIES A LA CONSERVATION DE L’ENSEMBLE DES HABITATS ET ESPECES f La continuité d’un des plus grands espaces forestiers d’un seul tenant de la région. Couvrant une surface de 30 000 ha, le site constitue l’un des plus grands espaces boisés d’un seul tenant de la région. Cette caractéristique permet à de nombreuses espèces de trouver tous les milieux nécessaires à leur développement sans rencontrer de difficultés pour se déplacer de l’un à l’autre. En outre, l’absence d’infrastructures ou de grands équipements permet d’offrir des lieux de « tranquillité » et tous les corridors écologiques nécessaires. Cependant, la proximité avec l’aire urbaine d’Aix-Marseille fait peser sur le site des risques de morcellement par des grands travaux répondant aux besoins de logement ou de transport qui seraient incompatibles avec la conservation de certaines espèces. f Le déclin des activités économiques contribuant à la diversité et à l’entretien des milieux. Les milieux naturels présents sur le site sont pour la plupart des milieux que l’homme a utilisés et façonnés depuis des siècles. Les activités et pratiques traditionnelles, en ouvrant les milieux et en créant des mosaïques, ont permis l’installation de nouvelles espèces qui contribuent à la biodiversité actuelle. Aujourd’hui, l’évolution de ces pratiques et leur déclin progressif entraînent la disparition de certains milieux et donc de certaines espèces. Parmi ces activités, on peut citer le pastoralisme, l’agriculture, l’activité forestière et la gestion cynégétique. f L’impact négatif des très grands incendies et des feux répétés. La conservation des habitats naturels et des espèces est, sur l’ensemble des milieux méditerranéens, soumise à un aléa très important, le feu de forêt. Toutefois, il faut préciser que le risque d’impact écologique négatif est surtout avéré pour les grands incendies de forêt qui concernent des surfaces de plusieurs milliers d’hectares ou par le passage répété de feux avec des intervalles de temps courts (moins de cinquante ans) sur un même secteur. Des surfaces restreintes qui brûlent ponctuellement produisent en revanche un impact positif pour la réouverture du milieu. f La compatibilité de la fréquentation avec la pérennité des habitats et des espèces. La notoriété du site et sa proximité avec l’aire urbaine d’Aix-Marseille, en font un haut lieu de randonnée et de loisirs. Grâce aux moyens de gestion mis en œuvre, l’impact de la fréquentation sur le milieu naturel reste compatible avec la pérennité des habitats et des espèces. Cependant, une augmentation de la fréquentation ferait peser des risques sur la conservation de certains milieux ou espèces. Enfin, le manque de connaissances sur le long terme ne permet pas d’évaluer tous les impacts potentiels. f L’insuffisance des actions d’information, de sensibilisation et de partage des connaissances. La conservation des richesses biologiques du site nécessite des comportements responsables dans les différents usages qui peuvent s’exercer sur le site. Pour cela, il faut rendre disponible et accessible la connaissance des richesses naturelles du site, et renforcer la sensibilisation des différents usagers. f La connaissance de la biodiversité et le suivi des espèces et des habitats. Il est important de pouvoir bénéficier d’une connaissance la plus fine possible de l’état des richesses biologiques, afin de définir au mieux les mesures de gestion permettant d’atteindre les objectifs de conservation. De même, l’actualisation de cette information par la mise en place de suivis est indispensable à la gestion pérenne du site. f Le périmètre n’est pas toujours adapté aux enjeux de conservation. Les limites actuelles excluent certains secteurs à fort enjeu écologique et incluent d’autres secteurs sans grand intérêt écologique mais à fort enjeu économique. Cela peut constituer une gêne dans la mise en œuvre de certaines actions de conservation, et nuit à la cohérence des actions et à la compréhension par le grand public de l’ensemble du dispositif. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques ANALYSE DES CONTRAINTES ET DES OPPORTUNITES SOCIO-ECONOMIQUES DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 64 Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 65 PREAMBULE Un territoire très fortement lié à l’homme… La plus ancienne trace d’occupation du massif Sainte-Victoire date de la fin des périodes glaciaires, il y a environ 15 000 ans. Au Néolithique, l’homme se sédentarise, les sites d’occupation se multiplient (établissement d’un peuple de pasteurs sur le territoire de la citadelle). L’homme commence à façonner les milieux naturels et les paysages qu’il occupe. Depuis cette époque, les liens entre l’évolution des paysages et des écosystèmes et les activités humaines n’ont cessé d’exister et de se resserrer. C’est pourquoi on parle aujourd’hui de « gestion » des milieux naturels. L’homme, par ces activités, provoque des perturbations, mais offre également des opportunités pour l’installation de nouveaux écosystèmes et de nouvelles espèces. Il est donc important dans la démarche Natura 2000 d’évaluer ces caractéristiques socio-économique du site afin d’évaluer la contribution possible de ces activités au projet de conservation Natura 2000. LE PIDAF comme base du diagnostic… Une grande partie des informations présentées sont issues du diagnostic territorial réalisé dans le cadre de l’actualisation et de la mise en cohérence des PIDAF des massifs Ligourès-Concors-Vautubière et Sainte-Victoire. Cette étude, réalisée en 2002 par l’Office National des Forêts à la demande du Grand Site Sainte-Victoire, donne une image précise et actualisée du territoire. Le territoire du PIDAF n’inclut pas la partie varoise du site Natura 2000, mais les caractéristiques et les problématiques des ces territoires sont très proches. LE PLUS GRAND TERRITOIRE FORESTIER DES BOUCHES DU RHONE Globalement les 30 000 ha de territoire concerné par le projet Natura 2000 sont composés d’environ 25 000 ha de milieux que l’on peut qualifier de naturel, de 4 000 ha de surfaces agricole et de 1 000 ha de milieux urbains. On peut estimer à environ 20 000 ha la surface constituée de formations boisées feuillues et résineuses. Le reste du milieu naturel est essentiellement constitué de garrigues plus ou moins boisées, de garrigues nues et de rochers et de lacs. C’est caractéristique font du site le plus grand territoire forestier des Bouches du Rhône et l’un des plus grands au niveau régional si l’on excepte les zones centrales des Parc Nationaux. Cette orientation très forestière constitue un élément structurant du territoire sur le plan écologique mais aussi sur le plan économique. Les peuplements forestiers… représentent près de 74 % du milieu naturel avec la prédominance du taillis de chêne vert et de la futaie de pin d'Alep. Le taillis de chêne vert est la formation la plus représentée avec plus de 26 % du milieu naturel. La qualité forestière des peuplements est moyenne, avec une faible diversité d’espèces. Les boisements sont continus à l'exception des zones exploitées récemment (coupes rases sur plusieurs hectares). La futaie de pin d'Alep représente elle environ 23 % du milieu naturel. Elle constitue la majeure partie des boisements résineux de la zone. Le pin d'Alep est le principal pionnier forestier dans la région méditerranéenne française. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 66 Les enjeux en matière de gestion forestière… Globalement 15 523 ha de milieux naturels et forestiers possèdent des documents de planification de la gestion, soit 56,9 % de la surface, toutes propriétés confondues. Ces documents garantissent une gestion sylvicole raisonnée, prenant en compte les éléments particuliers du milieu, avec travaux et coupes s'inscrivant dans des échéanciers pluriannuels (10 à 15 ans). Ils sont révisés à échéance et permettent donc une gestion "patrimoniale" des propriétés à long terme. Pour les forêts de plus de 25 ha, les plus grands massifs sont aménagés, puisque 84 % de la surface gérée correspond à 60 % des propriétés en nombre. Pour les petites propriétés, une part infime comporte des documents de gestion agréés. Ceci ne veut pas pour autant dire que ces forêts ne sont pas gérées, mais qu'il n'existe pas d'indicateurs de gestion visibles. Pour ce qui est des forêts relevant du régime forestier, elles représentent près de 10 000 ha et environ 90% d’entre elles bénéficient plan d’aménagement forestier. Il s’agit très majoritairement de forêts communales et départementales. Un potentiel économique à prendre en compte… Eu égard aux peuplements présents, l'exploitation du bois peut globalement se résumer à : f des coupes de taillis de chêne vert Elles sont réalisées en général en plein avec réserve éventuelle de bouquets paysagers aux limites arrondies. La coupe est vendue sur pied, le bois est coupé sur le parterre de la coupe en 2 m voire en 1 m. Le produit sort en général de la forêt prêt à être vendu. Ces coupes sont réalisées en rotation de 40 à 60 ans, compatible avec le renouvellement de la ressource. Le bois de chauffage (chêne) est consommé localement. Ces coupes de chêne ont un taux de rentabilité correct compte tenu des très faibles investissements nécessaires (17 €/m3 sur pied). f des coupes de pin d'Alep Elles sont réalisées de façon "progressive" au cours de la vie du peuplement, qui voit 2 à 4 coupes réalisées dans sa vie. L'impact paysager de ce type de coupe est moindre, car il s'agit d'une "récolte" partielle des arbres. Seule la dernière coupe, dite "de régénération"(enlèvement des arbres mûrs pour permettre aux semis de pousser ou la plantation de jeunes sujets), provoque un impact paysager fort. Les produits résineux partent eux exclusivement vers l’usine de pâte à papier de Tarascon. Les prix de vente sur pied de ces produits restent faibles (6€/m3 sur pied). De ce fait le taux de rentabilité est quasi nul au regard des investissements de régénération et d’entretien nécessaires. Globalement, la filière bois reste marginale. Le massif Concors Sainte-Victoire, bien que productif, ne représente pas à l'heure actuelle une offre de bois justifiant un développement plus poussé. La totalité des acteurs interviennent en parallèle sur d'autres massifs forestiers. UNE MOSAÏQUE DE ZONES CULTIVEES L’Évolution globale de l'agriculture entre 1970 et 2000 … montre que après un déclin important entre 1970 et 1988 (- 28 %), la Surface Agricole Utilisée s'est ensuite stabilisée entre 1988 et 2000 (+ 0,9 %).En revanche, la diminution du nombre d'exploitation observée entre 1970 et 1988 (40,9 %) s'est encore accentuée entre 1988 et 2000 (- 42 %). Ces données générales masquent des disparités très importantes selon les communes, comme le montre le tableau suivant : Communes Nombre d'exploitations Surface Agricole Utilisée 2000 2000/1970 Châteauneuf-le-Rouge 5 - 71 % 24 - 84 % Peyrolles-en-Provence 20 - 81 % 645 - 24 % 4 - 20 % 133 -1% 67 -6% 1 360 -5% Saint-Antonin-sur-Bayon Puyloubier 2000 2000/1970 DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 67 La localisation des activités agricoles sur le territoire… On peut distinguer deux types de territoires : les territoires à vocation agricole, sur lesquels les activités agricoles dominent et des territoires où l'agriculture est peu présente, en mélange souvent avec des terrains bâtis et des parcelles en friche. Ainsi, le nord du site se présente des zones à vocation agricole affirmée, pouvant présenter un intérêt pour la mosaïque des milieux naturels. Les plus grandes zones cultivées se situent sur la commune de Jouques (plateau de Bèdes et Grands Vallons). En limite sud du site, les terrains agricoles de Rousset, de Puyloubier, de Châteauneuf le Rouge, constituent une vaste coupure agricole en piémont sud du Cengle. Il apparaît toutefois que sur la plaine de Beaurecueil, les terres agricoles ont diminué au profit des habitations. Sur les territoires où l'agriculture est marginale, elle se limite à de petites parcelles cultivées, très morcelées, en mélange avec des terrains construits ou en friche. De plus, les parcelles de fonds de vallons à l'intérieur du massif sont progressivement abandonnées et reconquises par les milieux naturels (restanques sur Jouques – voie ferrée entre Meyrargues et Venelles). Il est à noter toutefois que la mise en culture de nouvelles parcelles pourrait intéresser plusieurs exploitants agricoles, non seulement sur des communes agricoles telles que Jouques, Venelles, Puyloubier, mais aussi sur Aixen-Provence, St-Antonin-sur-Bayon, St-Marc-Jaumegarde, et Vauvenargues. Preuve de cette volonté : plusieurs dossiers FDGER ont déjà été montés dans le périmètre. Les types de culture… principale sur le périmètre du PIDAF sont exprimés en pourcentage de la surface agricole totale : f céréales (induisant quelques jachères. PAC) 54,5 % f vignes 27,7 % f truffières 1,9 % f surfaces toujours en herbe. 1,9 % f plantes aromatiques 1,0 % f friches 9,0 % f autres 4,0 % Le cas particulier du sylvopastoralisme… Le territoire bénéficie de plusieurs opérations sylvopastorales. Cette activité joue également un rôle très important dans le maintien de la mosaïque des milieux mais aussi et surtout dans l’entretien des pelouses. Parmi les éleveurs connus citons : f Un troupeau caprin sur le plateau de Bèdes basé à la Daouste qui regroupe 80 chèvres ; f Un troupeau caprin sur la Commune de Saint Marc Jaumegarde (200 chèvres) ; f Un troupeau ovin sur la forêt Départementale de la Manueye et la forêt communale de Meyrargues dont l’effectif est d’environ 500 brebis ; f Un troupeau ovin sur la forêt Départementale de Taulisson et une partie de la forêt Départementale de Lambruisse (500 brebis) f Un troupeau ovin sur la forêt Départementale de la Sinne et une partie de la forêt Départementale de Lambruisse (500 à 800 brebis) f Un troupeau ovin sur la forêt communale de St-Paul-lez-Duranc (700 à 1000 brebis) ; et 3 éleveurs sur la forêt domaniale de Cadarache DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 68 LES ACTIVITES DE LOISIR Les activités sportives de pleine nature… Avec près d’un million de visiteurs, les massifs de Concors - Sainte-Victoire, situés aux portes de l’agglomération Aix-Marseille, attirent des publics essentiellement locaux (environ 75 à 80%). Sur la montagne Sainte-Victoire (500 000 à 700 000 visiteurs par an - enquête de fréquentation 1995), la notoriété du site, liée à Cézanne et à sa forte représentation picturale et culturelle, est surtout à l’origine de la part de fréquentation extérieure qui bien souvent reste cantonnée sur les versants et les villages. Pour les locaux, l’aspiration à se ressourcer dans le paysage majeur du pays d’Aix (on vient plusieurs fois à Sainte-Victoire, comme pour un rite régulier), se conjugue avec une tradition excursionniste et sportive. Sainte-Victoire est un espace véritable récréatif avec son GR, ses falaises sites prestigieux d’escalade, et son potentiel d’aventure et de risques puisqu'elle est aussi une véritable montagne. Sur les massifs du Concors, la part de fréquentation locale est encore plus forte puisque moins de 10% de visiteurs sont extérieures à la région (sondage 2001). La recherche de tranquillité et d’une certaine confidentialité ressort très fortement des aspirations de ces visiteurs. C’est encore un territoire que l’on découvre. On y pratique le VTT et, de façon limitée, les sports motorisés. Là s’expriment plus fortement, même s’ils restent encore minoritaires, des sentiments de conflits d’usage entre randonnée, engins motorisés et chasse. Partout la demande d’aménagement est faible, une majorité de visiteurs ne souhaitant aucun aménagement nouveau. En parallèle, les propriétaires et les gestionnaires, publics comme privés, ont parfois le sentiment de subir une fréquentation mal contrôlée, et attendent une organisation des flux qui respecte leurs biens et usages. La chasse… est pratiquée sur l'ensemble du massif, de façon très dynamique. La chasse dans cette partie nord-est du Département encore sauvage et peu marquée par de grandes infrastructures, reste très prisée. La chasse reste concentrée sur le massif, "dans la colline et au bois". L'ensemble des terrains communaux est chassé par les sociétés communales de chasse. Ces sociétés peuvent étendre leur périmètre de chasse à certaines propriétés privées. Il existe aussi des chasses privées, plus ou moins importantes, avec pour certaine une activité cynégétique commerciale. Même si elle constitue une activité traditionnelle non lucrative (dans la plupart des chasses traditionnelles communales), la chasse représente une activité économique potentielle non négligeable sur le massif Concors – Sainte-Victoire. Elle reste un peu plus faible que le poids économique de la sylviculture, en restant pour autant dans le même ordre de grandeur. A la fin de l'année 2001, s'est mis en place le GICF (groupement d’intérêt cynégétique et faunistique) du Grand Site Sainte-Victoire. Il regroupe 19 associations de chasse qui s’étendent sur un territoire d’environ 20 000 ha. La création de ce GICF fait suite au constat d’une diminution alarmante des populations de petit gibier, notamment due à la fermeture progressive de milieux. Depuis 2003, le GIC a décidé de se doter d’un schéma local de gestion cynégétique qui définit une politique locale en matière de gestion de la pratique de la chasse et des populations d’espèces chassables ainsi que d’entretien des milieux naturels afin de le rendre plus favorable au développement du petit gibier. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 69 LA FONCTION RESIDENTIELLE DU SITE Le territoire est soumis à une pression foncière très forte, exercée par le déficit de logements que connaît l’aire urbaine Aix-Marseille. Cette fonction résidentielle entraîne une destruction des terrains naturels et ruraux au profit d’un habitat diffus très fortement consommateur d’espace. Cette évolution, à l’échelle du site, se matérialise par un « grignotage » des espaces intermédiaires situés en périphérie des zones urbanisées existantes. Bien souvent, il s’agit de milieux qui ne présentent pas d’enjeux particuliers en matière de conservation des habitats et des espèces. Pour autant le maintien des ces zones tampons entre milieux urbanisés et milieux naturels, joue un rôle important dans la conservation des espèces d’intérêt communautaire. LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL Les communes… 17 communes sont concernées par la démarche Natura 2000. 14 sont situées dans le département des Bouches du Rhône et 3 dans le département du Var. COMMUNES Aix en Provence SUPERFICIE (en ha) SURFACE CONCERNEE PAR NATURA 2000 En ha % de la surf. communale 18 600 100 0,5 Artigues 3 250 1900 58,5 Beaurecueil 1 000 550 55 Châteauneuf le Rouge 1 300 200 15,5 Esparron 3 000 450 15 Jouques 8 000 7 000 Le Tholonet 1 100 220 Meyrargues 4 200 1 700 40,5 Peyrolles en Provence 3 500 2 350 67 Puyloubier 4 100 1 500 36,5 Rousset 1 950 260 13,5 Rians 9 750 5 100 52,5 Saint Antonin sur Bayon 1 750 1 600 91,5 Saint Marc Jaumegarde 2 250 1 970 87,5 Saint Paul lez Durance 4 600 900 19,5 Vauvenargues 5 400 4 000 Venelles 2 000 50 87,5 20 74 2,5 Le Grand Site Sainte-Victoire…14 communes concernées par els ite Natura 2000 font entièrement ou partiellement partie du territoire d’intervention du Grand Site Sainte-Victoire. Etablissement public ayant comme adhérant le Conseil Général des Bouches du Rhône, la Communauté du Pays d’Aix et La Région Provence – Alpes - Côte d’Azur, il a pour mission : 1. la gestion des massifs forestiers pour la prévention des incendies ; 2. la protection et la mise en valeur du patrimoine paysager, naturel et culturel ; 3. l’accueil des publics et le développement local durable. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION Analyse des contraintes et des opportunités socio-économiques 70 Ces missions sont assurées dans le cadre d’un projet territorial global et pluriannuel dont la finalité est de contribuer à l’organisation, à l’animation et à la mise en œuvre de politiques publiques et privées. C’est dans ce cadre qu’il anime la mise en œuvre de plusieurs programmes sur le territoire : Plan Intercommunal D’Aménagement Forestier, Charte forestière de territoire, Document d’Objectifs Natura 2000, etc. LES DIFFERENTS STATUTS FONCIERS ET DE PROTECTION La propriété foncière… Concernant l'espace naturel, elle se décline en 3 ensembles globalement homogènes : f Les forêts relevant du Régime Forestier (forêts de l'Etat, forêts soumises des communes, du département) qui représentent 8 359 ha soit 30,6 % du milieu naturel. Les forêts relevant du Régime Forestier sont importantes sur le massif du Concors-Ligourès, vers le bois de la Séouve, à l'est et au sud-ouest de Sainte-Victoire. f Les forêts privées de + de 25 ha qui totalisent 9 640 ha soit 35,4 % du milieu naturel. Ces propriétés constituent de vastes ensembles compacts plutôt centraux par rapport au massif. Ce type de propriété constitue une grande part des forêts situées au nord et nord-ouest de la vallée de Vauvenargues, et à l'ouest de Sainte-Victoire. f Les forêts privées de – de 25 ha représentent 9 289 ha soit 34 % des milieux naturels (par déduction des deux catégories précédentes). Les Plans Locaux d’Urbanisme… Les espaces naturels du site font l’objet d’une forte protection dans le cadre des Plans Locaux d’Urbanisme. La quasi totalité des espaces naturels est classée en ND et en EBC (Espace Boisé Classé) dans les documents d'urbanisme. Le classement en zone ND (Zone Naturelle) assure la protection de l'espace naturel notamment contre les pressions de l'urbanisation. Le classement en EBC (Espace Boisé Classé) renforce cette protection de manière très forte, pouvant même empêcher certains aménagements pourtant intéressants pour la gestion et la protection de l’espace naturel, notamment la réalisation de coupures agricoles. Il interdit tout changement d'affectation ou tout mode d'occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements. Le statut d'EBC a donc un effet sur les défrichements et les coupes et abattages d'arbres. Le Site Classé… Depuis le début du siècle, et en particulier après la seconde guerre mondiale, le massif Sainte-Victoire a vécu d’importantes mutations comme la diminution de l’activité agricole ou le développement de l’habitat résidentiel et l’accroissement important des activités touristiques. Pour faire face à ces problèmes et surtout aux menaces que font peser ces évolutions sur le paysage, l’Etat a entrepris à partir de 1958 le classement des secteurs les plus sensibles. En 1983, un périmètre unique de 6525 ha est officiellement classé au titre de la loi du 2 mai 1930 sur la protection des sites et des paysages. Cette loi interdit, sauf dérogation ministérielle, tous les travaux « modifiant l’état ou l’aspect des lieux ». Les mesures de protection des espèces… Près de 140 ha ont été classés en réserve naturelle le 1er mars 1994, dans la forêt départementale de Roques Hautes sur Beaurecueil, afin de préserver un gisement fossilifère d’œufs de dinosaures. Toute action susceptible de nuire et d’entraîner une dégradation du milieu naturel est interdite. Cette réserve est gérée par le Conseil Général des Bouches du Rhône ; un comité de gestion est en cours de constitution. Le site est également concerné par 6 Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Chaque site est décrit au travers d’une fiche d’inventaire de la faune et de la flore. Elle n’a pas valeur de protection, mais l’objet est d’aider à la prise de décision les gestionnaires et les décideurs locaux afin de mieux prendre en considération leur patrimoine naturel dans leurs activités. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus LA STRATEGIE ET LES OBJECTIFS DE CONSERVATION RETENUS DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 71 La stratégie et les objectifs de conservation retenus 72 LA STRATEGIE DE CONSERVATION ADOPTEE La stratégie globale de conservation a été élaborée de manière à répondre aux enjeux de conservation des habitats naturels et des espèces communautaires, en s’appuyant sur les usages actuels et les opportunités socio-économiques et en tenant compte des différentes contraintes identifiées. Cette stratégie constitue le cadre général de la définition des objectifs de conservation à atteindre. Si l’on s’appuie sur le concept de développement durable, la stratégie adoptée doit intégrer les quatre fonctions attribuées au territoire : fonction économique, fonction naturelle, fonction récréative et paysagère. Dès lors, les scénarii de gestion doivent associer de façon harmonieuse ces fonctions, en excluant la possibilité que le territoire puisse se développer autour d’une seule d’entre elles. Cette stratégie s’intègre dans le projet territorial global et pluriannuel élaboré par le Grand Site, adopté par l’ensemble des collectivités locales, communes, Communauté du pays d’Aix, Département des Bouches du Rhône et Région Provence Alpes Côte d’Azur, et par l’Etat qui a accordé en 2004 au syndicat le label Grand Site de France. Dans ce cadre général, quels sont les équilibres les plus favorables à la conservation des habitats naturels et des espèces ? Historiquement, la relation entre la biodiversité et la fonction économique « traditionnelle » caractérisée par les activités agricoles et forestières, est très étroite. Les écosystèmes se sont organisés dans une logique de co-évolution avec les activités rurales de l’homme, dans le cadre de ce que l’on peut appeler une « gestion rurale ». Le diagnostic du patrimoine naturel confirme que cette gestion contribue de façon nécessaire et satisfaisante à la conservation de ses richesses. Aujourd'hui, la fonction rurale « traditionnelle » connaît des difficultés économiques, ce qui contribue au développement d’alternatives plus rentables comme le développement d’une « gestion résidentielle », le plus souvent en contradiction avec la fonction naturelle et d’une «gestion touristique et symbolique » à forte valeur sociale, mais à faibles retombées économiques locales. La place des fonctions récréative et paysagère est plus récente et principalement localisée sur la montagne Sainte-Victoire. Cette «gestion touristique et symbolique » peut être compatible avec la fonction naturelle du site mais, à la différence de la gestion rurale, elle ne contribue pas directement à l’entretien et à la conservation des richesses naturelles. Le territoire est également structuré autour de la « gestion du risque incendie », qui est un élément important de l’évolution des massifs forestiers dans notre région. Le feu, quand il est ponctuel dans l’espace (petites surfaces) et dans le temps (plus de 50 ans entre deux feux), est compatible avec la dynamique de la végétation et avec la richesse écologique des milieux méditerranéens. Il constitue même une opportunité pour l’ouverture des milieux et la conservation de certaines espèces. Mais quand il concerne des surfaces importantes, comme en 1989 sur la Sainte-Victoire ou quand il se répète trop fréquemment sur un même secteur, il devient un facteur de dégradation irréversible de certains habitats et de disparition de certaines espèces. Compte tenu de ces différents éléments, la stratégie de conservation des richesses naturelles adoptée pour le site est basée : 1) sur la synergie entre la fonction économique « traditionnelle » et la fonction naturelle, en encourageant une « gestion rurale » du site ; 2) sur l’intégration des politiques de prévention des massifs forestiers contre les incendies ; 3) sur la maîtrise de la fonction résidentielle ; 4) sur la recherche d’une compatibilité avec les fonctions récréatives et paysagère. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 73 Soutenir une gestion rurale du site… f Par le maintien et le développement des activités économiques traditionnelles « amies de la biodiversité », en tant que moyen de pérenniser la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité ; f En développant une synergie avec la gestion cynégétique, dans un objectif commun de valorisation biologique des milieux ; f En favorisant et en incitant à la prise en compte des enjeux de conservation dans la mise en œuvre des activités économiques traditionnelles. Intégrer les politiques de prévention des massifs forestiers contre les incendies… f En appliquant les programmes de prévention définis dans le PIDAF « Concors – SainteVictoire ». Etabli en concertation et validé par l’Etat et l’ensemble des collectivités locales, ce programme constitue un axe prioritaire de la gestion du site ; f En optimisant la compatibilité entre les actions de prévention contre les incendies et la conservation de la biodiversité. En complément des actions menées au titre de Natura 2000, une démarche plus globale est initiée par la charte forestière de territoire du Grand Site Sainte-Victoire. Maîtriser la fonction résidentielle… f En conservant la superficie des espaces naturels et ruraux d’un seul tenant, ce qui implique de limiter le développement d’infrastructures et d’aménagements pérmanents qui fragmentent les espaces naturels. Cet objectif vise à assurer la continuité des espaces qui offrent de vastes milieux de vie, de reproduction et de tranquillité à la faune ; f En encourageant le choix de la densification urbaine des zones déjà construites, afin de limiter l’étalement urbain ; f En favorisant la réduction des impact des aménagements sur les espèces (ex : adaptation des éclairages urbains, préconisation de principes d’aménagement HQE...) ; f Par la prise en en compte des enjeux de gestion et de conservation de la biodiversité dans les schémas de développement durable du territoire (Directive Territoriale D’aménagement, Schéma de Cohérence Territorial, Plans Locaux d’Urbanisme, etc.). Assurer la compatibilité avec les fonctions récréative et paysagère… f En maîtrisant leur développement afin de maintenir la fréquentation à son niveau actuel et de l’adapter si nécessaire aux enjeux de conservation de la biodiversité ; f En recherchant toutes les complémentarités entre fonctions récréatives et biodiversité, par la mise en place de lieux et d’outils de concertation et de suivi des activités avec les représentants des différents usagers. LES OBJECTIFS DE CONSERVATION RETENUS Les objectifs de gestion du site Natura 2000 Concors Sainte-Victoire peuvent être définis comme les résultats à atteindre pour répondre aux enjeux de conservation des habitats naturels et des espèces d’intérêt communautaire, dans le cadre de la stratégie de conservation adoptée. Ces objectifs, définis par le comité de pilotage, fixent le cadre d’action de la démarche Natura 2000. Ils sont de trois types : f Objectifs de conservation des habitats naturels d’intérêt communautaire et donc d’un certain nombre d’espèce qui y vivent, f Objectifs complémentaires visant spécifiquement la conservation de certaines espèces. f Objectifs transversaux, favorables à la fois à la conservation des habitats et des espèces et à la qualité générale de l’environnement, essentiellement par le renforcement de certaines pratiques « traditionnelles » sources de biodiversité. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 74 Objectifs de conservation des habitats… f Conserver les pelouses sèches des massifs et des crêtes (habitats herbeux) – Priorité 1; f Augmenter la superficie des chênaies âgées – Priorité 1; f Protéger et restaurer les habitats d’éboulis – Priorité 2; f Restaurer les ripisylves à Peuplier blanc – Priorité 2; f Favoriser la gestion conservatoire d’habitats ponctuels : sources pétrifiantes, zones humides de Jouques et de la Cause aval) – Priorité 3. Objectifs complémentaires pour la conservation des espèces… f Maintenir des zones de nidification (falaises de Sainte-Victoire) et d’alimentation (milieux ouverts) pour les rapaces et les oiseaux rupestres – Priorité 1; f Vérifier la richesse du site en insectes et maintenir leurs habitats – Priorité 2 ; f Augmenter la capacité d’accueil du site pour d’autres espèces caractéristiques du massif – Priorité 2. Objectifs d’accompagnement favorables à l’ensemble des habitats et espèces… f Promouvoir les pratiques sylvicoles et agricoles favorables à la conservation des habitats et des espèces– Priorité 1; f Favoriser la revalorisation biologique des milieux abandonnés par l’agriculture– Priorité 1; f Assurer la compatibilité des activités récréatives avec la conservation des habitats et des espèces – Priorité 1; f Assurer la compatibilité des grands aménagements et des activités d’exploitation des ressources naturelles avec la conservation des habitats et des espèces – Priorité 3 ; En complément de cette démarche de gestion contractuelle, Natura 2000 comprend un volet réglementaire qui vise à assurer un suivi de certains projets d’aménagement. La réglementation prévoit en effet que les travaux et aménagements relevant du régime d’autorisation (articles L. 2141 à L. 214-6 du code de l’environnement, législation sur la réserves naturelles et les sites classés et tout autre régime d’autorisation ou d’approbation administrative devant faire l’objet d’une étude d’impact au titre de l’article L.122-1 du code de l’environnement) et dont la réalisation est de nature à affecter de façon notable un site Natura 2000, font l’objet d’une évaluation de leurs incidences au regards des objectifs de conservation du site. L’évaluation des incidences se fait au regard de l’état de conservation et de la représentativité des habitats naturels et des espèces à l’échelle du site. A ce titre, il convient de rappeler que l’engagement lié à la désignation du site dans le Réseau Natura 2000 consiste à garantir une conservation globale des milieux et espèces d’intérêt communautaire. L’évaluation de l’incidence d’un projet est donc analysée de façon relative à l’ensemble du site, et pas seulement sur le secteur concerné par le projet. Il convient donc de distinguer trois situations : Les « grands » projets d’aménagement déjà soumis à une demande d’autorisation « au niveau français » et dont l’importance peut a priori entraîner une destruction notable d’un habitat naturel ou d’une espèce d’intérêt communautaire : il convient d’en évaluer l’incidence au moyen d’une étude d’incidence réalisée par le maître d’ouvrage en s’appuyant sur un bureau d’étude compétent et indépendant. Les projets d’aménagement déjà soumis à une demande d’autorisation « au niveau français » mais dont a priori leur réalisation, du fait notamment de sa localisation, n’est pas de nature à entraîner une destruction notable d’un habitat naturel ou d’une espèce d’intérêt communautaire : l’évaluation des incidences se fait au regard du document d’objectif sans étude d’incidence particulière. Et les projets qui ne relèvent d’aucun régime d’autorisation, telles que les actions courantes de gestion et d’entretien en matière agricole, pastorale, forestière ou cynégétique, ne sont par conséquent pas soumis à cette évaluation des incidences. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 75 LES OBJECTIFS DE CONSERVATION DES HABITATS Objectif O.p : Conserver les pelouses sèches des massifs et des crêtes PRIORITE 1 Constat – enjeux… Les milieux herbeux et les landes représentent 11 habitats naturels d’intérêt communautaire, dont cinq prioritaires. Ils occupent près de 2 500 ha soit 8% de la superficie du site. Cette mosaïque de pelouses et de landes héberge de nombreuses espèces d’intérêt communautaire. Les secteurs les plus favorables, du fait de leur richesse en espèces et de leur continuité, sont situés sur les principaux massifs et plus particulièrement sur les crêtes. La très forte diminution de l’activité pastorale sur le site est à l’origine de la diminution progressive de la surface de ces milieux. Objectif de conservation…Il s’agit de conserver à l’échelle du site la proportion de surface occupée par ces habitats, en privilégiant le maintien des pelouses des massifs et des crêtes. La conservation de leurs fonctionnalités écologiques passe par leur stabilisation ou leur restauration dans un état d’embroussaillement limité. Pour atteindre cet objectif, une synergie doit être trouvée avec les activités pastorales. Il s’agira de favoriser une pratique « raisonnée » qui intègre des enjeux environnementaux (période et charge de pâturage, traitement des animaux, etc.). Actions envisagées… f Soutien aux activités pastorales permettant la conservation des pelouses sèches : Le pâturage sur les massifs représente pour les éleveurs une activité de faible intérêt, du fait notamment des contraintes d’exploitation (éloignement, absence de points d’eaux et d’équipements pastoraux, conflits d’usage avec d’autres activités, etc.). Il est donc nécessaire de rendre le pâturage des massifs plus attractif par la restauration des espaces pastoraux, un soutien aux équipements et par une meilleure intégration avec les autres activités rurales : • Restaurer des espaces pastoraux par la réouverture des milieux de pelouse et de landes (coupes d’arbres, broyage sélectif ou brûlage dirigé) • Favoriser la mise en place de retenues collinaires et en général d’équipements pastoraux permettant d’augmenter l’attractivité des parcours ; • Veiller à adapter la pression de pâturage aux enjeux de conservation des habitats. f Appui aux aménagements cynégétiques et aux actions de prévention des incendies de forêt contribuant à la conservation des pelouses sèches : Dans le cadre de l’aménagement des forêts pour la prévention des incendies (PIDAF) et du Schéma de gestion cynégétique du massif, des travaux d’ouverture des milieux sont réalisés sur des secteurs stratégiques (Bandes débroussaillées de sécurité, zones de coupure de combustibles, traitement des poudrières, revalorisation des anciennes restanques et zones cultivées). Une contribution de ces opérations avec la conservation des pelouses sèches sera recherchée. • Encourager les actions de débroussaillement alvéolaire réalisées dans le cadre du schéma local de gestion cynégétique du GICF du Grand Site Sainte-Victoire. • Participer à la création et à l’entretien de Bandes Débroussaillées de Sécurité jouant le rôle de corridors biologiques entre les milieux de pelouses, par ouverture sélective et alvéolaire des milieux ; • Participer à la création et à l’entretien de coupures de combustibles permettant la restauration de pelouses sèches dans le cadre du PIDAF du Grand Site Sainte-Victoire. f Entretenir manuellement les pelouses en vu de permettre la conservation d’une espèce patrimoniale présente sur le secteur Certains secteurs de pelouses pourront faire l’objet d’un entretien manuel (débroussaillage, écobuage, etc.) dans la mesure ou leur conservation est nécessaire au développement d’espèces d’intérêt patrimoniales présentent sur l’habitat et dont l’enjeu de conservation est fort. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 76 La stratégie et les objectifs de conservation retenus 77 Objectif O.f : Augmenter la superficie des chênaies âgées PRIORITE 1 Constat – enjeux… Les forêts de chêne représentent près de 15 000 ha sur le site. Du fait de leur exploitation séculaire, il s’agit essentiellement de taillis issus de rejets de souche, très homogènes et offrant une biodiversité limitée, surtout en ce qui concerne les vertébrés et les plantes supérieures. La conversion de ces taillis en futaies, plus riches sur le plan biologique, n’est que rarement envisageable, du fait de la nature du substrat et des conditions climatiques. Cependant les milieux de forêts âgées, rares sur le site, présentent un intérêt écologique important. Objectif de conservation… En complément de l’objectif de gestion classique qui consiste à poursuivre la coupe du taillis avec une rotation de 40 à 50 ans, on cherchera à laisser mûrir certaines formations forestières, sans intervention sylvicole. De même, on pourra expérimenter la conversion de certains taillis en futaie sur les stations forestières présentant de bonnes potentialités. Cette démarche concernera plus particulièrement les taillis vieillis âgés de plus de 100 ans (hauteur supérieure à 8 mètres), les futaies sur souche ou les taillis communs situés dans les fonds de vallons (préconisations définies dans le Schéma Régional de Gestion Forestière). On privilégiera également les peuplements de chêne blanc où sont présents le Houx et l’If. L’objectif sera d’assurer d’obtenir des unités forestières vieillies, d’une superficie suffisante pour permettre le développement d’une ambiance forestière : jonction des couronnes, présence d’une litière conséquente, classe d’âges variées, présence d’essences d’accompagnement et d’arbres morts et diversité d’espèce forestières. Actions envisagées… f Evaluer, en partenariat avec les gestionnaires forestiers, la faisabilité technique et financière de la mise en place d’îlots de vieillissement, afin de rédiger le cahier des charges d’une mesure « maturation forestière » ; f Maintenir et suivre l’évolution des îlots de vieillissement de chênaies sur les stations présentant de bonnes potentialités forestières par la mise en œuvre de la mesure « maturation forestière » ; f Expérimenter et suivre le passage d’une gestion en taillis à une gestion en futaie sur souche dans les peuplements de chênes blancs présentant des caractéristiques favorables par la mise en œuvre de la mesure « maturation forestière ». Objectif O.e : Protéger et restaurer les habitats d’éboulis PRIORITE 2 Constat – enjeux… Les pentes des massifs du site présentent de nombreux éboulis. Ces milieux, instables par nature, sont parfois très dégradés, du fait d’une fréquentation anarchique. Objectif de conservation… Il s’agit de protéger les éboulis du piétinement excessif en implantant des aménagements qui canalisent la fréquentation et permettent leur mise en défends. Actions envisagées… f Mettre en défends des éboulis ne comportant pas de sentiers balisés mais soumis à la divagation des randonneurs ; f Dévier les sentiers empruntant des éboulis, en favorisant dans la mesure du possible le passage sur les parties non actives ; f Aménager les sentiers empruntant des éboulis pour favoriser les trajets horizontaux (en traversées) moins déstabilisants pour les éboulis ; DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 78 f Expérimenter des actions de restauration des éboulis présentant un niveau d’érosion important. Objectif O.r : Restaurer les ripisylves à Peuplier blanc PRIORITE 2 Constat – enjeux… Ces forêts de bord de rivière occupent les rives de quelques cours d’eau, formant des cordons discontinus. Certaines d’entre elles présentent de beaux peuplements, riches et diversifiés, du fait de leur localisation dans des secteurs inaccessibles. D’autres sont localement dégradées par des exploitations ou des aménagements. Ces milieux sont très sensibles à l’invasion de plantes exogènes qui concurrencent le les espèces indigènes. Objectif de conservation… Conserver la fonctionnalité écologique de ces milieux par une maîtrise des actions anthropiques et une limitation des espèces invasives. Des actions de restauration pourront être expérimentées sur certains secteurs favorables afin de rétablir la continuité de peuplements dégradés. Actions envisagées… f Favoriser la mise en place d’une réglementation par les autorités compétentes permettant une protection pérenne de ces milieux ; f Surveiller l’état de conservation des ripisylves ; f Lutter contre le développement des espèces envahissantes (Robiniers, Ailantes, etc.) ; f Expérimenter des actions de restauration et de reconstitution de ripisylves sur les secteurs dégradés. Objectif O.c : Favoriser la gestion conservatoire d’habitats ponctuels d’intérêt communautaires : sources pétrifiantes, zones humides de Jouques et de la Cause aval PRIORITE 3 Constat – enjeux… Certains habitats naturels ponctuels présentent un intérêt particulier soit par leur présence très localisée , soit du fait de la présence d’espèces représentant un enjeu particulier de conservation. Il s’agit : f Des sources pétrifiantes situées dans le vallon du Délubre (Vauvenargues) et le long du Bayon sur la commune de Saint Antonin sur Bayon ; f Des zones humides situées le long du Réal à la sortie Est de la commune de Jouques ; f Des prairies humides situées le long de la Cause aval (Le Tholonet). Objectif de conservation… L’importance écologique de ces habitats ponctuels nécessite la mise en place d’actions pérennes de protection et de surveillance. Actions envisagées… f Mettre en place un protocole de surveillance des secteurs à fort enjeu ; f Mettre en oeuvre, en relation avec les propriétaires et les exploitants agricoles, une gestion conservatoire des zones humides situées sur le lieu dit de la Traconnade (commune de Jouques), afin d’assurer la conservation de Zerynthia polyxena ; f Limiter la fréquentation des sources pétrifiantes avec formation de travertins ; f Mettre en oeuvre, en relation avec les propriétaires, un plan de gestion des pelouses à Ophioglossum vulgatum le long de la Cause aval. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 79 LES OBJECTIFS COMPLEMENTAIRES DE CONSERVATION DES ESPECES Objectif O.or : Maintenir des zones de nidification et d’alimentation pour les rapaces et les oiseaux rupestres PRIORITE 1 Constat – enjeux… La superficie très importante des falaises de Sainte-Victoire offre une opportunité écologique exceptionnelle pour la nidification des rapaces et des oiseaux rupestres. En outre, l’incendie de 1989, en ré-ouvrant les milieux, certes très violemment, a permis le développement de zones d’alimentation sur les crêtes et sur le piedmont. Cependant, l’augmentation anarchique de la fréquentation et la dynamique naturelle de reboisement pourraient modifier ces conditions favorables. Objectif de conservation… Le bon état de conservation de ces populations repose donc principalement sur le maintien des lieux de nidification dans les conditions actuelles et sur la préservation de milieux ouverts favorables à l’entomofaune, ressource alimentaire directe ou indirecte de ces espèces. Ces objectifs s’appliquent en priorité sur l’adret de la Montagne Sainte-Victoire, le plateau et la jupe du Cengle et le secteur de la montagne des Ubacs. Actions envisagées… f Maintenir par des actions de débroussaillement une mosaïque de milieux ouverts favorables aux espèces proies, sur les garrigues en piedmont des falaises de Sainte-Victoire et sur le plateau du Cengle et sa jupe. f Définir et pérenniser un réseau de secteurs réservés à la nidification de ces espèces, en partenariat avec les représentants des usagers du site; f Poursuivre la concertation visant à adapter ponctuellement dans l’espace et dans le temps certaines pratiques, afin d’en assurer la compatibilité avec la reproduction de ces espèces ; f Surveiller la reproduction de ces espèces et l’évolution de leurs populations. Objectif O.ins : Vérifier la richesse du site en insectes et maintenir leurs habitats PRIORITE 2 Constat – enjeux… Malgré l’absence de données bibliographiques, les résultats des inventaires réalisés dans le cadre de la rédaction du DOCOB ont démontré le potentiel important que représente le site en matière de conservation des insectes patrimoniaux. Cependant le niveau inégal de prospection ne permet pas encore de dresser une liste complète des espèces présentes, ni d’évaluer l’état de conservation de celles qui ont été observées. Objectif de conservation… Il s’agit de vérifier la richesse du site en insectes en réalisant des prospections complémentaires ciblées. Des actions de conservation doivent également être mise en œuvre pour la conservation des espèces patrimoniales déjà identifiées. Outre les actions de conservation des habitats naturels déjà envisagées et qui seront adaptées aux besoins de conservation des insectes, il s’agit principalement de maintenir les plantes-hôtes nécessaires au développement des larves des différentes espèces. Actions envisagées… f Réaliser des inventaires complémentaires afin d’améliorer les connaissances sur les insectes d’intérêt communautaire inventoriées sur le site et sur celles potentiellement présentes (Maculinea arion, Proserpinus proserpina, Osmoderma eremita et Oxygastra curtisi) ; f Réaliser des inventaires complémentaires afin d’améliorer les connaissances sur les Hétéroptères, Coléoptères, Hyménoptères, Odonates, Orthoptères, Lépidoptères hétérocères. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 80 f Préserver, lors des opérations forestières, les plantes-hôtes suivantes : micocouliers, baguenaudiers, frênes, aristoloches, vieux chênes, érables, fenouils (aux abords des lacs de Bimont et de Zola) ; f Adapter les modalités des brûlage dirigé et des débroussaillements réalisées pour l’entretien et la restauration des pelouses, aux besoins de conservation des insectes (période, maintien des rémanents sur une saison, traitement de la surface sur plusieurs saisons, etc.). Objectif O.cap : Augmenter la capacité d’accueil du site pour d’autres espèces caractéristiques PRIORITE 1 Constat – enjeux… Le site héberge plusieurs espèces d’intérêt communautaire dont la conservation passe par la mise en œuvre d’actions spécifiques. Il s’agit des chauves-souris et des espèces des milieux aquatiques (plusieurs poissons d’intérêt communautaire et lécrevisse à pieds blancs). Objectif de conservation… En complément des objectifs de gestion des habitats naturels, il s’agit d’augmenter la capacité d’accueil du site pour ces espèces caractéristiques. Actions envisagées… f Aménagements favorables aux chauves souris : • Mettre en défens certaines cavités, afin de créer un réseau de gîtes pour les chauves souris sur les secteurs à fort enjeu comme le massif Sainte-Victoire, le vallon des Masques ou la grotte de la Daouste ; • Valoriser l’ancien canal de Verdon par la constitution d’un réseau de gîtes pour les chauvessouris sur le massif de Concors ; • Adapter les éclairages publics afin de limiter leur impact sur les chauves-souris. f Aménagements favorables aux espèces de milieux aquatiques : • Réaliser un inventaire des populations d’écrevisses à pattes blanches, de Blageon, de Barbeau fluviatile et de Chabot ; • Protéger les populations d’écrevisse à pattes blanches par la mise en place d’arrêtés de biotope et/ou de réserves de pêche sur les secteurs où l’espèce reste présente ; • Appuyer les démarches d’aménagement de seuils pour rétablir la libre circulation piscicole ; • Adapter, en concertation avec les usagers (agriculteurs), les prélèvements d’eau et limiter les autres facteurs d'abaissement des étiages. LES OBJECTIFS D’ACCOMPAGNEMENT FAVORABLES A L’ENSEMBLE DES HABITATS ET ESPECES Objectif O.pra : Promouvoir les pratiques sylvicoles et agricoles favorables à la conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire PRIORITE 1 La gestion rurale du site par des activités économiques « traditionnelles » est un élément fondamental de la stratégie de conservation de la richesse écologique du site. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 81 A. Les activités forestières Constat – enjeux… L’activité forestière représente un élément important de la gestion des milieux naturels du site. Cette activité, essentiellement privée, reste, pour ce qui concerne les forêts de chêne, cantonnée à la production de bois de chauffage et à la prévention des forêts contre les incendies. La « pratique classique », telle que définie dans le Schéma Régional de Gestion Sylvicole, repose essentiellement sur une gestion en taillis des peuplements de chênes vert ou blanc. Les coupes interviennent en moyenne tous les 50 ans et contribuent à l’entretien d’une mosaïque de milieux nécessaires à la conservation de l’ensemble des espèces. Objectif de conservation… Il s’agit de maintenir les pratiques sylvicoles traditionnelles tout en favorisant une gestion forestière durable des massifs. Cela passe par la mise en œuvre de certaines préconisations de gestion, définies dans le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) : f Définir et diffuser des préconisations pour une gestion forestière durable : o Prendre en compte les espaces non strictement forestiers dans la gestion ; o Préserver les fonds de vallons (éclaircie ou non intervention) ; o Conserver les feuillus « précieux » et les vieux arbres (1 - 4 individus/ha) ; o Equilibrer les classes d’âge des divers peuplements ; o Exploiter les taillis en parquets de taille raisonnable (<15ha) et de formes non rectilignes pour augmenter les effets de lisière. Actions envisagées… f Favoriser la prise en compte des modes de gestion favorables à la conservation des habitats et des espèces dans la rédaction des documents d’aménagement des forêts publics et privées. f Elaborer d’une charte de gestion sylvicole dans la cadre de la Charte Forestière de Territoire pour favoriser les pratiques sylvicoles favorables à la conservation des habitats et des espèces. B. Les activités agricoles (hors élevage) Constat – enjeux… Les milieux agricoles sont des réservoirs de développement de l’entomofaune. De ce fait, ils constituent des habitats nécessaires à l’ensemble des espèces. La qualité biologique des milieux agricoles est donc un facteur de conservation important, et dépend principalement des pratiques agricoles mises en œuvre. Ces pratiques dépendent aujourd’hui fortement des contraintes macro-économiques. Au cours des dernières années, on a pu cependant constater, dans le cadre de démarches qualités, un engagement progressif des exploitants vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement Objectif de conservation… Il s’agit de rechercher le maintien et le développement des activités agricoles tout en incitant à des « pratiques agricoles» favorables à la conservation des espèces et des habitats naturels. Actions envisagées… f Reconquérir par leur remise en culture les parcelles récemment ou anciennement abandonnées par l’agriculture ; f Créer et entretenir des refuges biologiques naturels (haies, bosquets pluristratifiés, arbres isolés) ; f Créer et entretenir des milieux favorables au développement des espèces (zones enherbées, points d’eau et mares). f Limiter l’utilisation de produits phytosanitaires par l’incitation à la lutte raisonnée ou biologique ; DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 82 Objectif O.mc : Favoriser la revalorisation biologique des milieux définitivement abandonnés par l’agriculture PRIORITE 1 Constat – enjeux… Des surfaces importantes d’anciennes cultures en restanques sont définitivement abandonnées par l’agriculture et sont recolonisées par la forêt. Cette fermeture des milieux est préjudiciable à de nombreuses espèces d’insectes, de reptiles et de chiroptères d’intérêt communautaire. La taille réduite des parcelles, leur éloignement des voies de circulation, l’absence de moyens d’irrigation font que leur remise en culture traditionnelle n’est pas envisageable. L’impact négatif de cette évolution sur le petit gibier à amené les sociétés communales de chasse à définir un programme de revalorisation biologique de ces milieux. Objectif de conservation… Il s’agit de soutenir les actions de revalorisation biologique des milieux définitivement abandonnées par l’agriculture par leur remise en culture faunistique et floristique dans le cadre du schéma local de gestion cynégétique du Groupement d’Intérêt Cynégétique du Grand Site Sainte-Victoire ou de démarches volontaires liées à des préoccupations DFCI, paysagère ou environnementaliste. Actions envisagées… f Ré-ouvrir et maintenir ouvertes des parcelles définitivement abandonnées, par une remise en culture à intérêt biologique; f Soutenir les modes de remise en culture les plus favorables au développement des espèces d’intérêt communautaire (choix des types de culture, maintien des plantes messicoles, etc.); f Accompagner ces remises en cultures d’aménagements favorables à la conservation des espèces (restauration de murets, création de point d’eau, maintien de vieux arbres, création de lisières pluristratifiées, etc.). Objectif O.fre : Assurer la compatibilité des activités récréatives avec la conservation des habitats et des espèces PRIORITE 1 A. Les activités de pleine nature Constat – enjeux… Les enjeux de conservation liés aux activités de pleine nature concernent plus particulièrement la montagne Sainte-Victoire. Située en périphérie de l’agglomération marseillaise, elle accueille de nombreuses activités de loisirs de pleine nature : f La randonnée pédestre, avec 700 000 visiteurs par an sur la montagne elle-même, et près d’un million à l’échelle de tout le site. f Le VTT qui s’est développé ces dernières années avec deux sites dédiés à cette activité aménagés par le Conseil Général des Bouches du Rhône. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION 83 La stratégie et les objectifs de conservation retenus 84 f L’escalade, la montagne Sainte-Victoire représentant avec les Calanques les deux sites les plus importants au niveau national (plus de 80% de voies d’escalades en France). f Le parapente, principalement sur la montagne Sainte-Victoire. f Les manifestations sportives qui visent à offrir aux pratiquant un cadre naturel pour des compétitions. Le Grand Site Sainte-Victoire a instauré, sur son territoire, une culture du dialogue, qui a permis de créer des outils et des initiatives collectifs qui visent à définir et mettre en oeuvre une politique de gestion de ces activités (Cf. projet territorial du Grand Site Sainte-Victoire – Octobre 2003). Ainsi, une commission « activités de pleine nature et tourisme » et des comités techniques thématiques (randonnée, escalade, …) sont chargés de définir, de mettre en œuvre et de suivre ces politiques. L’objectif poursuivi est de « permettre une pratique des activités de pleine nature de qualité qui soit compatible avec les autres fonctions du territoire et plus particulièrement avec les enjeux patrimoniaux. » Au regard des inventaires naturalistes et notamment du bon état global de conservation des espèces et des habitats naturels, ces activités, telles qu’elles se pratiquent aujourd’hui, ne constituent pas une perturbation pour la conservation de la biodiversité à l’échelle du site. Objectif global de conservation… En examinant les résultats des inventaires et les outils de gestions de la fréquentation développés par le Grand Site Sainte-Victoire, on constate la pertinence des politiques menées avec les objectifs de conservation du site. Ces documents serviront de cadre à la démarche Natura 2000. Les objectifs sont les suivants : f Maintenir globalement les pratiques à leur niveau actuel ; f Renforcer le suivi et la protection des espaces naturels sensibles identifiés dans le diagnostic. Actions envisagées… f Formaliser la prise en compte des enjeux naturalistes inscrits dans les démarches de gestion de la fréquentation développées par le Grand Site Sainte-Victoire en partenariat avec les représentants des usagers et des propriétaires (Schéma des sentiers, conventionnement, comités techniques, code de bonne pratique, etc.); f Développer des actions de sensibilisation des usagers aux enjeux de conservation de certains habitats naturels et des espèces. La randonnée pédestre Objectif particulier de conservation… f Limiter les impacts négatifs sur le milieu naturel, que pourrait avoir un développement « anarchique » de la fréquentation dans certains secteurs particulièrement sensibles (les pelouses et landes stables de crête, les éboulis ou les garrigues des piedmonts de Sainte-Victoire et du Cengle). Actions envisagées… f Aménager, mettre en défens, dévier des sentiers dans les secteurs sensibles à la divagation et la sur fréquentation. Le VTT Objectif particulier de conservation… f Orienter la pratique du VTT sur les pistes et sentiers adaptés à cet usage. L’escalade Objectif particulier de conservation… f Conserver la partie haute de la montagne Sainte-Victoire en terrain d’aventure (sans équipements pérennes) et maîtriser globalement le niveau de pratique à son stade actuel; DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 85 f Définir et conserver des secteurs ou des périodes de quiétude voués à la nidification des espèces; f Limiter, par des aménagements adaptés, les impacts « indirects » de la pratique sur les milieux naturels (accès aux voies et pieds de voies). Actions envisagées… f Participer, avec les représentants des usagers, à la rédaction d’une charte de bonne pratique de l’escalade dans le Grand Site Sainte-Victoire intégrant les objectifs de conservation du patrimoine naturel ; f Aménager les accès aux voies d’escalade (sentiers, pieds de voie), afin de limiter les impacts éventuels sur les habitats naturels (déstructuration des éboulis, divagation dans les garrigues des piedmonts de Sainte-Victoire et du Cengle, érosion excessive des pieds de falaise) ; f Mettre en place un système de suivi de l’évolution de la pratique, en partenariat avec les représentants des usagers. Le parapente Objectif particulier de conservation… f Poursuivre les actions mises en œuvre par les représentants des usagers de maîtrise de cette pratique dans le temps et dans l’espace, afin d’éviter un impact éventuel sur la reproduction du couple d’Aigle de Bonelli. Les manifestations sportives Objectif particulier de conservation… f Définir et maintenir, en concertation avec les représentants des associations, une limitation du nombre de manifestations au cours de l’année ; f Limiter la concentration des manifestations dans le temps et dans l’espace ; f Limiter le déroulement de manifestations en dehors de secteurs déjà utilisés par les activités de loisir ; f Participer à la mise place d’un outil de gestion des manifestations sportives adapté aux attentes des organisateurs et permettant une meilleure prise en compte des enjeux de conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. B. La chasse Constat – enjeux… La chasse est une activité « traditionnelle » très présente sur l’ensemble du site. Au regard des inventaires naturalistes et des enjeux de conservation et pratiquée dans un cadre réglementaire, elle ne constitue pas une activité perturbante pour la conservation de la biodiversité à l’échelle du site. Ce constat conforte le cadre réglementaire national (Article 3 de la Loi 2001-1 du 3 Janvier 2001 : « …la chasse et les autres activités cynégétiques pratiquées dans les conditions et sur les territoires autorisés par les lois et règlements en vigueur ne constituent pas des activités perturbantes ou ayant de tels effets »). Le Groupement d’Intérêt Cynégétique et Faunistique du Grand Site Sainte-Victoire, fédérant la quasitotalité des sociétés de chasse des les Bouches-du-Rhône qui sont concernées par la démarche Natura 2000, a mis en place un Schéma local de gestion cynégétique. Ce document définit les orientations en matière de gestion des milieux, des espèces chassables et de la pratique de la chasse. Les objectifs que se donne l’activité cynégétique aujourd’hui (maintien du caractère naturel du territoire, revalorisation cynégétique de certains milieux naturels favorables au petit gibier, limitation des dérangements en période de reproduction, etc.) sont à l’origine d’un rapprochement étroit avec les objectifs de conservation. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 86 Objectif de conservation… Les réflexions, les orientations et les actions définies par le GICF du Grand Site Sainte-Victoire dans le Schéma local de gestion cynégétique serviront de cadre à la démarche Natura 2000 dans ce domaine. Les objectifs de gestion des milieux définis dans le schéma et ceux développés dans le cadre de Natura 2000 convergent dans le sens de la conservation de la de la biodiversité. Une complémentarité technique et financière entre les deux démarches a été recherchée et devra être poursuivie. Actions envisagées… (cf. Fiche O.mc : Appuyer la revalorisation biologique des anciens milieux cultivés). C. La circulation d’engins motorisés Constat – enjeux… L’utilisation d’engins motorisés ne perturbe pas la conservation de la biodiversité à l’échelle du site, dans la mesure où elle se limite aux besoins des activités nécessaires à la gestion des milieux naturels et ruraux (sylviculture, agriculture, surveillance et gestion cynégétique). Cependant, le développement de certains usages récréatifs (4*x4, quads et motos) génère une forte augmentation des déplacements motorisés, qui pourrait être préjudiciable (bruit, érosion, pollution). La Sainte-Victoire constitue également un élément paysager très attractif pour tous les survols (deltaplane, avions particuliers, hélicoptères). Objectif de conservation… Tout en sachant la difficulté d’évaluer l’impact direct de ces activités sur la conservation des espèces, il est souhaitable de trouver un équilibre. Les objectifs recherchés seront les suivants : f Maîtriser globalement les déplacements d’engins motorisés, en les limitant à ceux nécessaires au déroulement des activités utiles à la gestion des milieux (sylviculture, agriculture, surveillance et gestion cynégétique) ; f Faire appliquer la réglementation en matière d’interdiction de circulation des engins motorisés dans les espaces naturels ; f Restreindre fortement les déplacements motorisés liés aux usages récréatifs ; f Limiter la création de nouveaux axes de circulation pérennes (hors exploitation) ; f Faire appliquer la réglementation qui encadre l’activité des survols. Actions envisagées… f Favoriser la mise en place d’une réglementation communale homogène concourant à ces objectifs sur l’ensemble des communes du site ; f Réaliser des opérations de surveillance et de répression permettant de sensibiliser les usagers aux réglementations existantes ; f Mettre en place un système de veille permettant d’évaluer l’évolution quantitative de la circulation des engins motorisés. Objectif O.am Assurer la compatibilité des grands aménagements et des activités d’exploitation des ressources naturelles avec la conservation des habitats et des espèces PRIORITE 3 Constat – enjeux… Comme l’ensemble de la Région, le site est soumis à une forte pression en matière d’aménagement et de développement d’infrastructures. Cette pression concerne actuellement plus particulièrement l’habitat individuel, les infrastructures de circulation (ligne TGV et barreaux autoroutiers). Pour ce qui est de l’activité d’extraction des matériaux, les habitats de falaises ne constituent pas un enjeu économique. La nécessité de disposer d’infrastructures routières importantes, les zones à enjeux pour cette activité sont principalement situées en périphérie du site. Globalement, l’évaluation, puis la réduction de l’impact de chaque projet sur la conservation des habitats naturel et des espèces d’intérêt communautaire du site constitue un enjeu primordial. DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION La stratégie et les objectifs de conservation retenus 87 Objectif de conservation… Il s’agit de limiter, à l’échelle du site, l’impact des aménagements sur la conservation des habitats naturels et des espèces d’intérêt communautaire. Plus largement, il s’agit également de limiter le développement d’infrastructures et d’aménagements pérennes pouvant entraîner un morcellement des espaces naturels. Pour les activités d’exploitation d’extraction des matériaux, l’objectif sera d’évaluer au cas par cas et de limiter leur incidences éventuelles sur les habitats et les espèces d’intérêt communautaire en appliquant la réglementation liée aux sites Natura 2000 (cf. « liste des objectifs de conservation retenus »). DOCOB Natura 2000 « Sainte Victoire », TOME 1 : ENJEUX ET OBJECTIFS DE CONSERVATION