Professions Santé Infirmier Infirmière - No23 - janvier-février 2001
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Âge, prévention
et nutrition
La nutrition a longtemps visé la satisfaction
des besoins et la limitation des excès
en sucres et graisses. On insiste aujourd’hui
sur le rôle préventif de la fraction non
énergétique des aliments : les fibres
et les micronutriments comme
les antioxydants.
La nutrition a surtout été étudiée sous l’angle
de la satisfaction des besoins énergétiques ou
des besoins fondamentaux en minéraux et vita-
mines », explique Christian Rémésy, directeur
de recherches au sein de l’Unité maladies mé-
taboliques et micronutriments à l’Institut na-
tional de la recherche agronomique (INRA). Les
effets négatifs d’une ingestion excessive de cer-
tains nutriments (acides gras, cholestérol)
avaient été soulignés. « Aujourd’hui, il s’agit de
considérer les effets protecteurs de l’alimentation
dans la prévention nutritionnelle des maladies
graves, poursuit Christian Rémésy. Le rôle des
végétaux, en particulier des fruits et légumes, ne se
limite pas à l’apport de glucides et de quelques élé-
ments indispensables. Il implique également la frac-
tion non énergétique des aliments : fibres, minéraux
et micronutriments. »
Les fibres
« Les fibres alimentaires regroupent l’ensemble
des glucides non absorbés dans l’intestin grêle, et
susceptibles de servir de substrat pour la flore du
côlon,précise Christian Rémésy. Toutes les fibres,
pas seulement celles issues des céréales, jouent
un rôle important dans l’accélération du transit
digestif. Pour bien fonctionner, le côlon a besoin
d’un mélange varié de fibres de fermentescibilités
différentes qui permettent d’entretenir des fermen-
tations équilibrées ». Ces fermentations produi-
sent des acides gras courts (acides acétique,
propionique, butyrique). Ils exercent un effet
favorable sur la paroi du côlon, soit pour la
fourniture d’énergie, soit pour empêcher le
développement de cellules cancéreuses. «Ainsi,
un apport de glucides variés participe à la pré-
vention du cancer du côlon, qui est une cause im-
portante de mortalité par cancer dans les pays
occidentaux », poursuit Christian Rémésy. La
consommation quotidienne de pain complet,
de céréales, de fruits et légumes permettra un
apport suffisant (30 g/jour) et varié de fibres
alimentaires.
Spécial RSTI
La prise en charge
par une infirmière
libérale
Mme C., 95 ans, jadis restauratrice, s’est
cassé le col du fémur. « Nous avons été
contactés par sa nièce, raconte Nicole
Gagnaire, infirmière libérale à Saint-
Étienne, présidente d’un réseau pluripa-
thologies. Mme C. vit au dernier étage
d’un immeuble. » Elle commence à pou-
voir trottiner avec sa canne. Lors de la pre-
mière visite de l’infirmière libérale, Mme C.
la fait asseoir et lui livre quelques éléments
de sa vie. « C’est difficile de supporter ce
corps vieillissant, lui dit-elle. Je le vis mal. »
Nicole Gagnaire souligne que « son appar-
tement, dans lequel elle fut une femme
forte et digne, l’aide à affronter ses diffi-
cultés. Lors des soins, la toilette est un
moment privilégié de communication.
Nous choisissons des vêtements propres
à mettre. Avec une personne âgée, il y a la
toilette hygiène et la toilette chiffon. Elles
expriment le dedans comme le dehors. Il
s’agit de mettre en scène l’image de soi. »
Les gestes sont légers le premier jour.
« Il est difficile d’asseoir Mme C. dans le
bain, explique Nicole Gagnaire. Elle se
met même en colère ». L’infirmière par-
vient à la faire parler d’un de ses anciens
voyages, en la massant au gant avec un
gel à la pêche. Les soins techniques et
l’organisation de sa vie quotidienne sont
ensuite plus faciles et plus complets. «Je
lui masse le talon, qui souffrait d’un
début d’escarre, détaille Nicole Gagnaire.
J’examine un hématome que je suis char-
gée de surveiller. Je l’interroge sur la prise
de ses médicaments et téléphone à son
médecin afin qu’elle obtienne une aide
ménagère. Je fais acheter le nécessaire
dont elle a besoin. Enfin, je téléphone au
service de portage des repas. »
En gérontologie, le rôle propre infirmier
peut et doit être très développé. On com-
prend le rôle psychologique que peut
jouer l’infirmière auprès de la personne
âgée, pour peu qu’elle sache écouter et
parler. Ce type de patients se souvient
de beaucoup de choses. « En retrouvant
l’occasion d’en parler, conclut Nicole
Gagnaire, une personne comme Mme C.
peut redire que la vie, elle l’aime. »
«