Journée gériatrie Les infirmiers de plus en plus impliqués « Le rôle propre de l’infirmière se développe, rappelle le Dr Pierre Lutzler, gériatre à l’hôpital de Lagny, à Marne-la-Vallée. Mais il n’a pas encore connu tous ses aboutissements. » Avec la gérontologie, discipline à part entière, le rôle de l’infirmière peut s’étendre encore. e rôle de l’infirmière dépend alors des caractéristiques du patient âgé en institution. S’il Lprésente peu de précision clinique, son “portrait type”, selon les statistiques, permet d’esquisser la nature des besoins. « C’est une femme de 85 ans en moyenne, veuve, dit Agnès Bertrand, directrice de la maison de retraite Le Marais, à La FertéGaucher. L’admission est causée par une situation de crise, que ce soit une chute ou le veuvage. Souffrant de dépendances physiques, son autonomie domestique et sociale est faible. Elle a de fortes chances de souffrir de polypathologies, notamment de démence sénile. Son entourage est lui-même âgé. Quand je demande à voir l’enfant d’une de nos pensionnaires, il a souvent 65 ou 70 ans. » Le rôle de l’infirmière dépend aussi des besoins de la personne âgée. Virginia Henderson recensait quatorze besoins. Maslow en décrit quatre : les besoins fondamentaux (hygiène, nutrition...), le besoin de sécurité (comme ne pas tomber), les besoins sociaux (auxquels peuvent répondre, en institution, les repas collectifs ou les visites), les besoins de réalisation (à travers des activités ou des ateliers). Le rôle de l’infirmière doit répondre à ces caractéristiques et besoins. Outre son rôle propre, Agnès Bertrand cite sa responsabilité accrue. « L’infirmière doit d’autant plus remplir un rôle de coordination de l’équipe, à mes yeux, dit-elle, qu’il n’y a pas de cadre infirmier dans de nombreuses maisons de retraite. » Elle réalise une adaptation du travail de soins au quotidien, en fonction du désir du résident. « Bien des pensionnaires ont des gestes plus lents, poursuit-elle. Quand on aide une personne à s’habiller, les gestes doivent suivre l’allure de la personne âgée. » L’objectif principal des soins, c’est souvent de préserver l’autonomie restante du patient. « Cela implique de faire avec elle, et non à sa place. Quand une personne âgée fait un petit pas vers la dépendance, revenir en arrière est bien plus difficile. Le jour où l’équipe décide de la faire manger ou de lui mettre une couche, faire machine arrière est parfois possible. Mais il s’agit souvent d’une atteinte irrémédiable à son indépendance. » Aider trop ou trop tôt n’aide pas dans de nombreux cas. C’est aussi l’opinion d’Anne-Marie Beguin, infirmière conseil en incontinence à l’hôpital Corentin-Celton (AP-HP), à Issy-lesMoulineaux. « Informer, stimuler, pallier ensuite seulement ! s’exclame-t-elle. Tel est le rôle de l’infirmière. Cela prend plus de temps ! Mais on n’a pas le droit de pallier d’emblée ! » Quand un service lui demande de “venir parler du matériel pour incontinent”, elle répond : « Non. On commence par la personne âgée ! ». AnneMarie Beguin cite un autre exemple. « Devant une incontinence urinaire, on ne commence pas par se préoccuper de couches ou de matériel, mais par faire une bandelette urinaire, dit-elle, afin de rechercher la présence de leucocytes. Si celle-ci est avérée, des examens complémentaires permettront d’identifier une éventuelle infection, dont le traitement peut faire disparaître l’incontinence. » M.B. DU ouvert aux infirmières Il existe des diplômes universitaires (DU) ouverts aux infirmières sur le vieillissement, la prise en charge de la douleur ou les soins palliatifs. « Ces DU font partie de la formation continue, précise Agnès Bertrand, directrice de maison de retraite. A ce titre, ils relèvent du plan de formation soumis au CTE dans les hôpitaux et au CTP dans les établissements médico-sociaux. « J’encourage les infirmières qui le souhaitent à suivre ces DU, dit-elle. En outre, leur coût n’est jamais très élevé. » Le contenu de ces cursus universitaires se refuse à prôner des visions simplificatrices de la prise en charge globale de la personne âgée. Ils offrent au contraire des éclairages sur des disciplines multiples relevant de la gérontologie. Ils permettent de mieux comprendre des difficultés vécues, de les dédramatiser, et de construire un projet de vie de qualité en institution pour chaque personne âgée. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001 33 Spécial RSTI Âge, prévention et nutrition La prise en charge par une infirmière libérale Mme C., 95 ans, jadis restauratrice, s’est cassé le col du fémur. « Nous avons été contactés par sa nièce, raconte Nicole Gagnaire, infirmière libérale à SaintÉtienne, présidente d’un réseau pluripathologies. Mme C. vit au dernier étage d’un immeuble. » Elle commence à pouvoir trottiner avec sa canne. Lors de la première visite de l’infirmière libérale, Mme C. la fait asseoir et lui livre quelques éléments de sa vie. « C’est difficile de supporter ce corps vieillissant, lui dit-elle. Je le vis mal. » Nicole Gagnaire souligne que « son appartement, dans lequel elle fut une femme forte et digne, l’aide à affronter ses difficultés. Lors des soins, la toilette est un moment privilégié de communication. Nous choisissons des vêtements propres à mettre. Avec une personne âgée, il y a la toilette hygiène et la toilette chiffon. Elles expriment le dedans comme le dehors. Il s’agit de mettre en scène l’image de soi. » Les gestes sont légers le premier jour. « Il est difficile d’asseoir Mme C. dans le bain, explique Nicole Gagnaire. Elle se met même en colère ». L’infirmière parvient à la faire parler d’un de ses anciens voyages, en la massant au gant avec un gel à la pêche. Les soins techniques et l’organisation de sa vie quotidienne sont ensuite plus faciles et plus complets. « Je lui masse le talon, qui souffrait d’un début d’escarre, détaille Nicole Gagnaire. J’examine un hématome que je suis chargée de surveiller. Je l’interroge sur la prise de ses médicaments et téléphone à son médecin afin qu’elle obtienne une aide ménagère. Je fais acheter le nécessaire dont elle a besoin. Enfin, je téléphone au service de portage des repas. » En gérontologie, le rôle propre infirmier peut et doit être très développé. On comprend le rôle psychologique que peut jouer l’infirmière auprès de la personne âgée, pour peu qu’elle sache écouter et parler. Ce type de patients se souvient de beaucoup de choses. « En retrouvant l’occasion d’en parler, conclut Nicole Gagnaire, une personne comme Mme C. peut redire que la vie, elle l’aime. » 34 La nutrition a longtemps visé la satisfaction des besoins et la limitation des excès en sucres et graisses. On insiste aujourd’hui sur le rôle préventif de la fraction non énergétique des aliments : les fibres et les micronutriments comme les antioxydants. « L a nutrition a surtout été étudiée sous l’angle de la satisfaction des besoins énergétiques ou des besoins fondamentaux en minéraux et vitamines », explique Christian Rémésy, directeur de recherches au sein de l’Unité maladies métaboliques et micronutriments à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Les effets négatifs d’une ingestion excessive de certains nutriments (acides gras, cholestérol) avaient été soulignés. « Aujourd’hui, il s’agit de considérer les effets protecteurs de l’alimentation dans la prévention nutritionnelle des maladies graves, poursuit Christian Rémésy. Le rôle des végétaux, en particulier des fruits et légumes, ne se limite pas à l’apport de glucides et de quelques éléments indispensables. Il implique également la fraction non énergétique des aliments : fibres, minéraux et micronutriments. » Les fibres « Les fibres alimentaires regroupent l’ensemble des glucides non absorbés dans l’intestin grêle, et susceptibles de servir de substrat pour la flore du côlon, précise Christian Rémésy. Toutes les fibres, pas seulement celles issues des céréales, jouent un rôle important dans l’accélération du transit digestif. Pour bien fonctionner, le côlon a besoin d’un mélange varié de fibres de fermentescibilités différentes qui permettent d’entretenir des fermentations équilibrées ». Ces fermentations produisent des acides gras courts (acides acétique, propionique, butyrique). Ils exercent un effet favorable sur la paroi du côlon, soit pour la fourniture d’énergie, soit pour empêcher le développement de cellules cancéreuses. « Ainsi, un apport de glucides variés participe à la prévention du cancer du côlon, qui est une cause importante de mortalité par cancer dans les pays occidentaux », poursuit Christian Rémésy. La consommation quotidienne de pain complet, de céréales, de fruits et légumes permettra un apport suffisant (30 g/jour) et varié de fibres alimentaires. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001 Micronutriments et antioxidants « L’alimentation est plus ou moins protectrice selon sa densité en micronutriments, dit Christian Rémésy. Cette notion ne se limite pas à l’apport de vitamines et d’oligoéléments. Elle englobe aussi les substances antioxydantes et des acteurs de protection comme les métabolites secondaires des plantes. » Les antioxydants participent à la lutte contre les radicaux libres. Or, ces molécules oxygénées agressives sont impliquées dans le processus du vieillissement et dans le développement de nombreuses pathologies : maladies cardiovasculaires et inflammatoires, cancers, etc. « Pour lutter contre les radicaux libres, les organismes vivants disposent de systèmes de défense appropriés, poursuit-il. Mais leur efficacité dépend aussi d’un bon statut nutritionnel, notamment en acides aminés soufrés et oligoéléments. Une protection efficace nécessite aussi cet ensemble de substances végétales, dites antioxydantes : vitamines C et E, caroténoïdes, flavonoïdes. » Une alimentation plus riche en fruits et légumes variés est donc indispensable pour la prévention. M.B. D’après les propos tenus lors de la conférence organisée en collaboration avec Aprifel. Vieillesse et maladie dégénérative : la famille maltraitée Le plus grand nombre de personnes âgées a pour conséquence l’augmentation des maladies dégénératives, dont la maladie d’Alzheimer. Difficile pour le patient mais aussi pour les familles soumises à dure épreuve. Entretien avec Catherine Ollivet, secrétaire générale de l’association de familles France Alzheimer En quoi la famille des personnes souffrant de maladie d’Alzheimer est-elle maltraitée ? Catherine Ollivet : La première des maltraitances lui étant infligée reste le retard de diagnostic de cette pathologie, ou de toute ●●● Perfusion à domicile Les Laboratoires Paul Hartmann viennent de lancer le premier cédérom permettant de résoudre les difficultés de prescription inhérentes à l’administration et à la pose d’une perfusion. « Depuis la prise en charge globale par certaines sociétés de services privées, véritables logisticiennes du soin à domicile, le marché de la perfusion en France a considérablement augmenté. » Ce constat, établi par Didier Levet, pharmacien, senior marketing manager chez Hartmann, est corroboré par les chiffres : aujourd’hui, ce marché atteint en effet 800 millions de francs. Un poids économique qui se décline au travers des nombreux matériels et appareillages destinés au domicile en fonction du traitement, de la voie d’abord et de la mobilité du malade pendant la perfusion (aiguilles, perfuseurs, diffuseurs, pompes électroniques ambulatoires ou fixes, solutés en flacon ou en poche souple vendus en officine, etc.). Une telle diversité a ses vertus. Mais elle engendre aussi quelques confusions. C’est précisément pour y remédier que le cédérom “Perfusion Hartmann”, outil d’aide à la décision et à la prescription, a été conçu. « Ce cédérom ne se substitue en aucun cas au médecin qui est maître du diagnostic, du traitement à mettre en place, du choix des produits correspondant à ce traitement, de la posologie des médicaments utilisés, et du mode d’administration, prévient le pharmacien. Il n’intervient pas plus dans les domaines de compétences des infirmières responsables de l’exécution de l’acte de soin, des pharmaciens chargés de la dispensation, des revendeurs ou des prestataires. En clair, il n’a aucune vocation à détecter les erreurs éventuelles de prescription, de dosage, de dispensation ou d’exécution des ordonnances. Il permet simplement à tout prescripteur de réaliser, en quelques minutes, les différentes ordonnances destinées aux acteurs de soins libéraux. » La raison d’être de ce cédérom et de son système “Expert” est d’aider l’utilisateur à décider de l’appareillage de perfusion en fonction de l’ensemble des paramètres, mais aussi du volume de la perfusion, de la précision demandée et de la mobilité du patient, le système générant ensuite toutes les ordonnances correspondantes. S.H. Atelier organisé par Hartmann. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001 35 Spécial RSTI ●●● autre maladie dégénérative du cerveau apparentée. Elles s’installent peu à peu, insidieusement, sans entraîner, au moins au début, de grandes difficultés. Le conjoint va pourtant vivre des moments de plus en plus difficiles, plusieurs fois par jour, sans savoir que c’est une maladie qui change à ce point ce mari, cette épouse. Ce retard au diagnostic génère, dans des familles déjà usées, un sentiment de culpabilité : ne pas avoir su plus tôt s’adapter aux besoins du malade. Comment évoluent alors les proches ? C.O. : Un renforcement de ce sentiment de culpabilité naît de la promesse que fait l’immense majorité des conjoints de ne jamais abandonner son malade et de lui permettre de rester à la maison jusqu’au bout, quelles que soient les difficultés. Le manque d’informations médicales prive les proches de toute anticipation. S’il faut un jour faire appel à une institution, ils sont écrasés par la rupture de cette promesse. Ils craignent aussi que l’institution ne soit pas adaptée à leur malade et redoutent que celui-ci ne puisse pas s’adapter non plus à l’institution. Est-ce la seule difficulté ? C.O. : Non. Il faut souligner la “violence” institutionnelle. Si la personne entre en institution, les normes, les règles et les interdits, les horaires imposés, sont perçus comme inacceptables, donc violents. Bien souvent, l’absence de transparence de la communication, est ressentie comme un blocage de l’information, comme un déficit d’échange et de compréhension.En outre, les proches peuvent être témoins, dans les services, de comportements qu’ils ne peuvent ni comprendre ni admettre. Ils voient des malades attachés ou seuls devant leur assiette, par exemple. L’ensemble des difficultés rencontrées pose la question du partenariat entre les professionnels de santé et les familles pour une réelle qualité de vie du malade. Que faire ? CO. : Nous connaissons des établissements publics ou privés manifestant une volonté d’alliance entre les professionnels et les familles. Mais ce n’est pas la majorité. La maladie d’Alzheimer se traduit, chez le patient, par une perte de l’intelligence, du sens et des mots. Un nouveau déficit de communication du malade et l’absence de partenariat avec les soignants et l’institution provoquent une souffrance profonde supplémentaire chez les proches. Propos recueillis par 36 M.B. Personnes en fin de vie : accompagner les familles Les interventions infirmières auprès des familles de personnes en fin de vie, visent à aider les proches à gérer leurs sentiments, à prendre des décisions et les réajuster. En effet, l’entourage familial demeure un soutien primordial pour les patients. our bien prendre en charge une personne en fin de vie, il importe, pour les soignants, de P recueillir non seulement l’histoire de la maladie, mais aussi le ressenti du patient vis-à-vis de son existence, de sa maladie. Ces informations sont capitales pour mieux comprendre les difficultés et réactions des proches. « Ainsi, autour de la personne malade, le rôle infirmier dans l’accompagnement des familles variera en fonction des besoins », comme le souligne Angèle Marcerou, infirmière du service de soins palliatifs à l’hôpital JosephDucuing, à Toulouse. Observation et écoute L’infirmière restera attentive aux faits indiquant la perception que les membres de la famille ont d’eux-mêmes et de la situation qu’ils vivent. Cette disponibilité, son écoute et son observation la conduisent à comprendre leurs difficultés, à les aider à réajuster leur attitude. Pour les proches, l’information et les renseignements sur l’évolution de la maladie, sur les soins et les traitements restent des repères essentiels. En relais du médecin, les soignants feront appel à un vocabulaire accessible et adapté à leurs interlocuteurs. Ils s’assureront de la bonne compréhension des proches. Une infirmière peut demander à son interlocuteur, par exemple, de reformuler une information importante, afin de vérifier qu’elle est retenue et comprise. Il importe de repérer la personne qui peut constituer un interlocuteur privilégié, une “personne ressource”. Ce peut être un ami et non un membre de la famille dans certaines situations. C’est à cette personne qu’il sera plus facile de délivrer des informations régulières. Il ne s’agit pas d’évincer les autres pour autant, chacun ayant besoin d’explications. Il peut être Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001 Spécial RSTI ●●● autre maladie dégénérative du cerveau apparentée. Elles s’installent peu à peu, insidieusement, sans entraîner, au moins au début, de grandes difficultés. Le conjoint va pourtant vivre des moments de plus en plus difficiles, plusieurs fois par jour, sans savoir que c’est une maladie qui change à ce point ce mari, cette épouse. Ce retard au diagnostic génère, dans des familles déjà usées, un sentiment de culpabilité : ne pas avoir su plus tôt s’adapter aux besoins du malade. Comment évoluent alors les proches ? C.O. : Un renforcement de ce sentiment de culpabilité naît de la promesse que fait l’immense majorité des conjoints de ne jamais abandonner son malade et de lui permettre de rester à la maison jusqu’au bout, quelles que soient les difficultés. Le manque d’informations médicales prive les proches de toute anticipation. S’il faut un jour faire appel à une institution, ils sont écrasés par la rupture de cette promesse. Ils craignent aussi que l’institution ne soit pas adaptée à leur malade et redoutent que celui-ci ne puisse pas s’adapter non plus à l’institution. Est-ce la seule difficulté ? C.O. : Non. Il faut souligner la “violence” institutionnelle. Si la personne entre en institution, les normes, les règles et les interdits, les horaires imposés, sont perçus comme inacceptables, donc violents. Bien souvent, l’absence de transparence de la communication, est ressentie comme un blocage de l’information, comme un déficit d’échange et de compréhension.En outre, les proches peuvent être témoins, dans les services, de comportements qu’ils ne peuvent ni comprendre ni admettre. Ils voient des malades attachés ou seuls devant leur assiette, par exemple. L’ensemble des difficultés rencontrées pose la question du partenariat entre les professionnels de santé et les familles pour une réelle qualité de vie du malade. Que faire ? CO. : Nous connaissons des établissements publics ou privés manifestant une volonté d’alliance entre les professionnels et les familles. Mais ce n’est pas la majorité. La maladie d’Alzheimer se traduit, chez le patient, par une perte de l’intelligence, du sens et des mots. Un nouveau déficit de communication du malade et l’absence de partenariat avec les soignants et l’institution provoquent une souffrance profonde supplémentaire chez les proches. Propos recueillis par 36 M.B. Personnes en fin de vie : accompagner les familles Les interventions infirmières auprès des familles de personnes en fin de vie, visent à aider les proches à gérer leurs sentiments, à prendre des décisions et les réajuster. En effet, l’entourage familial demeure un soutien primordial pour les patients. our bien prendre en charge une personne en fin de vie, il importe, pour les soignants, de P recueillir non seulement l’histoire de la maladie, mais aussi le ressenti du patient vis-à-vis de son existence, de sa maladie. Ces informations sont capitales pour mieux comprendre les difficultés et réactions des proches. « Ainsi, autour de la personne malade, le rôle infirmier dans l’accompagnement des familles variera en fonction des besoins », comme le souligne Angèle Marcerou, infirmière du service de soins palliatifs à l’hôpital JosephDucuing, à Toulouse. Observation et écoute L’infirmière restera attentive aux faits indiquant la perception que les membres de la famille ont d’eux-mêmes et de la situation qu’ils vivent. Cette disponibilité, son écoute et son observation la conduisent à comprendre leurs difficultés, à les aider à réajuster leur attitude. Pour les proches, l’information et les renseignements sur l’évolution de la maladie, sur les soins et les traitements restent des repères essentiels. En relais du médecin, les soignants feront appel à un vocabulaire accessible et adapté à leurs interlocuteurs. Ils s’assureront de la bonne compréhension des proches. Une infirmière peut demander à son interlocuteur, par exemple, de reformuler une information importante, afin de vérifier qu’elle est retenue et comprise. Il importe de repérer la personne qui peut constituer un interlocuteur privilégié, une “personne ressource”. Ce peut être un ami et non un membre de la famille dans certaines situations. C’est à cette personne qu’il sera plus facile de délivrer des informations régulières. Il ne s’agit pas d’évincer les autres pour autant, chacun ayant besoin d’explications. Il peut être Professions Santé Infirmier Infirmière - No 23 - janvier-février 2001