Actualités sur
la PRÉVENTION
vaccinale pour 1 dose a diminué entre 2010 et 2011.
Les dernières données épidémiologiques (16) ont
montré que, au 31 décembre 2011, seules 29,9 %
des jeunes fi lles âgées de 15 à 17 ans avaient reçu les
3 doses recommandées pour cette vaccination. Cette
couverture vaccinale faible pourrait compromettre la
mise en place d’une immunité de groupe en France.
La recommandation de 2007 de ne pas vacciner
avant l’âge de 14 ans pourrait être l’une des causes
de ce résultat insuffi sant. Le HCSP a donc révisé en
septembre 2012 l’âge de la vaccination contre les
infections par le HPV ainsi que celui du rattrapage
vaccinal (17). La vaccination est désormais recom-
mandée pour toutes les jeunes fi lles de 11 à 14 ans
et, en rattrapage vaccinal, pour les jeunes fi lles et
jeunes femmes de 15 à 19 ans révolus non encore
vaccinées. Les 2 vaccins nécessitent 3 injections,
la troisième (à 6 mois) pouvant être administrée en
même temps que le rappel diphtérie- coqueluche-
poliomyélite prévu entre 11 et 13 ans ou que le
vaccin contre l’hépatite B (17). Cette vaccination
est d’autant plus effi cace que les jeunes fi lles n’ont
pas encore été exposées au risque d’infection par
les HPV. Elle confère une protection partielle, et ne
dispense pas du suivi par FCU.
Par ailleurs, le HCSP a rappelé que l’obtention d’une
couverture vaccinale élevée représente un objectif
prioritaire, tant pour la protection individuelle des
jeunes fi lles que pour l’induction d’une immunité de
groupe, des niveaux de couverture vaccinale élevés
ayant été obtenus dans les pays qui vaccinent dans
les écoles (Royaume-Uni, Australie). En Australie,
3 ans après l’introduction de la vaccination dans
les écoles avec le vaccin quadrivalent, et avec une
couverture vaccinale de l’ordre de 80 %, une baisse
de l’incidence des lésions de haut grade et des
adénocarcinomes in situ a été constatée (18).
Diverses données sont disponibles concernant
l’immunité croisée comparative des 2 vaccins
contre d’autres génotypes que HPV 16 et HPV 18
(HPV 31, HPV 33, HPV 45). La réponse est généra-
lement similaire pour les 2 vaccins, à l’exception de
la réponse des cellules T, plus élevée avec le vaccin
bivalent (19, 20). Il reste de toute façon essentiel de
souligner que les vaccins actuellement disponibles ne
protègent pas contre l’ensemble des HPV oncogènes
et que le dépistage reste indispensable dès l’âge de
25 ans, même pour les femmes vaccinées.
Conclusion
Compte tenu de son évolution lente, de l’existence
de lésions précancéreuses curables, de tests de dépis-
tage et de diagnostic acceptables par la population,
et des stratégies de traitement disponibles, le cancer
du col de l’utérus est un candidat idéal au dépistage
d’après les critères de l’Organisation mondiale de
la santé. Depuis 20 ans, le dépistage des lésions
précancéreuses a permis une diminution de moitié de
l’incidence et de la mortalité du cancer du col utérin
dans les pays industrialisés, dont la France. Cepen-
dant, en France, une proportion non négligeable de
femmes (près de 40 % sur 3 ans) ne se font toujours
pas dépister, ou rarement (5). Le dépistage régulier
de l’ensemble de la population cible permettrait
de réduire l’incidence de plus de 90 %. Ce cancer
pourrait devenir, en France, une maladie rare (5). ■
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Références bibliographiques
L. Carbillon déclare avoir été invité
à l’International Papillomavirus
Conferences (Malmö 2009, Montréal
2010, Eurogin Lisbonne 2011) par
Sanofi -Pasteur et GlaxoSmithKline.