MISE AU POINT Diagnostic et prise en charge de la dysplasie au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Diagnosis and management of dysplasia in patients with inflammatory bowel diseases Abderrahim Oussalah, Laurent Peyrin-Biroulet* L * Inserm U954, université HenriPoincaré, Nancy 1, service d’hépatogastroentérologie, CHU de Nancy, Vandœuvre-lès-Nancy. e cancer colorectal (CCR) représente l’une des complications les plus redoutées des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Depuis la publication par Morson et al., en 1967, d’une étude ayant suggéré que la présence d’une dysplasie sur une biopsie non dirigée de la muqueuse rectale était associée à la présence d’un cancer invasif dans le reste du côlon (1), les experts ont recommandé la surveillance endoscopique au cours des MICI, avec la réalisation de biopsies coliques systématiques dans le but de recher- Cancer colorectal sporadique APC Adénome précoce Muqueuse normale p53 MSI K-ras DCC/DPC4 Adénome intermédiaire Adénome avancé Carcinome Cancer colorectal associé aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin p53 Mut. p53 LOH APC K-ras DCC/DPC4 Absence de dysplasie Dysplasie indéfinie Dysplasie de bas grade Dysplasie de haut grade Carcinome APC : Adenomatous polyposis coli ; DCC : deleted in colorectal cancer ; DPC4 : deleted in pancreatic cancer 4. Figure 1. Altérations génétiques contribuant au développement du cancer colorectal sporadique (haut) et du cancer colorectal associé aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (bas). La perte de la fonction APC survient précocement au cours de la carcinogenèse du cancer sporadique, alors que l’altération du gène p53 survient tardivement. Dans le cas de la carcinogenèse associée aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, l’altération du gène p53 survient précocement, avant l’apparition de la dysplasie, alors que la mutation du gène APC survient tardivement (d’après Itzkowitz, et al. [6]). 32 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 cher une dysplasie de la muqueuse colique (2). Les MICI sont relativement rares dans la population générale, et moins de 1 % de tous les cas de CCR sont attribués à une MICI (3). Néanmoins, les MICI représentent l’une des trois conditions à haut risque de CCR, avec la polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Lynch (4). Il en découle que le CCR au cours des MICI représente une problématique majeure aussi bien du point de vue du patient que de celui du médecin. Cette revue envisage les différents aspects de l’épidémiologie, de la biologie moléculaire, du diagnostic, du traitement, de la chimioprévention et de la surveillance de la dysplasie et du CCR au cours des MICI. Biologie moléculaire du cancer colorectal au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Le mécanisme exact par lequel l’inflammation conduit à la carcinogenèse au cours des MICI n’est pas clairement élucidé. L’inflammation persistante entraîne une prolifération cellulaire et un stress oxydatif menant à la dysplasie (5). Les différentes altérations génétiques observées au cours du CCR sporadique le sont également dans le CCR sur MICI, mais avec une séquence et une fréquence différentes (4). Ces événements incluent l’instabilité des microsatellites, l’inhibition des gènes par hyperméthylation du promoteur et la perte de fonction des gènes APC (adenomatous polyposis coli), p53 et K-ras (figure 1) [6]. Mots-clés Points forts » Le consensus ECCO (European Crohn’s and Colitis Organisation) recommande la réalisation d’une coloscopie de surveillance chez tous les patients ayant une RCH, 8 à 10 ans après le début des symptômes. » Il est actuellement recommandé que les patients avec une MC colique atteignant plus d’un tiers du côlon bénéficient d’un programme de surveillance endoscopique à partir de la 8e année d’évolution de leur maladie. » Les biopsies systématiques aux 4 quadrants, tous les 10 cm ainsi que sur toutes les lésions visibles, doivent être réalisées au cours de la coloscopie de surveillance. Dans les mains d’un endoscopiste entraîné, la chromoendoscopie au bleu de méthylène ou à l’indigo carmin est une alternative supérieure aux biopsies systématiques. » Le consensus ECCO recommande, en l’absence de contre-indication, l’utilisation de la mésalazine chez tous les patients présentant une RCH, dans le cadre de la chimioprévention du CCR. Facteurs de risque du cancer colorectal au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Facteurs de risque étudiés au cours de la rectocolite hémorragique La durée et l’étendue de la colite sont des facteurs de risque bien établis pour le développement d’un CCR au cours de la rectocolite hémorragique (RCH). Les patients ayant une durée de la maladie supérieure à 10 ans et ceux avec une pancolite présentent le risque le plus élevé de CCR. Le taux d’incidence du CCR augmente avec chaque décade d’évolution de la MICI, avec des probabilités cumulées de 2 % à 10 ans, 8 % à 20 ans et 18 % à 30 ans (7). Néanmoins, des données récentes (8-11) suggèrent que les taux d’incidence issus de la méta-analyse de J.A. Eaden (7) surestiment le risque réel. L’étendue de la colite représente un facteur de risque reconnu du CCR (7, 12). Dans une étude suédoise, les ratios d’incidence standardisés de CCR étaient de 1,7 (IC95 : 0,8-3,2) chez les patients avec une proctite et de 2,8 (IC95 : 1,6-4,4) en cas de colite gauche, et augmentaient jusqu’à 14,8 (IC95 : 11,4-8,9) chez les patients avec une pancolite (12). Les autres facteurs de risque récemment identifiés de CCR au cours de la RCH sont les suivants : un âge jeune au diagnostic de la MICI (< 20 ans) [12], un antécédent familial de CCR (13-16) et le degré de sévérité de l’inflammation histologique (17, 18). Bien qu’une étude ancienne (19) ait démontré un lien entre l’iléite de reflux (backwash ileitis) et le CCR, une étude récente n’a pas confirmé cette association (20). Facteurs de risque étudiés au cours de la maladie de Crohn Le risque de CCR au cours de la MC pancolique est identique à celui observé au cours de la RCH pancolique (21, 22). L’étude de la cohorte suédoise d’Uppsala de 1 655 patients a démontré un risque relatif (RR) de CCR de 5,6 en cas de MC colique, de 3,2 en cas d’iléocolite et de 1,0 en cas d’iléite (23). Une méta-analyse sur 12 études, incluant des études de population et des séries de centres référents, a démontré un surrisque de CCR au cours de la MC (RR = 2,5 ; IC95 : 1,3-4,7) [24]. Il est actuellement recommandé que les patients avec une MC colique atteignant plus d’un tiers du côlon bénéficient d’un programme de surveillance endoscopique à partir de la huitième année d’évolution de leur maladie (25). Dysplasie Cancer colorectal Coloscopie de surveillance Chimioprévention Rectocolite hémorragique Maladie de Crohn Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Keywords Dysplasia Colorectal cancer Surveillance colonoscopy Chemoprevention Ulcerative colitis Crohn’s disease Inflammatory bowel diseases Cas particulier : la cholangite sclérosante primitive associée aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Dans une méta-analyse ayant inclus 11 études, la coexistence d’une cholangite sclérosante primitive (CSP) avec une MICI expose à un risque 4 fois plus élevé de CCR chez les patients avec une RCH que chez les patients sans CSP (OR = 4,09 ; IC95 : 2,895,76) [26]. Du fait du risque très élevé de CCR en cas de CSP associée à la MICI, une surveillance endoscopique annuelle est recommandée dès le diagnostic de CSP (6). Les patients avec un diagnostic initial de CSP sans symptômes digestifs associés doivent bénéficier d’une coloscopie avec biopsies afin de rechercher une colite. Le consensus ECCO (European Crohn’s and Colitis Organisation) retient les facteurs suivants comme étant associés à un risque élevé de CCR : une pancolite (niveau de preuve [NP] 2), un âge au diagnostic de la MICI inférieur à 20 ans (NP 2), une CSP associée (NP 2), une inflammation colique persistante (NP 3), et un antécédent familial de CCR (NP 3). Diagnostic de la dysplasie colique au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin La dysplasie est une néoplasie épithéliale n’ayant pas franchi la lame basale (sans aucune invasion de la lamina propria) [27]. La dysplasie représente une phase prémaligne au cours de laquelle une intervention pourrait prévenir ou minimiser le risque de La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 33 MISE AU POINT Diagnostic et prise en charge de la dysplasie au cours des MICI cancer invasif (4). D’un point de vue endoscopique, la dysplasie peut être plane ou surélevée. La dysplasie plane peut être uni- ou multifocale. La dysplasie en muqueuse plane est classiquement considérée comme endoscopiquement invisible, et sa détection repose sur les biopsies systématiques. Le CCR sur MICI se développe selon la séquence inflammation chroniquedysplasie de bas grade (DBG)-dysplasie de haut grade (DHG)-cancer. Pour cette raison, les patients sont intégrés dans un programme de surveillance endoscopique dans le but de détecter l’apparition de la dysplasie avant celle du CCR. La fiabilité du système de surveillance repose sur trois piliers : le gastroentérologue, l’anatomo-pathologiste, le patient (2). Rôle du gastroentérologue Le gastroentérologue doit : 1. identifier les patients MICI qui nécessitent une surveillance ; 2. examiner la muqueuse colorectale à la recherche d’une dysplasie ; 3. adapter la prise en charge de chaque patient en fonction des données de l’étude anatomopathologique ; 4. veiller au suivi endoscopique du patient (2). La conférence de consensus de la CCFA (Crohn’s and Colitis Foundation of America) sur la surveillance du CCR au cours des MICI a recommandé la réalisation d’au moins 32 biopsies lors de chaque coloscopie de surveillance, en pratiquant 4 biopsies en quadrant tous les 10 cm (25). Chaque groupe de 4 biopsies doit être placé dans un tube séparé, ainsi que les biopsies réalisées sur les lésions surélevées ou suspectes (25). Afin de pallier les insuffisances de l’échantillonnage, de nouvelles techniques d’endoscopie ont été développées. L’amélioration de la technologie des puces vidéo a entraîné une identification plus fréquente des lésions polypoïdes associées aux MICI. La chromoendoscopie, au bleu de méthylène ou à l’indigo carmin, permet d’améliorer la détection des lésions subtiles de la muqueuse colique en augmentant la sensibilité de l’examen endoscopique (2, 4, 28-31). De nouvelles techniques d’endoscopie pourraient faciliter l’identification des lésions de dysplasie : parmi elles, on retrouve le narrow-band imaging (NBI) [32] et l’endomicroscopie confocale (33). Rôle de l’anatomopathologiste Selon Riddell et al., le diagnostic histologique de dysplasie est classé en trois catégories : 1. absence de dysplasie ; 2. présence d’une dysplasie (DBG ou DHG) ; 3. dysplasie indéfinie (27). Cette classifica- 34 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 tion souffre d’un manque de concordance entre les anatomopathologistes experts et non experts (34). Le consensus de la CCFA et la U.S. Multisociety Task Force recommandent la réalisation d’un second examen des biopsies par un anatomopathologiste indépendant avant la prise de décision définitive (25, 35). Considérations liées au patient Le rôle du patient dans la surveillance du CCR au cours des MICI est le plus critique et le moins étudié. Dans le contexte d’une MICI, le patient doit adhérer au programme de surveillance endoscopique et prendre en compte les options de prise en charge proposées par le gastroentérologue (2). Dans une enquête utilisant un questionnaire auto-administré et menée sur 199 patients avec une RCH évoluant depuis plus de 8 ans, 60 % des patients refusaient la colectomie élective en cas de dysplasie, malgré un risque encouru de CCR de l’ordre de 20 % (36). L’analyse des données de cette étude a démontré que les patients n’acceptaient la réalisation d’une colectomie élective que si le risque de CCR encouru dépassait 73 % (36). Cette étude, bien que menée sur un échantillon relativement faible, démontre la difficulté d’application d’un programme de surveillance du CCR au cours des MICI. Prise en charge de la dysplasie colique au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin L’appellation de DALM (dysplasia-associated lesion or mass) a été utilisée pour décrire des lésions dysplasiques surélevées en endoscopie (2). Les DALM qui présentent un aspect endoscopique similaire à celui des adénomes sporadiques sont appelées adenomalike DALM. Les non-adenoma-like DALM sont des lésions qui ne sont pas résécables endoscopiquement et dont la prise en charge est chirurgicale (2). Contrairement aux non-adenoma-like DALM, les adenoma-like DALM peuvent être traitées par une polypectomie, avec des biopsies réalisées autour de la muqueuse plane en circonférence de la lésion surélevée (37). Si la lésion est complètement reséquée et que la muqueuse environnante en circonférence ne comporte pas de dysplasie, une surveillance rapprochée par coloscopie est indiquée. La mise en évidence d’une dysplasie dans la muqueuse plane avoisinante à la lésion surélevée impose la colectomie, compte tenu du risque élevé de progression vers le cancer. MISE AU POINT Adenoma-like dysplasia-associated lesion or mass La prise en charge des adenoma-like DALM dépend de la taille, de l’aspect et de la résécabilité complète de la lésion par l’endoscopie interventionnelle. Odze et al. ont démontré que la résection endoscopique des adenoma-like DALM par les techniques standard avait un faible risque de dégénéréscence (37). Le consensus ECCO et l’AGA (American Gastroenterological Association) recommandent, en l’absence de dysplasie entourant la lésion surélevée, la réalisation d’une résection endoscopique (ECCO : NP 2b, grade B ; AGA : grade A) [28]. Si la résection endoscopique n’est pas possible ou si la dysplasie est mise en évidence autour de la lésion surélevée, la proctocolectomie est recommandée (ECCO : NP 2b, grade B ; AGA : grade A) [figure 2] (28, 38). Dysplasie de haut grade en muqueuse plane Dans une revue systématique, 42 % des patients présentant une DHG avaient un CCR sur la pièce de colectomie (40). Ces données indiquent clairement que la colectomie représente le traitement de choix des patients présentant une DHG, qu’elle soit réséquée incomplètement ou bien mise en évidence sur un examen histopathologique de biopsies non dirigées. Le consensus ECCO et l’AGA recommandent la réalisation d’une proctocolectomie en cas de DHG en muqueuse plane (ECCO : NP 2, grade B ; AGA : grade A) [figure 2] (28, 38). Dysplasie de bas grade en muqueuse plane Une méta-analyse récente a conclu que les patients présentant une DBG avaient un risque douze fois plus élevé (OR = 11,9 ; IC95 : 5,2-27) de développer une lésion colique avancée que les patients sans dysplasie (41). Néanmoins, une variation significative est retrouvée dans les taux de progression de la DBG vers la DHG ou le CCR (38). En cas de DBG en muqueuse plane, le consensus ECCO recommande soit la réalisation d’une proctocolectomie, soit la réalisation d’une coloscopie après 3 à 6 mois (NP 2b, grade B) [28]. L’AGA recommande dans ce cas de figure une décision au cas par cas et en concertation entre gastroentérologues et chirurgiens (38). Si la DBG en muqueuse plane est Première coloscopie de surveillance après 8 ans d’évolution d’une colite Biopsie aux 4 quadrants tous les 10 cm en muqueuse plane Résection de toutes les lésions surélevées, biopsies sur la base des lésions reséquées et sur la muqueuse colique environnante Absence de dysplasie Dysplasie en muqueuse plane Dysplasie indéfinie Bas grade Haut grade Unifocale Multifocale Coloscopie dans 3 à 6 mois Non-adenomalike DALM Adenoma-like DALM Polypectomie Absence Dysplasie sur la muqueuse surdeladysplasie muqueuse adjacente adjacente Traiter l’inflammation Coloscopie dans 1 à 2 ans DALM Proctocolectomie Coloscopie dans 6 mois Figure 2. Algorithme décisionnel chez un patient présentant une dysplasie au cours d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (d’après Zisman et al. [39]). détectée sur plusieurs coloscopies, si elle est multifocale (plusieurs sites sur la même coloscopie), ou si elle est découverte au moment de la première coloscopie de surveillance, la colectomie paraît légitime (38). Il est primordial dans cette situation que l’avis d’un pathologiste expert en pathologie digestive soit pris (figure 2) [38]. Dysplasie indéfinie Au cours des processus inflammatoires coliques, la réparation de l’épithélium peut entraîner des modifications histopathologiques mimant la dysplasie : c’est la dysplasie indéfinie (42). Ullman et al. ont rapporté un taux de progression à 5 ans de l’ordre de 9 % sur une série de 56 patients avec un diagnostic de dysplasie indéfinie (43). Le consensus ECCO recommande, en cas de dysplasie indéfinie confirmée par un anatomopathologiste expert, la réalisation d’une coloscopie de contrôle après 3 à 6 mois, avec une optimisation du traitement de la RCH (28). Le consensus de la CCFA recommande, dans cette situation, une surveillance annuelle (figure 2) [25]. Absence de dysplasie Les patients avec une MICI qui ne présentent pas de dysplasie ont un faible risque de progression vers le CCR (43). La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 | 35 MISE AU POINT Diagnostic et prise en charge de la dysplasie au cours des MICI Dans cette situation, le consensus de la CCFA suggère une coloscopie de surveillance tous les un à deux ans (25). Le consensus ECCO recommande, en cas de pancolite, une surveillance à raison d’une coloscopie tous les deux ans jusqu’au 20e anniversaire de la MICI, puis une surveillance annuelle (NP 2b, grade B) [28]. Chimioprévention du cancer colorectal au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Une méta-analyse ayant inclus 334 cas de CCR, 140 cas de dysplasie et un total de 1 932 patients (3 cohortes, 6 études cas-témoin) a démontré que les dérivés salicylés (5-ASA) étaient associés à une réduction du risque de CCR (OR = 0,51 ; IC95 : 0,370,69) ou d’un critère combinant le CCR à la dysplasie (OR = 0,51 ; IC95 : 0,38-0,69) [44]. Compte tenu de la moindre toxicité de la mésalazine en comparaison de celle de la sulfasalazine, et considérant que le nombre nécessaire de patients à traiter pour prévenir un CCR était de 7 (needed to treat, NNT) [45] chez les patients ayant une maladie évoluant depuis 30 ans, le consensus ECCO suggère, en l’absence de contre-indication, l’utilisation de la mésalazine chez tous les patients présentant une RCH, dans un but prophylactique (NP 2, grade B ; AGA : grade B) [28]. Une étude ayant suivi des patients avec une RCH et une CSP, préalablement inclus dans un essai contrôlé randomisé, a démontré que l’acide ursodésoxycholique était associé à une réduction significative du risque de CCR (RR = 0,26 ; IC95 : 0,06-0,92) [46]. Le consensus ECCO et l’AGA recommandent l’utilisation de l’acide ursodésoxycholique chez tous les patients présentant une CSP associée à une RCH, 36 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011 dans le cadre de la chimioprévention du CCR (ECCO : NP 1b, grade B ; AGA : grade A) [28]. Programmes de surveillance endoscopique de la dysplasie et du cancer colorectal au cours des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin À l’heure actuelle, malgré l’absence d’essai contrôlé randomisé, la coloscopie de surveillance reste le meilleur outil pour détecter une dysplasie ou un CCR chez les patients suivis pour une MICI. Le consensus ECCO recommande la réalisation d’une coloscopie de surveillance chez tous les patients avec une RCH, 8 à 10 ans après le début des symptômes, et ce afin d’évaluer l’étendue de la maladie (NP 5, grade D, avis d’experts). En cas de pancolite, la surveillance doit débuter après la coloscopie de screening et devra être réalisée un an sur deux pendant 20 ans, puis tous les ans (NP 2, grade B) [28]. En cas de colite gauche ou de colite distale, la surveillance doit débuter après 15 ans d’évolution de la RCH (28). Les patients avec une rectite ne nécessitent pas de surveillance particulière en rapport avec leur RCH (NP 2, grade B) [28]. En cas de CSP associée, la coloscopie de surveillance doit être réalisée tous les ans (NP 3, grade B) [28]. Les biopsies systématiques aux 4 quadrants, tous les 10 cm et sur toutes les lésions visibles doivent être réalisées au cours de la coloscopie de surveillance (NP 2b, grade B) [28]. La chromoendoscopie au bleu de méthylène ou à l’indigo carmin est une alternative supérieure aux biopsies systématiques dans les mains d’un endoscopiste entraîné (NP 1b, ■ grade B) [28]. Conflit d’intérêts. Le Pr L. Peyrin-Biroulet déclare avoir perçu des honoraires en qualité de conseiller pour les laboratoires Ferring. MISE AU POINT Références bibliographiques 1. Morson BC, Pang LS. Rectal biopsy as an aid to cancer control in ulcerative colitis. Gut 1967;8:423-34. 2. Ullman T, Odze R, Farraye FA. Diagnosis and management of dysplasia in patients with ulcerative colitis and Crohn’s disease of the colon. Inflamm Bowel Dis 2009;15:630-8. 3. Choi PM, Zelig MP. Similarity of colorectal cancer in Crohn’s disease and ulcerative colitis: implications for carcinogenesis and prevention. Gut 1994;35:950-4. 4. Farraye FA, Odze RD, Eaden J, Itzkowitz SH. AGA technical review on the diagnosis and management of colorectal neoplasia in inflammatory bowel disease. 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