les 7 qui ont présenté une récidive tumorale, 5 faisaient partie des
patients ayant des limites moléculaires positives. Cet examen a
une valeur pronostique indépendante du stade TNM et du type
histologique de la tumeur (Temam S, Casiraghi O, Lahaye JB et
al. Clin Cancer Res 2004;15:4022-8).
Y. Mallet (centre Oscar-Lambret, Lille) a exposé les résultats
d’une étude portant sur 57 patients présentant des tumeurs cen-
trées sur la zone de jonction langue mobile/base de langue.
Douze et demi pour cent des tumeurs étaient classées T1, 43 %
T2, 34 % T3 et 10,5 % T4. Les patients ont été traités par chi-
rurgie première ou radiothérapie, parfois associée à une chimio-
thérapie. La survie à 3 ans sans maladie a été de 53 %. Le type
de traitement entrepris (chirurgie première versus radiothérapie)
et le stade T (T1 ou T2 vs T3-T4) ont été les facteurs de meilleur
pronostic en analyse multivariée.
N. Zwetyenga (service de chirurgie maxillo-faciale, CHU de Bor-
deaux) a présenté une analyse rétrospective de 223 patients traités
pour des cancers de la langue mobile avec un recul minimal de 5 ans.
La plupart des patients présentaient des tumeurs T1 ou T2, le plus
souvent traitées par association radio-chimiothérapie. Le statut gan-
glionnaire est apparu comme le facteur pronostique majeur. A. Cos-
midis a présenté une série rétrospective de 100 patients présentant
des tumeurs de la langue mobile (27 T1, 49 T2, 8 T3, 16 T4), dont
75 % étaient N0 clinique (cN0). Vingt-quatre ont été traités exclu-
sivement par chirurgie, 13 exclusivement par radiothérapie, 63 par
une association chirurgie et radiothérapie, et 16 ont eu en plus une
chimiothérapie. La survie selon la méthode de Kaplan-Meier a été
de 74 % à un an, de 53 % à 3 ans et de 57 % à 5 ans. Les facteurs
pronostiques ont été le stade T, le stade N, la rupture capsulaire et
l’âge, tous les patients de moins de 35 ans étant décédés dans les
18 mois suivant le traitement.
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Y. Mallet (centre Oscar-Lambret, Lille, pour le GETTEC) a
présenté une étude multicentrique rétrospective portant sur
52 patients de moins de 35 ans ayant le plus souvent des tumeurs
peu avancées (75 % T1 ou T2, 76 % N0). Les modalités théra-
peutiques ont été très diverses, 58 % des patients ont eu une chi-
rurgie première. Le taux de non-stérilisation après le traitement
de première intention a été de 27 %. En outre, un tiers des patients
en rémission initiale ont présenté une récidive locale. La survie
globale a été de 84 % à un an, de 70 % à 3 ans et de 64 % à 5 ans
avec un seul cas de deuxième cancer. Malgré un bon état géné-
ral des patients et le stade précoce des tumeurs, les résultats sont
médiocres en termes de contrôle local et de survie, confirmant le
mauvais pronostic de ces tumeurs chez l’adulte jeune et la néces-
sité d’une thérapeutique initiale “agressive”, d’autant que ces
patients ne font pas de deuxième cancer.
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Pour les patients âgés de plus de 75 ans, C. Ferron (CHU de
Nantes, pour le GETTEC) a présenté une étude multicentrique
rétrospective portant sur 145 patients (28 % T1, 42 % T2, 17 % T3,
13 % T4). Les patients présentant des tumeurs de petite taille T1 et
T2 ont été le plus souvent traités selon les modalités thérapeutiques
habituelles, avec un contrôle tumoral comparable. Les décès inter-
currents sont fréquents (62 % des T1, 38 % des T2). Les grosses
tumeurs T3 et T4 étaient souvent associées à une comorbidité
importante empêchant une thérapeutique curative avec une survie
médiocre.
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B. Barry (hôpital Bichat, Paris) a rapporté les résultats carcino-
logiques et fonctionnels de la glossectomie transversale antérieure
sur une série rétrospective de 62 patients présentant une tumeur de
la langue mobile en première intention (31 cas) ou après l’échec
d’une radiothérapie (31 cas). Il s’agissait de tumeurs étendues clas-
sées T2, T3 ou T4 pour respectivement 6, 32 et 24 patients. Le sta-
tut ganglionnaire préopératoire était N0 pour 35 patients, N1 pour
10 patients, N2 pour 17 patients et N3 pour 1 patient. Les patients
opérés en première intention ont bénéficié d’une radiothérapie post-
opératoire. Deux tiers des patients avaient une alimentation satis-
faisante, le plus souvent mixée 2 mois après l’intervention. Les taux
de survie calculés par la méthode actuarielle ont été respectivement
de 42 % et de 26 % à 3 et 5 ans. La survie des patients opérés en
première intention a été meilleure (53 et 38 % à 3 et 5 ans) que celle
des patients opérés après radiothérapie, essentiellement du fait d’un
taux de récidives locorégionales très bas (4/31).
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E. Motto (institut Gustave-Roussy, Villejuif) a rapporté l’expé-
rience de l’Institut sur une série de 38 patients opérés de tumeurs
T3 ou T4a à point de départ de la langue mobile. Le contrôle loco-
régional a été de 71 % et le taux de survie de 68 % à 3 et 5 ans.
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Pour les volumineuses tumeurs inopérables ou nécessitant une
exérèse large de la langue, la radiothérapie est souvent proposée
en première intention. A. Lusinchi (institut Gustave-Roussy, Vil-
lejuif) a présenté une série de 76 patients traités pour des tumeurs
de la langue mobile (53 %) ou de la totalité de la langue (47 %).
Dix-neuf patients étaient inopérables, 41 relevaient d’une glos-
sectomie totale, parfois associée à une laryngectomie. Les patients
ont bénéficié d’une radiothérapie accélérée ou d’une radiochi-
miothérapie concomitante. Trente-huit échecs locaux ont été
observés. La survie à 5 ans a été de 26 %. Les auteurs insistent
sur la toxicité aiguë de ces thérapeutiques, mais constatent une
toxicité tardive acceptable.
Le traitement par thérapie photodynamique à la témoporphine
(Foscan®) est une technique nouvelle, encore réservée aux
patients
en échec des thérapeutiques conventionnelles. C. Hopper
(Londres)
et B. Tan (Amsterdam) ont exposé les résultats de cette technique
sur 66 patients présentant des tumeurs Tis, T1 ou T2 N0M0 de
moins de 25 mm de diamètre et de moins de 5 mm de profondeur
sur la langue ou le plancher buccal. L’administration de Foscan®
a été suivie, 4 jours plus tard, d’un traitement par illumination de
la tumeur au laser diode générant une lumière rouge non ther-
mique. Le taux de réponse complète a été de 93 % et 89 % pour
les tumeurs de la langue mobile et du plancher et de seulement
57 % pour les tumeurs de la base de la langue. L’échec de ce trai-
tement, lorsqu’il survient, est précoce (2 à 3 mois), et n’empêche
pas la mise en œuvre des thérapeutiques classiques.
En conclusion, le traitement des cancers de la langue est donc avant
tout chirurgical, associé à une radiothérapie postopératoire pour
les tumeurs T3 ou T4. Les tumeurs de petite taille, dont l’exérèse
est large, peuvent être traitées par chirurgie exclusive, permettant
de préserver l’avenir en cas de deuxième localisation tumorale. La
chirurgie a pu bénéficier des progrès de la reconstruction par les
lambeaux permettant d’améliorer les résultats fonctionnels. La
radiothérapie exclusive, si possible associée à une chimiothérapie,
est une alternative thérapeutique acceptable chez les patients pré-
sentant des tumeurs très évoluées ou inopérables.
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ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no299 - juillet-août 2005