pour se faire entendre. Quel niveau de spoliation sociale et de recul démocratique faudra-t-il
encore tolérer ? Combien de temps encore une élite dédaigneuse pourra-t-elle décréter, avec
suffisance, que le protectionnisme est un « repli sur soi », alors même qu'il est un ajustement
humain au déréglèment de l'économie, que la maîtrise des frontières est une régression,
alors même qu'elle ne signifie pas la fermeture, que le contrôle de l'immigration est un
racisme, alors même qu'il est une luttre contre le cynisme des grands patrons ; combien de
temps encore pourra-t-elle nous imposer son jugement sur qui sont les vrais républicains et
qui sont les méchants fascistes, sur qui est digne d'accéder à la Présidence de la République,
et qui ne l'est pas, employant volontiers l'anathème et l'incantation au détriment du fond. La
laissera-t-on encore longtemps nous imposer des débats parasites, sur des sujets sociétaux
mineurs, pour éviter d'aborder les vrais sujets ? Dans l'esprit de ces gens-là, la Charte de la
Havane, produit lumineux d'un monde qui voulait institutionnaliser la paix, ne serait qu'un
texte régressif, xénophobe, fasciste, alors même qu'il représente, pour le monde actuel, le
modèle d'une vision juste et globale des rapports entre les nations et les peuples, et leur
coopération heureuse.
À l'approche d'une échéance électorale d'importance capitale, l'élection du Président
de la République française au printemps 2012, j'ai voulu informer les Français des menaces
qui pèsent sur le pays, des trahisons de l'intérieur et du mépris extérieur. J'ai cherché à
aborder des sujets de fond : la dérive de l'Union européenne (et de ses commissaires
européens, que l'abbès Siéyès appelerait « les mandataires de la féodalité »), la
financiarisation de l'économie, la monnaie unique, la République bafouée, l'indépendance
fictive de la presse, la politique étrangère, l'immigration, etc.. Par un travail long et patient,
j'ai voulu montrer que les ennemis de la légalité républicaine et de l'unité nationale n'étaient
pas ceux que l'on nous présente, avec une pointe de dégoût bon ton et de facilité : que
Marine Le Pen, puisqu'il faut la nommer, n'était pas la résurgence de la « bête immonde »,
particulièrement si l'on disséquait le parcours des partis au pouvoir, des vrais responsables.
Porté par cette croyance, j'ai voulu cependant produire un constat objectif de la situation
actuelle, fondé sur des sources, des citations empruntées à des hommes et des oeuvres de
toute idéologie, appuyé par des rappels historiques et des raisonnements logiques.
La démocratie n'est pas seulement l'élection présidentielle : elle est aussi cet équilibre
complexe d'indépendance de la presse, d'accès égal à une information de qualité, d'école
forte, de protection sociale, d'accès à l'emploi, de facilité à débattre pour tous les acteurs
politiques, de tous les bords. La démocratie, ce n'est pas uniquement le fruit d'institutions
justes, et d'une juste constitution ; ce n'est pas simplement la transparence et la morale
publique. C'est aussi, au niveau du peuple et des invidualités qui le composent, l'idée que
chacun peut prendre la parole, et discuter d'une proposition : si les élites ont abandonné sa
pratique, c'est à chacun d'entre nous de renouer avec. Ainsi, pour que chacun puisse apporter
ses objections et ses réflexions, je laisse en fin de page mes coordonnées. J'espère que mes
lecteurs, aussi nombreux que possible, auront la patience de lire un dossier que j'ai
confectionné pour eux, et qui n'a d'intérêt que s'ils le lisent, le discutent, peut-être le
contestent, ou peut-être y adhèrent.
Donatien VÉRET