S T H U B Faculté de Physique Une histoire de la physique Par Y. SALHI Laboratoire de Mécanique des Fluides Théorique et Appliquée [email protected] Le XIX siècle : Le XIXème commençant voit l'apparition des machines à vapeur. La fabrication de celles-ci relève de l'empirisme le plus total, ce que remarque un très jeune physicien de génie Sadi CARNOT. Mais la thermodynamique va commencer par un loupé: les travaux de CARNOT sont, il est vrai, théoriques, abstraits et difficiles. Ses travaux viennent trop tôt. CARNOT a compris le deuxième principe, le plus difficile, avant le premier. Il a clairement perçu la nécessité de la source froide et le sens des échanges; il n'a pas compris la conservation de l'énergie, ce qui va brouiller les pistes. Le XIX siècle : Quelques remarques historiques et épistémologiques … L’expérimentateur anglais Michael Faraday (1791-1867) proposa le premier de décrire l’action de l’électricité en termes de champ électromagnétique plutôt que de mouvements de particules chargées. James Clark Maxwell (1831-1879) généralisa et formalisa les résultats obtenus par les nombreux pionniers de l’étude des phénomènes électromagnétiques et leur donna en 1872 une forme quasi définitive. Le XIX siècle : AUGUSTIN FRESNEL Avec la représentation newtonienne de la lumière, tous les phénomènes d’optique géométrique rencontraient une explication satisfaisante; le jet de particules lumineuses rebondit sur un miroir pour la réflexion. Newton rendait même compte des phénomènes d’interférences (c’était faux mais il était le seul à le savoir …). C’est Augustin Fresnel qui rendit la lumière ondulatoire et expliqua les phénomènes d’interférences et de diffraction . Il prouva ses découvertes à une communauté scientifique sceptique au terme d’un long débat contradictoire devant l’académie des sciences. Cet épisode montre combien Newton avait écrasé de son génie la Physique du XIXème siècle. Le XIX siècle : J.C. MAXWELL Maxwell a réuni dans un même cadre formel la description des phénomènes électriques, magnétiques et optiques en introduisant la notion de champ électromagnétique. Sa théorie de l’électromagnétisme classique est toujours très utilisée. Elle a consacré la Physique classique dans la dernière partie du XIXème siècle. r div B = 0 r uuur r ¶B rot E = ¶t r r div E = e0 r uuur r r ¶E rot B = m0 ( j + e 0 ) ¶t Le XIX siècle : REPRESENTATION DE LA NATURE A LA FIN DU XIXème SIECLE: Rayonnements : lumière ou matière ? Rayonnement cathodique •des physiciens dont Crookes, Perrin et Thomson étudient le comportement des rayons cathodiques en présence d'aimants et de champs électriques: les rayons sont dévié •«électrons» :J. J. Thomson conclut que ces rayons sont des particules négatives qu'il appelle (1898) Rayons X •Découverts par Röntgen en 1895 •Nature incertaine jusqu’à Von Laue (1912) Radioactivité •Découverte par Becquerel en 1896 (uranium) •1898-1900 P. et M. Curie, E. Rutherford et P. Villard comprennent qu’il y a plusieurs types de radioactivité (a, b, g) Le XIX siècle : REPRESENTATION DE XIXème SIECLE LA NATURE A LA FIN DU Il y a des atomes (une centaine) qui constituent la matière, il y a de la lumière qui est de type ondulatoire et qui vibre sur un support matériel subtil qui remplit tout l ’espace, l’éther, dont on sait peu de choses mais on se dit qu’il faut bien vibrer sur quelque chose. Enfin il existe deux interactions fondamentales ou élémentaires agissant à distance : l’électromagnétisme de Maxwell et la gravitation universelle de Newton. Le tout répond à la grammaire de la mécanique newtonienne. Etat de l’art à la fin XIXième siècle n n n La lumière (rayons X, ultraviolet, visible, infrarouge) se propage à travers l’espace sous forme d’une onde électromagnétique; car on observe des phénomènes propres aux ondes, comme la réflexion, la réfraction, l’effet Doppler, les interférences. L’électron et le proton sont connus. Qu’est-ce-donc une onde électromagnétique O.E.M E B l :longeur d’onde E: champ électrique B: champ magnétique Etat de l’art à la fin XIXième siècle L’étude d’un spectre est possible au moyen d’un prisme: Etat de l’art à la fin XIXième siècle Etat de l’art à la fin XIXième siècle REPRESENTATION DE LA NATURE A LA FIN DU XIXème SIECLE : Restent des ‘’problèmes mineurs’’ à régler: ü Le rayonnement du corps noir üOn n’arrive pas à mesurer la vitesse de la lumière par rapport à l’éther ü L’effet photoélectrique ü Les équations de Maxwell ne sont pas invariantes sous les transformations de Galilée ! Le XX siècle : La fin du XIXème siècle marque le triomphe de la physique classique. Les succès de la thermodynamique et de l'électromagnétisme s'accompagnent de réalisations spectaculaires dans la fabrication des moteurs et des machines thermiques ainsi que dans l'utilisation de l'électricité (ondes radioélectriques, fabrication, distribution et utilisation de l'énergie électrique). On cite parfois le cas d'un physicien français déconseillant à un de ses élèves de choisir cette branche car il n'y a plus grand chose à y découvrir. Deux physiciens vont tout bouleverser: Max PLANCK et Albert EINSTEIN Le problème du corps noir octobre 1900: Max Planck résout l’énigme de l’émission radiative d’un corps noir A l’époque, l’énigme est appelée la catastrophe ultraviolette ! Qu’est-ce qu’un corps noir ? C’est un corps qui absorbe toute l’énergie qu’il reçoit. L’énergie qu’il émet sous forme de rayonnement dépend de sa température Le problème du corps noir n Les théories classiques en vigueur ne parviennent pas à expliquer les observations faites sur l’émission de l’énergie par un corps noir. Les prédictions théoriques: D’après la théorie, l’intensité du rayonnement devrait croître lorsque la longueur d’onde diminue Les observations: Or dans les faits, ce n’est pas le cas Les prédictions théoriques: D’après la théorie, l’intensité du rayonnement devrait croître lorsque la longueur d’onde diminue Les observations: Or dans les faits, ce n’est pas le cas Octobre 1900: en s’appuyant sur les travaux de Wien (loi de Wien),, Max Planck trouve une équation qui rend compte des observations 2p hc Il = e 5 l 2 æ hc ö -ç -1÷ è l k BT ø Dans son calcul, Planck: n doit considérer des portions d’énergie proportionnelles à la fréquence, n mais ces portions ne peuvent pas être plus petite qu’une valeur bien précise ! E= h f avec h = 6,62 10-34 Js 14 décembre 1900: La catastrophe ultraviolette n’a donc pas lieu (pour les UV: f = 1015 à 1016Hz) n n Un corps noir rayonne son énergie par «bouffées» et non pas de façon continue. On peut traduire cela avec l’analogie suivante: IMPOSSIBLE ! L’émission d’énergie est discontinue et chaque saut d’énergie vaut: E= h f avec h = 6,62 10-34 Js L’effet photoélectrique 1905: Albert Einstein résout l’énigme de l’effet photoélectrique L’EFFET PHOTOELECTRIQUE Il existe un phénomène microscopique qui met directement en évidence (tout au moins on n’a pas d’autre explication) le caractère corpusculaire de la lumière: c’est l’effet photoélectrique. Vous envoyez sur certains matériaux de la lumière et observez INSTANTANEMENT un courant électrique. Si le phénomène est ondulatoire, il faut un certain temps aux électrons pour intégrer l’énergie du rayonnement suffisante pour les éjecter; ce temps est supérieur aux précisions expérimentales. Description succincte de l’effet photoélectrique •Le nombre d’électrons éjectés croît lorsque l’intensité du faisceau augmente, ce qui n’étonne personne. •Par contre, quelque chose reste inexpliquée par la théorie : la vitesse d’éjection des électrons ne dépend pas de l’intensité du faisceau. •De plus, cette vitesse d’éjection ne dépend que de la fréquence du rayonnement monochromatique ! Si la fréquence augmente, alors la vitesse d’éjection augmente aussi ! •Enfin, en dessous d’une fréquence minimum aucun électron n’est éjecté quelle que soit l’intensité du faisceau ! Einstein a cherché à calculer l’énergie associée à une onde monochromatique de haute fréquence. Il a tenu compte des travaux de Wien (loi de Wien valable aux hautes fréquences) et de ceux de Boltzmann (relation statistique de l’entropie basée sur la probabilité d’obtenir un état macroscopique donné). En suivant cette approche, il a obtenu que E= n hf . Ainsi d’un point de vue théorique tout se passe comme si l’énergie contenue dans le faisceau était quantifiée avec la valeur h f . Il postule donc que toute lumière voyage par paquets d’énergie égaux à h f. Le photon de lumière est né Avec cette idée de paquets d’énergie, Einstein peut expliquer l’effet photoélectrique : Lorsqu’un photon interagit avec un électron, il lui communique toute son énergie ( = h f ) et il disparaît. L’électron proche de la surface qui a reçu cette énergie en cède une partie au métal (= travail d’extraction du métal) et emporte avec lui sous forme d’énergie cinétique le reste de l’énergie reçue par le photon. Ceci permet de poser l’équation suivante : Energie cinétique = h f – W0 W0: travail d’extraction En 1915, cette équation a été vérifiée expérimentalement par Robert Millikan, Energie cinétique = h f – W0 C’est l’équation d’une droite En résumé: n n n n n n La lumière est émise par la matière de façon discontinue. La lumière se compose de paquets d’énergie; le mot photon n’apparaît en fait que dès 1923. La lumière est absorbée par la matière de façon discontinue. La lumière a donc un comportement MIXTE que l’on peut expliquer très grossièrement comme ceci: Lorsqu’elle «voyage», elle se comporte comme une onde. Lorsqu’elle interagit avec la matière, elle se comporte comme des particules (= paquets d’énergie). n En 1910, Ernest Rutherford (prix Nobel de chimie en 1908) bombarde une mince feuille d’or (épaisseur environ 1/10000 mm) avec des particules alpha. Avec cette expérience, il peut confirmer un modèle de l’atome basé sur un noyau très petit entouré d’un « système planétaire » d’électrons. n n n Le problème, c’est qu’en physique classique, avec un tel modèle, les électrons devraient perdre leur énergie par rayonnement en 10-8 sec ! Or, ce n’est pas le cas ! période 1913 - 1920: En 1913, Niels Bohr propose un modèle pour l’atome d’hydrogène (noyau formé d’un proton avec un électron en orbite) basé sur le concept de l’énergie quantifiée. Puis d’autres physiciens (de Broglie, Pauli, Heisenberg, Schrödinger, …) contribuent à améliorer la compréhension du comportement des électrons atomiques. L’idée de base de Niels Bohr n n Il propose de quantifier les orbites sur lesquelles l’unique électron de l’hydrogène peut se trouver selon son état d’énergie. Il définit que ces orbites doivent satisfaire au critère suivant: L’électron se trouve sur une orbite dans un état stationnaire lorsque son moment cinétique est un multiple entier d’une constante m v R = n h/2p avec n = 1, 2, 3, … n n est le nombre quantique principal. L’idée de base de Niels Bohr énergie extérieure n n Lorsqu’un électron reçoit de l’énergie de l’extérieur (énergie lumineuse, électrique, thermique, …), il « saute » vers une orbite supérieure, ce qui correspond à une augmentation du nombre n. Lorsqu’un électron perd de l’énergie, il le fait « par saut » et il émet toujours un photon : En principe un électron ne reste pas dans un état excité, il retourne donc à un état énergétiquement plus bas en émettant un photon dont la fréquence est définie par l’énergie perdue égale à Dn (h/2p) f SAUT Émission d’un photon L’idée de base de Niels Bohr •Avec ce modèle, on trouve par calcul que l’énergie à échanger pour éjecter l’électron d’un atome d’hydrogène vaut 13,6 eV (c’est le phénomène d’ionisation). •La fréquence qui correspond à cette énergie est égale à 3,288 1015Hz. C’est la fréquence des rayons X. •Expérimentalement, l’hydrogène est effectivement ionisé lorsqu’il est illuminé par ce type de rayons X. L’idée de base de Niels Bohr le modèle de Bohr contient une ambiguïté n Tant que l’électron reste sur son orbite, il obéit aux lois de Newton (physique classique). n Mais quand il change d’orbite, il obéit aux lois de Planck et Einstein (physique des quantas) n Les physiciens vont alors s’attaquer à cette ambiguïté En 1923, Louis-Victor de Broglie a une idée géniale ! L’idée géniale est la suivante: n n Puisque les ondes électromagnétiques peuvent être considérées comme des corpuscules qui interagissent avec la matière… Pourquoi la réciproque ne serait-elle pas vraie Louis-Victor de Broglie propose d’associer à toute particule de matière une onde dont la longueur l est définie par : l = h / (m v) n En fait, la particule est associée à un groupe (ou paquet) d’ondes dont le maximum d’amplitude se déplace à la vitesse de la particule ! Cette idée géniale va être confirmée expérimentalement ! n n En 1927, Clinton Davisson (assisté de Germer) … et George Thomson … prouvèrent l’exactitude de l’idée de L.-V. de Broglie en observant la diffraction d’électrons sur une cible polycristalline (cristal de Nickel). Le XX siècle : n n n N. Bohr propose de quantifier le rayon des orbites électroniques et il imagine que les électrons atomiques ne peuvent perdre de l’énergie que par paquets et en changeant d’orbite, en émettant un photon. Son modèle est ambigu: mélange de physique classique et de physique quantique. L.-V. de Broglie lève l’ambiguïté en proposant que chaque particule élémentaire a des propriétés ondulatoires. Il introduit ainsi une condition entre la vitesse des électrons et une longueur d’onde associée, ce qui fixe les rayons possibles. Le XX siècle : Pour étudier ces sauts, il suffit de mesurer les spectres de lumière émis par des atomes qui absorbent ou qui émettent de l’énergie L’étude d’un spectre est possible au moyen d’un prisme: A titre d’exemple, voici le spectre de la lumière blanche: Théoriquement, voici comment peut se présenter un spectre : Spectres d’absorption Spectres d’émission Les électrons atomiques absorbent de l’énergie et la restitue en émettant un photon d’une longueur caractéristique de la transition effectuée. Un faisceau de lumière blanche traverse un gaz, les électrons atomiques du gaz absorbent une partie de cette énergie à des fréquences caractéristiques des sauts effectués et il la restitue en émettant des photons dans toutes les directions. Donc à ces fréquences il y a une diminution de l’intensité du faisceau. Chaque atome a une signature électronique qui lui est propre et qui est caractéristique des sauts que ses électrons peuvent effectuer ! N7 He2 Fe26 Ca20 L’idée de Niels Bohr est donc validée ! L’étude des spectres confirment que les électrons atomiques gagnent et perdent de l’énergie par sauts entre orbites, chaque orbite correspondant à un niveau d’énergie La figure ci-contre présente les différents sauts d’énergie possibles pour l’électron de l’atome d’hydrogène. Chaque niveau correspond à une valeur du nombre quantique principal. Tous ces niveaux d’énergie ont pu être observés dans le spectre d’émission de l’atome d’hydrogène. Je vous remercie de votre attention