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1 J.-P. Baud, L’affaire de la main volée. Une histoire juridique du corps. Des travaux/ Seuil 1993
Jean-Claude Otteni (†) et
Jean-Pierre Haberer,
Expériences de mort
imminente. Near-Death
Experiences
personne à la chose et vice-versa ? Faut-il alors créer une nouvelle catégorie juridique
entre l’homme et la chose ? Et si l’on admet l’homme augmenté, quelle est la limite de
cet augment ? Le statut du corps humain a toujours interrogé, l’excellent ouvrage du
regretté Jean-Pierre Baud, L’histoire de la main volée1 en atteste. Aujourd’hui, le corps
ne serait qu’une chose au service de la personne, chose qui cependant suivra le régime
de la personne aussi longtemps que durera le rapport d’affection (p.45), et les
prothèses seraient considérées comme « personne par nature » ou « personne par
destination ». Face à ces augments, quel est alors le rôle et la place de ce médecin ou
mécanicien (p. 63) ?
Est ensuite analysée la responsabilité tant pénale (p. 71) que civile (p.79) de ce cyborg
et de celui qui lui cause un dommage. Que dire du robot ? Comparant son statut à celui
d’un esclave (p.27), il est actuellement encore - mais pour combien de temps ?- une
chose (p.51). Si les outils juridiques permettent l’accueil de cet homme augmenté, est-
ce pour autant souhaitable ?
Cette évolution de l’homme réparé en passant par l’homme compensé pour conduire à
l’homme amélioré (p.79) est aussi appréciée sous l’angle de l’éthique. Les lois de
bioéthiques sont silencieuses à ce sujet (p. 113). Le risque d’une humanité à deux
espèces d’êtres humains existent, d’un côté les humains augmentés (transhumains,
post-humains, cyberhumains, cyborgs) et de l’autre, les humains naturels, biologiques
(p. 131). Pour le chrétien, tout dépend de la finalité poursuivie par celui qui cherche à
augmenter les capacités de l’être humain par la technique. (p.147). Qu’il soit un sportif
dopé (p. 163), un travailleur qui améliore ses capacités par la prise de substances plus
ou moins illicites (p.173) ou un soldat augmenté (p. 187), a-t-il toujours la « condition
humaine » ? Face à la mort (p.211), comment est appréhendé l’homme augmenté ?
Plus encore, que dire du régime juridique purement prospectif de l’homme congelé ?
(p.223).
Finalement, conclut X. Labbée, empruntant à Jean-Didier Vincent, pour dépasser sa
condition naturelle d’humain, « L’enjeu n’est donc plus d’imiter la nature mais de créer
une nouvelle nature ». Une réflexion qui ne peut que nous conduire à la vigilance.
Jean-Claude Otteni (†) et Jean-Pierre Haberer, Expériences de
mort imminente. Near-Death Experiences. Préf. Jean-Marie
Mantz, Paris, Coll. « Société, Histoire et médecine
Glyphe, 2015, 649 pages, 26 EUR.
L’on n’avait sans doute encore jamais recensé autant de
publications autour des expériences de mort imminente (NDE).
Cet ouvrage y consacre toute sa première moitié (p.29-330)
avant de proposer non tant une synthèse qu’une réflexion
approfondie sur le sujet.
Il faut dire aussi que les auteurs sont des anesthésistes-
réanimateurs, familiers des question
traumatismes, de fin de vie… Ils ont une connaissance approfondie des mécanismes
cérébraux, des investigations cliniques, de la prise en charge des patients en état
critique. Jean-Claude Otteni, décédé en 2014, avait de surcroît obtenu une thèse en
théologie, ce qui lui donnait une compétence supplémentaire en la matière : ne dit-on
pas, en effet, que les NDE sont une expérience de la mort-en-train-d’advenir, voire de
la foi en un au-delà, et même de la résurrection, une «
Dieu » ? L’auteur a consacré 10 ans de sa vie à recenser les écrits occasionnés par cette
expérience particulière, pas si rare (environ 4-5% de la population), mais dont on
hésite (parfois ? souvent ?) à parler.
Le volumineux ouvrage ainsi publié remonte jusqu’à l’Antiquité, puis évoque la
contribution décisive de Moody à l’origine du « paradigme NDE » en 1975, et ensuite
propose les références trouvées en les classant par pays et à l’intérieur des pays, par