FINANCEMENT DU TRANSPORT URBAIN Olivier Ratheaux, [email protected] Colloque sur le financement des services publics en Amérique latine 1er juillet 2014 Cette présentation n’engage pas l’Agence française de développement Qui paie le transport urbain ? • Des situations contrastées : – voirie : sauf si carburants sous-tarifés, les taxes sur les automobilistes dans les villes à forte circulation couvrent les coûts d’infrastructure. Mais rareté des péages de congestion (Singapour, Londres, Milan…) – voiture particulière : l’utilisateur paie la totalité des coûts – transport collectif : le voyageur paie la totalité des coûts du transport artisanal, tandis que les opérateurs du secteur structuré sont plus ou moins subventionnés (France : le voyageur paie 1/4 du coût complet CAPEX + OPEX des TC) • Le citadin paie grosso modo son logement, son électricité, son eau potable, mais pas toujours la totalité de ses déplacements… 2 Conséquences d’une soustarification du transport urbain • Une offre insuffisante en volume et qualité • Effet d’aubaine et « subventions régressives » en l’absence de discrimination tarifaire selon la capacité contributive (≠ « tranches sociales » eau ou électricité) • Signal-prix inadéquat, p .ex. étalement urbain car mauvais arbitrage prix du transport / valeur foncière (localisation) ; s’ajoute à l’effet de péréquation selon la distance • Difficultés de régulation des opérateurs trop déconnectés de la réponse du marché (si fortes subventions) • In fine tout financement ne vient que du consommateur ou du contribuable pression fiscale accrue, surendettement du gouvernement local 3 La quadrature du cercle du financement des transports collectifs • • • • • notamment dans les pays en développement Besoin de tarifs abordables pour les citadins pauvres, « captifs » du TC Mais de faibles prix limitent le revenu donc la capacité de financement, en cas de tarif uniforme Or, relever le défi du report modal VP TC nécessite une forte augmentation de capacité et surtout de qualité de service des TC, donc gros investissements et charges de fonctionnement Dans les mégapoles denses, l’intensité d’utilisation des TC sur les axes lourds peut permettre une bonne couverture des coûts (au moins OPEX) mais alors congestion faible attrait pour les classes moyennes Différencier le tarif selon service ou capacité contributive ? 4 Quelles justifications d’une subvention publique au transport urbain ? • Rémunérer des externalités positives : – « économie d’agglomération » – réduction de : nuisances, insécurité, congestion • Taxer les externalités négatives de chaque mode au prorata de leurs nuisances (meilleure option) vs subventionner celui qui génère moins d’externalités négatives (formule plus courante) ? • Tarif « social », abordable • Incitation à innover (externalité positive, réduction de risque) pertinence dans ce secteur ? • Subvention justifiée pour couvrir la différence entre rentabilités économique et financière, pas le surcoût d’une mauvaise gestion 5 Financement du transport autre que par le consommateur ? (1/2) De la notion de « consommateur » à celle de « bénéficiaire » • Fiscalité générale, nationale ou, mieux, locale • Fiscalité spécifique sur automobilistes transférée sur TC • Taxes affectées sur employeurs (France : « versement transport » assis sur masse salariale + obligation de payer 50% carte de transport) : bonne justification économique car un bon transport élargit l’offre de travail pour l’employeur, mais pèse sur le coût du travail • Impôt foncier (récupération de la plus-value foncière due à l’accessibilité accrue) : excellente justification économique, recouvrement complexe 6 Financement du transport autre que par le consommateur ? (2/2) • Autres captures de la rente foncière : – Revente ou loyers de terrains apportés par l’autorité publique – Aménagements intégrés foncier / transport « à la Haussmann » ou transport ferroviaire de banlieue couplé à aménagement commercial des gares, comme au Japon : • Fiscalité sur ventes ( commerçants) • Aides « à la personne » : primes, bons de transport • Plus d’analyses dans guide AFD «Qui paie quoi en matière de transport urbain?» éd. 2009 (mise à jour 2014 à paraître), téléchargeable sur http://www.afd.fr/webdav/site/afd/shared/PUBLICATIONS/THEMATIQUES/autres-publications/Bonnes-pratiquesfinancement-transports-urbains.pdf 7 De bonnes pratiques latino-américaines de financement du transport collectif • « Grand équilibre » (CAPEX+OPEX) hors infrastructure pour BRT (p. ex. Bogota) • « Vale transporte » (Brésil) : l’employeur paye le surcoût de la carte de transport au-dessus de 6% du salaire justice distributive • Affectation du produit des ventes de droits à construire au-dessus d’une hauteur réglementaire (Brésil) 8 Implication du secteur privé • Transport artisanal (minibus…) : autorégulé, ne coûte rien au contribuable, mais service de qualité médiocre, intermodalité difficile, externalités négatives si fort trafic (congestion, insécurité) • PPP (délégation de service public) intéressant à condition de traiter les spécificités du secteur : – Tarif « politique » exonérer l’exploitant du risque tarif x trafic (les recettes reviennent à l’autorité organisatrice qui rémunère sa production, p. ex. des bus-km, éventuellement avec intéressement complémentaire aux recettes) – Ce risque peut aussi être couvert par garantie de recettes – Contradiction durée de rentabilisation / concurrence « pour le marché » : laisser les actifs très lourds (ex. tunnels de métro) dans le giron public 9 De bonnes « règles du jeu » favorisent la régulation économique • Autorité organisatrice et contractualisation • Financement public par « gross cost » (rémunération de la production du service par l’autorité organisatrice ) ou « net cost » (subvention forfaitaire) • Ou répartition prédéterminée entre autorité publique et exploitant par type de charges (plusieurs combinaisons possibles) CAPEX OPEX INFRASTRUCTURE ET EQUIPEMENTS FIXES MATERIEL ROULANT 10 Merci pour votre attention 11