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Les Canadiens ne veulent pas de député français du
Canada
| 02.01.12 | 13h49
e Canada refuse l'organisation d'un scrutin sur son territoire pour élire le député des Français d'Amérique du Nord en
juin 2012. Le gouvernement d'Ottawa estime qu'un tel vote constituerait une atteinte à sa souveraineté. Une directive
émanant de son ministère des affaires étrangères, en septembre 2011, dispose que le Canada refuse d'être considéré
comme une circonscription électorale d'un autre pays.
En octobre, la Tunisie a fait les frais de cette nouvelle politique. Malgré les pressions du gouvernement tunisien, Ottawa
n'a pas reculé. Pour contourner cette interdiction, les autorités tunisiennes se sont appuyées sur l'extraterritorialité dont
jouit leur ambassade pour permettre à leurs ressortissants vivant au Canada de participer aux élections à l'Assemblée
constituante. Paris songe à faire de même en juin.
Le Canada paraît craindre des élections organisées par des pays d'où provient une importante part de sa population
immigrée. C'est notamment le cas de la Chine : alors que 3 millions d'immigrés chinois vivent au Canada, Ottawa
considérerait comme une menace à sa souveraineté que Pékin fasse valoir son poids politique à l'occasion d'un scrutin
organisé sur son territoire.
Parmi les officiels français, la position du gouvernement canadien provoque visiblement un malaise. L'ambassade de
France évoque une situation "délicate " et, au Quai d'Orsay, les porte-parole ont refusé de s'exprimer sur ce sujet. Dans
une entrevue accordée à un média canadien, le nouvel ambassadeur français a tenu à préciser le rôle du député des
Français d'Amérique du Nord. "Ne nous trompons pas, il sera bien élu par les Français résidant en Amérique du Nord et
se préoccupera de la situation de ces Français. Il n'a pas à se préoccuper de problématiques canadiennes", a déclaré
Philippe Zeller. Selon les listes des consulats, quelque 75 000 Français habitent au Canada, dont 40 000 à Montréal.
Par procuration
Officiellement, les négociations se poursuivent entre Ottawa et Paris pour tenter de trouver un terrain d'entente. Dans les
faits, la position canadienne ne semble pas fléchir d'un iota. Questionné à ce sujet, le ministre canadien des affaires
étrangères, John Baird, parle d'une position "claire" et qui ne "changera pas". Dans une réponse laconique, un porte-
parole affirme que le Canada collaborera avec les représentants français pour "faciliter le vote" par procuration des
citoyens français dans leurs circonscriptions de rattachement en France, mais refusera l'élection d'un député français sur
son territoire, "car c'est là une question de souveraineté".
Le vote électronique pourrait venir changer la donne. Julien Balkany, candidat UMP aux élections législatives dans la 1
circonscription des Français de l'étranger, estime que celui-ci pourrait avoir "une place importante" dans ce scrutin. Il
compte même faire une grande partie de sa campagne à travers les médias sociaux, en raison des distances importantes
à couvrir dans la circonscription d'Amérique du Nord. Il reste désormais moins de six mois avant le scrutin pour trouver
une solution.
Intérim (Montréal, correspondance)
Article paru dans l'édition du 03.01.12
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