IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER 2010

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2010
Société Française d’Oto-rhino-laryngologie
et de Chirurgie de la Face et du Cou
IMAGERIE
DE L’OREILLE
ET DU ROCHER
CHRISTIAN MARTIN
OTO-RHINOLARYNGOLOGISTES :
RADIOLOGUES :
M. ABU EID
D. AYACHE
P. BERTHOLON
S. BOBIN
A. BOZORG-GRAYELI
S. CHARDON-ROY
V. COULOIGNER
V. DARROUZET
O. DEGUINE
B. FRAYSSE
M. B. FAYE
A. GENTINE
E. LESCANNE
J.-M. PRADES
C. RICHARD
A. ROBIER
G. ROGER
O. STERKERS
T. VAN DEN ABBEELE
C. VINCENT
F.-G. BARRAL
J.-L. BENSIMON
F. DUBRULLE
M. ELMALEH-BERGES
B. ESCUDÉ
N. MARTINDUVERNEUIL
P. MERIOT
S. RIEHM
G. SALIOU
F. VEILLON
C. VEYRET
M. WILLIAMS
Christian Martin
IMAGERIE DE L’OREILLE
ET DU ROCHER
2010
Rapport de la Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou
© Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou, Editeur, 2010
La loi du 11 mars 1957, n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l’auteur ou de ses ayants-droits ou ayants-causes, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par
quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivant du Code Pénal.
ISBN : 9782916287591
IMAGERIE DE L’OREILLE
ET DU ROCHER
Christian Martin
OTO-RHINO-LARYNGOLOGISTES :
M. ABU EID
D. AYACHE
P. BERTHOLON
S. BOBIN
A. BOZORG-GRAYELI
S. CHARDON-ROY
V. COULOIGNER
V. DARROUZET
O. DEGUINE
B. FRAYSSE
M. B. FAYE
A. GENTINE
E. LESCANNE
J.-M. PRADES
C. RICHARD
A. ROBIER
G. ROGER
O. STERKERS
T. VAN DEN ABBEELE
C. VINCENT
RADIOLOGUES :
F.-G. BARRAL
J.-L. BENSIMON
F. DUBRULLE
M. ELMALEH-BERGES
B. ESCUDÉ
N. MARTIN-DUVERNEUIL
P. MERIOT
S. RIEHM
G. SALIOU
F. VEILLON
C. VEYRET
M. WILLIAMS
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
IV
LISTE DES AUTEURS
Coordonnées des auteurs
ABU EID Maher - Attaché des Hôpitaux. Service d'Imagerie médicale. Hôpital Hautepierre.
STRASBOURG
AYACHE Denis - Praticien hospitalier. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Fondation Adolphe de Rothschild. PARIS
BARRAL Fabrice-Guy - Professeur des Universités. Service d’Imagerie médicale. CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
BENSIMON Jean-Loup - Médecin. Radiodiagnostic et Imagerie médicale. PARIS
BERTHOLON Pierre - Praticien hospitalier. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
BOBIN Serge - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital Bicêtre. LE-KREMLIN-BICÊTRE
BOZORG-GRAYELI Alexis - Professeur des universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Hôpital Beaujon. CLICHY
CHARDON-ROY Sandrine - Praticien hospitalier. Service d’ORL et de Chirurgie CervicoFaciale. CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
COULOIGNER Vincent - Professeur des Universités. Urgences ORL enfants. Hôpital Necker
Enfants Malades. PARIS
DARROUZET Vincent - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Groupe Hospitalier Pellegrin. BORDEAUX
DEGUINE Olivier - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Hôpital Purpan. TOULOUSE
DUBRULLE Frédérique - Praticien hospitalier. Service d’Imagerie médicale. Hôpital Claude
Huriez CHU Lille. LILLE
ELMALEH-BERGES Monique - Praticien hospitalier. Service d’Imagerie Pédiatrique. Hôpital Robert Debré. PARIS
ESCUDÉ Bernard - Médecin. Service d’Imagerie médicale. Clinique Pasteur. TOULOUSE
FRAYSSE Bernard - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Hôpital Purpan. TOULOUSE
FAYE Mamadou Birame - Praticien Hospitalier. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Hôpital Principal Dakar. DAKAR SENEGAL
GENTINE André - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. Hôpital Hautepierre. STRASBOURG
V
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
GIBOREAU Frédéric - Ingénieur d'Application. Médicale Solutions. BEAUVAIS
LESCANNE Emmanuel - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale. CHRU Tours. TOURS
MARTIN Christian - Professeur des Universités et coordinateur du Rapport. Service d’ORL
et de Chirurgie Cervico-Faciale. CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
MARTIN-DUVERNEUIL Nadine - Praticien hospitalier. Service d’Imagerie médicale et de
Neuro-radiologie. Hôpital Pitié-Salpétrière. PARIS
MERIOT Philippe - Praticien hospitalier. Service d’Imagerie médicale. Hôpital de la Cavale
Blanche. BREST
PRADES Jean-Michel - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie CervicoFaciale. CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
RICHARD Céline - Chef de clinique, Assistante des Hôpitaux. Service d’ORL et Chirurgie
Cervico-Faciale. CHU Hôpital Nord. SAINT-ETIENNE
RIEHM Sophie - Praticien hospitalier. Service de radiodiagnostic et d’Imagerie médicale.
Hôpital Hautepierre. STRASBOURG
ROBIER Alain - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale.
Hôpital Bretonneau. TOURS
ROGER Gilles - Praticien hospitalier. Service d’ORL et de Chirurgie Cervico-Faciale pédiatrique. Hôpital Armand Trousseau. PARIS
SALIOU Guillaume - Praticien hospitalier. Service Neuroradiologie Interventionelle adulte
et enfant. Hôpital Bicêtre. LE-KREMLIN-BICETRE
SICK Henry - Professeur Honoraire. Institut d'Anatomie, Faculté de Médecine. STRASBOURG
STERKERS Olivier - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie CervicoFaciale. Hôpital Beaujon. CLICHY
VAN DEN ABBEELE ierry - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie
Cervico-Faciale. Hôpital Robert Debré. PARIS
VEILLON Francis - Professeur des Universités. Service d’Imagerie médicale. Hôpital Hautepierre. STRASBOURG
VEYRET Charles - Professeur des Universités. Service d’Imagerie médicale. CHU Hôpital
Nord. SAINT-ETIENNE
VINCENT Christophe - Professeur des Universités. Service d’ORL et de Chirurgie CervicoFaciale, Otologie et otoneurologie. Hôpital Roger Salengro. LILLE
WILLIAMS Marc - Praticien hospitalier. Service d’Imagerie médicale. Fondation Adolphe de
Rothschild. PARIS
VI
Imagerie de l’oreille et du rocher
2010
Coordonnées des auteurs - V
Sommaire - VIII
Lexique anatomique - XIII
VII
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Sommaire
Chapitre I
Introduction
3
Chapitre II
Principes de l’imagerie
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
II-1
II-2
La tomodensitométrie ou scanner
L’imagerie par résonance magnétique (IRM)
7
11
Chapitre III
Rappel embryologique
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
III-1
III-2
Organogénèse de l’oreille moyenne et malformations en résultant
Organogénèse de l’oreille interne et malformations en résultant
23
30
Chapitre IV
Anatomie et imagerie normale de l’os temporal humain
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
IV-1
IV-2
VIII
SOMMAIRE
Anatomie de l’os temporal chez l’homme
Imagerie de l’os temporal normal en tomodensitométrie (TDM)
et par résonance magnétique (IRM)
39
66
SOMMAIRE
Chapitre V
Imagerie du labyrinthe membraneux normal et pathologique
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
V-1
V-2
V-3
V-4
Introduction
Rappel physiologique concernant les structures de la macule,
du saccule et des ampoules des canaux semi-circulaires
Matériel et méthodes
Résultats
77
78
78
79
Chapitre VI
Apport de l’imagerie dans les diverses situations pathologiques
Chapitre VI-1
Surdité
VI-1-1-1
Surdité de transmission
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE.
89
VI-1-1-2
Surdité de transmission et mixte à tympan normal de l’adulte
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
95
VI-1-1-3
Surdités de transmission de l’enfant d’origine malformative
ou génétique
A. ROBIER, F. VEILLON
139
VI-1-1-4
Surdité de transmission et mixte à tympan pathologique
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS,
F. DUBRULLE
157
VI-1-2-1
Surdité de perception et pathologie de la base du crâne
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
185
VI-1-2-2
Surdité de perception et pathologie de la base du crâne de l’enfant et
bilan en vue d’une pose d’implant cochléaire
219
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
IX
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre VI-2
Complications des otites aiguës
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
VI-2-1
VI-2-2
Complications intratemporales
Complications endocrâniennes
233
236
Chapitre VI-3
Vertiges et troubles de l’équilibre
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
VI-3-1
VI-3-2
VI-3-3
VI-3-4
VI-3-5
Introduction
Le vertige sans surdité
Le vertige avec surdité
L’instabilité permanente
Conclusion
245
246
251
253
256
Chapitre VI-4
Acouphènes
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL BENSIMON, S. BOBIN
VI-4-1
VI-4-2
Situation clinique
Stratégie d’imagerie et étiologies
261
261
Chapitre VI-5
Otalgies
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
VI-5-1
VI-5-2
X
SOMMAIRE
Arbre décisionnel
Cas particuliers
279
289
SOMMAIRE
Chapitre VI-6
Paralysies faciales
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS,
N. MARTINDUVERNEUIL
VI-6-1
VI-6-2
VI-6-3
VI-6-4
VI-6-5
VI-6-6
Les paralysies faciales infectieuses bactériennes
Les paralysies faciales traumatiques
Les paralysies faciales d’origine tumorale
Les paralysies faciales idiopathiques ou «a frigore»
Le spasme de l’hémiface
Les formes néonatales
299
300
302
316
316
318
Chapitre VI-7
Traumatismes du temporal
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
VI-7-1
VI-7-2
VI-7-3
VI-7-4
Indications de l’imagerie
Quelle imagerie ?
Résultats
Que doit contenir le dossier radiologique ?
323
324
325
333
Chapitre VII
Conclusion
Perspectives de l’imagerie
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
VII-1
VII-2
VII-3
VII-4
Scanner et IRM : problèmes posés et progrès prévisibles
Buts et solutions envisageables
Robotisation et imagerie per-opératoire
Conclusion
337
337
345
346
Table des matières - 353
Index thématique - 363
Abréviations - 367
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
XI
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
XII
Lexique anatomique
de l’os temporal
Nomenclature française traditionnelle
A
• anneau tympanal
• aponévrose
• apophyse
• apophyse antérieure ou longue du marteau
• apophyse externe ou courte du marteau
• apophyse vaginale (os tympanal)
• aqueduc de Fallope
• aqueduc du limaçon
• artère auditive interne
• artère petite méningée
• artère ptérygo-palatine
• artère tympanique
• artère vidienne
• attique ou logette
Nomenclature internationale française
• anneau tympanique
• fascia
• processus
• processus antérieur du marteau (malleus)
• processus latéral du marteau
• crête vaginale (de l’os tympanal)
• canal facial
• aqueduc ou canalicule de la cochlée
• artère labyrinthique
• rameau méningé accessoire
• artère pharyngienne supérieure
• artère tympanique antérieure
• artère du canal ptérygoïdien
• récessus épitympanique
B
• bec de cuiller
• bord antérieur de l’écaille du temporal
• bord inférieur de l’os pariétal
• bord postérieur de la mastoïde
• branche supérieure (ou horizontale)
de l’enclume
• branche inférieure (ou verticale) de l’enclume
• bulbe rachidien
• processus cochléariforme
• bord sphénoïdal de l’écaille de l’os temporal
• bord squameux de l’os pariétal
• bord occipital de la région mastoïdienne
de l’os temporal
• branche courte de l’enclume (incus)
• branche longue de l’enclume
• moelle allongée
C
• canal de Fallope
• canal de Jacobson
• canal du muscle du marteau
• canal innominé d’Arnold
• canal semi-circulaire externe
• canal semi-circulaire supérieur
• canal spiral de Rosenthal (ou de la columelle)
• columelle
• conduit auditif externe
• conduit auditif interne
• condyle du temporal
• corne antérieure du tympanal
• corne postérieure du tympanal
• crête sus-mastoïdienne
• canal facial
• canalicule tympanique
• gouttière du muscle tenseur du tympan
• canal des nerfs petits pétreux
• canal semi-circulaire latéral
• canal semi-circulaire antérieur
• canal spiral du modiulus
• modiulus
• méat acoustique externe
• méat acoustique interne
• tubercule articulaire de l’os temporal
• grande épine tympanique
• petite épine tympanique
• crête supra-mastoïdienne
XIII
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
D
• dôme du limaçon
• coupole de la cochlée
E
• épine de Henlé (du temporal)
• épine jugulaire du temporal
• espace sous-arachnoïdien
• étage antérieur de la base du crâne
• étage moyen de la base du crâne
• étage supérieur de la base du crâne
• épine supra-méatique de l’os temporal
• processus intrajugulaire de l’os temporal
• espace sub-arachnoïdien
• fosse crânienne antérieure
• fosse crânienne moyenne
• fosse crânienne postérieure
F
• fenêtre ovale
• fenêtre ronde
• fosse tympanale
• fossette du ganglion de Gasser
• fossette du ganglion d’Andersh
(ou pyramidale du rocher)
• fossette unguéale
• fenêtre du vestibule
• fenêtre de la cochlée
• fosse mandibulaire (ou partie postérieure
non-articulaire)
• empreinte trigéminale
• fossette pétreuse
• ouverture externe de l’aqueduc du vestibule
G
• ganglion d’Andersh (ou pétreux)
• ganglion de Corti
• ganglion d’Ehrenritter
• ganglion de Gasser
• ganglion de Scarpa
• golfe de la jugulaire
• gouttière du sinus latéral (os occipital)
• gouttière du sinus latéral (os mastoïde)
• gouttière tubaire
• grand nerf pétreux profond
• grand nerf pétreux superficiel
• ganglion inférieur du nerf glosso-pharyngien
• ganglion spiral de la cochlée
• ganglion supérieur du nerf glosso-pharyngien
• ganglion trigéminal
• ganglion vestibulaire
• bulbe supérieur de la veine jugulaire interne
• sillon du sinus transverse
• sillon du sinus sigmoïde
• sillon de la trompe auditive
• rameau communicant du nerf grand pétreux
avec le plexus tympanique
• nerf grand pétreux
H
• hiatus de Fallope (rocher)
• hiatus accessoire (rocher)
• hiatus du canal du nerf grand pétreux
• hiatus du canal du nerf petit pétreux
L
• lame des contours (rocher)
• limaçon
• liquide céphalo-rachidien
• logette des osselets (attique)
• canal spiral de la cochlée
• cochlée
• liquide cérébro-spinal
• récessus épitympanique
M
• mastoïde
• muscle du marteau
• muscle ptéristaphylin externe
• muscle ptéristaphylin interne
XIV
• région (ou partie) mastoïdienne de l’os
temporal
• muscle tenseur du tympan
• muscle tenseur du voile du palais
• muscle élévateur du voile du palais
LEXIQUE ANATOMIQUE DE L’OS TEMPORAL
N
• nerf auditif
• nerf carotico-vidien (ou racine sympathique
du ganglion sphéno-palatin)
• nerf de Jacobson
• nerf intermédiaire de Wrisberg
O
• orifice du conduit auditif externe
• orifice du conduit auditif interne
• os tympanal
• ostium introitus
P
• plancher de la caisse du tympan
• nerf vestibulo-cochléaire
• nerf pétreux profond
• nerf tympanique
• nerf intermédiaire
• pore acoustique (ou trou auditif ) externe
• pore acoustique (ou trou auditif ) interne
• partie tympanique de l’os temporal
• canalicule mastoïdien
• pressoir d’Hérophile (torcular)
• pyramide de la caisse du tympan
• paroi jugulaire du cavum tympanique
(ou de la caisse du tympan)
• auricule
• nerf petit pétreux
• rameau communicant du nerf facial
avec le plexus tympanique
• confluant postérieur des sinus
• éminence pyramidale
R
• rainure digastrique (mastoïde)
• rhinopharynx
• incisure mastoïdienne
• naso-pharynx
S
• scissure de Glaser
• suture pariéto-temporale
• suture sphéno-temporale
• fissure pétro-tympanique
• suture pariéto-squameuse
• suture sphéno-squameuse
T
• trompe d’Eustache
• tronc basilaire
• trou, orifice
• trou déchiré antérieur
• trou déchiré postérieur
• trou de Vésale
• trou innominé d’Arnold
• trou occipital
• tubercule occipital (os occipital)
• trompe auditive
• artère basilaire
• foramen
• foramen déchiré (foramen lacerum)
• foramen jugulaire
• foramen veineux
• foramen pétreux
• foramen magnum
• tubercule jugulaire (os occipital)
• pavillon de l’oreille
• petit nerf pétreux profond
• petit nerf pétreux superficiel
Références :
J. BORIES. Le crâne humain – ostéologie – anatomie radiologique. Springer Edit. 1996
P. KAMINA. Dictionnaire Atlas d’Anatomie. Maloine Edit. 1983.
SOBOTTA. Atlas d’anatomie humaine. Urban & Schwarzenberg 1985.
XV
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Cet ouvrage, dédié à l’ensemble des membres de la Société Française d’Oto-rhino-laryngologie et Société Française de Radiologie, se veut un recueil des données fournies par l’imagerie de
l'oreille en 2010. Ses auteurs savent bien toutefois qu'il n'aura
qu'une portée temporaire et qu'il ne fait qu'entrevoir l'avenir...
XVI
... tant la distance est longue entre l'imaginaire et le futur proche.
Reconstruction en 3 dimensions d'un rocher droit de foetus de 37 semaines obtenu grâce au
Scanco® (Cliché tiré du travail de thèse de Médecine du Docteur Céline Richard).
XVII
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
XVIII
1 2 3 4 5 6 7
Introduction
1
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre I
Introduction
Seize années se sont écoulées depuis le rapport sur ¨l’imagerie moderne en ORL¨ coordonné
par J. Trotoux et P. Halimi. La radiologie de l’oreille et du rocher a depuis bénéficié de remarquables avancées, reflétant l’extraordinaire développement de l’imagerie médicale. Le
moment était donc venu de consacrer à ce sujet un nouveau rapport. Celui-ci, bien qu’ayant
pour but essentiel de préciser pour chacune des pathologies de l’oreille et du rocher, les examens pertinents, leur mode de réalisation et ce que l’on peut en attendre, se doit aussi d’aborder en préalable un certain nombre de données fondamentales. La connaissance des
principes, des techniques et des protocoles d’imagerie est en effet nécessaire à l’Oto-RhinoLaryngologiste, pour poser de bonnes indications d’imagerie et pour comprendre les données fournies par le radiologue. De même, si l’embryologie et l’anatomie de l’oreille et du
rocher sont connues de l’Oto-Rhino-Laryngologiste, elles doivent aussi l’être du radiologue
à qui les examens sont demandés, ce qui sous-entend de sa part une spécialisation d’organe.
D’ailleurs, si les progrès réalisés en matière d’imagerie en général et de l’oreille et du rocher
en particulier, l’ont été du fait des progrès technologiques, ils l’ont aussi été parce que de véritables équipes radio-otologiques se sont constituées permettant des échanges fructueux et
une étroite collaboration entre les deux spécialités. Cet ouvrage, réalisé sous l’égide de la Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie Cervico-Faciale (SF ORL et CCF)
représentée par l’Association Française d’Otologie et d’Otoneurologie (AFON) et sous l’égide
de la Société Française de Radiologie (SFR) représentée par la Société Francophone d’Imagerie Tête et Cou (CIREOL-Collège d’Imagerie et de Recherche en ORL), s’en veut un exemple.
La méthode de travail retenue pour sa rédaction est le fruit d’une très large analyse bibliographique et d’une critique des chapitres par l’ensemble des rapporteurs.
Un chapitre de terminologie permet au lecteur de trouver la correspondance entre la nomenclature française traditionnelle et la nomenclature internationale en français.
Les divers chapitres de pathologie ont été rédigés de manière synthétique afin de répondre
aux problèmes posés le plus simplement et le plus efficacement possible.
Ainsi, il s’agit du premier rapport dont sont issus plusieurs recommandations et référentiels.
L’imagerie du labyrinthe membraneux normal et pathologique sera traitée avant que ne
soient abordées les autres situations pathologiques, afin d’illustrer les données anatomiques
et en raison de son aspect particulièrement novateur. Un chapitre, enthousiasmant, sur les
perspectives et nouveautés en imagerie servira de conclusion à cet ouvrage.
3
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
4
1 2 3 4 5 6 7
Principes de l’imagerie
J.L. BENSIMON
C. VEYRET
G. SALIOU
F. GIBOREAU
F. VEILLON
5
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
6
Chapitre II
Principes de l’imagerie
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
L’imagerie en coupes est l’imagerie de référence de l’exploration des rochers et de la base du
crâne. La radiographie standard n’apporte pas d’informations suffisantes pour analyser une
structure d’une telle complexité. L’exploration, en coupes fines dans le plan axial, permet une
reconstruction tout d’abord mentale de l’anatomie en 3D, puis virtuelle grâce aux possibilités de reconstructions informatiques 2D et 3D.
Deux types d’imagerie sont aujourd’hui utilisés dans l’étude des rochers :
la Tomodensitométrie (TDM, Computed tomography CT ou Scanner) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Toutes deux utilisent les structures de l’atome, l’une les électrons, l’autre les protons du noyau.
II-1
La tomodensitométrie ou scanner
Le scanner utilise les rayons X pour analyser les différentes densités d’absorption dans les tissus qui composent l’objet à explorer. L’absorption des rayons X par un atome est d’autant
plus importante que son numéro atomique est élevé.
Le principe est donc identique à celui utilisé dans la radiographie conventionnelle mais grâce
aux possibilités de calcul offertes par l’informatique et à la sensibilité des détecteurs, on peut obtenir l’ensemble des coefficients d’absorption d’une coupe (dite native) située dans un volume.
Cette analyse ne se fait plus sur un film radiologique mais sur des capteurs, des détecteurs très
sensibles. La technologie des détecteurs n’a fait que progresser depuis les premières chambres
d’ionisation jusqu’aux plus récents détecteurs solides.
Chaque substance : graisse, eau, air, os… possède un coefficient d’absorption. L’Hounsfield est
l’unité d’absorption. Le zéro correspond à l’eau, la graisse a une valeur négative et l’os une
valeur positive.
La coupe native, calculée par l’informatique, est représentée sur une matrice numérique où
chaque voxel (pixel d’une certaine épaisseur) possède une valeur donnée. Cette valeur est
obtenue par l’utilisation d’un algorithme de croisement en cas d’acquisition coupe par coupe
ou d’un algorithme d’interpolation en cas d’acquisition spiralée. Il suffit alors en utilisant
l’échelle des gris de donner à ces valeurs une traduction allant du blanc au noir. Cette opération qui correspond au fenêtrage permet d’obtenir une image anatomique adaptée à la
structure étudiée et au diagnostic recherché. Par exemple on n’utilise pas le même fenêtrage
pour étudier le médiastin et le parenchyme pulmonaire. Le fenêtrage comporte donc deux
opérations, le choix du niveau moyen de l’échelle des gris et l’ouverture de l’échelle.
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
7
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Par exemple on choisit le coefficient moyen de l’absorption du tissu cérébral (50 Housfield)
et on ouvre l’échelle des gris (environ 250), ce qui permet l’étude du parenchyme cérébral
mais pas de l’os qui apparaît en blanc et nécessiterait un autre fenêtrage.
Le document fourni ne représente qu’une partie de l’information contenue dans l’image native et reste un choix de l’imageur, adapté à la pathologie. Les supports informatiques tels
que les CDROM ou les DVDROM permettent de donner toutefois une information exhaustive.
Le principe du scanner
Le Scanner met en regard, sur un anneau-support, un tube à rayons X et une couronne de
détecteurs. Cette structure tourne autour du support sur lequel sera placé l’objet à étudier. Le
déplacement lors de l’acquisition se fait dans l’axe longitudinal. Il est géré par l’ordinateur en
fonction de l’épaisseur de coupe, du volume à explorer et du temps d’acquisition choisi [1].
Le faisceau de rayons X est collimaté à la sortie du tube en un très fin pinceau. Celui-ci est
adapté à l’épaisseur de la coupe et à la couronne de détecteurs utilisée pour analyser les rayons
X résiduels après absorption par l’objet étudié et pour éviter le rayonnement diffusé.
Les mesures sont effectuées lors des rotations (algorithme d’interpolation calculé sur 180 ou
360°).
L’information sera reportée sur une matrice numérique.
La matrice numérique est commune à toutes les techniques d’imagerie numérisées. Elle est
composée de lignes et de colonnes qui vont déterminer des petits carrés unitaires de surface
ou pixels ou des petits volumes unitaires ou voxels. Dans chaque voxel la mesure de la densité d’absorption de rayons X sera inscrite. Cette mesure correspond à la densité moyenne
d’absorption de tous les atomes contenus dans ce voxel.
La hauteur du pixel correspond à l’épaisseur de la coupe et le nombre de pixels dépend de la
taille de la matrice (nombre de lignes et nombre de colonnes). Les valeurs du champ de vue
choisi (Field Of View ou FOV) rapportées à la taille de la matrice conditionnent la résolution spatiale. Par exemple, l’augmentation du champ de vue ou la diminution du nombre de
pixels aboutit à une baisse de la résolution spatiale.
Ces valeurs numériques sont ensuite transformées en images analogiques en noir et blanc ou
en couleur ; c’est la conversion de l’image numérique en image analogique.
Le déroulement de l’examen
La séquence d’acquisition d’un volume à étudier comporte :
• Le choix du volume ;
• L’émission de faisceau de rayons X avec des constantes adaptées aux structures examinées ;
• Le recueil du faisceau résiduel après traversée de l’objet ;
• Le calcul des densités absorbées dans chaque voxel de la coupe ;
• La reconstruction d’une image numérique sur la matrice ;
• La conversion en une image analogique et sa présentation sur l’écran.
L’acquisition des données concernant le volume total de l’objet étudié est obtenu par addition
des mesures réalisées lors du déplacement de l’objet dans l’axe longitudinal. Le nombre des
données numériques sera fonction du pitch (rapport entre la collimation et la vitesse de déplacement) : un pitch inférieur à 1 offrira plus d’informations qu’un pitch supérieur à 1, mais
l’irradiation sera alors supérieure.
8
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Les progrès techniques et les scanners actuels
Depuis le premier scanographe construit par la société EMI qui a financé la recherche de
Mr Hounsfield, puis ceux de la CGR en France dans la fin des années 70 avec un scanographe
à acquisition séquentielle, des matrices 64X64 pixels et un temps de reconstruction de l’ordre de la minute par coupe, les progrès technologiques ont permis d’obtenir des scanners de
6ème génération : les scanners spiralés multi-barrettes.
Figure 1 : a,b.
a : Représentation de l’acquisition spiralée pour 4 rangées de détecteurs.
b : La stratégie de chaque constructeur pour les scanner multi-barrettes est différente. Voici une représentation schématique de la couronne de détecteurs multi-barrettes chez différents constructeurs. La tendance actuelle pour les machines
de haut de gamme est aux détecteurs matriciels avec 64 ou 128 barrettes, avec double tube à rayons X. Ces machines très
performantes sont utiles pour le vasculaire et la cardiologie.
Ils comportent toujours un tube à rayons X, miniaturisé avec générateur embarqué capable
de résister aux forces d’inertie importantes induites lors de la rotation très rapide du système.
Cette rotation est permanente.
Les détecteurs ont évolué du détecteur unique à des détecteurs multiples (multi-barrettes),
dont la taille est inférieure au millimètre, et souvent au demi-millimètre avec une acquisition
qui de séquentielle est devenue spiralée.
Les calculs informatiques lors du déplacement continu de la table permettent actuellement
des reconstructions très rapides [5].
Ces machines rendent possibles des acquisitions en quelques secondes, de volumes significatifs comme un rocher offrant non seulement une résolution spatiale importante mais aussi
une résolution dynamique (4D) utilisée dans les angio-scanners.
Les matrices sont plus grandes et l’utilisation de matrices 512 x 512 voire 1024 x 1024 est
désormais courante.
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
9
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La résolution spatiale des pixels est de l’ordre de 500 µm et tend vers 250 µm.
La notion de voxel isotropique, ou cubique, permet des reconstructions multi-planaires de
qualité suffisante pour limiter l’acquisition au seul plan axial.
La résolution spatiale du scanner en fait l’examen de référence des tissus osseux permettant
également une résolution en densité très satisfaisante tandis que l’IRM reste en revanche
l’examen de référence pour les tissus mous.
La qualité des reconstructions 2D et 3D permet une approche anatomique précise, la mise
au point de simulateurs de chirurgie, d’aide computérisée peropératoire et ouvre l’accès à la
chirurgie robotisée.
Toutefois, les doses d’irradiation émises ne sont plus négligeables et bien que la règle du rapport bénéfice-risque reste de mise dans le choix de la technique, on ne doit pas sous-estimer
l’importance de l’irradiation, d’où la mise en place d’une législation Européenne plus contraignante [2,3].
Cette réglementation concerne :
• La maintenance et le contrôle de la qualité de la chaîne de production des images par rayons
X, obligation pour le respect de qualité.
• La règlementation de la radio protection avec l’obligation de qualification en radio-protection des patients pour les utilisateurs des machines.
• Le personnel référent en radio-protection sur le site, physiciens ou médecins formés et diplômés.
• L’obligation d’indication de la dose délivrée pour chaque examen dans le compte-rendu.
• La réalisation d’un guide des bonnes pratiques par la SFR
• La notion de niveaux de référence diagnostique (NRD) pour les examens les plus courants.
Les doses de référence sont fixées par arrêté ministériel, et les dépassements répétés de ces
NRD conduisent à une déclaration auprès de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) et à un
contrôle en retour.
Toutes ces notions sont particulièrement bien exposées dans le guide pratique à l’usage des
médecins radiologues pour l’évaluation de leur exercice professionnel édité en 2009 par la Société Française de Radiologie.
L’injection de produit iodé augmente l’absorption des rayons X des tissus sur lesquels il se fixe
et les fait apparaître plus blancs sur l’image analogique.
Précautions et contre-indications de l’examen TDM
Il n’existe pas de contre-indication absolue à la réalisation d’un examen tomodensitométrique. Le problème principal est celui de l’irradiation et des contre-indications éventuelles
à l’injection d’un produit de contraste iodé. Chez la femme enceinte, en vertu du principe de
précaution, tout examen non urgent au cours d’une grossesse doit être repoussé après l’accouchement [4].
L’injection d’un produit de contraste n’est en général pas nécessaire pour explorer le rocher
osseux. Elle peut être utile pour l’étude des parties molles ou en cas de suspicion de tumeur
vasculaire. Elle est indispensable pour l’exploration des vaisseaux par angio-scanner.
Le produit de contraste fait appel à l’atome d’iode, atome lourd à forte densité d’absorption
de rayons X. Il modifie la densité des tissus sur lequel il se fixe. Il est injecté par voie intraveineuse avec des protocoles bien définis en fonction de la région examinée et du type de pathologie.
10
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Il existe un certain nombre de contre-indications à l’injection du produit de contraste. Cependant, si des patients allergiques à l’iode ou plus probablement à la molécule porteuse, nécessitent absolument une injection du produit de contraste, celle-ci sera effectuée sous réserve
d’utilisation d’un produit adapté (consultation allergologique).
Les facteurs de risque de l’insuffisance rénale induite par les produits de contraste iodés doivent être recherchés systématiquement en particulier chez les patients diabétiques ou insuffisants rénaux. Un dosage de la créatinémie datant de moins de trois mois est alors recommandé.
Il est important d’hydrater convenablement ces patients avant et après injection.
Chez les patients diabétiques traités par la Metformine le traitement doit être interrompu
pendant une durée de 48 heures après l’injection du produit de contraste iodé.
Chez la femme enceinte, la littérature ne permet pas de relever d’effets tératogènes des produits de contraste iodé ; le problème de l’irradiation est prédominant [4]. Le produit de
contraste peut être utilisé en cas d’indication absolue mettant en jeu le pronostic vital. Il faut
savoir toutefois qu’une injection de produit iodé réalisée après 12 semaines d’aménorrhée
peut entraîner une dysthyroïdie chez le fœtus par surcharge iodée. Celle ci est en général
transitoire et nécessite un prise en charge spécialisée.
II-2
L’imagerie par résonance magnétique (IRM)
Le magnétisme nucléaire (Fig.2)
Un atome est composé de protons et de neutrons qui, du fait du mouvement de rotation qui
les anime possède chacun un moment magnétique. Les protons et neutrons s’apparient, ce
qui annule leur moment magnétique. Seuls les atomes possédant un nombre impair de nucléons (protons + neutrons) possèdent un moment magnétique. Ces atomes (1H 13C…) seront seuls utilisés en imagerie magnétique, notamment l’hydrogène qui représente les deux
tiers des atomes de l’organisme.
L’IRM utilise les propriétés de ces atomes qui peuvent être schématiquement considérés
comme de petits aimants.
Figure 2 : le moment magnétique
de
spin.
L’atome d’hydrogène, ne
possédant qu’un seul
proton en mouvement
autour du noyau central,
génèrera cette aimantation microscopique (moment magnétique de
Spin) avec un pôle Nord
et un pôle Sud. L’imagerie
par résonance magnétique est donc basée sur
le moment magnétique
du proton isolé.
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11
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
L’aimantation (Fig.3 et 4)
A l’échelle microscopique, en l’absence de champ magnétique, les petits aimants qui sont très
nombreux se répartissent dans toutes les directions de l’espace donc sans énergie résiduelle.
1)
Figure 3 : Chaque individu comporte une
quantité astronomique de ces petits aimants
(plus de 1023 pour les atomes d’hydrogène de
l’eau), mais comme la trajectoire des protons
est aléatoire, tous ces moments magnétiques
se compensent. Notre aimantation résiduelle
est donc nulle. Nous ne sommes pas aimantés.
Pas d’aimantation résiduelle en présence du
champ magnétique terrestre.
En présence d’un champ magnétique, ici celui de l’aimant, les petits aimants animés de leur
mouvement de précession vont se placer soit dans le sens du champ principal soit dans le sens
contraire, avec une très légère prédominance (4 pour 2 millions) dans le sens du champ principal.
2)
Figure 4 : le plus grand nombre de protons
étant aligné de manière égale dans le sens parallèle et anti-parallèle au champ principal Bo,
ils annulent ainsi leur aimantation. Un tout
petit nombre de protons (4 pour 2 millions),
alignés différemment dans le sens parallèle au
champ principal Bo vont permettre le phénomène de résonance magnétique.
12
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
La précession (Fig.5)
Ces 4 protons qui précessent avec une fréquence liée à l’intensité du champ principal vont
être à la base de la formation de l’image.
Figure 5 : illustration
de la précession
La résonance (Fig.6)
Ces protons seront excités par une onde de radiofréquence dont la fréquence doit être exactement identique à leur fréquence de précession (loi de Larmor. Résonance) [6].
Figure 6 : L’excitation et le phénomène de résonance. L’énergie apportée par l’onde de radiofréquence, qui a la fréquence de Larmor, permet le transfert de l’énergie aux protons (phénomène de résonance) et les basculent à 90°.
La relaxation (Fig.7)
A l’arrêt de l’excitation ces protons restituent l’énergie emmagasinée ; c’est l’enregistrement de
l’énergie restituée dans le sens transversal et récupérée dans le sens longitudinal qui sera la
base de l’imagerie par résonance magnétique.
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13
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 7 : La relaxation
Ces deux phénomènes qui correspondent aux relaxations longitudinales (T1) et transversales (T2) font intervenir des propriétés physico-chimiques différentes caractéristiques des
atomes et des liaisons qui existent entre eux [7].
La relaxation longitudinale T1 correspond à une repousse de l’énergie qui est plus rapide
pour la graisse que pour l’eau, expliquant qu’à un temps T1 bien choisi, la graisse apparaîtra
en hypersignal par rapport à l’eau dont le T1 est long, surtout si elle est pure. Cette relaxation
correspond à la relaxation spin réseau. La relaxation transversale correspond à une décroissance de l’énergie transversale T2, elle est plus brève que la relaxation T1 et fait intervenir des
phénomènes de déphasage. Les tissus ayant un T2 long apparaîtront donc en hypersignal
comme l’eau, lors d’une mesure à un T2 donné. C’est la relaxation spin-spin. [8]
Les tissus sont donc caractérisés par leur temps de relaxation T1, T2 et la densité protonique.
Ces 3 éléments sont essentiels dans la formation de l’image [11].
Tout «l’art » des techniciens qui écrivent les séquences consistera à magnifier la part respective de chacun de ces facteurs, selon l’intérêt diagnostique recherché : séquence à forte pondération T1 (anatomie) à forte pondération T2 (liquide) ou protonique.
On peut par divers artifices et choix adaptés au moment du recueil du signal éliminer celui
émanant de certains tissus (eau, graisse …) [10].
Ces séquences en imagerie d’écho de spin sont toujours utilisées, mais de très nombreuses
séquences sont venues enrichir cette imagerie de base : imagerie rapide, séquences en écho
de gradients, séquence angiographiques, séquences de diffusion et de perfusion…[16,17].
Les produits de contrastes
Leur apport est comme en TDM souvent essentiel au diagnostic. Ils peuvent être plus ou
moins spécifiques d’un type de relaxation (T1 ou T2), d’un espace de distribution donné
(secteur vasculaire), de l’état tissulaire de certains tissus (présence de macrophages). Leur
spécificité provient de l’action magnétique ou para-magnétique de l’agent de contraste et des
propriétés physico-chimiques de la molécule porteuse [15].
14
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Longtemps considérés comme quasiment sans risques en dehors de quelques exceptionnels
accidents allergiques, ils peuvent, chez les patients à fonction rénale médiocre, provoquer
des accidents au pronostic sévère (fibrose néphrogénique systémique (FNS)). Ces accidents
seraient plus fréquents avec certains produits, mais en tout état de cause, comme pour tout
acte médical, le rapport coût-bénéfice doit être évalué et l’information donnée au patient
avant toute utilisation [18].
La formation de l’image
Comme dans toute acquisition volumique la zone d’acquisition du signal doit être localisée
avec précision. C’est le rôle du codage spatial, élément essentiel de la précision de l’image qui
fait intervenir des gradients de champ et ceci dans les trois directions de l’espace.
L’opérateur en jouant sur ces gradients (gradient de sélection de coupe, de codage en fréquence et en phase) choisit son épaisseur de coupe, la forme de la matrice et la durée de la
séquence.
La reconstruction d’une image passe par des processus complexes informatiques et mathématiques qui nécessitent pour obtenir le remplissage de la matrice un codage en fréquence
et en phase. Les protons sont codés de la même manière que l’on repère les pièces sur une
grille de bataille navale par un système de double code (chiffres et lettres pour la bataille navale).
Le stockage des données et leur exploitation
Comme dans tout phénomène associant plusieurs phénomènes fréquentiels, seule l’utilisation de la transformée de Fourrier (Fig. 8) permet d’isoler chaque fréquence présente dans
un signal. Ainsi dans le domaine de l’audition, la transformée de Fourrier permet à l’oreille
d’analyser la composition d’un son, ce dont l’œil est incapable avec une couleur complexe.
Figure 8 : La transformée de Fourrier.
C’est ce que fait l’oreille interne lorsqu’elle sépare les différentes fréquences d’un son complexe pour le transmettre au cortex auditif.
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15
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les données numériques sont stockées dans le plan de Fourrier (matrice phase-fréquence)
(Fig.9). Ce stockage et les modalités de remplissage de ce plan permettent en jouant sur la
phase et la fréquence, de privilégier certains éléments d’information (résolution spatiale, résolution en densité…).
La formation de l’image correspond alors au processus de lecture du plan de Fourrier, qui
selon les modalités de lecture, va conditionner le type d’image obtenu.
Comme pour le scanner nous nous trouvons dans un système matriciel caractérisé par un
nombre donné de pixels (voxels en épaisseur) à rapporter à un champ de vue qui conditionne la qualité de l’image, en sachant qu’il faut toujours se situer dans un rapport signal /
bruit favorable avec des durées d’acquisition acceptables.
Figure 9 : le plan de Fourrier.
La répartition du signal de la phase et
de la fréquence s’effectue dans des régions particulières du plan de Fourrier.
Le passage à l’image 2D se fait par une
double transformée de Fourrier.
Les facteurs de qualité de l’image
La qualité de l’image dépendra donc de facteurs extrinsèques (matériels) et de facteurs intrinsèques, choix des paramètres eux-mêmes liés aux tissus et aux modalités d’acquisition.
Le matériel intervient par l’intensité du champ principal (0,5 – 3T), l’homogénéité du champ,
la qualité des antennes (Fig. 10), la puissance et la précision des gradients source de l’excitation et du codage spatial.
16
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Figure 10 : les antennes et l’aimant
a : antenne de surface, b : antenne neuro-vasculaire, c : aspect interne d’une bobine de gradient, d : aimant.
Comme toujours il faut trouver un compromis : étude d’un volume plus ou moins grand,
plus ou moins rapide, plus ou moins superficiel.
Les artéfacts et leurs remèdes
Leur compréhension mathématique en est souvent complexe. Ils doivent impérativement être
connus, soit pour les éliminer ou les limiter (métallique, mouvement…), soit parfois pour les
utiliser à visée diagnostique (effet de susceptibilité magnétique du sang, déphasage du flux en
contraste de phase) [16]. Leur survenue liée à la constitution des tissus, aux mouvements des
patients et des tissus, aux corps étrangers, dépendra aussi de la séquence choisie. [14]
Figure 11 : artefacts de susceptibilité magnétique.
Il sont plus marqués sur les séquences en écho de gradient (b) qu’en écho de spin (a) ; ils se présentent sous la
forme d’une zone noire d’absence de signal au niveau de la région située au dessus de l’ethmoïde postérieur
(flèche).
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17
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
L’angiographie par résonance magnétique (ARM)
Plusieurs modalités techniques sont possibles :
- La rapidité de déplacement du sang rend impossible le recueil d’un signal et les vaisseaux
apparaissent en noir dans les séquences classiques.
- Si au contraire le recueil du signal est très rapide, seul le sang non saturé en mouvement
rapide donnera un signal alors que les tissus fixes sont dits saturés : Time of flight ou temps
de vol (TOF).
- Le déplacement du sang permet, si l’on mesure les différents de déphasage des éléments
mobiles par rapport aux éléments stationnaires, d’obtenir une image directement proportionnelle à la vitesse (encodage par la vitesse : contraste de phase).
- Enfin les séquences fortement pondérées T1 exploitant les propriétés des produits paramagnétiques permettront de réaliser des ARM avec produit de contraste [13].
Cette dernière méthode, la plus utilisée actuellement, a grandement bénéficié des gradients
puissants dont on dispose aujourd’hui.
Les précautions et les contre-indications à la réalisation de L’IRM
Les contre-indications absolues :
Les clips vasculaires ferromagnétiques intracérébraux. Les corps étrangers métalliques intraoculaires en particulier.
Certains dispositifs médicaux implantables actifs comme les stimulateurs cardiaques (pacemaker), les défibrillateurs cardiaques implantables, les implants cochléaires et les neuro-stimulateurs peuvent toutefois bénéficier d’un examen IRM après accord du constructeur et
avec une procédure adaptée.
Les prothèses d'oreille moyenne constituent une contre-indication à la réalisation d'une IRM.
Certains travaux récents [19] mettraient en évidence un risque modéré d'altération de la
chaîne ossiculaire avec les IRM 1,5 Teslas, l'examen risquant cependant de déplacer et d'altérer la prothèse.
Les contre-indications relatives :
- La grossesse dans les trois premiers mois en vertu du principe de précaution ; on ne doit
pas réaliser d’IRM non urgente pendant toute la durée de la grossesse.
- La claustrophobie : l’existence d’IRM ouvertes pourrait solutionner ce problème.
- Les implants métalliques divers : tout dépend de la nature de l’implant. Pour les implants
légèrement ferro-magnétiques, comme les stents, les coils ou les filtres, il convient d’attendre
six semaines après leur implantation.
- Certains tatouages peuvent donner lieu à des brûlures lorsqu’ils sont situés dans la zone à
explorer.
En cas de doute sur un implant ou un dispositif médical implanté il faut obtenir la référence
exacte du matériel, se référer aux instructions du fabricant et vérifier la compatibilité du système avec de l’intensité du champ magnétique.
Plusieurs sites internet d’accès facile permettent ces vérifications.
(Ex : mrisafety.com etc.) [9]
18
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE II  PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Concernant l’injection de produit de contraste, il faut rappeler le risque de FNS chez les patients insuffisants rénaux en particulier. Cette pathologie qui peut avoir des conséquences
graves, est de découverte récente. Elle serait plus fréquente avec les chélates de gadolinium
de structures linéaires. L’utilisation du produit de contraste dans ces conditions doit être bien
pesée (rapport risque/bénéfice).
En cas de grossesse, il faut rappeler l’absence d’AMM pour l’utilisation des chélates de gadolinium.
Lecture pour en savoir plus sur l’IRM :
Bernard A.M et al : Résonance magnétique nucléaire. Masson 1997.
Coussement A : le chant des protons. Vigot 1986.
Desgrez A, Bitoun J et Idy-Peretti I. Masson 1989.
Guinet Cl, Grellet J : Introduction à l’IRM. Masson 1992.
Kastler B : comprendre l’IRM. Collection d’imagerie radiologique. Masson 1997.
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
19
Références
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September 2002; 22:1255-1268.
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McNitt-Gray MF. AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: Topics in CT. Radiation dose in CT.
Radiographics November 2002; 22:1541-1553.
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McCollough CH, Bruesewitz MR, Kofler JM Jr. CT Dose Reduction and Dose Management Tools:
Overview of Available Options. Radiographics March-April 2006; 26:503-512.
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McCollough CH, Schueler BA, Atwell TD, Braun NN, Regner DM, Brown DL, LeRoy AJ. Radiation
[5]
Barrett JF, Keat N. Artifacts in CT: Recognition and Avoidance. Radiographics November 2004 ; 24:1679-1691.
Exposure and Pregnancy: When Should We Be Concerned? Radiographics July-August 2007 ; 27:909-917.
[6]
Pooley RA. AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: fundamental physics of MR imaging.
Radiographics July-August 2005; 25:1087-1099.
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Fullerton GD. Magnetic resonance imaging signal concepts. Radiographics May 1987 ; 7:579-596.
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Hendrick R E. e AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents. Basic physics of MR imaging: an
introduction. Radiographics July 1994 ; 14:829-846.
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Price RR. AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: MR Imaging Safety Considerations. Radiographics
November 1999; 19:1641-1651.
[10] Jacobs MA, Ibrahim TS, Ouwerkerk R. AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: MR imaging: brief
overview and emerging applications. Radiographics July-August 2007; 27:1213-1229.
[11] Plewes D B. e AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: Contrast mechanisms in spin-echo MR
imaging. Radiographics November 1994 ; 14:1389-1404.
[12] Poustchi-Amin M, Mirowitz SA, Brown JJ, McKinstry RC, Li T. Principles and Applications of Echoplanar Imaging: A Review for the General Radiologist. Radiographics May 2001; 21:767-779.
[13] Saloner D. e AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: An introduction to MR angiography.
Radiographics March 1995 ; 15:453-465.
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Radiographics January-February 2006; 26:275-297.
[15] Creasy JL, Partain CL, Price RR. Quality of clinical MR images and the use of contrast agents.
Radiographics May 1995; 15:683-696.
[16] Price RR. e AAPM/RSNA Physics Tutorial for Residents: Contrast mechanisms in gradient-echo imaging
and an introduction to fast imaging. Radiographics January 1995; 15:165-178.
[17] Hagmann P, Jonasson L, Maeder P, iran JP, Wedeen VJ, Meuli R. Understanding Diffusion MR Imaging
Techniques: From Scalar Diffusion-weighted Imaging to Diffusion Tensor Imaging and Beyond.
Radiographics October 2006; 26:S205-S223.
[18] Fibrose Néphrogénique Systémique. Fiche de recommandation pour la pratique clinique. SFR et CIRTACI.
Version 2 - Octobre 2009. (Disponible sur le site internet de la Société Française de Radiologie).
[19] Jesacher MO, Kiefer J, Zierhofer C, Fauser C. Torque Measurements of the ossicular chain: Implication on
the MRI Safety of the Hearing Implant Vibrant Soundbridge. Otology & Neurotology 2010 Jun;31(4):676-80.
Mots-clés :
Cone-Beam Computed Tomography
Constrast Media
Image Processing, Computer-Assisted
Magnetic Resonance Imaging
Radiation Protection
Tomography, X-Ray Computed.
20
PRINCIPES DE L’IMAGERIE
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
1 2 3 4 5 6 7
Rappel embryologique
JM. PRADES
C. RICHARD
S. CHARDON ROY
M. ELMALEH
21
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
22
Chapitre III
Rappel embryologique
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
III-1
Organogénèse de l’oreille moyenne et malformations
en résultant
L’apparition de l’oreille moyenne s’est faite tardivement au cours de la phylogénèse. Elle est
directement liée à celle de la vie terrestre, puisqu’elle permet la transmission efficace des
ondes sonores aériennes jusqu’aux milieux liquidiens de l’oreille interne, ceci grâce à une
fonction d’adaptation d’impédance. Certaines structures de l’oreille moyenne, comme les osselets, sont même apparues tardivement, chez les mammifères [1].
Sur le plan de la morphogenèse, l’oreille moyenne dérive des Ier et IIe arcs branchiaux, dispositif temporaire qui apparaît entre la 4e et la fin de la 5e semaine du développement embryonnaire (SDE) [2].
Les cavités de l’oreille moyenne
1 / La caisse du tympan
Le canal tubo-tympanique (3e SDE) est à l’origine de la caisse du tympan.
Il va progresser dans le tissu conjonctif embryonnaire en émettant des prolongements (ou
saccus) dans lesquels vont se développer les osselets en formation dans la future cavité
tympanique (ces derniers sont donc au départ des structures extra tympaniques). Les zones
de contact des saccus sont à l’origine de la formation de mésos. Certains disparaîtront,
d’autres seront à l’origine des ligaments suspenseurs du marteau et de l’enclume [3].
Cette progression se fera de bas en haut. La cavité tympanique primitive (partie inférieure
de la caisse, sous l’extrémité du manche du marteau) se forme en premier. Apparaîtront
ensuite entre la 10e et la 30e SDE, la partie haute de l’atrium (jusqu’au col du marteau) et
enfin l’attique [3]. La pneumatisation de la caisse se poursuivra les premières années de vie
(schéma 1).
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
23
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Schéma 1
2 / L’antre et les cavités mastoïdiennes
L’antre se forme au 6e mois de développement embryonnaire (MDE), à partir d’un diverticule dorsal de la caisse. La pneumatisation mastoïdienne ne débutera réellement qu’après la
naissance. Quant à l’apophyse mastoïde, dont le volume dépend du degré de pneumatisation, elle ne se développera qu’après la naissance, vers la fin de la première année, aidée par
la traction du sterno-cléidomastoïdien [4]. Son pic de croissance se situe entre la troisième
année de vie et la puberté.
3 / La trompe auditive
La partie médiane du recessus tubotympanique formera la trompe auditive qui reliera la
caisse du tympan au rhinopharynx.
24
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Les parois de l’oreille moyenne
La membrane tympanique
Le fond de la première poche ectobranchiale va s’adosser à celui du canal tubotympanique
(dérivé de la première poche entobranchiale) à la 5e SDE expliquant les futurs rapports entre
le méat acoustique externe (MAE) et la cavité tympanique. Cet adossement explique la formation de la membrane tympanique en trois couches :
-une couche profonde provenant de la paroi du canal tubo-tympanique (origine entoblastique)
-une couche moyenne provenant du mésoderme des deux premiers arcs branchiaux
-une couche superficielle provenant du fond du MAE (origine ectoblastique).
L’accolement entre le fond des premières poches ecto et entobranchiales se fait dans un plan
oblique expliquant l’orientation de la membrane tympanique.
Cet accolement progresse de bas en haut, suivant l’expansion de la cavité tympanique. Apparaît donc en premier la partie inférieure du tympan (sous l’extrémité du manche du marteau), puis la partie supérieure de la pars tensa (incluant dans son épaisseur le manche du
marteau et la corde du tympan). Il s’agit de la seule partie de l’organisme dans laquelle les trois
feuillets primitifs embryonnaires sont accolés. Enfin, à la partie supérieure, cet accolement
se fait sans interposition de mésoderme, formant ainsi assez tardivement la pars flaccida (6e
mois de développement embryonnaire, MDE) [3] (schéma 2).
Schéma 2
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
25
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les parois osseuses
Elles sont constituées des trois portions de l’os temporal, la partie pétreuse ou rocher, la partie squameuse ou écaille et la partie tympanique ou os tympanal.
Le rocher constitue la face interne de la caisse du tympan. L’écaille du temporal (os squamosal) en haut et le tympanal en bas en constituent la partie externe [5].
a / Le rocher (os petro-mastoïdien)
Le mésenchyme qui entoure la vésicule otique se différencie en cartilage (8e SDE) appelé
capsule otique cartilagineuse. Cette capsule otique cartilagineuse sera à l’origine du rocher
par un processus d’ossification enchondrale. Cette capsule formera également la partie interne du tegmen tympani [3]. En se développant, elle va incorporer plusieurs éléments vasculo-nerveux qui parcourront le rocher dans des canaux osseux (canal carotidien, facial…).
L’ossification de la capsule va épargner la face vestibulaire de la platine.
b / L’écaille de l’os temporal (os squamosal)
L’os temporal dérive de la crête neurale (ossification de membrane). Il formera la partie externe du tegmen tympani, et la paroi externe de l’attique (ou mur de la logette).
c / L’os tympanal (partie tympanique de l’os temporal)
C’est également un os de membrane dont l’ossification débute au niveau du mésenchyme
situé autour du futur tympan. Il a encore à la naissance la forme d’un anneau ouvert vers le
haut. Il formera la partie externe du plancher de la caisse (Schéma 3).
Schéma 3 : Les différentes parties
constitutives de l’os temporal.
26
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Les osselets
Ils dérivent du cartilage des deux premiers arcs branchiaux.
La partie dorsale du cartilage du premier arc est à l’origine de l’enclume.
La partie ventrale du cartilage du premier arc ou cartilage de Meckel est à l’origine du marteau.
La partie postérieure du cartilage du deuxième arc ou cartilage de Reichert est à l’origine de
l’étrier [3]. Vers le 6e mois de la vie foetale, les osselets sont ossifiés et ont atteint leur taille
adulte (Schéma 4).
Schéma 4 : Représentation schématique des osselets.
L’étrier
Il apparait en premier (33ème jour de développement embryonnaire (JDE)). L’artère du 2ème
arc ou artère stapédienne, branche de la carotide interne intra pétreuse, traverse l’ébauche de
l’étrier (annulus stapedialis), expliquant la forme annulaire de l’arche stapédienne. Cette artère se termine en artère méningée moyenne et régresse durant la vie embryonnaire. Au 38ème
JDE, l’annulus stapedialis se détache du cartilage de Reichert. Au 43ème JDE, il vient au contact
de la paroi latérale de la capsule otique, au niveau de la future fenêtre ovale dont le fond est
appelé lamina stapedialis. La partie de l’annulus stapedialis en contact avec la lamina stapedialis, va fusionner avec elle, formant ainsi la platine de l’étrier [3]. Ainsi, l’étrier a une double origine embryologique ; la tête, la superstructure et la partie tympanique de la platine
dérivent du cartilage de Reichert, tandis que la partie vestibulaire de la platine dérive de la
capsule otique. La platine est bordée par un tissu conjonctif qui se différencie en ligament an-
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
27
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
nulaire (16ème semaine de développement embryonnaire). Au 4ème MDE, débute l’ossification
de l’étrier, depuis la partie tympanique de la platine vers la superstructure. Au 6ème MDE, l’ossification est achevée et l’étrier a atteint sa taille adulte. Contrairement aux deux autres osselets, l’étrier ne subira plus de remaniement architectural osseux (processus de résorption et
d’ossification), et aura même tendance à s’alléger durant l’enfance. Ces particularités font de
lui un os fragile dont les fractures ne se consolident jamais.
L’enclume
Elle apparaît après l’étrier (45ème JDE). Son ossification débute au 4ème MDE, avant celle de
l’étrier, depuis la longue apophyse. Au 6ème MDE, l’ossification est achevée, l’enclume a atteint
sa taille adulte.
Le marteau
Il s’individualise vraiment à partir du 5ème MDE. Son ossification débute alors et est achevée
au 6ème MDE.
Les malformations congénitales de l’oreille moyenne
Les données embryologiques permettent de comprendre les aspects malformatifs et les anomalies de l’oreille moyenne et externe à l’origine des surdités de transmission d’origine congénitale. Ces malformations peuvent toucher la trompe auditive, les éléments du méat auditif
osseux, les cavités de l’oreille moyenne, les osselets et les éléments vasculo nerveux (trajet du
facial, reliquat d’artère stapédienne…). Ces aspects élémentaires peuvent être isolés ou associés de façon diverse comme dans certains tableaux syndromiques.
Les apports de la biologie moléculaire chez l’animal éclairent d’un jour nouveau cette complexité.
Le malleus et l’incus proviennent du 1er arc branchial à partir du cartilage de Meckel. L’expression du gène Bapx1 est indispensable à la formation du manche du marteau et de la partie antérieure du tympan. En revanche, le développement complet du bloc tympano-malléaire
nécessite l’expression concomitante du gène Gsc [6].
Récemment on a montré chez l’animal l’implication de plusieurs gènes dans le développement
de ce système : Hoxa-2, Dlx-2, MHox, and Otx2, le gène du récepteur de l’acide rétinoïde.
Si Hoxa1 est impliqué dans le développement de la capsule otique, Hoxa-2 est impliqué dans
le développement du malleus et de l'incus avec les autres gènes de façon complexe suivant le
schéma suivant [7] où D signifie l’implication du gène :
Hoxa-2
Incus
Malleus
28
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Dlx-2
D
D
MHox
D
ND
Otx-2
D
D
RAR
D
ND
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Dans la mutation du gène Dlx-2 l’incus est de forme anormale, fusionné avec le malleus.
Dans la mutation de Otx2 tous les éléments du cartilage de Meckel sont impliqués, le malleus, l’incus, le tympan, l’écaille du temporal, l’aile du sphénoïde et les éléments de la face, de
la région buccale : maxillaire, prémaxillaire, os palatin, ptérygoïde.
L’acide rétinoïque est aussi un puissant inducteur ; chez certains animaux mutants, il persiste
ainsi une fine lame de cartilage reliant l’incus et l’aile du sphénoïde.
Les animaux mutants pour le gène nGoosecoid, présentent des malformations faciales et
dentaires et aussi des défauts d’alignement musculaire du premier et du deuxième arc.
Ainsi toute anomalie morphologique peut résulter de phénomènes génétiques ou épigénétiques
en rapport avec des anomalies de date, de durée des événements, de régulation de l’expression des
gènes ou de leur interaction et non pas simplement de leur expression ou absence d’expression.
Ainsi Stephen O’Gorman semble montrer que l’apophyse externe du marteau dérive de tissus provenant du deuxième arc. Chez les animaux la mutation du gène MSX1 est responsable de l’hypoplasie ou de l’aplasie de l’apophyse externe du malleus, alors que la tête et le
manche sont préservés [8].
Il est aussi montré que chez les souris mutantes pour les gènes Gsc et MHox, le marteau reste
constitué de deux ébauches, la tête et le manche restant séparés.
Ceci laisse à penser que la jonction ne s’effectue que secondairement chez l’embryon [9].
Chez la souris, il est démontré qu’à partir de la tête du marteau et du corps de l’enclume
(Sox9 et Collagène de type II) formant initialement un seul bloc, se développe l’articulation
incudo-stapédienne. Cette formation est liée à des défauts de prolifération de ces cellules
cartilagineuses associés à des phénomènes limités d’apoptose. Certaines cellules n’expriment
plus des marqueurs de type cartilage pour exprimer d’autres de type articulaire. Le gène
Emx2 pourrait jouer un rôle dans la délimitation de la zone articulaire, mais le signal effectif de ce changement d’expression n’est pas connu. Cependant un défaut de ce processus est
probablement en cause dans la fusion de la tête des osselets rencontrée dans le Syndrome
BOR ou le Treacher Collins [10-11].
La partie postérieure du deuxième arc ou cartilage de Reichert se situe entre la partie postérieure du palatocarré et la capsule otique et va former l’étrier.
L’étude des mutations des gènes Dlx-2 et MHox montre qu’il est probable que sa formation
provienne de deux ébauches distinctes, l’une pour la platine et l’autre pour les branches, la
platine étant intacte, alors que les branches ont fusionné. La morphogènèse de l’étrier est
aussi indépendante de celle de l’enclume qu’elle précède [9].
Enfin il faut noter que la famille des gènes Dlx intervient dans le développement du maxillaire mais aussi de tous les éléments dérivés de la crête neurale [12].
Les différents aspects radiologiques de ces malformations seront décrits au chapitre 7.
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
29
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Organogénèse de l’oreille interne et malformations
en résultant
III-2
La période embryonnaire est à l’origine d’un grand nombre de malformations de l’oreille,
s’expliquant par des arrêts de développement, des développements aberrants ou par l’association des deux mécanismes. Les dernières décennies ont permis, notamment grâce au développement des techniques d’imagerie et de biologie moléculaire, une avancée dans le
diagnostic et la classification des malformations de l’oreille interne ainsi que dans la connaissance des mécanismes moléculaires impliqués dans la différenciation cellulaire et la morphogénèse [13,14].
Le labyrinthe membraneux dérive de la placode otique, épaississement de l’ectoblaste qui apparaît entre le 1er et le 2ème arc branchial au 23ème jour de développement embryonnaire (JDE),
situé sur chaque côté du rhombencéphale embryonnaire (schéma 5). La placode s’invagine
dans le mésoblaste durant la cinquième semaine pour former l’otocyste (ou vésicule otique)
(schéma 6).
Schéma 5 : Formation de la vésicule otique dès la fin de la 3ème
SDE, qui s’invagine dès le 25ième jour pour former la dépression
otique.
Schéma 6 : formation de la vésicule otique qui se détache de l’ectoderme superficiel.
Le développement de l’oreille interne
Formation du labyrinthe membraneux
L’épithélium de la vésicule otique se dédouble (délamination) donnant ainsi naissance aux
ébauches du labyrinthe membraneux et du ganglion vésicocochléaire (dont les cellules gliales
dérivent de la crête neurale).
L’otocyste prend une forme bilobée : la partie dorsale donnera le vestibule, et la portion ventrale, le canal cochléaire (schéma 7).
30
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Schéma 7 : Individualisation
des différents éléments
constitutifs de l’oreille interne
membraneuse.
Morphogénèse
Le labyrinthe postérieur :
Le labyrinthe postérieur commence sa différenciation à la fin de la 5ème SDE : le canal endolymphatique se forme à partir d’une évagination issue de sa région postéro-médiale. La partie proximale du canal se divise en deux branches : le canal utriculaire et le canal sacculaire.
Les canaux semi-circulaires se forment à partir d’évaginations de l’utricule durant la première partie de la période embryonnaire. Le canal semi-circulaire supérieur se forme en premier, suivi par le canal semi-circulaire postérieur puis le latéral qui est le plus tardif et le plus
souvent malformé [15]. Les canaux semi-circulaires ont acquis leur forme définitive à la 7ème
SDE mais leur croissance ne sera achevée qu’au cours du dernier trimestre de la grossesse.
Le labyrinthe antérieur :
Le développement du labyrinthe antérieur débute également à la fin de la 5ème SDE : une évagination apparaît au niveau du saccule : le canal cochléaire. Le premier tour de la cochlée est
formé à 7ème SDE et par enroulement progressif, les deux tours et demi sont complets à la fin
de la 9ème SDE. A ce stade, la cochlée mesure environ 3 millimètres de la base à l’apex ; elle
va augmenter de taille jusqu’au cinquième MDE, date à laquelle elle atteint sa taille adulte.
La cochlée est fonctionnelle dès le 5ème MDE, alors que la différentiation cellulaire est encore
incomplète. Conjointement vont se former entre la 6ème et la 7ème SDE le canal utriculo-sacculaire et le canal sacculo-cochléaire ou canal de Hensen.
Le labyrinthe membraneux a pratiquement acquis sa forme définitive à 10 semaines mais sa
croissance se poursuivra en fait jusqu’à la fin de la grossesse.
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
31
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Sur le plan de la phylogénèse, le labyrinthe membraneux est la partie la plus ancienne de
l’appareil auditif. Au sein de celui-ci, sa partie supérieure (canaux semi-circulaires et utricule)
est plus ancienne et se développe plus tôt que sa partie inférieure (saccule et cochlée) ce qui
la rendrait plus résistante aux incidents développementaux (15, 16).
Différenciation neurosensorielle
Le développement s’effectue de la base vers l’apex. L’histogénèse du labyrinthe membraneux
débute vers la 7ème SDE : des plages de cellules neurosensorielles ciliées se forment localement
au niveau de l’épithélium de la paroi des ampoules de l’utricule, du saccule et des ampoules :
ce sont les macules utriculaires et sacculaires et les crêtes ampullaires des canaux semi-circulaires.
Deux ganglions se développent en même temps que le labyrinthe membraneux : le ganglion
vestibulaire de Scarpa ou ganglion vestibulaire, pour la fonction de l’équilibration et le ganglion de Corti pour la fonction d’audition. Le ganglion de Scarpa et le ganglion de Corti formeront la huitième paire crânienne.
Une partie de l’épithélium du canal cochléaire se différencie vers la 11ème SDE en organe de
corti, innervé à partir du ganglion spiral (ou cochléaire). Son développement s’effectue en regard du canal cochléaire dont il prend la forme spiralée. L’histogénèse de l’organe de Corti ne
s’achèvera que vers la 25ème SDE. La cochlée serait fonctionnelle dès le 5ème MDE bien que sa
maturation histologique soit incomplète.
Les espaces périlymphatiques
Les espaces périlymphatiques se creusent au sein du mésenchyme environnant le canal cochléaire vers la 11ème SDE, lors de la résorption de la couche profonde du pré-cartilage.
Le labyrinthe osseux (schéma 8 et 9)
Dès la 6ème SDE, le mésenchyme qui entoure le labyrinthe membraneux se différencie en deux
couches : la couche profonde correspondant à l’ébauche des espaces péri-lymphatiques et leur
contenu liquidien et la couche superficielle, pré-cartilagineuse, ébauche du modèle cartilagineux [17]. Ce mécanisme diffère au niveau de la fenêtre ronde ou la couche superficielle formera le tympan secondaire et au niveau de l’étrier. En effet en avant et en arrière de l’étrier, la
couche profonde émet deux diverticules mésenchymateux à travers la couche superficielle.
Ceux-ci persistent jusqu’à l’âge adulte : la fissula-antefenestram et la fissula post-fenestram
sous forme de tissu conjonctif [17]. Cette évolution s’accompagne de phénomènes de formation puis de résorption permettant la croissance du labyrinthe membraneux. Cette ossification
s’effectuerait selon un modèle cartilagineux à partir de 14 centres d’ossification [18], mais il y
aurait plusieurs zones d’os membranaires impliquées dans cette ossification [19].
Le précartilage se différencie au cours de la 8ème SDE en trois couches : couche interne ou endostale, couche moyenne ou intrachondrale (d’origine cartilagineuse), couche externe ou
périostale. Certaines zones resteront cartilagineuses : le pourtour de la fenêtre ovale ainsi
que la fissula ante-fenestram.
32
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Schéma 8 : Reconstruction en 3 dimensions du labyrinthe osseux (foetus de 37 semaines). Image obtenue grâce au Scanco®.
Schéma 9 : Reconstruction en 3 dimensions de l’oreille interne (embryon de 37 semaines). Images obtenues à partir du
Scanco®.
La couche interne est de type périchondral, entourant la surface interne du labyrinthe osseux,
elle restera mince durant toute la vie. La couche moyenne sera remplacée dès le 6ème MDE par
un os de type enchondral au sein duquel persisteront des îlots d’os intrachondral. Cette ossification évolue jusqu’à la dernière semaine du terme. La couche externe sera remodelée en os haversien, avec des corticales d’os compact et un os spongieux l’ensemble formant l’os pétreux.
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
33
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Au 6ème MDE, le labyrinthe osseux est donc formé d’os périchondral au niveau des périchondres et d’os intrachondral pour la partie centrale. Seules 3 zones ne participent pas à ce
processus : la fenêtre ronde, la fissula ante-fenestram et la fissula post-fenestram de part et
d’autre de la fenêtre ovale où subsisterait le cartilage embryonnaire jusqu’à l’âge adulte [18].
- L’ossification de la columelle débute entre 20 et 25 SDE et s’effectue directement à partir du
mésenchyme entourant le paquet vasculo-nerveux de la cochlée : il s’agit donc d’un os de
membrane, semblable à ceux de la voûte crânienne.
- Le conduit endolymphatique se forme dès la 6ème SDE et contient le canal endolymphatique membraneux.
- Le canal périlymphatique ou aqueduc de la cochlée se forme lors de la résorption du cartilage accompagnant l’ossification cochléaire, entre la fossette ronde et la cochlée.
- Le canal pétro-mastoïdien est un vestige embryonnaire allant de la fossa subarcuata à l’antre.
- Le méat acoustique interne est formé à partir d’une dépression entre le vestibule et la cochlée, autour des structures acoustico faciales primitives.
- Le canal facial dérive du 2ème arc branchial, et comporte 3 segments : labyrinthique, tympanique et mastoïdien.
La période développementale embryonnaire après la formation du labyrinthe reste encore
mal connue, ainsi la morphologie adulte du labyrinthe serait acquise dès la naissance pour
certains alors que d’autres décrivent une évolution de l’angulation des différents canaux semicirculaires jusqu’à la période post-natale [20].
Les malformations congénitales de l’oreille interne
Les malformations osseuses ne représentent que 20% des surdités de perception [21], les 80%
restants étant dus aux malformations touchant le labyrinthe membraneux au niveau cellulaire.
Il est difficile d’en effectuer une classification simple de par l’existence d’une continuité entre
différentes anomalies.
Atteintes du labyrinthe osseux et du labyrinthe membraneux
Avant le 25ème jour
Aplasie totale de l’oreille interne (aplasie de Michel) : il s’agit d’un arrêt complet du développement de l’oreille interne. Cette anomalie très rare est l’association d’une atteinte du labyrinthe membraneux et du labyrinthe osseux.
34
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
CHAPITRE III  RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Entre le 27ème et le 47ème jour
-Aplasie de la cochlée : associée à un vestibule normal, dilaté ou hypoplasique.
-Cavité commune : la cochlée et le vestibule sont représentés par une seule cavité [22]. Une
petite cavité commune traduirait un arrêt plus précoce du développement en comparaison
d’une cavité plus large.
-Partition incomplète de type I : la cochlée ne possède ni de modiolus ni d’aire cribiforme,
donnant à la cochlée un aspect cystique. Un large vestibule cystique y est associé, mais la
cochlée est différentiable du vestibule (5ème semaine) même s’ils ne possèdent pas d’architecture interne. Il n’existe pas de dilatation de l’aqueduc vestibulaire associée.
-Hypoplasie cochléovestibulaire (6ème SDE) : les structures vestibulaires et cochléaires sont
présentent mais de dimensions inférieures à la normale.
Entre le 47ème et le 70ème jour
-Hypoplasie de Mondini (7ème SDE): dans le syndrome de Mondini, la cochlée ne présente
qu’1 tour ½ de spire : l’apex est cystique, le vestibule et l’aqueduc du vestibule sont dilatés.
-La vésicule unique est un labyrinthe vésicule ne présentant aucune séparation entre cochlée et vestibule.
-S’il n’existe pas d’arrêt du développement avant la 8ème semaine, la cochlée présente une
forme normale.
Atteintes du labyrinthe membraneux
-Dysplasie cochléo-sacculaire de Sheibe. L‘utricule et les canaux semicirculaires ne sont pas
impliqués. Cette atteinte est retrouvée dans le syndrome de Waardenburg.
-Atteinte de type Bing-Siebenmann : les anomalies cochléo-vestibulaires sont identiques à
celles de l’atteinte de Scheibe mais associées à une atteinte du ganglion spiral, des fibres nerveuses, et à une atrophie des centres auditifs.
-Atteinte de type Alexander : anomalie du tour basal de la cochlée et de l’aqueduc cochléaire.
-Atteintes neuroépithéliales : atteintes primitives de l’organe de corti [23].
Sur le plan clinique, certains pensent préférable d’utiliser une classification basée sur la gravité de la surdité. Ainsi, selon un ordre de gravité décroissant on décrit : la malformation de
Michel, l’aplasie cochléaire, la cavité commune, la malformation cochléo-vestibulaire cystique, l’hypoplasie cochléaire, et enfin la malformation de Mondini.
Malformations des canaux semi-circulaires
-Aplasie, hypoplasie, dilatations isolées.
-Les malformations des canaux peuvent être présentes dans les malformations de Michel, les
hypoplasies cochléaires et les cavités communes.
Malformations du conduit auditif interne
-Aplasie, hypoplasie, déformation.
-Anomalie morphologique du fond du conduit.
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
35
Références
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Mots-clés :
Branchial arches
Embryonic Development
Genetics
Inner ear organogenesis
Middle ear malformation
Middle ear organogenesis
Otic placode.
36
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
1 2 3 4 5 6 7
Anatomie et
imagerie normale
de l’os temporal humain
JM. PRADES
CH. VEYRET
G. SALIOU
E. LESCANNE
CH. MARTIN
37
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
38
Chapitre IV
Anatomie et imagerie
normale de l’os temporal
humain
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
L’anatomie et l’imagerie normale de l’os temporal humain sont présentées en deux parties
pour des raisons essentiellement didactiques. La première partie expose l’anatomie de l’os
temporal selon la description ostéologique classique, indispensable à l’interprétation future
de l’imagerie. La seconde partie, essentiellement iconographique, expose de façon synthétique
l’imagerie normale, selon ses deux méthodes principales, la tomodensitométrie de haute résolution et l’imagerie par résonance magnétique. L’analyse tomodensitométrique présentée,
donne des plans clefs-repères, à visée pédagogique pour l’interprétation médicale. Celle-ci
utilise, en pratique, la succession dynamique des plans de coupes classiques axiales et coronales mais aussi obliques, de façon presque cinématographique. L’imagerie par résonance
magnétique normale présente les structures non osseuses temporales et péri-temporales,
nerveuses et vasculaires, endo et exocrâniennes.
IV-1
Anatomie de l’os temporal chez l’homme
L’os temporal du crâne dérive sur le plan embryologique de trois pièces osseuses différentes,
indépendantes chez certains mammifères, soudées entre elles chez l’homme : l’os squamosal ou écaille, formé de deux tables externe et interne séparées par un diploé, l’os tympanal
fait de tissu osseux compact et l’os pétreux ou rocher constitué d’os compact et d’os spongieux
(Fig. 1).
L’os temporal renferme les organes de l’audition et de l’équilibration. Il est également traversé de canaux vasculaires comme le canal carotidien ou nerveux comme le canal facial. Il
s’articule avec la mandibule, limite latéralement la fosse temporale par son processus zygomatique et sert d’insertion à un certain nombre de muscles notamment pharyngés et styliens.
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39
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : Les 3 parties
de l’os temporal (Côté D)
Figure 2 : Vue latérale de l’os temporal (côté D)
1. fissure tympano-squameuse inf.
2. fissure pétro-squameuse antérieure
3. fissure pétro-tympanique
4. tubercule zygomatique post.
5. tubercule zygomatique ant.
6. processus zygomatique
7. articulation avec l’os zygomatique
8. prolongement antéro-inférieur du
tegmen tympani
9. processus styloïde
10. crête vaginale
11.épine supra-méatique et zone criblée rétro-méatique
12. processus mastoïde
13. foramen mastoïdien
14. fissure pétro-squameuse post.
15. incisure pariétale
16. crête supra-mastoïdienne
17. face temporale de l’écaille.
MAE : méat acoustique externe
40
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
L’os squamosal ou écaille
L’os squamosal ou écaille de l’os temporal est une paroi osseuse verticale concave vers l’endocrâne, convexe vers l’exocrâne supportant l’insertion du processus zygomatique. Elle représente la partie antéro-supérieure de l’os temporal et s’articule avec l’os tympanal, par la
fissure tympano-squameuse inférieure ou scissure de Glaser, avec l’os pétro-mastoïdien par
la fissure pétro-squameuse postérieure en arrière et latéralement, et la fissure pétro-squameuse supérieure en avant et médialement. L’os squamosal forme le toit de la caisse du tympan et la partie supéro-latérale de l’antre mastoïdien (Fig. 2 et Fig. 3).
Figure 3 : Vue médiale de l’os temporal (côté D)
1. sillon de l’artère méningée moyenne
2. incisure sphénoïdale
3. apex pétreux
4. gouttière du sinus pétreux inférieur
5. pore acoustique interne ou méat acoustique interne (MAI)
6. gouttière du nerf glosso-pharyngien (IX)
7. fossa sub-arcuata et orifice du canal pétro-mastoïdien
8. fossette unguéale et orifice de l’aqueduc du vestibule
9. fosse jugulaire
10. gouttière du sinus sigmoïde
11. bord postérieur de la mastoïde
12. orifice de la veine émissaire mastoïdienne
13. incisure pariétale
14. empreinte du nerf trijumeau (V)
SPS : gouttière du sinus pétreux supérieur
FPS : fissure pétro-squameuse supérieure
E. Arc : eminentia arcuata
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41
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La face exocrânienne ou temporale
La face exocrânienne est divisée en 2 parties par le processus zygomatique (Fig. 2). La partie supérieure de l’écaille supra-zygomatique convexe représente les trois quarts de l’os squameux, en forme d’éventail à base inférieure. Les fibres musculaires du muscle temporal s’y
insèrent. Dans son quart postérieur, le sillon, inconstant, de l’artère temporale moyenne,
branche de l’artère maxillaire, peut marquer son empreinte sur l’os. La partie inférieure de
l’écaille infra-zygomatique constitue le quart basal de l’os squamosal. Elle forme la partie antérieure articulaire de la fosse mandibulaire, en avant du méat acoustique externe (MAE) et
entre les tubercules zygomatiques antérieur et postérieur. La fosse mandibulaire est recouverte de cartilage et articulée avec le condyle de la mandibule, par l’intermédiaire d’un ménisque. En arrière du MAE et en dessous de la crête supra-mastoïdienne se situent l’épine
supra-méatique et la zone criblée rétro-méatique. Le processus zygomatique est divisé en
deux segments, un segment basal transversal et un segment distal antéro-postérieur (Fig.4).
Le segment basal constitue vers le haut une gouttière où glissent les fibres postérieures du
muscle temporal, vers le bas contribue à former la fosse mandibulaire articulaire. Le segment
distal antéro-postérieur ou processus zygomatique proprement dit constitue une baguette
osseuse légèrement convexe latéralement : sur son bord supérieur et se poursuivant en arrière
de la crête supra-mastoïdienne s’insère le fascia temporal ; sur son bord inférieur se fixe le
faisceau moyen du muscle masséter. L’extrémité antérieure du processus zygomatique, en biseau, s’articule avec le processus temporal de l’os zygomatique.
Figure 4 : Vue inférieure de l’os temporal (Côté D)
1. face temporale de l’écaille
2. face infra-temporale de l’écaille
3. incisure de l’os sphénoïde
4. orifice de la gouttière du muscle tenseur du tympan
5. apex
6. orifice osseux de la trompe auditive
7. canalicule carotico-tympanique
8. canalicule tympanique inférieur de Jacobson
9. orifice de l’aqueduc de la cochlée
10. canalicule mastoïdien
11. éminence juxta mastoïdienne (crête)
12. foramen mastoïdien
13. gouttière de l’artère occipitale
14. rainure du muscle digastrique
15. crête vaginale
16. pore acoustique externe (MAE)
17. tubercule zygomatique postérieur
18. tubercule zygomatique antérieur
19. fosse mandibulaire
20. condyle de l’os temporal
21. processus zygomatique
 fissure tympano-squameuse inférieure en Y
 fissure pétro-squameuse antérieure
 fissure pétro-tympanique
M : mastoïde
CC : canal carotidien
FJ : fosse jugulaire
FSM : foramen stylo-mastoïdien
PS : processus styloïde
42
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
La face endocrânienne ou cérébrale
La face endocrânienne est excavée dans sa partie antérieure. Elle présente les dépressions
des circonvolutions cérébrales et des sillons d’empreintes du tronc et des branches de l’artère
méningée moyenne (Fig. 3).
L’os tympanal ou la partie tympanique de l’os temporal
L’os tympanal forme une gouttière osseuse ouverte en haut et latéralement, en dessous de l’os
squamosal, en avant du processus mastoïde (Fig. 2). Il constitue la paroi inférieure du MAE,
le cadre d’insertion du tympan et la paroi latérale de la trompe auditive osseuse.
Son bord latéral permet l’insertion de la partie cartilagineuse du MAE. En avant, il est caractérisé par la grande épine tympanique et en arrière par la petite épine tympanique. Son
bord médial est creusé par le sillon tympanique, sertissant l’anneau de la membrane tympanique. Son bord supérieur et antérieur constitue la fissure tympano-squameuse inférieure ou
fissure en Y avec une branche antérieure pétro-squameuse et une branche postérieure pétrotympanique (Fig.4). Son bord supérieur et postérieur constitue la fissure tympano-squameuse supérieure. Le bord inférieur de l’os tympanal forme une couverture osseuse latérale
à la base du processus styloïde, appelé crête vaginale.
L’os pétro-mastoïdien
L’os pétro-mastoïdien est, comme son nom l’indique, constitué de deux parties différentes, la région
mastoïdienne postéro-latérale et la région pétro-tympanique ou rocher, antéro-médiale (Fig. 4).
La région mastoïdienne
La région mastoïdienne de l’os temporal est constituée chez le fœtus dans ses deux tiers postérieurs par la base de l’os pétreux et dans son tiers antérieur par l’os squamosal. Elle a une
forme pyramidale à base supérieure et un sommet inférieur, le processus mastoïde.
* La face latérale exocrânienne (Fig. 2) est marquée par la fissure pétro-squameuse postérieure, qui sépare la partie squameuse antéro-supérieure de la partie pétreuse postéro-inférieure. Sur la partie squameuse, l’épine supra-méatique ou épine de Henlé et la zone criblée
rétro-méatique, petite fossette perforée d’orifices vasculaires, donnent insertion à des muscles de l’auricule. Sur la partie pétreuse, plusieurs crêtes rugueuses obliques en bas et en avant,
donnent insertion au muscle sterno-cleido-mastoïdien à destinée cervicale latérale, au ventre occipital du muscle occipito-frontal à destinée crânienne, au muscle splénius de la tête et
longissimus de la tête à destinée cervicale postérieure. Le foramen mastoïdien en arrière et
en dessous des crêtes osseuses contient une veine émissaire mastoïdienne, collatérale du sinus
veineux sigmoïde. Le sinus sigmoïde se projette immédiatement au-dessus de la fissure pétrosquameuse postérieure. Au-dessus de cette fissure, le bord postérieur de l’os est marqué par
l’incisure pariétale formant un angle aigu ouvert en arrière et articulé avec l’os pariétal.
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
43
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
* La face médiale endocrânienne (Fig. 3) appartient à la paroi latérale de la fosse crânienne
postérieure. Elle est occupée en avant par le sillon du sinus sigmoïde, oblique en bas en avant
et médialement, limitée par deux berges et marquée par l’orifice de la veine émissaire mastoïdienne à son extrémité supérieure. Plus en arrière, la face médiale répond à la fosse cérébelleuse.
Le processus mastoïde prolonge vers le bas et l’avant la pyramide mastoïdienne. Arrondi et
irrégulier, le sommet du processus mastoïde présente, sur sa face médiale plus lisse, la rainure
d’insertion du ventre postérieur du muscle digastrique ou incisure mastoïdienne. Celle-ci
est séparée du sillon de l’artère occipitale qui lui est parallèle par l’éminence juxta-mastoïdienne. (Fig. 4). Le sommet du processus mastoïde se poursuit en avant et médialement par
la crête vaginale du processus styloïde. En arrière de la crête vaginale et dans le prolongement
de la rainure d’insertion du ventre postérieur du muscle digastrique s’ouvre le foramen stylomastoïdien, orifice exocrânien du canal facial.
La région pétro-tympanique
La région pétro-tympanique de l’os temporal ou « rocher » est une pyramide quadrangulaire
à base postéro-latérale et à sommet antéro-médial presque horizontal. Son axe est d’environ
45° par rapport au plan sagittal médian du crâne.
Figure 5 : Vue supérieure de l’os temporal
(Côté D)
1. incisure de l’os sphénoïde
2. orifice du muscle tenseur du tympan
3. sillon carotidien (foramen lacerum)
4. empreinte trigéminale
5. hiatus et sillon du nerf grand pétreux
5’ : du nerf petit pétreux
6. sillon du sinus pétreux supérieur
7. eminentia arcuata
8. sillon du sinus sigmoïde
9. fissure pétro-squameuse supérieure
10. tegmen tympani
11. sillon de l’artère méningée moyenne
44
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
* La face antérieure et supérieure endocrânienne (Fig. 5) appartient à la fosse crânienne
moyenne. Elle constitue une pente douce oblique en avant qui s’articule avec la face cérébrale de l’écaille par l’incisure pétro-squameuse supérieure. Entre la partie pétreuse médialement et la partie squameuse latéralement, l’incisure sphénoïdale forme un angle ouvert en
avant pour s’articuler avec la grande aile de l’os sphénoïde. En dedans de l’incisure sphénoïdale sur la partie médiale de l’apex pétreux, l’empreinte trigéminale est occupée par le ganglion trigéminal ou ganglion de Gasser ; sur la partie latérale de l’apex, le foramen lacerum
constitue une déhiscence irrégulière livrant passage à l’artère carotide interne. En arrière,
deux orifices punctiformes prolongés parfois chacun par un fin sillon correspondent au hiatus du canal du nerf grand pétreux médialement et au hiatus du canal du nerf petit pétreux
latéralement. En arrière du hiatus des canaux des nerfs pétreux, à l’union tiers postérieur
deux-tiers antérieurs, l’eminentia arcuata réalise une saillie oblique en avant, légèrement arrondie, d’importance variable, médiale par rapport à la scissure pétro-squameuse supérieure
: le canal semi-circulaire antérieur est sur le versant médial de cette éminence. En avant et en
dehors de l’eminentia arcuata, le tegmen tympani forme une lame osseuse mince, prolongée
au delà de la scissure pétro-squameuse supérieure, en avant et en bas sous l’écaille de l’os
temporal (Fig. 2 et Fig. 5).
* La face postérieure et supérieure endocrânienne (Fig. 3) appartient à la fosse crânienne
postérieure. Elle constitue une pente abrupte presque verticale. Son bord en avant est marqué par le sillon du sinus pétreux inférieur formé par l’articulation de l’os pétreux et de la surface basilaire de l’os occipital. A l’union tiers antérieur deux-tiers postérieurs, s’ouvre en biseau
le pore du méat auditif interne (MAI), souligné par son bord postérieur plus épais formant
un sourcil à concavité antéro-inférieure. Au-dessus et en arrière du pore acoustique, une dépression peu marquée, la fossa subarcuata, livre passage à l’orifice du canal pétro-mastoïdien.
A un centimètre en arrière du pore acoustique, la fossette unguéale marque l’orifice endocrânien de l’aqueduc du vestibule.
Les deux faces supérieures endocrâniennes, antérieure et postérieure, sont séparées par le
bord supérieur de la pyramide pétreuse (Fig. 3). Ce bord supérieur est marqué à un centimètre en arrière de l’apex pétreux par l’échancrure du nerf trijumeau, en arrière de laquelle
court le sillon du sinus pétreux supérieur qui gagne le sillon sigmoïde. La grande circonférence de la tente du cervelet se fixe sur les berges du sillon du sinus pétreux supérieur.
* La face postérieure et inférieure exocrânienne (Fig. 4) poursuit vers le bas la face postérieure
endocrânienne précédente. Elle appartient à la face exocrânienne par ses orifices et ses insertions musculaires.
Le foramen stylo-mastoïdien est un orifice de 2 mm de diamètre à la partie postéro-latérale
de la base du processus styloïde, situé dans le prolongement antéro-médial du sillon de l’artère occipitale et de l’incisure mastoïdienne. Il représente l’orifice exocrânien du canal facial.
Le processus styloïde appartient embryologiquement à l’appareil hyoïdien et non à l’os temporal. Il s’implante dans la fossette styloïdienne soulignée sur sa face latérale et antérieure par
la crête vaginale. Soudé à l’os temporal chez le sujet âgé, présentant un ménisque cartilagineux intermédiaire chez le sujet jeune, le processus styloïde orienté en bas et médialement a
une longueur variable, pouvant rejoindre la petite corne de l’os hyoïde. Il donne insertion
aux muscles et ligaments du rideau stylien de Riolan. En dedans du processus styloïde, séJM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
45
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
parée par un pont osseux s’ouvre la fosse jugulaire constituant la partie postérieure du foramen jugulaire ou « pars vasculosa », logeant le bulbe supérieur de la veine jugulaire interne
(Fig. 4). La fosse jugulaire est limitée en arrière par la facette jugulaire de l’os temporal, en regard du processus jugulaire de l’os occipital ; en avant, le processus intra-jugulaire pétreux est
réuni par une bandelette fibreuse au processus intra-jugulaire occipital : le foramen jugulaire se rétrécit et correspond à la « pars nervosa » zone de passage des IX, X et XI paires crâniennes. La fosse jugulaire a une taille variable, pouvant faire saillie sur la paroi inférieure du
cavum tympanique. Au bord inférieur de la fosse jugulaire s’ouvre le canalicule mastoïdien
où chemine le rameau auriculaire du nerf vague. En avant de la fosse jugulaire et médialement, l’orifice externe du canal carotidien où pénètre l’artère carotide interne est un orifice
ovalaire centimétrique, séparé de la fosse jugulaire par la crête jugulaire (Fig. 4). Sur celle-ci
se trouve l’orifice du canalicule tympanique. Le nerf tympanique de Jacobson, branche du
nerf glosso-pharyngien gagne le canalicule en cheminant dans la fossette pétreuse, gouttière
verticale surplombant la partie étroite du foramen jugulaire. En avant de l’orifice externe du
canal carotidien, l’os pétreux correspond à la face supérieure et latérale du naso-pharynx,
avec l’insertion du muscle élévateur du voile du palais.
* La face antérieure et inférieure exocrânienne (Fig. 4) présente une base postéro-latérale où
s’ouvre le pore du MAE, et un sommet creusé par le sillon de la trompe auditive osseuse.
La base de la face antérieure et inférieure est orientée en bas en avant et latéralement. Elle
constitue la partie postérieure non articulaire de la fosse mandibulaire. Elle est séparée de la
partie antérieure articulaire d’origine squameuse de la fosse mandibulaire par la fissure tympano-squameuse inférieure. En arrière la crête vaginale la sépare de la fosse postérieure et inférieure du rocher. Le pore du MAE, ovalaire, occupe la base de la pyramide pétreuse (Fig.
2). Orienté en bas et en arrière, il est limité par l’écaille en haut, la mastoïde en arrière, l’anneau tympanique en bas. Cet anneau constitue une gouttière asymétrique à concavité supérieure avec une corne antérieure, la grande épine tympanique et une corne postérieure, la
petite épine tympanique.
Le sommet de la face antérieure et inférieure exocrânienne est formé par le processus tubaire constituant la partie inférieure de la trompe auditive osseuse (Fig. 4). Le bord supérieur du processus tubaire est marqué par le sillon de la corde du tympan, fermé en un petit
canal par le prolongement antéro-inférieur du tegmen tympani. Ce bord supérieur de l’os
tympanal correspond à la branche de division postérieure pétro-tympanique de la fissure
tympano-squameuse inférieure ou fissure en Y (Fig. 2). La branche de division antérieure de
la fissure tympano-squameuse inférieure forme la fissure pétro-squameuse. Au dessus des
branches de la fissure en Y s’ouvre l’orifice de la gouttière du muscle tenseur du tympan (Fig.
4 et Fig. 5). L’orifice externe de la partie osseuse de la trompe de 5 mm de diamètre se poursuit par le sillon de la trompe cartilagineuse et s’articule en avant avec le sillon analogue du
bord postérieur de la grande aile de l’os sphénoïde formant une gouttière où se loge la trompe
auditive cartilagineuse. L’apex du rocher en arrière est médial par rapport à l’extrémité antérieure de cette gouttière et occupé par l’orifice interne du canal carotidien, délimité en arrière
par une berge irrégulière pétreuse et en avant par une berge sphénoïdale constituant le foramen lacerum, zone de passage de l’artère carotide interne avant sa pénétration dans le sinus
caverneux endocrânien. L’empreinte trigéminale marque la partie postérieure et médiale endocrânienne de cet orifice (Fig. 5).
46
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Les deux faces inférieures exocrâniennes, antérieure et postérieure, forment le bord inférieur de
la pyramide pétreuse (Fig. 4). Il est constitué dans ses deux tiers postérieurs par la crête vaginale
et le bord postérieur du processus tubaire, tous deux d’origine tympanique. Dans son tiers antérieur, il est formé par le bord postérieur du sillon de la trompe cartilagineuse d’origine pétreuse.
Les cavités de l’os temporal
L’os temporal est creusé par les cavités des organes cochléo-vestibulaires (MAI, caisse du
tympan, trompe auditive) mais aussi par un canal vasculaire majeur, le canal carotidien associé à des canaux nerveux comme le canal facial, le canal de la corde du tympan, le canalicule tympanique ou les canaux des nerfs pétreux.
La caisse du tympan
Espace central des cavités de l’oreille moyenne, aplatie transversalement, la caisse du tympan
(cavum tympani) contient la chaîne des osselets. Elle se poursuit en avant par la trompe auditive, en arrière par les cavités antro-mastoïdiennes. On lui décrit classiquement 6 parois :
La paroi latérale
La partie supérieure sur 5 mm de hauteur forme la paroi latérale du récessus épitympanique
ou « mur de la logette ». La partie inférieure est marquée par le sillon tympanique, fine rainure de la face antéro-médiale de l’os tympanal où s’insère la membrane tympanique. La partie inférieure de l’anneau d’insertion tympanique est plus haute que la paroi inférieure ou
jugulaire de la caisse formant le récessus hypotympanique.
La paroi médiale
La partie supérieure de cette paroi est en regard du récessus épitympanique. Elle est marquée
par la gouttière du muscle tenseur du tympan oblique en haut et en arrière, parallèle à la
trompe auditive osseuse (Fig. 6). Au-dessus de la fenêtre vestibulaire, cette gouttière se coude
latéralement, formant une extrémité conique creuse de 1 mm, le processus cochléariforme,
zone de passage du tendon du muscle tenseur du tympan. En arrière et en haut de ce processus, une saillie osseuse oblique en bas et en arrière surplombe la fenêtre vestibulaire : c’est le
2ème segment du canal facial qui disparaît sur le seuil de l’aditus ad antrum. Formant un auvent osseux horizontal au-dessus du canal facial, le relief du canal semi-circulaire latéral
s’écarte de lui en arrière du fait de son obliquité. La partie inférieure de la paroi médiale est soulevée par une saillie oblongue de 6 mm, le promontoire en rapport avec le premier tour de spire
de la cochlée. En dessous du promontoire, le canalicule tympanique livre passage au nerf tympanique de Jacobson, qui se ramifie sur la surface promontorielle. Au-dessus du promontoire,
la fossette de la fenêtre vestibulaire est un orifice ovalaire de 4 mm de long sur 1,5 mm de
haut, en « gueule de four » obturé par la base de l’étrier ou platine. En arrière du promontoire
et en bas, la fossette de la fenêtre cochléaire réalise un orifice arrondi de 2 mm de diamètre obturé par une membrane fibreuse ou tympan secondaire. Entre les fenêtres vestibulaires en
haut et cochléaires en bas, une dépression, le sinus tympani répond à l’ampoule du canal semicirculaire postérieur. Le pont osseux supérieur entre le sinus tympani et la fenêtre vestibulaire en haut est le ponticulus du promontoire. Le pont osseux inférieur entre le sinus tympani
en haut et la fenêtre cochléaire en bas est le subiculum du promontoire (Fig. 6).
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
47
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 6 : Paroi médiale de la
caisse du tympan
1. aditus ad antrum
2. tegmen tympani
3. canal semi-circulaire latéral
4. 2e segment du canal facial VII
5. fenêtre vestibulaire
6. canal du muscle tenseur du
tympan
7. trompe auditive osseuse
8. orifice canalicule tympanique et nerf tympanique de
Jacobson sur le promontoire
9. fenêtre cochléaire
10. récessus hypotympanique
11. proéminence styloïde
12. sinus tympani
13. éminence pyramidale
14. antre mastoïdien
15. 3e segment du canal facial
(VII)
xx : ponticulus du promontoire
x : subiculum du promontoire
La paroi supérieure
Le toit de la caisse ou tegmen tympani est une mince lamelle osseuse dans ses deux-tiers
postérieurs, parcourue par la fissure pétro-squameuse supérieure. Parfois, elle peut être déhiscente (Fig. 16, Fig.17).
La paroi inférieure
Le plancher de la caisse constitue une dépression irrégulière multi-cavitaire, le récessus hypotympanique plus bas que le MAE. Elle est parcourue par la fissure pétro-tympanique inférieure. Entre les deux branches de division de cette fissure pétro-tympanique inférieure en
Y, apparaît le prolongement inférieur du tegmen tympani qui s’articule avec l’os sphénoïde à
l’incisure sphénoïdale (Fig. 5). La paroi inférieure est parfois mince, répondant à la fosse jugulaire. Celle-ci peut faire saillie dans le récessus hypotympanique. La proéminence styloïde
est une protubérance osseuse en général de faible importance répondant à l’insertion pétreuse du processus styloïde (Fig. 6).
La paroi antérieure
Dans sa partie supérieure, une fossette marque le prolongement antérieur du récessus épitympanique avec latéralement la fissure pétro-squameuse supérieure, située entre le bord
médial de l’écaille et le bord inférieur du tegmen tympani (Fig. 7). Dans la partie haute du
sillon tympanique entre l’os tympanal médial et le prolongement inférieur du tegmen tympani, se place la fissure pétro-tympanique supérieure. Celle-ci est creusée par le canal antérieur de la corde du tympan (Fig. 8). Dans la partie inférieure de la paroi antérieure, l’ostium
tympanique de la trompe auditive osseuse est un orifice ovalaire de 5 mm de hauteur, surplombé par la gouttière du muscle tenseur du tympan. En dessous de l’ostium tubaire, une
lamelle osseuse sépare la caisse du tympan du coude sous-promontorielle du canal carotidien.
Cette lamelle osseuse est perforée de petits orifices pour les filets nerveux carotido-tympaniques du plexus sympathique péri-carotidien et pour les veinules du plexus veineux péricarotidien destinées à la muqueuse de la caisse.
48
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 7 : Coupe coronale :
Paroi antérieure de la caisse
passant par les deux méats
acoustiques
1. tegmen tympani
2. Prolongement antéro-inférieur du tegmen tympani
déprimé en fossette
3. fissure pétro-squameuse
supérieure
4. écaille
5. récessus épitympanique
6. méat acoustique externe
7. sillon tympanique
8. ostium de la trompe auditive osseuse
9. partie carotidienne de la
paroi antérieure de la caisse
du tympan
10. fissure tympanique inférieure
11. promontoire
12. méat acoustique interne
13. cochlée
14. canal facial (partie proximale 2ème segment)
15. processus cochléariforme (« bec de cuillère ») du
canal du muscle tenseur du
tympan
Figure 8 : Coupe coronale :
trompe auditive osseuse et
canal carotidien
1. canal du muscle tenseur
du tympan
2. écaille
3. trompe auditive osseuse
4. canal antérieur de la corde
du tympan
5. os tympanique
6. canal carotidien
7. rocher
8. méat acoustique interne
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
49
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La paroi postérieure
La partie supérieure de cette paroi est occupée par l’orifice tympanique de l’aditus ad antrum, triangulaire à base supérieur, communiquant avec l’antre mastoïdien (Fig. 9). En dessous de l’aditus, au niveau de son sommet, une petite dépression, la fosse de l’enclume est en
rapport avec l’extrémité de la branche courte de l’enclume. La paroi médiale de l’aditus est formée par la saillie du canal semi-circulaire latéral et le 2ème segment du canal facial immédiatement en dessous. L’éminence pyramidale est une petite saillie osseuse conique de 1,5
mm de haut, creuse en dessous et latéralement par rapport à la fenêtre vestibulaire, en avant
du 3ème segment du canal facial. Elle loge le muscle de l’étrier. En dehors de l’éminence pyramidale et immédiatement en dedans du sillon tympanique se situe l’ouverture postérieure
du canalicule de la corde du tympan.
Figure 9 : Coupe coronale :
paroi postérieure de la caisse
passant par les deux méats
acoustiques
1. écaille
2. fissure pétro-squameuse supérieure
3. tegmen tympani
4. aditus ad antrum
5. canal semi-circulaire latéral
6. canal facial (2ème segment)
7. vestibule
8. cochlée
9. récessus hypotympanique
10. fissure pétro-tympanique inf.
11. proéminence styloïde
12. canal facial (3ème segment)
13. éminence pyramidale et
canal du muscle de l’étrier
14. orifice postérieur du canalicule de la corde du tympan en
dehors du 3ème segment du
canal facial (VII)
15. fissure tympano-squameuse
post.
16. paroi latérale du récessus épitympanique (mur de la logette à
pointe effilée)
17. marteau - enclume
MAI : méat acoustique interne
MAE : méat acoustique externe
FV : fenêtre vestibulaire
La chaîne des osselets
Elle réalise une chaîne articulaire qui comprend 3 osselets, le marteau, l’enclume et l’étrier
ainsi qu’un appareil ligamentaire et deux muscles, le muscle de l’étrier et le muscle tenseur du
tympan (Fig. 10 A).
- le marteau ou malleus est l’osselet le plus latéral et antérieur (Fig. 10 B). Il présente
une tête ovalaire située dans le récessus épitympanique. La face postérieure de la tête possède
une surface articulaire avec l’enclume. Le ligament supérieur du marteau s’insère du pôle supérieur céphalique à la paroi supérieure de la caisse. Le ligament latéral du marteau s’insère
de la face latérale du col à la partie inférieure et latérale du récessus épitympanique. Le
50
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 10 A : La chaîne ossiculaire – vue supérieure
1. processus antérieur du
marteau et ligament antérieur
2. tête du marteau et insertion du ligament supérieur
du marteau
3. corps de l’enclume et insertion du ligament supérieur de l’enclume
4. branche courte et insertion du ligament postérieur
de l’enclume
5. branche longue de l’enclume
6. manche du marteau et
insertion de la membrane
tympanique
7. spatule du manche
8. tête de l’étrier et insertion
du muscle de l’étrier
Figure 10 B :
La chaîne ossiculaire :
le marteau (malleus)
1. tête
2. surface articulaire
3. col
4. processus antérieur
5. processus latéral
6. manche
manche du malleus qui fait suite au col, est orienté en bas en arrière et médialement. Il est
inclus dans la couche fibreuse de la membrane tympanique mais sa partie supéro-médiale
donne insertion au tendon du muscle tenseur du tympan. Le processus latéral du marteau
très court, sur la face latérale du col détermine une saillie sur le tympan. Le processus antérieur du marteau plus long, sur la face antérieure du col, se poursuit par le ligament antérieur
du marteau qui pénètre la fissure tympano-squameuse inférieure. La classique poche de Kretschmann se situe entre la tête et le ligament supérieur du marteau, médialement, la paroi latérale du récessus épitympanique, latéralement, le ligament latéral du marteau, en bas. La
poche de Prussak se situe entre le col du marteau médialement, le ligament latéral du marteau en haut, la pars flaccida du tympan latéralement.
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
51
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- l’enclume ou incus (Fig. 10 C) est classiquement comparé à une molaire placée
transversalement avec un corps (la couronne de la molaire) articulé par sa face antérieure
avec la face postérieure de la tête du marteau, une branche supérieure courte (racine supérieure courte de la molaire) et une branche inférieure longue (racine inférieure de la molaire). Le ligament supérieur de l’enclume fixe le corps de l’osselet dans le récessus
épitympanique au tegmen tympani. La branche supérieure s’appuie au bord inférieur de l’aditus ad antrum au niveau de la fosse de l’enclume, et donne insertion au ligament postérieur
de l’enclume. La branche inférieure presque verticale se termine par le processus lenticulaire
orienté médialement, qui s’articule avec l’étrier.
Figure 10 C :
La chaîne ossiculaire :
l'enclume (incus)
1. corps
2. branche courte
3. branche longue
4. processus lenticulaire
5. surface articulaire
- l’étrier ou stapes (Fig. 10 D) est situé dans la caisse du tympan proprement dite,
horizontalement depuis l’extrémité de la branche inférieure de l’enclume à la fenêtre vestibulaire. La tête de l’étrier présente sur sa face latérale une petite cavité glénoïde pour le processus lenticulaire de l’enclume. Un col étroit la relie aux branches. La branche antérieure est
plus courte que la branche postérieure plus incurvée. A la face postérieure du col de l’étrier
s’insère le tendon du muscle de l’étrier. La base de l’étrier n’est pas plane mais presque hélicoïdale. Elle s’articule avec la fenêtre vestibulaire grâce au ligament annulaire de l’étrier, structure fibreuse rayonnante plus large en arrière qu’en avant et dirigée vers les bords de la fenêtre
vestibulaire.
La trompe auditive osseuse
Elle réalise un canal osseux aplati transversalement, orienté obliquement en avant en bas et
médialement de 12 à 15 mm de long correspondant au tiers postérieur de la trompe auditive
(Fig. 6 et Fig. 7). Elle voit son diamètre se rétrécir depuis le protympanum (5 mm) jusqu’à
l’isthme de la trompe de 1 à 2 mm. La paroi médiale de la trompe auditive osseuse répond
au canal carotidien (Fig. 11), sa paroi supérieure au canal du muscle tenseur du tympan, sa
paroi latérale au processus tubaire de l’os tympanal et au canal antérieur de la corde du tympan qui pénètre la fissure pétro-tympanique antérieure.
52
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 10 D : La chaîne ossiculaire:
l'étrier (stapes)
1. tête
2. branche antérieure
3. base
4. ligament annulaire
5. branche postérieure
6. muscle de l’étrier
Figure 11 :
Coupe axiale passant par le tour basal de la cochlée.
TA : trompe auditive
ACI : art. carotide interne
TBC : tour basal de la cochlée
CSC : canal semi-circulaire postérieur
M : marteau (manche)
AC : aqueduc de la cochlée
FC : fenêtre cochléaire
VII : 3e segment (canal facial)
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
53
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Le canal carotidien
Le canal carotidien est un canal osseux intra-pétreux de 7 à 8 mm de diamètre composé de
deux segments, vertical et horizontal. Il contient l’artère carotide interne entourée d’un plexus
nerveux sympathique et d’un plexus veineux. Le segment vertical, de près de 10 mm, débute à
l’orifice externe du canal carotidien (Fig. 4). Il oblique légèrement en avant en rapport avec la
paroi inférieure et antérieure de la caisse du tympan puis avec la paroi médiale de la trompe
auditive osseuse. Le segment horizontal d’environ 20 mm, oblique en avant et médialement
gagne l’orifice interne du canal carotidien. Il forme à ce niveau la limite postérieure déhiscente
du foramen lacerum à l’apex pétreux (Fig. 5). En avant, ce segment horizontal est situé sur la
face médiale de l’isthme tubaire et de la portion cartilagineuse de la trompe auditive (Fig. 11,
12, 13).
Figure 12 : Coupe axiale passant par la fenêtre vestibulaire
1. articulation incudo-malléaire
2. éminence pyramidale
3. canal du muscle étrier
4. vestibule
5. canal du nerf ampullaire post.
6. canal du nerf cochléaire
CMT : canal muscle tenseur du tympan
ACI : artère carotide interne
VII : 3e segment (canal facial)
E : Etrier
54
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 13 : Coupe axiale de l’os temporal passant par les deux méats
acoustiques et la fenêtre vestibulaire
1. fenêtre vestibulaire
2. promontoire
3. cochlée osseuse
4. cavum tympanique
5. canal carotidien
6. orifice externe du canal carotidien
7. portion osseuse de la trompe
auditive (paroi inférieure)
8. sillon tympanique
9. os tympanal
10. méat acoustique externe
11. gouttière du sinus sigmoïde
12. antre mastoïdien
13. canal facial (3e segment)
14. canal semi-circulaire postérieur
15. vestibule
16. méat acoustique interne
Le canal facial
Le canal facial, autrefois dénommé aqueduc de Fallope, est un canal osseux intra-temporal de 1
mm de diamètre en moyenne qui livre passage au nerf facial (VII nerf crânien) et au nerf intermédiaire (VII bis), accompagnés de veinules et d’artérioles. Il s’étend depuis le fond du MAI au
niveau de l’aire du nerf facial dans son quadrant antéro-supérieur, jusqu’au foramen stylo-mastoïdien de l’exocrâne. Il présente trois segments d’orientation différente, articulés par deux coudes.
- le 1er segment ou « segment labyrinthique » de 4 à 5 mm de long a le diamètre le
plus étroit (Fig.14). Le nerf occupe 83% de la lumière du canal. Il débute au fond du MAI et
oblique en avant et latéralement perpendiculaire à l’axe pétreux. Il marque une gouttière
entre le canal semi-circulaire antérieur en arrière et latéralement, la cochlée en avant en bas
et médialement (Fig. 14). Il se termine au-dessus de la berge antérieure de la fenêtre vestibulaire (Fig. 6).
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
55
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 14 : Coupe axiale passant par
le ganglion géniculé
1. antre
2. vestibule
3. ganglion géniculé
4. cochlée
5. 1er segment du canal facial et nerf
facial inter vestibulo-limacéen (VII)
6. canal du nerf vestibulaire supérieur
7. canal semi-circulaire postérieur
Figure 15 : Coupe axiale passant par
le canal semi-circulaire latéral
1. marteau – enclume
2. antre
3. 2ème segment du canal facial (VII)
4. canal du nerf cochléaire
5. canal du nerf vestibulaire inf.
6. aqueduc du vestibule en dedans
du canal semi-circulaire postérieur
7. canal semi-circulaire postérieur
8. canal semi-circulaire latéral
56
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
- le 2ème segment ou « segment tympanique » chemine sur la face latérale du vestibule dans l’épaisseur de paroi médiale de la caisse du tympan. Il se dirige obliquement en
bas en arrière et latéralement. Le nerf occupe 73% de la lumière du canal. Il est situé entre le
canal semi-circulaire latéral en haut, la fenêtre vestibulaire et le processus cochléariforme en
bas (Fig. 6). Entre le 1er et le 2ème segment, le canal facial décrit son premier coude. Il présente
à ce niveau une légère dilatation, la fossette du ganglion géniculé où loge le ganglion géniculé qui voit la fusion entre le nerf facial et le nerf intermédiaire. Cette fossette réalise une
cavité triangulaire de 3 mm de côté, ouverte à ses 3 sommets : le sommet postéro-médial
avec la fin du premier segment, le sommet postéro-latéral où débute le 2e segment, le sommet antérieur avec l’origine du nerf grand pétreux, parallèle en dedans et au-dessus de la
gouttière du muscle tenseur du tympan (Fig.15). Les deux segments du canal facial forment
à ce niveau un angle dièdre ouvert en arrière de 80° environ. La fossette du ganglion géniculé est au-dessus et en avant du processus cochléariforme dans la caisse du tympan pouvant
permettre parfois un abord trans-tympanique du ganglion géniculé (Fig.6).
- le 3ème segment ou « segment mastoïdien » descend oblique en bas et latéralement
sous la berge inférieure de l’aditus ad antrum puis en arrière de l’éminence pyramidale et
dans la portion pétreuse de la mastoïde (Fig.11, Fig.12). Il se termine au foramen stylo-mastoïdien (Fig. 6 et Fig. 9). Son diamètre est plus large et le nerf facial occupe dans ce segment
64% de la lumière du canal.
Le méat acoustique interne (MAI)
Le canal osseux
Le MAI est un canal osseux cylindrique situé à la face médiale de la partie pétreuse de l’os
temporal, un peu en avant de sa partie moyenne. Il est situé plus loin de son bord inférieur
que de son bord supérieur. Il s’ouvre sur la citerne ponto-cérébelleuse par le porus (ou pore
acoustique interne). Par cette ouverture, le MAI livre passage au complexe vasculo-nerveux
cochléo-vestibulo-facial qui se dirige latéralement jusqu’au fundus dans une enveloppe méningée. Sa direction est transversale, un peu oblique en dehors et en avant. Le fundus (Fig.16)
correspond à la face médiale du vestibule et au tractus spiral criblé (crible spiroïde) de la
base de la columelle. Il est divisé en deux étages par la crête transverse (crête falciforme).
Toujours large en avant, cette crête peut, à son extrémité dorsale, être tronquée ou très amincie et criblée par les orifices du nerf sacculaire.
A l’étage inférieur, l’aire (fossette) vestibulaire inférieure est traversée par les rameaux du
nerf sacculaire. Le foramen singulaire (f. dit de Morgagni) est situé sur la paroi postérieure,
près du plancher, et livre passage au nerf ampullaire postérieur. En avant se trouve l’aire cochléaire qui déborde sur la paroi antérieure. Elle est criblée de deux rangées d’orifices livrant passage aux fibres constituant le nerf cochléaire. Ces deux aires sont séparées par une crête
verticale tronquée.
L’étage supérieur plus étroit est séparé par la crête verticale (“Bill’s bar”) qui forme la paroi
postérieure de l’origine du canal facial (aqueduc dit de Fallope). Celle- ci apparaît nettement
oblique en haut et en arrière et sépare l’aire vestibulaire supérieure de l’aire du nerf facial.
L’aire vestibulaire supérieure apparaît constituée de plusieurs orifices superposés : ampul-
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
57
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
laire antérieur (supérieur), latéral et utriculaire qui livrent passage aux nerfs du même
nom composant le nerf vestibulaire supérieur. Ainsi, au fundus, le nerf facial se trouve
dans un plan supérieur au nerf vestibulaire
supérieur.
La longueur moyenne du MAI, évaluée par
Ekinci [1] en utilisant des TDM haute résolution est de 9,7 mm. Concernant l’épaisseur du
toit, la moyenne de 3,4 mm oscille entre des
extrêmes de 1,5 à 6,5 mm selon le degré de
pneumatisation de la pars petrosa (Jackson
1938 in Pellet 1989 [2]). Au niveau du porus,
l’épaisseur du toit est de 5 mm avec des variations de 3,5 à 7 mm [3]. Le diamètre axial
moyen du porus est de 4,5 mm (2,5 à 6) ; le
diamètre frontal moyen étant de 5 mm (3,5 à
6,5) [3].
Le contenu du MAI
Le contenu principal du méat acoustique est
vasculo-nerveux, à l’intérieur d’une enveloppe
méningée dans laquelle circule le liquide cérébro-spinal (Fig. 17 et 18). Les nerfs traversent
la citerne ponto-cérébelleuse et son extension
latérale ou citerne acoustico-faciale.
- Le nerf facial et le nerf intermédiaire
Le nerf facial émerge à la partie moyenne du
sillon ponto-médullaire, au-dessus de l’aire
rétro-olivaire du cordon latéral de la moelle
allongée, en avant des nerfs mixtes IX, X et
XI. Le nerf intermédiaire est plus grêle que le
Figure 16 : MAI droit
nerf facial. Il pénètre dans le sillon pontoA : ostéologie du fundus en vue endoscopique ;
B : coupe histologique sagittale du MAI passant par la
médullaire un peu en arrière et latéralement.
cochlée (coloration HES) ;
En traversant le MAI, le nerf facial s'oriente
C : coupe IRM sagittale, séquence CISS, passant au 1/3
moyen du MAI.
vers sa partie ventrale et rostrale pour entrer
dans le canal facial au fond du méat. Le nerf
intermédiaire, placé au contact du nerf facial,
passe dans un mouvement de torsion d'une
position dorso-caudale au niveau du porus à une position rostrale par rapport au nerf facial
au niveau du fundus. A ce niveau, les deux nerfs s’accolent de façon intime puis fusionnent.
En parcourant la première portion de son propre canal, le nerf facial s’oriente vers le haut et
l’avant, dans le plancher de la fosse cérébrale moyenne où il chemine dans un défilé inter-vestibulo-cochléaire. Cette portion, la plus haute du canal facial, s’unit à la deuxième portion du
facial au niveau de la fosse du ganglion géniculé.
58
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
- Le nerf cochléo-vestibulaire
Le nerf cochléo-vestibulaire constitue la portion périphérique, ou premier neurone, des voies
vestibulo-cochléaires. Les corps cellulaires des neurones qui le constituent sont situés dans
le ganglion vestibulaire pour la racine vestibulaire et dans le ganglion spiral pour la racine
cochléaire. Le nerf cochléaire et le nerf vestibulaire sortent du porus pour gagner la citerne
ponto-cérébelleuse et pénétrer au niveau du sillon ponto-médullaire.
Les trois racines principales, regroupées en nerfs d’aspect multi-fasciculé, sont distinguées au
fundus. Au porus, un seul nerf est individualisable : le nerf cochléo-vestibulaire dont la forme
s’est modifiée au cours de son trajet intra-méatique, au fur et à mesure du regroupement des
fibres de chaque nerf. Ce nerf cochléo-vestibulaire forme une gouttière à concavité ventrorostrale, telle un C, dans laquelle se logent le nerf facial et le nerf intermédiaire (Fig. 16 B).
La racine du nerf vestibulaire supérieur émerge du fundus au niveau de l'aire vestibulaire
supérieure. Cette racine est composée de la réunion du nerf utriculaire et des nerfs venant
des crêtes ampullaires des canaux semi-circulaires antérieur (supérieur) et latéral (externe).
Le nerf vestibulaire supérieur se place en position dorsale par rapport au nerf facial dont il
est séparé à son origine par la crête verticale (“Bill’s bar”). La racine vestibulaire inférieure,
composée des fibres provenant du nerf sacculaire s'engage dans le méat par l'aire vestibulaire
inférieure. Elle se place en position caudale par rapport au nerf vestibulaire supérieur avec
lequel elle fusionne pour former un seul nerf vestibulaire dans le méat. Le nerf ampullaire
postérieur après sa sortie du foramen singulaire fusionne avec la racine vestibulaire inférieure. Ce nerf est composé des fibres provenant de la crête ampullaire postérieure.
L'origine réelle du nerf vestibulaire, au niveau du ganglion vestibulaire, a l'aspect d'un léger
renflement transversal, strié en superficie. Situé au niveau du fundus, ce ganglion vestibulaire
est en fait composé de la réunion du ganglion vestibulaire supérieur (g. dit de Scarpa) et du
ganglion vestibulaire inférieur (g. dit de Boettcher) logeant les corps cellulaires des neurones
de la racine vestibulaire. La racine cochléaire est constituée des fibres qui émergent du tractus spiral criblé, dans l'aire cochléaire. Elle va constituer l'élément le plus volumineux du nerf
cochléo-vestibulaire, cheminant à la partie ventrale et caudale du méat, sous le nerf facial. Des
anastomoses entre les différentes racines sont reconnaissables. Elles sont vestibulo-faciales
prenant l'aspect soit de fibres ténues au niveau du porus, soit d'un véritable feutrage à proximité du fundus. Elles sont également vestibulo-cochléaires sous forme d'une racine grêle
tendue entre le nerf utriculaire et l'origine de la racine cochléaire (n. dit de Voit).
- Artères et veines labyrinthiques
L'artère labyrinthique (a. auditive interne) naît de l'artère cérébelleuse antéro-inférieure
(ACAI) le plus souvent, soit avant sa boucle, soit au niveau de sa boucle qui peut pénétrer plus
ou moins loin dans le méat. Plus rarement, elle naît de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure
(ACPI) ou bien d’une artère cérébelleuse accessoire. Sa naissance directe sur l’artère basilaire est exceptionnelle. L'artère labyrinthique peut être unique (51%) ou composée de deux
(45%) et même trois troncs (6%), [4] créant en fait un véritable système artériel du MAI [5].
Accompagnées de l'artère subarcuata, elles entrent au niveau du porus et se ramifient en de
multiples petites artérioles cochléaire, vestibulaire et vestibulo-cochléaire pour le labyrinthe
membraneux et les éléments nerveux. Des anastomoses avec l'artère méningée moyenne
contribuent à la richesse de ce réseau artériolaire. Le réseau veineux complexe et variable,
est mal systématisé. La veine labyrinthique draine le méat et ses enveloppes avant de se jeter
dans le sinus pétreux supérieur.
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
59
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les gaines méningées à l'intérieur du MAI
Les feuillets méningés s’invaginent à l'intérieur du MAI. Ils permettent ainsi la circulation du liquide cérébro-spinal autour du paquet cochléo-vestibulo-facial, dans un manchon arachnoïdien formant une véritable extension latérale des espaces sous-arachnoïdiens. Les limites précises
de cette citerne “ acoustico-faciale ” à l’intérieur du MAI et ses relations avec chacun des éléments vasculo-nerveux du paquet cochléo-vestibulo-facial sont bien visibles en IRM (Fig.16 C).
La gaine durale qui s’invagine dans le MAI au niveau du porus, prolonge la dure-mère accolée à la face médiale de la partie pétreuse du temporal [6]. La dure-mère qui tapisse le
porus s’amincit progressivement jusqu’au fundus où elle recouvre la crête transverse et la
Figure 17 : Vue supérieure de la
fosse cérébrale moyenne droite
(dissection E.Lescanne).
La dure-mère a été réséquée puis
la face supérieure du MAI a été fraisée afin d’exposer la dure-mère du
MAI. Le tegmen tympani et la
cochlée sont ouverts.
Figure 18 : Vue supérieure de la
fosse cérébrale moyenne droite
(dissection E.Lescanne).
La dure-mère a été réséquée puis
la face supérieure du MAI a été
fraisée afin d’exposer la dure mère
du MAI. La dure-mère du MAI a été
ouverte afin d’exposer le contenu
vasculo-nerveux dans son enveloppe arachnoïdienne.
(5 : nerf trijumeau, 6 : nerf abducens, 7 : nerf facial, ACAI : artère
cérébelleuse antéro-inférieure,
aMm : artère méningée moyenne,
cAF : citerne acoustico-faciale, Co :
cochlée, cPC : citerne ponto-cérébelleuse, cv : crête verticale, DM :
dure-mère, FCm : fosse cérébrale
moyenne, gG ou fosse crânienne
moyenne: ganglion géniculé, gV :
ganglion vestibulaire, nVs : nerf
vestibulaire supérieur, sPs : sinus
pétreux supérieur, vCa : veine cérebelleuse antérieure, vPCm :
veine du pédoncule cérebelleux
moyen, vPT : veine ponto-trigéminée).
60
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
crête verticale ainsi que les aires cochléaire et vestibulaire. Elle se continue au niveau du canal
facial pour envelopper le ganglion géniculé (Fig. 17 et 18). Elle est présente au niveau de la
portion tympanique du canal facial, mais également dans le foramen singulaire, livrant passage au nerf ampullaire postérieur.
Le feuillet arachnoïdien qui limite la citerne ponto-cérébelleuse s’invagine dans le méat
acoustique au niveau du porus et se prolonge jusqu’au fundus pour constituer une authentique citerne acoustico-faciale [6]. Des microvaisseaux perforent ce feuillet arachnoïdien.
Ces artérioles et veinules participent à la vascularisation du paquet cochléo-vestibulo-facial
et créent un réseau anastomotique entre la circulation méningée et la circulation cérébellolabyrinthique [7].
Le labyrinthe osseux
Le labyrinthe osseux constitue une coque osseuse compacte très dure, la capsule labyrinthique (Fig. 19). Il contient le labyrinthe membraneux, entouré de la périlymphe. Anatomiquement, le labyrinthe osseux comprend 3 cavités communicantes entre elles : le vestibule,
cavité ovoïde centrale, les 3 canaux semi-circulaires antérieur, postérieur et latéral en arrière
du vestibule, enfin en avant un canal hélicoïdal, la cochlée ou limaçon. Sur le plan physiologique, il est classique de distinguer le labyrinthe postérieur avec le vestibule, les canaux semicirculaires et le canal endolymphatique, partie de l’appareil de l’équilibration et le labyrinthe
antérieur avec la cochlée, partie de l’appareil de l’audition. Le labyrinthe postérieur est plutôt sensible à des déplacements liquidiens lents générant des ondes de basses fréquences par
opposition au labyrinthe antérieur sensible à des ondes de plus hautes fréquences.
Le vestibule osseux
Il réalise une cavité ovoïde dont le grand axe est dirigé en bas et en avant. Il communique avec
la fosse crânienne postérieure par l’aqueduc du vestibule et contient les deux vésicules du labyrinthe membraneux, l’utricule et le saccule. La paroi latérale du vestibule répond à la paroi
médiale de la caisse du tympan ; elle présente un orifice, la fenêtre vestibulaire, articulée avec
la base de l’étrier. La paroi inférieure du vestibule ou plancher est formée d’une mince lame
osseuse, origine de la lame spirale de la cochlée. Le bord latéral de la lame spirale est libre :
sur l’os sec, la cavité vestibulaire communique donc en bas et latéralement avec la rampe
tympanique ; à l’état frais, cet orifice est oblitéré. La paroi antérieure du vestibule est en rapport en haut avec le 1er segment du canal facial, en bas avec la cochlée ; la cavité vestibulaire
communique dans sa partie inférieure avec la rampe vestibulaire de la cochlée par un orifice
semi-lunaire en « chatière ». La paroi médiale du vestibule est en rapport avec la partie ostérieure du fond du MAI. Elle est marquée par trois dépressions criblées : le « récessus elliptique » antérieur et supérieur pour le nerf utriculo-ampullaire, le « récessus sphérique »
antérieur et inférieur pour le nerf sacculaire ; ces deux récessus sont séparés par la crête du
vestibule (Fig. 19). Le récessus cochléaire est la troisième dépression postérieure et inférieure,
en arrière du récessus sphérique. Au-dessus du récessus cochléaire en arrière du récessus elliptique s’ouvre l’orifice de l’aqueduc du vestibule. Celui-ci réalise un canalicule osseux étroit,
dirigé vers l’arrière, le bas et médialement, décrivant une courbe à concavité inférieure. Il se
termine à la fossette unguéale sur la face postérieure et supérieure du rocher, en arrière du
pore acoustique interne (Fig. 3). L’aqueduc du vestibule contient le canal endolymphatique
et une veinule. Il se termine sous la dure-mère de la fosse crânienne postérieure abritant une
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
61
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 19 : La capsule labyrinthique
62
A
1. canal semi-circulaire antérieur
2. gouttière du nerf facial (VII)
3. fenêtre vestibulaire
4. coupole de la cochlée
5. promontoire
6. fenêtre cochléaire
7. canal semi-circulaire latéral
8. canal semi-circulaire postérieur
9. canal commun
Figure 19 - B
a. récessus elliptique (utricule)
b. récessus hémisphérique (saccule)
c. récessus cochléaire
(base du canal cochléaire non enroulé)
1. orifice ampullaire du canal semi-circulaire antérieur
2. orifice de l’aqueduc du vestibule
3. rampe vestibulaire
4. lame spirale
5. rampe tympanique
6. fenêtre cochléaire
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
dilatation du canal endolymphatique, le sac endolymphatique. Les parois supérieure et postérieure du vestibule portent les orifices des canaux semi-circulaires (Fig. 19).
Les canaux semi-circulaires osseux
Les 3 canaux semi-circulaires réalisent des canaux en fer à cheval, disposés suivant les 3 plans
orthogonaux de l’espace. Ils ont un diamètre moyen de 1 mm avec une extrémité antérieure
dilatée en ampoule de 3 à 4 mm. Ils communiquent avec le vestibule par leurs 2 extrémités
ampullaires et non ampullaires.
- Le canal semi-circulaire antérieur (ou supérieur) est perpendiculaire à l’axe du rocher (Fig.
20). Son ampoule s’ouvre à la partie antérieure de la voûte du vestibule, en arrière du 1er segment du canal facial. Son extrémité non ampullaire s’unit en arrière au canal semi-circulaire
postérieur formant un canal commun ouvert à la partie postérieure de la voûte du vestibule.
Dans la concavité de son arche chemine le canal pétro-mastoïdien de la fossa subarcuata à
la partie supérieure de l’antre (Fig. 20).
- Le canal semi-circulaire postérieur est parallèle à l’axe du rocher. Il forme ainsi un angle
d’environ 45° par rapport au plan sagittal crânien. Il dépasse le demi-cercle. Son ampoule
s’ouvre dans la partie inférieure de la paroi postérieure du vestibule (Fig. 19). Son extrémité
non ampullaire, réuni en un canal commun avec le canal semi-circulaire antérieur, se termine
sur la voûte postérieure du vestibule. En avant s’ouvrent la fenêtre cochléaire et l’aqueduc de
la cochlée (Fig. 11).
Figure 20 : Coupe axiale passant
par le canal pétro-mastoïdien et
le canal supérieur antérieur.
1. partie supérieure de la caisse
du tympan
2. cellule de Lenoir (latérale)
3. partie supérieure de l’antre
4. sinus sigmoïde
5. fossa subarcuata
6. canal semi-circulaire antérieur
7. canal pétro-mastoïdien
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
63
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Le canal semi-circulaire latéral est dans un plan horizontal. Il réalise une saillie sur la paroi
médiale du récessus épitympanique et la paroi médiale de l’aditus ad antrum, au-dessus du
2ème segment du canal facial (Fig.13). Son ampoule s’ouvre au-dessus et en arrière de la fenêtre
vestibulaire, à la partie supérieure de la paroi latérale du vestibule, immédiatement en dehors
de l’orifice ampullaire du canal semi-circulaire antérieur. Son orifice non ampullaire s’ouvre
entre l’orifice du canal commun en haut et l’orifice ampullaire du canal semi-circulaire postérieur en bas (Fig. 19).
- La cochlée osseuse (comme le vestibule osseux et les canaux semi-circulaires) : La cochlée
osseuse est constituée d’un canal enroulé en spirale appelé canal spiral de la cochlée, autour
d’un axe conique, le modiulus (du latin moyeu, trépan) anciennement appelée columelle. La
cochlée communique avec la cavité crânienne par le canalicule cochléaire ou aqueduc de la
cochlée (Fig.11). Le modiulus réalise un cône osseux creux de 3 mm de haut dont la base est
orientée en arrière et médialement, en rapport avec le quadrant antéro-inférieur du fond du
MAI, l’aire cochléaire (Fig. 19). La cavité du modiulus présente une double ligne parallèle de
petits orifices, qui suivent l’enroulement spiralé du canal spiral : c’est le tractus spiral criblé.
Celui-ci communique avec le canal spiral du modiulus qui se poursuit par de petits canaux
creusant la lame spirale elle-même et ouvert sur son bord libre dans la cavité du canal spiral.
Le canal spiral de la cochlée s’enroule autour du cône du modiulus parcourant 2 tours et 1/2 de
spires, avec un diamètre progressivement réduit. Le sommet du canal spiral recouvre le sommet du modiulus, formant la coupole de la cochlée. La lame spirale divise le canal spiral en
deux rampes superposées et parallèles, la rampe vestibulaire et la rampe cochléaire. La rampe
vestibulaire la plus haute communique avec le vestibule par un orifice en « chatière » ; la rampe
tympanique la plus basse communique avec la caisse du tympan par la fenêtre cochléaire.
Le canalicule cochléaire ou aqueduc de la cochlée réunit la cavité sous vestibulaire périlymphatique
en avant de la fenêtre cochléaire au-dessus de la partie non enroulée de la cochlée et la fossette pétreuse à la face postérieure et supérieure du rocher (Fig. 4). Ce canalicule a un axe oblique médial
inférieur et postérieur. Il contient une veinule et poursuit l’espace périlymphatique cochléaire.
Vascularisation du rocher
Du fait de sa situation anatomique, le rocher reçoit une vascularisation artérielle issue des 3
principaux axes vasculaires cervico-encéphaliques : artère carotide interne, artère carotide externe et artère vertébrale. L’ensemble de ces afférences réalise un réseau complexe anastomotique intra-pétreux (Fig. 21).
Artères issues de l’artère carotide interne
L’artère carotide interne vascularise l’encéphale homolatéral. Elle rentre dans la base du crâne
par le canal carotidien et chemine dans le sinus pétreux (apex pétreux) puis pénètre dans le
crâne par le foramen lacerum (trou déchiré antérieur). Dans le sinus pétreux elle donne un
branche artérielle pétreuse : l’artère carotico-tympanique. Elle s’anastomose avec l’artère tympanique inférieure, branche issue de l’artère pharyngienne ascendante (système carotidien externe). Elle participe à la vascularisation du labyrinthe osseux.
64
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 21 :
Vascularisation
du rocher.
Artères issues de l’artère carotide externe (vascularisation du labyrinthe osseux, du nerf facial et des nerfs mixtes IX, X et XI)
L’artère carotide externe vascularise la face et la voûte du crâne homolatéral. Elle vascularise
également le rocher via ces branches principales : artère pharyngienne ascendante, artère
occipitale, artère auriculaire postérieure, artère maxillaire et artère méningée moyenne. Pour
le rocher, ces branches vont principalement vasculariser le labyrinthe osseux et les nerfs crâniens intra-pétreux ou du foramen jugulaire.
Artère auriculaire postérieure et artère occipitale
Peu après leurs origines, ces artères vont donner chacune une artère stylo-mastoïdiene qui
va pénétrer dans la base du crâne par le foramen stylo-mastoïdien. Elles vont ensuite cheminer le long du nerf facial pour rejoindre le rameau pétreux de l’artère méningée moyenne
et l’artère tympanique antérieure (branche de l’artère méningée moyenne). Ce système anastomotique est ainsi nommé « arcade faciale ». Les artères stylo-mastoïdiennes vascularisent
le nerf facial, le muscle stapédien et le labyrinthe osseux.
Artère pharyngienne ascendante
Cette artère va donner au rocher l’artère tympanique inférieure. Elle pénètre dans le cavum
tympanique par le canalicule tympanique de Jacobson. Cette artère s’anastomose avec l’artère carotico-tympanique issue de l’artère carotide interne. Elle participe à la vascularisation
du labyrinthe osseux. L’artère pharyngienne ascendante va par ailleurs donner des branches
à destinée des nerfs du foramen jugulaire (nerfs mixtes IX, X et XI). Ces nerfs sortent de la
base du crâne par le foramen jugulaire en cheminant le long de la veine jugulaire.
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
65
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Artère maxillaire
Cette artère va donner l’artère tympanique antérieure. Elle chemine le long de la corde du
tympan et participe à l’arcade faciale en s’anastomosant avec les branches stylo-mastoïdiennes. Elle vascularise le nerf facial et va donner l'artère pétreuse et l'artère tympanique supérieure. L’artère pétreuse s’anastomose avec les branches stylo-mastoïdiennes pour
participer à l’arcade faciale. L’artère tympanique supérieure chemine le long du nerf petit
pétreux qu’elle vascularise.
Artères issues du système vertébro-basilaire (vascularisation du labyrinthe membraneux)
Les artères vertébrales dans leur dernier segment (V4) vont se rejoindre sur la ligne médiane
pour donner l’artère basilaire. Celle-ci va donner l’artère cérébelleuse inféro-antérieure (ou
antero-inferior cerebellar artery ou AICA) d’où naissent l’artère subarcuata et l’artère labyrinthique. Cette dernière se divise en 3 artères : artère cochléaire, vestibulaire antérieure et
vestibulo-cochléaire vascularisant le système cochléo-vestibulaire.
Imagerie de l’os temporal normal en tomodensitométrie
(TDM) et par résonance magnétique (IRM)
Le protocole TDM ne comporte pas d’injection d’iode, en raison des contrastes spontanés,
sauf si une analyse tissulaire est nécessaire. L’IRM est dans ce cas préférable. Deux topogrammes face et profil sont effectués, puis une acquisition hélicoïdale axiale, évitant dans la
mesure du possible les cristallins. Des « coupes-reconstruites » sont réalisées dans les plans
nécessités par la pathologie. Cependant, tous les patients bénéficient de coupes reconstruites
axiales et coronales, éventuellement de coupes spéciales destinées notamment à l’analyse de
l’étrier, du canal facial ou du canal semi-circulaire supérieur.
L’étude dans le plan axial orbito-méatal (Fig. 22, 23, 24, 25, 26, 27)
L’étude dans le plan axial orbito-méatal se fait de l’apex du processus mastoïde en bas à la partie inférieure du lobe temporal en haut. La totalité du canal semi-circulaire latéral doit être
vu sur une coupe reconstruite : il s’agit d’un critère de qualité essentiel. Six coupes reconstruites repères sont présentées et légendées de haut en bas :
66
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
IV-2
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 22 : Le canal pétro-mastoïdien
1. Canal semi-circulaire supérieur (antérieur)
2. Partie supérieure de la caisse du tympan
(epitympanum ou attique)
3. Canal pétro-mastoïdien
4. Fossa subarcuata
Figure 23 : Le canal semi-circulaire latéral
1. Canal facial (1er segment inter cochléo-vestibulaire)
2. Cochlée
3. MAI
4. Canal du nerf vestibulaire supérieur (utriculoampullaire)
5. Vestibule
6. Canal semi-circulaire latéral
Figure 24 : Le canal facial (1er segment)
1. Ganglion géniculé
2. Canal facial (1er segment)
3. Canal du nerf vestibulaire supérieur (aire vestibulaire supérieure)
4. MAI
5. Canal semi-circulaire supérieur
6. Canal semi-circulaire postérieur
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
67
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 25 : Le canal facial (2e segment)
1. Articulation incudo-malléaire
2. Canal facial (2éme segment)
3. Vestibule
4. Cochlée
5. MAI
6. Canal endolymphatique
7. Canal semi-circulaire postérieur
Figure 26 : La platine de l’étrier (stapes), le vestibule, la cochlée, le MAI.
1. Branche descendante (longue) de l’incus
2. Col du malleus
3. Canal du muscle tenseur du tympan et processus cochléariforme
4. Platine de l’étrier (base du stapes)
5. Cochlée
6. MAI
7. Modiolus
8. Canal du nerf ampullaire postérieur (Morgagni)
9. Fossette saculaire (vestibulaire inférieure)
10. Vestibule
Figure 27 : Le protympanum, la trompe auditive osseuse.
1. Protympanum
2. Trompe auditive osseuse
3. Canal du muscle du malleus
4. Canal carotidien (portion horizontale)
5. Aqueduc cochléaire
68
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
L’étude dans le plan coronal (Fig. 28, 29, 30)
L’étude dans le plan coronal perpendiculaire au plan orbito-méatal présente trois coupes reconstruites repères, légendées d’arrière en avant :
Figure 28 : La fenêtre cochléaire et la branche
courte de l’incus.
1. Mur de la logette
2. Branche courte de l’incus
3. CSCL
4. Vestibule
5. MAI
6. Tour basal de la cochlée
Figure 29 : La fenêtre vestibulaire et la branche
longue de l’incus.
1. Paroi latérale du récessus épitympanique (mur de
la logette)
2. Corps de l’incus
3. Branche longue de l’incus
4. Canal facial (2éme segment)
5. Fenêtre vestibulaire
6. Vestibule
7. MAI
8. Tour basal de la cochlée
9. Promontoire
10 . MAE
Figure 30 : Le canal facial, le canal du muscle tenseur du tympan et le malleus.
1. Malleus
2. Canal facial (2ème segment = tympanique)
3. Canal facial (1er segment = labyrinthique)
4. Canal du muscle tenseur du tympan
5. Cochlée
6. Canal carotidien
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
69
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Certains plans obliques particuliers sont analysés (Fig. 31, 32, 33)
Figure 31 A :
Plan de l’étrier
Figure 31 B :
Plan de l’étrier
Figure 31 C : Plan de l’étrier
1. Branche descendante (longue de l’incus)
2. Tête de l’étrier (stapes)
3. Branche antérieure de l’étrier (stapes)
4. Platine de l’étrier (base du stapes)
5. Sinus tympani
6. Nerf facial
70
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Figure 32 : Plan du canal semi-circulaire supérieur
(antérieur) perpendiculaire à l’axe du rocher.
1. Paroi latérale du récessus épitympanique (mur de
la logette)
2. Incus
3. Apophyse lenticulaire de l’incus
4. Canal facial (2ème segment)
5. Canal semi-circulaire latéral
6. Canal semi-circulaire supérieur (antérieur)
7. Arche stapédienne (arche du stapes)
Figure 33 : Reconstruction complexe de la cochlée osseuse, des
canaux semi-circulaires latéral et
supérieur (antérieur), du canal
facial dans ses trois segments et
du canal carotidien.
1. 3ème segment du canal facial
2. Canal semi-circulaire latéral
3. Canal semi-circulaire supérieur
(antérieur)
4. Canal facial (1er segment labyrinthique)
5. Apex de la cochlée
6. Canal carotidien
7. Tour basal de la cochlée
Des séquences IRM notamment axiales permettent d’étudier le
contenu du MAI et de l’angle ponto-cérébelleux ainsi que la vascularisation pétreuse et péri-pétreuse (Fig. 34, 35, 36)
Figure 34 A et B : IRM séquence (CISS)
A: coupe passant par la partie haute du MAI; B: coupe passant par la partie basse du MAI (A: nerf abducens, AB: artère basilaire, AICA: artère cérébelleuse antéro-inférieure, C: nerf cochléaire, Co: cochlée, CSCL: canal semi-circulaire latéral, F:
nerf facial, MB: membrane basilaire, V: vestibule, Vi: nerf vestibulaire inférieur, Vs: nerf vestibulaire supérieur
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
71
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 34 A et B : IRM séquence (CISS)
A: coupe passant par la partie haute du MAI; B: coupe passant par la partie basse du MAI (A: nerf abducens, AB: artère basilaire, AICA: artère cérébelleuse antéro-inférieure, C: nerf cochléaire, Co: cochlée, CSCL: canal semi-circulaire latéral, F:
nerf facial, MB: membrane basilaire, V: vestibule, Vi: nerf vestibulaire inférieur, Vs: nerf vestibulaire supérieur
Artère vertébrale
Artère carotide interne
Foramen jugulaire
Golfe jugulaire
Sinus sigmoïde
Artère cérébelleuse inféro-postérieure (PICA)
Figure 35 : Anatomie vasculaire du rocher en IRM.
Séquence axiale T2 SE passant
par le foramen jugulaire fusionnée avec une séquence d’ARM.
Artère basilaire
Artère carotide interne
Méat acoustique
interne
Artère cérébelleuse inféro-antérieue (AICA)
Sinus sigmoïde
Figure 36 : Anatomie vasculaire du rocher en IRM.
Séquence axiale T2 SE passant
par le MAI fusionnée avec une
séquence d’ARM.
72
ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Références
CHAPITRE IV ANATOMIE ET IMAGERIE NORMALE DE L’OS TEMPORAL HUMAIN
Références
[1]
Ekinci G, Koç A, Baltaciolu F, Veyseller B, Altinta O, Han T. Temporal bone measurements on highresolution computed tomography. J Otolaryngol. 2004 Dec;33(6):387-9.
[2]
Pellet W, Cannoni M, Pech A. Oto-Neuro-Chirurgie, Springer-Verlag Berlin, 1989,21-9.
[3]
Pialoux P, Freyss G, Narcy P, Saint-Macary M, Davaine F. Contribution à l’anatomie stéréotaxique du
conduit auditif interne. Ann Otol-Laryngol (Paris),90;7-8:409-22.
[4]
Mazzoni A. Internal auditory canal: Arterial relationship at the porus acusticus. Ann Otol Rhinol
Laryngol, 1969; 68:798-814.
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Fisch U. Anatomie chirurgicale du système artériel du conduit auditif interne. Rev Layngol Otol
Rhinol,1968;11-12:659-71.
[6]
Lescanne E, Velut S, Lefrancq T, Destrieux C. e internal acoustic meatus and its meningeal layers: a
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[7]
Lescanne E, François P, Velut S. Cerebellopontine cistern: microanatomy applied to vestibular schwannomas.
Prog Neurol Surg. 2008;21:43-53.
Mots-clés :
Carotid Artery, External
Carotid Artery, Internal
Cochlea
Cochlear Aqueduct
Cochlear Duct
Cochlear Nerve
Ear Canal
Ear Ossicles
Facial Nerve
Image Processing, Computer-Assisted
Incus (enclume)
Malleus (Marteau)
Mastoid
Oval Window, Ear
Petrous Bone
Round Window, Ear
Semicircular Canals
Stapes (étrier)
Temporal Bone
Tomography, X-Ray Computed
Tympanic Membrane
Vestibular Aqueduct
Vestibule, Labyrinth
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
73
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
74
1 2 3 4 5 6 7
Imagerie du labyrinthe
membraneux normal
et pathologique
F. VEILLON
A. GENTINE
H. SICK
M. ABU EID
S. RIEHM
75
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
76
CHAPITRE V  IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
Chapitre V
Imagerie du labyrinthe
membraneux normal
et pathologique
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
V-1
Introduction
La tomodensitométrie montre parfaitement le moule osseux dans lequel s’inscrit le labyrinthe membraneux. On définit ainsi la cochlée constituée de 2,5 tours de spires en avant, le
vestibule et les canaux semi-circulaires en arrière. Les différentes reconstructions permettent de bien appréhender la lame spirale divisant le tube cochléaire osseux en une rampe
vestibulaire au-dessus et tympanique en dessous.
La chambre osseuse vestibulaire apparaît dans un plan axial tomodensitométrique rectangulaire, grossièrement perpendiculaire au grand axe du rocher, puis sur des coupes inférieures subit une rotation la rapprochant de l’axe du rocher en hélice.
Les canaux semi-circulaires et ampoules bénéficient des possibilités offertes par l’imagerie tomodensitométrique en mode 3D permettant une orientation tout à fait adaptée dans chaque
plan principal canalaire, frontal pour le canal antérieur, latéral oblique vers l’arrière pour le
canal dit horizontal et sagittal oblique pour le canal postérieur. Les ampoules sont parfaitement accessibles.
La tomodensitométrie fait bien la différence entre le contenu liquidien labyrinthique d’une
part et l’environnement osseux de l’autre. En revanche, il est totalement impossible de mettre en évidence les structures membranaires quelles qu’elles soient et donc de différencier liquide périlymphatique et endolymphatique.
L’IRM haute résolution T2 permet de détecter le signal liquidien intralabyrinthique. L’imagerie 3 Tesla autorise avec l’amélioration de la résolution spatiale de séparer les contenus périlymphatique et endolymphatique du vestibule.
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
77
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Le canal cochléaire membraneux ne peut être apprécié en imagerie magnétique que dans
certaines circonstances pathologiques tout à fait précises. Les canaux membranaires semi-circulaires ne sont visibles qu’au niveau des crêtes ampullaires.
Le propos de ce chapitre est de montrer l’anatomie de l’utricule et du saccule en IRM 3T
mais aussi dans certains cas en 1,5 T.
Rappel physiologique concernant les structures de la macule, du saccule et des ampoules des canaux semi-circulaires
V-2
L’utricule représente une structure liquidienne contenant de l’endolymphe, oblongue, dont le
grand axe est globalement perpendiculaire au rocher. Il remplit toute la partie haute du vestibule.
L’élément neuro-sensoriel est constitué par une plaque ou macule, répondant à un épithélium
associant des cellules de soutien et sensorielles supportant des cils qui pénètrent dans une
structure gélatineuse parsemée de cristaux de carbonate de calcium. La macule de l’utricule
a une forme «de tapis volant» faite d’une partie antérieure au contact de la paroi antérieure
du vestibule et d’une lame horizontale inscrite dans le plancher utriculaire. Elle est sensible
aux mouvements d’accélération linéaire.
La même structure maculaire est décrite au niveau du saccule mais dans un plan vertical au
contact de la paroi médiale du vestibule sensible aux accélérations verticales.
Matériel et méthodes
Notre expérience est fondée sur une série témoin de 40 volontaires adultes sains examinés
en IRM 3T en haute résolution, écho de gradient, épaisseur de coupe 0,3 mm à partir d’une
boite axiale parallèle au plafond de l’orbite avec reconstruction dans les trois plans de l’espace
dans l’axe du canal semi-circulaire latéral, de manière perpendiculaire à ce canal dans le plan
coronal et dans un axe sagittal.
Les résultats ainsi fournis ont été confrontés à des coupes histologiques effectuées sur 5 blocs
de fœtus de 7 mois débités en coupes de 10 à 12 µ d’épaisseur : une série axiale dans le plan
nasion-tragus, une série coronale perpendiculaire au canal latéral, trois séries sagittales. L’ensemble représentant plus de 1000 coupes au sein desquelles une sélection très précise est effectuée, privilégiant l’analyse du labyrinthe membraneux, en particulier l’utricule et le saccule.
La hauteur du saccule en coupe sagittale interne et coronale, sa largeur en coupe coronale antérieure, le signal sacculaire par rapport au liquide cérébrospinal et la visibilité du saccule sont
étudiés en IRM.
L’utricule est analysé du point de vue de sa hauteur en coupe sagittale externe.
La largeur de la citerne périlymphatique est évaluée en coupe coronale antérieure, la largeur
du saccule et de la citerne est mesurée en coupe coronale.
La visibilité des macules utriculaires et sacculaires est également étudiée.
78
IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
V-3
CHAPITRE V  IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
V-4
Résultats
L’utricule
L’utricule en IRM apparaît comme une structure liquidienne de signal proche de celui du liquide cérébrospinal. Sa localisation à la moitié supérieure du vestibule permet de bien mettre en évidence notamment sur les coupes coronales son plancher constitué pour un peu
plus de son tiers antérieur par la macule (Fig 1). Celle-ci se manifeste ainsi dans le plan frontal par une ligne horizontale en hyposignal visible dans le prolongement du plancher du
canal semi-circulaire latéral.
Figure 1 a : Anatomie normale
en coupe coronale par résonance magnétique d’un vestibule (haute résolution T2, Echo
de gradient, FIESTA, 3T, 0,3
mm).
1. Macule de l’utricule
2. Utricule
3. Ampoule du canal semicirculaire antérieur
4. Ampoule du canal semicirculaire latéral
5. Saccule
6. Citerne périlymphatique
7. Fenêtre ovale
8. Cochlée
9. Méat acoustique interne
(liquide cérébrospinal)
Figure 1b : Fœtus de 7 mois.
Coupe histologique coronale
passant par le vestibule.
1. Macule de l’utricule
2. Utricule
3. Ampoule du canal semicirculaire antérieur
4. Canal semi-circulaire latéral
5. Saccule
6. Citerne périlymphatique
7. Etrier
8. Cochlée
9. Méat acoustique interne
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
79
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Dans le plan sagittal strict, la macule utriculaire constitue une sorte de triangle allongé à
base antérieure, à sommet postérieur ne dépassant pas la moitié de l’axe vestibulaire (Fig 2).
Elle comprend une partie antérieure verticale et un prolongement postérieur horizontal lui
donnant de profil un aspect en « tapis volant ».
En vue axiale, la partie verticale de la macule utriculaire apparaît comme structure linéaire
(3a), la partie horizontale se signale par une sorte de carré en hyposignal, visible dans le tiers
antérieur de la partie haute du vestibule osseux (fig 3b).
Les mesures de la hauteur de l’utricule sont comprises dans notre série de 80 rochers entre
1-1,4 mm à gauche, et 1-1,6 mm à droite avec une moyenne de 1,4 mm.
Figure 2 a : Vestibule, IRM, coupe sagittale, HRT2, Echo de Gradient,
FIESTA à 0,3 mm
1. Macule de l’utricule
2. Utricule
3. Citerne périlymphatique
4. Canal semi-circulaire supérieur
5. Canal semi-circulaire postérieur
6. Canal semi-circulaire postérieur
7. Cochlée
Figure 2 b : Vestibule, coupe histologique sagittale, fœtus de 7 mois
1. Macule de l’utricule partie horizontale
2. Macule de l’utricule partie verticale
3. Lumière de l’utricule
4. Citerne périlymphatique
5. Tronc commun au canal semi-circulaire antérieur et postérieur
6. Ampoule du canal semi-circulaire
postérieur
7. Ligament spirale au-dessus de la
fenêtre ronde
8. Etrier
80
IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
CHAPITRE V  IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
Figure 3 a : Vestibule partie haute,
coupe horizontale. IRM HRT2, Echo de
Gradient, FIESTA 0,3 mm.
1. Crête ampullaire externe
2. Macule de l’utricule (partie verticale)
3. Utricule
4. Canal semi-circulaire postérieur
5. Canal semi-circulaire latéral (effet de
volume partiel avec interruption par
effet de coupe de sa partie postérieure)
6. Nerf facial
7. Nerf vestibulo-cochléaire
Figure 3 b : Vestibule, coupe inférieure
à la précédente. Mêmes séquences
1. Crête ampullaire externe
2. Macule de l’utricule (partie horizontale)
3. Utricule
4. Canal semi-circulaire postérieur
5. Canal semi-circulaire latéral
6. Nerf facial
7. Nerf vestibulo-cochléaire
Figure 3 c : Vestibule partie inférieure.
IRM, coupe inférieure à la précédente.
Mêmes séquences.
1. Quadrant antéro-latéral du vestibule
2. Quadrant postéro-latéral du vestibule
3. Quadrant antéro-médial du vestibule
4. Quadrant postérieur
5. Cochlée
6. Nerf cochléaire
7. Méat acoustique interne
8. Liquide cérébro-spinal
9. Canal semi-circulaire postérieur
10. Platine.
Les quadrants : 1 et 2 contiennent du liquide périlymphatique, le quadrant 3 :
l’utricule, le quadrant 4 : essentiellement
du liquide périlymphatique et en dedans
le petit canal reliant l’ampoule postérieure à l’utricule.
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
81
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Le saccule
Il apparaît en IRM comme une structure nettement plus petite que l’utricule. Si ce dernier apparaît plutôt ovoïde dans un axe transversal et/ou sagittal, le saccule se singularise par une
orientation verticale (Fig 1). Son signal est identique à celui du liquide cérébrospinal. Sa paroi
latérale est toujours visible dans notre étude. La paroi médiale qui correspond à la macule et
à l’os vestibulaire adjacent est également toujours accessible. Il est néanmoins impossible de
séparer la macule de son environnement osseux.
La paroi latérale du saccule normal ne dépasse jamais une médiane passant par le milieu du
vestibule dans un plan vertical (Fig 1).
La largeur du saccule est de 1-1,5 mm à gauche et de 1-1,6 mm à droite avec une moyenne
de 1,3 mm.
La hauteur sacculaire est de 1-1,6 mm à droite et à gauche avec une moyenne également de
1,3 mm, la hauteur du saccule en coupe sagittale est de 1-1,5 mm à gauche, 1-1,4 mm à droite
avec une moyenne de 1,2 mm.
Nous nous sommes intéressés à la largeur de la citerne périlymphatique localisée entre la
paroi latérale du saccule et la paroi latérale du vestibule répondant notamment à l’ouverture
platinaire (Fig 1).
Cette citerne, de signal équivalent à celui du liquide cérébrospinal mesure 0,9 –1,4 mm à
gauche, 0,9 – 1,5 mm à droite avec une moyenne de 1,2 mm.
La largeur en coupe coronale vestibulaire antérieure de la citerne et du saccule est en
moyenne de 2,5 mm (2-2,9 mm de chaque côté).
On peut donc définir deux aspects au vestibule .
Le premier : supérieur, neurosensoriel, contenant l’utricule, apparaît sous la forme d’un rectangle à grand côté antérieur, à petit côté latéral, globalement perpendiculaire au rocher (Fig 3a,b).
Le second : inférieur prend toujours l’aspect d’un rectangle dont le grand côté est en position
latérale et le petit côté en situation antérieure (Fig 3c). Il s’agit du vestibule chirurgical car il
répond à la platine en dehors et représente l’espace au contact d’un éventuel piston de stapédectomie.
Cette structure est la plus intéressante pour le cophochirurgien. On peut en effet séparer le
vestibule chirurgical en 4 quadrants : antéro-latéral, postéro-latéral, antéro-médial, postéromédial (Fig 3 c). Ces 4 espaces sont ménagés par une ligne orientée dans le grand axe du
vestibule le séparant en deux parties égales, interne et externe. La seconde ligne, perpendiculaire à la première, passe par le milieu de la platine.
Les deux quadrants latéraux sont occupés par du liquide périlymphatique, le quadrant antéro-interne par le saccule, le quadrant postéro-interne est essentiellement constitué de liquide périlymphatique. Il y passe néanmoins le canal venant de l’ampoule membranaire
postérieure se terminant à la partie postérieure et inférieure de l’utricule. On comprend ai-
82
IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
CHAPITRE V  IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
Figure 4 : Vestibule. IRM.
Coupe frontale en Echo de
Gradient (FIESTA).
1 et 2 représentent les quadrants supérieurs contenant
l’utricule. La moitié antérieure
du
plancher
utriculaire
contient la macule (bande
noire traversée par le trait
blanc horizontal).
3 : quadrant inféro-latéral
contenant la citerne périlymphatique
4 : quadrant inféro-médial
contenant le saccule.
sément qu’un piston considéré en situation normale n’occupe pas les quadrants internes. On
comprend aussi que la pénétration d’une prothèse mise en place chirurgicalement soit tolérée sur environ 1 mm dans le quadrant postéro-latéral.
Les mêmes considérations peuvent être portées sur une coupe frontale antérieure vestibulaire
passant par l’utricule (Fig 4). On définit également quatre quadrants composés par deux
lignes globalement perpendiculaires : la première axiale passe par la macule utriculaire, la seconde fait un angle de 90° avec la première, passe par le milieu de la macule utriculaire et
donc du vestibule osseux. Se définissent ainsi les quatre quadrants : deux supérieurs au-dessus de la macule composés exclusivement de l’utricule, deux inférieurs : l’un interne logeant
le saccule, l’autre externe constitué de la citerne périlymphatique.
L’intérêt de ces résultats en IRM est une facile transposition en tomodensitométrie. On peut
ainsi définir une coupe scannographique du vestibule chirurgical dans le plan axial et une
coupe coronale vestibulaire antérieure. Les mêmes quadrants déjà décrits peuvent être délimités en TDM. Cette approche tomodensitométrique est non négligeable car elle permet à
tout radiologue qui contrôle la position d’un piston mis en place par un chirurgien de le localiser par rapport à l’utricule et au saccule. Ceci a un intérêt tout à fait particulier en cas de
mise en place d’une prothèse en titane où l’on sait que des artéfacts quasi insurmontables
obèrent une bonne lecture en IRM de la citerne périlymphatique quel que soit le champ étudié. Ces artéfacts prennent la forme d’un pseudogranulome.
En conclusion
Cette étude anatomique permet d’ouvrir des perspectives très intéressantes non seulement
dans l’évaluation de la position des prothèses mises en place dans la chirurgie de l’otospongiose mais aussi dans les labyrinthites, les malformations, les traumatismes et bien sûr la maladie de Ménière.
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
83
Références
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Sick H, Veillon F. Atlas of section of the temporal bone and adjacent regions. Anatomy and CT. Springer
Verlag, New York, Berlin, Heidelberg, 1988,88 p.
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healthcare, 2007,1,XVIII-356 p.
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[5]
Gentine A, Charpiot A, Eber AM, Riehm S, Rohmer D, Sick H, Veillon F. Naissance, vie et mort du
vestibule. Monographies Amplifon, N° 46, 2009,1,90 p.
Mots-clés :
Endolymphatic Hydrops
Saccule and Utricle
Meniere
Disease
Stapes
Magnetic Resonance Imaging.
84
IMAGERIE DU LABYRINTHE MEMBRANEUX NORMAL ET PATHOLOGIQUE
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
1 2 3 4 5 6 7
Apport de l’imagerie
dans les diverses
situations
pathologiques
85
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
86
Chapitre VI-1
Surdité
B. ESCUDÉ
O. DEGUINE
F. VEILLON
B. FRAYSSE
B. ESCUDÉ
O. DEGUINE
A. ROBIER
A. ROBIER
F. VEILLON
D. AYACHE
V. DARROUZET
S. BOBIN
C. VINCENT
M. WILLIAMS
F. DUBRULLE
A. BOZORGGRAYELI
O. STERKERS
JL. BENSIMON
G. ROGER
E. LESCANNE
V. COULOIGNER
M. ELMALEHBERGÈS
87
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE.
VI-1-1-1
Surdité de transmission
Pathologies acquises du MAE
Bien que la pathologie de l'oreille externe soit facilement accessible à l'examen clinique, l'imagerie occupe une place importante dans l'évaluation d'une atteinte du MAE.
En cas d'obstruction du MAE l'exploration tomodensitométrique est l'examen d'imagerie de
première intention et peut être complétée par l'IRM. Dans tous les cas, on redoute une rétention épidermique au sein d'une sténose ou d'une latéralisation.
Le scanner permet de visualiser la lésion, et oriente vers son étiologie. Nous ne détaillerons
pas l'ensemble des cas rencontrés, mais insisterons sur les pathologies les plus fréquentes.
En cas de latéralisation, le scanner montre le contenu du conduit auditif, et surtout l'état des
cavités de l'oreille moyenne et de la chaîne ossiculaire. Il reste peu informatif quant au type
de comblement (fibreux ou épidermique).
L'IRM permet d'approcher le diagnostic étiologique. En utilisant les séquences de diffusion
et des séquences avec ou sans injection de gadolinium, elle peut être utile pour diagnostiquer
un cholestéatome derrière la sténose ou la latéralisation.
Elle permet également de préciser les rapports avec la méninge et le tissu cérébral en cas de
déhiscence osseuse.
Exostose et ostéome du MAE
Il s'agit le plus souvent d’une découverte otoscopique car seules les oblitérations importantes
engendrent rétention cérumino-épidermique, surinfection cutanée et surdité de transmission.
L’apport de l'exploration tomodensitométrique est important : elle permet de déterminer
l'extension exacte des lésions osseuses et l’absence de lésions sous-jacentes [1].
L’examen apprécie la localisation de la lésion, sa largeur, ses rapports avec la chaîne ossiculaire, le nerf facial, la cavité mastoïdienne et l’articulation temporo-mandibulaire (Fig. 1).
Le scanner permet également le diagnostic différentiel des sténoses du MAE, souvent tumorales ou pseudo-tumorales, telles que la dysplasie fibreuse du rocher, la neurofibromatose
ou l'histiocytose X (cf tumeurs du rocher) [2]. (Fig. 4)
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE
89
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1a : Coupe axiale de l’os temporal gauche : elle montre une exostose
évoluée antérieure et postérieure. La base d'implantation est large. On retrouve un épaississement des tissus mous du méat acoustique externe. La position du nerf facial dans sa portion mastoïdienne est aisément reconnaissable
par rapport à l'exostose. Pas d'anomalie de la caisse du tympan.
Figure 1b : Coupe sagittale passant par le fond du MAE : elle évalue de façon
précise l'importance du rétrécissement osseux lié à l’exostose.
Figure 1c : Coupe coronale, elle montre la sténose du conduit, l’ostéomatose
ainsi que la réaction in$ammatoire de la peau du MAE. Elle montre également
les rapports de la chaîne ossiculaire avec les ostéomes.
Figure 1d : Ostéomatose gauche.
Figure 2 a et b :
Coupes axiales, elles montrent une latéralisation de la membrane tympanique, plutôt antérieure avec un épaississement antérieur sans image d'érosion osseuse. Le
manche du marteau est désinséré.
Figure 2c : Coupe coronale, elle confirme la désinsertion du manche du marteau et la latéralisation du tympan.
90
SURDITÉ
Figure 2d : Latéralisation tympanique
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 3a : Coupe axiale comblement du MAE.
Figure 3b : Coupe coronale.
Figure 3c : Otoscopie comblement du MAE.
Figure 4 a et b : neurofibromatose cutanée.
Figure 4 c, d et e : dysplasie fibreuse du rocher.
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE
91
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Classiquement, la base d’implantation de l’exostose est large, tandis que celle de l’ostéome est
étroite. La pathologie est le plus souvent située sur la partie médiale du MAE proche de l’annulus tympanique et des fissures tympano-mastoïdienne et tympano-squameuse.
Exostose et ostéome peuvent être multiples, entraînant parfois une obstruction complète de
la lumière.
L'indication chirurgicale dépend des circonstances cliniques mais le rôle de l'imagerie est
important pour l'évaluation des difficultés opératoires.
Traumatismes du MAE
Le contexte clinique est évocateur, l'imagerie et notamment le scanner permettent de faire un
bilan précis des différentes lésions et d'évaluer l'extension aux structures adjacentes.
Les fractures longitudinales de l’os temporal affectent directement le MAE. Les fractures longitudinales antérieures à partir de l’écaille temporale se prolongent à la fissure pétro-squameuse vers la portion antéro-supérieure du conduit. Les fractures postérieures intéressent la
portion postérieure du conduit.
Les fractures isolées du tympanal et de l’articulation temporo-mandibulaire ont parfois pour
conséquence un déplacement postérieur des fragments osseux qui peuvent sténoser la lumière du conduit. Le condyle mandibulaire peut même faire hernie dans le conduit [3,4].
Enfin, l'imagerie permet d'apprécier la présence d'un corps étranger dans le MAE.
A long terme, les traumatismes peuvent se compliquer d'une déhiscence du toit du rocher et
du MAE. En cas d'opacité du méat en regard de cette déhiscence, il faut évoquer la possibilité d'une méningo-encéphalocèle et compléter le bilan par une IRM avec séquences coronales et/ou sagittales [5,6].
Sténoses iatrogéniques
En cas d’antécédents de chirurgie otologique, la présence de tissu de granulation ou d’une synéchie fibreuse, associée éventuellement à une pathologie osseuse, peut être rencontrée.
L’imagerie apporte des éléments essentiels au diagnostic, surtout en cas d’obstruction complète. Le scanner permet également d’évaluer l’état des cavités de l’oreille [7].
Cholestéatome du MAE
Les cholestéatomes du MAE sont rares [8,9]. Ils engendrent souvent otorrhée chronique et
otalgie. La membrane tympanique est habituellement normale.
Acquis, on peut parfois rencontrer des cholestéatomes compliquant une sténose congénitale
du MAE [10].
L’examen TDM est alors de règle, l’imagerie n’est pas spécifique. Elle montre une masse tissulaire associée à une érosion osseuse des parois du conduit.
92
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Elle permet d’étudier la lésion et son extension éventuelle aux cavités adjacentes. En cas de
doute une exploration IRM complètera le bilan afin de confirmer le diagnostic, grâce notamment aux séquences en diffusion.
Latéralisation et comblement du MAE
La latéralisation de la membrane tympanique est une notion d’abord otoscopique, qui regroupe des entités différentes : latéralisation de la couche épithéliale du tympan avec disjonction tympano-malléaire, mais aussi comblement tissulaire du fond du MAE (le plus
souvent fibreux, mais parfois aussi cholestéatomateux).
L'examen scannographique apprécie le calibre du MAE, et une éventuelle pathologie sousjacente. En cas de latéralisation isolée de la couche épithéliale du tympan, la membrane est
désolidarisée du manche du marteau et déplacée latéralement dans le MAE (Fig. 2). En cas
de latéralisation avec comblement, l'espace situé entre l'obstruction observée et la caisse du
tympan est comblé par une opacité tissulaire dont la nature est indéterminée (Fig. 3). Le
scanner recherchera une éventuelle lésion osseuse associée. En cas de suspicion de cholestéatome, l'IRM apportera un élément diagnostique supplémentaire.
Enfin, le scanner permet d'étudier l'ensemble des cavités de l'oreille moyenne et la chaîne
ossiculaire.
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE
93
Références
[1]
Orita Y, Nishizaki K, Fukushima K, Akagi H, Ogawa T, Masuda Y, Fukazawa M, Mori Y. Osteoma with
cholesteatoma in the external auditory canal. Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 1998 May 15;43(3):289-93.
[2]
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North Am. 1996 Oct;29(5):807-25.
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auditory canal stenosis. Otol Neurotol. 2010 Jan;31(1):173-4.
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auditory canal. Otol Neurotol. 2009 Apr;30(3):426-7.
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Sanna M, Paolo F, Russo A, Falcioni M. Management of meningoencephalic herniation of the temporal
bone: Personal experience and literature review. Laryngoscope. 2009 Aug;119(8):1579-85.
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cholesteatoma. Laryngoscope. 2005 Mar;115(3):455-60.
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Naim R, Linthicum FH, Jr. External auditory canal cholesteatoma. Otol Neurotol. 2004 May;25(3):412-3.
[10] Viswanatha B. External auditory canal cholesteatoma: a rare complication of tympanoplasty. Ear Nose
roat J. 2009 Nov;88(11):1206-9.
Mots-clés :
Ear Canal
Ear Deformities, Acquired
Hearing Loss, Conductive
Osteoma
Tomography, X-Ray Computed.
94
SURDITÉ
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
VI-1-1-2
Surdité de transmission et mixte à tympan normal de
l’adulte
Les surdités de transmission et mixte à tympan normal de l’adulte sont principalement représentées par l’otospongiose qui sera prise comme forme type de description.
Otospongiose
L’otospongiose est une ostéodystrophie primitive de la pyramide pétreuse développée à partir d’îlots cartilagineux résiduels de la capsule otique. Cliniquement, elle se traduit par une
surdité de transmission ou une surdité mixte, d’apparition progressive à tympan le plus souvent normal. Le diagnostic reposait jusqu’à un passé récent sur le bilan clinique et audiométrique.
L’imagerie doit être pratiquée systématiquement avant tout geste chirurgical :
- pour confirmer le diagnostic,
- pour préciser l’extension et la localisation des lésions,
- pour apprécier les difficultés anatomiques,
- pour évaluer l’état de l’oreille controlatérale,
- en cas d’échec chirurgical avant reprise chirurgicale.
Le diagnostic radiologique d’otospongiose (cf reco SFORL 2007) repose essentiellement sur
l'exploration tomodensitométrique.
Anatomopathologie
La capsule otique en fin de croissance présente trois couches osseuses différentes. La couche
la plus interne, l’endoste, est une fine lame d’os lamellaire qui garde sa structure au cours du
temps et tapisse le labyrinthe.
La couche moyenne ou enchondrale renferme un espace cartilagineux : la fissula antefenestram, en avant de la platine à l’origine de la moitié des foyers otospongieux.
La couche la plus externe (ou périoste) sépare la capsule otique des cavités de l’oreille
moyenne, il est formé d’os membranaires.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
95
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
L’otospongiose débute dans la couche moyenne enchondrale mais peut s’étendre aux couches
externes et internes. Sur le plan anatomo-pathologique, elle est caractérisée par le remodelage de la couche moyenne en quatre étapes successives [4] 1. Résorption de l’os enchondral
par un tissu fibreux très vascularisé ; 2. phase de néo-formation osseuse donnant un os basophile immature ; 3. répétition des processus de résorption et de néoformation aboutissant
à la constitution d’un os acidophile ; 4. Formation d’un os fortement minéralisé et pauvre en
cellules.
Les aspects macroscopiques et histologiques seront donc différents en fonction de l’âge des
foyers.
Macroscopiquement, on peut individualiser deux phases différentes, une phase active qui se
caractérise par des images de destruction de la capsule otique par les ostéoclastes associées
à des cavités vasculaires et une phase inactive de reconstruction osseuse où les cavités vasculaires se raréfient (Fig. 1).
D’après Schuknecht, l’association des deux phases, active et inactive, au sein d’un même foyer
donne une image en mosaïque.
Épidémiologie
Soixante-dix pour cent des otospongioses sont des formes génétiques avec un mode de transmission autosomique dominant à pénétrance et expressivité variable ; 30 % sont des formes
sporadiques. L’incidence clinique est de 0,5 à 1 % de la population dans la race blanche qui
est plus atteinte que les races noire et asiatique. La forme histologique est dix fois plus fréquente que la forme clinique.
La femme est deux fois plus touchée que l’homme alors que l’incidence de la forme histologique est la même dans les deux sexes. La maladie peut être révélée ou aggravée par la grossesse qui la potentialise.
L’âge de survenue varie en général entre 15 et 45 ans souvent de manière bilatérale, volontiers
asymétrique. Il est rare de trouver des lésions otospongieuses chez l’enfant de moins de 10 ans.
Clinique
La surdité est le principal symptôme. Typiquement surdité de transmission à tympan normal,
acquise, d’évolution progressive, uni ou bilatérale volontiers asymétrique survenant chez une
femme jeune sans antécédent otologique particulier, avec une notion d’hypoacousie familiale
retrouvée deux fois sur trois à l’interrogatoire. La baisse d’audition est secondaire à une ankylose stapédo-vestibulaire au niveau du ligament annulaire par un foyer otospongieux préplatinaire. Les acouphènes sont fréquents, parfois isolés.
La surdité est parfois mixte à prédominance transmissionnelle ou plus rarement fortement
labyrinthisée.
96
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 1 : Corrélations anatomo-radiologiques :
- Figure a : coupe histologique où l’on reconnaît les trois différentes couches qui composent la capsule otique. Elle montre une atteinte otospongieuse de l’os enchondral avec deux phases différentes, une phase active (
) de destruction
associée à d’importantes cavités vasculaires et une phase inactive (
) de reconstruction où les cavités disparaissent.
- Figure b : coupe TDM axiale qui passe par la région préstapédienne, elle montre un foyer hétérogène (
) qui associe
des hypodensités probablement en phase active de destruction de la capsule otique à des hyperdensités en phase inactive de reconstruction osseuse.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
97
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
L’examen otoscopique montre un tympan normal, où parfois on distingue une tache rosée rétrotympanique : c’est la classique tache de Schwartz correspondant à une hypervascularisation de la muqueuse du promontoire liée à un foyer hypervascularisé.
Le bilan auditif comprend une audiométrie tonale liminaire avec mesure des conditions osseuse
et aérienne qui confirme la surdité transmissionnelle ou mixte (beaucoup plus rarement neurosensorielle) avec une encoche sur la conduction osseuse pour les fréquences 1000 ou 2000
Hertz (encoche de Carhart). L’impédancemétrie montre une absence de réflexe stapédien.
Imagerie de l’otospongiose
L’exploration scannographique est l’examen de référence dans le bilan préopératoire de l’otospongiose. Il confirme le diagnostic clinique en montrant les foyers de la capsule otique, évalue l’extension des lésions et réalise un bilan anatomique préchirurgical de la maladie. En cas
d’échec postopératoire, la tomodensitométrie confirme ou non le diagnostic initial et recherche les causes des difficultés.
Devant une complication, la TDM est toujours pratiquée en première intention.
L’imagerie nécessite des coupes fines de 0,5 mm, zoomées, centrées sur les fenêtres ovales et
rondes, parallèles au canal semi-circulaire latéral, complétées par des coupes frontales.
Il est important d’avoir un contraste suffisamment fort au sein de la capsule labyrinthique
pour en détecter toutes les nuances. L’utilisation sur les scanners les plus modernes d’un kilovoltage à 140 kV donne un excellent jour au niveau de la zone osseuse prévestibulaire.
Le défi proposé aux constructeurs dans les années à venir est d’obtenir une bonne résolution
en densité et spatiale de la capsule otique tout en réduisant le kilovoltage.
Le diagnostic radiologique repose en premier lieu sur la présence d’une hypodensité en situation prévestibulaire au contact de la partie toute antérieure de la platine dans un triangle
limité par le rebord antérieur du vestibule en arrière, le processus cochléariforme en-dehors
et par l’endoste cochléaire en-dedans [8] (Fig. 2).
La taille des hypodensités est variable, leurs contours nets ou flous, tout dépend de l’importance du contraste. On peut aussi les classer de la manière suivante [13] :
- type 1B : hypodensité inframillimétrique (Fig. 3).
- type 2 : hypodensité supérieure à 1 mm sans contact cochléaire (Fig. 4).
- type 3 : hypodensité de plus d’1 mm de diamètre avec contact cochléaire (Fig. 5).
- type 4A : plusieurs hypodensités dans la capsule labyrinthique antérieure, continues ou focales (Fig. 6).
- Type 4B : hypodensité de type 4A associée à des localisations au contact du vestibule et/ou
des canaux semi-circulaires (Fig. 7).
98
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Foyer typique :
- Figure 2a : coupe TDM normale montrant la localisation préférentielle d’une atteinte otospongieuse, elle se situe dans un
triangle limité en arrière par le rebord antérieur du vestibule, latéralement par le processus cochléariforme et en dedans par l’endoste cochléaire.
- Figure 2b : le diagnostic repose sur la découverte d’une hypodensité préstapédienne, hypertrophique au contact de la
partie antérieure de la platine (
).
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
99
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Type 1B, hypodensité préstapédienne inframillimétrique :
- Figure 3a : coupe TDM axiale, elle met en évidence une hypodensité mal limitée, de petite taille, moins de 1mm, de la
région préstapédienne.
- Figure 3b : coupe TDM axiale oblique, elle confirme une hypodensité de petite taille, moins de 1mm, au contact de la
partie antérieure de la platine, elle permet d’affirmer l’ankylose platinaire antérieure.
100
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Type 2 : hypodensité supérieure à 1mm et sans contact avec l’endoste cochléaire.
- Figure 4a : coupe TDM axiale, elle montre l’hypodensité antérieure avec hypertrophie du rebord antérieur de la niche
de la fosse ovale.
- Figure 4b : coupe TDM axiale oblique dans l’axe des branches de l’étrier, la lésion antérieure fixe la platine et la branche
antérieure.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
101
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 5 : Type 3 : hypodensité de plus 1mm avec contact cochléaire.
Présence d’un foyer hypodense de la région antérieure qui atteint l’endoste au contact du second tour de la cochlée.
Un deuxième signe important est représenté par une augmentation d’épaisseur de la platine,
en général au tiers antérieur en forme de triangle-rectangle (classé type 1A) (Fig. 8). L’ensemble présente un caractère hypodense qu’il faudra distinguer des épaississements inflammatoires en général en forme de rectangle ou des localisations de la tympanosclérose plus
denses.
L’épaississement platinaire est rarement isolé (0,02 % des cas) ; la platine normale mesure
moins de 0,3 mm sur les coupes histologiques, son épaisseur varie de 0,4 à 0,55 mm sur les
coupes scannographiques en haute résolution. Seuls les épaississements platinaires importants [12] (supérieurs à 0,7 mm) doivent donc être considérés comme pathologiques par
Veillon.
Ils peuvent être localisés à la partie antérieure de la platine, intéresser le versant tympanique
ou le versant vestibulaire ; l’association à une atteinte préstapédienne permet d’affirmer le
diagnostic.
La présence d’un foyer rétroplatinaire est plus rare [9] ; il s’agit d’une lésion dont le point de
départ se situe au niveau de la fissula post fenestram et peut entraîner une ankylose platinaire
par extension du foyer à l’articulation vestibulo-platinaire postérieure.
102
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Type 4A : hypodensités péricochléaires de la capsule otique.
- Figure 6a : l’atteinte de la capsule périlabyrinthique antérieure est continue, donnant un aspect en double contour.
Elle est au contact de l’apex de la cochlée.
- Figure 6b : les lésions péricochléaires peuvent être focales.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
103
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Type 4B : hypodensités de la capsule labyrinthique postérieure.
- Figure 7 a et b : coupe TDM axiale et coronale qui montrent des hypodensités irrégulières autour du labyrinthe postérieur associées à des lésions péricochléaires. Ces lésions au niveau de la paroi médiale de l’attique bombent dans les
cavités de l’oreille moyenne où elles peuvent parfois fixer la chaîne. (NB : à noter l’aspect dilaté du vestibule et du canal
semicirculaire latéral).
104
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Type 1A : atteinte platinaire isolée.
Figures 8 a : la coupe TDM axiale montre un épaississement localisé, plutôt antérieur en forme de triangle rectangle
de la platine de l’étrier sans atteinte préstapédienne.
Figures 8 b : la coupe TDM axiale susjacente montre en revanche un aspect de platine non épaissie rendant compte de
l’importance d’analyser l’ensemble des coupes passant par la platine.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
105
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les foyers du promontoire s’étendent, eux, au rebord inférieur de la platine alors que ceux du
rebord supérieur se prolongent vers la deuxième portion du nerf facial. Lorsqu’ils sont hypertrophiques, ils entraînent souvent une sténose du récessus de la fenêtre.
Le troisième signe est représenté par des images d’addition osseuse à partir de la capsule labyrinthique, en général en direction de l’oreille moyenne. Ces images d’addition peuvent être
hypodenses ou au contraire un peu plus chargées en calcium. Dans de très rares cas, elles
viennent au contact du marteau et/ou de l’enclume qu’elles bloquent dans une forme devenue tympanique.
Bilan d’extension des lésions
1. Les foyers péricochléaires (type 4A) (Fig. 6)
Ils sont souvent volumineux, hétérogènes avec un aspect en mosaïque allant jusqu’à circonscrire en avant le labyrinthe antérieur. Ils donnent alors un aspect de double anneau cochléaire.
2. Les foyers préméatiques internes (Fig. 9)
Ils sont le plus souvent focaux, uniques ou multiples sans contact les uns avec les autres. L’atteinte de la paroi antérieure du MAI [13], en dedans et en avant du canal du nerf cochléaire
ne peut être considérée comme pathologique que si l’hypodensité est nette et prend un véritable aspect circulaire dessinant parfois une double image de tour basal. La présence d’une
simple déformation cupuliforme du MAI correspondrait plutôt à la persistance d’un résidu
cartilagineux.
3. Le labyrinthe postérieur (4B) (Fig. 7)
Les localisations surajoutées au labyrinthe postérieur sont rares, elles sont plus fréquentes
autour du canal semi-circulaire latéral. Ces foyers sont souvent hypertrophiques et susceptibles alors de fixer la chaîne ossiculaire [13].
4. Extension à l’endoste [21-22] (Fig. 10)
L’étude des foyers doit systématiquement rechercher une extension à l’endoste cochléaire ; il s’agit
de préciser s’il persiste ou non une interposition d’os enchondral normal entre les différents
foyers mis en évidence et les liquides cochléaires. En effet selon Shin [20], les patients présentant
une extension à l’endoste ont en préopératoire une atteinte plus importante de la conduction
osseuse et présentent en postopératoire un risque de surdité neurosensorielle plus élevé.
5. Atteinte de la fenêtre ronde
Il est possible de décrire quatre grades évolutifs [41] à l’atteinte otospongieuse de la fenêtre
ronde (FR) :
- Grade 1 : FR normal, les bords sont hyperdenses, membrane linéaire (Fig. 11).
- Grade 2 : foyer hypodense des rebords de la FR, membrane linéaire (Fig. 12).
- Grade 3 : foyer hypertrophique de la FR qui s’interpose entre les liquides cochléaires et la
lumière de la caisse du tympan (Fig. 13).
- Grade 4 : foyer hypertrophique obstruant la FR avec ossification débutante du tour basal
de la cochlée (Fig. 14).
106
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
- Figure 9 :
Foyers préméatiques (forme
4A focale). La lésion préméatique est au contact de la
paroi antérieure du conduit,
elle est très hypodense, pseudoliquidienne. Elle donne un
faux aspect de double tour
basal associé à des lésions
péricochléaires antérieures.
L’oblitération complète de la fenêtre ronde est classiquement considérée comme une cause
possible d’échec de la chirurgie de l’otospongiose. Selon Shin [20], il existerait un risque significatif de baisse de la conduction osseuse postopératoire dans le cas d’une oblitération
complète de la fenêtre ronde.
Intérêt du scanner dans l’analyse des conditions anatomiques de la chirurgie et des éventuels facteurs de risques liés à une anomalie ou une pathologie associées
Le scanner doit permettre au chirurgien d’anticiper d’éventuelles difficultés qui pourraient
compliquer le geste opératoire, voire le contre-indiquer. Un certain nombre de ces difficultés doivent être recherchées de façon systématique lors du bilan radiologique préopératoire.
1. Etroitesse de la fenêtre ovale (Fig. 15)
Elle est facilement étudiée grâce aux reconstructions multiplanaires axiales, parallèles au
canal latéral mais surtout coronales obliques.
Elle peut être rétrécie par la présence d’un volumineux foyer hypertrophique préstapédien,
d’une procidence du promontoire ou du nerf facial dans sa portion tympanique [22].
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
107
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Extension à l’endoste.
- Figure 10 a : coupe histologique montrant deux
foyers otospongieux péricochléaires, l’un à distance de
l’endoste respectant une lamelle d’os enchondral normal entre la lésion et les liquides cochléaires. L’autre au
contact direct des liquides labyrinthiques.
- Figure 10 b : coupe TDM axiale respectant une lame
d’os enchondral normal au contact de la cochlée, il n’y
a pas d‘atteinte de l’endoste (type II).
- Figure 10 c : coupe TDM axiale, le foyer otospongieux
est au contact direct de la cochlée, le foyer présente
donc une extension à l’endoste cochléaire (type III).
108
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Atteinte de la fenêtre ronde : Grade 1.
- Figure 11a : coupe TDM axiale, montrant une densité normale des berges de la FR. La membrane de la fenêtre est linéaire, elle sépare les liquides cochléaires de l’air situé dans la niche de la FR.
- Figure 11b : Coupe IRM axiale T2 haute définition montrant un aspect normal des liquides au niveau des deux rampes
du tour basal de la cochlée.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
109
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Atteinte de la fenêtre ronde : Grade 2.
- Figure 12a : coupe TDM axiale, elle montre une hypodensité de la berge latérale de la FR. La membrane de la fenêtre
est linéaire, elle sépare les liquides cochléaires de l’air situé dans la niche de la FR.
- Figure 12b : Coupe TDM axiale qui montre un foyer hypodense du bord inférieur de la fenêtre avec un aspect normal
du tour basal de la cochlée.
110
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Atteinte de la fenêtre ronde : Grade 3.
- Figure 13 a et b : coupes TDM axiales, elles montrent la présence d’un foyer hypodense hypertrophique qui comble la
niche de la FR s’interposant entre les liquides cochléaires et l’air des cavités de l’oreille empêchant ainsi les mouvements
de la membrane. Aspect normal du tour basal de la cochlée.
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111
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Atteinte de la fenêtre ronde : Grade 4
- Figure 14a : coupe TDM axiale, elle montre un foyer hypodense de la FR associé à
des foyers péricochléaires. La niche de la FR
est totalement comblée et l’on note une ossification du tour basal de la cochlée au niveau de sa rampe tympanique.
- Figure 14 b et c : Coupes IRM axiales T2
haute définition, elles montrent le respect
des liquides de la rampe vestibulaire au niveau du tour basal de la cochlée. On note
une absence de liquide au niveau de la
rampe tympanique qui confirme l’ossification des coupes TDM.
112
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Etroitesse de la fenêtre ovale.
- Figure 15 a : coupe TDM coronale oblique
montrant une procidence du nerf facial qui
masque la platine de l’étrier. Sa projection dépasse le bord inférieur du récessus de la FR.
Il est difficile de connaître l’état de la corticale
osseuse du nerf, sa constatation sera chirurgicale.
- Figure 15 b et c : coupe TDM axiale et coronale. Présence d’un foyer antérieur, hétérogène, plutôt hyperdense, hypertrophique le
long de la portion tympanique du nerf facial.
Il rétrécit la niche de la FO. Les différents plans
de coupe permettent de mieux apprécier la
taille du récessus de la FO.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
113
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
En cas de procidence du nerf facial, la dénudation du nerf est parfois difficile à affirmer sur
l’exploration scannographique, elle ne sera alors constatée qu’au cours de la chirurgie. Selon
Veillon et coll. [13] le canal du nerf facial dans sa portion tympanique est radiologiquement
procident quand il dépasse le bord inférieur du récessus de la fenêtre ovale en coupe coronale.
2. Otospongiose oblitérante [10] (Fig. 16)
La présence d’une platine oblitérative en rapport avec un volumineux foyer prolifératif,
confirmée en préopératoire, nécessite une adaptation de la technique opératoire avec fraisage
prolongé de la platine. Il convient de la différencier de la platine « biscuit » qui présente un
risque de mobilisation platinaire plus important, leur distinction radiologique étant cependant difficile.
3. Persistance d’une artère stapédienne (Fig. 17)
La persistance d’une artère stapédienne doit également être précisée car elle peut être associée à des anomalies stapédiennes et source de difficultés chirurgicales au cours de l’abord
platinaire [13].
Il s’agit d’une anomalie rare parfois difficile à retrouver sur l’exploration TDM. Sa conservation doit être de mise afin d’éviter toute labyrinthisation peropératoire.
C’est le reliquat embryonnaire du deuxième arc aortique. Les signes radiologiques à rechercher sont : une petite structure tubulaire naissant du canal carotidien, longeant le promontoire, passant entre les branches de l’étrier et rejoignant le canal facial avec un élargissement
de la portion antérieure de la deuxième portion du canal facial, et une absence de foramen
épineux.
4. Fixation du marteau [26] (Fig. 18)
La recherche d’une fixation malléaire à la paroi latérale ou antérieure de caisse, associée à
l’ankylose stapédo-vestibulaire, doit être systématique car elle implique des difficultés chirurgicales plus importantes et donc une planification opératoire différente.
5. L’intégrité de la longue apophyse (Fig.19) doit être toujours appréciée par des coupes TDM
adaptées dans l’axe de l’osselet en s’aidant parfois du mode 3D. En effet si la chirurgie est décidée, la prothèse sera implantée à partir de la longue apophyse de l’enclume.
6. Malformations labyrinthiques associées
La recherche d’une anomalie labyrinthique ou d’une déhiscence du modiolus associée doit
être systématique, elle peut en effet modifier la décision thérapeutique notamment en cas de
risque d’oreille geyser.
L’anomalie la plus souvent rencontrée est au niveau du vestibule et du canal latéral une déformation qui peut signifier une éventuelle fragilité du labyrinthe.
114
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Otospongiose oblitérante.
- Figure 16 a et b : coupes TDM axiales, le foyer préstapédien prolifératif comble en totalité la niche de la FO. La technique
opératoire doit alors être adaptée en fonction de l’importance de l’oblitération.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
115
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Persistance d’une artère stapédienne
associée à une otospongiose.
- Figure 17 a : coupe TDM axiale, présence d’un fin canal osseux sur le promontoire, il souligne le trajet de
l’artère stapédienne.
- Figure 17 b : l’artère stapédienne
croise la fosse ovale avant de rejoindre
la portion mastoïdienne du canal du
facial, elle passe en avant de la prothèse stapédienne.
- Figure 17 c : coupe TDM sagittale
oblique qui montre l’ensemble du trajet de l’artère du canal carotidien
jusqu’à la portion mastoïdienne du
nerf facial.
116
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 18 : Fixation de la tête du marteau associée à une otospongiose.
- Coupe TDM axiale, elle montre un
foyer préstapédien antérieur dans le
cadre d’une otospongiose.
Il ne faut surtout pas ignorer la fixation malléaire antérieure au tegmen
qui implique une modification du
geste opératoire.
Intégrité de la longue apophyse de
l’enclume.
- Figure 19 a : coupe TDM coronale
oblique, elle confirme l’intégrité de la
longue apophyse de l’enclume et de
l’articulation incudo-malléaire.
- Figure 19 b : coupe TDM coronale
oblique, lyse partielle de la longue
apophyse de l’enclume avec discontinuité de la chaîne ossiculaire.
Cette découverte implique une modification de la technique opératoire.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
117
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
7. Pathologie otitique associée
La découverte de lésions des cavités de l’oreille moyenne dans le cadre d’une pathologie otitique. La mise en évidence d’une anomalie de la chaîne ossiculaire ou d’une tympanosclérose
de la fosse ovale peuvent modifier la planification chirurgicale.
8. Déhiscence du canal semi-circulaire supérieur [23-24]
Elle peut parfois être associée à une otospongiose, la décision du chirurgien sera alors fonction des données cliniques.
Le scanner permet de confirmer le diagnostic clinique par la mise en évidence du ou des
foyers otospongieux. Il apprécie la topographie et l’extension des foyers d’une part à l’endoste
cochléaire, d’autre part à la fenêtre ronde.
Il précise les conditions anatomiques de la chirurgie de l’oreille moyenne, anticipant les éventuelles difficultés opératoires. Il permet de reconnaître une éventuelle pathologie ou anomalie associée pouvant contre-indiquer le geste opératoire.
De ce fait, le scanner est recommandé avant toute chirurgie d’otospongiose.
Autres causes de surdité de transmission ou
mixte à tympan normal
Devant une surdité de transmission ou une surdité mixte sans signe scannographique, il faut
systématiquement rechercher une autre cause :
Anomalies de la chaîne ossiculaire [26-27-28]
1. Les fixations de la chaîne ossiculaire dans l’attique (Fig. 20). Elles intéressent le plus souvent la tête du marteau, parfois le corps de l’enclume souvent sans anomalie malformative associée. La multiplication des différents plans de reconstruction est souvent nécessaire avant
de porter ce diagnostic afin d’authentifier le site de la fixation.
2. Malformations mineures de la chaîne. On distingue les malformations du premier arc
branchial qui intéressent la tête du marteau et le corps de l’enclume et les malformations du
deuxième arc qui portent sur la branche descendante de l’enclume, l’étrier et la platine. Elles
sont fréquemment associées à un trajet anormal du facial intrapétreux (Fig. 21).
La chaîne ossiculaire peut être normale mais fixée par un pont osseux au tympanal (tête ou
manche du marteau) ou aux parois de la caisse. Elle peut être malformée avec fusion de la tête
du marteau et du corps de l’enclume (bloc incudo-malléaire), hypoplasie ou atrésie complète
de la branche descendante de l’enclume, de l’étrier, de ses branches et de la platine avec ou sans
atrésie de la fenêtre vestibulaire.
118
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Les fixations de la chaîne ossiculaire dans l’attique.
- Figure 20 a : coupe TDM axiale, elle montre une
fixation complète de la tête du marteau et du corps
de l’enclume à la paroi latérale de l’attique formant
un amas osseux mal individualisé probablement
malformatif (
).
- Figure 20 b et c : coupes TDM coronales obliques
qui confirment la fixation atticale de la tête du marteau et du corps de l’enclume dans un amas osseux
qui intègre le mur de la logette.
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119
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Malformation mineure de l’étrier.
- Figure 21 a : coupe TDM axiale, l’étrier est malformé avec une seule branche au centre de la platine. La platine est plus
épaisse sur son tiers postérieur.
- Figure 21 b : coupe TDM coronale, la fosse ovale est étroite avec une procidence du nerf facial.
120
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Lésions traumatiques de la chaîne ossiculaire.
- Figure 22 a : coupe TDM axiale oblique dans l’axe de l’étrier, fracture des deux branches de l’étrier avec déplacement antérieur du bouton. Pas d’anomalie platinaire.
- Figure 22 b : coupe TDM axiale ; disjonction incudo-malléaire, l’espace articulaire est élargi, disjoint.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
121
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
3. Lésion traumatique de la chaîne ossiculaire. Luxation de la platine, luxation incudo-malléaire et dislocation de l’enclume sont de diagnostic TDM aisé. Les luxations incudo-stapédiennes incomplètes, les fractures de branches de l’étrier, et les fractures de la platine sont de
visualisation plus difficile (Fig. 22).
L’interrogatoire doit rechercher un antécédent traumatique même ancien.
Surdités de transmission de l’oreille interne
Surdité liée au chromosome X DNF3 (Fig. 23)
Elle pourra être évoquée chez une enfant de sexe féminin présentant une surdité mixte progressive à tympan normal. Une TDM s’impose alors à la recherche de signes pouvant traduire
une communication anormale des liquides labyrinthiques avec les espaces sous arachnoïdiens, contre-indiquant une chirurgie platinaire. On retrouve alors un MAI largement ouvert sur une cochlée qui semble étirée sur son axe, le modiolus est absent avec élargissement
du foramen cochléaire. La composante transmissionnelle résulte de l’augmentation de la
pression des liquides labyrinthiques sur la platine.
Parfois l’examen TDM montre un modiolus déformé, un fond de conduit limité par une fine
lame osseuse dont la déhiscence peut être difficile à diagnostiquer.
Figure 23 :
Surdité liée au chromosome X DNF3.
- Coupe TDM axiale, le conduit auditif interne est élargi, largement ouvert sur une cochlée étirée. Le modiolus est absent
et le canal du nerf cochléaire élargi.
L’aspect TDM confirme une communication entre les liquides labyrinthiques et les espaces sous-arachnoïdiens. La chirurgie platinaire est alors contre-indiquée.
122
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Les déhiscences des canaux semi-circulaires (troisième fenêtre) [24-25] (Fig. 24)
L’utilisation de plans de reconstruction dans l’axe et perpendiculaire à l’axe de la crosse du
canal permet de suspecter le diagnostic en n’omettant pas de déterminer la taille et la localisation du défect osseux. On ne se limite pas seulement au canal supérieur, il convient également d’examiner de façon précise le canal postérieur.
Syndrome du large aqueduc vestibulaire (Fig. 25)
L’aqueduc vestibulaire est considéré comme large quand sa taille dépasse 1,5 mm dans sa
portion moyenne sur les images TDM dans le plan axial. Cette approche est souvent complétée par des coupes frontales et sagittales.
Anomalies de la fenêtre ronde (aplasie, hypoplasie, obstruction extrinsèque) (Fig. 26).
Imagerie postopératoire de l’otospongiose
Les résultats fonctionnels du traitement chirurgical de l’otospongiose sont excellents [29]
dans plus de 95 % des cas. Le suivi postopératoire est basé sur l’examen clinique et les tests
audiométriques. L’imagerie n’a pas d’indication dans la surveillance des patients opérés en
l’absence d’échec ou de complications.
Une imagerie sera réalisée en cas de persistance ou de réapparition d’une surdité de transmission ou en cas d’apparition de signe de labyrinthisation (surdité mixte ou neurosensorielle, acouphènes, vertiges).
En première intention, une TDM est toujours réalisée [30]. L’IRM n’est pratiquée qu’en cas
de complication labyrinthique [31].
Persistance ou réapparition d’une surdité de transmission
Devant la persistance ou la réapparition d’une surdité de transmission postopératoire, un
dysfonctionnement du montage prothétique ou de la chaîne ossiculaire résiduelle doit être
suspecté. Les causes d’échec sont multiples, les indications et la technique de révision chirurgicale en dépendent.
Une tomodensitométrie est donc nécessaire afin de planifier au mieux la réintervention et
d’en limiter les effets délétères.
En cas d’échec, on peut retrouver une prothèse en place sans foyer otospongieux. Dans ce cas,
l’éventualité d’une erreur de diagnostic doit alors être suspectée surtout en cas d’absence
d’amélioration immédiatement après la chirurgie [18, 19, 20].
L’exploration scannographique doit donc en première intention affirmer le diagnostic d’otospongiose puis rechercher une autre cause de surdité de transmission avant de rechercher
une raison technique au dysfonctionnement.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
123
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 24 : Déhiscence du canal supérieur : la troisième fenêtre.
- Figure a : coupe TDM coronale, la corticale osseuse du canal supérieur est déhiscente au contact du plancher du lobe
temporal.
- Figure b : coupe TDM frontale oblique dans l’axe du canal supérieur, elle confirme la déhiscence et évalue la taille et la
localisation du défect, ici plutôt antérieur.
124
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 25 : Syndrôme du large aqueduc vestibulaire.
- Figure a et b : coupes TDM axiales, l’aqueduc vestidulaire est dilaté sur l’ensemble de son trajet (+1.5mm dans sa portion
moyenne) jusqu’à son abouchement en regard de la crosse commune des canaux supérieur et postérieur.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
125
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 26 :
aplasie de la fenêtre ronde.
- Coupe TDM axiale, la niche de la
fenêtre ronde est absente, aplasique et la membrane est ossifiée
empêchant les mouvements des
liquides labyrinthiques.
La position de la prothèse est mise en évidence par l’utilisation de reconstructions en double obliquité afin d’en préciser les rapports avec la longue apophyse de l’enclume d’une part,
la fosse ovale et le vestibule d’autre part.
Déplacement de la prothèse et érosion de la longue apophyse de l’enclume (Fig. 27)
Le déplacement du piston est la principale cause d’échec chirurgical [33]. Celui-ci peut survenir après un traumatisme même mineur ou de façon spontanée. Il peut s’agir d’un déplacement de l’extrémité médiale qui n’est plus centrée sur la fosse ovale et/ou d’une subluxation
au niveau de son insertion sur la branche descendante.
Une acquisition scannographique en mode hélicoïdal permet des reconstructions multiplanaires dans le plan de la prothèse et d’en confirmer le déplacement.
On retrouve souvent une lyse partielle ou totale de la longue apophyse de l’enclume en cas
de subluxation ou luxation du piston [17]. L’imagerie reste décevante pour l’analyse de la
BDE et pour l’étude de la platinotomie du fait de la présence d’artefacts liés au type de de prothèse.
Causes ossiculaires des échecs chirurgicaux
- Disjonction incudo-malléaire : Cette luxation peut être secondaire au geste chirurgical,
survenant lors de la mobilisation de la chaîne ossiculaire.
- L’ankylose du marteau ou plus rarement de l’enclume dans l’attique doit être systématiquement recherchée. Ne sera retenu qu’un pont calcifié de largeur supérieure à la moitié du
diamètre de la tête malléaire.
126
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
- Figure 27 : déplacement de la prothèse : reconstructions dans l’axe de la prothèse et dans l’axe de la BDE.
- a et b : prothèse en titane latéralisée, le pied de la prothèse n’est plus centré sur la platine, l’extrémité latérale est déplacée au contact de la membrane tympanique. Il est difficile d’étudier de façon précise l’état de la BDE du fait de la densité de la prothèse.
- c et d : prothèse en té$on latéralisée, on note le même déplacement que pour le cas précédent. Il est plus aisé dans ce cas d’étudier les rapports
de la prothèse avec la BDE qui paraît érodée, raccourcie.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
127
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Reprise ou prolifération du foyer otospongieux (Fig. 28). Un foyer hypertrophique de la
fosse ovale peut bloquer la mobilité de la prothèse ; en effet, la prolifération du foyer autour
de l’extrémité distale et du fût prothétique obstruant la fosse ovale explique la diminution des
mouvements de la prothèse. La production osseuse du foyer bloque le piston, une surdité de
transmission se réinstalle alors de façon progressive.
- Fibrose cicatricielle postopératoire en regard de la fosse ovale ou de la chaîne ossiculaire :
le scanner peut montrer une masse tissulaire non spécifique comblant la fenêtre ovale.
Complications neuro-sensorielles
L’apparition de signes de labyrinthisation (acouphènes, vertiges, surdité de perception dans
les suites opératoires ou à distance) doit faire suspecter une complication et amener la réalisation d’une imagerie. Ces complications sont rares mais peuvent nécessiter une reprise
chirurgicale urgente.
Le scanner est réalisé en première intention et en urgence à la recherche d’une pénétration
intravestibulaire de la prothèse ou d’un pneumolabyrinthe. S’il n’est pas contributif, une IRM
[35-36] est alors pratiquée afin d’étudier l’aspect des liquides labyrinthiques (granulome intravestibulaire, une labyrinthite ou une hémorragie intravestibulaire).
Pénétration intravestibulaire du piston (Fig. 29)
La vulnérabilité du labyrinthe membraneux est variable selon le siège de la platinotomie, la
topographie préférentielle de la platinotomie semble être centrale et postéro-inférieure (cf
chapitre 5).
Williams et al considèrent qu’une protrusion intravestibulaire de l’extrémité du piston de
plus de 1 mm est considérée comme pathologique si elle s’accompagne de signes cliniques
invalidants [30]. Pour Veillon [14], il n’y aurait de pénétration intravestibulaire que lorsque
l’extrémité du piston a franchi la moitié de la distance entre la paroi interne du vestibule et
le plan platinaire.
Si les reconstructions en double obliquité permettent de rendre compte d’une pénétration intravestibulaire du piston, l’interprétation des mesures doit rester prudente.
En effet suivant la nature de la prothèse :
- Les prothèses en téflon de petit diamètre sont parfois difficiles à visualiser. Des reconstructions dans l’axe du piston sont recommandées.
- Les prothèses en titane peuvent donner des erreurs de mesures par excès.
Fistule périlymphatique (Fig. 30)
Elle est liée à une fuite de liquide périlymphatique à travers la platine. Elle est suspectée chez
des patients qui présentent des vertiges associés à des acouphènes avec une baisse fluctuante
de l’audition.
Le scanner peut montrer un pneumolabyrinthe [35] (à retenir au-delà des premiers jours
postopératoires). Cet aspect est toutefois rare et l’imagerie parfois ne montre qu’un omblement aspécifique de la fenêtre ovale et des récessus postérieurs.
128
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
- Figure 28 : prolifération d’un foyer hypertrophique de la fosse ovale.
- a : plan axial.
- b : plan axial oblique dans l’axe de la prothèse.
- b : plan coronal oblique.
La prolifération du foyer autour de la prothèse entraîne un blocage complet du piston au niveau de
la fosse ovale expliquant la réapparition d’une surdité de transmission.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
129
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Figure 29 : pénétration intra-vestibulaire du piston :
- Figures a et b (coupes TDM axiales) montrent la position du piston au niveau de la platinotomie mais également dans le vestibule.
- Figures c et d (coupes TDM axiale et coronale obliques dans l’axe de la prothèse) confirment le positionnement intra-vestibulaire de la prothèse au contact du bord médial du vestibule.
130
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
- Figure 30 : fistule périlymphatique.
Figure a : coupe TDM axiale oblique.
Figure b : coupe TDM coronale oblique.
Le scanner affirme le diagnostic d’otospongiose par la présence d’un foyer hypodense préstapédien.
Il montre la présence d’opacités non spécifiques des cavités de l’oreille moyenne, de la fosse ovale et des récessus postérieurs, il confirme le diagnostic de fistule périlymphatique par la présence d’un pneumolabyrinthe, on note en effet la
présence d’une volumineuse bulle d’air intravestibulaire, à distance du geste chirurgical.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
131
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les artefacts métalliques en rapport avec la prothèse peuvent gêner la détection d’un neumolabyrinthe. L’IRM peut être contributive si un signal liquidien franc est détecté au niveau
de la fenêtre ovale.
Granulome à extension intravestibulaire (Fig. 31)
Complication rare de la chirurgie stapédienne (0,07 à 1,5 %), un granulome est probablement
en rapport avec une réaction au corps étranger en regard de la fenêtre ovale, étendu dans le
labyrinthe autour du pied de la prothèse [35-40]. Il peut se manifester précocement dès la première semaine postopératoire.
Le scanner visualise une masse tissulaire aspécifique en regard de la fosse ovale engainant le
piston. L’IRM est nécessaire au bilan d’extension intralabyrinthique du granulome, montrant
une lésion tissulaire intralabyrinthique qui se rehausse plus ou moins après injection de gadolinium.
Labyrinthite infectieuse (Fig. 32)
Complication rare mais sévère qui peut survenir dans un délai précoce. L’aspect TDM est non
spécifique. L’examen de choix est l’IRM qui permet de faire un diagnostic précoce montrant
une diminution du signal T2 des liquides labyrinthiques associée à une prise de contraste extensive du labyrinthe, voire du méat auditif interne, un comblement des cavités tympanomastoïdiennes, un abcès des parties molles. L’IRM recherche également des complications
locorégionales notamment intracrâniennes : méningite, thrombose du sinus sigmoïde, abcès
temporal. Au stade de séquelle, le scanner retrouve une ossification labyrinthique.
Hémorragique intralabyrinthique
Elle est possible dans la période postopératoire immédiate [35], provoquant une labyrinthite
séreuse ou sérofibrineuse, le scanner est peu contributif. L’IRM fait le diagnostic en montrant un hypersignal T1 spontané intralabyrinthique, le signal T2 sur la séquence haute résolution inframillimétrique étant plus élevé que celui du liquide périlymphatique. L’évolution
clinique est bonne avec une résolution spontanée des symptômes.
Platine flottante (Fig. 33)
Complication rare au cours de l’intervention [22]. Lors du geste platinaire, elle consiste en une
bascule de la platine dans le vestibule. La TDM montre une structure linéaire spontanément
hyperdense dans la cavité vestibulaire.
En postopératoire, l’imagerie est indiquée en cas de persistance ou réapparition d’une surdité
de transmission ou mixte (TDM) et en cas de complication labyrinthique (TDM +/- IRM ).
132
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
- Figure 31: labyrinthite :
Figure a : coupe TDM coronale oblique montrant la position de la prothèse mais anormalement intravestibulaire (dépassant la moitié du vestibule).
Figure b : coupe IRM axiale T2 montrant une amputation des liquides vestibulaires. Artéfact dû à la prothèse métallique.
Figure c et d : coupes IRM axiales T1 avant puis après injection de produit de contraste montrant la présence d’une prise de contraste en faveur
d’une labyrinthite.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
133
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Figure 32 : labyrinthite infectieuse :
- Figure a : coupe TDM axiale qui est aspécifique, elle montre des anomalies de la capsule otique dans le cadre d’une otospongiose. Elle visualise le
piston et retrouve des opacités des cavités tympaniques.
- Figure b : coupe axiale T2 haute résolution, diminution du signal des liquides labyrinthiques.
- Figure c et d : coupes axiales T1 sans, puis avec injection de produit de contraste. Elles montrent une prise de contraste extensive de la cochlée et
du labyrinthe postérieur mais également du fond du conduit auditif interne et des cavités tympaniques.
134
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 33 : platine $ottante : exploration TDM
Figure a : coupe axiale retrouvant des foyers hypodenses de la capsule otique et montrant une image
linéaire de densité osseuse en position intravestibulaire.
Figure b : coupe axiale oblique confirmant la position intravestibulaire de la platine de l’étrier. La prothèse est centrée au niveau de la fosse ovale
comblée par une opacité aspécifique.
Figure c : coupe coronale oblique retrouvant la position intravestibulaire de la platine.
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
135
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SURDITÉ
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
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Mots-clés :
Hearing Loss
Malleus (Marteau)
Otosclerosis
Semicircular Canals
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
137
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
138
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
A. ROBIER, F. VEILLON
VI-1-1-3
Surdités de transmission de l’enfant d’origine
malformative ou génétique
Aspects radiologiques des malformations de l’oreille moyenne
Technique
L’analyse morphologique des anomalies malformatives de l’oreille moyenne repose sur la tomodensitométrie. Le volume considéré, incluant tout le rocher, est étudié en mode radio de
profil. Les coupes passent au dessus de l'orbite ce qui permet de réduire l'irradiation du cristallin.
A l’intérieur du volume étudié, le plan de référence axial passe par le canal semi-circulaire
latéral. Les reconstructions coronales englobent le grand nerf pétreux en avant et la mastoïde en arrière. Les reconstructions sagittales incluent l’oreille externe, moyenne, interne
ainsi que le MAI.
Chez l’enfant, les constantes doivent être adaptées à l’âge (Cf recommandation de la Société
Francophone d’Imagerie Pédiatrique et Prénatale (SFIPP) http://www.sfipradiopediatrie.org). Chez l’adulte, l’utilisation de coupes sus-orbitaires permet des constantes
plus élevées à 120 ou 140 kV, 400 mAs.
Résultats de l’imagerie en fonction des anomalies de l’os temporal et de son contenu
1. Anomalie du méat acoustique externe
a) agénésie
La TDM montre une absence d’os tympanal et donc de membrane tympanique (Fig. 1).
L’écaille horizontale occupe le vide ainsi ménagé (Fig. 2). Les reconstructions coronales et
sagittales peuvent objectiver une déformation ou un déplacement du condyle mandibulaire
adjacent.
b) sténose du MAE
La TDM dans le plan axial et sagittal permet d’évaluer correctement la réduction de taille de
la lumière du MAE avec présence d’une membrane tympanique.
A. ROBIER, F. VEILLON
139
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : agénésie du conduit auditif externe droit. TDM coupe axiale.
Absence de conduit auditif externe ($èche).
Figure 2 : Agénésie du conduit auditif externe. TDM coupe frontale.
1. Absence d’os tympanal remplacé par l’écaille horizontale.
2. Pont osseux fixant le corps de l’enclume à la paroi latérale de la cavité tympanique.
140
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 3 : Petite cavité tympanique. TDM coupe axiale.
1. Cavité tympanique de petite taille.
2. Canal facial (partie tympanique).
3. Cochlée.
2. La cavité tympanique
Elle peut être absente (Fig. 3), moins fréquemment toutefois que le MAE. Elle est plus souvent réduite de volume, partiellement cloisonnée au niveau de sa partie haute par la pyramide
de l’étrier et le bec de cuiller qui sont souvent proches [1].
Un cloisonnement total est beaucoup plus rare. La paroi supérieure peut être partiellement
ou totalement absente avec dénudation et parfois procidence méningée. De même, la paroi
inférieure de la caisse peut être déhiscente, le dôme de la veine jugulaire étant à nu, pouvant
parfois faire hernie dans la caisse et même masquer ou obturer la fenêtre cochléaire.
La TDM en coupe axiale et coronale montre bien les éventuelles modifications de la taille de
la cavité tympanique, l’épaississement ou l’étroitesse voire l’agénésie du canal du muscle tensor tympani en avant et/ou de la pyramide de l’étrier en arrière. L’absence partielle ou totale
de tegmen est bien mise en évidence en reconstruction coronale (souvent complétée par une
séquence T2 frontale en IRM) de même que la déhiscence du plancher de caisse avec mise
à nu voire hernie du golfe de la jugulaire interne. Il n’est pas besoin d’injecter du produit de
contraste pour mettre en évidence le défaut de couverture osseuse du golfe de la jugulaire.
A. ROBIER, F. VEILLON
141
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
3. Anomalies ossiculaires
Les osselets peuvent être partiellement ou totalement absents, déformés, fixés, fusionnés ou
non.
a) Le marteau
Le marteau est rarement absent, il est le plus souvent le siège de fixation à la paroi latérale de
caisse par sa tête (Fig. 4) [2] plus rarement par son manche. Une fixation à la paroi médiale
est plus rare.
b) L’enclume
L’enclume se singularise surtout par l’absence de la longue apophyse (Fig 5). L’osselet dans sa
globalité peut manquer. Des fixations à la paroi latérale de la caisse (Fig. 2) ou une fusion incudo-malléaire totale ou partielle sont également possibles : toutes anomalies bien décrites
en TDM [4].
c) L’étrier
L’étrier peut être totalement absent (Fig. 6) ou partiellement présent sous la forme d’une seule
branche en lame de sabre (Fig. 7). Le rapprochement des branches antérieure et postérieure
est fréquent (Fig. 8). La platine peut être également épaissie au sein d’une fenêtre ovale petite ou non. La tête stapédienne peut fusionner avec l’enclume ou être au contraire fixée au
promontoire, au canal facial, aux berges de la fenêtre ovale, au processus cochléariforme [1].
Figure 4 : Fixation de la tête malléaire. TDM coupe axiale.
1. Cavité tympanique.
2. Pont calcifié reliant la tête malléaire à la paroi antérieure de la cavité tympanique.
3. Tête du marteau.
4. Cavité tympanique.
142
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 5 : Absence de la moitié inférieure de la longue apophyse incudale. TDM coupe frontale oblique.
1. Absence du tiers inférieur de la
longue apophyse de l’enclume.
2. Longue apophyse incudale restante.
3. Etrier.
Figure 6 : Absence d’étrier.
TDM coupe axiale.
1. Abaissement du canal facial tympanique contre la paroi interne de la
cavité tympanique.
2. Vestibule.
3. Canal semi-circulaire postérieur.
4. Cavité tympanique.
A. ROBIER, F. VEILLON
143
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 7 : Etrier monobranche. TDM coupe axiale oblique.
1. Marteau.
2. Enclume.
3. Canal facial tympanique.
4. Etrier (monobranche).
5. Vestibule.
6. Cavité tympanique.
Figure 8 : Etrier malformé. TDM coupe axiale.
1. Cavité tympanique.
2. Marteau.
3. Enclume.
4. Etrier (déformé et de petite taille).
5. Vestibule.
6. Cochlée.
144
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
d) Les fenêtres
Elles peuvent être absentes ou hypoplasiques (Fig. 9) [4,5,6]. La reconstruction TDM coronale est la plus informative pour la fenêtre ovale (de hauteur au moins égale à 1,5 mm), la reconstruction axiale (aidée également d’un plan coronal) est la plus utile pour la fenêtre ronde
(de largeur égale ou supérieure à 1,5 mm) (Fig. 10). Dans certains cas, la fenêtre ovale est
parcourue par l’artère stapédienne (Fig. 11) et la fenêtre ronde fermée par la veine jugulaire
interne.
Figure 9 : Absence de fenêtre ovale.
TDM coupe frontale.
1. Absence de fenêtre ovale.
2. Canal semi-circulaire latéral dilaté.
3. Vestibule.
4. Méat acoustique interne.
5. Cochlée.
Figure 10 : Sténose
de la fenêtre ronde.
TDM coupe axiale.
1. Cochlée.
2. Rétrécissement de
la fenêtre ronde.
3. Cavité tympanique.
A. ROBIER, F. VEILLON
145
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 11 : Persistance d’une
artère stapédienne.
TDM coupe frontale.
1. Canal facial tympanique.
2. Artère stapédienne.
3. Cochlée.
4. Canal carotidien.
e) Le canal facial
Il peut être absent, son trajet modifié, sa paroi plus ou moins déhiscente. La deuxième portion peut être latéralisée, abaissée (Fig. 12), raccourcie ou absente, insérée dans un cloisonnement total ou partiel. Parfois la 3ème portion court sur le promontoire avec un orifice de
sortie nettement plus antérieur qu’habituellement.
Figure 12 : Abaissement du
canal facial tympanique dans
la fenêtre ovale.
TDM
1. Absence de canal facial
tympanique en position normale sous le canal semi-circulaire latéral.
2. Canal facial tympanique
dans le récessus de fenêtre
ovale.
3. Méat acoustique interne.
4. Cochlée.
5. Corps de l’enclume.
146
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
f) Les anomalies vasculaires
- L'artère carotide interne peut être déplacée vers l’arrière dans la cavité tympanique (Fig.
13) avec défaut de toute couverture osseuse comme le montrent bien les reconstructions
TDM dans le plan axial.
- L'artère stapédienne est souvent mise en évidence par hasard. Les deux signes principaux
sont l’existence d’un canal vertical le long du promontoire (Fig. 11), passant par la fenêtre
ovale, puis par le canal facial le plus souvent élargi dans sa portion tympanique antérieure associé à une absence de foramen spinosum [7].
- Le dôme de la veine jugulaire interne dans la cavité tympanique est fréquente avec parfois
obstruction de la fenêtre ronde.
Figure 13 : Carotide interne intratympanique. TDM coupe axiale.
Notez la course très postérieure de l’artère carotide interne qui est déplacée dans l’oreille moyenne
($èche).
A. ROBIER, F. VEILLON
147
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
4. Les anomalies du labyrinthe.
Trois modifications doivent être recherchées : des malformations franches ou mineures telles
qu’une dilatation de la partie médiale du canal semi-circulaire latéral (Fig. 14), une déhiscence
du canal semi-circulaire antérieur (Fig. 15) [8] ou plus rarement de son homologue postérieur, des signes d’oreille Geyser avec disparition du modiolus (Fig. 16). Dans ces trois modifications morphologiques, la séméiologie clinique peut être une surdité de transmission.
Figure 14 : Dilatation de la partie médiale du canal semi-circulaire latéral.
TDM axiale.
1. Dilatation de la partie médiale du
canal semi-circulaire latéral.
2. Vestibule.
3. Ampoule normale du canal semicirculaire latéral.
Figure 15 : Déhiscence du canal
semi-circulaire supérieur droit.
TDM coupe frontale oblique.
Absence de corticale supérieure du
canal semi-circulaire supérieur ou antérieur ($èches).
1. Vestibule.
2. Cavité tympanique.
148
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 16 : Oreille Geyser.
TDM
1. Cochlée (déformée)
2. Absence de modiolus avec
élargissement du canal du
nerf cochléaire.
3. Méat acoustique interne.
4. Vestibule.
5. Platine épaissie au sein de la
fenêtre ovale.
6. 3ème portion du canal facial.
5. Les cholestéatomes primitifs.
Un amas épidermique congénital (Fig 17) peut être associé à toutes les malformations décrites plus haut. Il a la particularité de ne pas se situer dans l’attique externe mais d’être plus
bas et souvent plus antérieur. Il apparaît en TDM sous la forme d’un amas tissulaire plus ou
moins arrondi au sein d’une cavité tympanique bien aérée.
Figure 17 : Cholestéatome
primitif de la cavité tympanique.
TDM coupe axiale.
1. Cholestéatome primitif.
2. Marteau.
3. Longue apophyse de
l’enclume.
4. Cochlée.
5. Pneumatisation pétreuse
postérieure satisfaisante.
A. ROBIER, F. VEILLON
149
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Aspects cliniques des malformations d'oreille moyenne
Les aplasies majeures
1/ Les aplasies majeures unilatérales
Elles sont rares (1/10 000 à 1/20 000 naissances) et associées à des atteintes variables de
l’oreille externe, allant de l’oreille en cornet à l’anotie et des atteintes du conduit osseux et de
l’oreille moyenne.
Les aplasies majeures unilatérales représentent 70 à 80 % des cas. Elles sont le plus souvent
isolées, sans origine décelable. Moins fréquemment, elles entrent dans le cadre d’une atteinte
pluri-malformative variable, appelée désormais spectre Oculo-Auriculo-Vertébral (ancien
syndrome de Goldenhar) [9]. L'aplasie majeure isolée pourrait représenter une forme localisée du spectre.
Au niveau de l’oreille moyenne, différentes anomalies correspondant à des atteintes du premier et du deuxième arc ont été décrites : aplasie du MAE, dissociation entre la tête et le manubrium du malleus avec anomalie du muscle du malleus, agénésie des branches de l’étrier
(avec reliquat cartilagineux), absence de tendon du muscle, fixation platinaire et anomalies
de la niche de la fenêtre ronde.
Des lésions d’oreille interne ont aussi été décrites. La physiopathologie de cette association
pose de nombreux problèmes : cause génétique improbable, agents extérieurs favorisant un
trouble génétique, toutes causes favorisant une baisse du débit sanguin fœtal et des troubles
de migration de la crête neurale. Il est ainsi proposé que la mutation des gênes Homeobox
et particulièrement de la classe MSX, précédemment citée, puisse aboutir à un fonctionnement partiel des processus impliqués dans la migration de ces structures.
D’une manière générale, les étiologies et la physiopathologie des aplasies majeures unilatérales sont donc hétérogènes et peuvent se retrouver avec des gènes identifiés : syndrome
BOR, Townes-Brocks ou des anomalies du type trisomie 22 ou duplication 22q11-q12.
2/ Les aplasies majeures bilatérales
Elles sont essentiellement représentées pas la Dysostose Mandibulo Faciale ou syndrome de
Treacher Collins (Fig. 18) ou syndrome de Franceschetti et Klein. L’atteinte est bilatérale avec
obliquité des fentes palpébrales, hypoplasie malaire, micrognatie, colobome palpébral inférieur et fente palatine. L’atteinte de l’oreille externe est très fréquente à des degrés variables
comme dans les formes unilatérales. Le méat auditif externe est sténosé ou aplasique et les
malformations ossiculaires sont de tous les types, alors que l’oreille interne est en règle normale.
Il s’agit d’une affection génique de transmission autosomique dominante liée à des mutations
du gène TCOF1 dont la fréquence est de 1/10 000 à 1/ 50 000 [10].
Les Dysostoses Mandibulo-Faciales associées à d'autres atteintes :
On peut observer des atteintes des extrémités comme dans la dysostose acro-faciale de Nager
où les atteintes des extrémités sont représentées par : pouces et radius absents ou hypopla-
150
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 18 : Syndrome de
Treacher Collins.
TDM coupe axiale.
1. Latéralisation d’osselets
malformés.
2. Petite cavité tympanique
remplie de matériel tissulaire
3. Cochlée normale.
4. Latéralisation du marteau
et de l’enclume qui sont partiellement fusionnés.
5. Oreille interne.
siques, pouce dupliqué ou triphalangé, syndactilies ou clinodactylie, synostose radio-cubitale.
On peut aussi observer des atteintes des extrémités avec des malformations anales comme
dans le syndrome de Townes-Brocks.
Les aplasies majeures bilatérales peuvent enfin être associées dans le cadre d’un CHARGE
(Coloboma, Heart disease, choanal Atresia, Retardal development, Genital hypoplasia, Ear abnormalities), d’un syndrome BOR (Fig. 19), des trisomies 8, 13, 18, 21 et du syndrome de Di
George.
Les aplasies mineures
Elles sont rares de 1/ 10 000 à 1/ 20 000 naissances et sont bilatérales dans moins de la moitié
des cas. Elles entrent dans le cadre d’une atteinte familiale dans un peu plus de 10 % des cas.
La surdité de transmission est donc découverte plus ou moins précocement en fonction de l’atteinte uni ou bilatérale et de l’éventuelle association à un syndrome malformatif. Aux petites
anomalies du pavillon vont s’associer des anomalies du méat auditif externe, court, long, rétréci, avec une voussure anormale. Le tympan est souvent de plus petite taille et l’otoscopie peut
retrouver des anomalies du manche du malleus (absence d’apophyse externe par exemple). Le
bilan tomodensitométrique vient confirmer ces aspects cliniques et rechercher des malformations ossiculaires, incudo-malléaires, stapédiennes, des anomalies vasculaires et nerveuses
du rocher ainsi que des anomalies de volume et de pneumatisation de l’oreille moyenne.
La classification la plus fréquemment proposée pour ces malformations est celle de Teunissen et Cremer qui se décline en quatre types [11] :
Type 1 : dysplasie de la fenêtre ovale et/ou de la fenêtre ronde associée ou non à une malformation ossiculaire quel que soit le type.
A. ROBIER, F. VEILLON
151
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 19 a : Syndrome
Branchio-Oto-Rénal.
TDM coupe axiale.
1. Déformation du marteau.
2. Elargissement de la partie.
postérieure du tour basal de
la cochlée au contact de la
fenêtre ronde.
Figure 19 b : Même patient.
TDM coupe axiale sus-jacente à la précédente.
1. Elargissement de l’angle
VII1-VII2.
2. Allongement de la portion labyrinthique du canal
facial.
3. Méat acoustique interne.
4. Allongement du canal du
nerf ampullaire postérieur.
5. Ampoule postérieure.
6. Vestibule.
7. Cavité tympanique.
8. Tête du marteau.
9. Canal facial tympanique.
Type 2 : platine fixée
2a – isolée ou associée à une malformation du stapes
2b – associée a une malformation de l’incus et/ou du malleus
Type 3 : platine mobile associée à une malformation d’un ou plusieurs osselets : malleus,
incus, stapes, sous forme d’une disjonction, d’une agénésie ou d’une fixation.
Type 4 : malformations complexes associées à des anomalies extra-ossiculaires, nerveuses
ou vasculaires.
Si cette classification a l’avantage de poser la question de l’ankylose stapédo-vestibulaire d’origine malformative, elle ne permet pas de décrire les différents éléments pouvant composer
152
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
des anomalies complexes. Il faut aussi noter que des anomalies isolées comme la déhiscence
du dôme de la jugulaire dans la caisse, malposition de la carotide ou du nerf facial, peuvent
provoquer à eux seuls une surdité de transmission.
Ces éléments imposent de décrire les aspects radiologiques de ces différentes anomalies élémentaires qui peuvent être associées, de façon plus ou moins complexe.
Ostéogenèse imparfaite [12]
L’ostéogènèse imparfaite est due à une anomalie de la synthèse du collagène de type 1. La
prévalence est de 5/1 000 naissances. La maladie s’exprime en 4 types qui cliniquement ont
en commun un élément clinique essentiel, la fragilité osseuse.
Le type I, autosomique dominant se manifeste par des fractures survenant avant la puberté
et des sclérotiques bleues et souvent une perte auditive.
Le type IV associe les mêmes signes mais à des degrés moindres. Le type II est létal du fait de l’importance des lésions osseuses. Le type III qui est de transmission autosomique récessive, associe un
faciès triangulaire, une petite taille avec déformation des os longs et de la colonne vertébrale.
La surdité est mixte ou de transmission en rapport avec une malformation isolée du stapes
ou des lésions de dystrophie de la capsule otique [Fig 20] ou les deux associées.
Figure 20 : Ostéogénèse imparfaite. TDM coupe axiale.
1. Cochlée.
2. Otospongiose atteignant les trois couches externe, moyenne et interne de la capsule labyrinthique
antérieure.
3. Cavité tympanique.
A. ROBIER, F. VEILLON
153
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Ostéopétrose (Maladie d’Albers Schönberg) [13]
Les lésions osseuses sont caractérisées par une augmentation de la densité osseuse en rapport
avec un trouble de résorption du cartilage et de l’os primitif entraînant une perturbation de
la constitution de l’os adulte. La forme récessive grave est létale, la forme dominante est souvent découverte à la puberté ou à l’âge adulte. Les lésions d’oreille moyenne associent des
anomalies de densité du stapes, du malleus et de l’incus, avec petite caisse du tympan et absence de pneumatisation de l’antre (Fig. 21).
Figure 21 : Ostéopétrose.
TDM coupe axiale.
Ostéosclérose de l’ensemble
de la base du crâne.
154
SURDITÉ
Références
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Références
[1]
Veillon F, Philippe H, Boujat P, Bintner M. Malformations de l’os temporal. In Imagerie de l’oreille (TDM
et IRM) Veillon F. Ed. Flammarion, Paris 1991, p 203-242.
[2]
Caruso P.A., Smullen J.F., Liu R, Cunnan M.B., Curtin H.D. Temporal bone imaging technique. In
Imaging of the temporal bone. Swartz J.D., Loevner L.A., ieme 4th Edition 2009, p 1-24.
[3]
Teissier N., Benchaa T., Elmaleh M., Van den Abbeele T. Malformation congénitale de l’oreille externe et
de l’oreille moyenne. EMC Oto-Rhino-Laryngologie [20-055-A-10].
[4]
Veillon F, Riehm S, Emachescu B, Haba D, Roedlich MN, Greget M, Tongio J. Imaging of the windows
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Booth TN, Vezina LG, Karcher G, Dubovsky EC. Imaging and clinical evaluation of isolated atresia of the
oval window. AJNR Am J Neuroradiol. 2000 Jan;21(1):171-4.
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[9]
Scholtz AW, Fish JH 3rd, Kammen-Jolly K, Ichiki H, Hussl B, Kreczy A, Schrott-Fischer A. Goldenhar’s
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Histopathologic Study. Otol Neurotol. 2001 Jul;22(4):501-5.
[10] Dixon J, Dixon MJ. Genetic Background Has a Major Effect on the Penetrance and Severity of Craniofacial
Defects in Mice Heterozygous for the Gene Encoding the Nucleolar Protein Treacle. Dev Dyn. 2004
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[11] Teunissen B, Cremers CWRJ. Classification of congenital middle ear anomalies, report of 144 ears. Ann
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2000 Sep-Oct;71(1-2):225-32.
[13] Stark Z, Savarirayan R. Osteopetrosis. Orphanet J Rare Dis. 2009 Feb 20;4:5.
Mots-clés :
Carotid Artery, Internal
Ear Canal
Ear Ossicles
Facial Nerve
Hearing Loss, Conductive
Incus (enclume)
Jugular Veins
Malleus (Marteau)
Stapes (étrier)
Tympanic Membrane
A. ROBIER, F. VEILLON
155
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
156
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
VI-1-1-4
Surdité de transmission et mixte à tympan
pathologique
Surdité de transmission à tympan fermé
Otite séreuse et séromuqueuse
L’otite séreuse ou séro-muqueuse (OSM) est définie par un état inflammatoire chronique
(durée d’évolution > 3 mois) des cavités tympano-mastoïdiennes, accompagné d’une collection liquidienne sans signe ni symptôme d’infection aiguë, évoluant derrière un tympan
fermé [1].
L’OSM est une pathologie extrêmement fréquente chez l’enfant, mais peut également être
observée chez l’adulte. Il convient de distinguer ces deux entités car les problèmes posés ne
sont pas les mêmes.
OSM de l’enfant
> Situation clinique
Il s’agit d’une pathologie extrêmement fréquente, bilatérale dans l’immense majorité des cas,
et spontanément résolutive dans près de 90 % des cas [1,2].
De ce fait la place de l’imagerie est extrêmement limitée chez l’enfant présentant une OSM
bilatérale.
> Objectifs et indications de l’imagerie
L’imagerie est indiquée dans certaines situations atypiques où une pathologie sous-jacente
peut être suspectée comme étant à l’origine de l’OSM ou responsable d’un tableau mimant
une OSM :
- OSM unilatérale traînante faisant suspecter une pathologie tumorale de la trompe auditive, du rhinopharynx ou de la base du crâne (tumeur embryonnaire, lymphome, sarcome,
histiocytose langhéransienne, angiofibrome nasopharyngien, lésion tumorale ou infectieuse
de l’apex pétreux…),
- Situation atypique lors d’une myringotomie pour insertion d’aérateur transtympanique (aspiration de squames épidermiques, paralysie faciale, hémorragie…),
- Absence d’amélioration auditive après aération de l’oreille, faisant suspecter une atteinte
congénitale ou acquise de la chaîne ossiculaire.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
157
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
> Quelle imagerie ?
Dans les rares situations où une imagerie est indiquée devant une OSM de l’enfant, on fera
pratiquer en première intention une TDM du rocher centrée sur l’oreille moyenne et la mastoïde avec reconstruction de l’ensemble de la base du crâne et du cavum.
En fonction du tableau clinique et radiologique, l’examen TDM pourra être complété par
une IRM du cavum et de la base du crâne avec injection de gadolinium.
OSM de l’adulte
> Situation clinique
L’OSM est une situation plus rare pouvant accompagner de nombreuses pathologies, parfois
graves [3-6]. Une fois le diagnostic porté par l’examen clinique et éventuellement audio-impédancemétrique, il est recommandé d’engager un bilan étiologique, en particulier en cas
d’OSM unilatérale.
La constatation d’une OSM unilatérale chez l’adulte impose de rechercher en première intention une tumeur rhinopharyngée, par un examen endoscopique des fosses nasales et du
cavum. La réalisation de biopsies multiples du cavum, en l’absence de lésion identifiée n’a pas
fait la preuve de son intérêt [4].
> Objectifs et indications de l’imagerie
En cas d’identification d’un processus expansif du cavum, un bilan d’imagerie centré sur le
cavum et la base du crâne permettra de préciser les rapports et extensions de celui-ci.
En l’absence de lésion du cavum à l’examen endoscopique nasopharyngé ou de contexte
rhino-pharyngé évident pour expliquer cette OSM, il est souhaitable d’effectuer un bilan
d’imagerie assez large permettant d’explorer le cavum, la base du crâne et les cavités tympano-mastoïdiennes.
> Quelle imagerie ?
En cas d’identification d’un processus expansif nasopharyngé, un bilan d’imagerie centré sur
le cavum et la base du crâne, permettra de préciser les rapports et extensions de celui-ci.
TDM et IRM se complètent parfaitement pour analyser les atteintes osseuses et tissulaires du
cavum, de la base du crâne, voire les extensions intra-crâniennes.
En l’absence de lésion nasopharyngée visible, on peut effectuer en première intention un
scanner du cavum, de la base du crâne et des cavités tympano-mastoïdiennes (en constantes
osseuses et en constantes parties molles avec injection de contraste). Cet examen détectera
un processus ostéolytique ou ostéocondensant des cavités tympano-mastoïdiennes ou de la
base du crâne. La partie postéro-latérale de la base et l’apex pétreux feront l’objet d’une analyse soigneuse [3,6]. L’IRM complète ces données et précise les caractéristiques d’une lésion
identifiée par la TDM. Elle permet en outre de mettre en évidence une lésion purement tissulaire en cas de négativité du scanner [7].
> Comment formuler la demande ?
Dans cette situation, la communication entre le radiologue et le clinicien paraît essentielle
pour optimiser les résultats de cette enquête étiologique.
Il est recommandé de détailler la demande pour orienter le radiologue (en particulier vers
la recherche d’une lésion tumorale), voire d’entrer en contact avec le radiologue.
158
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
> Sémiologie radiologique
L’épanchement séreux ou séromuqueux de l’oreille moyenne ou des cavités mastoïdiennes
apparaît au scanner comme une opacité liquidienne ou tissulaire non spécifique, plus ou
moins étendue, pouvant présenter un niveau liquide évocateur et n’entraînant pas de lyse osseuse de voisinage si l’OSM est isolée.
En dehors des tumeurs du rhinopharynx et des affections rhinosinusiennes volontairement
non détaillées dans ce chapitre, d’autres affections peuvent être responsables d’une OSM de
l’adulte :
- Maladies systémiques et vascularites (Maladie de Wegener): dans ces cas, l’imagerie montre un tableau d’OSM non spécifique, et le diagnostic sera porté sur un faisceau d’arguments
cliniques, biologiques et radiologiques
- Méningiomes de la fosse temporale (Fig. 1) : ils sont volontiers responsables d’un tableau
d’OSM. Les opacités des cavités tympano-mastoïdiennes visualisées au scanner peuvent être
en rapport avec un épanchement séromuqueux ou avec un envahissement méningiomateux
de l’oreille moyenne ou de la mastoïde. L’aspect TDM est très caractéristique lorsqu’il montre la triade suivante : comblement non spécifique des cavités tympano-mastoïdiennes, hyperostose condensante de l’os temporal pouvant s’étendre aux structures osseuses de
voisinage, aspect chevelu ou crénelé des berges de l’os pathologique. L’IRM avec injection de
gadolinium permettra de confirmer le diagnostic de méningiome et de préciser ses extensions intra et extra-crâniennes.
Figure 1 : tableau d’OSM gauche traînante; scanner en coupe axiale (a) et coronale (b) montrant un comblement non spécifique des cavités tympano-mastoïdiennes avec hyperostose temporale d’aspect strié, à bords hérissés évoquant un méningiome, que viendra confirmer l’IRM (c et d) avec un aspect de méningiome en plaque.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
159
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Tumeurs de l’apex pétreux : les affections de l’apex pétreux sont volontiers responsables
d’une OSM réactionnelle, qui peut en être la manifestation initiale. Les principales lésions de
l’apex pétreux sont les granulomes à cholestérine (Fig. 2), les cholestéatomes de l’apex pétreux
(Fig. 3), les chondrosarcomes (Fig. 4), les métastases. Le scanner montre une lésion lytique
intra-osseuse dont les contours sont plus ou moins nets en fonction de l’étiologie. Mais c’est
surtout l’IRM qui permet dans la majorité des cas de préciser le diagnostic étiologique (se reporter au chapitre relatif aux pathologies de la base du crâne).
Figure 2 : tableau
d’OSM droite traînante chez un adulte
jeune; le scanner
sans injection montre une image lytique intra-osseuse
de l’apex pétreux
droit (une IRM complémentaire permettra de porter le
diagnostic de granulome à cholestérine
de l’apex pétreux).
Figure 3 : kyste épidermoïde
de l'apex pétreux ; a, b. Coupes
TDM axiale et coronale : lésion
ostéolytique à bords $ous, avec
destruction des parois du MAI
et épanchement liquidien déclive de la caisse et de la mastoïde ; c. Coupe IRM axiale
pondérée T1 sans contraste : signal de la lésion intermédiaire
entre celui du parenchyme cérébral et celui du LCS (à noter
l’hypersignal spontané de
l’apex pétreux droit en rapport
avec un foyer d’os spongieux
anatomique); d. Coupe IRM
axiale pondérée FLAIR : aspect
caractéristique de la lésion, hyperintense et hétérogène. (NB:
hypersignal en séquence de
diffusion, absence de rehaussement en pondération T1 après
injection de contraste).
160
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 4 : chondrosarcome de l’apex pétreux ; a. Coupe TDM axiale sans injection : lésion ostéolytique à bords irréguliers
de la partie inféro-médiale du massif pétreux, à proximité de la synchondrose pétro-occipitale ; b. Coupe IRM axiale pondérée T2 avec suppression du signal de la graisse : la lésion est polylobée, hyperintense et hétérogène en T2.
- Epanchement de liquide cérébro-spinal et méningocèle ou méningoencéphalocèle spontanés [8] : les épanchements spontanés de liquide cérébro-spinal (LCS) sont rares mais doivent
être connus car ils se présentent volontiers comme une OSM. C’est d’ailleurs parfois lors
d’une myringotomie que le diagnostic sera évoqué. Le bilan d’imagerie par scanner de cette
pseudo-OSM traînante permet le plus souvent d’évoquer le diagnostic en montrant un comblement non spécifique des cavités tympano-mastoïdiennes associé à un ou plusieurs défects du tegmen, ou une masse tissulaire au contact d’une zone d’érosion osseuse du tegmen.
L’IRM complétera le bilan scannographique et permettra de porter le diagnostic de méningocèle ou de méningoencéphalocèle.
Otite fibro-adhésive
> Situation clinique
L’otite fibro-adhésive est une forme d’otite moyenne chronique caractérisée par le comblement de la caisse du tympan (cavum tympanique) par un processus fibro-inflammatoire [9].
> Objectifs et indications de l’imagerie
L’imagerie n’est habituellement pas indiquée dans cette forme clinique d’otite chronique, sauf
en cas de cholestéatome associé.
Tympanosclérose
> Situation clinique
La tympanosclérose peut se définir comme un processus de cicatrisation caractérisé par une
infiltration hyaline avec dépôts calcaires intra et extracellulaires et de cristaux de phosphate
dans le tissu conjonctif sous-muqueux tapissant les osselets, les parois osseuses et la couche
moyenne de la membrane tympanique [9]. Il peut s’agir d’un processus séquellaire et stable
ou évolutif.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
161
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
> Objectifs et indications de l’imagerie
La principale indication de l’imagerie est représentée par l’existence d’une surdité de transmission ou mixte importante faisant suspecter une atteinte de la chaîne ossiculaire.
> Quelle imagerie ?
Lorsque l’imagerie est indiquée, le scanner sans injection est l’examen de choix. Il a pour objectif d’évaluer l’état de la chaîne ossiculaire, le degré d’aération des cavités de l’oreille
moyenne et de rechercher des foyers de tympanosclérose dont le siège pourra orienter l’ORL
dans les choix thérapeutiques de réhabilitation auditive à proposer au patient [10,11].
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique et d’expliquer la motivation principale de l’examen d’imagerie, à savoir la recherche d’une explication à l’importance de l’hypoacousie (état de la chaîne ossiculaire, foyers de tympanosclérose, état d’aération des cavités
de l’oreille moyenne).
> Comment réaliser l’examen ?
L’analyse radiologique de la chaîne ossiculaire fera appel à des reconstructions multiplanaires
et, pour certains auteurs, à des reconstructions en 3 dimensions bien que cette technique soit
encore soumise à controverses [11-13].
> Sémiologie radiologique
Les lésions de tympanosclérose se présentent au scanner comme des masses calcifiées, mais
moins denses que l’os cortical de la mastoïde, situées au niveau de la membrane tympanique
ou des cavités tympano-mastoïdiennes, pouvant réaliser de véritables ponts osseux entre les
osselets et les parois de l’oreille moyenne (Fig. 5).
Figure 5 : scanner sans injection en coupes axiale et coronale; tympanosclérose épitympanique droite (noter la sclérose
mastoïdienne témoignant des antécédents otitiques).
162
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Que retenir ?
Surdité de transmission et mixte à tympan pathologique fermé.
Le recours à l’imagerie est exceptionnel en cas d’OSM chez l’enfant.
Les indications de l’imagerie sont beaucoup plus larges en cas d’OSM chez l’adulte
- bilan d’extension d’une tumeur du cavum (TDM et IRM)
- bilan étiologique d’une OSM sans cause identifiée à l’examen ORL, surtout si elle est unilatérale et résistante à un traitement bien conduit (TDM +/- IRM)
L’otite fibro-adhésive ne nécessite habituellement aucune imagerie (sauf en cas d’association
ou de diagnostic hésitant avec un cholestéatome)
En cas de tympanosclérose, l’imagerie (TDM) peut permettre d’identifier la ou les causes
d’une surdité de transmission ou mixte importante par atteinte de la chaîne ossiculaire.
Surdité de transmission et mixte à tympan ouvert
Séquelles d’otite moyenne chronique
> Situation clinique
Il s’agit d’états séquellaires, c’est à dire fixés et non évolutifs, secondaires à l’évolution de processus otitiques (qui ne sont plus actifs au stade de séquelles). Ces séquelles d’otites chroniques sont essentiellement représentées par les perforations tympaniques (classiquement
sèches et non productives en dehors d’épisodes infectieux d’origine exogène) et/ou les atteintes séquellaires de la chaîne ossiculaire, à type d’interruption de la chaîne par lyse ossiculaire ou d’ankylose de toute ou partie de la chaîne des osselets.
La décision de traitement chirurgical, dont les objectifs sont d’assurer l’étanchéité de l’oreille
moyenne et/ou d’améliorer l’audition, dépend essentiellement de critères cliniques et audiométriques [9].
> Objectifs et indications de l’imagerie
La place de l’imagerie est relativement limitée.
En cas d’hypoacousie importante, faisant suspecter une atteinte de la chaîne ossiculaire non
accessible à l’examen otoscopique (il est parfois possible de visualiser une lyse de la longue
apophyse de l’enclume ou de la superstructure de l’étrier ou des plaques de tympanosclérose
envahissant la fosse ovale au travers d’une perforation tympanique), l’imagerie peut aider le
chirurgien à préciser le type et le siège de l’atteinte ossiculaire [11,12,14].
> Quelle imagerie ?
Lorsque l’imagerie est indiquée, le scanner sans injection est l’examen de choix.
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique et d’expliquer la motivation principale de l’examen d’imagerie à savoir la recherche d’une explication à l’importance de l’hypoacousie.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
163
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
> Comment réaliser l’examen ?
L’analyse radiologique de la chaîne ossiculaire fera appel à des reconstructions multiplanaires
[11-13].
> Sémiologie radiologique
Le scanner peut montrer un comblement plus ou moins étendu des cavités tympano-mastoïdiennes, pouvant englober la chaîne ossiculaire et expliquer une hypoacousie importante,
même si la chaîne est complète (Fig. 6). Dans le cadre des otites chroniques non cholestéatomateuses, ce comblement des cavités tympano-mastoïdiennes est lié à un épanchement
séreux ou séromuqueux, ou à une hyperplasie muqueuse avec réaction fibro-inflammatoire.
Si le comblement est partiel, on peut parfois observer un niveau liquide ou des limites
concaves (alors qu’en cas de cholestéatome, les bords de l’opacité sont souvent festonnés et
convexes).
Le scanner cherche également à objectiver l’état de la chaîne ossiculaire. Il est souvent utile
de comparer avec le côté opposé, d’autant plus que celui-ci est sain. On peut mettre en évidence une érosion plus ou moins étendue d’un ou plusieurs osselets. Par ordre de fréquence
décroissante, la lyse ossiculaire atteint l’enclume, en particulier la longue apophyse (Fig. 7),
puis la superstructure de l’étrier et enfin le marteau.
Le scanner peut également objectiver des signes de fixation de la chaîne ossiculaire, bien que
la corrélation radio-chirurgicale ne soit pas toujours formelle : pont osseux ou tympanosclérotique entre les parois de l’épitympan et la tête du marteau ou l’enclume (Fig. 8), image
de trop bel étrier (Fig. 9)
Otite chronique muqueuse à tympan ouvert
> Situation clinique
Elle se caractérise par un état inflammatoire chronique de la muqueuse des cavités tympanomastoïdiennes, avec otorrhée survenant au travers d’une perforation tympanique [9].
Cette forme d’otite chronique se manifeste par une otorrhée chronique et par une hypoacousie de transmission ou mixte plus ou moins importante. Il s’agit d’une otite chronique
non dangereuse, ne risquant pas d’évoluer vers un cholestéatome (mais pouvant s’accompagner d’une épidermose malléaire).
Le traitement de l’otite muqueuse à tympan ouvert est avant tout médical dans le but de
transformer cette otite chronique active en otite séquellaire. La chirurgie s’adresse aux formes
rebelles ou aux otites muqueuses avec épidermose mésotympanique.
> Objectifs et indications de l’imagerie
Le scanner connaît une place limitée dans le bilan des otites muqueuses à tympan ouvert.
En cas d’hypoacousie importante, faisant suspecter une atteinte de la chaîne ossiculaire non
accessible à l’examen otoscopique (il est parfois possible de visualiser une lyse de la longue
apophyse de l’enclume ou de la superstructure de l’étrier ou des plaques de tympanosclérose
envahissant la fosse ovale au travers d’une perforation tympanique), l’imagerie peut aider le
chirurgien à préciser le type et le siège de l’atteinte ossiculaire [11,12,14].
164
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 6 : scanner sans injection (oreille
droite); comblement non spécifique des
cavités tympano-mastoïdiennes englobant la chaîne ossiculaire.
Figure 7 : coupes TDM axiales comparatives centrées sur la partie inférieure de la chaîne ossiculaire ; a. Ostéolyse de la
longue apophyse de l’incus : aucune structure osseuse visible en regard de la tête de l’étrier ; b. Image comparative normale : longue apophyse de l’incus ($èche) et articulation incudo-stapédienne bien visualisées.
Figure 8 : hypoacousie de transmission
droite à tympan fermé avec plages de
myringosclérose à l’examen otoscopique,
scanner sans injection en coupe axiale,
ankylose de la tête du malleus à la paroi
épitympanique.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
165
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 9 : scanner de l’oreille droite sans injection montrant un aspect de « trop bel étrier »
faisant indirectement suspecter une ankylose
du stapes.
> Quelle imagerie ?
Lorsque l’imagerie est indiquée, le scanner sans injection est l’examen de choix.
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique et d’expliquer la motivation principale de l’examen d’imagerie à savoir la recherche d’une explication à l’importance de l’hypoacousie.
> Comment réaliser l’examen ?
L’analyse radiologique de la chaîne ossiculaire fera appel à des reconstructions multiplanaires
[11,12,14].
Que retenir ?
Surdité de transmission et mixte à tympan ouvert : séquelles d’otite moyenne chronique et
otite chronique muqueuse à tympan ouvert.
Le recours à l’imagerie peut être envisagé lorsque la surdité est importante.
L’imagerie (TDM) peut permettre d’identifier la ou les causes d’une surdité de transmission
ou mixte importante par atteinte de la chaîne ossiculaire.
Otite atélectasique et poches de rétraction tympanique
> Situation clinique
L’otite atélectasique se caractérise par une rétraction plus ou moins étendue de la membrane
tympanique au sein des cavités mésotympaniques et/ou épitympaniques [9]. Certaines
poches de rétraction représentent, de par leur localisation ou leur profil évolutif, de véritables états pré-cholestéatomateux, réclamant de ce fait un bilan d’extension et une prise en
charge thérapeutique adaptée.
166
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Les critères de gravité d’une poche de rétraction tympanique ont été établis par de nombreux
auteurs [15,16] : poche de rétraction non contrôlable à l’examen otoscopique, poche de rétraction otorrhéïque, poche de rétraction siège d'une desquamation avec rétention de
squames épidermiques ou cérumino-épidermiques, poche de rétraction évolutive lors d’examens otoscopiques successifs.
Les critères sus-cités conduisent habituellement à porter une indication chirurgicale de tympanoplastie de renforcement.
> Objectifs et indications de l’imagerie :
Le bilan d’imagerie est indiqué en cas de poche de rétraction présentant un ou plusieurs des
critères de gravité sus-cités (non contrôlable et/ou otorrhéïque et/ou desquamante et/ou évolutive).
On peut également avoir recours à l’imagerie en cas de poche de rétraction associée à une surdité de transmission ou mixte importante pour tenter de préciser le statut de la chaîne ossiculaire.
> Quelle imagerie ?
Lorsque l’imagerie est indiquée, le scanner sans injection est l’examen de choix.
La tomodensitométrie de l’oreille sera réalisée en pré-opératoire afin de tenter de distinguer
une poche évolutive pré-cholestéatomateuse d’un véritable cholestéatome constitué.
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique et d’expliquer les principaux objectifs de l’examen d’imagerie, à savoir la recherche d’arguments en faveur d’un cholestéatome
constitué (et, le cas échéant, d’en préciser les extensions ou les complications).
Que retenir ?
Otite atélectasique et poche de rétraction tympanique
L’imagerie (TDM) est indiquée en cas de poche de rétraction dangereuse (non contrôlable,
desquamante, otorrhéïque, évolutive) pour tenter de différencier un état pré-cholestéatomateux, d’un cholestéatome constitué.
L’imagerie (TDM) peut également permettre d’identifier la ou les causes d’une surdité de
transmission ou mixte importante par atteinte de la chaîne ossiculaire.
Cholestéatome de l’oreille moyenne
Cholestéatome non opéré
L’item « imagerie du cholestéatome non opéré » fait l’objet d’une recommandation émise par
la SFORL (représentée par l’AFON) et par la SFR (représentée par le CIREOL)
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
167
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
> Situation clinique
Le cholestéatome de l’oreille moyenne est une otite chronique qualifiée de dangereuse en raison des risques évolutifs de complications potentiellement graves, justifiant pleinement le
recours exclusif à un traitement chirurgical [17]. Le cholestéatome de l’oreille moyenne est
habituellement défini par la présence d’un épithélium malpighien se développant au sein des
cavités de l’oreille moyenne et/ou de la mastoïde.
L’imagerie moderne occupe actuellement une place prépondérante dans la prise en charge
préopératoire et postopératoire des cholestéatomes de l’oreille moyenne [10,11,17,18].
> Objectifs et indications de l’imagerie
L’analyse bibliographique concernant l’intérêt d’un scanner dans le bilan préopératoire d’un
cholestéatome a été effectuée en suivant les recommandations du GRADE Working Group
[19]. Elle n’a pas permis d’isoler d’articles de niveaux de preuves « élevé ou modéré ». Nous
n’avons pas retrouvé d’études comportant de grandes cohortes analysées de façon prospective et comparative. En outre, de nombreux articles datant de plus de 10-15 ans peuvent être
considérés comme obsolètes, en raison des progrès technologiques observés ces dernières
années.
La majorité des articles récents préconise la réalisation d’un scanner lors du bilan préopératoire d’un cholestéatome de l’oreille moyenne [11,14,17,18,20-24]. Bien que ces articles pris
séparément offrent des niveaux de preuve faible ou très faible dans les classifications usuelles,
la convergence des conclusions de chaque article confère à l’item « intérêt du scanner systématique dans le bilan préopratoire d’un cholestéatome » un niveau de preuve nettement plus
important. De plus, les experts du groupe de travail du présent rapport et de la présente recommandation, considèrent qu’un scanner des rochers sans injection doit faire partie du
bilan préopératoire systématique d’un cholestéatome de l’oreille moyenne.
En pré-opératoire, la réalisation d’un bilan d’imagerie est recommandée de façon systématique, pour préciser les extensions du cholestéatome, dépister d’éventuelles complications,
apprécier l’anatomie des cavités tympano-mastoïdiennes (en particulier les variantes à risque
chirurgical) et conforter le diagnostic dans les rares cas où l’examen otoscopique n’a pas permis de trancher [14,17,18,21-24].
> Quelle imagerie ?
Dans le cadre du bilan initial d’un cholestéatome de l’oreille moyenne, le scanner sans injection est l’examen de choix.
L’IRM peut parfois être utile pour compléter les données du scanner dans certaines indications limitées (cf infra).
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique (le diagnostic de cholestéatome est habituellement porté par le médecin ORL lors de l’examen otoscopique) et de préciser les principales attentes du chirurgien (extensions, complications, anatomie).
168
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
> Comment réaliser l’examen ?
La TDM est recommandée lors du bilan initial d’un cholestéatome de l’oreille moyenne. On
réalise un scanner haute résolution en coupes fines avec acquisition hélicoïdale et sans injection de produit de contraste.
> Sémiologie radiologique
Le diagnostic positif de cholestéatome repose dans la majorité des cas sur l’examen otoscopique et non sur le bilan d’imagerie. L’imagerie peut néanmoins conforter le diagnostic en cas
de présentation atypique et représente un examen essentiel dans le diagnostic de cholestéatome à tympan fermé.
Les deux signes cardinaux d’un cholestéatome au scanner sont la présence d’une masse tissulaire classiquement nodulaire, volontiers associée à des zones d’ostéolyse de voisinage (ces
zones d’ostéolyse traduisent déjà des complications du cholestéatome et seront détaillées un
peu plus loin).
La masse des cavités tympano-mastoïdiennes est de densité tissulaire, homogène et non calcifiée (Fig. 10). Elle est habituellement de forme nodulaire, à contours arrondis convexes, polycycliques ou festonnés. Les contours de cette opacité ne sont visibles que s’il persiste une
aération péri-lésionnelle. L’analyse des contours de la masse n’est donc pas possible en cas de
comblement total de la cavité tympano-mastoïdienne. La lésion, en particulier lorsqu’elle atteint l’attique externe, peut exercer un effet de masse sur la chaîne ossiculaire et notamment
sur le bloc incudo-malléaire qui apparaît refoulé en dedans (Fig. 11).
Figure 10 : scanner de l’oreille
droite en coupe coronale; opacité
tissulaire épitympanique externe et
interne, contours polylobés, entourant les osselets et ayant entraîné
une lyse de la partie distale de la
paroi épitympanique externe (mur
de la logette), très évocatrice d’un
cholestéatome.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
169
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 11 : scanner de l’oreille
gauche en coupe coronale demandé chez un patient présentant
une atticite cholestéatomateuse;
on visualise une opacité nodulaire
de densité tissulaire responsable
d’une lyse de la partie distale de la
paroi épitympanique externe et
exerçant un effet de masse sur le
malleus qui apparaît refoulé en dedans.
Le scanner permet souvent de préciser les extensions du cholestéatome, en particulier
lorsqu’on retrouve un comblement limité des cavités tympano-mastoïdiennes. L’analyse est
plus difficile en cas de comblement diffus des cavités de l’oreille moyenne, car le scanner ne
permet pas de distinguer de façon fiable, au sein de l’opacité tissulaire, la part liée au cholestéatome et celle due à la réaction inflammatoire de voisinage qui accompagne fréquemment
cette pathologie [21,25-27].
La tomodensitométrie est l’examen de choix pour identifier les zones d’ostéolyse et dépister
les principales complications liées au cholestéatome :
- érosion de la paroi externe de l’épitympan (classique lyse du mur de la logette) est un signe
précoce et fréquemment rencontrée dans la pathologie cholestéatomateuse (Fig. 10 et 11). De
même, dans sa localisation mastoïdienne, le cholestéatome entraîne une disparition de la
trabéculation des cellules mastoïdiennes.
- atteinte de la chaîne ossiculaire, allant de la lyse partielle (en particulier de la longue apophyse de l’enclume) à la disparition de toute structure ossiculaire.
- atteinte des structures labyrinthiques, touchant avec prédilection le canal semi-circulaire latéral, ou plus rarement le canal postérieur ou le canal antérieur ou la cochlée (Fig. 12 et 13).
L’IRM peut compléter les données du scanner lorsqu’on suspecte une extension intralabyrinthique. Dans ce cas, l’IRM objective une oblitération des liquides labyrinthiques sur les
coupes infra-millimétriques en pondération T2 en regard de la zone de déhiscence osseuse,
par un tissu non rehaussé après injection de contraste en pondération T1 [28].
- analyse de la coque osseuse du canal facial dans l’une de ses 3 portions (Fig. 14), bien que
l’analyse radiologique de la coque osseuse du canal facial, en particulier dans sa portion tympanique, soit parfois soumise à des difficultés d’interprétation [20,21,25]. Lorsque l’analyse
radiologique de la coque osseuse du canal facial est difficilement interprétable, l’otologiste
devra être particulièrement vigilant en cas de fistule labyrinthique, car il a été montré que l’as-
170
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 : scanner de l’oreille droite montrant une fistule du canal semicirculaire latéral (a: coupe axiale, b: coupe coronale, c: vue peropératoire).
Figure 13 : scanner de l’oreille gauche montrant une fistule cochléaire au niveau du tour basal de la cochlée (a: coupe coronale permettant également d’identifier une fistule du canal semicirculaire latéral avec absence de visualisation de la portion tympanique du canal facial, b: coupe axiale).
Figure 14 : différents types d’atteintes du canal facial en cas de cholestéatome (a: portion tympanique, b: portion mastoïdienne, c: portion
labyrinthique).
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
171
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
sociation d’une déhiscence du canal facial et d’une fistule labyrinthique était significativement plus fréquente [23,29]
- analyse du tegmen ou de la coque osseuse du sinus sigmoïde (Fig. 15). L’IRM doit compléter la TDM en cas de suspicion de complication infectieuse méningo-encéphalique ou d’extension intracrânienne ou de thrombose du sinus sigmoïde [7]. En fonction du tableau
clinique, on proposera une angio-IRM veineuse afin de mettre en évidence une thrombose
du sinus sigmoïde. La détection d'un abcès cérébral localisé au lobe temporal, en regard d'une
lyse du tegmen comportera, outre les séquences "classiques" (T1 sans et avec injection de gadolinium, FLAIR, T2), une séquence de diffusion (qui permet, dans certains cas douteux, de
distinguer un abcès cérébral d'une tumeur nécrotique).
Le scanner sera également fort utile pour préciser l’anatomie des cavités tympano-mastoïdiennes. Le volume et la pneumatisation de la mastoïde peuvent intervenir directement sur
le choix de la technique opératoire [17,18,21,22,30]. Enfin, certaines variantes anatomiques
sont à rechercher et à dépister systématiquement sur le bilan d’imagerie préopératoire car
elles peuvent exposer à des risques opératoires supplémentaires : sinus sigmoïde superficiel
ou procident, tegmen procident, procidence du canal facial dans sa portion tympanique ou
variation du trajet de sa portion mastoïdienne, procidence et/ou déhiscence de la coque osseuse du golfe de la jugulaire ou de la carotide intrapétreuse [11,14,31].
A l’issue du bilan pré-opératoire, les données de l’examen clinique, de l’audiométrie et du
bilan d’imagerie permettront à l’otologiste de conforter le diagnostic de cholestéatome, de
dépister les principales complications et de planifier l’attitude chirurgicale la plus adaptée
aux extensions lésionnelles et à la conformation anatomique du patient.
Recommandation SFORL- SFR : imagerie du cholestéatome non opéré
Tout cholestéatome de l’oreille moyenne, diagnostiqué ou suspecté à l’examen clinique, impose la réalisation d’un bilan d’imagerie.
L’examen de première intention est le scanner sans injection.
Le scanner permet au clinicien :
- d’apporter des arguments en faveur du diagnostic de cholestéatome,
- de rechercher des complications ostéïtiques (labyrinthe osseux, canal facial, tegmen, sinus
sigmoïde, chaîne ossiculaire),
- d’apporter des précisions sur l’extension du cholestéatome,
- d’évaluer la conformation anatomique des cavités de l’oreille moyenne et de la mastoïde.
En fonction du tableau clinique et scannographique, le bilan pourra être complété par une
IRM voire une angio-IRM : large fistule labyrinthique, érosion du tegmen avec suspicion de
méningocèle ou d’extension intracrânienne du cholestéatome, complication neuro-méningée.
Le bilan d’imagerie, et particulièrement le scanner sans injection, fait partie du bilan préopératoire systématique d’un cholestéatome de l’oreille moyenne, et participe directement à
l’élaboration de la stratégie thérapeutique.
172
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 15 : cholestéatome iatrogène de l’oreille droite; a. coupe coronale objectivant une lyse du tegmen ($èche noire);
b. érosion de la coque osseuse du sinus sigmoïde visible en coupe axiale ($èche blanche).
Cholestéatome opéré
En postopératoire, la surveillance du cholestéatome opéré a également grandement bénéficié des progrès de l’imagerie moderne, avec le scanner et parfois l’IRM, permettant de mieux
cerner les indications de révision chirurgicale [32,33].
Le principal intérêt de l’imagerie postopératoire est représenté par la surveillance évolutive
de la pathologie cholestéatomateuse, et en particulier par le dépistage non invasif d’un cholestéatome résiduel.
L’imagerie présente également un intérêt pour identifier la cause d’une hypoacousie postopératoire non expliquée par l’histoire clinique, qu’elle soit de transmission ou de perception [11,32,34].
Surveillance de la pathologie cholestéatomateuse
> Situation clinique
La surveillance évolutive d’un cholestéatome opéré a essentiellement pour but de dépister une
lésion résiduelle ou récidivante.
La récidive cholestéatomateuse est le plus souvent secondaire à une migration épidermique
à partir d’une perforation tympanique ou à la récidive d’une poche de rétraction. L’examen
otoscopique permet dans la grande majorité des cas de diagnostiquer cette reprise évolutive
et le bilan d’imagerie aura pour intérêt essentiel d’en préciser les extensions, de rechercher des
complications et de donner un aperçu de l’anatomie des cavités tympano-mastoïdiennes remaniées par l’intervention précédente.
Le cholestéatome résiduel se développe à partir d’un reliquat épidermique laissé en place lors
de la précédente intervention, le plus souvent de façon involontaire. Le diagnostic de cholestéatome résiduel est difficile à porter par le seul examen clinique, car ce type de lésion se
développe habituellement au sein de cavités opératoires inaccessibles à l’examen otoscopique,
motivant, pour certains, le recours à une révision chirurgicale systématique. Actuellement, en
dehors des rares cas où de l'épiderme a volontairement été laissé en place, imposant une nécessaire révision chirurgicale environ 12 mois après le premier temps opératoire, l'indication d’une révision chirurgicale peut être orientée par l'imagerie [11,17,32,35].
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
173
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
> Objectifs et indications
La réalisation d’un bilan d’imagerie est recommandée dans le cadre de la surveillance d’un
cholestéatome opéré en technique fermée :
- en cas de récidive diagnostiquée à l’examen otoscopique, le bilan d’imagerie aura pour but
de préciser les extensions du cholestéatome, de rechercher des complications et d’apprécier
l’anatomie des cavités tympano-mastoïdiennes,
- en l’absence de récidive objectivable à l’examen otoscopique, l’imagerie occupe une place
croissante pour dépister les lésions cholestéatomateuses résiduelles.
La réalisation d’un bilan d’imagerie n’est pas systématique durant la surveillance d’un cholestéatome opéré selon une technique de tympanoplastie en technique ouverte. L’indication
d’imagerie sera subordonnée à la technique chirurgicale précise employée, à la qualité de
l’exérèse lésionnelle et aux données de la surveillance clinique (suspicion de récidive à l’examen clinique, risque de lésion résiduelle après comblement mastoïdien, risque de lésion résiduelle au niveau de la mini-caisse atriale…).
> Quelle imagerie ?
Le scanner sans injection est l’examen d’imagerie à envisager en première intention dans le
cadre de la surveillance d’un cholestéatome opéré quelque soit la technique employée [17,26,
32,35,36].
L’IRM pourra venir compléter les données du scanner, en particulier pour tenter de différencier une lésion cholestéatomateuse et du tissu cicatriciel fibro-inflammatoire postopératoire [11,17,32,37,38].
Certaines équipes semblent évoluer vers la réalisation première d’une IRM [33,39,40], mais
la revue de littérature et l’avis des rédacteurs de ce rapport nous ont conduits à conclure que
cette attitude paraissait prématurée au moment de la rédaction de ce chapitre.
Il paraît utile de détailler la méthodologie de surveillance par imagerie, appliquée à la situation du dépistage d’une lésion cholestéatomateuse résiduelle après réalisation d’une tympanoplastie en technique fermée.
Schématiquement, on peut distinguer trois situations (Fig. 16) :
- le scanner apparaît strictement normal, avec des cavités tympano-mastoïdiennes parfaitement aérées (Fig. 16a) : dans ce cas la découverte d'une lésion résiduelle est fort peu probable et l'on peut se contenter de poursuivre une surveillance clinique voire
tomodensitométrique, sans intervention chirurgicale. Un nouveau scanner de contrôle
pourra être réalisé 12 à 24 mois plus tard pour éviter de laisser échapper une lésion épidermique initialement non détectable.
- le scanner montre un comblement partiel au sein des cavités tympano-mastoïdiennes fortement évocateur d'un résiduel cholestéatomateux (Fig. 16b) : il s’agit typiquement d’une lésion arrondie à contours convexes, polylobés ou festonnés, située dans une zone susceptible
d’être le siège d’un cholestéatome résiduel. Dans ce cas l'indication de révision chirurgicale
est formelle.
- le scanner montre un comblement diffus des cavités tympano-mastoïdiennes (Fig. 16c) :
dans ce cas, le scanner ne permet pas de trancher entre otite séro-muqueuse, tissu cicatriciel
fibro-inflammatoire et résiduel cholestéatomateux [25,26,32,35].
Dans cette situation, la révision chirurgicale était encore récemment formelle, mais l’introduction récente de nouveaux protocoles d’IRM semble pouvoir apporter des renseignements
précieux pour différencier tissu cicatriciel et résiduel cholestéatomateux.
174
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 16 : scanner non injecté de l’oreille droite en coupe coronale, réalisé 1 an après une tympanoplastie en technique fermée
pour cholestéatome; a: aération complète des cavités tympano-mastoïdienne suggérant l’absence de lésion résiduelle; b: opacité
nodulaire et polylobée de l’épitympan très évocatrice d’un cholestéatome résiduel; c: comblement diffus et non spécifique des cavités tympano-mastoïdiennes ne permettant pas de faire la distinction entre un épanchement séromuqueux, du tissu cicatriciel fibroin$ammatoire ou un cholestéatome résiduel. Un complément d’IRM avec séquences de détection du cholestéatome pourrait être utile
dans la situation c, pour tenter de mieux identifier ce comblement tissulaire non spécifique (alors que l’IRM ne présente que peu ou
pas d’intérêt dans les situations a et b).
Deux techniques semblent émerger pour différencier le tissu cicatriciel fibro-inflammatoire
et le tissu cholestéatomateux [11,17,38] : l’IRM avec injection de gadolinium et clichés tardifs avec saturation de graisse en séquence T1 (45 mn après l’injection) et l’IRM avec séquences de diffusion [33,37,41,42].
Le principe de l’IRM avec injection de gadolinium et clichés T1 retardés est basé sur le fait
que le cholestéatome est totalement avasculaire, alors que le tissu cicatriciel fibro-inflammatoire est faiblement vascularisé. Il en résulte qu'une prise de contraste pourra être observée de façon retardée après injection de gadolinium en cas de tissu cicatriciel (Fig. 17a), alors
qu’aucune prise de contraste ne surviendra en cas de lésion cholestéatomateuse (Fig. 17b)
[17,3238,43,44]. Ce protocole peut néanmoins laisser échapper des lésions cholestéatomateuses résiduelles de petite taille (moins de 3 mm), ce qui doit conduire en cas d’IRM négative à renouveler cet examen 12-24 mois plus tard [43-45].
Figure 17 : IRM en séquences pondérées T1 réalisées 30 à 45 mn après l’injection de gadolinium; a: le rehaussement complet et
retardé de l’opacité est très évocateur d’un comblement de la cavité opératoire par du tissu fibro-in$ammatoire (oreille droite); b:
on observe une zone arrondie ne prenant pas le contraste correspondant à un cholestéatome résiduel, entourée d’une couronne
de tissu in$ammatoire prenant le contraste (oreille gauche).
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
175
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
L’IRM de diffusion est basée sur les variations de mobilité des molécules d’eau et d’hydratation des différents tissus [11,38]. En pratique, sur les séquences B800 ou B1000, seul le tissu
cholestéatomateux apparaît hyperintense, c'est-à-dire gris clair ou blanc, en séquence de diffusion (Fig. 18a), alors que les autres tissus (muqueuse inflammatoire, épanchement séromuqueux, tissu cicatriciel notamment) apparaissent hypointenses, c'est-à-dire gris sombre
(Fig. 18b) [46]. Cette technique d’imagerie prometteuse est rapide et ne nécessite pas l’utilisation de produit de contraste, mais elle est encore limitée par une trop faible résolution spatiale (seuls les cholestéatomes de plus de 5 mm peuvent être détectés avec fiabilité) et par la
présence fréquente d’artéfacts [37,41,47-49]. Néanmoins, l’amélioration des algorithmes de
traitement de l’image devraient rapidement permettre d’améliorer la fiabilité de cette technique, ce qui a déjà été le cas avec l’introduction de séquences turbo spin-echo (TSE) également appelées non echo planar imaging (non-EPI), avec lesquelles les seuils de détection
semblent pouvoir être abaissés à des lésions de 2-3 mm [33,39,40,48]. Les examens ont été
réalisés avec une IRM 1,5 Tesla dans la majorité des publications. L’apport récent de l’IRM 3
Tesla est encore difficile à préciser, mais pourrait être intéressant en limitant les artefacts
[50].
L’association des 2 protocoles (séquences T1 retardées et diffusion) permettrait d’améliorer
la fiabilité du dépistage des lésions résiduelles [38].
Actuellement, le scanner reste l’examen de première intention éventuellement complété par
l’IRM (en associant les séquences T1 retardées et les séquences de diffusion), mais l’évolution
devrait se faire vers une amélioration de la fiabilité de l’IRM (meilleurs seuils de détection,
moins d’artéfacts) qui pourrait dans un avenir proche devenir l’examen de choix et de première intention pour la surveillance postopératoire des cholestéatomes.
Ces protocoles de surveillance du cholestéatome opéré ont essentiellement été étudiés chez
l’adulte. En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de données validées chez l’enfant,
concernant l’IRM. En outre, la réalisation d’une IRM chez le jeune enfant peut imposer des
contraintes techniques (sédation ou anesthésie générale) impropres à la réalisation systématique d’un bilan de dépistage. De ce fait, les rédacteurs de ce chapitre préconisent la réalisation d’un scanner 9 à 18 mois après tympanoplastie en technique fermée chez l’enfant. La
réalisation d’un complément d’imagerie par IRM ne peut en l’état actuel être recommandée
de façon systématique et sera décidée au cas par cas.
Un algorithme de surveillance d’un cholestéatome opéré en technique fermée peut être proposé (Fig. 19).
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique ainsi que la technique chirurgicale
employée et de préciser les principales attentes du chirurgien (bilan d’une récidive cholestéatomateuse avérée ou dépistage d’un cholestéatome résiduel).
La demande d’une IRM complémentaire pour différencier cholestéatome résiduel et tissu cicatriciel post-opératoire devra être clairement explicitée, éventuellement en précisant les protocoles souhaités (séquences T1 retardées et diffusion). Ces techniques étant d’introduction
récente, un contact direct avec le radiologue peut s’avérer utile.
176
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 18 : IRM en séquences de diffusion (B800); a: l’image ronde hyperintense (apparaissant en blanc) est typique d’un cholestéatome
(oreille gauche); b: la zone de comblement de la cavité opératoire apparaît hypointense (gris sombre) orientant vers l’absence de cholestéatome, ou du moins d’une lésion cholestéatomateuse de moins de 2-3 mm (oreille gauche).
Figure 19
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
177
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Bilan étiologique d’une hypoacousie postopératoire
> Situation clinique
Les suites d’une chirurgie de l’oreille moyenne pour otite chronique, cholestéatomeuse ou
non, peuvent être marquées par la persistance ou l’aggravation d’une hypoacousie. Il est classique de distinguer dans les suites d’une chirurgie les hypoacousies de transmission ou mixte
et les hypoacousies de perception, pouvant témoigner d’une souffrance labyrinthique, et ne
relevant pas de la même problématique [11,32,51].
> Objectifs et indications
En cas d’hypoacousie transmissionnelle ou mixte non expliquée par l’histoire clinique (absence de rétablissement de l’effet columellaire lors des temps opératoires précédents), ou par
l’examen otoscopique (perforation tympanique, extrusion d’une prothèse ossiculaire…),
l’imagerie peut apporter des arguments diagnostiques et éventuellement pronostiques
[34,51,52].
En cas de complication neuro-sensorielle postopératoire non expliquée par le tableau clinique ou les constatations opératoires (fistule labyrinthique constatée en pré ou per-opératoire par exemple), le bilan d’imagerie peut éclairer l’otologiste sur la cause de cette
labyrinthisation [32,34,53].
> Quelle imagerie ?
Le bilan d’imagerie d’une hypoacousie transmissionnelle postopératoire repose sur le scanner sans injection de produit de contraste avec acquisition hélicoïdale permettant des reconstructions multiplanaires dans l’axe de l’ossiculoplastie [32,34,52]. Il permettra d’explorer
l’état de la chaîne ossiculaire, le positionnement d’une ossiculoplastie et le degré d’aération
de l’oreille moyenne [54].
Le bilan d’imagerie d’une labyrinthisation postopératoire repose en première intention sur
le scanner sans injection, éventuellement complété par une IRM pour l’étude des liquides labyrinthiques [11,51,53,55]. Le scanner peut montrer une luxation platinaire, une pénétration
prothétique intravestibulaire, ou un pneumolabyrinthe évocateur d’une fistule périlymphatique [32,34,53,56]. Le scanner a donc un intérêt pratique indéniable puisqu’il peut orienter
le chirurgien vers une révision chirurgicale. En cas de négativité du scanner, l’IRM peut compléter l’exploration para-clinique et révéler des signes d’atteinte des cavités labyrinthiques,
comme une labyrinthite ou une hémorragie intralabyrinthique. Si l’IRM peut parfois permettre de porter un diagnostic étiologique à une labyrinthisation, l’intérêt pratique, comparativement au scanner, est moindre puisque les conclusions de l’IRM conduisent rarement à
une décision opératoire.
> Comment formuler la demande ?
Il convient de rappeler brièvement le contexte clinique (surdité de transmission post-opératoire ou complication labyrinthique) et de préciser les principales attentes du chirurgien (recherche d’une atteinte de l’oreille moyenne en cas de transmission ou d’une atteinte
labyrinthique en cas de perception).
178
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
> Résultats
Lors du bilan d’une hypoacousie transmissionnelle on cherchera à apprécier l’état de la chaîne
ossiculaire, le positionnement d’une éventuelle ossiculoplastie (figure 20) et le degré d’aération de l’oreille moyenne puisqu’une opacité muqueuse atrio-atticale témoignant d’un dysfonctionnement tubo-tympanique persistant peut à elle seule expliquer un échec
d’ossiculoplastie et doit faire émettre des réserves quant aux possibilités de réhabilitation
fonctionnelle par une éventuelle reprise chirurgicale (Fig. 21).
Figure 20 : scanner non injecté, oreille gauche, reconstructions multiplanaires dans l’axe de la prothèse ossiculaire; a: prothèse
partielle au contact de la membrane tympanique, mais déplacée par rapport au stapes; b: prothèse totale latéralisée, dont l’extrémité distale n’est plus au contact du plan platinaire.
Figure 21 : scanner non injecté, oreille
gauche, reconstructions multiplanaires dans
l’axe de la prothèse ossiculaire; la prothèse
totale paraît bien positionnée par rapport au
plan tympanique et au plan platinaire, mais
elle est noyée dans une opacité tissulaire, entravant ses propriétés de transmission.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
179
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
En cas de labyrinthisation après chirurgie de l’oreille moyenne, le scanner peut apporter des
arguments en faveur d’une cause (Fig. 22), éventuellement curable, de souffrance labyrinthique (prothèse intra-vestibulaire, pneumolabyrinthe, luxation platinaire…). En l’absence de
cause identifiable au scanner, l’IRM peut permettre de mieux identifier l’état des liquides labyrinthiques (labyrinthite, granulome, hémorragie…).
Figure 22 : scanner non injecté pour labyrinthisation postopératoire, oreille gauche, reconstructions multiplanaires dans l’axe de la prothèse ossiculaire ou de l’étrier; a: pénétration intravestibulaire a minima d’une prothèse totale; b: pénétration intravestibulaire importante
d’une prothèse totale associée à un pneumolabyrinthe; c: subluxation intravestibulaire du stapes.
Que retenir ?
Imagerie du cholestéatome opéré
L’imagerie occupe une place grandissante dans la surveillance postopératoire des cholestéatome de l’oreille moyenne.
L’imagerie permet de dépister des cholestéatomes résiduels après tympanoplastie en technique fermée, avec une fiabilité de plus en plus importante. L’imagerie permet, ainsi, de sélectionner plus précisément les candidats à une révision chirurgicale. Actuellement, le
scanner sans injection est l’examen de première intention, éventuellement complété d’une
IRM avec séquences de détection du cholestéatome (séquences T1 retardées après injection
et séquences de diffusion).
L’imagerie permet également de préciser la cause d’une hypoacousie persistante après ossiculoplastie dans le cadre d’une otite chronique cholestéatomateuse ou non. En cas d’hypoacousie de transmission ou mixte, le scanner est l’examen de choix pour préciser le
positionnement de l’ossiculoplastie et le degré d’aération de l’oreille moyenne. En cas de labyrinthisation postopératoire, le scanner est l’examen de première intention pouvant immédiatement orienter vers une reprise opératoire (luxation platinaire, prothèse intravestibulaire,
pneumolabyrinthe).
Conclusion
L’imagerie moderne, en particulier la TDM, permet de réaliser un bilan préopératoire complet et précis des extensions et des complications du cholestéatome en vue de proposer une
stratégie opératoire adaptée.
En matière de surveillance postopératoire et notamment de détection du cholestéatome résiduel, les progrès de l’imagerie laissent entrevoir des perspectives de surveillance moins invasives des cholestéatomes opérés, en particulier par tympanoplastie en technique fermée.
180
SURDITÉ
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
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Mots-clés :
Cholesteatoma, Middle Ear
Facial Paralysis
Hearing Loss, Mixed Conductive-Sensorineural
Ossicular Prosthesis
Otitis Media
Tomography, X-Ray Computed
Tympanoplasty
Vertigo.
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS, F. DUBRULLE
183
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
184
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
VI-1-2-1
Surdité de perception et pathologie de la base du crâne
Situation clinique
L’interrogatoire s’attache à préciser les modalités de survenue, les facteurs déclenchants éventuels et les signes d’accompagnement de la surdité.
L’examen otoneurologique clinique sera complété d’un examen du pharynx et du larynx, des
fosses nasales, du cou (thyroïde) et d’un examen cutané (taches café au lait). Un examen ophtalmologique spécialisé est demandé en cas de signes oculaires ou de suspicion de maladies
génétiques avec possibilité d’atteinte ophtalmologique (opacités sous-capsulaires, rétinite
pigmentaire…).
Une exploration audiologique comportant une audiométrie tonale, vocale et une tympanométrie est systématique. Elle est complétée par des potentiels évoqués auditifs (PEA) et des
explorations vestibulaires (potentiels évoqués otolithiques (PEO), Vidéonystagmographie
(VNG)) en fonction du contexte clinique et de l’atteinte audiométrique [1-4].
Les lésions de la base latérale du crâne entraînent une surdité de perception par destruction
labyrinthique ou compression du paquet acoustico-facial :
• Surdité de perception par atteinte labyrinthique [3-6] :
- Cholestéatomes intra-pétreux (Fig. 1 et 2),
- Paragangliomes,
- Granulomes à cholestérine (Fig. 3),
- Autres tumeurs rares du rocher (Fig. 4-8, 4): hémangiomes et angiomes caverneux,
carcinomes épidermoïdes, adénomes, adénocarcinomes, mélanomes, adénocarcinome papillaire du sac endolymphatique [7-8], schwannomes intracochléaires ou intravestibulaires
[9-10], histiocytose langerhansienne (Fig. 9, 11), chondrosarcomes [12-13], chondroblastomes [14], métastases [15-17], granulome géant [18],
- Déhiscence du canal semi-circulaire supérieur (Fig. 10, 19, 20),
- Anévrysme de la carotide interne intrapétreuse [21],
- Pathologie infectieuse : pétrosite et apicite (Fig. 11, 22),
- Pathologie osseuse (Fig. 12) : dysplasie fibreuse [23], maladie de Paget, maladie de
Lobstein et fibrome chondromyxoïde [24].
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
185
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : cholestéatome intra-pétreux,
a : coupe axiale TDM,
b : coupe axiale IRM T1 gadolinium tardif,
c : coupe axiale IRM T2,
d : coupe axiale IRM diffusion B1000. Lésion de la partie antérieure du
rocher et de l’apex qu souffle la corticale interne (a : $èche) en isosignal T1 et sans prise de contraste (b : $èche), en hyper signal relatif
T2 et avec restriction de la diffusion (d).
186
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 2 : cholestéatome de l’apex pétreux, coupes axiales IRM, a : T2, b :diffusion et c : T1 gadolinium
tardif. La lésion est en iso-signal T2, avec restriction de la diffusion des molécules d’eau et sans prise de
contraste tardive.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
187
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 3 : granulome à cholestérine , coupes axiales IRM, a : T1 sans gadolinium, b : T2 . La lésion est spontanément en hyper signal T1 en
raison des phénomènes hémorragiques et en hyper signal T2, elle ne prend pas le contraste.
Figure 4 : tumeur du rocher, coupes
axiales IRM a : T1 sans contraste, b : T1 avec
contraste. Masse lytique du rocher droit
avec un signal hétérogène en T1 et qui
prend le contraste. Le diagnostique histologique n’est pas toujours évident à évoquer sur la seule imagerie.
188
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 5 : hémangiopéricytome, tumeur du rocher très lytique et bien
vascularisée. Coupes axiales TDM,
a et b en fenêtre osseuse ;
c et d en fenêtre parties molles après injection de contraste. La prise de
contraste de la tumeur est hétérogène, la lyse osseuse atteint le labyrinthe au niveau du canal semi-circulaire supérieur ($èche).
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
189
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 6 : lésions malignes du rocher, coupes axiales TDM,
a : adénocarcinome,
b : sarcome. À noter les lyses osseuses irrégulières et particulièrement agressives sur l’image b.
190
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 7 : tumeur du sac endolymphatique ; coupes axiales
a : TDM,
b : IRM T2,
c : IRM T1 sans contraste,
d : IRM T1 gadolinium. Lésion lytique osseuse centrée sur le sac endolymphatique avec destruction osseuse rétro labyrinthique et aspect de
spicules osseux (a). IRM : Hypo signal T1 spontané avec kystes hémorragiques (c $èche) et hyper signal T2 (b). Prise de contraste de la lésion
charnue (d $èche).
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
191
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
d
192
SURDITÉ
Figure 8 : métastases de la base du crâne (a et b) et cérébrales (c et d). Coupes
axiales TDM, fenêtre osseuse (a) et IRM T1 sans contraste : lésion lytique charnue qui détruit le clivus et l’apex pétreux gauche. Coupes IRM T2 sur la fosse
postérieure (c) et IRM FLAIR sur l’encéphale (d) : présence de lésions multiples entourées d’œdème.
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 9 : histiocytose langerhansienne, patient
adulte avec une surdité de perception gauche progressive depuis 5 mois, puis surdité profonde avec
acouphènes. Coupes axiales a : TDM et b : IRM T1
avec Gadolinium. Lyse osseuse du labyrinthe postérieur et de la région rétro-labyrinthique en TDM.
Prise de contraste marquée en IRM.
Figure 10 : déhiscence canalaire supérieure ($èches). Coupe TDM reconstruite dans le plan du canal
semi-circulaire supérieur.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
193
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 11 : labyrinthite post-opératoire, coupes axiales TDM, a : au niveau de la
cochlée, b : au niveau du vestibule et c : au niveau du canal semi-circulaire latéral. Élargissement des structures osseuses du labyrinthe postérieur à bords $ous.
Zone d’ossification débutante sur le canal semi-circulaire latéral.
194
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 : aspects de quelques pathologies
osseuses du rocher en coupes TDM,
a : maladie de Lobstein,
b : otospongiose,
c : maladie de Paget,
d : dysplasie fibreuse.
La maladie de Lobstein et l’otospongiose présentent des zones de déminéralisation osseuses au niveau de la coque labyrinthique et
de la région pré-stapédienne assez proche,
elles sont en générales plus importantes dans
la maladie de Lobstein. La maladie de Paget :
épaississement et remaniement osseux de la
voûte et de la base du crâne (c). La dysplasie fibreuse est plus limitée avec des plages d’aspect dépoli et condensé de l’os, et disparition
des travées normales de la médullaire osseuse.
Déformation de l’os atteint (d).
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
195
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 13 : schwannome vestibulaire. Coupes axiales IRM T1 avec gadolinium de schwanniens du VIII intra et extra canalaire. Ils ont des aspects différents en fonction de leur composante charnue ou kystique :
a : lésion en grande partie kystique avec un bourgeon charnu postérieur qui prend le contraste ;
b : sans composante kystique avec une prise de contraste homogène,
c’est la présentation la plus fréquente ;
c : lésion pratiquement totalement kystique ;
d : lésion avec une partie centrale du prolongement cisternal kystique
ou nécrotique.
196
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
• Pathologie de l’angle ponto-cérébelleux et de la fosse postérieure avec atteinte auditive rétro
labyrinthique :
- Schwannomes vestibulaires (Fig. 13-14, 25), du nerf facial [26] ou des nerfs mixtes
[27-28],
- Méningiomes (Fig. 15, 29-31),
- Kystes épidermoïdes ou cholestéatomes primitifs (Fig. 16, 32-33),
- Lipomes [34-36],
- Autres tumeurs rares de l’angle ponto-cérébelleux (Fig. 17-20) : mélanomes malins
[37], des lymphomes [38] ou des métastases [4]
- La pathologie non tumorale : conflit vasculaire (Fig. 21, 39), kyste arachnoïdien
(40-42).
La suspicion d’une pathologie de la base du crâne est basée sur le caractère unilatéral ou asymétrique de la surdité, la présence d’une anomalie à l’otoscopie (tumeur rétro tympanique),
l’existence d’une atteinte d’autres paires crâniennes (paralysie faciale, hypoesthésie faciale,
vertiges, diplopie, …), une atteinte neurologique (des voies longues, cervelet).
Indications de l’imagerie
La presbyacousie, telle que définie ci-après, ne nécessite pas d’imagerie [43-44] :
• surdité de perception bilatérale isolée, modérée à moyenne (classe A ou B de l’American
Academy of Otothinolaryngology, Head and Neck Surgery (AAO-HNS)),
• symétrique,
• d’installation et évolution lentes et progressives,
• prédominant sur les fréquences aiguës,
• sans dissociation entre les seuils obtenus en audiométrie tonale et vocale,
• chez un patient de plus de 60 ans, avec un examen clinique normal.
Les surdités post-méningitiques nécessitent de coupler une IRM et une TDM des rochers et
du cerveau [4,45,46] pour rechercher :
• une cause otologique de la méningite (fistule notamment provoquée par un cholestéatome,
Figures 22-23, déhiscence ou fracture de l’os temporal et méningo-encéphalocèle, malformation labyrinthique),
• une ossification cochléo-vestibulaire. L’IRM évaluera les compartiments liquidiens des
oreilles internes dans l’optique d’une implantation cochléaire, appréciera l’importance d’éventuelles lésions hémisphériques et du tronc cérébral associées dans l’optique d’une implantation auditive du tronc cérébral.
Les surdités fluctuantes ou bilatérales rapidement évolutives ou évolutives par paliers peuvent bénéficier d’une IRM pour détecter des lésions labyrinthiques ou centrales, en particulier chez le sujet jeune ou en cas de contexte clinique particulier (Fig. 24). La TDM peut
s’avérer utile dans des étiologies particulières (contexte malformatif ou traumatique).
Les surdités brusques ainsi que les surdités associées à d’autres déficits neurologiques nécessitent un bilan d’imagerie par IRM [40-47].
Les surdités de perception unilatérales ou asymétriques peuvent nécessiter un bilan d’imagerie en fonction des données cliniques et paracliniques [43, 48, 49].
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
197
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 14 : schwannome de petite taille intracanalaire et schwannome intra vestibulaire.
a et b : coupes axiales IRM T1 gadolinium, b : T2
infra-millimétrique sur un petite schwannome
intra-canalaire. Prise de contraste homogène à
contours réguliers dans le MAI, en T2 aspect en
hypo signal.
c et d : coupes axiales IRM T1 gadolinium, b : T2
infra-millimétrique sur un schwannome intralabyrinthique. Prise de contraste intra-labyrinthique, cochléaire ($èche) et vestibulaire en T1. En
T2 perte de l’hyper signal des liquides intralabyrinthiques du côté du schwannome ($èche
fine) à comparer au côté normal ($èche épaisse).
198
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 15 : méningiomes ;
a : coupe axiale TDM,
b et c : coupe axiales IRM T1 gadolinium,
d : coupe axiale IRM T2.
La coupe TDM (a) montre les modification osseuse du méningiome sur le tegmen et l’attique ($èche). En b méningiome de la
citerne ponto cérébelleuse qui s’insère sur le bord postérieur du
porus du MAI, sa forme pourrait faire évoquer un schwannome
mais sa position et son insertion sont en faveur d’un méningiome. En c le diagnostic de méningiome est plus facile en raison de la base d’implantation large de la lésion, de la prise de
contraste méningée postérieure (dural tail, $èche). À noter sa pénétration dans le MAI. En d la coupe IRM, T2 montre l’effet de
masse de cette lésion dans l’angle ponto cérébelleux.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
199
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 16 : kyste épidermoïde.
Coupes axiales IRM a : en écho
de spin et b : en écho de gradient infra-millimétrique.
En écho de spin la lésion de
l’angle ponto-cérébelleux droit
en hyper-signal est difficile à
distinguer du liquide céphalorachidien (LCR). En écho de
gradient par contre elle apparaît en hypo-signal par rapport
au LCR et devient évidente.
Les surdités fluctuantes avec vertiges (syndrome de jogger) font évoquer une déhiscence du
canal semi-circulaire supérieur et nécessitent un scanner des rochers avec reconstruction
dans le plan du canal supérieur [50].
En cas de suspicion clinique d’une tumeur du rocher et de l’angle ponto-cérébelleux une
IRM crânienne avec coupes jointives sur le rocher en séquences T1, T2 et T1 + gadolinium
est réalisée [1,2,51]. Les autres séquences sont associées à cet examen de base en fonction de
l’orientation diagnostique initiale :
- La séquence de diffusion (B1000) permet d’apporter un argument en faveur de
cholestéatome en cas de lésion en hypo ou iso-signal T1 et T2, sans prise de contraste et en
hyper signal B1000.
- Les séquences de suppression de graisse sont utiles pour le diagnostic des lipomes
de l’angle ponto-cérébelleux ainsi que des récidives tumorales au sein des greffons graisseux
placés lors de la fermeture d’une voie d’abord chirurgicale du rocher.
- L’angio-IRM permet de confirmer le caractère hypervasculaire d’une lésion (paragangliome, angiome caverneux, hémangiome) et évalue l’envahissement des axes vasculaires
intra pétreux (sinus sigmoïde, veine jugulaire interne, carotide interne). Elle permet d’étudier
les anomalies vasculaires du rocher de l’angle ponto-cérébelleux (ex : artère stapédienne persistante, boucle artérielle dans l’angle ponto-cérébelleux, dolicho-méga tronc basilaire, ...).
Le scanner des rochers complète l’IRM en apportant des informations sur les structures osseuses.
200
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 17 : tumeur rare de
l’angle ponto cérébelleux
droit : astrocytome pilocytique. Coupes axiales IRM : a :
T1 sans contraste ; b : T2, c et
d T1 après contraste. Il existe
de petites différences par
rapport à l’aspect habituel
d’un schwannome même si la
localisation et la forme de la
lésion sont les mêmes.
L’aspect est hétérogène en T1
et en T2 sans contraste. Après
contraste, le rehaussement
est très hétérogène et sur
toute la partie centrale de la
lésion.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
201
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 18 : métastases leptoméningées dans les MAI. Coupes coronale T1 après contraste (a) et axiale T1 sans contraste
chez un autre patient (b).
a: prise de contraste homogène, dans les MAI mais avec extension de la prise contraste sur la méninge du côté gauche
($èche).
b : aspect de lésions nodulaires symétriques dans les MAI et dans les citernes.
Orientation diagnostique
Les caractéristiques IRM des lésions de la base latérale du crâne permettent d’avancer une hypothèse diagnostique (1,2,4) en précisant :
• La localisation et les extensions,
• Le caractère unique ou multiple,
• La forme et les contours,
• Le signal,
• La prise de contraste,
• L’invasion des structures adjacentes,
• La notion de croissance et de rapidité évolutive,
• Les localisations à distance.
202
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 19 : schwannome malin du MAI
gauche. Coupe TDM axiale (a), coupes IRM
coronale (b) et axiale (c ) T1 après contraste.
Petite déformation des parois du MAI
gauche. Prise de contraste hétérogène. Le
diagnostique de lésion maligne est difficile à
évoquer sur la seule imagerie.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
203
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 20 : tumeurs neuro-ectodermiques primitives (PNET) :
homme de 45 ans avec acouphènes et surdité de perception rapidement progressive avec perte auditive subtotale gauche, paralysie faciale de grade 2, Aré$exie vestibulaire gauche. Coupes
IRM a : axiale T1, b : axiale T1 gadolinium, c : coronale T1 gadolinium, d : axiale T2. lésion expansive du porus du MAI gauche et
de la citerne qui respecte le fond du MAI avec prise de contraste
hétérogène. À noter l’infiltration du sillon bulbo-protubérantiel
en T2.
204
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 21 : deux exemples de con$its neuro-vasculaires sur le VIII. Coupes axiales T1 (a) et T2 infra-millimétriques au niveau de l’angle ponto-cérebelleux (b) ; coupe infra-millimétrique T2 au niveau de la citerne
ponto-cérébelleuse sur un autre patient (c).
a: contact entre la vertébrale gauche ($èches) et le paquet acoustico-facial gauche, la vertébrale vient au
contact du porus du MAI gauche ; c : boucle vasculaire probablement de l’artère cérébelleuse moyenne
($èche) qui déplace le VIII gauche en avant dans la citerne gauche.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
205
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 22 : fistules et lésions traumatiques du labyrinthe : coupes
TDM, a et b : axiales, c et d coronales :
a : fistule avec pneumo-labyrinthe ($èche), b : érosion de la coque
labyrinthique sur le tour basal de la cochlée ($èche), c : fracture
translabyrinthique ($èche) ,
d : cholestéatome avec fistule du canal semi-circulaire latéral
($èche).
206
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 23 : destruction du labyrinthe par un cholestéatome sur deux patients différents. Coupes TDM coronales a et b. Destruction de la cochlée (a), destruction
plus étendue du labyrinthe (b).
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
207
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 24 : diagnostics différentiels entre schwannome intralabyrinthique et labyrinthite devant une prise de contraste intralabyrinthique. Coupes IRM axiales a et d : T1 sans contraste, b et e :
T1 après contraste, c et f : T2 infra-millimétrique.
a, b, et c : schwannome intra-labyrinthique. Prise de contraste intra
labyrinthique (b) en T1 et disparition du signal liquidien intralabyrinthique en T2, le liquide est remplacé par la tumeur.
d, e et f : labyrinthite : prise de contraste intra labyrinthique (e) en T1
et respect du signal liquidien intra-labyrinthique en T2, le liquide est
normal, simplement in$ammatoire.
208
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Le scanner des rochers permet d’orienter le diagnostic étiologique en fournissant certaines
caractéristiques de l’os au contact de la lésion.
• Une lyse osseuse régulière dans les schwannomes et les cholestéatomes,
• Une lyse de type « vasculaire » avec un aspect poivre et sel dans les paragangliomes,
• Une lyse irrégulière avec la présence de micro-calcifications au sein de la lésion dans les hémangiomes,
• Un épaississement de la corticale osseuse au niveau de la zone d’insertion des méningiomes.
La figure 25 montre les localisations les plus fréquentes des lésions de la base latérale du
crâne et le tableau 2 résume les caractéristiques de l’imagerie des lésions les plus fréquemment rencontrées. À partir des caractéristiques mentionnées ci-dessous, les lésions peuvent
être classées comme : supposées bénignes (forme arrondie, unique, lyse osseuse régulière
avec refoulement des structures adjacentes sans envahissement, croissance lente ou nulle)
agressives (lésion unique avec lyse irrégulière) et/ou malignes.
Bilan pré-thérapeutique
Dans le cadre d’un bilan préopératoire, l’IRM permet de définir la localisation, les extensions
et l’agressivité de la lésion et d’en déduire une stratégie chirurgicale [4]. Le scanner des rochers est également indiqué dans le bilan préopératoire pour étudier la voie d’abord (pneumatisation du rocher, position du golfe de la jugulaire, recherche de malformations ou de
variantes anatomiques, dilatation du MAI ou du foramen lacerum). Ces examens peuvent
servir à la navigation per opératoire assistée par ordinateur pour le repérage des structures
fonctionnelles et les extensions tumorales.
Lorsqu’une surveillance est décidée devant une lésion présentant à l’IRM des caractéristiques
de bénignité et un aspect typique (ex. schwannome vestibulaire), des mesures de volume
semblent les plus sensibles pour en suivre la croissance.
Suivi postopératoire
L’IRM est l’examen de choix pour rechercher une tumeur résiduelle ou une récidive [52-55].
Cet examen est également réalisé après irradiation exclusive ou adjuvante d’une tumeur de
la base latérale du crâne. Pour les lésions bénignes et d’évolution lente avec une exérèse macroscopique complète (méningiome, schwannome), l’IRM est réalisée un an après la chirurgie pour permettre une interprétation plus facile des remaniements postopératoires. Pour
les lésions malignes ou d’évolution rapide ou en cas de résection partielle, une imagerie de
référence précoce (un mois après la chirurgie) est pratiquée. Le rythme des examens de suivi
dépend de l’étiologie. Un examen à 1, 3 et 10 ans semble suffisant pour les schwannomes et
les méningiomes en cas d’exérèse complète et de normalité de l’imagerie de suivi. En cas de
lésion agressive, de doute sur une récidive, de lésion irradiée ou d’apparition de nouveaux
signes cliniques, la surveillance par IRM est rapprochée et prolongée.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
209
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 25 : localisations les
plus fréquentes de chaque
type histologique de tumeur intrapétreuse.
Tableau 1 : Nature histologique des lésions intrapétreuses étendues [4]
Histologie
Cholestéatomes
Paragangliomes
Schwannomes
Lésions malignes
Lésions bénignes diverses
Total
Carcinome épidermoïde
Chondrosarcome
Ostéosarcome
Histiocytofibrome
Mélanome
Carcinome adénoïde kystique
UCNT*
Adénocarcinome papillaire
Granulome à cholestérine
Angiome du VII
Hémangiome
Méningiome
Lipome
Dysplasie fibreuse
Ostéodysplasie
Chondroblastome
N (relative %)
19 (23%)
18 (22%)
12 (15%)
8 (10%)
3 (4%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
3 (4%)
3 (4%)
3 (4%)
2 (2%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
1 (1%)
81
UCNT : Carcinome indifférencié de type nasopharyngé (undifferentiated carcinoma of nasopharyngeal type)
210
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Tableau 2 : Caractéristique IRM des lésions les plus fréquentes de la base du crâne latérale
et du rocher
Histologie
Schwannome
Méningiome
Cholestéatome
Paragangliome
Granulome à cholestérine
Hémangiome
Adénocarcinome papillaire
T1
Hypo
Iso
Hypo
Hypo
Hyper
Hypo
Hypo
T2
Hyper
Var
Var
Hyper
Hyper
Hyper
Hyper
Prise Gd
Forte
Forte
Non
Forte
Non
Forte
Forte
Autre caractéristique
Kystes si volumineux
Prise gd durale adjacente
Hyper en B1000
Signal Hétérogène en T2
Signal ± hétérogène
Ganglion géniculé, scanner
Kystes hyper T1, HypoT2 flux
Le suivi de lésions de petite taille et d’aspect bénin se fait également par une IRM annuelle avec
mesures de volume. Pour la détection d’une hémorragie spontanée intra-tumorale, intra-parenchymateuse ou intra-labyrinthique au cours d’une surveillance, l’IRM est plus performante.
Elle montre un hyper-signal spontané en T1 et en T2 à l’endroit de l’hémorragie. Dans un
contexte d’urgence vitale avec hémorragie intra-tumorale et intra-parenchymateuse, le scanner est réalisé en premier. Il montre une hyperdensité spontanée dans la lésion et le névraxe.
Complications postopératoires
Le scanner cérébral et des rochers est l’examen de référence pour les complications postopératoires immédiates dans un contexte d’urgence comme les troubles de la conscience ou
l’apparition de déficits neurologiques (voies longues, syndrome cérébelleux, diplopie) à la
recherche d’un hématome de l’angle ponto-cérébelleux, d’hydrocéphalie, d’un hématome
extra ou sous-dural, d’une hémorragie intra-parenchymateuse [56-59].
Cet examen est également utile dans le diagnostic et le bilan pré-thérapeutique des fuites de
liquide céphalospinal en montant les travées cellulaires mastoïdiennes en cause. En cas de
méningite, le scanner cérébral élimine un abcès cérébral ou un empyème associé [60].
En revanche, l’IRM est plus performante pour détecter les urgences neuro-vasculaires durant
leur phase précoce.
Réhabilitation auditive par des implants
L’imagerie est également utilisée dans le cadre d’une réhabilitation auditive par des implants
auditifs du tronc cérébral [25-61], cochléaires [62-63] ou d’oreille moyenne [64-65]. Pour les
implants du tronc, l’IRM évalue l’état du récessus latéral du 4ème ventricule, du paquet acoustico-facial et des nerfs mixtes servant de repères anatomiques, l’existence d’une éventuelle
anomalie de l’anatomie vasculaire, l’effet de masse sur le tronc cérébral par une tumeur de
l’angle et enfin l’œdème du névraxe secondaire à une compression tumorale (séquence Fluid-
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
211
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
attenuated inversion recovery (FLAIR)). Le scanner est utile pour analyser la voie d’abord,
pneumatisation du rocher, la position du golfe de la jugulaire, l’existence de malformations,
dilatation du MAI.
Avant implantation cochléaire, l’IRM permet de vérifier l’intégrité des paquets acoustico-faciaux et l’absence de pathologie rétro-cochléaire. Les séquences haute résolution T2 permettent de s’assurer de la perméabilité des cochlées. Le scanner évalue la pneumatisation
mastoïdienne, la position du golfe de la jugulaire, l’état de la caisse du tympan (inflammation,
brides) et les malformations cochléo-vestibulaire ainsi que les anomalies du trajet du nerf facial. Le scanner postopératoire permet de vérifier la bonne position de l’implant notamment
en cas de difficultés chirurgicales, de dysfonctionnement postopératoire ou de vertiges intenses et persistants (Fig. 26).
Lors du bilan préopératoire des implants d’oreille moyenne, le scanner est indispensable car
il permet de vérifier l’état de la muqueuse de la caisse, des osselets, du nerf facial et des fenêtres labyrinthiques. L’évaluation de la pneumatisation du rocher et de la hauteur du tegmen
par rapport à la paroi supérieure du conduit auditif externe sur cet examen est également importante dans la programmation des implants attachés placés au contact du corps de l’enclume grâce à un abord antro-attical [66]. Pour Mom [67], la longueur nécessaire est de 2,5
cm dans l’axe de l’enclume sur une coupe passant par le canal semi-circulaire latéral (CSCL)
et de 1,5 cm entre corticale externe et sinus sigmoïde.
L’IRM est indiquée dans le cadre du bilan étiologique d’une surdité de perception asymétrique à la recherche d’une pathologie rétro-cochléaire. Le scanner postopératoire n’est indiqué qu’en cas de dysfonctionnement de l’implant faisant craindre son déplacement, des signes
d’irritation de l’oreille interne (vertiges, labyrinthisation), ou d’aggravation de la surdité de
transmission un mois après la chirurgie faisant suspecter une luxation ossiculaire. Les implants d’oreille moyenne comportant un système électromagnétique (Vibrant Med-El®, Insbruck, Autriche ; MET™ et Carina™ Otologics L.L.C. USA) ne sont pas compatible avec la
réalisation d’une IRM. Ils perturbent l’examen, responsables d’un cône d’ombre important
empêchant la visualisation d’une bonne partie de la fosse cérébrale postérieure, du tronc cérébral et de la région temporale et posent la question du possible déplacement du système de
vibration dans le champ magnétique. Les implants piézo-électriques sont compatibles avec
l’IRM (1,5 Tesla) mais leur aimant sous-cutané génère des artéfacts importants.
Quelle imagerie ?
IRM protocole angle ponto-cérébelleux (APC)/encéphale, notamment en cas de surdité unilatérale ou asymétrique.
TDM protocole os temporal, surtout en cas de suspicion de malformation labyrinthique et
après complication de chirurgie de l’oreille moyenne.
Une imagerie complémentaire sera réalisée en fonction de l’étiologie suspectée :
• Scanner du corps entier en cas de suspicion de tumeur maligne primaire de la base du
crâne ou de métastase,
• Une tomographie à émission de positons (TEP) scan en cas de tumeur maligne primaire
ou de métastase,
212
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
• Artériographie avec éventuelle embolisation préopératoire pour les paragangliomes et certaines tumeurs hypervasculaires (ex : méningiomes),
• IRM rachidienne en cas de suspicion de neurofibromatose de type 2 (recherche de lésions
associées),
• Octréoscan à la recherche de localisations multiples d’un paragangliome.
Figure 26 : contrôle TDM d’un implant cochléaire. Le porte électrode est visualisé dans la
cochlée ($èches).
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
213
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Mots-clés :
Cerebellopontine Angle
Cochlea
Hearing Disorders
Hearing Loss
Image Processing, Computer-Assisted
Temporal Bone.
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
217
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
218
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-1
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
VI-1-2-2
Surdité de perception (SP) et pathologie de la base du
crâne de l’enfant et bilan en vue d’une pose d’implant
cochléaire
Les surdités de perception (SP) de l’enfant reconnaissent principalement et, par ordre de fréquence décroissante, des causes malformatives ou génétiques, infectieuses (pré ou post-natales) et traumatiques. L’imagerie contribue au bilan étiologique et à leur prise en charge.
Techniques
La TDM : la technique a déjà été détaillée dans le chapitre II. Chez l’enfant, notamment sous
sédation, la flexion cervicale nécessaire pour faire passer le volume étudié au-dessus de l’orbite, peut être difficile à obtenir ; une acquisition dans un plan orbito-méatal (OM) - 15° permet d’éviter l’irradiation directe du cristallin (la tête est légèrement défléchie, le rayon
centreur passe par le tragus et le rebord orbitaire inférieur). L’injection de produit de
contraste iodé est rarement utile. L’analyse du scanner doit porter sur chacune des pyramides
pétreuses mais aussi sur une reconstruction de l’ensemble de la base du crâne afin de ne pas
méconnaître une atteinte malformative associée, ou l’extension d’une lésion infectieuse, posttraumatique ou tumorale.
Chez l’enfant, les constantes (kV, mAs) doivent être adaptées à l’âge (Recommandations dosimétriques TDM, Société Francophone d’Imagerie Pédiatrique et Prénatale (SFIPP) / Institut
de
Radioprotection
et
de
Sûreté
Nucléaire
(IRSN)
2008.
http://www.sfip-radiopediatrie.org).
L’IRM : voir chapitre II. Elle est réalisée sans injection, sauf en cas de processus infectieux
évolutif ou de suspicion de tumeur. Elle associe une étude en haute résolution T2 du labyrinthe et des nerfs cochléo-vestibulaire et facial (selon les machines d’IRM, ces séquences
seront de type TSE ou écho de gradient (DRIVE, FIESTA, CISS…)) et une étude cérébrale
avec au minimum des séquences FLAIR et/ou T2 dans deux plans orthogonaux (axial et
frontal). Selon le résultat, elles sont complétées par d’autres séquences ou techniques : T1,
diffusion, spectroscopie…
Résultats de l’imagerie
La TDM : après l’analyse du MAE, des osselets, des parois de la caisse (tegmen), de la pneumatisation mastoïdienne et du trajet du canal facial, le compte-rendu doit décrire la mor-
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
219
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
phologie cochléaire : nombre et forme des tours de spire, densité et aspect du modiolus (Fig.
1). L’analyse du vestibule et des canaux semi-circulaires (CSC) permet de décrire leur forme
et leur recouvrement osseux. L'aqueduc du vestibule apparaît dilaté (ou élargi) lorsque sa
largeur dépasse 1,5 mm à sa partie moyenne, en pratique quand son calibre est supérieur à
celui du calibre du CSC postérieur adjacent (Fig. 2). La forme ainsi que le diamètre du MAI
et de la fossette cochléaire doivent être précisés.
Figure 1 : TDM coupes axiales
a- modiolus normal
b- modiolus hypoplasique
Figure 2 : TDM coupes axiales
1-a aqueduc du vestibule normal ($èche blanche), CSC post ($èche noire)
1-b aqueduc du vestibule dilaté ($èche blanche ), CSC post ($èche noire)
L’élargissement de l'aqueduc du vestibule (EVA) est l'anomalie la plus fréquemment retrouvée au scanner. Détecter cette anomalie incite à une analyse soigneuse de la cochlée car la coexistence d’une malformation de celle-ci est fréquente : hypoplasie du modiolus, enroulement
incomplet de la cochlée. L’association d’un EVA et d’une cochlée incomplètement enroulée
correspond à la malformation princeps de Mondini (Fig. 3).
220
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 3 : malformation de Mondini
2-a TDM coupe axiale
2-b TDM coupe frontale postérieure
2-c TDM coupe frontale antérieure
Enroulement incomplet de la cochlée (lame
spirale incomplète) ($èche noire)
Dilatation de l’aqueduc du vestibule ($èche
blanche)
L’IRM
L’imagerie par résonance magnétique couplée à la TDM, avant implantation cochléaire, permet d’étudier à la fois la morphologie, le signal du labyrinthe membraneux (cf. chapitre V)
et le contenu du MAI. L’IRM permet d’apprécier le volume du sac endolymphatique extraosseux, l’aspect du modiolus et de visualiser une éventuelle asymétrie des rampes vestibulaire
et tympanique (Fig. 4). Elle permet l’étude du signal labyrinthique : hyposignal T2 des fibroses ou ossifications labyrinthiques ainsi que des processus expansifs intralabyrinthiques,
hypersignal T1 d’une hémorragie labyrinthique…
La découverte d’une dilatation du sac endolymphatique mérite une analyse fine de la cochlée car la coexistence d’anomalies morphologiques à ce niveau est fréquente [6,16]. Seule
l’IRM, en haute résolution en pondération T2, permet d’avoir la certitude de la présence d’un
nerf cochléaire et d’apprécier son calibre (par des reconstructions perpendiculaires à l’axe du
MAI) [1,4] (Fig. 5) ; elle doit aussi analyser les nerfs vestibulaires et le nerf facial. L’étude cérébrale permet de dépister des anomalies pouvant orienter sur l’origine d’une surdité : anomalies de la substance blanche ou anomalies de gyration (qui orientent vers une infection
antenatale à cytomégalovirus ou CMV), anomalies de signal des noyaux gris centraux (en faveur d’une maladie mitochondriale)...
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
221
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 4 : hypoplasie du modiolus et dilatation de l’aqueduc du vestibule (AV) (TDM)
ou du sac endolymphatique (SE) (IRM)
4-aTDM
4-b IRM
Hypoplasie du modiolus visible (→)en TDM et IRM
Dilatation du SE (*) bien plus marquée que ne laisse supposer la dilatation de l’AV au
scanner (*)
4-c modiolus normal TDM
4-d modiolus normal IRM
Figure 5 : sténose du canal du nerf cochléaire
5-a TDM, 5-b IRM coupe axiale HR T2, 5-c sag oblique HR T2
La TDM montre une sténose du canal du nerf cochléaire, un modiolus hyperdense et un MAI de diamètre normal
L’IRM montre un hyposignal marqué du modiolus et l’absence de division cochléaire dans le MAI (3 nerfs seulement)
SP de l’enfant d’origine malformative ou génétique
Malformations du labyrinthe
Les malformations de la cochlée ont été classées en 1987 par Jackler [11] en fonction du
stade d’arrêt du développement embryologique, en le corrélant à l’imagerie. Cette classification distingue les malformations du labyrinthe postérieur avec cochlée normale, des malformations avec cochlée absente ou dysplasique. Ces anomalies cochléaires sont, par ordre
de sévérité : l’aplasie de Michel (absence complète de labyrinthe, stade d’arrêt dans l’embryogénèse < 25ème jour) [16], l’aplasie cochléaire, la cavité cochléo-vestibulaire unique, la
cochlée vésicule unique, l’hypoplasie cochléaire et la cochlée incomplète (1 tour 1/2 de spire)
(Fig. 6). L’anomalie cochléaire peut être associée à des anomalies du vestibule (absent, hypoplasique, dilaté), des canaux semicirculaires (absents, hypoplasiques, larges) ou encore de
l’aqueduc du vestibule (large).
222
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 6 : différents types d’anomalies de la cochlée. TDM, coupes axiales
1 aplasie de MICHEL: absence complète de labyrinthe.
2 agénésie cochléaire.
3 vésicule cochléovestibulaire.
4. cochlée-vésicule unique.
5 cochlée incomplètement enroulée.
Figure 7 : bilan avant pose d’implant cochléaire: TDM et IRM
Figure a: TDM, coupe axiale – dilatation de l’aqueduc du vestibule
Figure b,c,d: IRM 3DTSE haute résolution, coupes axiales et parasagittale oblique -dilatation du sac endolymphatique (1), hypoplasie du modiolus (2), nerfs normaux.
La classification de Jackler repose sur la tomographie et le scanner. En 1997, Lemmerling a
montré que la dilatation de l’aqueduc du vestibule, malformation labyrinthique postérieure
« isolée » dite la plus fréquente, est en fait très rarement isolée [15]. Elle s’accompagne le plus
souvent d’une hypoplasie du modiolus visible en TDM. Ceci a été confirmé en IRM par Davidson [6] qui retrouve une anomalie cochléaire associée dans plus de 76 % des cas de dilatation de l’aqueduc du vestibule. L’anomalie est variable : hypoplasie ou absence du modiolus,
asymétrie de taille des rampes vestibulaire et tympanique ou enroulement incomplet (Fig. 7).
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
223
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Malformations du méat auditif interne et du canal du nerf cochléaire (CNC)
Un MAI étroit au scanner est souvent le témoin d’une hypoplasie du nerf cochléaire. Toutefois, alors que le MAI peut avoir un diamètre normal, une analyse rigoureuse du CNC à la
base de la cochlée, peut permettre de suspecter une agénésie ou hypoplasie du nerf (Fig.8).
La normalité du CNC n’exclut pas pour autant l’éventuelle agénésie du nerf [1] ; ainsi il est
indispensable dans une surdité congénitale profonde de visualiser le contenu du MAI. Un
élargissement isolé du MAI est possible, mais cet aspect justifie de visualiser le contenu par
une IRM afin d’éliminer un processus expansif intraméatique.
Figure 8 : TDM coupes axiales D et G
IRM T2HR: coupe axiale
Le canal du nerf cochléaire droit est plus étroit, alors
que les MAI sont quasi symétriques, l’IRM montre l’agénésie du nerf cochléaire droit.
Surdités de perception génétiques : orientation diagnostique
- Syndromiques
Syndrome de Waardenburg
Le syndrome de Waardenburg (SW) associe à la surdité des signes de dépigmentation dus à
une absence de mélanocytes au niveau de plusieurs organes. La surdité est profonde dans
35% des cas. Des anomalies sont retrouvées au scanner dans la forme la plus fréquente : le
SW type 2 (absence de dystopie canthale). La malformation, voire l’aplasie des canaux
semicirculaires (postérieurs notamment) est l’anomalie qui prédomine [10,17]. L’hypoplasie
de cochlée est moins fréquente. Dans le SW type 1, ces malformations sont beaucoup plus
rares. Dans tous les cas, l’implantation ne pose pas de difficultés.
Pendred et syndrome de l’aqueduc du vestibule large (EVA)
Le syndrome de Pendred associe une surdité de perception, une malformation labyrinthique
et un goitre. Il est lié à une mutation du gène SLC26A4 codant pour la pendrine. Les mutations du gène SLC26A4 sont aussi responsables de malformations labyrinthiques isolées, sans
224
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
les autres anomalies associées au syndrome de Pendred. La surdité est souvent fluctuante,
évoluant par à-coups favorisés par des microtraumatismes, vers la surdité sévère à profonde.
La malformation de l’oreille interne est de type Mondini, associant le plus souvent un enroulement incomplet de la cochlée et une dilatation de l’aqueduc du vestibule [9,12]. (Fig. 9).
Figure 9 : garçon 4 ans, syndrome de
Pendred (mutation du gène SLC26A4):
TDM - IRM avant implantation cochléaire : anomalie de type Mondini:
cochlée incomplètement enroulée, hypoplasie du modiolus et dilatation de
l’aqueduc du vestibule (sac endolymphatique en IRM)
Séquence CHARGE
La définition de la séquence CHARGE a évolué pour associer également une arhinencéphalie et une atteinte du rhombencéphale. Le diagnostic requiert trois signes majeurs ou bien
deux majeurs et deux mineurs [21]. Au scanner, les signes caractéristiques sont l’absence de
canaux semi-circulaires (Fig. 10). D’autres anomalies labyrinthiques peuvent être mises en
évidence : hypoplasie à divers degrés des CSC, malformation cochléaire de type Mondini.
Dans l’oreille moyenne, des malformations de l’incus, du stapes, de la fenêtre ovale ou encore
du canal facial peuvent être mis en évidence [14]. L’IRM peut montrer une agénésie uni- ou
bilatérale du nerf cochléaire et/ou du nerf facial, et montre de façon quasi-constante des
bulbes olfactifs.
Figure 10 : syndrome CHARGE
A: TDM coupe axiale
B et C: IRM T2 coupe axiale et frontale
A: agénésie des CSC, hypoplasie du vestibule, petites cochlées incomplètement enroulées, sténose bilatérale du canal
du nerf cochléaire et MAI étroits
B: MAI: 1 nerf discernable dans chaque MAI
Probable hypoplasie marquée de la division cochléaire
C: agénésie des bulbes olfactifs
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
225
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- Non syndromiques
Mutation de la connexine 26 (GJB2)
La surdité liée à la mutation de la connexine 26, aussi appelée DFNB1, est connue comme la
forme majeure de surdité de l’enfant [8,13,18]. Les malformations labyrinthiques y sont rares
et aspécifiques : EVA, hypoplasie du modiolus.
Surdité liée à l’X avec geyser labyrinthe (gène POU3F4)
La surdité liée à l’X, aussi appelée DFN3, est associée à des anomalies labyrinthiques souvent
caractéristiques. La TDM met en évidence une ballonnisation du MAI, prédominant à son
1/3 latéral. La cochlée est plus petite. L’absence de modiolus et le défaut de partition cochléaire sont responsables d’une communication directe avec le MAI (Fig. 11). Le risque de
fausse route du porte électrode vers les espaces sous-arachnoïdiens est à redouter lors de
l’implantation cochléaire.
Figure 11 : garçon de 2 ans,
surdité liée à l’X avec geyser labyrinthe (gène POU3F4).
TDM coupes axiales à
droite: canal cochléaire élargi
et large communication avec le
fond du MAI. Le modiolus est
absent. Une sagittalisation
avec ballonisation du MAI sont
observées, ainsi qu’une individualisation précoce et marquée des canaux du VII et du
nerf vestibulaire supérieur
dans le MAI.
SP de l’enfant d’origine infectieuse
CMV
L’infection anténatale à CMV peut se compliquer d’une labyrinthite avec persistance prolongée du virus dans l’endolymphe et la périlymphe. Le virus a été identifié par PCR dans la
périlymphe de patients au cours de la cochléostomie pour implantation cochléaire [7].
Dans cette infection, il n’existe pas, en règle générale, de malformation de l’oreille interne ou
moyenne. Par contre, des anomalies cérébrales doivent alerter et orienter vers ce diagnostic
(Fig. 12). Au scanner, il s’agit de calcifications intracrâniennes, d’une dilatation ventriculaire,
d’anomalies de substance blanche. A l’IRM, les anomalies aspécifiques sont nombreuses : dilatation ventriculaire et des espaces sous-arachnoïdiens, retard de myélinisation, lésions de
la substance blanche. Plus spécifiques sont la présence d’anomalie de la gyration (micropolygyrie) ou des lésions de la substance blanche des pôles temporaux combinant hypersignal
T2 marqué et kystes.
Infections postnatales
- Méningites bactériennes
- Labyrinthites infectieuses
226
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 : foetopathie à
CMV. IRM
6a coupe frontale T2
6b coupe axiale FLAIR
Hypersignal (→) de la
substance blanche périventriculaire et des lobes
temporaux avec kystes
temporaux bien visibles
en FLAIR (*)
Figure 13 : labyrinthite post-méningitique bilatérale au stade aigu.
a: TDM coupe axiale: oreille gauche montrée: pseudo augmentation de volume du CSC latéral à contours $ous.
b : IRM T1 après injection de contraste: prise de contraste bilatérale de la cochlée et du CSC latéral.
La propagation au labyrinthe d’une infection méningée ou de l’oreille moyenne est responsable d’une labyrinthite qui peut secondairement s’ossifier. Au stade aigu ou subaigu, le scanner peut montrer une pseudo-augmentation de volume du labyrinthe à contours flous (Fig.
13) et l’IRM, une prise de contraste labyrinthique ou des nerfs du MAI. Après le dépistage
d’une surdité post-méningitique, l’imagerie est à réaliser rapidement. En précisant la perméabilité endocochléaire, elle évalue la possibilité d’introduire le porte électrode dans la
cochlée. Le scanner ne permet de détecter que les labyrinthites ossifiées. L’IRM a l’avantage
de permettre la détection des labyrinthites non ossifiées (Fig. 14).
Implant cochléaire
Le bilan préopératoire :
Dans le bilan des enfants sourds profonds candidats à l’implantation cochléaire, l’imagerie
oriente le diagnostic étiologique et fait le bilan préopératoire. La TDM et l’IRM sont les deux
examens complémentaires utiles en routine. La TDM permet l’analyse de l’oreille moyenne,
du labyrinthe et du méat auditif interne (MAI) et recherche des malformations associées de
la base du crâne. Elle explore la chaîne ossiculaire, l’aspect des fenêtres, le trajet du canal facial, le volume de l’antre, la position du tegmen et du sinus latéral. L’IRM analyse le contenu
du MAI, le labyrinthe (signal et morphologie) et étudie le parenchyme cérébral à la recherche
de lésions qui peuvent compromettre le succès de l’implantation.
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
227
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 14 : labyrinthite ossifiante
post-méningitique bilatérale
a-b-c: TDM coupes axiales;
d : IRM HR T2
Ossification quasi complète du
labyrinthe en TDM; extinction de
la lumière complète en IRM.
L’imagerie peropératoire :
Pendant la chirurgie, le recours à l’imagerie a été réduit depuis le développement des techniques d’électrophysiologie peropératoire (NRT, PEAe). Toutefois dans les malformations
complexes, particulièrement celles rencontrées dans la surdité liée à l’X avec geyser labyrinthe, la fluoroscopie [5] et la TDM peropératoire [3] peuvent être utilisées pour guider
l’otologiste au cours de l’introduction de l’électrode.
L’imagerie postopératoire :
La tomodensitométrie postopératoire n’est pas systématique (Fig. 15). Elle est requise lorsqu’il
y a un doute sur la qualité de l’insertion du porte-électrode : profondeur de l’insertion, insertion dans la bonne rampe. Elle permet d’identifier le placement incorrect de l’électrode qui
peut se vriller sur elle-même ou bien faire fausse route (Fig. 16), particulièrement lorsqu’il
existe une malformation labyrinthique (Fig. 17). Alors que peu d’études décrivent les particularités de cette exploration postopératoire chez l’enfant, il est indispensable de favoriser
les techniques d’imagerie à basse dose, comme le cone-beam CT [20].
Figure 15 : radiographie de contrôle en incidence de Stenvers montrant l’enroulement du porte-électrode dans la cochlée.
228
SURDITÉ
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 16 : implant dans l’hypotympan
A- radiographie.
B- TDM coupe frontale montrant la situation
précise du porte-électrode.
Figure 17 : TDM postopératoire, coupes frontale et axiale: fausse route du porte-électrode (Nucleus®
Freedom™, Electrode Contour Advance™) dans le méat auditif interne. L’enfant avait une malformation
bilatérale de Mondini, a eu de nouveau un implant en utilisant une électrode droite.
Références
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cochlear nerve deficiency. Otol Neurotol. 2007; 28(5):597-604.
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Mots-clés :
Cochlear Implants
Genetics
Hearing Loss, Sensorineural
Labyrinthitis
Magnetic Resonance Imaging
Tomography, X-Ray Computed
Vestibulocochlear Nerve Diseases.
230
SURDITÉ
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre VI-2
Complications
des otites aiguës
E. LESCANNE
G. ROGER
V. COULOIGNER
M. ELMALEHBERGES
231
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
232
COMPLICATIONS OTITES AIGUËS
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-2
Complications
des otites aiguës
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
VI-2-1
Complications intratemporales
Mastoïdite aiguë
Le TDM est l'examen clé pour explorer une mastoïdite aiguë extériorisée et orienter le traitement [12]. L'examen doit comporter une étude des rochers et une étude cérébrale avec injection en raison de la fréquence des complications intracrâniennes (10 %) [9]. Dans une revue
récente, Couloigner et coll. [2], précisent les indications de prescription de la TDM et les
anomalies à rechercher. L'examen est prescrit en urgence dans les circonstances suivantes :
- aspect clinique évocateur d'abcès sous-périosté, en particulier d'une fluctuation à la palpation ;
- suspicion de complication : signes neurologiques, syndrome septicémique, etc ;
- absence d'évolution clinique favorable après 48 h à 72 h de traitement antibiotique intraveineux ;
- bilan préchirurgical : mastoïdectomie.
Les principales anomalies recherchées sont les suivantes :
- signes de mastoïdite aiguë extériorisée : coalescence des cellules mastoïdiennes, ostéolyse
de la corticale mastoïdienne, souvent discrète, se traduisant par un défect osseux localisé ou
par un aspect flou, déminéralisé, de la corticale ; abcès rétro-auriculaire prenant l'aspect d'une
hypodensité rehaussé en périphérie par le produit de contraste.
- signes de complications : érosion ossiculaire ou labyrinthique, ostéomyélite, thrombophlébite du sinus sigmoïde, suppuration intracrânienne ; en cas de paralysie faciale, on recherchera une dénudation du nerf dans sa 2ème ou 3ème portion.
Une ostéolyse anormalement étendue peut résulter d'une ostéomyélite, particulièrement fréquente avec certains germes (staphylocoque doré, anaérobies) et sur certains terrains (immunodépression, diabète), ou être liée à une pathologie sous-jacente (cholestéatome,
histiocytose X, rhabdomyosarcome). La présence de bulles d'air dans les régions sous-cutanées ou dans les portions pétreuses médullaires au cours des ostéomyélites est évocatrice
d'une infection à anaérobies (Fig. 1). Il s'y associe un comblement des cellules mastoïdiennes
et de la cavité tympanique. Le scanner a une sensibilité de 97 % et une valeur prédictive positive de 94 % pour détecter une complication endocrânienne [13,10], principalement la
thrombophlébite du sinus latéral (Fig. 2) ou un abcès épidural (Fig. 3). L'IRM peut dépister
des complications labyrinthiques, vasculaires ou parenchymateuses, mais elle est rarement
utilisable en urgence.
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
233
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : garçon 3 ans; mastoïdite avec extension antérieure.
1a, 1b : TDM coupes axiales avec injection.
Thrombose du sinus sigmoïde (); abcès sous périosté de
la fosse temporale externe.
Épidurite temporale (); présence d’air intra-osseux (→).
1c, 1d : TDM coupes axiales fenêtres osseuses.
Érosion du condyle mandibulaire(); présence d’air
intra-osseux (→).
Germe : fusobacterium necrophorum.
234
COMPLICATIONS DES OTITES AIGUËS
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 2 : fillette, 2 ans.
Mastoïdite extériorisée avec abcès rétroauriculaire gauche + thrombose du sinus latéral gauche et ostéolyse de la mastoide gauche
Bactériologie : Fusobacterium necrophorum.
2a, 2b : TDM coupes axiale et frontale : abcès sous périosté (→); thrombose du sinus latéral et sigmoïde ().
2c, 2d : TDM fenêtres osseuses : lyse des parois postérieure (sinus sigmoïde) et latérale de la mastoïde.
Figure 3 : IRM coupe axiale T1 avec
injection. Mastoïdite gauche étendue à la fosse temporale avec cellulite et collections sous-cutanées et
abcès épidural.
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
235
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La mastoïdite tuberculeuse est particulière, tant par la clinique différente (otorrhée chronique indolente) que par ses complications (Fig. 4). L'imagerie a une place essentielle car elle
précise l'étendue des lésions inflammatoires souvent extensives : arthrite temporomandibulaire, thrombophlébite du sinus sigmoïde, atteinte parenchymateuse.
Paralysie faciale
La PF otogène est d'installation brutale lorsqu'elle complique une OMA et d'apparition plus
progressive lorsqu'il s'agit d'une otite chronique. Le site de prédilection des lésions est situé
à la portion tympanique du canal facial, là où les déhiscences sont fréquentes. Les autres
zones à risque sont le ganglion géniculé et le récessus facial. Le diagnostic de paralysie faciale
otogène repose sur la clinique (anamnèse et otoscopie). L'imagerie n'a pas de rôle diagnostique et n'est pas envisagée au stade initial.
Dans l'OMA compliquée, l'imagerie doit être réalisée en l'absence de récupération rapide de
la PF sous traitement [9]. L'analyse osseuse fine en TDM précise l'extension des lésions inflammatoires et recherche d'éventuelles lésions osseuses du canal facial : déhiscence ou lyse,
trajet anormal.
Dans l'otite chronique, son intérêt pour planifier la chirurgie est fondamental.
Parmi les autres étiologies de PF otogènes, la tuberculose est responsable de lésions osseuses
extensives assez évocatrices (Fig. 5).
Complications endocrâniennes
Voies de diffusion de l'infection
La diffusion d'une infection de l'oreille moyenne vers l'endocrâne peut, en théorie, suivre des
voies diverses [5,8] : préformée, le long d'un trajet anatomique pré-existant, néoformée le
long d'un trajet créé par le cholestéatome et vasculaire, le plus souvent veineuse.
Diffusion par une voie préformée
L'infection s'étend par les canaux osseux préexistants : MAI, aqueduc de la cochlée ou du
vestibule, sutures de l'os temporal. Ce mécanisme est plus souvent à l'origine de méningites
que de collections sous ou épidurales, ou intra-parenchymateuses.
Diffusion par une voie néoformée
Dans ce cas, l'infection diffuse au travers d'une solution de continuité osseuse produite par
un cholestéatome. L'infection peut aller de la méningite en cas de simple dénudation duremérienne, à l'empyème sous-dural. Les collections résultant de ces infections sont toujours
localisées à proximité immédiate du cholestéatome, et le plus souvent en situation temporale
en raison du mode de développement habituel du cholestéatome vers la face supérieure du
rocher.
236
COMPLICATIONS DES OTITES AIGUËS
VI-2-2
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 4 a, b : garçon, 13 ans, mastoïdite tuberculeuse. Otorrhée Gauche, polype du MAE, saignant au contact. Surdité
mixte 80dB. TDM coupes axiale et frontale. Comblement mastoïdien. Osteïte ossiculaire, lyse du tegmen () et appositions
périostées (→).
c, d : IRM coupes frontales T1 avec injection. Prise de contraste du contenu mastoïdien et prise de contraste épidurale, collection sous-cutanée ()(d). Autre lésion frontale droite développée en sous-cutané ()et épidural () (c).
Figure 5 : garçon, 2 ans, paralysie faciale et mastoïdite
tuberculeuse. TDM coupes axiales. Comblement mastoïdien droit avec ostéolyse extensive.
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
237
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Diffusion par voie veineuse
Le réseau veineux sert de voie de diffusion, par le biais de thrombophlébites extensives.
Celles-ci peuvent intéresser des veinules mastoïdiennes et s'étendre ensuite dans des réseaux
veineux de plus gros calibre comme le sinus latéral, la veine émissaire mastoïdienne, ou les
veines corticales et diploïques. Les conséquences sont de deux types : purement veineuses
(thrombophlébite du sinus latéral) ou méningo-encéphaliques en cas d'ensemencement à
distance, vers les espaces sous-duraux ou le parenchyme cérébral, plus rarement dans l'espace
épidural. Les nombreuses anastomoses entre le réseau veineux osseux temporal et le réseau
cérébral superficiel expliquent ainsi la survenue d'une infection apparemment séparée du
cholestéatome par un os sain, voire des localisations très à distance (faux du cerveau,
convexité).
Les complications
Abcès extra-duraux
Lorsqu'ils sont visibles à l'examen tomodensitométrique, ils donnent une image hypodense
avec prise de contraste périphérique au contact du tegmen ou de la paroi postérieure de l'antre. Le defect osseux est de petite taille le plus souvent.
Abcès sous-duraux
Les abcès sous-duraux otogènes sont beaucoup plus rares et rencontrés uniquement dans
les otites chroniques cholestéatomateuses [3]. Le symptôme qui doit y faire penser est l'altération de la conscience [4]. L'examen tomodensitométrique n'est pas le meilleur examen
pour mettre en évidence un abcès sous-dural car pouvant se trouver en défaut [6]. Il est impératif de demander une IRM avec injection de gadolinium.
Encéphalite présuppurative
L'encéphalite présuppurative correspond à un oedème et à une nécrose cérébrale associés
ou non à une thrombose veineuse [3]. La localisation temporale se manifeste par des céphalées, une fièvre élevée, éventuellement des crises convulsives et des signes neurologiques
déficitaires avec des troubles de la conscience. La localisation cérébelleuse est trompeuse du
fait de la pauvreté des signes cliniques qui sont ceux de l'hypertension intracrânienne. En
TDM, la lésion est homogène et hypodense.
Abcès intracérébraux (temporaux et cérébelleux)
Les abcès du cervelet otogènes sont exceptionnels. Ils s'installent de manière insidieuse. Le
tableau classique associe des céphalées postérieures dues à l'hypertension intracrânienne,
des vertiges ou une simple instabilité, et des signes de suppuration profonde (fièvre élevée,
sensation de malaises, frissons). L'examen met en évidence un nystagmus et des signes cérébelleux du côté de l'otite moyenne. Mais les abcès du cerveau otogènes (temporaux ou cérébelleux) peuvent être latents et découverts sur l'examen tomodensitométrique demandé
238
COMPLICATIONS DES OTITES AIGUËS
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
pour une mastoïdite aiguë ou une poussée de réchauffement d'une otite chronique [11]. Un
peu plus de la moitié des abcès cérébraux otogènes siègent dans le lobe temporal et un peu
moins de la moitié dans le cervelet.
rombophlébite du sinus latéral
La thrombophlébite du sinus latéral d'origine otogène est souvent asymptomatique. L'examen
tomodensitométrique montre classiquement une hypodensité intravasculaire [7] accompagnée
d'un rehaussement de la dure-mère adjacente après injection. Des signes indirects peuvent également se voir comme l’augmentation de calibre des vaisseaux collatéraux et controlatéraux par
modification du flux sanguin. L'angio-scanner et l'angio-IRM sont des examens très sensibles [1].
Sur l'angio-scanner, il y a une image de soustraction endoluminale qui correspond au thrombus.
L'examen permet de préciser l'extension du thrombus et surtout de vérifier l'intégrité du sinus sigmoïde controlatéral. L'angio-IRM montre un hypersignal en T1 et T2 dans le sinus veineux latéral thrombosé ainsi qu'une diminution ou une absence de flux.
Mastoïdite droite – syndrome de Lemierre.
Figure 6 a,b : TDM coupes axiales après injection. Thrombose des veines jugulaires (a) (→). Abcès sous-périosté (→), thrombus sigmoïde ().
c,d : TDM coupes axiales après injection. Thrombose des sinus caverneux (c) (→). Ischémie cérébrale des territoires sylvien
droit et cérébral antérieur droit et gauche possiblement en rapport avec l’atteinte des carotides intracaverneuses.
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
239
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
rombose de la jugulaire interne
La thrombose septique de la jugulaire interne ou syndrome de Lemierre est une complication possible des OMA, des mastoïdites aiguës dues à des germes anaérobies, plus particulièrement Fusobacterium necrophorum (Fig. 6). La TDM montre le comblement des cavités
de l'oreille moyenne, éventuellement associé à une lyse osseuse et des signes de thrombose
plus ou moins étendue du sinus latéral et de la partie haute de la veine jugulaire interne [3].
240
COMPLICATIONS DES OTITES AIGUËS
Références
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
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Mots-clés :
Mastoiditis
Meningitis
Osteomyelitis
Otitis Media
Skull Base
Trombophlebitis.
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
241
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
242
Chapitre VI-3
Vertiges
et troubles
de l’équilibre
P. BERTHOLON
MB. FAYE
A. GENTINE
FG. BARRAL
243
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
244
Chapitre VI-3
Vertiges et
troubles de l’équilibre
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
VI-3-1
Introduction
Le vertige est une sensation erronée de déplacement du sujet ou de son environnement. Parfois net, grand vertige rotatoire, il peut être plus discret, à type d’instabilité, de sensation
ébrieuse ou de tangage. L’interrogatoire minutieux du patient et un examen otoneurologique
complet, associés à une audiométrie tonale, permettent le plus souvent de faire le diagnostic
d’un dysfonctionnement très localisé de l’oreille interne (vertige positionnel paroxystique
bénin), plus global de l’oreille interne ou du nerf vestibulaire (syndrome vestibulaire harmonieux de type périphérique), plus rarement d’objectiver un syndrome vestibulaire central
(cf encadré). Ce bilan clinique et audiométrique permet de juger de l’opportunité d’examens
complémentaires d’électrophysiologie (vidéonystagmographie, potentiels évoqués auditifs
ou otolithiques) et/ou d’imagerie. Les explorations radiologiques sont dominées par l’IRM
et à un moindre degré par le scanner crânien. Les progrès récents de l’IRM imposent d’effectuer une demande précise au radiologue. C’est le rôle du bilan clinique de définir la zone
lésionnelle qu’il faudra cibler (angle ponto-cérébelleux, cervelet, charnière cervico-occipitale…) mais aussi d’appréhender l’étiologie du vertige (vasculaire, tumorale, inflammatoire…). Ces informations sont essentielles au radiologue pour utiliser les plans de coupe et
les séquences radiologiques adaptées.
De façon schématique, nous envisagerons quatre situations cliniques : le vertige sans surdité,
le vertige associé à une surdité de perception, le vertige associé à une surdité de transmission
ou mixte, enfin, le déséquilibre qui correspond à un groupe étiologique plus large.
SYNDROME VESTIBULAIRE PERIPHERIQUE
(Lésion du labyrinthe ou du nerf vestibulaire)
- Vertige rotatoire avec sémiologie neurovégétative (vomissements, sueurs, paleur),
- Syndrome vestibulaire harmonieux = Nystagmus horizonto-rotatoire dont la secousse lente
se fait dans le même sens que la déviation axiale,
- Sémiologie auditive possible.
SYNDROME VESTIBULAIRE CENTRAL
(Lésion des noyaux vestibulaires ou de leurs connexions)
- Instabilité même si vertige rotatoire possible,
- Syndrome vestibulaire dysharmonieux = absence de systématisation
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
245
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Le vertige sans surdité
Trois situations cliniques se dégagent : un grand vertige rotatoire, unique, durable, avec ou
sans atteinte neurologique, des vertiges rotatoires récidivants, des vertiges positionnels.
Un grand vertige rotatoire, unique, durable, avec ou sans atteinte
neurologique
Un grand vertige rotatoire, unique, durable, de survenue brutale, avec atteinte neurologique est évocateur d’un accident vasculaire. Le bilan clinique permet aisément le diagnostic d’un syndrome de Wallenberg (infarctus latérobulbaire), compte tenu d’une riche
sémiologie, ou suspecte un accident vasculaire cérébelleux, de diagnostic plus difficile.
L’IRM est l’examen de référence car elle est plus précise que le scanner pour visualiser le
tronc cérébral et permet différents types de séquences (Fig. 1 et 2). Ainsi, un accident ischémique se manifeste par un hyposignal T1, hypersignal T2, hypersignal en diffusion et hyposignal en Apparent Diffusion Coefficient (ADC), parfois une rupture de barrière sur les
séquences T1 après injection (Fig. 1, 2 et 3). Ce sont les séquences de diffusion (et ADC) qui
apportent les arguments les plus précoces pour un accident vasculaire (Fig. 2 et 3). En cas
d’accident ischémique vertébro-basilaire constitué, des techniques de diffusion, réalisées dans
les 24 heures qui suivent l’apparition des symptômes, montrent une lésion dans 71 % des cas
[16]. Ce pourcentage n’est que de 28 % pour le scanner [16].
L’IRM est également performante en cas d’accident ischémique transitoire. Lorsque l’IRM est
réalisée dans les 24 heures, les techniques de diffusion objectivent une lésion dans 42,8 %
des cas [16]. Si ce délai est de 2 semaines, le taux de détection n’est plus que de 14 % [21].
L’IRM doit être couplée à l’angioIRM pour visualiser le système artériel vertébro-basilaire et
préciser l’étiologie de l’accident vasculaire : thrombose (Fig. 4), embolie d’origine cardiaque
ou dissection. L’hématome frais d’une dissection sera visualisé sous la forme d’un croissant
périvasculaire en hypersignal sur les séquences IRM en T1 sans injection (avec saturation de
graisse) réalisées sur la base du crâne et la partie supérieure du cou. L’angioscanner peut être
complémentaire de l’angioIRM car il est plus performant pour dégager la crosse aortique et
l’origine des artères vertébrales qui sont volontiers le siège de plaques athéromateuses. Ces
techniques d’angioIRM et d’angioscanner ont remplacé l’artériographie sélective qui n’est
maintenant utilisée qu’en cas de doute diagnostique et surtout d’implication thérapeutique
éventuelle.
Un grand vertige rotatoire, unique, durable, sans atteinte neurologique, fait évoquer une névrite vestibulaire si l’examen clinique est en faveur d’un syndrome vestibulaire périphérique
(cf encadré) et que la vidéonystagmographie montre une aréflexie ou une très nette hyporéflexie calorique d’un côté.
L’IRM n’est pas systématique mais sera réalisée au moindre doute et surtout en cas d’atypie
clinique ou électrophysiologique. Cette IRM est intéressante pour éliminer une forme «pseudolabyrinthique» d’accident vasculaire cérébelleux. En effet, Lee et coll. [14] ont montré que
10 % des accidents vasculaires cérébelleux, surtout ceux qui surviennent dans le territoire de
l’artère cérébelleuse postéro-inférieure (branche médiane), pouvaient donner un tableau cli-
246
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
VI-3-2
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 1 : IRM en coupe axiale en séquence T1 sans injection. Syndrome de Wallenberg gauche. Hyposignal latérobulbaire gauche.
IRM en coupe axiale en séquence T2. Syndrome de Wallenberg gauche. Hypersignal latérobulbaire gauche.
Figure 2 : IRM en coupe axiale en séquence de diffusion. Syndrome
de Wallenberg gauche. hypersignal bulbaire gauche.
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
247
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 3 : IRM en coupe axiale
en séquence de diffusion.
Infarctus cérébelleux dans le
territoire médian de l’artère
cérébelleuse postéro-inférieure
droite. Hypersignal bien
délimité, ne dépassant pas la
ligne médiane, et correspondant à un territoire vasculaire.
IRM en coupe axiale en
séquence ADC. L’infarctus
apparaît en hyposignal car
récent.
Figure 4 : angioIRM.
Syndrome de Wallenberg gauche. Thrombose de l’artère
vertébrale gauche.
nique évoquant une névrite vestibulaire (Fig. 3). Il a aussi été montré que des accidents vasculaires constitués de la fosse cérébrale postérieure pouvaient être annoncés par des vertiges
isolés, mais récidivants dans les semaines précédentes [9].
Cette IRM recherchera dans le même temps une atteinte du nerf vestibulaire, par un neurinome du VIII (qui se développe au dépend de la myéline périphérique du nerf vestibulaire,
c’est-à-dire, dans le conduit auditif interne) ou une plaque de sclérose en plaques pontique
(atteinte de la myéline centrale, c’est-à-dire, intraaxiale) (Fig. 5). Quelques clichés visualisant
l’oreille interne élimineront un exceptionnel neurinome intralabyrinthique. Ainsi, l’IRM
devra comprendre des séquences en T1 sans et avec Gadolinium (recherche de neurinome),
en T2 (hypersignaux caractéristiques de la sclérose en plaques), et des séquences de diffusion
(accident vasculaire, en particulier dans le territoire de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure).
248
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 5 : IRM en coupe axiale en séquence T1 avec injection de gadolinium. Sclérose en plaques. Plaque prenant le gadolinium dans la région du nerf vestibulaire
(myéline centrale) et des noyaux vestibulaires du côté droit.
IRM en coupe axiale en séquence DP T2. Sclérose en plaques. Hypersignaux de la
substance blanche périventriculaire.
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
249
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Un vertige rotatoire récidivant
En l’absence d’atteinte auditive, il correspond à la classique vestibulopathie récurrente. Il est
surtout utile de voir les patients en urgence pour objectiver un syndrome vestibulaire harmonieux qui confirme le dysfonctionnement global de l’oreille interne (cf encadré). Une exploration électrophysiologique complète doit être réalisée. L’imagerie n’est pas indispensable
sauf en cas d’atypie.
Un vertige positionnel
Le vertige positionnel est dominé par le vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB) qui
représente, selon les séries, le quart voire le tiers des patients vertigineux. Ce VPPB atteint habituellement le canal postérieur (VPPBpost), plus rarement le canal horizontal (VPPBhor).
Il est diagnostiqué cliniquement par l’observation d’un nystagmus caractéristique lors des
manœuvres positionnelles et traité par des manœuvres adaptées au canal atteint. L’imagerie
comme les explorations électrophysiologiques ne sont pas nécessaires dans les formes typiques [4]. Néanmoins, l’IRM s’impose dans 2 circonstances [4] : d’une part, lorsqu’il existe
des atypies et il faut être vigilant en cas de nystagmus positionnel horizontal agéotropique,
à fortiori de nystagmus positionnel vertical inférieur ou supérieur (sans composante rotatoire
associée) [2,3], d’autre part, lorsque le VPPB paraît typique mais n’a pas pu être guéri par
plusieurs manœuvres thérapeutiques [4]. Cette IRM devra visualiser l’ensemble de la fosse
cérébrale postérieure avec des clichés plus particulièrement centrés sur le cervelet car la majorité des vertiges et /ou nystagmus positionnel d’origine centrale sont dus à une atteinte cérébelleuse (Fig. 6) [2,3].
Figure 6 : IRM en coupe axiale T1 avec injection de
gadolinium. Métastase cérébelleuse. Lésion d’aspect
nécrotique prenant le gadolinium en périphérie.
Figure 7 : IRM en coupe axiale, T1, sans injection. Hypersignal labyrinthique spontané témoignant d’une hémorragie
labyrinthique.
250
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
VI-3-3
Le vertige avec surdité
Le vertige avec surdité de perception
L’apparition brutale d’un premier épisode de grand vertige rotatoire associé à une surdité de
perception est évocateur d’une névrite cochléo-vestibulaire qui correspond à une présentation clinique rare dont l’étiologie est imprécise. Il faut se méfier d’une atteinte vasculaire due
soit à un accident vasculaire cérébelleux dans le territoire de l’artère cérébelleuse antéro-inférieure [12,13] soit à une hémorragie labyrinthique caractérisée par un hypersignal labyrinthique spontané lors des séquences T1 (Fig. 7). Il peut aussi s’agir d’une labyrinthite,
objectivée par une prise de gadolinium du labyrinthe sur les séquences pondérées en T1 avec
injection de gadolinium, pour lequel le contexte clinique associé est souvent évocateur. Il
faut en outre éliminer un neurinome du VIII ou intralabyrinthique [5]. Ce dernier se caractérise par une prise de gadolinium lors des séquences T1 avec injection associée à une moindre visualisation des liquides labyrinthiques en séquence T2 et Ciss (Fig. 8) [7]. Il est
remarquable que la prise de gadolinium est plus localisé, ponctiforme et à contours nets dans
le neurinome tandis qu’elle est diffuse dans la labyrinthite.
Ainsi, l’IRM encéphalique s’impose et ciblera très précisément l’oreille interne, le conduit auditif interne et le pont. Elle doit comporter au minimum des séquences T1 avec et sans gadolinium, T2 et des séquences de diffusion.
La récidive de vertiges rotatoires dans un contexte de surdité de perception touchant préférentiellement les fréquences graves (au moins au départ) évoque la maladie de Menière. Bien
qu’elle ne soit pas indispensable dans les formes typiques, l’IRM est souvent réalisée au cours
de l’évolution de la maladie, surtout si elle est invalidante, pour éliminer une malformation
de l’oreille interne [20] (Fig. 9) et surtout un neurinome intralabyrinthique [5,7] ou une tumeur de l’angle ponto-cérébelleux. Elle recherchera aussi une tumeur du sac endolymphatique [1,11] (Fig. 10), un méningiome [6] (Fig. 11) ou autre lésion [15] située juste en regard
du sac endolymphatique. Ainsi, l’IRM est surtout intéressante pour le diagnostic différentiel
de la maladie de Menière. Néanmoins, elle tend à le devenir pour le diagnostic positif. D’une
part, l’IRM permet de mesurer la distance entre le canal semi-circulaire postérieur et les espaces sous-arachnoïdiens, qui serait diminuée dans la maladie de Menière [22]. D’autre part,
des articles récents montrent que du gadolinium injecté à travers la membrane tympanique
diffuse dans les espaces périlymphatiques ce qui permet de différencier les espaces péri- et
endolymphatiques [18,19]. Il est alors possible de mesurer un rapport espace endolymphatique sur espace endo- plus périlymphatique dont l’élévation confirme la présence d’un hydrops endolymphatique [18]. Cette technique permet en outre d’apprécier la diffusion du
gadolinium dans l’oreille interne via la fenêtre ronde et pourrait avoir une valeur pronostique en cas d’injection de gentalline transtympanique [19].
Le vertige avec surdité de transmission ou mixte
Le vertige associé à une surdité de transmission ou mixte s’observe surtout dans les malformations d’oreille interne : dilatation de l’aqueduc du vestibule [8,10], déhiscence du canal
semi-circulaire supérieur [17] mais aussi postérieur, ou autre malformation de l’oreille interne
(Fig. 12).
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
251
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 8 : coupe axiale, T1 sans injection. Pas ou peu de modification du signal du vestibule droit.
Coupe axiale, T1 avec injection de Gadolinium. Nette prise de gadolinium du vestibule droit évocateur d’un
schwannome intralabyrinthique.
252
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 9 : IRM en coupe axiale en T2. Dilatation de l’aqueduc du vestibule et du sac endolymphatique droit.
Le scanner du rocher est indiqué en première intention car il est plus performant que l’IRM
pour analyser le ‘carter’ labyrinthique osseux et dépister une malformation d’oreille interne.
Il permet de rechercher dans le même temps des foyers otospongieux quoique l’otospongiose soit peu pourvoyeuse de vertige. Si le scanner n’apporte pas d’explication, il paraît légitime de le coupler à une IRM, plus performante pour l’analyse des liquides de l’oreille
interne et du MAI. Cette association scanner et IRM, régulièrement utilisée dans le bilan
pré-implant cochléaire, est utile dans certains cas difficiles de vertiges invalidants et/ou pour
préciser une anomalie découverte à l’un de ces examens (Fig. 10).
Dans le cas particulier d’un traumatisme crânien, le scanner recherchera une fracture de la
coque labyrinthique, un pneumolabyrinthe, ou une fistule labyrinthique, développés ailleurs.
VI-3-4
L’instabilité permanente
La notion d’instabilité permanente correspond à un groupe étiologique beaucoup plus large,
traduisant des états aussi différents qu’un vertige chronicisé quelle qu’en soit la cause, une affection neurologique ou une origine psychogène. Nous envisagerons seulement 2 situations
cliniques particulières.
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
253
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 10 : IRM en coupe axiale en séquence T1 (sans injection). Hypersignal
dans la zone du sac endolymphatique.
IRM en coupe axiale en séquence T1 avec
injection. Hypersignal dans la zone du sac
endolymphatique nettement réhaussé par
le gadolinium.
Scanner du rocher en coupe axiale. Lyse
osseuse dans la zone du sac endolymphatique.
254
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 11 : IRM en coupe
axiale T1 avec injection de
gadolinium. Méningiome.
Nette prise de gadolinium, en arrière du sac
endolymphatique, avec
une large base d’implantation sur la dure mère.
Figure 12 : scanner en coupe axiale
sans injection. Malformation du labyrinthe postérieur avec dilatation
du canal semi-circulaire horizontal.
Figure 13 : IRM en coupe sagittale
T1. Malformation de Chiari 1 avec
descente des amygdales cérébelleuses dans le trou occipital. Aspect
triangulaire des amygdales cérébelleuses.
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
255
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Avec découverte d’un nystagmus vertical inférieur
Ce nystagmus vertical inférieur, source d’oscillopsies, est présent à la fixation oculaire et augmente d’intensité dans les regards latéraux. Pour des raisons physiologiques, il se rencontre
dans les lésions des voies vestibulaires et/ou cérébelleuses situées dans la partie basse de la
fosse cérébrale postérieure, ie, lésion bulbaire ou du cervelet inférieur. De nombreuses affections neurologiques peuvent rendre compte d’un tel nystagmus dont la malformation de
Chiari qui en constitue la première cause. Ainsi une IRM très précise de la fosse cérébrale postérieure s’impose qui comprendra au minimum quelques coupes sagittales et/ou coronales,
les plus performantes pour préciser une malformation de Chiari (Fig. 13)
L’instabilité permanente du sujet âgé
Elle est très fréquente et souvent d’origine multifactorielle. Néanmoins, il ne faut pas hésiter
à rechercher certaines étiologies qui pourraient avoir une implication thérapeutique comme
une hydrocéphalie, une encéphalopathie vasculaire, un hématome sous dural. En fonction du
contexte clinique, on demandera un scanner ou plus volontiers une IRM encéphalique.
Conclusion
L’interrogatoire, l’examen clinique et l’audiométrie tonale sont le préalable indispensable à
l’exploration de tout patient vertigineux et permettront de juger de l’opportunité de poursuivre les explorations d’électrophysiologie et/ou d’imagerie. Si une imagerie est nécessaire,
l’IRM est indiquée d’emblée chez un patient souffrant d’un vertige avec atteinte neurologique, d’un vertige associé à une surdité de perception, ou d’un vertige isolé. En effet, l’IRM
est très performante pour l’étude du MAI et de la fosse cérébrale postérieure (tronc cérébral
et cervelet). C’est seulement en cas de vertige associé à une surdité de transmission ou mixte
que le scanner, plus précis pour analyser le carter labyrinthique, sera réalisé en première intention. Dans certains cas, il peut être utile de coupler scanner et IRM.
256
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
VI-3-5
Références
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Références
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P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
257
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
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Submillimeter magnetic resonance imaging of the temporal bone in Menière’s disease. Laryngoscope,
1996;106:1359-1364.
Mots clés :
Hearing loss, conductive
Hearing loss, mixed conductive sensorineural
Hearing loss, sensorineural
Nystagmus, pathologic
Vertigo
Vestibular Diseases
Vestibule, Labyrinth.
258
VERTIGES ET TROUBLES DE L’ÉQUILIBRE
Chapitre VI-4
Acouphènes
C. VINCENT
G. SALIOU
A. BOZORGGRAYELI
JL. BENSIMON
S. BOBIN
259
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
260
ACOUPHÈNES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-4
Acouphènes
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL. BENSIMON, S. BOBIN
VI-4-1
Situation clinique
La demande d’examen radiologique doit s’intégrer dans une démarche de diagnostic otoneurologique. Cette démarche comprend l’examen clinique avec notamment otoscopie, évaluation de l’audition, examen oto-neurologique, vidéonystagmoscopie ; l’évaluation objective
des fonctions cochléaires et vestibulaires (potentiels évoqués auditifs provoqués (PEAP),
PEO, VNG) et l’évaluation radiologique.
Compte tenu de la fréquence des acouphènes dans la population (jusqu’à 10 %) [2, 10-11],
il n’est pas licite de proposer une exploration radiologique à tout patient consultant pour
acouphène.
Cependant, tout acouphène unilatéral ou à prédominance unilatéral durant plus de 2 mois
doit être exploré d’un point de vue radiologique et fonctionnel.
Un examen radiologique unique ne pouvant être adapté à toutes les étiologies possibles, il
convient donc d’orienter le bilan en fonction de la clinique.
Schématiquement, les éléments orientant ce choix sont :
- le caractère unilatéral ou à prédominance unilatérale de l’acouphène,
- la normalité de l’examen clinique en particulier de l’otoscopie,
- le caractère pulsatile ou non de l’acouphène.
Il est classique de séparer les acouphènes subjectifs et objectifs :
- acouphènes subjectifs (95 % des cas) : sensation auditive perçue par le patient en dehors de
tout stimulus extérieur. Cette sensation est perçue seulement par le patient et peut avoir une
origine périphérique ou centrale,
- acouphènes objectifs (5 % des cas) : perception anormale d’un bruit réel interne à l’organisme qui peut être perçu par l’entourage.
VI-4-2
Stratégie d’imagerie et étiologies
L’otoscopie est essentielle au diagnostic et doit rechercher une anomalie de coloration du
tympan (rouge pour les paragangliomes et les anomalies carotidiennes, bleue dans les anomalies du bulbe jugulaire) ainsi qu’une masse rétro-tympanique. Elle s’intègre bien entendu
dans le bilan diagnostique cochléo-vestibulaire qui ne doit pas omettre l’auscultation cervicale et crânienne.
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL. BENSIMON, S. BOBIN
261
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
En cas d’acouphène pulsatile associée à une autre symptomatologie ORL ou neurologique,
l’exploration radiologique doit privilégier l’exploration du symptôme associé.
Acouphènes pulsatiles à tympan anormal
Les principales étiologies sont les suivantes :
- paragangliomes
Egalement appelé chémodectome ou tumeur glomique, le paragangliome est une tumeur
hypervasculaire développée aux dépens du tissu paraganglionnaire : médullosurrénale, glomus tympanique et jugulaire, glomus carotidien et vagal. Cette tumeur est généralement bénigne et peut secréter des cathécholamines, elle est alors appelée phéochromocytome si la
localisation est surrénalienne ou paragangliome fonctionnel si la localisation est extra-surrénalienne. Une origine génétique existe pour 30 % des cas, volontiers associée à des localisations multiples. Ils sont isolés dans 70 % des cas environ.
Les localisations les plus fréquentes s’accompagnant d’acouphènes pulsatiles sont les localisations tympaniques pures, tympano-jugulaires ou jugulaires.
Le paragangliome tympanique se développe dans l’oreille moyenne, le long du nerf de Jacobson sur le promontoire (branche du IX). Ils peuvent également accompagner le nerf d’Arnold (branche du X) qui passe dans le canal de Fallope.
Les lésions tympaniques pures de petite taille sont plus difficilement visibles en otoscopie, l’exploration tomodensitométrique permet de retrouver une image arrondie tissulaire non spécifique posée sur le plancher de la caisse contre le promontoire. La composante vasculaire de
ces petites lésions peut être plus difficile à affirmer même avec injection de contraste. L’IRM
avec angio-IRM au gadolinium est plus performante pour certains auteurs.
Les tumeurs tympano-jugulaires naissent du tissu paraganglionnaire de l’adventice du bulbe
jugulaire. Elles sont souvent plus volumineuses que les lésions tympaniques lors de leur découverte. Elles sont visibles à l’otoscopie sous la forme d’une masse vasculaire rétro-tympanique battante.
Elles peuvent avoir une extension locale soit vers la veine jugulaire et le foramen jugulaire,
soit vers l’oreille moyenne à travers le plancher de la caisse (Fig. 1).
Figure 1 : acouphène pulsatile gauche à tympan
bleu, chez un patient présentant un paragangliome
tympanique gauche. L’IRM
en séquence axiale T1 sans
et avec injection de gadolinium met en évidence un
lésion de l’oreille moyenne
se rehaussant fortement
après
injection
de
contraste (a et b : $èche
creuse). L’artériographie
met en évidence une lésion hyper vasculaire (c :
$èche) alimentée par des
branches artérielles issues
de l’artère pharyngienne
ascendante (c : $èche simple) et occipitale (c :
$èches doubles).
262
ACOUPHE
̀NES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
L’image tomodensitométrique est caractéristique avec l’aspect très particulier des atteintes vasculaires osseuses, aspect d’érosion et de lyse osseuse de type perméatif. L’os est déminéralisé,
érodé au niveau du foramen jugulaire ou du plancher de la caisse du tympan. L’angioscanner
et les coupes après injection montrent la composante vasculaire importante de ces lésions.
A noter que les petites lésions jugulaires et intra-jugulaires sont parfois difficiles à reconnaître au sein de la prise de contraste normale du flux situé dans les vaisseaux jugulaires.
L’angioscanner fera le bilan d’extension de la lésion, la recherche des pédicules vasculaires
nourriciers et le bilan des localisations associées en cas de lésions multiples ou bilatérales, jugulaires et carotidiennes [13-14]. (Fig. 2).
L’angiographie numérisée est à proposer comme premier temps préopératoire pour embolisation éventuelle de la tumeur.
L’IRM montre l’aspect typique de cette tumeur vasculaire : aspect dit « poivre et sel », les
hypo-signaux en noir (poivre) correspondent aux images des vaisseaux
à circulation rapide (flow void, vide de signal) dans la lésion, les images blanches (sel) sont
en rapport avec des micro-foyers hémorragiques en hyper signal.
L’angio-IRM apporte des résultats équivalents à l’angioscanner.
La notion de paragangliome malin est difficile à affirmer sur la seule imagerie et en dehors
de la présence évidente de métastases, ce diagnostic est histologique.
Figure 2 : angioscanner en coupes axiales (a, b), coronales (c, d) avec injection de produit de contraste (b,
d), fenêtrage osseux (a,c) : lésion tumorale du foramen jugulaire lytique prenant fortement le produit de
contraste ($èche fine) avec extension à l’hypotympan ($èche large).
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- artère carotide interne aberrante (Fig. 3 et 4)
Il s’agit en fait d’une variation anatomique embryologique où persiste une anastomose fonctionnelle entre l’artère tympanique inférieure (branche de l’artère pharyngienne ascendante)
et l’artère hyoïdienne (branche de l’artère stapédienne issue de la carotide interne) au travers
du canal de Jacobson.
Quand l’otoscopie ou la clinique évoque une tumeur vasculaire, le bilan est celui d’une tumeur du rocher avec un angi-examen (angioscanner spiralé avec reconstruction osseuse haute
résolution du rocher et/ou angio IRM, IRM avec injection de produit de contraste). Pour certains auteurs, en cas de tumeur glomique, la tomodensitométrie associée à l’angioscanner spiralé des vaisseaux serait plus intéressante; elle apporte à peu près les mêmes éléments
concernant l’exploration angiographique mais permet d’obtenir dans le même temps la tomodensitométrie en haute résolution du rocher qui vient souvent compléter le bilan IRM.
L’exploration d’anomalie de trajet artériel ou d’anomalie artérielle embryonnaire dans le rocher est souvent plus aisée en scanner haute résolution qu’en IRM, du fait de la meilleure visibilité des parois osseuses par cet examen.
Acouphènes pulsatiles à tympan normal
Ils sont souvent d’origine vasculaire artérielle ou veineuse au niveau du rocher (sténose, malformation, tumeur, anomalie constitutionnelle, malformation artério-veineuse, le plus souvent : fistules durales) [12]. Selon les séries, une étiologie est retrouvée dans 44 à 91 % des cas
d’acouphènes pulsatiles objectifs [10] voire dans 100 % des cas pour certains [16].
Les principales étiologies retrouvées sont le plus souvent vasculaires :
- anévrysme ou dissection de l’artère carotide interne ou de l’artère vertébrale
Les dissections artérielles carotidienne ou vertébrale peuvent être associées à un acouphène
Le diagnostic de dissection est parfois difficile en tomodensitométrie et c’est la mise en évidence sur les séquences d’IRM pondérée T1 sans contraste et avec saturation de graisse qui
mettent en évidence l’hématome de la paroi du vaisseau en hyper signal franc (présence de
méthémoglobine). Le bilan est complété par angiographie IRM et étude encéphalique avec
séquences de diffusion pour rechercher le retentissement ischémique d’aval associé. A noter
que les explorations d’imagerie doivent comprendre l’exploration du cou.
Toutes les techniques angiographiques sont performantes au niveau du bilan des troncs
supra-aortiques dans cette pathologie. Cependant, en cas d’anévrysme de l’artère carotide
interne, l’angiographie numérique est plus performante pour les anévrismes millimétriques.
- des anomalies du bulbe jugulaire (bulbe jugulaire déhiscent ou haut situé), des diverticules veineux (Fig 5.)
Une position anormale du sinus sigmoïde ou du golfe jugulaire venant au contact du sac endolymphatique ou du canal postérieur pourrait expliquer cette symptomatologie. Le caractère haut de la position du bulbe jugulaire est défini différemment en fonction des auteurs :
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ACOUPHE
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 3 : artère carotide interne passant au niveau de la caisse du tympan, coupe tomodensitométriques coronale (a) et axiale (b).
Figure 4 : artère carotide interne aberrante, coupes axiales ARM (a, b, d) et TDM (c).
La carotide normale ($èche) a un calibre supérieur à la carotide dite aberrante du côté gauche.
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 5 : diverticule veineux du golfe jugulaire (images du haut). Asymétrie du retour veineux avec
gros golfe jugulaire du côté gauche (image du bas).
Figure 6 : acouphène pulsatile droit à tympan bleu chez un patient présentant une procidence jugulaire. Sur le scanner, la procidence
jugulaire dans le mésotympan est visible sous forme d’une hypodensité (a et b : étoile) se prolongeant dans le foramen jugulaire. La
veine jugulaire arrive au contact direct de la membrane tympanique (a : $èche).
266
ACOUPHE
̀NES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
en pratique, peut être considéré comme haut un bulbe jugulaire remontant au niveau du
MAI. La fréquence de ces anomalies de position du bulbe jugulaire varie de 4 à 20 % mais
seulement 4,5 % des patients avec un bulbe jugulaire en position haute présentent des acouphènes pulsatiles [6].
A noter le tableau clinique de tympan bleu ou de masse vasculaire rétro-tympanique bleutée correspondant au bulbe jugulaire déhiscent dans l’oreille moyenne (non visibilité de la
corticale osseuse au niveau de l’oreille moyenne en tomodensitométrie) (Fig. 6).
Le diverticule du bulbe jugulaire est défini comme une extension supéro-interne du dôme
du golfe jugulaire derrière le mur postérieur du MAI. Ils peuvent être retrouvés chez des patients avec troubles de l’équilibre ou des vertiges et seraient pour certains auteurs deux fois
plus fréquent du côté droit que du côté gauche.
- sténose du sinus transverse, asymétries des sinus transverses et des sinus sigmoïdes
La tomodensitométrie met en évidence facilement ces anomalies vasculaires sur le plan osseux et les angiographies veineuses en IRM, quelle qu’en soit la technique, permettent aussi
de les mettre en évidence. Il est parfois difficile d’affirmer le caractère symptomatique de ces
anomalies anatomiques veineuses retrouvées sur l’imagerie, des anomalies similaires pouvant
être visibles sur de patients non symptomatiques.
- artère stapédienne persistante
Cette anomalie peut être associée à une carotide interne aberrante ou un trajet normal de cette
artère. Il s’agit de la persistance d’une disposition circulatoire fœtale avec une artère stapédienne,
qui part du coude de la carotide intra-pétreuse, monte le long du promontoire, passe entre les
branches de l’étrier puis rejoint la deuxième portion du canal de Fallope dans sa moitié antérieure
et vient suppléer à la vascularisation de l’artère méningée moyenne absente (Fig. 7).
La tomodensitométrie en coupes fines du rocher met parfaitement en évidence le trajet de
cette artère depuis son origine sur le canal carotidien, son passage entre les branches de
l’étrier. Elle montre l’élargissement de la partie antérieure de la portion tympanique du facial
et l’absence de foramen spinosum.
- conflit artère-nerf
Une situation d’imagerie fréquente est la mise en évidence sur un bilan IRM en particulier
sur les séquences infra-millimétriques T2 (CISS, DRIVE, FIESTA ou équivalentes), d’un
contact entre une structure vasculaire et le paquet acoustico-facial souvent intitulé conflit artère-nerf [1]. Il faut rappeler que la visualisation d’un contact entre une structure vasculaire
et le paquet acoustico-facial est banale et très fréquente.
Il faut des critères anatomiques stricts pour positiver un conflit artère-nerf : déplacement du
nerf cochléo-vestibulaire ou prise en sandwich entre deux structures vasculaires ainsi que des
critères électrophysiologiques : allongement des latences I-III, I-V aux PEAP, hyporéflexie
canalaire ou sacculaire.
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 7 : scanner des rochers en coupe axiale chez un patient présentant un acouphène
pulsatile à tympan normal à droite. Persistance de l’artère stapédienne à droite sous forme
d’un hypodensité au niveau du promontoire (a : $èche).
Cette hypodensité n’est pas visible à gauche (b). Absence de visualisation du foramen épineux
à droite (c) comparativement à la gauche (d : $èche creuse) confirmant le diagnostic. L’artère
méningée moyenne qui naît normalement de la carotide externe et traverse la base du crâne
par le foramen épineux, naît de l’artère stapédienne (issue de l’artère carotide interne) et traverse la base du crâne au niveau du tegmen. Ainsi, le foramen épineux homolatéral ne se
forme pas.
Figure 8 : acouphènes pulsatiles gauche à tympan normal chez une fille de 10 ans présentant une fistule vertébro-vertébrale cervicale gauche. Présence d’un thrill à la palpation de la mastoïde gauche avec un souffle à l’auscultation. L’IRM
avec séquence T1 et injection dynamique de gadolinium (a: vue sagittale) et l’artériographie vertébrale gauche (b : profil) objectivent la zone fistuleuse (a et b : $èche) et la veine de drainage principale (a et b : $èche creuse). La fermeture de
la fistule fait réapparaître l’anatomie normale et l’opacification du tronc basilaire sur le contrôle artériographique (c : $èches
doubles).
268
ACOUPHE
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Les acouphènes pulsatiles suivants sont souvent objectifs :
- les fistules artério-veineuses : fistule artério-veineuse du sinus dural et fistule carotico-caverneuse
Une fistule se compose d’une ou plusieurs communications anormales entre les artères et les
veines, les capillaires étant anormalement absents (Fig. 8). La fistule carotico-caverneuse peut
être «directe» ou «indirecte». Son origine est principalement traumatique au cours de fractures de la base du crâne (fistules directes). Les fistules directes sont des fistules issues de la
carotide interne intra-caverneuse. Les fistules indirectes sont plus rares et sont des fistules alimentées par des branches artérielles de l’artère carotide externe.
Le scanner peut être normal mais l’ARM met en évidence une artérialisation du flux veineux du sinus latéral du côté de l’acouphène sur les séquences TOF, avec saturation des flux
veineux ou sur des séquences TRICK (ARM avec gadolinium en 4D) [7].
L’imagerie peut montrer aussi des structures vasculaires élargies au niveau des veines corticales, du sinus transverse en cas de localisation durale ou au niveau du sinus caverneux et de
l’orbite en cas de localisation caverneuse.
L’angiographie numérique est l’examen de référence en cas de négativité des autres explorations et le premier temps avant thérapeutique interventionnelle.
- une fistule durale
Il s’agit d’une ou plusieurs communications artério-veineuses anormales entre des artères
durales (le plus souvent issues de l’artère carotide externe : branches de l’artère méningée
moyenne et/ou de l’artère occipitale (Fig. 9)) et des veines ou sinus duraux (le plus souvent
le sinus transverse ou le sinus sigmoïde).
Figure 9 : acouphène pulsatile à tympan normal à gauche chez un patient présentant une fistule durale.
a: artériographie de profil, b et c : angio-IRM en séquence TOF (sans injection de contraste) en reconstruction sagittale (b) et axiale (c). La fistule est alimentée par l’artère occipitale gauche ($èche simple). Re$ux
veineux à contre courant dans le sinus droit ($èches doubles et le sinus longitudinal supérieur (étoile)).
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
- une sténose athéromateuse de l’artère carotide interne
Il s’agit d’un bruit transmis dans ce cas [4]. Les plaques d’athérome sont le plus souvent situées à distance de la base du crâne.
- dysplasie fibro-musculaire de l’artère carotide interne
Cette maladie d’origine incertaine, non athéromateuse et non inflammatoire, touche les artères musculaires de moyen calibre, principalement les artères rénales et les artères cervicales (carotides). Elle se présente sous forme de successions de sténoses et de dilatations. Les
sténoses sont dues à une hypertrophie fibreuse de 3 types : médiale (60-70 %, atteinte de la
limitante élastique interne), périmédiale ou sous-adventitielle (10-20 %, atteinte de la couche
externe de la média) ou intimale (5 %, atteinte de l’intima).
Tumorales :
- certains méningiomes de la base du crâne
Les méningiomes sont des tumeurs généralement bénignes développées aux dépens des cellules arachnoïdiennes. Elles représentent 15 à 20 % des tumeurs cérébrales.
- les tumeurs du sac endolymphatique
Ces tumeurs sont rares et plus fréquemment rencontrées dans le cadre de maladie de Von Hippel Lindau, surtout si elles sont bilatérales. Histologiquement, il s’agit de cystadénome papillaire.
- les hémangiopéricytomes
Il s’agit d’une tumeur mésenchymateuse rare au potentiel malin, issue des péricytes de Zimmerman, cellules contractiles entourant les capillaires. L’imagerie est trompeuse, et souvent
confondue avec celle des méningiomes dont la distinction est parfois impossible.
- les hémangiomes
Il s’agit de tumeurs vasculaires bénignes rares développées aux dépens des plexus veineux capillaires. Leur localisation préférentielle dans le rocher est au niveau du MAI et du ganglion
géniculé. L’IRM est l’examen de référence. L’otoscopie est normale dans les petites lésions
mais peut être anormale dans les lésions volumineuses.
Ces lésions sont souvent en hyper signal spontané T1 et T2, se rehaussant de façon importante après injection de contraste (Fig. 10). Elles présentent quelquefois des calcifications
mieux visibles en tomodensitométrie associées parfois à des anomalies osseuses de type vasculaire (érosion osseuse de type perméatif). La symptomatologie associée diffère en fonction de la localisation d’origine (surdité, vertiges ou paralysie faciale).
Diverses :
- une hypertension intracrânienne idiopathique
Les troubles de pression du LCR peuvent être responsables d’acouphènes bilatéraux pulsatiles (synchrones ou non du pouls). Une hypo [3] ou hyperpression [17] peuvent être en
cause. On doit rechercher un caractère positionnel (décubitus) de la symptomatologie. L’hypertension intracrânienne idiopathique est le plus souvent en cause [10]. Dans ce cas, on
doit rechercher des signes radiologiques associés comme une selle turcique vide, une dilatation des espaces arachnoïdiens péri-optiques (Fig. 11).
270
ACOUPHE
̀NES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 10 : acouphène pulsatile gauche à tympan bleu chez un patient présentant un hémangiome du nerf facial (segment tympanique). L’artériographie met en évidence un blush artériel en regard du rocher, sur la terminaison de l’artère pharyngienne ascendante (a : carotide externe de profil, $èche creuse). En IRM, sur les
séquences T1 axiales sans (b : $èche creuse) et avec injection de gadolinium (c : $èche creuse), prise de contraste
intense en regard de la lésion sur le trajet intra-tympanique du nerf facial.
Figure 11 : hypertension intracrânienne (HTIC) bénigne chez une femme de 34 ans présentant
des acouphènes pulsatiles permanents avec des céphalées et vertiges. L’IRM en séquence T2 en
coupe coronale sur les nerfs optiques (a et b : $èches) met en évidence une dilatation des gaines
des nerfs optiques caractéristiques de l’hypertension intracrânienne. L’angio-IRM veineuse met
en évidence une sténose bilatérale des sinus sigmoïdes prédominant à gauche (c et d : $èches
creuses).
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271
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Osseuses :
- otospongiose (rare), dysplasie fibreuse du rocher ou de la base du crâne et maladie de Paget
La dysplasie fibreuse des os est une affection osseuse bénigne où l’os normal fait place à
un tissu pseudo-fibreux renfermant une ostéogénèse imparfaite. Elle peut atteindre un
ou plusieurs os. La maladie osseuse de Paget est une atteinte osseuse bénigne caractérisée par une hypertrophie et une déformation osseuse, associée à des anomalies de l’architecture et de la structure osseuse, avec accélération du remodelage osseux et fibrose
médullaire.
- déhiscence du canal semi-circulaire supérieur
Le syndrome de déhiscence du canal semi-circulaire supérieur est désormais recherché
systématiquement, en particulier à l’aide de coupes TDM sagittales obliques dans le plan
du canal (Fig. 12). Un acouphène pulsatile serait fréquemment retrouvé dans ce syndrome
voire même dans certains cas constituerait la doléance principale des patients [19]. Certains proposent pour traiter ce symptôme un abord chirurgical par voie sus-pétreuse [9].
En cas d’acouphène pulsatile isolé avec examen clinique normal, l’examen de choix en première intention est l’IRM du rocher et de l’encéphale avec injection de contraste et ARM;
l’angioscanner est moins pratiqué en première intention du fait de son caractère irradiant. Le
bilan radiologique doit permettre de rechercher une cause artérielle, veineuse ou tumorale.
En cas de normalité, un scanner du rocher haute résolution peut être proposé en complément.
Dans ce cas, l’examen doit permettre de mettre en évidence des anomalies de trajet ou anomalie embryonnaire intra pétreuses notamment parfois difficilement ou invisible en IRM
avec ARM. En l’absence d’anomalie visible en IRM et sur le scanner du rocher et de l’encéphale, une exploration complémentaire des vaisseaux cervicaux par échographie doppler,
angioscanner ou ARM peut être proposée à la recherche d’une pathologie vasculaire artérielle
cervicale. Un test clinique simple a été proposé par de nombreux auteurs avec compression
manuelle douce de la jugulaire interne au niveau cervical alternativement du côté de l’acouphène pulsatile puis du côté opposé avec observation des modifications éventuelles de l’acouphène permettant d’orienter vers le caractère veineux de l’acouphène. Il est en effet
quelquefois difficile d'établir un lien de cause à effet entre l'acouphène et l'anomalie veineuse
découverte par la radiologie.
En cas de normalité de ce bilan radiologique, en présence d'acouphènes pulsatiles isolés subjectifs, aucune autre exploration radiologique n’est à proposer.
En cas d’acouphènes pulsatiles objectifs, on peut demander un complément d’exploration
par angiographie conventionnelle numérisée cervico-encéphalique [8, 10] à la recherche
d’une pathologie artério-veineuse cervicale ou encéphalique non visible sur les précédents
examens. Seul cet examen permet d’exclure de façon formelle une malformation ou fistule artério-veineuse cervicale ou encéphalique. Il doit être recherché notamment une fistule durale dont les localisations les plus fréquemment associées à un acouphène sont le sinus
transverse et latéral ou le sinus caverneux [10].
272
ACOUPHE
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 : déhiscence du canal semi-circulaire antéro-supérieur mis en évidence sur une coupe
TDM sagittale oblique dans le plan du canal.
Acouphènes non pulsatiles
Dans la littérature, les résultats de l’imagerie des acouphènes quel que soit leur type sont très
variables selon les auteurs car il est parfois difficile de relier directement les anomalies retrouvées à l’imagerie avec la clinique (découvertes fortuites) [5]. Les acouphènes non pulsatiles isolés sont fréquemment la conséquence de l’environnement sonore, de certains
médicaments [8].
La plupart des patients présentant un acouphène non pulsatile n’ont pas d’anomalies à l’imagerie [15]. Cependant, la présence persistante d’un acouphène unilatéral ou à prédominance
unilatéral doit conduire à une imagerie (IRM des rochers et fosse postérieure avec injection
de produit de contraste) [10, 18].
En cas d’acouphène non pulsatile associé à une autre symptomatologie à l’examen clinique,
l’exploration radiologique doit privilégier l’exploration de la symptomatologie associée : surdité brusque ou progressive ou vertige le plus souvent.
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL. BENSIMON, S. BOBIN
273
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La présence d’acouphènes a été rapportée dans de nombreuses pathologies :
- les pathologies rétrocochléaires (Fig. 13),
- les atteintes inflammatoires ou infectieuses de l’oreille externe, moyenne ou interne,
- la sclérose en plaques (Fig. 14), les traumatismes crâniens, les méningites (lyme, syphilis, rubéole),
- d’origine mécanique, tubaire vélo-pharyngée (myoclonies du voile du palais) ou de l’oreille
moyenne (muscles tensor tympani, étrier),
- le syndrome algodysfonctionnel de l’articulation temporo-mandibullaire (SADAM) ou
d’autres désordres dentaires.
Les acouphènes non pulsatiles isolés et unilatéraux peuvent bénéficier d’une IRM des voies
cochléo-vestibulaires et encéphaliques. Ces examens se révèleront le plus souvent normaux.
Cependant, la présence persistante d’un acouphène unilatéral ou à prédominance unilatéral
doit conduire à une imagerie (IRM des rochers et fosse postérieure avec injection de produit
de contraste).
Le bilan d’imagerie des acouphènes non pulsatiles associés à une autre symptomatologie otoneurologique est celui de la symptomatologie associée.
Figure 13 : acouphènes pulsatiles gauches à tympan normal chez un patient présentant un schwannome acoustique gauche. L’IRM en séquence T1 met en évidence une lésion se rehaussant fortement
après injection de gadolinium ($èche), dans l’angle ponto-cérébelleux et le MAI.
274
ACOUPHE
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CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 14 : sclérose en plaques.
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL. BENSIMON, S. BOBIN
275
Références
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Mots clés :
Angiography
Carotid Artery, Internal
Glomus Tumor
Jugular Veins
Magnetic Resonance Imaging
Tinnitus.
276
ACOUPHE
̀NES
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-5
Otalgies
V. DARROUZET
JL. BENSIMON
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
278
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-5
Otalgies
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
L’otalgie constitue un symptôme fréquent d’étiologies très diverses. Il ne saurait être question d’envisager ses causes de façon détaillée. C’est la raison pour laquelle il nous semble préférable d’envisager les différents cadres cliniques et l’imagerie qui s’y rattache sous la forme
d’un arbre décisionnel.
VI-5-1
Arbre décisionnel
En cas d’otalgie de l’adulte, trois grandes situations peuvent être rencontrées :
La douleur est en rapport avec une affection aiguë traumatique
ou infectieuse du pavillon de l’oreille
Aucune imagerie ne semble nécessaire, sauf bilan d’extension loco-régional d’une néoplasie
maligne faisant craindre une infiltration profonde du rocher ou de la parotide et du cou.
L’IRM est à même de distinguer les extensions tumorales et les atteintes ganglionnaires parotidiennes et cervicales.
La douleur est suspectée d’être en rapport avec une pathologie
du MAE ou de l’oreille moyenne
Le pavillon de l’oreille est normal. L’otoscopie est contributive et permet de mettre en
cause :
Une pathologie douloureuse du MAE
a / l’otite externe bactérienne est banale et de diagnostic très simple. Elle ne nécessite pas
d’imagerie car il s’agit d’une pathologie tégumentaire. La seule exception à cette abstention
est l’otite externe nécrosante qui se définit comme un processus ostéitique plus profond (voir
plus loin).
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
279
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : coupe axiale tomodensitométrique du rocher en fenêtrage osseux mettant en évidence
des lésions malignes du MAE
étendues à l’oreille moyenne.
a : adénocarcinome ; b : lésion maligne plus agressive. Noter les
destructions osseuses mal limitées et différentes en fonction de
l’agressivité de la lésion. Lyse plus
réduite au contact de la tumeur
($èche) pour l’adénocarcinome.
b / les tumeurs malignes cutanées du conduit, authentifiées par l’histologie. L’imagerie est
recommandée. L’association d’une TDM injectée et d’une IRM contribue au bilan d’extension
loco-régional.
K oreille dépassé
Figure 2 : lésion maligne étendue au-delà du rocher,
a : tomodensitométrie,
b : l’IRM avec injection de contraste et saturation du signal de la graisse permet la mise en évidence de l’extension tumorale dans la région
temporale.
280
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Une pathologie douloureuse de l’oreille moyenne. La TDM de l’oreille moyenne parfois associée à l’IRM n’a de place que dans :
a - Les complications d’otites bactériennes (oto-mastoïdites)
Figure 3 : mastoïdite avec thrombophlébite du sinus sigmoïde.
a : tomodensitométrie,
b : angiographie IRM veineuse. Sur le scanner, aspect de lyse osseuse en sucre mouillé des travées osseuses de la mastoïde droite (ostéite) ; en IRM aspect irrégulier du $ux dans le sinus transverse et sigmoïde droit qui signe la thrombophlébite.
Figure 4 : syndrome de Gradenigo. Enfant de 8 ans, adressé pour paralysie du VI droit dans les suites d’une OMA droite,
avec prostration, céphalées, syndrome méningé. PL négative.
Otoscopie : tympan normal ,TDM en urgence (a) et IRM (b).
Ostéolyse de l’apex ($èche) sur le scanner ; prise de contraste à la périphérie de la zone d’ostéolyse en IRM , la partie centrale ne prend pas le contraste et correspond à une collection ($èche).
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
281
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
b / Les otites séreuses douloureuses (maladie de Wegener)
Figure 5 : coupes tomodensitométriques des rochers, a et b axiales, c et d coronales sur le rocher gauche. Opacités non
spécifiques des deux oreilles moyennes associées à un aspect irrégulier de la chaîne ossiculaire et une atteinte sinusienne.
282
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 6 : coupes axiales du thorax : localisations pulmonaires.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
283
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 7 : méningiome en plaques du tegmen avec infiltration de la trompe auditive et otite séreuse. a et b : coupes axiales en fenêtre osseuse. c : coupe axiales en fenêtre parenchymateuse après
injection de contraste. Aspect infiltré du tegmen et de l’apex pétreux lié au méningiome ($èche),
prise de contraste du méningiome dans la fosse temporale ($èche pleine).
284
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
La douleur n’est pas due à une pathologie de l’oreille car l’otoscopie
est négative. Le reste de l’examen clinique permet souvent d’orienter le diagnostic sur d’autres sites algogènes et d’indiquer une imagerie dédiée. La douleur irradiée peut être ainsi :
a / Une otalgie réflexe d’une pathologie pharyngée inflammatoire ou tumorale
Figure 8 : phlegmon de l’amygdale. Coupe axiale tomodensitométrique de l’oropharynx. Prise de
contraste de l’amygdale gauche en
périphérie d’une masse ($èche)
dont le centre ne se rehausse pas
(collection).
b / Une névralgie du nerf glosso-pharyngien. L’imagerie par IRM injectée permet d’explorer l’émergence du nerf et d’identifier un éventuel conflit neuro-vasculaire.
Figure 9 : névralgie du IX à
gauche due à une compression
par la vertébrale ; Coupe axiale
IRM T2 infra-millimétrique au niveaux des nerfs mixtes. Contact
entre la vertébrale gauche et
l’émergence du IX ($èche).
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
285
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
c / En rapport avec une pathologie tumorale de la base du crâne, au mieux décrite par l’association d’une TDM et d’une IRM injectée.
Figure 10 : sarcome du rocher gauche, coupes
IRM ; a axiale T1 gadolinium, b axiale FLAIR, et
c coronale T1 gadolinium. Masse tissulaire avec
lyse des structures osseuses du rocher gauche.
Figure 11 : sarcome du rocher : coupes TDM axiales du thorax. Localisations pulmonaires secondaires ($èches).
286
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 : tumeur du cavum étendue à la base du crâne. Les lésions malignes envahissent souvent la base du crâne par les foramen.
a : coupe axiale TDM fenêtre osseuse,
b : coupe axiale IRM T1 gadolinium.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
287
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
d / En rapport avec un accident évolutif de dent de sagesse, cliniquement évident ou une pathologie de l’articulation temporo-mandibulaire pouvant nécessiter une TDM dédiée
Figure 13 : ostéosarcome de l’Asynchronous transfer mode (ATM) droite. Coupes
axiales TDM centrées sur le condyle mandibulaire , a et b en fenêtre parties molles,
c et d en fenêtre osseuse. Lyse osseuse qui
souffle le condyle dans sa partie externe
et extension de la lésion dans les parties
molles adjacentes.
288
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
VI-5-2
Cas particuliers
Otalgies de l’enfant
Chez l’enfant, une imagerie est justifiée dans les circonstances suivantes :
• Au cours des otites moyennes aiguës, en cas de complications endocrâniennes (ou de suspicion) ou de mastoïdite,
• En cas de syndromes de masse du MAE, s’accompagnant d’une otalgie et/ou d’une otorrhée,
• persistance d’une otorrhée malgré une antibiothérapie adaptée, surtout si le tympan paraît
refoulé en dehors,
• existence d’un polype charnu dans le MAE, faisant suspecter un cholestéatome congénital
voire une prolifération tumorale (histiocytose langerhansienne, rhabdomyosarcome).
L’examen de première intention reste la TDM, en raison de sa facilité de réalisation et de ses
apports essentiels au diagnostic du contenu du rocher. L’IRM est souvent réalisée en complément en cas de tumeur ou de complication septique intracrânienne.
Au cours d’une mastoïdite aiguë extériorisée, la TDM doit comporter une étude des rochers
mais également une étude cérébrale avec injection en raison de la fréquence des complications intracrâniennes (10 %), éventuellement non symptomatiques.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
289
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 14 : histiocytose: TDM localisations osseuses (a) et IRM T1 gd de la lésion pétreuse (b). Lyse osseuse en TDM et prise
de contraste marquée en IRM.
Figure 15 : letterer siewe (enfant de 2 ans) coupe
TDM axiale (a) et coupe IRM T1 (b). Lyse osseuse
postérieure du rocher, avec un signal intermédiaire
en RM T1.
290
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
L’otite externe nécrosante
Elle se définit comme une ostéite extensive très sévère et potentiellement mortelle du tympanal, susceptible de diffuser vers le rocher, puis l’endocrâne et la région cervicale. Elle touche
quasi exclusivement des sujets fragilisés par l’âge, le diabète sucré, l’infection à virus VIH ou
une hémopathie maligne. Le bilan d’imagerie a pour but de confirmer le diagnostic, de préciser l’extension des lésions dans l’os temporal, l’endocrâne et les espaces profonds du cou. Il
doit associer [1] :
• une TDM qui révèle l’ostéolyse du tympanal et une fréquente réaction liquidienne mastoïdienne. Elle fait le diagnostic.
Figure 16 : la tomodensitométrie met en évidence les lyses osseuses du tympanal et des parois du MAE, elle sous-estime très souvent
l’étendue des lésions à la base du crâne.
Figures a et b : OEN droite, lyse de la paroi postérieure du MAE et de la mastoïde.
Figures c et d : OEN gauche, lyse du tympanal.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
291
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
• Une IRM injectée explorant l’os temporal, la base du crâne, l’endocrâne et la région cervicale profonde. Le processus inflammatoire, identifié par un rehaussement tissulaire en T1
après injection de Gadolinium, se distingue d’une pathologie tumorale car il est mal circonscrit et ne modifie pas les rapports musculaires des espaces cervicaux. Chez ces patients
en mauvais état général les séquences seront souvent limitées à un T1 axial avec suppression
de graisse et injection IV de Gadolinium (après vérification de la fonction rénale).
Figure 17 : l’IRM en contraste T1 avec injection
de Gadolinium et saturation du signal de la
graisse permet de faire le bilan d’extension des
lésions à la base du crâne plus étendues que ne
le laisse prévoir la tomodensitométrie.
Figures a et b : OEN côté droit coupes axiales et
coronale T1 gadolinium, même patient que a et
b images 16. La prise de contraste montre une
ostéomyélite de la base du crâne jusqu'à la ligne
médiane.
292
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figures c et d : OEN gauche, coupes IRM axiales et coronales T1 gadolinium, même patient que c et d de la figure 15.
La prise de contraste de la base du crâne est nettement plus étendue que ne laisse prévoir la tomodensitométrie.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
293
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 18 : scintigraphie au Gallium 67 avec fort indice de fixation.
• La scintigraphie au Gallium 67 est utile pour le diagnostic et surtout pour le suivi du traitement antibiotique.
Figure 19 : scintigraphies de suivi au cours du traitement avec baisse de l’indice de fixation.
294
OTALGIES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Le traitement de l’otite nécrosante est médical, basé sur une bi-antibiothérapie au long cours.
L’index de fixation de la scintigraphie au Gallium 67 qui mesure le captage du traceur radioactif, à forte affinité pour les processus inflammatoires et infectieux, par rapport au côté
sain est l’élément clé de ce suivi thérapeutique. Un index égal à un signe une guérison du
processus ostéitique. Il faut savoir que la normalisation de l’otoscopie et la disparition des
douleurs sont souvent plus rapides que cette évolution scintigraphique et qu’il convient de
ne pas arrêter le traitement sur ces seuls arguments cliniques pour éviter une récidive précoce. A contrario, l’IRM reste anormale plusieurs semaines après la « guérison » scintigraphique et ne constitue pas un bon argument d’arrêt de traitement.
Figure 19 : Scintigraphies de suivi
au cours du traitement avec baisse
de l’indice de fixation.
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
295
Références
[1]
Franco-Vidal V, Blanchet H, Bebear C, Dutronc H, Darrouzet V. Necrotizing external otitis: a report of
46 cases. Otol Neurotol. 2007 Sep;28(6):771-3.
Mots clés :
Earache
Herpes Zoster Oticus
Otitis Externa
Otitis Media
Petrous Bone
Pseudomonas Infections
Temporal Bone.
296
OTALGIES
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-6
Paralysies faciales
V. DARROUZET
T. VAN DEN ABBEELE
F. VEILLON
M. ELMALEHBERGÈS
N. MARTINDUVERNEUIL
297
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
298
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-6
Paralysies faciales
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS,
N. MARTINDUVERNEUIL
Ne seront traitées dans ce chapitre que les paralysies faciales périphériques (PFP).
Il s’agit d’une situation clinique très fréquente dont le diagnostic positif s’impose au regard. L’imagerie ne participe ici qu’au bilan étiologique. Sa place est très différente suivant le contexte :
- formes infectieuses d’origine bactérienne,
- formes traumatiques,
- formes a frigore, probablement virales.
L’apport de l’imagerie repose sur la TDM et l’IRM complémentaires. En effet, la TDM ne permet de visualiser que les structures osseuses intra-pétreuses, le MAI et le canal de Fallope et
n'offre que des signes indirects. L’IRM par contre, permet de visualiser le nerf dans l’ensemble de son trajet, et doit être examiné depuis ses fibres d’origines au niveau du tronc cérébral,
jusqu’à la parotide où sa distinction devient très vite difficile après son émergence du foramen
stylo-mastoïdien. Des prises de contraste, parfois intenses, sont observées de façon physiologique le long du trajet dans le canal de Fallope, liées au rehaussement des plexus vasculaires
périnerveux.
VI-6-1
Les paralysies faciales infectieuses bactériennes
Elles surviennent dans quatre grandes circonstances :
Les otites moyennes aiguës et mastoïdites
Il s’agit plus souvent d’un enfant. La PF est une complication qui impacte le traitement. En
cas d’otite moyenne aiguë non compliquée de mastoïdite, l'imagerie n'est pas systématiquement indiquée. Seule la persistance anormale du symptôme malgré un traitement bien
conduit peut faire demander une TDM. L’objectif de l’imagerie est alors de rechercher une
lyse osseuse, de préciser l’extension du processus infectieux dans l’os et autour du canal de Fallope et d’écarter la possibilité d’un cholestéatome congénital sous-jacent. En cas de mastoïdite aiguë, la TDM est utile pour délimiter les lésions inflammatoires, la destruction osseuse
et une éventuelle diffusion aux espaces cervicaux [13]. L’IRM, moins accessible, est cependant
utile pour rechercher d’autres complications telles qu’une thrombophlébite du sinus sigmoïde ou de la veine jugulaire (syndrome de Lemierre) ou une extension intracrânienne du
processus suppuratif (abcès cérébral ou empyème) [4].
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
299
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Le zona du ganglion géniculé
Le diagnostic est porté sur l'existence d'une éruption vésiculeuse pathognomonique affectant
diversement la conque, le MAE ou le tympan. Des douleurs auriculaires intenses et une atteinte cochléo-vestibulaire cliniquement bruyante sont des arguments forts pour l’évoquer,
surtout en l’absence d’éruption. L'imagerie par IRM n'est pas nécessaire quand l'éruption est
présente. Elle peut être indiquée en cas d'atteinte neurologique plus sévère faisant craindre
une diffusion de l'atteinte virale à l'encéphale [8].
La maladie de LYME
Cette affection, de diagnostic clinique et sérologique, ne s’accompagne pas de signe spécifique
à l’imagerie [12]. Elle n’est utile ni au diagnostic ni au pronostic.
Les otites externes nécrosantes
Elles seront évoquées au chapitre 6, 5 « otalgie ».
Les paralysies faciales traumatiques
Les traumatismes subis par le nerf facial sont divers.
Les traumatismes fermés du rocher
La paralysie peut être immédiate ou retardée et s’associe aux signes cliniques évocateurs de
fracture du rocher. L’existence d’une paralysie faciale après traumatisme de l'extrémité céphalique doit toujours conduire à la réalisation d’une TDM.
L’objectif de l’imagerie est :
- de confirmer une fracture rarement visible à l’otoscopie quand elle n’atteint pas le MAE [6],
- de la situer par rapport au canal de Fallope et au labyrinthe [17],
- de détecter les lésions associées fréquentes atteignant la couverture méningée, le cerveau,
les osselets ou le canal carotidien,
- de préciser l’existence d’agents vulnérants sur le trajet du nerf, tels une esquille osseuse ou
un déplacement fracturaire.
Les fractures longitudinales extra-labyrinthiques respectent par définition le noyau labyrinthique et lèsent en règle le nerf facial au niveau ou au voisinage du ganglion géniculé. A l’inverse, les fractures labyrinthiques affectent le nerf facial au niveau de sa portion tympanique
(Fig. 1). La discontinuité labyrinthique est signée par un pneumolabyrinthe plus ou moins
important qui disparaît après quelques jours. Les luxations ossiculaires, notamment incudomalléaires sont fréquentes.
300
PARALYSIES FACIALES
VI-6-2
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 1 :
Fracture translabyrinthique. Coupe TDM
axiale : solution de
continuité trans-labyrinthique étendue au
VII-2 ($èche).
Figure 2 :
Cholestéatome intrapétreux. Coupe TDM
axiale : masse intrapétreuse apicale, à extension
incluant
l’oreille moyenne et la
trompe d’Eustache,
avec érosion régulière
des corticales osseuses.
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
301
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les plaies balistiques
Elles sont toujours sévères et s’associent à un très mauvais pronostic fonctionnel. Elles combinent en effet les effets de blast, de souillure et de brûlure thermique. La TDM, seule possible, a pour objectifs de visualiser le projectile ou son trajet par rapport au canal de Fallope
et aux structures nobles du rocher, de la base du crâne et de l’endocrâne [2].
Les traumatismes chirurgicaux
En cas de blessure nerveuse iatrogène lors d'une chirurgie de l'oreille moyenne ou de la mastoïde, la TDM est l'examen de première intention. Ses objectifs sont multiples :
- rechercher une perte de substance osseuse évoquant un fraisage traversant ou venant au
contact du canal de Fallope,
- s’assurer de l’absence de lésions associées affectant le labyrinthe ou l’endocrâne,
- faire un bilan médico-légal.
Quand la lésion porte sur la portion intracrânienne ou le trajet extracrânien du nerf, il n'y a
pas nécessité à pratiquer une imagerie.
Quand la PF apparaît à distance de l'intervention causale, notamment dans la chirurgie de
l'angle ponto-cérébelleux, l'imagerie n'est pas nécessaire. L'IRM montrerait une prise de
contraste du nerf témoignant de l'inflammation secondaire.
Les traumatismes par arme blanche
Ils affectent en règle les tissus mous cervicaux et parotidiens et ne nécessitent pas de bilan
d'imagerie.
Les paralysies faciales d’origine tumorale
Même si certaines PFP d’origine tumorale peuvent être trompeuses et se compléter en
quelques jours, il s'agit en règle de déficits très longtemps incomplets et surtout d’installation
progressive sur plusieurs semaines. Ce contexte clinique très particulier doit de principe faire
soupçonner l'existence d'une tumeur pouvant affecter le nerf de l'angle ponto-cérébelleux à
la région parotidienne. Il est recommandé de réaliser une imagerie associant dans tous les cas
une TDM et une IRM [23]. Le TDM en algorithme osseux permet d'explorer le rocher et de
mettre en évidence les réactions osseuses directes ou indirectes induites par la tumeur et
d'apprécier les rapports avec le labyrinthe osseux. L'IRM permet d'analyser toute la longueur
du nerf de l'angle ponto-cérébelleux jusqu'à la parotide et de caractériser les lésions intrinsèques ou extrinsèques.
Les buts de cette imagerie sont :
1. de rechercher une lésion tumorale intrinsèque ou extrinsèque du nerf facial,
2. de tenter d'en préciser la nature par le rendu obtenu en TDM et IRM,
3. d'en définir les limites.
302
PARALYSIES FACIALES
VI-6-3
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
A
Figure 3 :
Cholestéatome intra-pétreux.
Coupes IRM axiales T1 après injection de gadolinium (a) et
pondérées T2 (b) : masse occupant l’ensemble du rocher
gauche de l’apex jusqu’à la région mastoïdienne, en hyposignal T1 et net hypersignal T2.
B
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
303
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Il peut s’agir de cholestéatomes, de tumeurs bénignes intrinsèques (schwannomes du nerf facial, neurofibromes) ou extrinsèques (hémangiomes, paragangliomes, adénome, schwannomes vestibulaires), ou de tumeurs malignes primitives ou secondaires situées dans l’angle
ponto-cérébelleux, le méat auditif interne, le rocher ou la glande parotide.
C’est ainsi que peuvent être découverts :
• Une tumeur bénigne intrapétreuse : on citera par ordre décroissant de fréquence :
• Le cholestéatome (Fig. 2 et Fig. 3),
• Le paragangliome tympano-jugulaire [10] (Fig. 4),
• Le schwannome du nerf facial, atteignant de préférence la région du ganglion
géniculé, comme le méningiome, plus rare encore [11] (Fig. 5-6-7),
• L’hémangiome du ganglion géniculé [5] (Fig. 8),
• L’adénome amphicrine de l’oreille moyenne (Fig. 9-10),
• La tumeur papillaire du sac endolymphatique [21],
• Un papillome agressif de l’oreille moyenne (Fig. 11).
• Une tumeur maligne intrapétreuse comme :
• Un carcinome du MAE,
• L'extension d’une tumeur maligne parotidienne (carcinome adénoïde kystique
en particulier) (Fig. 12),
• Un sarcome osseux,
• La métastase d’un cancer primitif glandulaire (sein et prostate).
Figure 4 :
Paragangliome jugulaire. Coupe
TDM axiale (a) : masse du foramen
jugulaire probablement étendue à
l’oreille moyenne et venant au
contact du segment mastoïdien
du canal facial.
(b) : (malade différent) : coupe IRM
axiale après injection de gadolinium : prise de contraste hétérogène.
A
304
PARALYSIES FACIALES
B
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
A
B
Figure 5 :
Neurinome du VII – ganglion géniculé. Coupes axiales TDM (a) et IRM T1 après injection de gadolinium (b). Elargissement
régulier de la région du ganglion géniculé étendu au segment labyrinthique. Intense prise de contraste tissulaire homogène en regard.
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
305
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
A
B
C
306
PARALYSIES FACIALES
Figure 6 :
Neurinome de la troisième portion du facial. Coupes IRM axiales
T1 après injection de gadolinium
(a) et T2 (b), et TDM axiale en fenêtres osseuses (c) : processus expansif du segment mastoïdien du
VII, élargissant le canal osseux
($èche-c), en hypersignal T2 hétérogène (b) et rehaussé de façon
intense après injection (a).
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 7 :
Neurinome du VII-3 en
sablier. Coupe IRM coronale T1 : large processus expansif développé
depuis le segment mastoïdien jusqu’à la région intra-parotidienne
($èche).
Figure 8 :
Hémangiome du facial.
- Coupes TDM (a – e), en
fenêtres
osseuses,
axiales (a – c) et coronales (d, e) : élargissement focal de la région
du ganglion géniculé
avec petit semis de fines
calcifications.
- Coupes IRM (f-j), T1
après injection de gadolinium, axiales (f-i) et coronale (j) : intense prise
de contraste touchant la
région du ganglion géniculé avec élargissement
focal
des
segments adjacents, labyrinthique et tympanique du nerf facial
gauche.
A
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
307
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
B
C
308
PARALYSIES FACIALES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
D
E
Figure 8 : Hémangiome du facial.
- Coupes TDM (a – e), en fenêtres osseuses, axiales (a – c) et coronales (d, e) : élargissement focal de la région du ganglion
géniculé avec petit semis de fines calcifications.
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
309
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
F
G
H
I
Figure 8 : Hémangiome du facial.
- Coupes IRM (f-j), T1 après injection de gadolinium, axiales (f-i) et
coronale (j) : intense prise de
contraste touchant la région du
ganglion géniculé avec élargissement focal des segments adjacents, labyrinthique et tympanique
du nerf facial gauche.
J
310
PARALYSIES FACIALES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 9 :
Adénome de l’oreille moyenne.
Coupes TDM axiale tissulaires
(a) et coronale (b) : masse atticale et méso-tympanique, venant au contact du VII-2
respecté. Lyse de la longue
apophyse de l’enclume.
A
B
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
311
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 10 :
Adénome. Coupe IRM T1
après injection de gadolinium : masse englobant
la 3ème portion du VII.
Figure 11 : Papillome
agressif.
Coupe IRM axiale T1
après injection de gadolinium : large processus
expansif touchant la région de l’apex pétreux
droit et englobant le segment horizontal de la carotide interne droite.
312
PARALYSIES FACIALES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 12 :
Cylindrome (carcinome
adénoïde kystique) du
foramen stylo-mastoïdien. Coupe IRM axiale
T1 après injection de
gadolinium ($èche).
• Une tumeur de l’angle ponto-cérébelleux et du MAI :
• Schwannome vestibulaire (forme volumineuse et/ou kystique), ou très rarement
du nerf facial [16],
• Méningiome, plus facilement source de paralysie faciale à taille égale,
• Kyste épidermoïde,
• Hémangiome du MAI [9],
• Métastases de carcinomes ou de mélanome malin, souvent bilatérales, très
expressives sur le plan clinique (surdité totale, PF) [20,7] (Fig. 13 et 14).
Il faut en rapprocher la neurosarcoïdose qui peut prendre une forme pseudotumorale, parfois bilatérale [15] (Fig. 15).
• Une tumeur parotidienne : il s’agit en règle de cancers parotidiens. S’il s’agit d’un carcinome adénoïde kystique, il est recommandé de réaliser une IRM des trajets du nerf facial et
du nerf trijumeau, cette tumeur ayant tendance à suivre les trajets nerveux jusqu’à leur portion intracrânienne. Les neurinomes du nerf facial intraparotidien sont exceptionnels mais
posent de gros problèmes d’indication opératoire. Le diagnostic IRM est assez simple et permet désormais un diagnostic préopératoire [1]. Il permet d’éviter un geste d’exérèse tant que
la paralysie est minime.
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
313
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 13 : Métastases.
Coupe IRM coronale T1 après
injection de gadolinium : intense prise de contraste comblant les deux MAI ($èches)
et englobant les paquets
acoustico-faciaux, ainsi que
les nerfs mixtes sous-jacents
de façon bilatérale.
Figure 14 :
Métastases. Coupe IRM
axiale T1 après injection de
gadolinium : prise de
contraste avec épaississement méningé de la fosse
postérieure, avec comblement tissulaire rehaussé par
le contraste, comblant les
méats auditifs internes (et
partiellement les APC), étendue aux cochlées de façon
bilatérale. Atteinte in$ammatoire
des
oreilles
moyennes à prédominance
gauche.
314
PARALYSIES FACIALES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
A
Figure 15 : Paralysie faciale virale. Coupes IRM
axiales, T2 (a) et T1 après
injection de gadolinium
(b) : nerf facial visible
dans le CAI en T2, avec
après injection prise de
contraste du VII-2 étendue à la portion distale
intra-méatique du VII.
B
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
315
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Les paralysies faciales idiopathiques ou «a frigore»
VI-6-4
Elles se caractérisent par une installation rapide en quelques jours au maximum. Elles doivent rester un diagnostic d’élimination malgré leur très grande fréquence, le clinicien devant
garder en mémoire le caractère piégeant de certaines formes tumorales. Quand sont réunis
les arguments cliniques positifs et négatifs permettant de porter le diagnostic de paralysie faciale idiopathique, peut se poser le problème de l'indication d'une imagerie. Elle n'est pas
nécessaire, car peu contributive au diagnostic positif de paralysie faciale « a frigore ». Elle ne
semble pas non plus avoir de valeur pronostique significative au regard de l'intensité de la
prise de contraste au niveau du ganglion géniculé [19].
Seule l'IRM est à même de visualiser l'inflammation affectant le nerf facial au niveau du ganglion géniculé.
Elle n'est indiquée :
• qu'en cas de doute diagnostique sur une pathologie tumorale sous-jacente, notamment du
fait de difficultés rencontrées à préciser le mode d'installation,
• qu'en cas de formes sévères associant une atteinte cochléo-vestibulaire, faisant soupçonner
l'existence d'un zona sans éruption,
• qu'en cas de formes ne récupérant pas dans les délais attendus,
• qu'en cas de récidive.
La prise de contraste observée en IRM injectée affecte très souvent la portion méatique (qui
n’est par ailleurs jamais rehaussée de façon physiologique), la portion labyrinthique, le ganglion géniculé où elle est maximale et la partie initiale de la portion tympanique du nerf,
mais peut s’étendre à la portion mastoïdienne. Elle peut aussi prendre une forme pseudo-tumorale [22]
Le spasme de l’hémiface
Il s'agit de mouvements spontanés de l'hémiface d'intensité croissante au fil du temps prédominant au niveau de l'orbiculaire des paupières et pouvant se révéler très invalidants. Il affecte des sujets de plus de 50 ans, sauf malposition vasculaire sévère. Le plus souvent, le
spasme est en relation avec un conflit vasculo-nerveux situé dans l'angle ponto-cérébelleux.
Il est plus rare qu'il s'agisse d'une tumeur mais cette hypothèse doit être gardée en mémoire
dans les formes les plus récentes ou celles se développant chez des sujets jeunes.
Le but de l'imagerie est d'identifier et de localiser le ou les conflits (ils peuvent être multiples),
surtout dans l'hypothèse d'un traitement chirurgical. L'IRM en séquences à fort contraste liquidien en coupes fines infra-millimétriques est la plus performante (séquences logicielles
variables en non suivant la machine utilisée : CISS, FIESTA, Drive...) Elle peut être utilement
complétée par une angio-RM 3D [18]. Le vaisseau offensant est le plus souvent l'AICA. La
PICA et plus rarement l’artère basilaire normale en diamètre mais anormalement longue
(dolicho-artère basilaire) ou anormalement large (méga-dolicho artère basilaire) sont responsables [14] (Fig. 16). Les anévrismes vertébro-basilaires sont plus rares mais peuvent être
également en cause.
316
PARALYSIES FACIALES
VI-6-5
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
A
B
Figure 16 :
Mégadolicho-tronc basilaire et spasme du VII. Coupes IRM, axiales, SE T2 (a) en haute résolution T2 (b) : mégadolico tronc
basilaire venant au contact de l’émergence du VII (REZ), mieux précisé sur la séquence en haute résolution.
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS, N. MARTINDUVERNEUIL
317
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Exceptionnellement, une veine peut-être mise en cause. Le conflit est caractérisé quand l'artère provoque un déplacement localisé du trajet nerveux identifié en IRM et qu'il est situé en
regard de la zone de transition glio-schwanienne, quelques millimètres après l'émergence du
nerf du sillon bulbo-protubérantiel.
Les formes néonatales
Paralysie faciale obstétricale
La mastoïde est peu développée à la naissance, laissant la portion mastoïdienne du canal facial relativement superficielle et exposée aux traumatismes par écrasement et par fracture lors
d’un accouchement par voie basse, notamment en cas d’utilisation de forceps. Cette paralysie faciale obstétricale régresse spontanément en quelques semaines, l’imagerie n’est indiquée qu’en l’absence de régression à 2 mois. Celle-ci va permettre de distinguer une PF
post-traumatique, qui va nécessiter un geste chirurgical de décompression précoce, d’une PF
malformative. Le scanner en haute résolution recherchera un trait de fracture (rare) ou des
signes « d’écrasement » de la mastoïde (condensation des cellules mastoïdiennes) en faveur
de la première hypothèse.
Paralysie faciale malformative
Il s’agit le plus souvent d’une hypoplasie isolée du facial (qui serait liée à une atteinte ischémique anténatale du noyau du VII). Le scanner montre un canal facial de plus petit calibre
du côté paralysé que du côté sain, ce qui témoigne d’une hypoplasie du nerf (figure) et élimine une PF post-traumatique. Chez un enfant plus grand, adressé pour une paralysie faciale
vraisemblablement présente à la naissance, il est préférable de demander une IRM. Cet examen permet de visualiser directement le nerf dans la citerne pontocérébelleuse et le MAI
(figure).
Certaines paralysies faciales congénitales sont syndromiques. Dans le syndrome CHARGE,
l’hypoplasie ou agénésie du nerf facial est la deuxième en fréquence après celle du nerf vestibulocochléaire et atteint 50 % des cas [3]. Le syndrome de Moebius se définit par l’association d’une diplégie faciale et d’une paralysie des nerfs abducens de façon bilatérale, mais
il existe des formes unilatérales associées également à l’atteinte d’autres paires crâniennes ;
l’IRM retrouve une agénésie des nerfs concernés, associée ou non à une hypoplasie du tronc
cérébral.
Les aplasies d’oreille comportent le plus souvent une malposition du segment vertical du
canal facial, plus antérieur, exposant à un risque chirurgical ; mais l’association à une paralysie faciale d’emblée, est rare.
318
PARALYSIES FACIALES
VI-6-6
Références
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
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Mots-clés :
Cerebellopontine Angle
Facial Nerve
Facial Paralysis
Head Injuries, Closed
Herpes Zoster Oticus
Image Processing, Computer-Assisted
Magnetic Resonance Imaging
Neurilemmoma
Wounds, Gunshot.
320
PARALYSIES FACIALES
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-7
Traumatismes
du temporal
V. DARROUZET
P. MÉRIOT
F. VEILLON
321
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
322
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Chapitre VI-7
Traumatismes du temporal
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
Les traumatismes du temporal sont plus rares depuis la diminution de fréquence des accidents de la voie publique. Ils résultent aujourd'hui davantage d'accidents de sport. Les plaies
par armes à feu, qui posent des problèmes spécifiques, sont exceptionnelles dans notre pays.
VI-7-1
Indications de l’imagerie
Les signes cliniques évocateurs de traumatisme du temporal sont :
• l’hématome péri-auriculaire et notamment mastoïdien,
• la douleur locale,
• l’otorragie.
Un traumatisme du temporal impose un bilan clinique et paraclinique comportant au minimum une otoscopie et une audiométrie. Ce bilan est réalisé aussi rapidement que l’état du
patient le permet. La surdité est quasi-constante, pouvant être de tous les types (transmission,
perception ou mixte) et de tous les degrés. Les acouphènes et les vertiges sont assez fréquents
et signent la commotion labyrinthique. Ces symptômes otologiques peuvent être isolés ou
s’associer dans le cadre de traumatismes crâniens graves à des signes neurologiques qui les
font bien souvent passer au second plan. Devant l’existence de troubles de conscience et de
déficits neurologiques, le risque de contusion cérébrale ou d’hématomes intracrâniens mettant en jeu le pronostic vital impose une imagerie encéphalique orientée dès la prise en charge
du patient en salle d'urgence. L’examen TDM sans injection de produit de contraste du crâne
et de l'encéphale est l'examen de référence. Il est à même de montrer un hématome compressif ou une contusion cérébrale imposant une orientation neurochirurgicale immédiate.
Il importe en seconde intention de rechercher l’existence de signes de gravité loco-régionaux
devant également conduire à une imagerie en urgence ou semi-urgence, orientée sur le temporal et son environnement endocrânien [1].
Les symptômes d'alerte sont :
1. une paralysie faciale totale et immédiate,
2. une paralysie du nerf abducens,
3. une fuite massive par l'oreille de LCS (otoliquorrhée) [2],
4. des signes évocateurs de fistule périlymphatique, tels qu'une surdité de perception évolutive ou fluctuante et des vertiges importants,
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
323
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
5. une exophtalmie pulsatile et un chémosis évoquant une fistule artério-veineuse carotidocaverneuse. La TDM et/ou l’IRM avec angiographie 4D doivent alors être rapidement réalisées, suivies du traitement. L’artériographie conventionnelle est pratiquée en cas de doute
persistant et à visée thérapeutique.
Les objectifs globaux de cette imagerie dédiée sont de rechercher des lésions osseuses, vasculaires ou neurosensorielles pouvant nécessiter une prise en charge spécialisée plus ou moins
rapide et dont la présence est significative de séquelles. Plus précisément, elle permet :
• de confirmer le diagnostic et de préciser le point d’entrée, l’orientation du trait de fracture.
Ce constat est important sur le plan médico-légal.
• de préciser l’intégrité de la capsule labyrinthique, du toit et de la paroi postérieure du rocher,
celle de la chaîne ossiculaire, de rechercher une atteinte du canal facial et du canal carotidien,
• d’explorer de façon ciblée les complications susceptibles d’apparaître précocement ou à distance (fuite de LCS, lésions ossiculaires, paralysie faciale, fistule périlymphatique),
• d’offrir un planning anatomique précis du temporal et de son environnement en cas de fistule périlymphatique, de paralysie faciale, de fuite de LCS.
Quelle imagerie ?
- Les radiographies standards n’ont plus d’indication.
- La TDM est l’examen de référence. Elle est recommandée devant toute suspicion de fracture du temporal. Elle permet d’étudier de façon précise les différentes structures de l’os temporal, les parois des cavités aériques, la chaîne ossiculaire, le canal facial, le massif
labyrinthique et les fenêtres ainsi que le MAI osseux.
Dans le cadre de l’urgence, en fonction de l’examen clinique (troubles de conscience, déficit
neurologique), l’étude du temporal pourra être complétée par une étude cérébrale.
L’exploration TDM des traumatismes du temporal, et notamment ceux de la chaîne ossiculaire, doit être effectuée avec les protocoles optimisés pour l’étude fine de ces structures anatomiques, avec notamment les reconstructions multiplanaires spécifiques adaptées à l’étude
des osselets. Nous mentionnerons plus loin la cisterno-TDM.
- Une exploration par résonance magnétique est un complément utile pour préciser l’aspect du
paquet acoustico-facial ou de l’encéphale, pour éliminer une pathologie vasculaire associée,
pour rechercher une brèche ostéo-méningée. Elle est essentiellement indiquée en cas d’atteinte
neurologique [3]. Mais elle peut être utile pour identifier une hémorragie labyrinthique [4].
- L’angiographie par cathétérisme sélectif à visée thérapeutique est indispensable en cas de
fistule carotido-caverneuse avérée ; l’angiographie sectionnelle par TDM ou IRM, voire par
cathétérisme sélectif, est utile pour certains face à toute lésion profonde du rocher atteignant
le canal carotidien [5].
Dans tous les cas, la demande d’imagerie sera précise, en mentionnant toutes les particularités cliniques et paracliniques nécessaires à la prise en charge radiologique du patient, afin
de mettre en œuvre l’examen et le protocole les plus adaptés au contexte lésionnel.
324
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
VI-7-2
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
VI-7-3
Résultats
Les fractures
L’examen tomodensitométrique permet deux types de classification :
• Une classification anatomique, purement descriptive, qui distingue les fractures transversales situées perpendiculairement à l’axe du rocher et les fractures longitudinales qui suivent son grand axe. Les fractures longitudinales sont plus volontiers associées à une otorragie
et à un hémotympan et respectent habituellement le labyrinthe. Les fractures transversales
traversent souvent le labyrinthe. Elles peuvent ne pas intéresser directement l’oreille moyenne
et ne pas être associées à une otorragie et à un hémotympan. Il existe également assez fréquemment des fractures comminutives dans lesquelles le trait est plus difficilement systématisable. L’association des deux types de fractures, trans- et extralabyrinthiques, provoque
des fractures mixtes.
• Une classification fonctionnelle, qui est attachée au respect ou non de la capsule labyrinthique et offre plus d’éléments pronostiques sur les risques de complications [6,7].
Elle distingue :
- Les fractures labyrinthiques, toujours associées à une surdité totale définitive. On peut observer un pneumolabyrinthe (Fig. 1), et, lorsque la fracture suit les zones de faiblesse du labyrinthe (aqueduc vestibulaire, vers le vestibule), une fracture ou une luxation de l’étrier. La
fracture peut intéresser le MAI et provoquer une fuite de LCS de fort débit, spontanément
rebelle. Elles provoquent parfois des paralysies faciales par lésion de la portion labyrinthique
(Fig. 2) ou tympanique du nerf facial.
- Les fractures extra-labyrinthiques sont moins sévères. Elles sont toujours associées à
une surdité de transmission par hémotympan et/ou par lésion ossiculaire. Les paralysies
faciales immédiates sont dues à une lésion du ganglion géniculé, le trait de fracture irradiant vers sa logette (Fig. 3). Il peut également y avoir une fuite de LCS lorsque la fracture intéresse le toit du rocher. La fuite est spontanément résolutive. C’est dans ce cadre
qu’existent des fractures du canal carotidien responsables de fistules carotido-caverneuses
(Fig. 9).
Les lésions de la chaîne ossiculaire
Si les luxations ossiculaires sont le plus souvent provoquées par les fractures sus-citées,
elles peuvent survenir dans d’autres circonstances, notamment lors des traumatismes
méataux (notamment par coton-tige), mais également traumatismes pressionnels, chirurgicaux…
• Les luxations sont les lésions les plus fréquentes, elles peuvent être associées entre elles et
sont surtout incudo-stapédiennes (Fig. 4) et incudo-malléaires (Fig. 5). La luxation stapédovestibulaire doit être recherchée du fait du risque de fistule périlymphatique (Fig. 6).
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
325
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 1 : TDM temporal gauche,
A : reconstruction axiale,
B : reconstruction coronale. Fracture labyrinthique à point d’entrée sur l’écaille occipitale (tête de
$èche), traversant la capsule labyrinthique ($èches longues). Présence d’un pneumolabyrinthe (*) et
d’une pneumencéphalie (petites $èches).
326
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 2 : TDM temporal droit, coupe coronale. Paralysie faciale périphérique droite d’emblée. Fracture labyrinthique ($èches) traversant la portion labyrinthique du canal facial (tête de $èche).).
Figure 3 : TDM temporal gauche, coupe axiale. Fracture extra-labyrinthique à point d’entrée sus-méatique ($èches), atteignant la paroi latérale de l’épitympanum, puis la paroi antérieure de la caisse (tête de $èche) et la logette du ganglion géniculé.
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
327
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 4 : TDM temporal droit, reconstruction dans le plan axial stapes. Luxation incudo-stapédienne, avec l’apophyse
lenticulaire de l’incus ($èche longue) visible à distance de la tête du stapes (tête de $èche). Flèche courte : malleus.
• Les fractures sont plus rares et difficiles à retrouver ; la multiplication des plans de reconstruction est souvent nécessaire ; il faut surtout signaler la fracture de la platine de l’étrier parfois associée à une désinsertion du ligament annulaire.
Les signes de complications
On recherchera de façon systématique à l’entrée :
• Une pneumencéphalie (Fig. 1), ou des niveaux hydro-aériques mobiles avec la position de
la tête, signant l’existence d’une brèche ostéo-méningée et d’une fuite de LCS. L’atteinte du tegmen est le plus souvent en cause, mais le LCS peut emprunter d’autres voies (Fig. 6).
• Une hernie méningée ou cérébro-méningée, à travers un foyer fracturaire. Cette hernie affecte le plus souvent le tegmen (Fig. 8).
328
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
Figure 5 : TDM temporal droit.
A : reconstruction dans le plan axial standard ;
B : reconstruction dans le plan sagittal des osselets ;
C : reconstruction 3D sagittale oblique. Luxation incudo-malléaire, avec élargissement de l’interligne articulaire (petite
$èche) entre la tête du malleus (tête de $èche) et le corps de l’incus ($èche longue). Du fait du déplacement de l’enclume,
une luxation incudo-stapédienne est associée (non montrée).
Figure 6 : TDM temporal droit, reconstruction dans le plan axial du
stapes. Luxation stapédo-vestibulaire interne. La platine de l’étrier
($èche longue) a pénétré dans le
vestibule (les deux $èches courtes :
plan de la fenêtre ovale) ; fistule périlymphatique apparaissant par le
pneumovestibule (tête de $èche).
Luxation incudostapédienne associée ($èche courbe).
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
329
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
La localisation de ces brèches et de ces fuites se fait par la recherche de la solution de continuité osseuse en tomodensitométrie, à condition de suivre les protocoles adaptés (coupes de
0,5 mm voire moins, chevauchées, en filtre osseux à haute résolution, avec reconstructions
multiplanaires). L’IRM avec séquences liquidiennes inframillimétriques fortement pondérées T2, avec reconstructions dans les trois plans de l’espace, recherche la communication
entre les espaces sous-arachnoïdiens intracrâniens et les collections intratemporales, avec
interruption de la bande hypointense de la dure-mère (Fig. 8). L’utilisation de ces deux examens permette dans la plupart des cas de localiser la brèche et la fuite. Dans le cas contraire,
une cisternographie-TDM, tomodensitométrie des espaces sous-arachnoïdiens et de la base
du crâne réalisée au décours d’une injection intrathécale de produit iodé (Fig. 7), sera réalisée [8].
Figure 7 : Brèche ostéo-méningée traumatique avec otoliquorrhée. TDM de la base du crâne après cisternographie iodée,
vues coronales. Le produit de contraste intrathécal, qui a diffusé dans les espaces sous-arachnoïdiens intracrâniens (têtes
de $èche), diffuse, par un trajet sous-temporal droit ($èches), dans l’oreille moyenne droite (*) – (Clichés Dr G. Saliou).
330
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
• une fistule carotido-caverneuse (Fig. 9). Lorsque le diagnostic est suspecté au décours d’un
traumatisme, l’imagerie sectionnelle (TDM et/ou surtout IRM) confirme l’exophtalmie, mais
surtout recherche la dilatation de la veine ophtalmique supérieure homolatérale, signe indirect le plus évocateur de fistule carotido-caverneuse. L’IRM avec angio-IRM montre la contamination précoce du sinus caverneux par le sang artériel. L’angiographie par cathétérisme
sélectif à visée diagnostique et thérapeutique doit être réalisée rapidement, objectivant la fistule, sa taille et son type, sa localisation exacte, et permet son traitement.
Figure 8 : Brèche ostéo-méningée traumatique. Imagerie réalisée à distance du traumatisme. Temporal
gauche, vues coronales.
A : TDM, reconstruction dans le plan coronal ;
B : IRM, séquence coronale T2 inframillimétrique en contraste liquidien. La brèche osseuse ($èches) est bien
analysée en tomodensitométrie et en IRM ; le comblement attical de densité tissulaire observée en TDM (A :
tête de $èche) correspond en IRM à une méningocèle post-traumatique (B : tête de $èche) – (la cavité liquidienne communique avec la corne ventriculaire (*) temporale gauche dilatée, cet aspect est cicatriciel).
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
331
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
A
C
B
Figure 9 :
A : Fistule carotido-caverneuse avec œdème palpébral et exophtalmie.
B : coupe TDM axiale en filtre osseux ; fracture du
temporal gauche irradiant vers le corps du sphénoïde ($èches) traversant le canal carotidien
gauche (*).
C : coupe axiale T1 passant par les orbites, avec
dilatation de la veine ophtalmique supérieure
gauche ($èches) liée au drainage veineux antérieur.
D : angiographie conventionnelle sélective de
profil de la carotide interne gauche – au temps
artériel, opacification du sinus caverneux (tête de
$èche) et de la veine orbitaire supérieure
($èches).
D
332
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
E : angiographie conventionnelle sélective de
profil de la carotide interne gauche après traitement endovasculaire (embolisation) : disparition
de l’opacification veineuse caverneuse et intraorbitaire, mais présence d’un anévrysme sacciforme de la carotide interne intra-caverneuse
($èche).
CHAPITRE VI  APPORT DE L’IMAGERIE DANS LES DIVERSES SITUATIONS PATHOLOGIQUES
E
VI-7-4
Que doit contenir le dossier radiologique ?
Sur un support visuel : les images clés (10 à 20 images) et sur support numérique : la totalité
des images natives, les reconstructions multiplanaires (MPR) et, éventuellement, des images
clés sélectionnées.
Le compte-rendu écrit sera spécifique à chaque modalité d’imagerie. Le compte-rendu de
l’examen TDM centré sur les temporaux devra analyser précisément les différents secteurs
anatomiques du temporal, en insistant sur :
• la présence ou non d’un trait de fracture,
• si oui, son point d’entrée, son trajet,
• l’état des parois de la caisse, de la chaîne ossiculaire, du labyrinthe osseux, du canal facial,
du canal carotidien.
Le compte-rendu IRM analysera :
• le signal des liquides labyrinthiques dans les différentes pondérations,
• la présence éventuelle de captation de contraste en cas d’injection de gadolinium,
• l’aspect du contenu du MAI,
• l’état du nerf facial dans son canal,
• la présence d’éventuelles hernies méningées ou cérébro-méningées, de lésions cérébrales
post-traumatiques.
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
333
Références
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Mots-clés :
Cerebrospinal Fluid Otorrhea
Facial Nerve
Facial Paralysis
Head Injuries, Closed
Hearing Loss, Conductive
Hearing Loss, Sensorineural
Image Processing, Computer-Assisted
Magnetic Resonance Imaging
Petrous Bone
Round Window, Ear
Temporal Bone
Vestibule, Labyrinth
Wounds, Gunshot.
334
TRAUMATISMES DU TEMPORAL
Références
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
1 2 3 4 5 6 7
Conclusion
Perspectives
de l’imagerie
F. VEILLON
S. BOBIN
O. STERKERS
JL. BENSIMON
CH. MARTIN
335
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
336
CHAPITRE VII  CONCLUSION
Chapitre VII
Conclusion
Perspectives de l’imagerie
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
Les prévisions sont difficiles surtout lorsqu'elles concernent l'avenir (Pierre Dac).
C'est pourquoi nous ne nous prononcerons pas sur une éventuelle révolution qui n'en serait
plus une si nous pouvions l'anticiper tout en étant, sans témérité, assurés pour le moins que
les progrès de l'imagerie bénéficieront grandement à celle de l’oreille et du rocher.
VII-1
Scanner et IRM : problèmes posés et progrès prévisibles
Les micros scanners et les micros IRM utilisés en recherche, sur des pièces anatomiques ont
montré que la résolution spatiale de ces deux techniques pouvait être quasi histologique,
mais au prix pour les micros scanners de temps d’acquisitions de plusieurs heures et d’une
irradiation très importante. Quant aux micros IRM, ce sont de petites machines dont le tunnel de l’aimant fait quelques centimètres et n’est adaptée qu’à des pièces anatomiques ou de
petits animaux. Les champs magnétiques sont très puissants au-delà de 10 Tesla.
On peut toutefois espérer, dans l’avenir, utiliser ces techniques en clinique, une fois leurs
effets délétères maîtrisés.
VII-2
Buts et solutions envisageables
Buts
• Amélioration de la résolution anatomique devant permettre d’une part de meilleurs diagnostics et d’autre part d’aider efficacement le geste chirurgical, grâce aux méthodes de simulation préopératoire et de guidage per-opératoire [1] ;
• Amélioration de la différenciation des tissus constituant le rocher permettant d’en approcher l’histologie et par là-même d’effectuer de véritables biopsies virtuelles ;
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
337
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
• Amélioration de l’imagerie dynamique et fonctionnelle et des reconstructions virtuelles
2D et 3D ;
• Utilisation de l’imagerie à des fins thérapeutiques ;
• Amélioration de l’accessibilité à ces techniques d’imagerie et réduction de leurs coûts.
Solutions
Amélioration de la résolution spatiale de l’image
L’amélioration de la résolution spatiale de l’image nécessite des matrices avec des pixels plus
petits et une épaisseur de coupe encore plus fine. Ceci est possible mais nécessite, en tomodensitométrie, un faisceau de rayons X plus puissant et donc plus irradiant et, en IRM,
des champs magnétiques et des gradients plus puissants avec des pentes plus fortes. Aujourd’hui les effets biologiques de telles machines ne sont pas encore totalement connus. Il
semblerait néanmoins que les champs magnétiques soient dénués d’effets secondaires
jusqu’à 4T et même jusqu’à 8T, un tel champ engendrant toutefois quelques vomissements
ou vertiges. Au-delà l’évaluation est en cours et le principe de précaution doit s’appliquer.
Par exemple pour L’IRM 7T : (Siemens) on obtient une résolution spatiale microscopique.
Ce type de machine permet l'observation et l'analyse du métabolisme des tissus et une meilleure étude en IRM fonctionnelle. Il ne s’agit pas tout à fait des dispositifs expérimentaux,
mais ils ne sont pour l’instant encore utilisés qu’en recherche clinique, (Boston, Séoul, CEA
Orsay).
Diminution de l’irradiation sans réduction des performances en tomodensitométrie
Les dernières machines présentées en 2009/2010 possèdent deux tubes à rayons X, et une
couronne de 128 détecteurs. L’épaisseur de coupe atteint 0.3 mm et chaque constructeur développe des technologies destinées à améliorer le rapport signal/bruit en baissant la quantité de rayons X émise. La baisse de l’irradiation pourrait atteindre 50% à qualité diagnostique
égale :
- système dit « care dose » où la machine règle la puissance du faisceau de rayons X en fonction de l’épaisseur des tissus traversés, en temps réel et durant l’acquisition,
- système de réduction du bruit dit ASIR faisant appel à un nouveau calcul numérique,
- solution présentée par le constructeur Général Electric pour le Discovery CT750 HD. Cette
machine permet selon le constructeur jusqu’à 50 % de réduction de dose par l’association de
trois innovations, deux matérielles et une logicielle :
o Le détecteur « Gemstone »: technologie basée sur le cristal de grenats, mise au
point spécialement pour la scanographie, exclusivité GE (General Electrics), ce scintillateur
permet d’obtenir des images haute définition en moins d'une seconde.
o Le logiciel « ASIR™ »: algorithme appliqué aux données brutes collectées pendant
l’acquisition éliminant le bruit dans l’image, rendant ainsi possible le niveau le plus faible de
rayonnement nécessaire.
o Les tubes « Dual Energy »: deux niveaux d'énergie distincts améliorent l'alignement
des images dans un champ d'exploration de 50 cm.
338
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE VII  CONCLUSION
Une nouvelle technologie [7]
Cone Beam Computed Tomography (CBCT).
Cette technologie, comme le scanner, basée sur l’utilisation de rayons X, n’est pas révolutionnaire puisque déjà utilisée en imagerie dentaire. Toutefois, les capteurs plans haute résolution qui n’existaient jusqu’à un passé récent que pour de petits champs d’exploration, ont
bénéficié des progrès des capteurs plans, développés pour la radiologie numérique, la mammographie et l’angiographie, permettant d’autres utilisations, comme l’imagerie de l’oreille
[37, 38, 39].
Ces Cone Beam Computed Tomography (CBCT), en anglais, ou tomographie volumique à
faisceau conique en français, sont constitués d’un générateur de rayons X émettant un faisceau de forme conique, le plus souvent pulsé, couplé à un capteur plan numérique dont le
champ est de 15 à 20 centimètres carrés. Cet ensemble tourne autour de l’objet à radiographier avec émission pulsée des rayons X. Le faisceau conique de rayons traverse l’objet à explorer avant d’être analysé par le système de détection (le capteur plan). La rotation du
système autour du sujet permet d’acquérir des données numériques (multiples radiographies numériques), qui sont transmises à un ordinateur pour reconstructions volumiques ou
multi-planaires. A la différence du scanner, le CBCT utilise un faisceau ouvert, conique, qui
permet à chaque émission de réaliser une radiographie de l’objet.
Figure 1 : schéma du principe technique de la tomodensitométrie.
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
339
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 2 : schéma du principe technique du CBCT. (remerciements aux sociétés CareStream, Collin Orl et NewTom).
Cette technique d’utilisation journalière en imagerie dentaire est prometteuse dans l’imagerie du rocher, en raison de sa faible dosimétrie et du caractère tridimensionnel de son image.
L’exposition effective est réduite avec un faisceau pulsé, ce qui permet de limiter efficacement
la dose irradiante délivrée (tableau 1) [2, 3, 6, 14, 15, 20, 22, 25].
La dose efficace (micro Sievert ou μSv) dépend directement des constantes radiologiques,
tension (kV), intensité (mA) et durée d’exposition (s) ainsi que du volume exploré. C’est la
dose calculée à partir de la dose délivrée (ou absorbée), exprimée en Grays (Gy) et tenant
compte de la sensibilité relative aux rayons X des tissus traversés.
Des études [4, 5, 12, 13, 7] montrent que le CBCT possède une résolution spatiale et une fiabilité comparables au scanner pour explorer des structures denses tel l’os ou les dents et pour
permettre d’identifier des fractures, kystes ou lésions osseuses, ou corps étrangers, d’où son
intérêt en orthodontie, en chirurgie maxillo-faciale et en implantologie et éventuellement
pour la chirurgie assistée par ordinateur [18]. L’épaisseur de coupe et la taille du pixel peuvent atteindre 100 à 200 microns en fonction du capteur et de la taille du champ d’exploration choisis et autorise donc une résolution spatiale théoriquement meilleure que la
résolution tomodensitométrique. Le CBCT ne permet pas en revanche, de mesurer les densités des parties molles. La dose émise par l’appareil est inférieure à celle délivrée par la to-
340
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE VII  CONCLUSION
Tableau 1 : comparaison des doses effectives selon les modalités et les techniques de radiographie odonto-stomatologique (Foucard 2009)* : ICRP 2007 (niveau de preuve moyen).
modensitométrie, mais demeure cependant significativement plus élevée que celle utilisée
pour la radiographie dentaire classique, comme le panoramique ou les clichés intra-oraux.
L’utilisation des CBCT dans l’exploration osseuse des rochers, en particulier chez l’enfant,
impose donc des études avant validation. Toutes les images sont fournies au format DICOM
et sont utilisables dans tous les systèmes de chirurgie assistée par ordinateur. À noter toutefois que le temps d’acquisition est encore assez long de 20 à 40 secondes nécessitant une
contention très efficace des patients pour obtenir une bonne qualité d’image.
Deux types de machines sont actuellement proposés, l’une verticale ressemblant à un panoramique dentaire dans laquelle le patient est assis ou debout, l’autre horizontale dans laquelle
le patient est couché.
Les données de la littérature [16, 38, 39] montrent que pour étudier l’os, les informations
fournies par la machine, sont au moins équivalentes à celle de la tomodensitométrie.
Amélioration de la rapidité d’acquisition des données en tomodensitométrie
Si l’acquisition spiralée constitue une avancée technique indiscutable du fait de sa rapidité,
notamment chez l’enfant et pour l’angiographie, la perfusion et l’étude fonctionnelle cinétique
des produits de contraste au niveau des parties molles, son apport au niveau du rocher osseux est toutefois plus relatif.
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
341
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Figure 3 : CBCT (Collin) avec patient en position assise.
a
b
Figure 4 : CBCT ( NewTom ) a : patient en position debout ; b : patient couché.
342
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE VII  CONCLUSION
Figure 5 : résultats de l’imagerie CBCT pour les dents le la mandibule.
Figure 6 : résultats de l’imagerie CBCT pour des coupes frontales des sinus.
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
343
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Amélioration de la caractérisation tissulaire
L’étude des parties molles et la caractérisation tissulaire sont encore actuellement le domaine
de l’IRM. L’augmentation de puissance du champ magnétique est une évolution probablement irréversible. Le développement de la spectroscopie IRM et l’intégration des différentes
modalités d’imagerie avec l’IRM en sont les exemples les plus prometteurs.
Les scanners avec multi-modalités intégrées constituent une avancée majeure, en particulier
en oncologie. Les systèmes TEP (Tomographie à Emission de Positons) sont déjà intégrés à
des systèmes CT pour permettre une analyse anatomique des lésions ; ils n’offrent toutefois
qu’un faible contraste pour les tissus mous. L’intégration de la TEP avec l'IRM constitue un
objectif technologique important.
Amélioration des coûts
Les machines performantes ont un coût élevé d’achat et d’entretien. Pour l’IRM, une des solutions consiste à utiliser des machines dédiées à un usage spécifique: membres (orthopédie,
rhumatologie et médecine du sport), coeur, cerveau, IRM interventionnelle. La taille de l’aimant y est adaptée à la région anatomique étudiée et les bobines de gradient optimisées.
L’utilisation d’un produit cryogénique libre, différent du type d’azote et d’hélium utilisés actuellement pour la fabrication des aimants supra-conducteurs, serait à même d’en réduire la
taille, le coût de production et de maintenance, l’hélium liquide n’étant plus nécessaire. Actuellement les champs magnétiques générés par de tels systèmes cryogéniques libres sur de
petits aimants, peuvent atteindre 16 teslas.
Très hauts champs magnétiques: le projet Iseult
Ce projet franco-allemand en collaboration avec des industriels tels que Guerbet, Siemens
Medical Solutions et Alstom MSA permettra de doter le centre Neuro spin dans l’enceinte du
CEA à Saclay, en 2012, d’un imageur par résonance magnétique IRM de 11,75 teslas avec
une ouverture de 90 cm de diamètre permettant le passage du corps entier d’un patient.
Cet appareil et l’utilisation de nouveaux agents de contraste qui amélioreront considérablement la résolution des images (facteur 10) permettront sans aucun doute d’importants progrès tant en ce qui concerne les sciences cognitives que le diagnostic des maladies
neuro-dégénératives.
Amélioration du rendement des machines
Le volume important d’images générées par les machines récentes de tomodensitométrie et
d’IRM et la quantité d’informations obtenues, ont conduit au développement de logiciels
d’aide au diagnostic (Compte-rendu détection) (CADe) et Computer-aided diagnosis
(CADx). Pour la plupart conçus sur le principe de la reconnaissance de forme, ils permettent
de réduire les artefacts avant lecture, autorisent la segmentation des structures anatomiques,
la comparaison des images successives, notamment sous la forme de données chiffrées donc
très précises.
344
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
CHAPITRE VII  CONCLUSION
Figure 7 : modèle de l’aimant 11,7T réalisé
par le CEA / Irfu pour NeuroSpin(dossier
Presse CEA Saclay).
Les progrès techniques concernent également l’ensemble des éléments de la chaîne de production de l’image et notamment les antennes : antennes de surface et antennes en phase
couplées, permettant de couvrir en une seule acquisition l’ensemble du corps (Système TIM
Siemens). L’utilisation de canaux multiples (jusqu’à 32 canaux) et d’éléments multiples est
désormais possible. L’apparition d’antennes sans câble avec transfert de l’information par induction du signal diminue les pertes de signal liées aux connecteurs. Certains constructeurs
projettent d’équiper leurs IRM 3 Teslas de doubles émetteurs de radio-fréquence et pour Toshiba et Philips de champ de radio-fréquence.
VII-3
Robotisation et imagerie per-opératoire
Les robots destinés à assister le geste chirurgical doivent permettre un abord précis et peu
invasif des structures anatomiques, objectif essentiel dans la chirurgie otologique et oto-neurologique [25,26]. Ce but à atteindre peut rendre nécessaire la visualisation des structures cibles par d’autres moyens que les systèmes optiques que sont le microscope et l’endoscope.
Les systèmes de navigation assistés par ordinateur (NAO) et basés sur la tomodensitométrie
du rocher sont actuellement suffisamment précis pour permettre de naviguer en otologie et
en neuro-otologie, à condition d’utiliser des marqueurs fiduciaires dans l’os temporal [28,29].
Contrairement aux tissus mous, la chirurgie de l’os temporal n’induit pas de variation peropératoire des structures anatomiques cibles (tissu-shi), ce qui rend la navigation plus aisée
et plus précise [30]. Outre l’aide que peut apporter la NAO en per-opératoire, le système peut
également s’avérer très utile avant l’intervention dans l’élaboration d’une stratégie chirurgicale, dans la prévision de la difficulté du geste [31] et dans sa simulation [32].
Cependant, lors de la navigation, des erreurs de localisation restent possibles, dues à l’imprécision de l’imagerie (coupes trop épaisses ou déformation éventuelle de la matrice de
l’image), aux erreurs commises par l’opérateur en raison des défauts d’affichage et/ou de re-
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
345
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
connaissance des structures, de l’erreur de recalage entre la région anatomique et l’imagerie,
du déplacement de l’émetteur ou du récepteur entre le moment où est réalisé le recalage et
le moment de l’enregistrement, du défaut du calibrage ou de la déformation de l’instrument
de pointage, et enfin de l’erreur intrinsèque du localisateur [28,29]. L’ensemble de ces points
est néanmoins l’objet d’améliorations constantes. La difficulté de visualisation par le scanner
de la chaîne ossiculaire en cas de pathologie d’oreille moyenne et de la membrane basilaire
lors de l’insertion d’un implant cochléaire constitue en outre un obstacle technique qui pourrait être franchi par la fusion des images IRM et scanner et par les scanners Dual Energy, au
prix cependant d’une dose d’irradiation peut être plus élevée [33].
L’association de la chirurgie robotisée et de l’imagerie per-opératoire (IRM, scanner, échographie) a été déjà décrite en neuroradiologie interventionnelle et neurochirurgie [34, 35,
36]. Cette combinaison permet d’améliorer la précision du système par un recalage précis et
répété des images et du patient. Cependant, elle entraîne des limitations d’ergonomie, d’encombrement et de coût. De plus, les acquisitions itératives peuvent ralentir la procédure chirurgicale. Un moyen d’alléger la réalisation de l’imagerie per-opératoire serait de réaliser des
tomographies conventionnelles grâce à un bras en C et de recaler les images obtenues sur les
images de la tomodensitométrie préopératoire par un enregistrement multipoint.
La réalité augmentée est également un domaine de recherche (R. oranagatte et al, 2009).
Cette technique consiste en la superposition des images de plusieurs sources (ex : IRM, TDM,
images de prothèse ou d’implant) et des vues opératoires (microscope, endoscope) avec un
calcul en temps réel permettant de garder une superposition correcte de l’ensemble des
images quel que soit l’angle de la vision. Cette technique prometteuse nécessite des calculs
informatiques lourds et de ressources puissants. A notre connaissance, elle n’est pas actuellement disponible en clinique pour l’os temporal.
Conclusion
Bien que par essence, les progrès de l’imagerie à long terme soient difficiles à prédire, son évolution exponentielle durant la dernière décennie laisse entrevoir des perspectives extraordinaires tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. L’imagerie de l’oreille et du rocher
n’y fera pas exception. Dores et déjà, il n’est pratiquement plus de lésion auriculaire indécelable par l’imagerie morphologique et une grande partie de la chirurgie otologique ne peut
plus se concevoir sans imagerie préalable permettant de corriger certaines erreurs diagnostiques, de prévoir les difficultés opératoires et d’éviter parfois certaines reprises chirurgicales
à visée diagnostique. L’angio IRM remplace souvent l’angiographie traditionnelle autorisant
des diagnostics plus faciles et des prises en charge plus précoces. L’imagerie du labyrinthe
membraneux est devenue réalité ayant permis, d’une part du fait d’une meilleure connaissance anatomique du labyrinthe membraneux un positionnement adapté des prothèses pénétrant dans le vestibule et d’autre part, la mise en évidence des pathologies dont elle peut
être le siège, labyrinthites, malformations, traumatismes, troubles pressionnels… Elle sera
bientôt essentielle aux stratégies et au suivi des thérapeutiques médicales et chirurgicales le
concernant. L’imagerie permettra non seulement de visualiser les liquides labyrinthiques
346
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
VII-4
CHAPITRE VII  CONCLUSION
mais aussi d’en analyser la composition dans les diverses situations pathologiques, d’où une
meilleure prise en charge thérapeutique. L’analyse radiologique de la composition des tissus
et de leur fonctionnement intime permettra sans doute d’éviter certains gestes invasifs à visée
diagnostique et de nouvelles stratégies thérapeutiques. La chirurgie assistée par ordinateur,
d’utilisation courante en rhinologie se développe au niveau de la base latérale du crâne ; elle
ne trouvera sans doute son plein développement qu’avec l’imagerie per-opératoire en temps
réel. L’essor prévisible de la chirurgie robotisée passera par la mise au point de robots dont
les performances seront essentiellement dépendantes d’un cerveau informatique imageriedépendant.
Toutefois, ces progrès nécessiteront la maîtrise du ¨trop plein¨ d’informations fournies et du
coût engendré, la tentation étant grande de substituer la machine à notre réflexion.
En quelques années, l’imagerie est passée de l’anatomie au fonctionnel, du diagnostic à la
thérapeutique, du macroscopique à l’imagerie moléculaire et il est très vraisemblable que le
futur dépassera largement ce que nous pouvons en entrevoir actuellement.
« La meilleure manière de prévoir le futur est de l'inventer ».
(Alan Kay, informaticien américain, père de l’ordinateur portable).
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
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[33] Morhard D, Fink C, Graser A, Reiser MF, Becker C, Johnson TR. Cervical and cranial computed
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[34] Wu Z, Hartov A, Paulsen K, Roberts DW. Multimodal image re-registration via mutual information to
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[35] Caire F, Gantois C, Torny F, Ranoux D, Maubon A, Moreau JJ. Intraoperative Use of the Medtronic O-arm
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[36] Nemec SF, Donat MA, Mehrain S, Friedrich K, Krestan C, Matula C, Imhof H, Czerny C. CT-MR image
data fusion for computer assisted navigated neurosurgery of temporal bone tumors. Eur J Radiol. 2007
May;62(2):192-8. Epub 2007 Jan 16.
[37] oranaghatte R, Garcia J, Caversaccio M, Widmer D, Gonzalez Ballester MA, Nolte LP, Zheng G.
Landmark-based augmented reality system for paranasal and transnasal endoscopic surgeries. Int J Med
Robot. 2009 Dec;5(4):415-22.
[38] Ruivo J, Mermuys K, Bacher K, Kuhweide R, Offeciers E, Casselman JW. Cone beam computed
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Neurotol. 2009 Apr;30(3):299-303.
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
349
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
[39] Peltonen LI, Aarnisalo AA, Käser Y, Kortesniemi MK, Robinson S, Suomalainen A, Jero J. Cone-beam
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[40] Peltonen LI, Aarnisalo AA, Kortesniemi MK, Suomalainen A, Jero J, Robinson S. Limited cone-beam
computed tomography imaging of the middle ear: a comparison with multislice helical computed tomography.
Acta Radiol. 2007 Mar;48(2):207-12.
350
PERSPECTIVES DE L’IMAGERIE
TABLE DES MATIÈRES
Imagerie de l’oreille et du rocher
2010
Table des matières - 353
Index thématique - 363
Abbréviations - 367
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
351
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
352
Table des matières
Chapitre I
Introduction
3
Chapitre II
Principes de l’imagerie
J.L. BENSIMON, C. VEYRET, G. SALIOU, F. GIBOREAU, F. VEILLON
II-1
La tomodensitométrie ou scanner
7
Le principe du scanner
Le déroulement de l’examen
Les progrès techniques et les scanners actuels
Précautions et contre-indications de l’examen TDM
8
8
9
10
II-2
11
L’imagerie par résonance magnétique (IRM)
Le magnétisme nucléaire
L’aimantation
La précession
La résonance
La relaxation
Les produits de contrastes
La formation de l’image
Le stockage des données et leur exploitation
Les facteurs de qualité de l’image
Les artéfacts et leurs remèdes
L’angiographie par résonance magnétique (ARM)
Les précautions et les contre-indications à la réalisation de L’IRM
Les contre-indications absolues
Les contre-indications relatives
Références
11
12
13
13
13
14
15
15
16
17
18
18
18
18
20
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
353
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre III
Rappel embryologique
JM. PRADES, C. RICHARD, S. CHARDON ROY, M. ELMALEH
III-1
Organogénèse de l’oreille moyenne et malformations en résultant
Les cavités de l’oreille moyenne
La caisse du tympan
L’antre et les cavités mastoïdiennes
La trompe auditive
Les parois de l’oreille moyenne
La membrane tympanique
Les parois osseuses
Les osselets
L’étrier
L’enclume
Le marteau
Les malformations congénitales de l’oreille moyenne
23
23
24
24
25
25
26
27
27
28
28
28
III-2
30
Organogénèse de l’oreille interne et malformations en résultant
Le développement de l’oreille interne
Formation du labyrinthe membraneux
Morphogénèse
Différenciation neurosensorielle
Les espaces périlymphatiques
Le labyrinthe osseux
Les malformations congénitales de l’oreille interne
Atteintes du labyrinthe osseux et du labyrinthe membraneux
Atteintes du labyrinthe membraneux
Malformations des canaux semi-circulaires
`
Malformations du conduit auditif interne
Références
354
23
TABLES DES MATIÈRES
30
30
31
32
32
32
34
34
35
35
35
36
TABLES DES MATIÈRES
Chapitre IV
Anatomie et imagerie normale de l’os temporal humain
JM. PRADES, CH. VEYRET, G. SALIOU, E. LESCANNE, CH. MARTIN
IV-1
Anatomie de l’os temporal chez l’homme
39
L’os squamosal ou écaille
La face exocrânienne ou temporale
La face endocrânienne ou cérébrale
L’os tympanal ou la partie tympanique de l’os temporal
L’os pétro-mastoïdien
La région mastoïdienne
La région pétro-tympanique
Les cavités de l’os temporal
La caisse du tympan
La chaîne des osselets
La trompe auditive osseuse
Le canal carotidien
Le canal facial
Le méat acoustique interne (MAI)
Le labyrinthe osseux
Vascularisation du rocher
Artères issues de l’artère carotide interne
Artères issues de l’artère carotide externe (vascularisation du labyrinthe osseux,
du nerf facial et des nerfs mixtes IX, X et XI)
Artères issues du système vertébro-basilaire (vascularisation du labyrinthe membraneux)
IV-2
Imagerie de l’os temporal normal en tomodensitométrie (TDM)
et par résonance magnétique (IRM)
L’étude dans le plan axial orbito-méatal
L’étude dans le plan coronal
Certains plans obliques particuliers sont analysés
Des séquences IRM notamment axiales permettent d’étudier le contenu du MAI et
de l’angle ponto-cérébelleux ainsi que la vascularisation pétreuse et péri-pétreuse
Références
41
42
43
43
43
43
44
47
47
50
52
54
55
57
61
64
64
65
66
66
66
69
70
71
73
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
355
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre V
Imagerie du labyrinthe membraneux normal et pathologique
F. VEILLON, A. GENTINE, H. SICK, M. ABU EID, S. RIEHM
V-1
V-2
V-3
V-4
Introduction
Rappel physiologique concernant les structures de la macule,
du saccule et des ampoules des canaux semi-circulaires
Matériel et méthodes
Résultats
L’utricule
Le saccule
En conclusion
Références
77
78
78
79
79
82
83
84
Chapitre VI
Apport de l’imagerie dans les diverses situations pathologiques
Chapitre VI-1 - Surdité
356
VI-1-1-1 Surdité de transmission
B. ESCUDÉ, O. DEGUINE.
89
Pathologies acquises du MAE
Exostose et ostéome du MAE
Traumatismes du MAE
Sténoses iatrogéniques
Cholestéatome du MAE
Latéralisation et comblement du MAE
Références
89
89
92
92
92
93
94
VI-1-1-2 Surdité de transmission et mixte à tympan normal de l’adulte
F. VEILLON, B. FRAYSSE, B. ESCUDÉ, O. DEGUINE, A. ROBIER
95
Otospongiose
Anatomopathologie
Épidémiologie
Clinique
95
95
96
96
TABLES DES MATIÈRES
TABLES DES MATIÈRES
Imagerie de l’otospongiose
Bilan d’extension des lésions
Intérêt du scanner dans l’analyse des conditions anatomiques de la chirurgie et
des éventuels facteurs de risques liés à une anomalie ou une pathologie associées
Autres causes de surdité de transmission ou mixte à tympan normal
Anomalies de la chaine ossiculaire
Surdités de transmisison de l'oreille interne
Imagerie postopératoire de l’otospongiose
Persistance ou réapparition d’une surdité de transmission
Complications neuro-sensorielles
Références
98
106
107
118
118
122
123
123
128
136
VI-1-1-3 Surdités de transmission de l’enfant d’origine malformative
ou génétique
A. ROBIER, F. VEILLON
139
Aspects radiologiques des malformations de l’oreille moyenne
Technique
Résultats de l’imagerie en fonction des anomalies de l’os temporal et de son contenu
Aspects cliniques des malformations d'oreille moyenne
Les aplasies majeures
Les aplasies mineures
Ostéogenèse imparfaite
Ostéopétrose (Maladie d’Albers Schönberg)
Références
139
139
139
150
150
151
153
154
155
VI-1-1-4 Surdité de transmission et mixte à tympan pathologique
D. AYACHE, V. DARROUZET, S. BOBIN, C. VINCENT, M. WILLIAMS,
F. DUBRULLE
157
Surdité de transmission à tympan fermé
Otite séreuse et séromuqueuse
Otite fibro-adhésive
Tympanosclérose
Surdité de transmission et mixte à tympan ouvert
Séquelles d’otite moyenne chronique
Otite chronique muqueuse à tympan ouvert
Otite atélectasique et poches de rétraction tympanique
Cholestéatome de l’oreille moyenne
Cholestéatome non opéré
Cholestéatome opéré
Conclusion
Références
157
157
161
161
163
163
164
166
167
167
173
180
181
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
357
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
VI-1-2-1 Surdité de perception et pathologie de la base du crâne
A. BOZORGGRAYELI, O. STERKERS, JL. BENSIMON
185
Situation clinique
Indications de l’imagerie
Orientation diagnostique
Bilan pré-thérapeutique
Suivi postopératoire
Complications postopératoires
Réhabilitation auditive par des implants
Quelle imagerie ?
Références
185
197
202
209
209
211
211
212
214
VI-1-2-2 Surdité de perception et pathologie de la base du crâne de l’enfant et
bilan en vue d’une pose d’implant cochléaire
G. ROGER, E. LESCANNE, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGÈS
219
Techniques
Résultats de l’imagerie
SP de l’enfant d’origine malformative ou génétique
Malformations du labyrinthe
Malformations du méat auditif interne et du canal du nerf cochléaire (CNC)
Surdités de perception génétiques : orientation diagnostique
SP de l’enfant d’origine infectieuse
Implant cochléaire
Le bilan préopératoire
L’imagerie peropératoire
L’imagerie postopératoire
Références
219
219
222
222
224
224
226
227
227
228
228
229
Chapitre VI-2 - Complications des otites aiguës
E. LESCANNE, G. ROGER, V. COULOIGNER, M. ELMALEHBERGES
VI-2-1
Complications intratemporales
Mastoïdite aiguë
Paralysie faciale
233
236
VI-2-2
236
Complications endocrâniennes
Voies de diffusion de l'infection
Diffusion par une voie préformée
Diffusion par une voie néoformée
Diffusion par voie veineuse
358
233
TABLES DES MATIÈRES
236
236
236
238
TABLES DES MATIÈRES
Les complications
Abcès extra-duraux
Abcès sous-duraux
Encéphalite présuppurative
Abcès intracérébraux (temporaux et cérébelleux)
rombophlébite du sinus latéral
rombose de la jugulaire interne
Références
238
238
238
238
238
239
240
241
Chapitre VI-3 - Vertiges et troubles de l’équilibre
P. BERTHOLON, MB. FAYE, A. GENTINE, FG. BARRAL
VI-3-1
VI-3-2
Introduction
Le vertige sans surdité
245
246
Un grand vertige rotatoire, unique, durable, avec ou sans atteinte neurologique
Un vertige rotatoire récidivant
Un vertige positionnel
246
250
250
VI-3-3
Le vertige avec surdité
251
Le vertige avec surdité de perception
Le vertige avec surdité de transmission ou mixte
251
251
VI-3-4
L’instabilité permanente
253
Avec découverte d’un nystagmus vertical inférieur
L’instabilité permanente du sujet âgé
256
256
VI-3-5
256
Conclusion
Références
257
Chapitre VI-4 - Acouphènes
C. VINCENT, G. SALIOU, A. BOZORGGRAYELI, JL BENSIMON, S. BOBIN
VI-4-1
VI-4-2
Situation clinique
Stratégie d’imagerie et étiologies
261
261
Acouphènes pulsatiles à tympan anormal
Les principales étiologies sont les suivantes
Acouphènes pulsatiles à tympan normal
Les principales étiologies retrouvées sont le plus souvent vasculaires
Les acouphènes pulsatiles suivants sont souvent objectifs :
Tumorales
Diverses
Osseuses
Acouphènes non pulsatiles
Références
262
262
264
264
269
270
270
272
273
276
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
359
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Chapitre VI-5 - Otalgies
V. DARROUZET, JL. BENSIMON
VI-5-1
Arbre décisionnel
La douleur est en rapport avec une affection aiguë traumatique ou infectieuse
du pavillon de l’oreille
La douleur est suspectée d’être en rapport avec une pathologie du MAE ou
de l’oreille moyenne
Une pathologie douloureuse du MAE
La douleur n’est pas due à une pathologie de l’oreille
Une otalgie réflexe d’une pathologie pharyngée inflammatoire ou tumorale
Une névralgie du nerf glosso-pharyngien.
En rapport avec une pathologie tumorale de la base du crâne
En rapport avec un accident évolutif de dent de sagesse
VI-5-2
Cas particuliers
Otalgies de l’enfant
L’otite externe nécrosante
Références
279
279
279
279
285
285
285
286
288
289
289
291
296
Chapitre VI-6 - Paralysies faciales
V. DARROUZET, T. VAN DEN ABBEELE, F.VEILLON, M. ELMALEHBERGÈS,
N. MARTINDUVERNEUIL
VI-6-1
Les paralysies faciales infectieuses bactériennes
299
300
300
300
VI-6-2
300
Les paralysies faciales traumatiques
Les traumatismes fermés du rocher
Les plaies balistiques
Les traumatismes chirurgicaux
Les traumatismes par arme blanche
300
302
302
302
VI-6-3
Les paralysies faciales d’origine tumorale
302
VI-6-4
Les paralysies faciales idiopathiques ou «a frigore»
316
VI-6-5
Le spasme de l’hémiface
316
VI-6-6
Les formes néonatales
318
Paralysie faciale obstétricale
Paralysie faciale malformative
Références
360
299
Les otites moyennes aiguës et mastoïdites
Le zona du ganglion géniculé
La maladie de LYME
Les otites externes nécrosantes
TABLES DES MATIÈRES
318
318
319
TABLES DES MATIÈRES
Chapitre VI-7 - Traumatismes du temporal
V. DARROUZET, P. MÉRIOT, F. VEILLON
VI-7-1
VI-7-2
VI-7-3
Indications de l’imagerie
Quelle imagerie ?
Résultats
323
324
325
Les fractures
L’examen tomodensitométrique
Les lésions de la chaîne ossiculaire
Les signes de complications
325
325
325
328
VI-7-4
333
Que doit contenir le dossier radiologique ?
Références
334
Chapitre VII
Conclusion - Perspectives de l’imagerie
F. VEILLON, S. BOBIN, O. STERKERS, JL. BENSIMON, CH. MARTIN
VII-1
VII-2
Scanner et IRM : problèmes posés et progrès prévisibles
Buts et solutions envisageables
Buts
Solutions
Amélioration de la résolution spatiale de l’image
Diminution de l’irradiation sans réduction des performances
en tomodensitométrie
Une nouvelle technologie [7]
Amélioration de la rapidité d’acquisition des données en tomodensitométrie
Amélioration de la caractérisation tissulaire
Amélioration des coûts
Très hauts champs magnétiques : le projet Iseult
Amélioration du rendement des machines
VII-3
VII-4
Robotisation et imagerie per-opératoire
Conclusion
337
337
337
338
338
338
338
341
344
344
344
344
345
346
Références
348
Index thématique - 363
Abréviations - 367
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
361
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
362
INDEX
INDEX THÉMATIQUE
A
Angiography
VI-4
261
B
Branchial arches
III
23
C
Carotid Artery, External
Carotid Artery, Internal
Cerebellopontine Angle
Cerebrospinal Fluid Otorrhea
Cholesteatoma, Middle Ear
Cochlea
Cochlear Aqueduct
Cochlear Duct
Cochlear Implants
Cochlear Nerve
Cone-Beam Computed Tomography
Constrast Media
IV
IV/VI-1-1-3/VI-4
VI-6/ VI-1-2-1
VI-7
VI-1-1-4
IV/VI-1-2-1
IV
IV
VI-1-2-2
IV
II
II
39
39, 139, 261
299, 185
323
157
39, 185
39
39
219
39
7
7
E
Ear Canal
Ear Deformities, Acquired
Ear Ossicles
Earache
Embryonic Development
Endolymphatic Hydrops
IV/VI-1-1-3/VI-1-1-1
VI-1-1-1
IV/VI-1-1-3
VI-5
III
V
39, 139, 89
89
39, 139
279
23
77
F
Facial Nerve
Facial Paralysis
IV/VI-1-1-3/VI-6/VI-7
VI-1-1-4/VI-6/VI-7
39, 139, 299, 323
157, 299, 323
G
Genetics
Glomus Tumor
VI-1-2-2/III
VI-4
219, 23
261
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
363
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
H
Head Injuries, Closed
Hearing Disorders
Hearing Loss
Hearing Loss, Conductive
Hearing Loss, Mixed
Conductive-Sensorineural
Hearing Loss, Sensorineural
Herpes Zoster Oticus
VI-7/VI-6
VI-1-2-1
VI-1-2-1/VI-1-1-2
VI-3/VI-7/VI-1-1-3/VI-1-1-1
VI-3/VI-1-1-4
VI-3/VI-7/VI-1-2-2
VI-5/VI-6
323, 299
185
185, 95
245, 323, 139, 89
245, 157
245, 323, 219
279, 299
I
Image Processing, Computer-Assisted
Incus (enclume)
Inner ear organogenesis
IV/II/VI-6/VI-7/ VI-1-2-1
IV/VI-1-1-3
III
39, 7, 299, 323, 185
39, 139
23
J
Jugular Veins
VI-1-1-3/VI-4
139, 261
L
Labyrinthitis
VI-1-2-2
219
M
Magnetic Resonance Imaging
Malleus (Marteau)
Mastoid
Mastoiditis
Meniere Disease
Meningitis
Middle ear organogenesis
Middle ear malformation
II/VI-6/VI-7/VI-1-2-2/VI-4/V 7, 299, 323, 219, 261, 77
IV/VI-1-1-3/VI-1-1-2
39, 139, 95
IV
39
VI-2
233
V
77
VI-2
233
III
23
III
23
N
Neurilemmoma
Nystagmus, Pathologic
VI-6
VI-3
299
245
VI-1-1-4
VI-1-1-1
VI-2
III
157
89
233
23
O
Ossicular Prosthesis
Osteoma
Osteomyelitis
Otic placode
364
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
INDEX
Otitis Externa
Otitis Media
Otosclerosis
Oval Window, Ear
VI-5
VI-5/VI-2/VI-1-1-4
VI-1-1-2
IV
279
279, 233, 157
95
39
P
Petrous Bone
Pseudomonas Infections
VI-7/IV/VI-5
VI-5
323, 39, 279
279
R
Radiation Protection
Round Window, Ear
II
IV/VI-7
7
39, 323
S
Saccule and Utricle
Semicircular Canals
Skull Base
Stapes (étrier)
V
IV/VI-1-1-2
VI-2
IV/V/VI-1-1-3
77
39, 95
233
39, 77, 139
T
Temporal Bone
Thrombophlebitis
Tinnitus
Tomography, X-Ray Computed
Tympanic Membrane
Tympanoplasty
VI-7/IV/VI-5/VI-1-2-1/V
323, 39, 279, 185
VI-2
233
VI-4
261
IV/VI-1-1-4/VI-1-1-1/VI-1-2-2/ II/V
39, 157, 89, 219, 7
IV/VI-1-1-3
39, 139
VI-1-1-4
157
V
Vertigo
Vestibular Aqueduct
Vestibular Diseases
Vestibule, Labyrinth
Vestibulocochlear Nerve Diseases
VI-3/VI-1-1-4
IV
VI-3
VI-3/IV/VI-7
VI-1-2-2
245, 157
39
245
245, 39, 323
219
W
Wounds, Gunshot
VI-6/VI-7
299, 323
Note : les descripteurs de cet index ont été sélectionnés parmi les mots-clés utilisés
sur le site PubMed.
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
365
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
366
ABREVIATIONS
ABRÉVIATIONS
A
AAO-HNS
AB
ACAI
ACPI
ADC
AFON
aMm
APC
ARM
ASIR
ASN
ATM
BDE
BOR
C
CADe
CADx
cAF
CBCT
CEA
CHARGE
CIREOL
CISS
CMV
CNC
CSC
Co
cPC
Nerf abducens
American academy of otothinolaryngology, head and neck surgery
Artère basilaire
Artère cérébelleuse antéro-inférieure
Antero-inferior cerebellar artery (AICA)
Artère cérébelleuse postéro-inférieure
Apparent diffusion coefficient
Association française d’otologie et d’otoneurologie
Artère méningée moyenne
Angle ponto-cérébelleux
Angiographie par résonnance magnétique
Adaptive statistical iterative reconstruction
Autorité de sûreté nucléaire
Articulation temporo mandibulaire
Bande descendante de l'enclume
Branchio-oto-rénal
Nerf cochléaire
Computer-aided detection
Logiciel d’aide à la détection
Computer-aided diagnosis
Logiciel d’aide au diagnostic
Citerne acoustico-faciale
Cone beam computed tomography
Tomographie volumique à faisceau conique
Commissariat à l'énergie atomique
Coloboma, heart disease, choanal atresia, retardal development, genital
hypoplasia, ear abnormalities ou Association colobome, cardiopathie,
atrésie des choanes, retard mental, anomalies génitales et auditives
Collège d’imagerie et de recherche en oto-rhino-laryngologie
Constructive interference in steady state
Cytomégalovirus
Canal du nerf cochléaire
Canaux semi-circulaires
Cochlée
Citerne ponto-cérébelleuse
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
367
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
CSCL
CT
cv
DICOM
DM
DRIVE
EVA
F
FCm
FIESTA
FLAIR
FNS
FOV
FR
FCM
gG
gV
Gy
HTIC
ICRP
IRM
JDE
LCR
LCS
MAE
MAI
MB
MDE
MPR
MSA
NAO
Non-EPI
NRD
nVs
OEN
OM
OMA
OMS
OSM
PEA
PEAP
PEO
368
Canal semi-circulaire lateral
Computed tomography
Crête verticale
Digital imaging and communications in medicine
Dure mère
DRIVen Equilibrium (séquence echo de spin rapide)
Elargissement de l'aqueduc du vestibule
Nerf facial
Fosse cérébrale moyenne
Fast imaging employing steady state acquisition
Fluid attenuated inversion
Fibrose néphrogénique systémique
Field of view
Fenêtre ronde
Fosse crânienne moyenne ou Fosse cérébrale moyenne
Ganglion géniculé
Ganglion vestibulaire
Gray
Hypertension intracrânienne
International commission on radiological protection
Imagerie par résonance magnétique
Jour de développement embryonnaire
Liquide céphalorachidien
Liquide cérébro-spinal
Méat acoustique externe (précédemment conduit auditif externe CAE)
Méat acoustique interne (précédemment conduit auditif interne CAI)
Membrane basilaire
Mois de développement embryonnaire
reconstructions multiplanaires
Medical solutions et alstom
Navigation assistés (assistée) par ordinateur
Non echo planar imaging
Niveaux de référence diagnostique
Nerf vestibulaire supérieur
Otite externe nécrosante
Otite moyenne
Otite moyenne aiguë
Otite séreuse ou séro-muqueuse
Otite séreuse ou séro-muqueuse
Potentiels évoqués auditifs
Potentiels évoqués auditifs provoqués
Potentiels évoqués otolithiques
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
ABREVIATIONS
PF
PFP
PICA
PNET
SADAM
SDE
SF ORL et CCF
SFR
SP
SPIFF
sPs
Sv
SW
TDM
TEP
Tesla
TOF
TSE
UCNT
V
vCa
Vi
VIH
VNG
vPCm
VPPB
VPPBhor
VPPBpost
vPT
Vs
Paralysie faciale
Paralysies faciales périphériques (Paralysie faciale périphérique)
Artère cérébelleuse postéro-inférieure
Tumeurs neuro-ectodermiques primitives
Syndrome algodysfonctionnel de l’articulation temporo-mandibullaire
Semaine du développement embryonnaire
Société française d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale
Société française de radiologie
Surdités de perception
Société francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale
Sinus pétreux supérieur
Sievert
Syndrome de Waardenburg
Tomodensitométrie
Tomographie à émission de positons
Unité d'induction magnétique (symbole: T) Induction produisant un flux
de 1 weber à travers 1 m2
Time of flight - Temps de vol
Turbo spin-echo
Undifferentiated carcinoma of nasopharyngeal type
Carcinome indifférencié de type nasopharyngé
Vestibule
Veine cérebelleuse antérieure
Nerf vestibulaire inférieur
Virus d’immuno-défiscience aquise
Vidéonystagmographie
Veine du pédoncule cérebelleux moyen
Vertige positionnel paroxystique bénin
Vertige positionnel paroxystique bénincanal (bénin du canal) horizontal
Vertige positionnel paroxystique bénin (du) canal postérieur
Veine ponto-trigéminée
Nerf vestibulaire supérieur
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
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IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
370
NOTE
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
371
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
372
IMAGERIE DE L’OREILLE ET DU ROCHER
Composé en Minion et Myriad Pro
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Conception - Lydie Caudron - Couverture : Guy Nawy
326 Bureaux de la Colline - 92213 SAINT-CLOUD CEDEX FRANCE
couv rapport_Mise en page 1 07/09/10 13:25 Page2
Gris = N50
Bordeau = C37,5
L’EUROPEENNE
D’EDITIONS
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Noir
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