SCIENCES HISTORIQUES WEEK 8 : Le XIXe siècle ou LE SIÈCLE DE L'HISTOIRE Siècle où la science historique telle qu'elle se définit encore aujourd'hui se met en place. De l'histoire mémoire à l'histoire-science : récapitulatif → L'histoire-mémoire : (ANTIQUITÉ) 1. juger le passé et le sauver de l'oubli 2. l'importance des témoins (occulaires et auriculaires, peu d'importances pour les archives) 3. l'histoire-miroir réservoir d'exemples : des exemples qui doivent servir aux générations futures → La découverte de la perspective (RENAISSANCE) : - histoire dépend des points de vue : on se distancie de l'idée d'histoire-mémoire - histoire réalité du passé et représentation - historien tenu par ses sources et leur critique → Nouvelle notion de temps - représentation linéaire avec idée de progrès humain - révolution française comme rupture : le temps devient un horizon d'attente (le passé, le présent et le futur que l'on peut forger soi-même). - nouvelle périodisation de l'histoire : historien allemand Büsch et Ranke ( Neuere Geschichte 1492-1789, Neueste Geschichte (1789 à Aujourd'hui). La méthode historique → Une réaction allemande à l'expansion française Deux grands discours qui émanent de grandes universités allemandes (Humboldt fondée en 1810 à Berlin). Cette université s'inscrit dans le courant d'unité économique et politique qui surgit après la révolution française. La Prusse joue le rôle de moteur où il y a trois universités : Halle, Königsberg, Breslau). Un modèle apparaît : celui de l'unité de l'enseignement et de la recherche. Jusque là les universités avaient délivré un enseignement abstrait et principalement théorique et la recherche se faisait dans un cadre privé. Mais à partir de ce moment-là, l'étudiant est enfin mis face à la recherche et il y contribue. → La philosophie de l'histoire (Friedrich Hegel) : l'histoire comme l'autodéploiement de l'universel L'histoire est subordonnée à la philosophie. Pas besoin de suivre en détails les différentes étapes historiques d'un peuple. Il y a l'Esprit, cette idée qui est derrière et qui est la fin de tout peuple. Le philosophe est plus important que l'historien. Il représente en cela l'époque antérieure où l'histoire n'a pas ou peu d'importance à l'université. → La m historique allemande (Niebuhr, Humboldt, Ranke) : "On a attribué à l'historien la mission de juger le passé, d'enseigner le monde contemporain pour servir aux années futures : notre tentative ne s'inscrit pas dans des missions aussi hautes ; elle cherche seulement à montrer comment les choses ont vraiment été" (Zur geschichte der germanischen und romanischen Völker, 1824) En allemand : wie es eigentlich gewesen. Les historiens commencent à lutter pour l'autonomie de leur discipline. - Wilhelm von Humboldt, la tâche de l'historien (1821) : très sous-estimé à cause de son frère Alexander humboldt qui a découvert ce qui restait à découvrir du monde à cette époque-là. "L'investigation rigoureuse, impartiale et critique de ce qui s'est produit et la synthèse du champ exploré, l'intuition de tout ce qui ne se laisse pas atteindre par ces autres moyens". D'après son texte « On the historian's task » : Il décrit le processus du travail de l'historien. Il doit d'abord rassembler ses sources, rassembler des morceaux puis grâce à son « imagination », créer une synthèse. Il parle de « l'imagination » en tant « qu'intuition ». L'historien doit être capable de créer des liens de causalité par exemple : toutes les choses qui ne sont pas explicites quand l'historien rassemble des documents. Il rend attentif au fait que la description et les mots utilisés sont d'office interprétation. Il faut dresser un tableau du passé et retracer la vie qui se cache derrière derrière les événements du passé. En comprenant les contextes des époques et donc on peut aussi mieux comprendre la vie, les choix de cette même humanité à un autre moment. L'historien pour comprendre le passé doit essayer de se remettre à la place de ces gens qui avaient une autre culture, d'autres connaissances, d'autres références. Quels sont les intérêts ? Se créer une position à l'université, devenir un professeur d'histoire à part entière. Il faut prouver que leur science se distingue de la philosophie, de la théologie. Il faut donc être impartial : prendre des distances par rapport à soi-même, par rapport à des catégories de pensée actuelles, par rapport à des enjeux du présent. - Léopold von Ranke : L'histoire est une science empirique, il prend de l'écart par rapport aux philosophes : il est contre la spéculation. Pour lui comme pour Humboldt, il s'agit de légitimer cette profession nouvelle au sein de l'université. Mais ils ont besoin d'un « métalangage ». Par rapport aux sources il dit oui aux témoins, mais surtout des sources d'archives écrites. Ranke est humble, il dit que les historiens essaient d'être aussi objectifs que possible mais ce n'est pas évident. Il prêche une attitude : celle d'être neutre, impartial, de partir d'une analyse impartiale des sources. Cependant, il ne va pas quitter tout à fait les jugements de valeur (par ex. : il déteste le pape Alexandre VI). Tout en étant allemand et protestant, il tente de comprendre à la fois les chrétiens et les Turcs, les catholiques etc... Ranke ne croit pas à cette vsion linéaire du progrès, il n'y croit pas car si cette vision était juste les périodes qui nous ont précédé étaient moins « bonnes » que la présente or par rapport à un Dieu ça ne convient pas. Père fondateur de l'historiographie moderne : 1. Recherche de neutralité et d'objectivité 2. Fondateur de la critique historique 3. "Chaque époque, en effet, doit être considérée comme valable par elle-même et par là extrêmement digne d'être examinée." L'école historique française ou la formation de communautés professionnelles savantes → L'apport du positivisme (Auguste Comte) → Rôle de l'Histoire dans la Troisième République → La revue historique (1876) → Introduction aux études historiques (Langlois/ Seignobos, 1897) → Une histoire politique, civique et nationale, faite par de grands hommes Les règles de la méthode historique C'est un effort contre-nature de devoir critiquer car dans la vie quotidienne, nous avons tendance à avoir confiance dans le monde. Nous ne pourrions vivre normalement si nous remettons tout en question ; malgré tout c'est une méthode que l'historien doit s'approprier. L'esprit critique est très important, encore dans notre société aujourd'hui, de propagande politique et commerciale. Il faut être critique par rapport aux plus neutres des documents : les statistiques etc. Cette méthode historique se développe depuis la renaissance (avec les sciences auxilliaires également). – Ranke, Niebuhr, Droysen en Allemagne – Michelet, Thierry, Barant en France – BERNHEIM, Ernst, Lehrbuch der historischen Methode und der geschichtsphilosophie, Leipzig, 1889 – LANGLOIS, Charles-Victor, SEIGNOBOS, Charles, Introduction aux études historiques, 1897 Ces personnages vont formaliser les règles de la méthode historique. Ces règles tournent évidemment autour des sources. Sur quoi se base l'historien ? Qu'est-ce qu'une source ? L.FEBVRE (Tout peut être un document) : Il faut se pencher sur ce que sont les sources. Tout peut être un document, il y a des documents écrits, d'autres pas. L'heuristique : la recherche et la classification des sources Deux grands types de sources : 1. « documents » ou « traces » (Überreste) = sources écrites ou vestiges de l'activité humaine sans intention de message aux générations futures (ex. Actes commerciaux, déchets ménagers, registres du personnel) -> témoignages involontaires. Les sources non-normatives (qui ne portent aucun jugement). 2. « monuments » ou « témoignages » (Traditionnen) = sources avec l'intention de garder le souvenir d'événements historiques, d'activités humaines et de transmettre un message aux générations futures (ex. : annales, chroniques, autobiographies, tableaux historiques) -> témoignage volontaires Aujourd'hui on essaie surtout d'utiliser des sources non-normatives. Car sinon, les historiens émettent un jugement malgré eux. L'exemple des post-colonial studies : Les historiens essaient plutôt de se baser sur des registres, des documents d'identité, des fiches de salaires, des éléments que les émigrés auraient pu laisser derrière eux dans leur voyage. Tandis que si l'on consulte les personnes qui accueillent les émigrés, nous lisons d'office un jugement. Les 5 grandes catégories de sources : 1. écrites 2. figurées 3. matérielles 4. orales 5. audiovisuelles Clarifier la nature de la source, donc le genre de messages à attendre. Clarifier les termes, concepts et allusions importants/inconnus. Étudier et élucider le vocabulaire. Le défi de Ranke : instaurer une méthode. Par exemple : nous ferons beaucoup plus intention à un témoignage volontaire qu'à un témoignage involontaire. La critique externe ou le contrôle de l'authenticité des sources Critique de restitution : Support ou matière ? Cheminement de la source ? Original ou copie? Établir le meilleur texte, la meilleure édition critique possible. Sceaux, papier, encre etc. Dans l'affaire Dreyfus, nous avons réussi à prouver l'innocence de Dreyfus grâce au papier utilisé par l'auteur du document falsifié. Cette affaire est importante, car c'est le début du problème d'antisémitisme, d'émigration. Critique de provenance et d'authenticité : Auteur(s) ? Datation ? Lieu Écriture/Langue ? Éliminer toute invraisemblance ou impossibilité, écarter tout document faux ou correct. La critique interne : créer du sens et comprendre – – – – – Cerner premièrement, ce que l'auteur a voulu dire ; deuxièmement, s'il a cru ce qu'il disait ; troisièmement, s'il était fondé à y croire. La critique d'interprétation ou l'analyse du contenu du document. La critique de sincérité ou l'analyse des intentions, avouées ou non, de l'auteur (attentive aux mensonges). La critique d'exactitude ou l'analyse de la situation objective (attentive aux erreurs). Un must : la confrontation des sources. Le point de vue de l'auteur est toujours déterminé par ses croyances politiques, religieuses, ou par ses intérêts (a-t-il des raisons, conscientes ou non, de déformer son témoignage?). Ses messages sont-ils crédibles lorsqu'on les compare à d'autres sources. D'où vient le document, quelle est la nature du document ? Carte du monde connu d'Isidore de Séville (VIe siècle), version imprimée de 1472 : « La terre tire son nom de la rotondité circulaire, parce qu'elle est comme une roue ; de là vient qu'une petite roue porte le nom d'orbiculus. » (Isidore de Séville, Etymologies, XIV, 2, 1). Cette carte a induit tout le monde en erreur : elle est plate, parce qu'elle est faite avec les moyens de l'époque (nos cartes actuellement sont toujours plates, mais mieux représentés). Dès lors, nous pouvons dire que pratiquement depuis l'Antiquité, les intellectuels savaient que la Terre était sphérique.