guide de l exposition en quete de sante meb nov 2011 mai 2012

Avec « En quête de san », l’Université Bordeaux Segalen propose cette année à la communauté
universitaire, mais aussi à l’ensemble du public bordelais, une exposition exceptionnelle.
Exceptionnelle, parce qu’elle inaugure une série dexpositions thématiques abordant de façon
originale des questions de société des perspectives et des disciplines seront amenées à se croiser
et à dialoguer.
« En quête de santé » marque haut et fort la spécificité du MEB : en mobilisant des chercheurs et des
institutions d’horizons très différents, elle propose une synthèse originale de nombreux travaux qui,
en soi, constitue une référence dans le monde la recherche. Elle s’inscrit pleinement dans les
missions premières du musée universitaire qu’est le MEB : diffuser la recherche et proposer une
médiation de la culture scientifique.
Exceptionnelle, aussi, parce qu’elle s’intéresse au thème de la santé, dans toutes ses dimensions.
Quelle est la définition même de la santé ? Quelle expérience subjective peut-on avoir de la maladie ?
Quelles logiques, culturellement déterminées ou universelles, organisent sa quête au Nord comme au
Sud de notre monde ?
Je me réjouis de ce choix qui souligne la nature et les racines de l’Université Bordeaux Segalen, une
université qui rassemble en son sein les sciences de la vie, de la santé et de la société. Nul doute que
cette nouvelle exposition contribuera à installer durablement le MEB comme un acteur culturel et
scientifique de premier plan dans la Cité et, plus largement, à renforcer la visibili de l’Université
dans son territoire régional, national et international.
Manuel Tunon de Lara
Président de l’Université Bordeaux Segalen
Président de l’Université de Bordeaux
Mot du Président
Enquête de santé ! Au-delà du jeu avec les mots qui donne son titre à notre projet, il y a deux réalités
qu’aborde cette exposition. Tout d’abord la san fait l’objet d’une forme de quête en vue de la conserver
ou de la retrouver, ensuite la santé fait l’objet d’enquêtes dont les chercheurs de sciences sociales font
profession. Ce sont donc de ces deux réalités que l’exposition Enquête de santé entend traiter. Quels sont
les logiques et les dynamiques sous-jacentes aux faits de san ? Quels sont les outils et les questions
mobilisées par les chercheurs pour y répondre ? A l’initiative de ce projet, il y a d’abord une opportunité
offerte aux enseignants du département d’anthropologie sociale de l’Université Bordeaux Segalen de se
saisir d’un espace muséal rénové pour « mettre en scène » leur réflexion, il y a ensuite la mise en place
d’un travail collaboratif d’anthropologues travaillant sur la sanen Afrique et/ou en Europe.
Ce projet comportait de nombreux défis. Tout d’abord il s’agissait, pour des universitaires plus habitués à
dérouler leur réflexion dans des textes, à se plier à l’exercice d’une traduction sous forme d’artefacts et
d’évocations, sans perdre pour autant en pertinence. Il convenait ainsi de rendre accessible au plus grand
nombre la complexité comme la diversité des expériences de santé. Ce faisant les chercheurs occupent
leur place dans la cité en rendant compte de leurs travaux au grand public.
Dans ce but, le visiteur est invité à s’interroger sur la santé, sur ce qui nous semble relever de l’évidence
parce qu’inscrit dans notre quotidien. En effet, la santé est d’abord une expérience personnelle. On se sent
« en forme » ou « out », notre santé est bonne ou mauvaise, on la protège ou pas. Pourtant nos actions
regardant la santé comme nos représentations de celle-ci sont le produit de nos expériences passées, de
notre éducation, du savoir reçu ou acquis mais également de nos moyens financiers. Ici le capital social,
culturel économique joue comme une ombre invisible sur nos choix. Partant de cette expérience intime
nous proposons au visiteur de fléchir sur les conditions (économiques, politiques) comme sur les
contextes (culturels et sociaux) qui contraignent ou favorisent la bonne santé.
De cette manière nous témoignons également de la nature de nos travaux. En décrivant les dynamiques et
en analysant les logiques qui sous-tendent la santé, ces travaux posent des questions, mettent à jour les
points aveugles de la santé ; l’impact des inégalités dans l’accès au soin, les dimensions culturelles et
sociales qui participent à la reconnaissance de la maladie ou à ce que nous désignons comme les
« itinéraires thérapeutiques ». Ces chemins parfois sinueux que nous empruntons pour nous soigner. Les
travaux en sciences sociales témoignent de la multiplicité des acteurs comme des pratiques qui participent
de « la san», ils soulignent ses nécessaires dimensions politiques. Ils montrent également en quoi le
discours sanitaire masque parfois des logiques de jugements moraux. Interroger les idées préconçues dont
nous sommes porteurs sur la san et en faisant entendre une voix différente sur cette question de
société, avec les autres sciences sociales, permet au-delà de la thématique uniquement sanitaire, de
mieux appréhender les enjeux de nos mondes contemporains et d’y répondre.
Par Frédéric Le Marcis
Commissaire scientifique de l’exposition
Le Musée d’Ethnographie de l’Université Bordeaux Segalen (MEB) est conçu comme un lieu de diffusion de la
culture scientifique et d’expérimentation muséographique : il vise une présentation, adaptée à différents
publics, de la recherche « en train de se faire ». Ses missions vont donc bien au-delà de la gestion et de la
valorisation des collections universitaires. Elles consistent à proposer une lecture originale des questions de
société en invitant chercheurs, professionnels et publics autour d’expositions thématiques en prise sur
l’actualité.
Pour sa première exposition thématique, le MEB s’appuie sur la vocation médicale de l’Université Bordeaux
Segalen et sur l’excellence de la recherche en Sciences Humaines et Sociales qui y est menée en matière de
Santé. Il s’est entouré de chercheurs spécialisés dans ce domaine et venant de nombreuses institutions
françaises (Universités, Institut de la Recherche pour le Développement, Centre National de la Recherche
Scientifique) pour imaginer et construire cette exposition Enquête de santé.
En 1937, le chirurgien René Leriche définit dans une formule restée célèbre la santé comme « la vie dans le
silence des organes ». En 1946, l’Organisation Mondiale de la Santé en propose une finition plus large
dans le préambule de sa constitution : « La sanest un état de bien être total physique, social et mental de
la personne. Ce n’est pas la simple absence de maladie ou d’infimité ».
Prenant au sérieux cette finition large de la notion de santé, nous proposons d’aller au-delà du
questionnement sur le corps biologique pour interroger le corps social. Cependant, analyser les contraintes
sociales et économiques qui sous-tendent la quête de soins et de sens ne consiste pas pour autant à faire
disparaître l’acteur derrière les structures. Il convient en effet de rendre compte de sa capacité de penser et
d’agir à travers les choix qu’il réalise, les significations qu’il produit, bref les itinéraires thérapeutiques qu’il
emprunte vers la « bonne santé ». Cest cette perspective particulière que l’équipe scientifique, réunie
autour de Frédéric Le Marcis, a choisi de privilégier, cherchant à rendre, au moyen d’une scénographie
appropriée, la diversité des expériences et des parcours liés à la quête de la santé.
La visite débute par la prise de conscience d’un désordre, par la reconnaissance du mal, par la mise de mots
sur les maux. Le langage populaire de la maladie foisonne d’expressions métaphoriques exprimant
l’expérience du mal-être. Présenter ces expressions sous une forme illustrée et les comparer d’une région ou
d’une langue à l’autre favorise l’étonnement, la prise de distance et la suspension du jugement face aux
façons de dire la maladie exotique comme ordinaire. Létonnement initial est cultivé tout au long de la visite,
mais l’exposition dépasse graduellement une première approche anecdotique pour questionner les logiques
profondes qui structurent la santé et sa prise en charge tant sur des terrains africains que sur des terrains
européens.
Ainsi, le visiteur est-il invité à enquêter au cœur des itinéraires thérapeutiques, qui s’étendent de l’espace
domestique et intime à la gestion collective de la santé. A travers les six étapes qui constituent l’itinéraire,
les questions de loffre de soin, de la logique des recours thérapeutiques, des inégalités de santé et
finalement de la dimension politique de la santé sont abordées.
Parce que les sciences sociales cherchent à saisir l’expérience et la compréhension que l’on a du monde,
elles entrent, ici, à plusieurs reprises en dialogue avec un discours artistique et résolument subjectif pour
laisser émerger une discussion que le visiteur est invité à poursuivre au-delà de la visite.
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