Résumé de l’intervention de Stéphane Cormier*
« Connaissance(s) & Représentation(s) »
Séminaire « Temps, Espace, Société » UMR 5319 Passages
Faculté d’Anthropologie Sociale – Ethnologie - Université de Bordeaux
Lundi 06 février 2017 (10h30-12h30)
Les anthropologues, les psychologues, les sociologues et bien d’autres chercheurs et théoriciens de
ce qui se rapporte aux affaires humaines, font un usage pérenne du concept ou de la notion de
« représentation », le plus souvent assimilée de manière analogique à celles de croyances, de modes ou de
systèmes de pensée. Des conceptions parmi les plus divergentes ont été soutenues par les uns et par les
autres, quant à sa signification, son statut, ou bien encore sa fonction. Et ce, au point que nous puissions
légitimement nous interroger sur la dimension véritablement opératoire de tels usages et si, les uns et les
autres, parlent effectivement de la même chose ou objet quand ils mobilisent le terme de
« représentation(s) ».
En effet, depuis le geste durkheimien lequel prétendit distinguer la psychologie de la sociologie, les
représentations sociales et culturelles ont avant tout été comprises comme des représentations collectives.
Elles sont supposées être partagées à l’identique par plusieurs individus et former une sorte d’entité idéelle,
immatérielle & autonome laquelle entre dans une relation plus ou moins causale avec des attitudes, des
comportements. Mais la notion et plus précisément le concept de représentation, a une longue histoire, riche
et complexe, en particulier en matière philosophique qui pourrait nous éclairer et dont nous pouvons trouver
des échos dans certains usages en psychologie, dans les sciences cognitives et autres sciences connexes. En
d’autres termes, de quoi parlons-nous exactement et que présupposons-nous lorsque nous convoquons et
invoquons une telle notion ou concept en Sciences Humaines et Sociales ? Que traduisent les multiples
usages protéiformes d’une telle notion ? A quoi prétend référer le concept de représentation ?
En tentant de répondre à ces redoutables interrogations, nous examinerons comment et pour
quelles raisons le concept de « représentation(s) », articulé à l’idée de « connaissance(s) », informe le plus
généralement les discours et les pratiques en Sciences humaines et Sociales. Nous examinerons ce que
présuppose le concept épistémologique de « représentation », ce que supposent les « conceptions
représentationalistes » de la connaissance, en termes de possibilité ou non d'accession à la vérité, d'examen
de la nature de la pensée, du rôle assigné à l'idée d'expérience, en un mot d’examiner les moyens par lesquels
nous prétendons articuler les mots aux choses, autrement dit, nos facultés cognitives à l 'être.
Conséquemment, nous pourrons alors ouvrir la discussion sur le fait de savoir si, oui ou non, il est
possible en Sciences Humaines & Sociales, de nous dispenser d’un tel concept, comme il l’est déjà depuis
un certain temps en philosophie de la connaissance, selon des modalités diverses ! En retour, une telle
possibilité nous conduira sans doute ainsi à mieux concevoir et définir ce que nous prétendons saisir et
nommer scientifiquement par « représentations ».
* Docteur en philosophie et diplômé en anthropologie. Prag contractuel à la Faculté de Psychologie de l’Université de
Bordeaux. Chercheur associé à l’EA 4574 « Sciences, Philosophie Humanités », Université Bordeaux Montaigne.
Aires des recherches : anthropologie de la connaissance et des savoirs, anthropologie des pratiques savantes,
contextualisme, épistémologie des SHS, histoire & philosophie des sciences, philosophie de la connaissance,
philosophie de l’esprit et du langage, pragmatisme.