Naturellement potable, l’eau qui provient d’une source souterraine n’a subi aucun traitement modifiant sa composition
chimique d’origine. Selon le Règlement sur les eaux embouteillées du Québec, sa concentration en sels minéraux n’excède
pas 1 000 ppm, mais en pratique, elle demeure le plus souvent sous la barre des 500 ppm. La teneur maximale en chacun
des éléments est aussi réglementée: si un seul élément dépasse le maximum prévu, l’eau sera considérée comme «minérale»
(voyez page 9). De toute façon, à plus de 500 ppm, le produit commencerait à avoir un goût perceptible par la plupart des
gens, contrairement à l’eau de source typique, qui est insipide.
Lorsqu’on présente l’eau comme étant «embouteillée à la source», c’est que l’usine est située sur place, plutôt qu’en ville.
Donc, nul besoin de long voyage en camion-citerne. Bien que l’hygiène soit au cœur des préoccupations, ce second proces-
sus «augmente la manipulation et le délai avant l’embouteillage, ce qui peut déplaire aux puristes», dit Daniel Colpron, de
l’Association des embouteilleurs d’eau du Québec.
10 ›www.pv.qc.ca
3Eau artésienne, eau de pluie, eau de glacier:
mieux que l’eau de source?
Non. Ces appellations sont même illégales! N’empêche, on en
trouve plusieurs sur le marché. Voici deux cas:
• L’eau de glacier Ice Age ne contient presque pas de sels
minéraux, car elle est embouteillée au point de fonte, sans
avoir cheminé dans le sol. Comme l’eau traitée déminéralisée
(Aquafina, par exemple), elle ne présente pas de réels avan-
tages pour la santé, mis à part le fait d’être sans sodium
(comme plusieurs autres types d’eau d’ailleurs). Pourtant, son
fabricant ne tarit pas d’éloges à son égard, affirmant d’une
part qu’elle est «de qualité» (toutes les eaux embouteillées le
sont, puisqu’elles respectent des normes sévères) et, d’autre
part, qu’elle a remporté le «2003 Gold Taste Award» de
l’American Tasting Institute. Cet organisme étasunien, qui
s’appelle maintenant l’American Culinary Institute, est com-
posé d’un groupe de chefs cuisiniers qui jugent annuellement des milliers
de produits alimentaires offerts sur leur territoire. Avec ou sans médaille
d’or, Ice Age ne devrait pas être vendue ici, car le Centre québécois d’ins-
pection des aliments et de santé animale (CQIASA) n’en connaissait pas
l’existence: «Si cette eau n’est pas connue du CQIASA, alors elle est certai-
nement distribuée illégalement au Québec», dit Michel Lavallée, du
MAPAQ.
• L’eau artésienne Fiji «provient de l’eau de pluie s’infiltrant
dans les aquifères sous les massifs volcaniques et les forêts tropi-
cales humides». Un aquifère est une nappe d’eau souterraine.
Une source aussi. La forêt tropicale vend sans doute mieux que
la forêt boréale… Sur son site web, Fiji affirme que la silice
(SiO2) que contient le produit est «essentielle pour une bonne
santé»; il s’agit pourtant d’un des minéraux les plus communs
de l’eau. Sa présence dans les bouteilles Fiji ne relève donc pas
de l’exploit. Le fabricant lui confère des propriétés salvatrices,
pourtant, il s’agit d’un oligo-élément très peu étudié, pour
lequel aucune recommandation officielle n’est formulée.
1Vaut-il mieux choisir une eau qui
contient beaucoup de minéraux?
Les minéraux que contient
l’eau de source aident très peu
à atteindre les apports nutri-
tionnels recommandés. Toutefois, ils contribuent au goût et
à la perception en bouche de l’eau, et ce sont davantage ces
critères qui devraient orienter les choix. Toutefois, dans le
cas d’un régime à faible teneur en sodium, Santé Canada
recommande de s’en tenir aux eaux dont la teneur en
sodium et en potassium est inférieure à 50 mg/L (ou ppm).
Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de
l’Alimentation du Québec (MAPAQ) conseille, quant à lui,
un maximum de 20 mg/L (la différence n’est pas significa-
tive). La plupart des eaux embouteillées qui satisfont à ces
critères affichent la mention «sans sodium». Même une eau
minérale peut être «sans sodium», car certaines ont une très
faible teneur en sodium et en potassium, tout en renfer-
mant beaucoup d’autres minéraux.
L’eau de source
8 verres d’eau par jour?
C
ela correspond à peu près à la quantité de liquide qu’un adulte en
santé perd en moyenne chaque jour sous forme d’urine et de
transpiration, soit de 1,5 à 2 litres. «De toute façon, si on buvait
moins que cela, on aurait soif», note André Gougoux, professeur titulaire
au Département de physiologie de l’Université de Montréal. Bien sûr, l’eau
est le meilleur liquide pour remplacer ces pertes, car elle ne contient
aucune calorie. Mais le jus, le lait et la soupe, ça compte aussi! Il n’est
donc pas nécessaire de se forcer à boire systématiquement huit verres
d’eau chaque jour. Bien sûr, une canicule ou une activité intense peut faci-
lement doubler les besoins en hydratation, et donc en eau.
GUIDE D’ACHAT
›
Eau embouteillée
2Une eau «ozonisée» est-elle
plus pure qu’une autre?
Ce traitement vise à détruire
les bactéries et les matières orga-
niques non désirables. Mais puisque l’eau est potable à la
source, il s’agit en quelque sorte d’une assurance supplé-
mentaire contre la contamination qui aurait pu avoir lieu
lors du transport. L’ozone (O3) est ajouté à l’eau, mais n’y
reste pas, car c’est un gaz très instable qui se transforme en
O2après quelques minutes. Quelques marques, comme Life
et Impact, mentionnent l’ozone dans la liste des ingrédients,
ce qui est trompeur pour les consommateurs: «Ce n’est pas
un ingrédient, c’est un traitement. Il n’y a pas d’ozone dans
l’eau qu’on achète», souligne Michel Lavallée, du MAPAQ.