Ce document est tiré à un nombre restreint d’exemplaires afin de réduire autant que possible l’impact sur l’environnement des activités de l’OIT
et de contribuer à la neutralité climatique tout en optimisant l’efficience. Nous serions reconnaissants aux membres du Conseil d’administration
et aux observateurs de bien vouloir se rendre aux unions munis de leurs propres exemplaires afin de ne pas avoir à en demander d’autres.
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BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL
Conseil dadministration
313e session, Genève, 15-30 mars 2012
GB.313/HL/1
Section de haut niveau
Segment dorientation stratégique
HL
Date: 15 mars 2012
Original: anglais
PREMIÈRE QUESTION À LORDRE DU JOUR
Endiguer la nouvelle crise: Le rôle de lOIT
Objet du document
Dans le présent document, le Conseil dadministration est invité à examiner les perspectives
du travail décent et les possibilités de continuer à promouvoir le Pacte mondial pour lemploi, et à
fournir des orientations sur les priorités daction à léchelle nationale et internationale afin
dendiguer la menace dune nouvelle récession et de progresser dans le sens du développement
durable et dune mondialisation équitable (voir les points proposés pour la discussion au
paragraphe 38).
Objectif stratégique pertinent: Résultat stratégique sur la cohérence de la politique (Résultat 19: Intégrer le travail décent:
Les Etats Membres placent lapproche intégrée du travail décent au centre de leurs politiques économique et sociale,
avec lappui des principaux organismes des Nations Unies et dautres organismes multilatéraux) dans le Cadre
stratégique pour 2010-2015.
Incidences sur le plan des politiques: Voir la partie V, paragraphes 36 et 37.
Incidences juridiques: Aucune.
Incidences financières: Aucune.
Suivi nécessaire: Voir le paragraphe 38.
Unité auteur: Département de lintégration des politiques (INTEGRATION).
Documents connexes: Pacte mondial pour lemploi et rapport du BIT Global Employment Trends 2012: Preventing a deeper
jobs crisis.
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Résumé
Le présent document fait le point sur les perspectives économiques et de lemploi
dans le monde et sur les risques dune nouvelle récession principalement liée à linstabilité
financière en Europe. Il montre que le Pacte mondial pour lemploi reste dactualité 1,
examine les mécanismes daction internationale et, en conclusion, suggère un certain
nombre de priorités dans laction que lOIT déploie pour promouvoir le redressement après
la crise et le passage à une croissance et à un développement économiques durables,
équitables et nexcluant personne.
I. Perspectives économiques mondiales
1. En 2011, le redressement de la production et de lemploi a ralenti considérablement, en
particulier dans les économies développées. Nombre des risques qui avaient été
mentionnés dans des prévisions précédentes pour le second semestre de 2011 se sont
concrétisés et les projections de croissance pour 2012 et 2013 ont été révisées nettement à
la baisse. La croissance mondiale devrait se situer entre 3 et 4 pour cent ces deux
prochaines années, soit environ un point de pourcentage de moins que la moyenne de 2010
et 2011.
2. En ce qui concerne la croissance du PIB et la reprise de lemploi, des écarts subsistent
entre les économies développées et celles en développement. Les premières devraient
enregistrer une croissance de seulement 1,2 pour cent en 2012 et de 1,9 pour cent en 2013,
et la zone euro un taux négatif (0,5 pour cent) en 2012 (voir tableau 1). Dans les
économies émergentes et en développement, la croissance sera inférieure à ce qui avait été
prévu et relativement modeste par rapport à la reprise de 2010 et 2011.
3. Plusieurs initiatives prises par les institutions européennes et internationales nont pas
empêché la crise de la zone euro de saggraver à la fin de 2011 et pendant les premiers
mois de 2012. La faiblesse de la croissance, due initialement au quasi-effondrement
financier de 2008, a nui à léquilibre budgétaire et au ratio dette publique/PIB dans
plusieurs pays, doù des conséquences pour le système financier puisque les banques
exposées ont continué de diminuer le crédit afin daccroître leurs réserves et de se protéger
contre les défauts de remboursement. Dans léconomie réelle, cela sest traduit par une
hausse du chômage, un resserrement budgétaire et des investissements et une
consommation faibles, ce qui a entravé encore plus la croissance 2.
4. Les pays en développement ont résisté dans une certaine mesure au nouveau
ralentissement économique mondial en 2011. Toutefois, les prévisions pour 2012 et 2013
sont nettement inférieures aux précédentes en ce qui concerne le Brésil, la Fédération de
Russie, lInde et la Chine (les BRIC), même si elles sont bien meilleures que celles pour
les économies avancées. Le recours accru à la demande intérieure et lintégration
économique des économies en développement ont renforcé la capacité de celles-ci de
soutenir la reprise, même si elle est lente, malgré une baisse des exportations vers les pays
avancés. Néanmoins, elles ressentiront certainement les effets de la nouvelle crise bancaire
et de la dette en provenance de la zone euro, étant donné ses conséquences potentielles sur
1 BIT: Surmonter la crise: Un Pacte mondial pour lemploi (Genève, 2009).
2 Voir Fonds monétaire international (FMI): Rapport sur la stabilité financière dans le monde
Actualité des marchés, janvier 2011, www.imf.org/external/french/pubs/ft/fmu/2011/01/0111f.pdf;
et Commission européenne: Interim forecast, fév. 2012, http://ec.europa.eu/economy_finance/
articles/eu_economic_situation/pdf/2012/2012-02-23-interim-forecast_en.pdf.
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les échanges internationaux et le système financier. Les économies émergentes et avancées
semblent être toujours interdépendantes et la baisse du déficit de la balance des paiements
des Etats-Unis et des excédents de la Chine semble largement due à la récession.
5. LAfrique subsaharienne a continué denregistrer une croissance denviron 5 pour cent ou
plus depuis 2003, à lexception de 2009 lorsquelle est tombée à un peu moins de 3 pour
cent. Sa croissance devrait se poursuivre à ce rythme en 2012 et 2013. Par conséquent, les
taux de croissance par habitant ont atteint près de 3 pour cent par an après les deux
décennies de 1980 à 1999 pendant lesquelles ils avaient été négatifs. Le taux de
pauvreté (1,25 dollar des Etats-Unis par jour) a baissé de dix points de pourcentage entre
1999 et 2008 et la pauvreté touche moins de la moitié de la population de la région 3. Les
pays africains font partie des plus inégalitaires au monde même si des tendances récentes
indiquent que, dans la plupart, les écarts de revenus se resserrent un peu 4. La croissance
récente a été fortement tirée par les exportations de pétrole et dautres matières premières
au cours des dix dernières années; toutefois, il semble que les bases dune expansion
soutenue sélargissent, grâce notamment à une meilleure gestion économique et à une
baisse du niveau dendettement. Mais, un cinquième du milliard dhabitants de lAfrique
étant âgé de 15 à 25 ans, il reste très difficile de créer des possibilités de travail décent, en
particulier pour les jeunes hommes et femmes 5.
6. Le chômage est élevé dans les économies développées et il ne devrait pas baisser ces deux
prochaines années. Il y a environ 200 millions de chômeurs dans le monde et il faut
400 millions demplois de plus pour prévenir une recrudescence du chômage au cours de la
prochaine décennie. De fait, il y a encore 27 millions de chômeurs de plus quavant la
crise, malg des taux dactivi en baisse, et le taux de chômage des jeunes a atteint
12,7 pour cent en 2011. Envisageant lavenir, sur la base de prévisions de croissance qui
semblent maintenant plutôt optimistes, le rapport du BIT Global Employment Trends
2012: Preventing a deeper jobs crisis prévoit des taux de croissance de lemploi modérés
pendant plusieurs années. En partie, la main-d’œuvre potentielle supplémentaire restera en
dehors du marché du travail et grossira donc les rangs des travailleurs découragés. Les
gens seront de plus en plus forcés à occuper des emplois de faible qualité dans le secteur
informel pour gagner leur vie, et la croissance lente entravera beaucoup non seulement
lemploi mais aussi les salaires. Le taux de chômage ne devrait diminuer que
progressivement et le nombre de demandeurs demploi augmenter globalement, au rythme
de la croissance constante de la main-d’œuvre. Si la situation économique mondiale devait
se détériorer considérablement et la croissance ne saméliorer quen 2013, comme cela
semble maintenant de plus en plus probable, le déficit demplois saggravera davantage et
le nombre de chômeurs passera à 204 millions en 2012 puis à 209 millions en 2013 6.
Dune manière générale, on admet que, «vu lintensité de la récession de 2009, ces taux de
3 Banque mondiale, base de données PovCal, http://iresearch.worldbank.org/PovcalNet/index.htm?1.
4 I. Ortiz et M. Cummins: Global inequality: Beyond the bottom billion: A rapid review of income
distribution in 141 countries, document de travail sur la politique économique et sociale
(New York, UNICEF, avril 2011). Disponible à: www.unicef.org/socialpolicy/index_58230.html.
5 Banque africaine de développement (BAD); Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE); Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); et
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA): Perspectives économiques en
Afrique 2011. Disponible à: www.uneca.org/eca_resources/Publications/books/aeo2011/FR-
AEO2011.pdf.
6 BIT: Global Employment Trends 2012: Preventing a deeper jobs crisis (Genève, janv. 2012).
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croissance sont trop faibles pour pouvoir véritablement combattre un chômage très
élevé» 7.
7. Les flux commerciaux ralentissent, les flux de capitaux vers les pays en développement
chutent et, parfois, se sont inversés, tandis que les marchés des devises sont volatils. Des
recherches récentes du BIT au sujet de limpact sur lemploi de la baisse en 2008-09 du
commerce mondial indiquent que lInde a perdu environ 4 millions demplois et lAfrique
du Sud 900 000, essentiellement à cause de la contagion des effets de la contraction des
échanges entre les économies 8. Les cours des matières premières hors pétrole ont baissé en
2011 et devraient chuter en 2012, tandis que les cours du pétrole resteront élevés 9. Les
économies en développement sont confrontées à une baisse de la demande tirée par les
exportations, mais aussi à un fléchissement de la demande intérieure, en partie à la suite du
durcissement des politiques qui a commencé fin 2010 et début 2011 pour lutter contre les
tensions inflationnistes croissantes dans certaines grandes économies émergentes de
marché. Dans les économies émergentes et en développement, linflation devrait baisser
après avoir atteint des taux élevés en 2011. Dans lensemble, on prévoit un ralentissement
des prix à la consommation dans ces économies et linflation devrait être denviron
6,25 pour cent en 2012 contre 7,25 pour cent en 2011. Les prix élevés des produits de
première nécessité à la consommation dans beaucoup de pays restent très préoccupants, en
particulier pour les groupes à faible revenu 10.
8. Laccroissement du chômage de longue durée dans un certain nombre de pays pourrait
transformer un problème cyclique à court terme en une situation structurelle plus
complexe. Sajoutant à la stagnation des salaires réels et à la pression sur les ménages pour
rembourser des dettes dun niveau excessif, cette situation nuit à la demande des
consommateurs. Aux Etats-Unis, le marché immobilier dhabitation reste préoccupant
étant donné que les dettes pèsent sur les comptes des ménages. Dune manière générale, les
politiques budgétaires restrictives, qui sont largement répandues, nont pas été compensées
par la hausse de la demande privée des ménages et des entreprises 11. Limpression que les
mesures prises sont inadaptées freine lactivité commerciale et la confiance des
consommateurs 12.
9. Selon des prévisions initiales, un défaut de paiement chaotique et une crise bancaire en
Europe seront évités, et les compressions budgétaires aux Etats-Unis et dans dautres
économies développées ne seront pas «excessives». Selon le scénario qui envisage une
sortie «tant bien que mal» de la crise, les décideurs européens réussiront à stabiliser la
majoration des taux dintérêt dans les pays vulnérables et à limiter le désendettement. En
revanche, dautres scénarios de risques de détérioration prennent en compte les effets
7 FMI: Perspectives de l’économie mondiale, mise à jour, janv. 2012, www.imf.org/external/french/
pubs/ft/weo/2012/update/01/pdf/0112f.pdf.
8 D. Kucera, L. Roncolato et E. von Uexkull: «Trade contraction and employment in India and
South Africa during the global crisis», dans World Development, 2012, www.sciencedirect.com/
science/article/pii/S0305750X11002877.
9 FMI: Perspectives de l’économie mondiale, mise à jour, janv. 2012, op. cit.
10 Banque mondiale: Perspectives économiques mondiales: Incertitudes et vulnérabilités,
Washington, janv. 2012.
11 Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED): Rapport sur le
commerce et le développement, 2011: L’économie mondiale face aux défis d’après-crise,
sept. 2011.
12 OCDE: Perspectives économiques de l’OCDE, nov. 2011.
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