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DECROISSANCE
ET CRITIQUES DU DEVELOPPEMENT
1 – Pour une société de décroissance – Serge Latouche
2 – En finir une fois pour toutes avec le développement – Serge Latouche
3 – Le développement n’est pas le remède à la mondialisation, c’est le problème ! – Serge
Latouche
4 – L’occidentalisation du monde (Préface 2005) – Serge Latouche
5 – E la décroissance sauvera le Sud… – Serge Latouche
6 – Des alternatives à l’économie de marché - Le marché, l'agora et l'acropole : Se
réapproprier le marché – Serge Latouche
7 – Décoloniser l’imaginaire – Serge Latouche
8 – Les déraisons de la raison économique de Serge Latouche (Compte rendu)
9 – La métaphysique du progrès – Serge latouche
10 – De Monterrey à Johannesburg : quel développement ? – Serge Latouche
11 – Pour une alternative au développement – Serge Latouche
12 – La pauvreté, mauvaise conscience des âmes sensibles et invention des maîtres du monde
– Serge Latouche
13 – La décroissance comme préalable et non comme obstacle à une société conviviale. –
Serge Latouche.
14 – Consommateurs de tous les pays, unissez-vous ! ou le défi du commerce ethique – Serge
Latouche.
15 – A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale – Serge Latouche
16 – Catastrophes, genèse d’une décolonisation de l’imaginaire ? – Serge Latouche &
Christopher Yggdre
17 – Les effets culturels de la mondialisation : universalisme cannibale terrorisme identitaire –
Serge Latouche
18 – La décroissance, un enjeu électoral – Serge Latouche
19 – Sortir de l’économie, sortir du développement ? - Pour en finir avec la marchandisation –
Serge Latouche
20 – Les illusions de la techno-démocratie de marché mondialisé – Serge Latouche
21 – La décroissance, une utopie ? La croissance, un concept pervers ? – Serge Latouche
22 – La mégamachine – Serge Latouche
23 – La mégamachine et la destruction du lien social – Serge Latouche
24 – Si la mégamachine s’emballe – Pascale Guéricolas
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25 – Le développement durable : mystification et boniments – Pascale Guéricolas
26 – En finir avec la religion de la croissance – Patrick Piro
27 – Engager une politique de décroissance – Vincent Cheynet
28 – Contre le développement durable – Vincent Cheynet
29 – Décroissance ou décélération ? – Vincent Cheynet
30 – Quels savois critiques contre l’économie dominante ? – Vincent Cheynet
31 – Décroissance et démocratie – Vincent Cheynet
32 – La pub, machine à casser – Vincent Cheynet
33 – La décroissance soutenable – Bruno Clémentin & Vincent Cheynet
34 – 10 objections majeures au « commerce équitable » – Bruno Clémentin & Vincent
Cheynet
35 – 10 objections majeures contre la civilisation de l’automobile indiividuelle – Bruno
Clémentin
36 – La croissance n’existe pas – Bruno Clémentin
37 – Le développement durable, un concept toxique ! » (Bruno Clémentin) – Matthieu
Auzanneau
38 – La « décroissance » : renaissance d'un concept révolutionnaire – Matthieu Auzanneau
39 – 10 conseils pour entrer en résistance par la décroissance – Casseurs de Pub (Vincent
Cheynet)
40 – La décroissance, un mot-obus – Paul Ariès
41 – La pub ou l’anti-culture – Paul Ariès
42 – Les manipulations mentales au sein de la mondialisation – Paul Ariès
43 – Petit dico de la pub – Paul Ariès
44 – Vers la simplicité volontaire – Serge Mongeau
45 – Pour une société de frugalité – François Brune
46 – Violence de l’idéologie publicitaire – François Brune
47 – La publicité : les vecteurs de l’idéologie – François Brune
48 – La pub, nouveau visage du totalitarisme – François Brune
49 – L’« antipub », un marché porteur – François Brune
50 – Pour une sobriété heureuse – Pierre Rabhi
51 – De l’humanisme : Pour une décroissance idéaliste – Michel Dias & La décroissance est-
elle un humanisme ? – Réponse de Serge Latouche
52 – Les trois niveaux de l’écologie – Denis Cheynet
53 – Automobile et décroissance – Denis Cheynet
54 – De quelques mensonges bien intentionnés sur l’agriculture contemporaine – Philippe
Godard
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55 – L’impasse citoyenniste – Contibution à une critique du citoyennisme – « En
attendant… »
56 – La décroissance soutenable est-elle valable pour l'ensemble du globe ? – Réponse de
Festival résistances, 10 mai 2005.
57 – Le développement est-il la solution aux problèmes de l’humanité ? – Thomas Marshall
58 – Georgescu-Roegen : Bioéconomie et biosphère – Jacques Grinevald
59 – A la conquête des biens relationnels – Mauro Bonaïuti
60 – Point d’efficacité sans sobriété. Mieux vaut débondir que rebondir – François Schneider
61 – L’altermondialisme : un nouveau mouvement émancipateur qui ne peut se ramener aux
anciennes catégories – Fabrice Flipo
62 – La décroissance, une solution pour notre temps – Fabrice Flipo
63 – L’invention du développement – Gilbert Rist
64 – Gilbert Rist répond aux contradicteurs de la décroissance
65 – Des partisans de la... ou des réactionnaires ? Les deux mon capitaine ! Réponses à
MM. Oxley, Métellus, Cyril di Meo, Vereycken. – Clément Homs
66 – L’Eglise des illusions du progrès et les objecteurs de croissance. – Clément Homs
67 – Economie de croissance, économie de gavage généralisé – Jeuf
68 – Le Monde publie une chronique diffamant les objecteurs de croissance... et affiche sa
bêtise.
69 – Des territoires en reconversion : les faux espoirs de la croissance. – Jacques Pradès
70 – Sur les traces du « phénomène technique ». – Jacques Pradès
71 – L'homo œconomicus et la déraison scientifique. Essai anthropologique sur l'économie et
la technoscience – Jacques Prades
72 – Machines célibataires – May Livory
73 – Développement ne rime pas forcément avec croissance – Jean-Marie Harribey
74 – Les impasses de la croissance et de la décroissance infinies – Jean-Marie Harribey
75 – Déconnecter développement et croissance économique – Jean-Marie Harribey
76 – Décroissance ou développement durable ? – Guillaume Duval
77 – La décroissance soutenable. Une idée qui fait son chemin – Christian Weber
78 – Libéralisme économique et mondialisation, Critique d’une étude de l’Economic Freedom
Network – Martin poirier
79 – Qu’est-ce que la décroissance ?
80 – Décoloniser notre imaginaire de croissance ? Ça urge ! – Bernard Guibert
81 – Stop la croissance ! – Jacques Veillard et Emmanuel Poncet
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ABSURDITE DU PRODUCTIVISME ET DES GASPILLAGES
Pour une société de décroissance
Mot d’ordre des gouvernements de gauche comme de droite, objectif affiché de la
plupart des mouvements altermondialistes, la croissance constitue-t-elle un piège ?
Fondée sur l’accumulation des richesses, elle est destructrice de la nature et génératrice
d’inégalités sociales. « Durable » ou « soutenable », elle demeure dévoreuse du bien-être.
C’est donc à la décroissance qu’il faut travailler : à une société fondée sur la qualité
plutôt que sur la quantité, sur la coopération plutôt que la compétition, à une humanité
libérée de l’économisme se donnant la justice sociale comme objectif.
Par Serge Latouche
Professeur émérite d’économie de l’université de Paris-Sud, président de la
Ligne d’horizon (association des amis de François Partant). Dernier
ouvrage publié : Survivre au développement. De la décolonisation de
l’imaginaire économique à la construction d’une société alternative, Editions
Mille et une nuits, Paris, 2004
« Car ce sera une satisfaction parfaitement positive que de manger
des aliments sains, d’avoir moins de bruit, d’être dans un
environnement équilibré, de ne plus subir de contraintes de circulation,
etc. »
Jacques Ellul (1)
Le 14 février 2002, à Silver Spring, devant les
responsables américains de la météorologie, M. George W.
Bush déclarait : « Parce qu’elle est la clef du progrès
environnemental, parce qu’elle fournit les ressources
permettant d’investir dans les technologies propres, la
croissance est la solution, non le problème. (2) » Dans le fond, cette position est largement
partagée par la gauche, y compris par de nombreux altermondialistes qui considèrent que la
croissance est aussi la solution du problème social en créant des emplois et en favorisant une
répartition plus équitable.
Ainsi, par exemple, Fabrice Nicolino, chroniqueur écologique de l’hebdomadaire parisien
Politis, proche de la mouvance altermondialiste, a récemment quitté ce journal au terme d’un
conflit interne provoqué par... la réforme des retraites. Le débat qui s’en est suivi est
révélateur du malaise de la gauche (3). La raison du conflit, estime un lecteur, est sans doute
d’« oser aller à l’encontre d’une sorte de pensée unique, commune à presque toute la classe
politique française, qui affirme que notre bonheur doit impérativement passer par plus de
croissance, plus de productivité, plus de pouvoir d’achat, et donc plus de consommation (4) ».
Après quelques décennies de gaspillage frénétique, il semble que nous soyons entrés dans
la zone des tempêtes au propre et au figuré... Le dérèglement climatique s’accompagne des
guerres du pétrole, qui seront suivis de guerres de l’eau (5), mais aussi de possibles
pandémies, de disparitions d’espèces végétales et animales essentielles du fait de catastrophes
biogénétiques prévisibles.
Dans ces conditions, la société de croissance n’est ni soutenable ni souhaitable. Il est donc
urgent de penser une société de « décroissance » si possible sereine et conviviale.
La société de croissance peut être définie comme une société dominée par une économie de
croissance, précisément, et qui tend à s’y laisser absorber. La croissance pour la croissance
devient ainsi l’objectif primordial, sinon le seul, de la vie. Une telle société n’est pas
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soutenable parce qu’elle se heurte aux limites de la biosphère. Si l’on prend comme indice du
« poids » environnemental de notre mode de vie l’« empreinte » écologique de celui-ci en
superficie terrestre nécessaire, on obtient des résultats insoutenables tant du point de vue de
l’équité dans les droits de tirage sur la nature que du point de vue de la capacité de
régénération de la biosphère. Un citoyen des Etats-Unis consomme en moyenne 9,6 hectares,
un Canadien 7,2, un Européen moyen 4,5. On est donc très loin de l’égalité planétaire, et plus
encore d’un mode de civilisation durable qui nécessiterait de se limiter à 1,4 hectare, en
admettant que la population actuelle reste stable (6).
Pour concilier les deux impératifs contradictoires de la croissance et du respect de
l’environnement, les experts pensent trouver la potion magique dans l’écoefficience, pièce
centrale et à vrai dire seule base sérieuse du « développement durable ». Il s’agit de réduire
progressivement l’impact écologique et l’intensité du prélèvement des ressources naturelles
pour atteindre un niveau compatible avec la capacité reconnue de charge de la planète (7).
Que l’efficience écologique se soit accrue de manière notable est incontestable, mais dans
le même temps la perpétuation de la croissance forcenée entraîne une dégradation globale.
Les baisses d’impact et de pollution par unité de marchandise produite se trouvent
systématiquement anéanties par la multiplication du nombre d’unités vendues (phénomène
auquel on a donné le nom d’« effet rebond »). La « nouvelle économie » est certes
relativement immatérielle ou moins matérielle, mais elle remplace moins l’ancienne qu’elle
ne la complète. Au final, tous les indices montrent que les prélèvements continuent de
croître (8).
Enfin, il faut la foi inébranlable des économistes orthodoxes pour penser que la science de
l’avenir résoudra tous les problèmes et que la substituabilité illimitée de la nature par l’artifice
est concevable.
Si l’on suit Ivan Illich, la disparition programmée de la société de croissance n’est pas
nécessairement une mauvaise nouvelle. « La bonne nouvelle est que ce n’est pas d’abord pour
éviter les effets secondaires négatifs d’une chose qui serait bonne en soi qu’il nous faut
renoncer à notre mode de vie comme si nous avions à arbitrer entre le plaisir d’un mets
exquis et les risques afférents. Non, c’est que le mets est intrinsèquement mauvais, et que nous
serions bien plus heureux à nous détourner de lui. Vivre autrement pour vivre mieux (9). »
La société de croissance n’est pas souhaitable pour au moins trois raisons : elle engendre
une montée des inégalités et des injustices, elle crée un bien-être largement illusoire ; elle ne
suscite pas pour les « nantis » eux-mêmes une société conviviale, mais une anti-société
malade de sa richesse.
L’élévation du niveau de vie dont pensent bénéficier la plupart des citoyens du Nord est de
plus en plus une illusion. Ils dépensent certes plus en termes d’achat de biens et services
marchands, mais ils oublient d’en déduire l’élévation supérieure des coûts. Celle-ci prend des
formes diverses, marchandes et non marchandes : dégradation de la qualité de vie non
quantifiée mais subie (air, eau, environnement), dépenses de « compensation » et de
réparation (médicaments, transports, loisirs) rendues nécessaires par la vie moderne, élévation
des prix des denrées raréfiées (eau en bouteilles, énergie, espaces verts...).
Herman Daly a mis sur pied un indice synthétique, le Genuine Progress Indicator,
indicateur de progrès authentique (IPA), qui corrige ainsi le produit intérieur brut (PIB) des
pertes dues à la pollution et à la dégradation de l’environnement. A partir des années 1970,
pour les Etats-Unis, cet indicateur stagne et même régresse, tandis que celui du PIB ne cesse
d’augmenter (10). Il est regrettable que personne en France ne se soit encore chargé de faire
ces calculs. On a toutes les raisons de penser que le résultat serait comparable. Autant dire
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