Mercredi 10 octobre 2012 18h 1918° séance Présidence P. Miramand 55 participants Conférence : Abeilles et Pollen: une source d’informations nouvelles pour caractériser la biodiversité territoriale animée par Pierrick Aupinel et Jean François Odoux, chercheurs INRA Le Magneraud. Pierrick Aupinel présente les caractéristiques de la pollinisation, une étape du mode de reproduction sexuée chez les plantes à fleurs : Angiospermes et Gymnospermes. Le transport du pollen de l’étamine d’une fleur au pistil d’une autre fleur est assuré par des agents physiques (vent, eau) ou des agents biotiques (zoogamie) grâce aux oiseaux, chauve-souris, et principalement les insectes (entomogamie). Le rôle pollinisateur des abeilles résulte de leur intérêt alimentaire pour certaines plantes, les fleurs sont leur unique source d’aliments. Les abeilles en cherchant le nectar 80% de l’apport total en sucre, produit par les nectaires, à la base des fleurs, transportent « accidentellement » du pollen. Le pollen collecté à des fins alimentaires représente une source de protéines (2 à 61 % du poids sec) et de lipides exogènes (10 à 20 % du poids sec). Les insectes pollinisateurs peuvent être des coléoptères : cétoine doré Cétonia aurata ou strangalia melanura ; ou des papillons : machaon porte queue ou Inachis io, ou des diptères comme le Syrphe ceinturé. Dans tous les cas il y a nécessité de coadaptation entre le pollinisateur et la plante : résultat d’une coévolution. Exemple la famille des phlox présente des morphologies florales variées adaptées à divers pollinisateurs. Les pollens variés sont toujours adaptés au vecteur. Chez les abeilles domestiques, le pollen est utilisé par les nourrices, qui, après ingestion, le transforme en gelée royale grâce à la production des glandes hypopharyngiennes. Il sert à la nourriture des larves. Parmi les Hyménoptères, la famille des Apoidae (abeilles) comporte soit des Apoïdes solitaires, abeilles de petite taille, représentant beaucoup de genres Colletides… Andrenides… soit des Apoïdes sociaux, les Apidés regroupant Apis mellifera (une seule espèce) colonie sur plusieurs années et les bourdons Bombus colonie annuelle. Les 1200 espèces d’Apoïdes présentes en France contribuent à la reproduction de 80% des espèces cultivées. La valeur économique est considérable avec un bénéfice de 153 milliards d’euros . Des études montrent l’impact de la pollinisation sur le poids et la conformation de la fraise, les plantes concernées sont les fruitiers, les petits fruits, les oléagineux, les légumes et la production de semences et graines. Jean François Odoux poursuit l’exposé en montrant la relation abeille-environnement ou comment un organisme vivant permet une caractérisation de l’environnement : connaître le territoire, sa biodiversité. L’étude consiste à élever des abeilles, la ruche étant considérée comme le « concentrateur » de ce qui se passe à l ‘extérieur dans une zone d’agrosystèmes –autour du Magneraud- composés d’éléments artificiels, semi-naturels, prairies…. La diversité influence la santé des abeilles d’où la recherche d’impact sur les colonies. Les insectes connaissent une période de disette entre colza et tournesol vers juin. Le « jardin » de l’abeille correspond en moyenne à un rayon de 3km pour 2827 ha. La colonie comporte 2 à 3 fois plus d’individus en été qu’en hiver. « l’animal » hiverne. L’évaluation des ressources : prairies, jardin, bois, cultures se fait grâce à l’identification des pollens récoltés. La récolte est faite à l’entrée de la ruche, les abeilles rentrent, les pattes postérieures chargées des pelotes de pollen dans les corbeilles. Puis se fait l’analyse palynologique : réalisation d’une préparation microscopique qui consiste à étaler les grains de pollen qui sont ensuite identifiés . Chaque grain a une structure caractéristique (taille, forme, ornementation…). L’identification des pollens est facilitée par l’utilisation de lames de références, réalisées par INRA Magneraud (visibles site Internet). Les technologies récentes, avec entre autre l’image satellite, permettent de figurer sur des fonds de cartes, des informations précises et variées : pluviométrie, espèces végétales… En reconstituant les parcelles agricoles, la connaissance du territoire est améliorée, il devient possible de trouver l’origine des pollens échantillonnés, Il existe bien une relation entre la diversité des paysages et la diversité de la récolte. Les constituants physico-chimiques des pollens récoltés sur le site se caractérisent par une richesse en sucre –14 à 41%- par temps sec et pour tous les habitats, les protéines –16 à 30%- pauvres en période de récolte d’été et riches en automne, les lipides –7 à 24%- papaver, cornus : apport élevé, apports faibles en été, haute teneur avec les pollens d’automne mais récoltes en faibles quantités (hedera,sinapis), les lipides sont essentiellement les acides gras oméga 3 et oméga 6, une recherche porte sur une éventuelle utilisation comme antibiotique et principalement l’acide linolénique jusqu’à 56% dans les pollens. Après ce rappel, notons que les pollens proviennent des cultures : la plante la plus visitée étant le maïs 5% du territoire puis des adventices, importance quantitative avec le champion : papaver, la présence du coquelicot est liée aux pratiques agricoles. Les zones boisées (haies, lisières) sont très visitées au printemps, les prairies donnent peu et représentent un fournisseur secondaire, l’apport des jardins étant négligeable. En conclusion, le conférencier rappelle qu’à propos de la biodiversité, il faut noter que : - les éléments boisés ont assuré la survie alimentaire des ruches pendant les périodes de semis de printemps, - la diversité des pollens récoltés semble suivre légèrement celle du paysage, - la période de diversité plus élevée du pollen est ramenée en fin d’été et provient des adventices, des cultures, alors qu’elle est minimum à l’automne, - des espèces très productrices de pollen interviennent à des périodes peu diversifiées. Tous nos chaleureux remerciements aux conférenciers pour cette « aventure pollinique », en témoignent les questions d’un auditoire passionné d’hyménoptères. Martine Gachignard secrétaire