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Table des matières
DOSSIER 1 : ÉCONOMIE ET ÉCOLOGIE
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DOSSIER 2 : GAUCHE : VERTS !
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Etopia – Revue d’écologie politique
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Direction de la publication :
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Comité de rédaction : 
Corrections :  
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Avec le soutien du Groupe des Verts au Parlement européen
Editeur responsable : René Robaye
Prix : 8 Euros
Juin 2008, N° 02
ISSN 1782-4192
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VARIA
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DOSSIER 1
ÉCOLOGIE / ÉCONOMIE
« Permettre au mécanisme du marché dêtre l’unique directeur du
sort des êtres humains et de leur environnement naturel aurait pour
résultat la démolition de la société ».
(Karl Polanyi, La grande transformation, 1944.
Jusquici, la radicalité en politique voulait dire qu’on allait «ré-
volutionner», «renverser» le système économique. Or la crise écolo-
gique nous oblige à une transformation si profonde quelle fait pâlir
par comparaison tous les rêves de «changer de société». La prise du
pouvoir est une fioriture à côté de la modification radicale de no-
tre «train de vie». Que peut vouloir dire aujourd’hui «l’appropria-
tion collective des moyens de production» quand il s’agit de modi-
fier tous les moyens de production de tous les ingrédients de notre
existence terrestre ? D’autant quil ne s’agit pas de les changer «en
gros», «d’un coup», «totalement», mais justement en détail par une
transformation minutieuse de chaque mode de vie, chaque culture,
chaque plante, chaque animal, chaque rivière, chaque maison, cha-
que moyen de transport, chaque produit, chaque entreprise, chaque
marché, chaque geste.
(Bruno Latour, «L’avenir de la Terre
impose un changement radical des
mentalités », Le Monde, 4 mai 2007).
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« Les économistes ne sont pas garants de la civilisation, mais de la
possibilité de la civilisation », disait au lendemain de la première guerre
mondiale John Maynard Keynes, lun des papes de l’économie moderne1.
Ce jugement, il le réservait à lattitude à adopter à légard de lAllema-
gne vaincue. Il entendait en loccurrence mettre en garde les politiques
contre une dureté qui empêcherait le pays de se rétablir et lengagerait
inéluctablement dans une voie remplie de périls. En 2008, on voudrait être
certain que la lucidité agissante soit une valeur aussi largement partagée
par la communauté des économistes. Or rien nest moins sûr. La crise des
subprimes, la ambée des prix de l’énergie et des matières premières
ont peut-être été prévues par certains économistes. Mais elles n’ont pas
vraiment été « anticipées » au sens des mesures de précaution n’ont
guère été préconisées pour empêcher les crises que nous sommes en
train de vivre et dont les conséquences frappent d’abord les plus faibles
des terriens. On voudrait éviter tout procès d’intention comme tout procès
pour non-assistance à planète en danger. Mais nous devons cependant
constater que le discours économique dominant a largement contribué à
confondre l’économie et la manière dont elle fonctionne avec une sorte de
processus naturel dans lequel l’homme machine à optimiser – naurait
guère de responsabilité. Il en irait du marché et de ses lois comme des
phénomènes naturels : le choix des hommes n’y serait pour rien ou alors
pour si peu, et donc les gouvernements auraient tout intérêt à s’en mêler
le moins possible, à quelques corrections de « défaillances de marché »
près. Le plus étonnant reste au fond que tout le monde (en ce compris
les économistes) sait bien que rien n’est moins vrai et que même les «
non-choix » sont des choix. Par exemple, quand les gouvernements bel-
ges traînent à préparer l’impact du vieillissement, nous voyons de mieux
en mieux qu’il y a en réalité un choix pour renforcer le pilier de la capita-
lisation dans notre système de pension. D’une certaine manière, il faut
« vouloir ne pas vouloir », même quand on présente les évolutions comme
le fruit d’une inexorable loi d’airain.
Le présent dossier de la revue étopia entend pcisément réinterro-
ger cette « naturali » du modèle du marché dominant en économie et
comment, en l’occurrence, depuis un certain temps , il se construit
paradoxalement sur une dangereuse exclusion de la limite que consti-
tue pour l’activi humaine, tant il est aveugle aux irréversibilis dont
elle est le siège et incapable de prendre en compte les conditions de
vie des générations futures. Dans son cours déconomie politique de
1840, un des économistes libéraux les plus connus du XIXème siècle
n’afrmait-il pas que « Les richesses naturelles sont inépuisables, car
sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant pas
être multiples, ni épuisées, elles ne sont pas l’objet de la science
économique » ? Aujourdhui, on voudrait être certain que les écono-
mistes ont définitivement renon à ce qu’en langage psychanalytique,
on appelle, une forclusion, à savoir au rejet pur et simple (plus fort que
le refoulement dans linconscient) de la nature de la pensée économi-
que dominante. Or lévolution du monde de ces dernres décennies
n’est à cet égard pas ts rassurante, tant le rapport entre léconomie
classique et la nature semble encore et toujours domi par un sir
d’exploitation mê d’ignorance et de pulsion destructrice, dans lequel
l’environnement appart au mieux comme une variable d’ajustement
ou une ressource quantiable et payable parmi d’autres. Or, le chan-
gement climatique et la disparition de la biodiversité montrent bien
limpasse d’une telle approche. Nous devons repenser comptement
notre manière de comprendre notre rapport à la plate. Et lécologie
doit y contribuer.
Ecologie-économie sont comme un couple de jumeaux penchés sur
le même objet : l’oikos, le domaine, la maison, lhabitat. En l’occur-
rence, notre maison, notre habitat, notre planète, celle se déroule
la vie commune des hommes. Lisons Alain Lipietz : « Quelle est en effet
la difrence entre écologie et économie ? Les deux premières syllabes,
on la vu, ont la me racine : le domaine. Puis vient, pour le premier
de nos jumeaux, le logos, c’est-à-dire le sens, la raison d’être et dagir,
et pour le second, le nomos, c’est-à-dire la règle et la mesure. Léco-
nomie s’occupe de mesurer des quantis (en argent, en rendements),
lécologie s’intéresse à la valeur d’usage de ce qui est fait (au sens
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