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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
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La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les
outils, pratiques de l’urbanisme et de l’aménagement (projets et procédures).
Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles :
Montréal, Grenoble, Lyon, Nice
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Coordination : Anne Tricot UMR PACTE 5194
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Le 28 mars 2011
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Réponse à APR « Observation de la recherche sur la prise
en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans
Madame Anne Tricot
l’urbanisme
: analyse critique et dynamique de l’offre et de la
Ingénieure CNRS UMR PACTE 5194 – Equipe
Territoires
demande pour la formulation de préconisations ». 2 avril 2012
Institut de Géographie Alpine
ADEME Direction Villes et territoires durables.
14 bis avenue Marie Reynoard
38100 Grenoble
FRANCE
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Objet: séjour de recherche à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Montréal
Bonjour Madame Tricot,
!
Nous aurons grand plaisir à vous accueillir à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal en
tant que chercheur invité dans le cadre d’un séjour de recherche de 5 mois en 2012-13. En effet,
vos intérêts de recherche cadrent tout à fait avec un des axes stratégiques de développement de
l’Institut, qui porte sur les politiques urbaines d’adaptation au changement climatique. Sur le plan
des contacts déjà noués, vous seriez amenée à collaborer directement avec Isabelle Thomas-Maret
qui mène un projet de recherche sur l’analyse de la vulnérabilité sociétale et territoriale aux
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Table des matières
Propos liminaires ....................................................................................................... 4
Fiche synthétique ............................................................................................................... 5
1. Cadrage général : l’adaptation vue sous l’angle de la gestion des ilots de
chaleur urbain et des eaux urbaines ....................................................................... 7
Rappel introductif : L’adaptation comme perspective récente des enjeux relatifs aux
changement climatiques .................................................................................................... 7
1.1. La recherche CACHALEAU : une réflexion centrée sur les interrelations entre
évolution des espaces urbains et changements climatiques ........................................ 8
L’urbain généralisé comme mode de vie : « problème » ou opportunité ? ....................... 8
1.2. Chaleurs urbaines et cycle de l’eau : deux problématiques à la croisée des
réflexions sur la ville (rappels historiques) ................................................................... 10
Chaleurs urbaines ........................................................................................................... 11
La gestion de l’eau, ......................................................................................................... 13
1.3. Minéralisation ............................................................................................................ 14
Minéralisation et chaleurs en ville ................................................................................... 14
Minéralisation et circulation des eaux urbaines .............................................................. 15
Conclusion provisoire ...................................................................................................... 16
2. Premiers enseignements des travaux de la recherche CACHALEAU ............ 18
2.1. Eléments déclencheurs d’une prise de conscience en faveur de l’adaptation ... 18
Des éléments d’appréciations contrastées en fonction des situations locales : ............. 19
La chaleur comme élément déclencheur : quel type de mobilisation des acteurs et sur
quelle cause initiale ? ...................................................................................................... 19
2.2. Des questionnements partagés et enrichis par les premières analyses de terrain
............................................................................................................................................ 21
La ville durable est-elle une ville adaptée ? .................................................................... 21
Diminution des ICU et densification des villes sont-elles des approches incompatibles ?
........................................................................................................................................ 21
« Le verdissement comme solution » : des solutions existantes réappropriées dans le
cadre de l’adaptation ....................................................................................................... 22
Verdissement et réduction des chaleurs en ville, réflexions critiques ............................. 25
Le verdissement comme dispositif de gestion des chaleurs et du ruissellement des eaux
urbaines, réflexions pratiques ......................................................................................... 25
Des initiatives essentiellement locales : quelques caractéristiques ................................ 27
Atténuation / adaptation : ................................................................................................ 29
Conclusion provisoire ...................................................................................................... 30
2.3. En complément des constats précédents, quelques enseignements originaux de
Cachaleau .......................................................................................................................... 30
Des logiques d’actions pragmatiques ............................................................................. 30
ICU/gestion des eaux ...................................................................................................... 32
Un réseau ou maillage d’actions en faveur de l’adaptation : .......................................... 34
3 .Axes de la recherche et concepts organisateurs : ........................................... 36
3.1. Axes de la recherche ................................................................................................. 36
3.2. Concepts organisateurs ........................................................................................... 36
a) Articulé à l’axe risque et confort de vie : la vulnérabilité et les modalités d’actions face
aux risques, résilience, adaptation .................................................................................. 36
b) Articulé à « l’axe risques et confort de vie » : l’innovation comme perspective
d’analyse de l’action publique ......................................................................................... 39
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
3.3. Présentation des séminaires .................................................................................... 41
Séminaire du 25 septembre 2012 depuis Montréal ........................................................ 41
Séminaire des 8, 9, 10 juillet 2013 à Nice : ..................................................................... 41
3.4. Programmation de la recherche (si demande d’avenant acceptée) sur 30 mois
(24 + 6 mois ) :................................................................................................................... 44
ANNEXES .......................................................................................................................... 46
Annexe 1 : programme du séminaire à Nice – Sophia Antipolis, 8, 9 et 10 juillet 2013 .. 46
Annexe 2 : La prise en compte de l'Ilot de chaleur urbain dans l'urbanisme au Québec et
en France. Gilles Debizet . .............................................................................................. 48
Annexe 3 : Le verdissement (végétalisation des surfaces) comme outil d’adaptation des
villes au changement climatique: état de l'art et aperçu du cas montréalais. Danielle
Dagenais ......................................................................................................................... 53
3
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
« La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-­‐québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Acronyme : CAChALEAU Convention n° 1217C0020 Rapport intermédiaire n°1 – 16/07/2013 Propos liminaires
Le choix d’un acronyme : « CAChalEau »
Le projet se nomme initialement « La prise en compte de l’adaptation aux changements
climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme et de l’aménagement (projets et
procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine et
la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon,
Nice ». Afin de faciliter la communication entre les chercheurs, le collectif a décidé d’attribuer
l’acronyme « CAChalEau » au projet, (« Climate Adaptation - Chaleur Eau »).
L’intégration des remarques des évaluateurs suite à l’acceptation du projet comme
base du rapport intermédiaire n°1
Le projet a été favorablement évalué, toutefois les experts ont formulé deux attentes
auxquelles le projet s’efforcera de répondre :
• La nécessité d’élargir les propos initiaux perçus un peu trop comme focalisés et justifier
davantage l’articulation chaleurs urbaines/eaux dans la problématique de l’adaptation.
• L’ouverture des séminaires aux échanges avec les acteurs institutionnels.
Organisation du rapport intermédiaire n°1
Pour la réalisation de ce rapport intermédiaire n°1, les contributeurs ont fourni chacun un
texte faisant l’objet d’un échange interne (lecture et discussion des documents) entre les
membres. Quelques-unes des analyses ont été présentées sous une forme lors du
séminaire de juillet 2013 à Nice.
Concernant les contributions écrites pour la fabrication du rapport intermédiaire, certaines
reflétaient davantage un positionnement scientifique, d’autres relevaient de travaux reposant
plus directement sur l’analyse de terrain, elles n’avaient pas le même format écrit (de
quelques pages à une vingtaine pour certaines contributions). Afin de respecter la consigne
(50 pages maximum) nous avons choisi pour ce premier rapport de restituer les analyses
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
sous une forme synthétique sous forme d’auteur collectif : afin de garder la trace des
questions posées, certains chercheurs ont souhaité voir intégrer leur contribution en annexe,
c’est ce qui a été fait pour deux contributions. Les versions plus abouties et harmonisées
seront livrées ultérieurement dans le rapport intermédiaire n°2.
Calendrier initiale de la recherche
Rappel signature de la convention : 28 décembre 2012.
•Démarrage des travaux : janvier 2013.
•Durée de la recherche : 18 mois + 6 mois
•Valorisation (publication ouvrage collectif) : 6 mois
Ce calendrier va faire l’objet d’une demande de modification (voir point 4 du rapport).
Fiche synthétique Contributeurs au rapport n°1 :
• Bouchel Florine, étudiante en master 1, urbanisme et aménagement, Institut d’urbanisme
de Lyon, Université de Lyon 2.
• Duong Catherine, étudiante en master 1, urbanisme et aménagement, Institut d’urbanisme
de Lyon, Université de Lyon 2.
• Danielle Dagenais, agronome, Professeure adjointe (PHD) à l’École d’architecture de
paysage Faculté de l’aménagement Université de Montréal, Chaire en paysage et
environnement de l’Université de Montréal ; Chaire UNESCO en paysage et environnement
de l’Université de Montréal.
• Gilles Debizet, Maître de conférences en Aménagement et Urbanisme, Université Joseph
Fourier, UMR 5194 PACTE Grenoble.
•Jacques Lolive, docteur en science politique et aménagement, Directeur de recherches au
CNRS, UMR 5194 PACTE Grenoble.
• Damienne Provitolo, docteur en géographie, chargée de recherche au CNRS, UMR
GEOAZUR, Sophia Antipolis, Valbonne.
• Laurence Rocher, Maître de conférences en aménagement de l’espace – urbanisme,
Institut d’urbanisme de Lyon, Université de Lyon 2. UMR 5600 Environnement, ville, société
• Franck Scherrer, Professeur et Directeur, Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal
• Isabelle Thomas Maret, Professeure d’urbanisme, Professeure agrégée, Institut
d’urbanisme, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal
• Anne Tricot, Ingénieure CNRS, docteur en géographie et aménagement, UMR 5194
PACTE Grenoble.
Coordinatrice :
• Anne Tricot, Ingénieure CNRS, docteur en géographie et aménagement, UMR 5194
PACTE Grenoble.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Date de la signature de la convention : 28 décembre 2012 (impliquant un démarrage réel
du projet début janvier 2013).
Coût total du projet : 131 406 euros
Montant de l’aide initialement demandée à l’ADEME : selon l’estimation des frais
généraux retenus, la participation initialement demandée à l’ADEME était soit 72442
euros (si 4%) soit 83587 euros (si 20%)
Montant total de l’aide obtenue par l’ADEME : 96 096 euros
Axe de l’APR auquel le projet répond : la réponse s’articule autour des axes 1 et 2 de
l’appel à projet.
6
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
1. Cadrage général : l’adaptation vue sous l’angle de la gestion des
ilots de chaleur urbain et des eaux urbaines
Rappel introductif : L’adaptation comme perspective récente des enjeux relatifs aux changement climatiques La perspective des changements climatiques (CC) est une perspective relativement récente :
Philippe Roqueplo (P. Roqueplo 1993, 19971) dans ses ouvrages en a retracé les principales
étapes chronologiques. Tout en amont, il replace la première conférence mondiale sur le
climat qui se tient à Genève et élaborée sous l’égide de l’Organisation météorologique
mondiale (MMO en français et WMO en anglais) : elle initiera un programme de recherche
(Word Climate Program) ainsi que trois rencontres en 1980, 1983, 1985 à Villach en
Autriche. Or ce sont les rencontres de Villach qui préfigureront l’idée d’une instance
intergouvernementale d’expertise sur le changement climatique (A. Dahan, H. Guillemot
20062).
Puis à la faveur de la sécheresse exceptionnelle aux Etats-Unis durant l’année 1988,
quelques climatologues ont commencé à alerter l’opinion américaine et internationale lors de
la conférence de Toronto (juin 1988) sur le climat. La même année, le GIEC « Groupe
International d’Experts sur le Climat » (ou IPCC, the « International Panel of Climate
Change ») est créé grâce à la double entremise de l’OMM et du programme des nations
unies (PNUE). Même si d’autres groupes ont joué un rôle important dans la question des
changements climatiques3, l'on convient désormais de considérer le GIEC - IPCC comme la
pierre angulaire de cette mise en alerte mondiale des effets anthropiques sur le climat.
Les différents rapports du GIEC marquent des étapes dans la prise de conscience
climatique. Le premier rapport publié en 1990 établit clairement une distinction entre
changement climatique d’origine anthropique et variabilité climatique (naturelle), il souligne
déjà la possibilité d’une élévation de température de l’ordre de 0,3°C par décennie au cours
du 21ème siècle. Lui succède ensuite la Conférence de Rio (1992), et l’adoption par
l’Assemblée générale des Nations Unies de la convention cadre pour les changements
climatiques. Le second rapport du GIEC-IPCC, publié en 1995, affirme plus clairement le rôle
de l’action humaine dans les changements climatiques et aboutit à la préparation du
protocole de Kyoto. L’accent est mis alors sur la réduction des gaz à effets de serre. Le
troisième rapport paraît en 2001 et anticipe une aggravation possible des projections de
réchauffement du climat de l’ordre de 2,5° à 6°C.
1 P. Roqueplo, Climats sous surveillance, Economica, Paris, (1993) ; Entre savoir et décision, l’expertise scientifique, INRA,
Paris (1997).
2 A. Dahan Dalmedico et H. Guillemot (2006), Changement climatique : dynamiques scientifiques, experts, enjeux politiques,
Sociologie
du
travail,
volume
48,
Issue
3,
July-September
2006,
pages
412-432.
http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6VR1-4KSVG63
1&_user=1654077&_rdoc=1&_fmt=&_orig=search&_sort=d&view=c&_acct=C000054100&_version=1&_urlVersion=0&_userid=
1654077&md5=6ac8be9a75c8f480864dd73d1f5c0144
3 Dont : la convention des nations unies sur le changement climatique (UNFCC) créée le 21 mars 1994 ; les conférences des
parties (COP) convoquées chaque année durant quinze jours qui se constituent comme des forums hybrides ; le comité
intergouvernemental de négociation (INC) et le subsidiary body for scientific and technological advice (SBSTA) créé en 1995.
Voir à cet effet, Dahan Dalmedico et Guillemot, op.cit.
7
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
C’est durant la période de ce troisième rapport qu’émerge la question de l’adaptation comme
alternative proposée par les Etats-Unis à la réduction des effets de serre. La proposition
rencontre une convergence d’intérêts entre les Etats-Unis (non signataires du protocole de
Kyoto) et des pays du Sud (Afrique) et émergents (Brésil, Chine). Le quatrième rapport4
paraît le 16 novembre 2007. Le GIEC qualifie le réchauffement climatique d’origine humaine
de « sans équivoque » : la recherche de solutions adaptatives au réchauffement climatique
devient alors prépondérante par rapport aux politiques d’atténuation. L’adaptation est donc
une thématique très récente dans le concert de la prise de conscience climatique. Dans le
rapport spécial du GIEC (seul le rapport pour les décideurs est disponible, le rapport définitif
est prévu pour mars 2012) sur les événements extrêmes (Managing the Risks of Extreme
Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation (SREX), les résultats de
modèles projettent un réchauffement substantiel des températures extrêmes pour la fin du
XXIème siècle. Outre les incertitudes et les difficultés de mettre au point des modèles qui, en
se basant sur les prévisions globales de réchauffement, permettent d’en évaluer l’impact à
l’échelle régionale, l’une des questions qui reste en suspens est la rapidité avec lequel
s’opère le changement climatique. Rapidité et adaptativité étant certainement inversement
proportionnel. Parmi les problématiques attendues dans le cinquième rapport, attendu pour
2014, se poseront les expériences d’adaptation à l’échelle locale.
La recherche CACHALEAU se positionne clairement comme une analyse des expériences
menées à l’échelle locale.
1.1. La recherche CACHALEAU : une réflexion centrée sur les interrelations entre évolution des espaces urbains et changements climatiques L’urbain généralisé comme mode de vie : « problème » ou opportunité ? Une des premières justifications de cette recherche est de concentrer notre réflexion sur les
interrelations entre évolution des espaces urbains et changements climatiques. Nous partons
du constat partagé par de nombreux auteurs que la ville constitue et constituera « la forme
dominante d’organisation sociale, politique, économique : la ville constitue le lieu ou milieu
de vie dominant » tout en étant dans le même temps le plus souvent « pensée comme un
problème environnemental », en négatif (Deschamps-Cottin M., Toussaint J. Y., 20125). La
ville n’est pas seulement un problème mais aussi, pour reprendre les auteurs précédemment
cités, un lieu « de transformation, qui, productrice d’environnements participe à rendre le
monde plus habitable ». En d’autres termes, la ville constitue aussi un lieu de vie dont les
conditions d’habitabilité sont interrogées par la perspective des changements climatiques.
« Nous sommes entrés dans le siècle de la ville. La taille, la forme, la structure, les fonctions
des milieux urbains et les trajectoires de leur croissance future sont des éléments critiques
de leur vulnérabilité. L’urbanisation est une composante majeure du changement global en
4
Le cinquième rapport d’évaluation est attendu pour 2014.
Deschamps-Cottin M., Toussaint J. Y., 2012, Atelier 18, socio-systèmes urbains, préparation des journées des 24 ,25 octobre
2012 en Avignon, Stratégie scientifique à l’INEE, (document ronéotypé).
5
8
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
même temps qu’elle est menacée par lui » (Pacteau C., 20116) : arrêtons-nous déjà sur ce
premier constat. La ville au-delà des définitions et des réalités qu’elle peut recouvrir (“ villes
moyennes, banlieues, grandes villes, zones urbaines, aires urbaines, mégapoles” etc.)
focalise des préoccupations majeures : l’augmentation significative de la population vivant en
ville et de manière subséquente, une consommation et une artificialisation croissante de
l’espace urbain. Mettant de côté pour l’instant la question des changements climatiques, l’on
constate que c’est d’abord la croissance urbaine qui est considérée comme un facteur
vulnérabilité.
L’augmentation de la population urbaine, La question de la ville reliée à celle des changements climatique renvoie le plus souvent à
une augmentation de la proportion des citadins dans le monde : 3,3 milliards d’hommes et
femmes vivraient en ville (chiffres ONU 2008) sur une population mondiale de 6,7 milliards
d’humains. Selon certaines prospectives, en 2040 ce seront 5 milliards d’hommes et de
femmes qui vivront en ville (Comité de prospective du Comité 21, rapport 2011-20127). Une
croissance urbaine non homogène (ONERC, 2010, 18) où il est prévu que le nombre de
mégapoles passerait de 19 à 27 millions d’habitants d’ici 2025. Ces mégapoles qui
représentent aujourd’hui 9% de la population urbaine n’en représenteraient d’ici 2025 que
10%, les deux tiers de ces espaces urbains ne connaîtraient qu’une croissance modérée. En
revanche, « presque la moitié des nouveaux citadins sera accueillie d’ici 2025 dans des
villes de moins de 500 000 habitants, villes qui représentent déjà à l’heure actuelle près de
50% de la population mondiale (ONERC, 2010, 18) ». Nuançant donc ce premier constat
d’une croissance urbaine généralisée, c’est ici l’absence d’homogénéité du phénomène qui
retiendra notre attention. A titre d’exemple, en France, la croissance de la population urbaine
engendrerait une augmentation des surfaces artificialisées : elle aurait augmenté de 40% en
20 ans et serait quatre fois plus rapide que la croissance démographique (MEDTL, 20118) ;
un constat pour le moins inquiétant dans le contexte franco-français. La perception d’une
pénurie spatiale n’aura sans doute pas le même sens en France qu’au Québec qui dispose
d’une surface environ 2,5 fois grande que la France pour une population 8 fois moins
importante9. En revanche de part et d’autre, l’on s’accorde à constater que c’est avant tout
l’usage de l’espace et la forme urbaine qui posent question : l’étalement urbain ou sa
densité, son imperméabilisation et sa minéralisation sont des thématiques récurrentes et
associées à ce type questionnements.
Les villes, la bonne échelle d’observation ? 6
C. Pacteau, Vulnérabilités urbaine : le changement climatique. http://www.gisclimat.fr/vulnérabilités-urbaines-le-changement
climatique Pour étayer son propos, Chantal Pacteau renvoie elle-même en citation à la conférence internationale sur
l’urbanisation et les changements climatiques, « International conference on urbanization and global change. Opportunities and
challenges for sustainability in an urbanizing world », 15-17 october 2010, www.ugec2010.org/concept.php
7
Comité de prospective 21, La ville nouvel écosystème du XXIème siècle, villes réseaux et développement durable, 2011-2012,
Rapport, 100 p, rapport en ligne, http://www.comite21.org/docs/infos21/2012/rapport-la-ville-nouvel-ecosysteme-du-21emesiecle-27-03-12.pdf, (consulté en mars 2013).
8
MEDTL, Etude sur la gestion de l’eau dans les écoquartiers, Rapport définitif 2011, affaire suivie par Olivier HAUTBOIS CETE de l’Ouest / Division Villes et Territoires / Groupe Aménagement Planification, Céline MENETRIEUX - CETE de Lyon /
Département Environnement, territoires, climat / Biodiversité et eau , Jean-Pierre DEMIAUTTE - CETE Nord-Picardie / Bâtiment
Energie Environnement /Groupe Eaux et Sols , Anne-Marie TRINCAT -– CETE du Sud-Ouest / LRPC de Bordeaux / Groupe
Eau Risques et Environnement,
9
Au Québec, une superficie de 1 667 441 km2 pour 8 000 000 d’habitants, en France 675 417 km2 pour 65 800 000 habitants
(chiffre 2013).
9
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Il n’existe pas pour l’instant de pratiques planifiées de l’adaptation et il semble que l’échelle
locale des villes soit incontournable pour l’observation de la mise en œuvre des politiques et
pratiques d’adaptation aux changements climatiques. Pour reprendre le rapport de l’ONERC
(ONERC, 2010, 7), « l’échelle des villes - entendues ici comme agglomérations - convient
bien pour agir sur l’adaptation pour deux raisons : d’une part parce que cette échelle n’est
pas trop petite. Les villes et intercommunalités sont des acteurs puissants qui ont les
moyens d’action pour mettre en œuvre des politiques ambitieuses ; d’autre part parce que
cette échelle n’est pas trop grande : les villes sont des systèmes intégrés, dans lesquels les
différents réseaux d’eau, d’électricité, de transport), le tissu économique et les séparations
sociales sont imbriqués et fonctionnent ensemble ».
L’adaptation aux changements climatiques dans les villes semble encore à l’état
d’expérimentation, et ni France ni au Québec, il semble n’exister de stratégies globales
d’adaptation. Les expériences sont menées essentiellement à l’échelle locale et relèvent de
collectivités territoriales puissantes (dont les métropoles). A l’appui des travaux de notre
collègue Gilles Debizet , il convient de souligner que la prise en compte de l’adaptation doit
être repositionnée dans les contextes institutionnels (répartition des compétences en
urbanisme) propre à chaque pays voire à chaque ville.
Pour la France, il existe des plans d’adaptation tels que préconisés dans le cadre des
PCET10 pour les villes de plus de 50000 habitants pour la France (ou bien des « Climat
Pratic » pour les communes et intercommunalités de moins de 50000 habitants ). Selon le
rapport de l’ONERC (2010, p 80) ils ne sont cependant que « la partie émergée de
l’iceberg » car en complément de ces procédures, il existe d’autres expériences concourant
à adapter la ville aux changements climatiques. Ainsi, bien que plus anciennes et plus
larges, les initiatives de type agenda 21 comptabilisent aujourd’hui 550 expériences au
niveau national. En dehors des PCET et des agendas 21 les initiatives relevant de
l’adaptation sont minoritaires on notera les expériences telles que les trames vertes et
bleues, les éco-quartiers, qui découlent directement de l’application du « Grenelle 111 ». Bien
que minoritaires ils ont une vocation d’exemplarité pour les villes et à ce titre appelés à se
généraliser. Les questions d’adaptation s’emboîtent par ailleurs aux outils de la planification
urbaine tels que les SCOT et les PLU devant prendre en compte les directives des PCET.
Dans cette recherche, nous considèrerons que l’adaptation aux changements climatiques
n’est pas l’exclusivité des seuls plans labellisés (de type PCET) : l’intérêt de nos travaux sera
d’observer de rendre compte des différentes trajectoires de la notion d’adaptation dans un
ensemble d’initiatives locales et plus ou moins ramifiées.
1.2. Chaleurs urbaines et cycle de l’eau : deux problématiques à la croisée des réflexions sur la ville (rappels historiques) Si la question de la chaleur (sous l’angle notamment des canicules, sécheresses etc.) et du
confort estival, des risques de santé) et la question de l’eau (sous l’angle de ses
débordements, du stress hydrique et des risques sanitaires ou « d’une nature en ville »)
10
Le Grenelle « 2 » de l’Environnement loi du 10 juillet 2010, rend obligatoire la mise en place de PCET pour les communes et
agglomérations de plus de 50 000 habitants.
11
Le Grenelle « 1 » : loi du 6 juillet 2007.
10
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
constituent aujourd’hui les pierres angulaires de l’adaptation/atténuation aux changements
climatiques, ces deux entrées n’en représentent pas moins des objets de préoccupation
relativement anciens que l’on se propose de réintroduire ici comme éléments de
compréhension des enjeux actuels. Très généralement dit, l’eau que nous absorbons et l’air
que nous respirons constituent deux composantes essentielles de la vie sur terre : sans
doute est-ce pour cela que nous les retrouvons comme préoccupations récurrentes et sans
cesse renouvelées des sociétés humaines. De plus, « l’évolution des idées sur le climat est
très liée à l’évolution des moyens techniques de construction, mais aussi et surtout aux
préoccupations sociales, économiques, politiques de chaque époque qui sous-tendent en
continu l’intérêt ou non des questions climatiques » (IAU-IdF, 201012).
Chaleurs urbaines A l’appui du rapport de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’Ile-de-France
précédemment cité, nous rappellerons brièvement ici quelques étapes clés du raisonnement.
L’intégration des contraintes climatiques dans les pratiques d’habitation traditionnelles,
Les architectures anciennes et vernaculaires, étaient adaptées (mais l’adaptation n’était pas
forcément systématique) aux températures et au climat ambiant : petites ouvertures, murs
épais, peintures claires étaient autant de techniques destinées sous certaines latitudes à
limiter le réchauffement des bâtiments (pour des raisons de confort et sanitaires). Ces
connaissances pratiques vont connaître une rupture radicale qui s’amorce en Europe et dans
le monde occidental dans le courant du 19ème siècle.
Le tournant hygiéniste,
Au 19ème siècle, en France et plus largement le monde occidental voit naître tout un
ensemble d’idées inspirées du mouvement hygiéniste de lutte contre les épidémies : la
tuberculose, le choléra, le typhus faisant de véritables ravages dans les villes aux quartiers
denses et insalubres. Les progrès de la recherche, particulièrement la découverte des
microbes par Pasteur inspirent alors la ventilation des bâtiments et des villes : il faut apporter
la lumière pour lutter contre les maladies, l’architecture de verre et de fer ainsi que l’attention
portée au végétal par les parcs (pour permettre aux citadins de profiter de la lumière et de
l’air), constituent des éléments clés de la conception urbaine d’alors.
Vient ensuite la période de l’après-guerre, la grande période de reconstruction et du babyboom, des grandes vagues d’immigration où il s’agit de construire vite, beaucoup et à des
prix modérés. La qualité des constructions pas plus que les espaces publics entre les
habitations ne sont des préoccupations du moment. C’est aussi le moment (années 19501960) de la généralisation de l’automobile ou selon la formule de Gabriel Dupuy, de
12
Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU) Ile de France – Les îlots de chaleur urbains – L’adaptation de la ville aux
chaleurs
urbaines,
Novembre
2010,
78
pages.
Rapport
en
ligne,
http://www.iauidf.fr/fileadmin/Etudes/etude_761/les_ilots_de_chaleur_urbains_Adaptation_de_la_ville_aux_chaleurs_urbaines.pdf, (consulté
par AT, mars 2013).
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
“L’adaptation de la ville à l’automobile” (Dupuy, 197513, 199514) dont l’usage ne fera que
s’étendre, favoriser l’étalement urbain et accroître la pollution à des niveaux inquiétants.
Il semble donc que l’histoire nous montre une forme de mise à l’écart progressive de la
pensée bioclimatique au profit d’une pensée urbaine détachée de toutes “contraintes”
environnementales. Pourtant les premiers questionnements sur le réchauffement de la ville
se font jour dès le 19ème siècle : Luke Howard pharmacien de son état, publiait dès 1818 et
1820, Le climat de Londres. Il observait dès cette époque une différence des températures
nocturnes de l’ordre de 3,7°C entre le centre de Londres et sa campagne, ce que l’on
nomme aujourd’hui l’îlot de chaleur urbain (IAU, 2010 15 ). Le constat physique est déjà
ancien, des scientifiques ayant déjà observé et décrit en détail la variabilité des effets
thermiques induits par l’urbanisation (Stewart, Oke, 2006). D’autres études qui suivront, dont
celle citée de Linke en 1940 qui ne considèreront d’ailleurs pas l’ICU comme une
conséquence négative mais un phénomène positif pour la ville. C’est dire aussi que dès
cette époque au-delà des ICU, c’est la formation d’une climatologie urbaine dont il est
question : or cette préoccupation va être reléguée au second plan jusque très récemment à
l’aube du XXIème siècle.
Le prisme de la pollution : les années 1960-1970
Les préoccupations environnementales débutent durant ces années 1960-1970, et l’on note
déjà deux préoccupations majeures « bien ancrées dans la tête des gens », la pollution de
l’air et de l’eau16. Côté qualité de l’air, en 1965, le schéma d’aménagement et d’urbanisme de
la région de Paris (SDAURP) évoque pour la première fois les problèmes de qualité de l’air
en identifiant une partition ouest/est de Paris : les espaces à l’est comme étant le plus
exposés aux vents dominants et aux pollutions industrielles tandis qu’à l’ouest de Paris, les
bois de Boulogne et de Vincennes constituaient les poumons verts de la ville. Dès les
années 1970, des études paraissent liant climat et urbanisation, dont l’étude de J. Dettwiller,
« Evolution du climat de Paris, influence de l’urbanisation », qui commence à préconiser les
usages de ses observations pour l’aménagement permettant d’envisager l’installation de
certaines activités polluantes en fonction du climat. Ce mouvement qui lie climat urbain et
environnement ne fera que grandir, et le rapport de l’IAU IdF nous rappelle que ces débuts
d’une climatologie urbaine vont trouver écho dans les mouvements environnementalistes et
écologistes qui naissent à cette époque. Ultérieurement (1986), des chercheurs tels que G.
Escourrou vont directement faire le lien entre ilot de chaleur et diffusion des polluants et
préconiser comme son prédécesseur, des lieux d’implantation pour les industries polluantes.
Ensuite la thématique de la chaleur urbaine semble perdre de son intérêt durant les années
13
Dupuy G., (1975), Une technique de planification au service de l’automobile : les modèles de trafic urbain, Paris, Publications
de Recherches Urbaines.
Dupuy G., (1995), L'auto et la ville, Flammarion.
15
Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU), Ile de France, Les îlots de chaleur urbains. L’adaptation de la ville aux chaleurs
urbaines, novembre 2010, 80 p. consultable en ligne,
16
Selon l’analyse de D. Boy (CEVIPOF), « la préoccupation environnementale commence dès la fin des années 60 : on parle
alors de la pollution de l’eau et de l’air. Ce sont là des problèmes bien ancrés dans la tête des gens. A l’inverse, le
réchauffement de la planète est un sujet tout nouveau. Ainsi, seuls 6% des sondés le considéraient comme le problème
environnemental le plus important au début des années 2000. Mais très vite, ce chiffre atteint un pic extraordinaire de 30% en
2007 ». Dans, Changement climatique, climat de changement (18 octobre 2011) : Table ronde organisée par L’INP-ENSA
Toulouse & la Mission Agrobiosciences, avec Daniel Boy (Cnrs et CEVIPOF), Olivier Godard (Cnrs et Ecole Polytechnique),
Bernard Seguin (INRA).
14
12
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
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1990, au profit d’une attention exclusivement portée à la pollution atmosphérique (dont la loi
LAURE loi sur l’air et la rationalisation de l’Energie, 1996), et c’est au tournant du 21ème
siècle que la thématique de la chaleur urbaine est remise à l’ordre du jour suite notamment à
la canicule du mois d’août 2003 laquelle entraîne le décès de 14800 personnes en France
entre le 1er et le 20 août.
La gestion de l’eau, Parallèlement à cette conception moderne de l’architecture, l’eau est externalisée de la ville :
les zones humides sont assainies, les cours d’eau (en fait des « égouts » à ciel ouvert
synonymes de mauvaises odeurs et de transport de maladies) sont recouverts, l’eau
maîtrisée n’étant valorisée que sous la forme de plans d’eau, de parcs et de jardins. Il s’agit
alors de s’affranchir des contraintes de l’environnement au prix d’une rupture radicale avec
certains principes bioclimatiques.
Dans le domaine de l’eau, s’il reste des traces des systèmes d’assainissement dans les
villes françaises qui datent de l’époque médiévale, c’est essentiellement de la seconde
moitié du 19ème siècle que date la conception moderne de l’assainissement. A l’appui du
rapport de la Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN,
200317), nous distinguerons trois grandes périodes qui caractérisent les formes de réponse
aux besoins collectifs de gestion des eaux.
« La réponse hygiéniste » : l’assainissement par les égouts (milieu 19ème siècle)
Les villes sont d’abord assainies par la réalisation d’égouts destinés à recevoir toutes les
eaux y compris les eaux de pluie. Il s’agit de collecteurs unitaires, largement dimensionnés
protégeant également les villes des inondations dues au ruissellement urbain. Ce système
permettant de collecter les eaux, de les transporter par des canalisations enterrées et de les
rejeter dans le milieu naturel en dehors de la ville. Cette réponse étant essentiellement
orientée vers une protection contre les épidémies.
« La réponse hydraulique » : le système séparatif et l’épuration des eaux (années 1950)
Durant la fin des années 1950 - début des années 1960 (période de la reconstruction), c’est
essentiellement la qualité de l’eau, des milieux récepteurs à l’aval des villes qui sont touchés
par les rejets des eaux collectées qui fait l’objet de préoccupations collectives : accentuées
par la croissance démographique, le développement des agglomérations et la croissance
économique 18 . D’un point de vue technique, cela se traduit par la mise en place d’un
système de collecte séparatif des eaux : un premier réseau collectant les eaux usées et les
amenant aux stations d’épuration ; un deuxième réseau moins étendu, éventuellement doté
d’ouvrages de régulation des débits, collectant les eaux de pluies (reversées directement
17
DGALN (2003), La ville et son assainissement, op. cit.
Cette problématique donne naissance nous le savons, à une des premières lois environnementales, la loi de 1964, « relative
au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre la pollution » (nous y reviendrons ultérieurement).
18
13
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
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dans les cours d’eau, car initialement les rejets d’eau de pluies de ne sont pas considérés
comme pollués).
« La réponse environnementaliste » : (années 1970-1980)
Ces différentes approches techniques sont complétées ultérieurement par des réponses plus
environnementalistes, selon le rapport de la DGALN (2003, 9), elle se traduit par le
perfectionnement des ouvrages d’épuration, la dépollution des rejets d’eau de pluie, ainsi
que l’apparition de techniques alternatives au tout réseau, jouant à la fois sur la rétention et
l’infiltration des eaux tout en limitant les surfaces imperméabilisées. Nous présentons trois
types de réponses qui semblent se succéder dans le temps : gardons-nous tout de même de
ces idéaux-types car dans l’existant, un bon nombre de réalisations techniques persistent et
constituent des quasi-irréversibilités techniques auxquelles les collectivités urbaines se
trouvent confrontées (ex. des réseaux unitaires qui constituent une part encore importante
des systèmes d’assainissement dans les villes).
La gestion de l’eau incombe ainsi aux collectivités territoriales, via l’assainissement. La
compétence assainissement recouvre plusieurs actions : la gestion des eaux usées et de
ruissellement ; la limitation des risques d’inondation ; la préservation de la ressource en eau
et les milieux aquatiques par la maîtrise des pollutions issues des usages industriels,
domestiques et occasionnées par les eaux de pluie (CERTU, 2003 19 ). Au contraire de
l’approche de l’Etat limitant son action à une approche de type réglementaire, l’intérêt de
l’échelle locale est caractérisée par une approche multifonctionnelle de l’eau. Si l’on regarde
de plus près, il semble toutefois que cette approche multifonctionnelle ou transversale reste
encore à parfaire, de nombreuses expériences (voir partie 2 du rapport) montrant que
l’approche par secteur restant dominante assez souvent.
Dans un souci d’homogénéité avec la thématique « chaleurs urbaines », nous centrerons
essentiellement notre réflexion sur la gestion des eaux à l’échelle des collectivités. Même si
l’échelle locale est ici privilégiée, en fonction des terrains choisis, nous envisageons de
rendre compte des modes de coordination (ou leur absence) entre échelon local et national
des actions collectives.
1.3. Minéralisation Au cœur de cette réflexion, la question de la prise en compte des chaleurs urbaines et du
mode de gestion des eaux dans une optique d’adaptation aux changements climatiques
repose drastiquement celle de la minéralisation de l’espace urbain.
Minéralisation et chaleurs en ville 19
DGALN, La ville et son assainissement. Principes Méthodes et Outils pour une meilleure intégration dans le cycle de l’eau
(2003), CEDEROM, Lyon, CERTU (ed). Voir également la synthèse réalisée par le GRAIE, en ligne
http://www.graie.org/graie/graiedoc/doc_telech/actesyntheses/RDV/Lessentiel.pdf (consulté AT, avril 2013).
14
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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La minéralisation des sols et des surfaces verticales est considérée par les urbanistes et les
géographes comme l'origine de température plus élevées dans les villes que la campagne
qui les environne. Plusieurs géographes proches des professionnels de l'aménagement
urbain mettent en évidence les liens entre minéralisation et température élevées comme
l'illustre un texte de Cédric Lomakine 20 produit dans le cadre du projet de recherche
"L'ambiance est dans l'air" ou bien les cartes d'ICU21 produites par Yves Baudouin pour
l'Institut National de Santé Publique du Québec.
Morgane Colombert analyse plus finement le lien entre ilot de chaleur urbain et
minéralisation (Colombert M., 200822). Les matériaux des bâtiments et des infrastructures
(murs, toits et voieries) absorbent le rayonnement solaire (selon leur propriétés : rugosité,
couleur), s'échauffent et restituent restituent la chaleur après la période d’échauffement. Les
formes urbaines (hauteur des bâtiments et largeur des rues induites par ces constructions)
favorisent le piégeage des rayonnements et réduisent les circulations de l'air. Enfin, la
réduction de la végétation -liée à la minéralisation- engendre une moindre
évapotranspiration.
Dans une communication aux journées Jacques Cartier à Lyon23 et dans le cadre du projet
de recherche "Chemins de l'innovation urbaine" financé par l'ADEME 24 , Gilles Debizet
distingue deux registres de connaissances dichotomiques : celui des microclimatologues et
celui des géographes. Les premiers construisent des modèles basés sur des lois physiques
relatives à l'air (échange de chaleur, changement d'état de l'eau, mouvement d'air ...). Les
deuxièmes produisent des cartes à partir des thermographies aériennes indiquant les
températures des toits et des sols, mais ils n'établissent pas de relations entre les
températures des surfaces et la température de l'air. Ces deux registres produisent des
enseignements potentiellement contradictoires mais généralement occultés : c'est la nuit que
les écarts de température d'air entre la ville et la campagne sont les plus élevés, c'est le jour
que les écarts de température de surface entre la ville et la campagne sont les plus élevés.
Lorsqu'il s'agit de tirer des enseignements, les productions scientifiques actuelles divergent
et entrent parfois en contradiction avec les observations des aménageurs urbains comme l'a
constaté Gilles Debizet avec les services de la ville de Grenoble (Debizet 201125). Cela pose
évidemment la question de la prise en compte de l'incertitude des connaissances dans
l'action aménagiste.
Minéralisation et circulation des eaux urbaines Dans le champ de la gestion de l’eau, le développement de l’urbanisation a nécessité la
réalisation de toujours plus d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales et les choix
20
RAPPORT SUR L'ATELIER 2. ILOTS DE CHALEUR, PUITS DE FRAICHEUR, ZONES SENSIBLES : CARTES URBAINES,
in Tixier Nicolas, L’AMBIANCE EST DANS L’AIR La dimension atmosphérique des ambiances architecturales et urbaines dans
les approches environnementales, decembre 2011, pp29-35
21
http://geoegl.msp.gouv.qc.ca/inspq_icu/ consulté le 10 juillet 2013
22
Colombert M. citée dans IAU IdF, L’adaptation de la ville aux chaleurs urbaines, op.cit. 2010, p1.
23
Debizet G., Perreault S., 2012, Représenter les ilots de chaleur urbains : pourquoi et comment ? Journées Jacques Cartier de
l’IUL, Adaptation au changement climatique et politiques urbaines : approches comparées, Lyon 12 juin 2012,
24
Voir la présentation http://www.pacte-grenoble.fr/thematiques/projets-en-cours/chemins-de-linnovation-urbaine-durable/
25
Debizet G., RAPPORT SUR L'ATELIER 1. Îlots de chaleur, puits de fraîcheur : mesures urbaines, in Tixier Nicolas
L’AMBIANCE EST DANS L’AIR La dimension atmosphérique des ambiances architecturales et urbaines dans les approches
environnementales,
Grenoble
décembre
2011,
pp24-27,
http://doc.cresson.grenoble.archi.fr/opac/index.php?lvl=notice_display&id=5272&seule=1
15
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
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traditionnels se sont faits en faveur de canalisations enterrées, coûteuses et parfois de
grandes dimensions. Les cours d’eau recouverts l’ont été au bénéfice de la réalisation
d’infrastructures routières, les bras morts asséchés, les cuvettes naturelles fermées sans
que subsistent d’autres exutoires. L’ensemble forme aujourd’hui un ensemble de problèmes
complexes, enchevêtrés. Les cours d’eau ainsi recouverts ont été perdus de vue non
seulement par les habitants mais aussi par les acteurs de l’urbanisme ; lors d’événements
pluvieux particulièrement importants, l’écoulement se trouve compromis transformant
rapidement certains événements ordinaires en catastrophe. On sait par ailleurs que
l’évacuation des eaux par un système ramifié concentre et accélère les débits ce qui amplifie
les phénomènes de crue.
Complétant ces constats, on rappellera que l’augmentation des surfaces artificialisées a des
conséquences directes sur le cycle de l’eau (MEDTL, 201126), dont : « Un bouleversement
des écosystèmes notamment les milieux aquatiques. Une concentration de la pollution
menaçant l’équilibre de la qualité de la ressource en eau (augmentation de la consommation
d’eau potable et d’eau usée rejetée, imperméabilisation des sols). Une augmentation des
risques d’inondation (modification des cours d’eaux, suppression des zones inondables,
utilisation des terrains perméables pour l’urbanisation) accentuée par le changement
climatique. Une incidence sur l’état hydrique des sols (assèchement des sols). Et à plus
grande échelle, une modification du cycle de l’eau où déjà il n’y a que 25% des précipitations
qui s’infiltrent dans la terre et alimentent les nappes souterraines et 15% qui rejoignent les
cours d’eau. ».
Les réponses en termes du « tout réseau » trouvent ainsi leurs limites : techniques, sociales
voire économiques, dans la perspective d’une accentuation/intensification des épisodes
orageux extrêmes en contexte de changements climatiques. Les réponses collectives
locales s’orientent actuellement vers la mise en place d’actions alternatives combinant la
gestion de l’eau en amont (gestion des ruissellements) et en aval (des flux produits par la
ville)27. Et pour conclure, il apparaît de plus que la gestion de l’eau et ses risques concernent
non seulement les acteurs de l’assainissement mais aussi les responsables de l’urbanisme.
Conclusion provisoire La gestion des chaleurs et des eaux urbaines dans la perspective d’une adaptation aux
changements climatiques semble avant tout jouer le rôle de remise en question des
systèmes antérieurs, sans toutefois qu’il y ait pour l’instant de réponses ou de solutions qui
puissent être standardisées, applicables dans n’importe quel contexte urbain. Ce premier
type de constat tendrait à conclure à la difficulté d’une généralisation des actions à laquelle
on peut rajouter sans doute les contextes culturels et institutionnels dans lesquels elles se
déploient. Nous serons tout de même amenés à nuancer ces premier propos : car sans
conclure à une généralisation des procédures, projets ou démarches ; ni même proposer un
comparatisme (que cette recherche ne permet pas), il semble qu’à travers les exemples pris
en France et au Québec nous pouvons déjà dégager quelques pistes intéressantes qui
26
27
Etude sur la gestion de l’eau dans les projets présentés à l’appel à projets Eco-quartiers 2009, op.cit.
La ville et son assainissement, op. cit.
16
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
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et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
montrent, au-delà des spécificités culturelles et/ou institutionnelles la prise en charge de
l’adaptation en ville comme enjeu qui s’exprime à l’échelle globale de la planète.
Examinons alors dans le chapitre 2 quelques premières réflexions et contributions à ce
projet.
17
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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2. Premiers enseignements des travaux de la recherche
CACHALEAU
2.1. Eléments déclencheurs d’une prise de conscience en faveur de l’adaptation Concernant les ilots de chaleurs urbains, de nombreux auteurs s’accordent à constater que
la canicule du mois d’août 2003 sert d’élément déclencheur à une (re) prise de conscience
de la question climatique urbaine. La canicule d’août 2003 constitue un événement sanitaire
inédit en France28 entraînant une surmortalité de 14800 personnes entre le 1er et le 20 août.
La région parisienne a été la plus touchée enregistrant une surmortalité de 134% en Île de
France soit plus de 400 décès supplémentaires par rapport au chiffre attendu (IAU IdF, 2010,
p 12). Il est à noter que canicule de 2003 a non seulement touché de nombreuses régions
françaises et qu’elle a largement dépassé le seul espace de la France pour toucher de
nombreux autres pays du continent européen dont l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Suisse,
le Luxembourg etc. Selon l’analyse de Gilles Debizet, la canicule de 2003 est considérée en
Europe comme représentative du climat de la deuxième moitié de ce siècle. À l’échelle
internationale, un nombre croissant de villes européennes et américaines mettent en œuvre
des actions de réduction du phénomène ICU. Pour le Québec, nos collègues Danielle
Dagenais et Debizet soulignent que l’inscription à l’agenda des politiques a succédé à un
état de l’art élaboré par l’Institut de Santé Publique du Québec, elles mettrons en évidence,
l’incidence des chaleurs sur la santé notamment sur l’aggravation potentielle des maladies
cardio-vasculaires, des syncopes, du diabète etc. (voir également, Giguère M., 200929).
Enfin il est à souligner que ce processus de mise en alerte généralisée à l’échelle
internationale, a été renforcé par la production des différents rapports du GIEC analysant les
épisodes caniculaires comme devant se multiplier dans les zones tempérées et les années à
venir. Ainsi, après des années d’oubli ou de mise au second rang de cette problématique en
faveur de la pollution, avec la canicule de 2003, l’ICU repasse au centre des préoccupations
des politiques locales à un niveau tant européen qu’international. Pour reprendre l’analyse
de nos collègues de Lyon, Laurence Rocher, Catherine Duong et Florine Boucher, l’ICU
semble désormais constituer la figure emblématique du réchauffement urbain. C'est une
spécificité des villes, l'analyse des premiers PCET menée en Rhône-Alpes montre en effet
que seules les PCET élaborés par les villes traitent du problème de la chaleur estivale
(Dubois 201030).
Ce primat de l’ICU dans l’adaptation ne manque pas de soulever des questions
problématique en regard de la question de l’eau : cette dernière constitue un enjeu
international majeur mais paradoxalement peu relayé, du moins pour l’instant, dans les
politiques d’adaptation à l’échelle locale.
28
Cette canicule a suivi un printemps et un début d'été marqués par une sècheresse importante qui rappelle la vague de
chaleur de l'été 1947 en Europe et la sécheresse de 1976.
29
Giguère M (2009)., Mesures de lutte aux ilots de chaleur urbains. Gouvernement du Québec, Institut national de la santé
publique (ed.).
30
Dubois P. (sous la dir de Debizet G.) L'adaptation des territoires aux effets du changement climatique Analyse comparée des
acteurs et des politiques publiques dans le cadre des Plans Climat Energie Territoriaux en Rhône-Alpes, Mémoire de Diplome
de recherche Technologie "développement territorial", 31 aout 2010, 175 p.
18
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Après la canicule de 2003, les chaleurs urbaines initialement appréhendées en terme
d’inconfort ou de gêne pour les citadins vont depuis cette période passer du domaine de la
nuisance à celui du risque (IAU IdF, 2010, p14) et notamment du risque sanitaire. Ce type de
constat semble également se vérifier en France comme l’exemple lyonnais le montre,
l’agglomération lyonnaise a initié sa réflexion sur son PCET en s’appuyant sur une politique
de santé-environnement : nos collègues de Lyon soulignent toutefois la contrepartie de cette
démarche polarisée sur les risques et la santé : les premières initiatives en terme de PCET
s’exprimant davantage en terme d’atténuation que d’adaptation, nous y reviendrons.
Des éléments d’appréciations contrastées en fonction des situations locales : On s’accorde donc à dire que la canicule de 2003 constitue un embrayeur de l’inscription de
la question climatique sur les agendas locaux.
La chaleur comme élément déclencheur : quel type de mobilisation des acteurs et sur quelle cause initiale ? A cet élément d’explication de l’événement caniculaire comme point de départ (notamment
en France et en Europe), il semble qu’il faille alors rajouter un autre élément de
compréhension : celui de la mobilisation des acteurs permettant de comprendre ces écarts
par exemple entre Lyon et Nice.
Pour Lyon ce qui permet d’apprécier l’avancement des démarches en faveur de l’adaptation
c’est donc un autre élément d’explication complémentaire : l’engagement ou la mobilisation
des acteurs. En effet selon l’analyse de nos collègues de Lyon (Rocher, Bouchel, Duong) la
mise en agenda témoigne aussi d’une politique volontariste : d’une part le Grand Lyon va
participer au programme européen AMICA en 2006 (Adaptation and mitigation, an integrated
climate policy approach) dont la finalité est de dresser une caractérisation des enjeux
d’adaptation, le projet européen permet également de définir une stratégie d’adaptation
fondée sur l’intégration du végétal en milieu urbain. L’adaptation s’ancre ensuite comme
enjeu sanitaire lors de la publication des « cahiers de l’Agenda Santé ». L’adaptation
s’intègrera ensuite dans le SCOT approuvé en 2010 (les auteurs mentionnent toutefois que
bien qu’intégré aussi dans le plan climat adopté en 2011, la politique climatique du grand
Lyon s’apparente sur ce point davantage à une politique d’atténuation que d’adaptation). La
mise en agenda de la question climatique ne saurait se faire à la faveur d’un seul événement
caniculaire fût-il catastrophique : la mobilisation des acteurs constitue un facteur clé aussi
déterminant pour comprendre non seulement le moment (le temps) et la précocité ou non
des démarches mais aussi les trajectoires qu’empruntent la notion au fur et à mesure de ses
appropriations.
Renforçant ce constat d’une mobilisation nécessairement associée à la survenue d’un
événement « extérieur », rappelons l’exemple de la ville de Nice analysée par Anne Tricot,
Jacques Lolive et Damienne Provitolo : par contraste la ville de Nice semble être
relativement tardive dans sa prise en charge de la question climatique, puisqu’elle n’initie
19
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
son PCET qu’en 2011 pour l’adopter définitivement le 20 décembre 2012. Il semble que
l’élément déclencheur à Nice soit d’un autre ordre et s’inscrive dans une temporalité
différente, mobilisant l’essentiel de l’attention collective et institutionnelle. Le point de départ
est la crue de novembre 1994 dans la vallée du Var : cet événement de grande ampleur a
dépassé largement la crue centennale31. La crue de 1994, la mobilisation dont elle sera
l’objet seront à l’origine de tout un ensemble de démarche planificatrices, depuis la mise en
œuvre d’une DTA jusqu’à la réalisation d’une OIN traçant les éléments prospectifs d’une
nouvelle planification urbaine à Nice. Dans le seul champ du risque, elle est également à
l’origine de tout un ensemble de dispositifs de prévention (PPRI Vallée du Var et PAPI).
L’aménagement de la vallée du Var constitue un secteur stratégique des enjeux d’extension
de la ville de Nice et aujourd’hui de la métropole Côte d’Azur, elle n’en représente pas moins
une vallée à risque fort : or cette focalisation sur le risque n’aurait pas eu la même
signification sans une importante mobilisation antérieure et locale (acteurs associatifs et
élus) contre des projets d’infrastructures routières (doublement A8, RN 202 etc.)
transformant cette mobilisation « contre » en réflexion sur le devenir de la métropole niçoise.
L’avènement de cette crue de type catastrophiste, la mobilisation « contre », les enjeux
d’extension, celle « pour » la métropole niçoise à l’ouest de Nice expliquent sans doute d’une
part la focalisation de la collectivité essentiellement sur d’une part un axe enjeux
d’urbanisation et d’extension de la ville de Nice et d’autre un axe risque l’inondation au
détriment d’autres questionnements dont l’adaptation aux changements climatiques. Cette
focalisation pourrait expliquer le relatif retard de la ville et la métropole à mettre en place son
PCET ou du moins le respect strict de son obligation légale à mettre en place un tel plan à
l’horizon 2013.
Si l’on sort maintenant du cadre d’analyse des« villes » pour s’intéresser à celui des régions
les exemples à l’appui de la recherche CACHELEAU sont significatifs : les métropoles de
Lyon et celles de Grenoble semblent pionnières en région Rhône Alpes sur la question de La
« question climatique » (Dubois 201032). En comparaison, la ville de Nice n’a approuvé son
PCET qu’à la toute fin 2012, elle n’en demeure pas moins la première collectivité de la
région PACA à approuver son PCET : on pourra sans doute en conclure à un certain
décalage voire « retard » des collectivités du sud Est de la France, dont certaines sont sans
doute encore très imprégnées d’une ville avant tout adaptée à la voiture. Une situation qui
restera toutefois à nuancer car l’adaptation d’une part, ne peut être confondue avec les seuls
PCET, les exemples de Nice, Lyon, Montréal montrent que des procédures existantes (type
trame verte et bleue, transports en site propre etc.) au titre de la ville durable, vont être
réappropriées et réinscrites dans les démarches d’adaptation aux changements climatiques.
D’autre part il semble que l’adaptation au-delà des procédures, projets, pratiques
institutionnelles ou injonctions, s’apparente une démarche collective en train de se faire. On
assiste alors à un mouvement général de prise en charge de la thématique
environnementale/durable dans les pratiques des collectivités locales et notamment à
l’échelle des procédures de planification et programmation urbaine que sont les SCOT et
PLU : un infléchissement « vert » des villes tout à fait perceptible y compris pour Nice. Il
31
3
Le débit de pointe de la crue centennale était estimé 2000m /s. Depuis 1994, ce débit a été réévalué à 3500m3/s. les études
montrant finalement que ce débit n’était pas si exceptionnel (sûrement sous-évalué) et qu’il pouvait constituer une période de
retour de l’ordre de 50 ans.
32
op cit
20
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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conviendra d’une part de qualifier ces phénomènes de réappropriation traduction des
démarches au titre du développement durable dans celles de l’adaptation ; d’autre part de
qualifier cette transition progressive de modèle de ville du sud du tout voiture (exemple de
Nice) vers un modèle de ville (plus) durable et en quoi elle prépare à l’adaptation.
Ces constats nous mènent alors vers plusieurs types de questionnements complémentaires,
dans les lignes suivantes nous mettrons en évidence quelques questions problématiques
que l’on retrouve notamment dans plusieurs documents de références, analyses qui ont été
reprises et enrichies par nos collègues à la lumière des entretiens exploratoires de terrain.
Dans un deuxième temps nous soulignerons davantage les questionnements nouveaux
apportés dans ce projet.
2.2. Des questionnements partagés et enrichis par les premières analyses de terrain La ville durable est-­‐elle une ville adaptée ? La lutte contre le réchauffement des villes et les impératifs urbains en matière de
développement durable peuvent avoir des considérations similaires : ainsi la réflexion sur les
modes doux de déplacements, la priorité accordée aux transports collectifs etc. objectifs
issus du développement durable, enrichissent voire renforcent les politiques actuelles en
matière d’atténuation et d’adaptation aux CC. La densification urbaine comporte de
nombreux atouts permettant aux villes de tendre vers la durabilité par la mixité sociale, la
réduction des déplacements motorisés (réduction de la consommation d’énergie et des
nuisances, congestions, bruit etc.) et l’accessibilité à de nombreux services collectifs. Ce
type de forme prônée par la durabilité tente de pallier les effets d’un urbanisme fonctionnel
où activités, logements, et loisirs étaient localisés dans des zones séparées : un modèle
connaissant aujourd’hui ses limites, « les cités » constituant actuellement un des symboles
des espaces de la relégation (Donzelot, 201333).
Diminution des ICU et densification des villes sont-­‐elles des approches incompatibles ? La ville dense constitue le modèle fétiche de la ville durable, au point d’ailleurs qu’il semble
difficile de la remettre en question. Concernant l’approche par la forme urbaine, la
transposition de la ville dense, durable à la ville adaptée pose celui de sa compatibilité : il
semble qu’il y ait une contradiction « entre la diminution de l’effet de l’ICU et le principe
premier de l’aménagement durable, la densification urbaine ». La forme urbaine, la hauteur
des bâtiments, la largeur des rues influent sur la formation des ICU, c’est pourquoi les
premières études préconisaient une forme urbaine diffuse, les bâtiments étaient disposées
au milieu d’espaces verts pour éviter les contrastes thermiques. Puis ensuite viendront des
études (Descartes, 2009) en faveur de la réalisation de ceintures vertes (posant alors la
question du grignotage des espaces agricoles en périphérie). L’opposition densification/lutte
contre les ICU n’est pas clairement exposée dans les travaux récents sur les solutions
d’aménagement. Il apparaît en filigrane qu’elles s’orientent actuellement vers la densification
33
Donzelot J. (2013), La France des cités. Le chantier de la citoyenneté urbaine, Fayard.
21
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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avec l’introduction de nature de manière interstitielles dans les rues, sur les toits ou les murs
(IAU IdF p. 25).
Cette réflexion est reprise et enrichie par nos collègues de Lyon : la ville dense correspond
non seulement au modèle de ville durable, il correspond également à celui d’une politique
d’atténuation visant à limiter les effets de serre, cependant il ne correspond pas forcément
au modèle de ville adaptée (ville étalée) opposition soulignée par Cyrhia Emélianoff
(Emelianoff, 200434). L’opposition ville atténuée, ville adaptée, n’en est pas forcément une en
pratique : elle fait plutôt l’objet d’une articulation, ainsi nos collègues montrent que ce sont
deux notions qui ne s’appréhendent pas l’une sans l’autre dans le modèle fédéré par le
Grand Lyon. Cette articulation est complètement perceptible dans le nouveau PLU du Grand
Lyon. La « question de la densité appréhendée dans le futur PLU intercommunal, amène les
acteurs à réfléchir sur une transversalité à apporter dans la manière de penser la ou les
formes urbaines adaptées à l’aléa chaleur ». Les auteurs citent un extrait d’entretien : “Pour
être une réponse intelligente elle doit être pensée de manière systémique dans le but d’un
équilibre global. Pour des raisons de vie et de pratiques, on va opter pour une ville
compacte, mais cela doit se faire en intégrant des climatiseurs urbains tels que le végétal et
la présence de l’eau”.
« Le verdissement comme solution » : des solutions existantes réappropriées dans le cadre de l’adaptation Un certain nombre d’actions préexistantes et relevant d’autres référentiels (dont le
développement durable) sont donc intégrées dans des actions revendiquées aujourd’hui au
titre de l’adaptation. Il ne s’agirait pas d’actions réellement nouvelles : ainsi Gilles Debizet
souligne que de nombreuses actions déjà entreprises en faveur du verdissement se
retrouvent « recyclées » dans les actions au titre de l’adaptation. Gilles Debizet, Danielle
Dagenais nous rappellent également que ces actions de recyclage s’illustrent dans les
ruelles, les jardins publics et le verdissement des toits à Montréal (nous renvoyons pour plus
de détails à leur contribution mise en annexe) ; la réalisation de trames vertes à Grenoble,
Lyon. Constat corroboré par Anne Tricot au sujet de Nice, pour la réalisation les trames
vertes (coulée verte sur le Paillon) et trames vertes et bleues de la vallée du Var dont les
dispositifs existaient et semblent intégrés au titre de l’adaptation.
Ces constats posent également d’intéressants questionnements sur le déroulement de
l’action publique et sa capacité d’innovation : il ne semble pas anormal que le temps de
déroulement de l’action excède le calendrier initial et rencontre alors d’autres objectifs
relevant d’autres référentiels, les absorbant alors en partie. Or l’adaptation est-elle juste une
simple absorption ou une recyclage des actions déjà réalisées antérieurement au titre
d’autres référentiels ? Inversement l’adaptation n’est pas forcément synonyme d’innovation,
elle peut s’appuyer sur des solutions connues éprouvées. L’adaptation pose alors la question
de l’innovation comment s’opère-t-elle en faveur de quels dispositifs ? Quels types de
raisonnements théoriques doit-on mettre en place pour en rendre compte ? C’est une
question sur laquelle nous nous proposons de travailler à l’appui de concepts relatifs à
l’innovation présentés brièvement dans ce rapport par Jacques Lolive. Complétant cette
34
Emelianoff C, Urbanisme Durable ?, Ecologie & Politique, 2004/2 N°29, P. 13-19. Doi : 10.3917/Ecopo.029.0013.
22
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
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et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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réflexion sur l’innovation, quelques concepts pourront y être associés tels que la notion
d’objet-frontières (Griesemer et Star, 198935 ; Vinck 200936).
De même que l’ilot de chaleur semble devenu la figure emblématique du réchauffement
urbain, une solution revient de manière récurrente dans l’adaptation aux effets du CC, il
s’agit du verdissement des villes. La présence du végétal dans la ville accompagne l’histoire
de l’urbanisme, d’abord conçu comme parc et infrastructure accompagnant les services
rendus par divers équipements (voiries, stationnement, eau), il a été plus récemment intégré
de manière multifonctionnelle à la fois au titre de la biodiversité et des fonctions sociales et
urbanistiques d’une nature en ville : un article récent paru en 2012 dans la revue Vertigo
(Lofti., Weber C., Di Pietro F. et Selmi W, 201237) nous rappelle les étapes principales du
changement de regard de la place du végétal en ville. Pour ne reprendre que les deux
dernières décennies, ce sont alors durant les années 1990 avec l’avènement de l’urbanisme
durable, que la place du végétal dans la ville évolue : les trames vertes, bleues deviennent
des références incontournables des documents d’urbanisme. Est également mise en avant
également la nécessité d’ouvrir de nouveaux parcs urbains. « L’accumulation de plans, de
chartes et de documents d’orientation stratégique participe du rabâchage, de l’inscription de
la marque “espace naturel” dans les documents d’urbanisme ( (Lofti., Weber C., Di Pietro F.
et Selmi W, 201238). Par la suite, en France la loi SRU de 2000 incitera les politiques
urbaines à la préservation des écosystèmes et des espaces verts. C’est durant les années
2000 que les notions de « vert », « d’écologie », « de nature ou de durable » commencent à
connaître un franc succès notamment à travers des dispositifs de type coulée verte, écoquartier, parc urbain naturel, ville durable etc. (Clergeau P., 2007), (Blanc N., 2009), (Arrif T.,
2011).
Laurence Rocher, Florine Bouchel et Catherine Duong, à propos de la charte de l’arbre à
Lyon. La charte de l’arbre est une action pilotée par le Grand Lyon et son service « Arbres et
paysages ». Typiquement il s’agit d’une action mise en place durant l’année 2000 sans doute
en référence au développement durable et qui sera revisitée ultérieurement en 2011 dans
l’optique d’intégrer les impacts du changement climatique. L’approche en 2011 se fait par le
végétal et la présence d’une nature en ville par les arbres et ce dans une double optique : le
choix d’espèces résistantes et conformes à des conditions climatiques en évolution et
comme climatiseur de l’espace urbain (Bertrand F., Rocher L., 2012). La charte de l’arbre
initie aujourd’hui d’autres actions telles que la réalisation de plantations verticales d’un mur
de l’échangeur de Perrache, projet développé dans le cadre d’ECCLAIRA piloté par l’agence
RAEE (Agence et de l’Energie et de l’environnement en Région Rhône Alpes).
Anne Tricot à propos de la trame / coulée verte de Nice. La ville de Nice est traversée par
deux fleuves côtiers et torrents méditerranéens : le fleuve Var et le Paillon, ils jouent un rôle
majeur dans la formation de la ville. Le Var historiquement un fleuve frontière entre la France
35 Star S.L., Griesemer J. (1989), “Institutionnal ecology, ‘Translations’, and Boundary objects: amateurs and professionals on
Berkeley’s museum of vertrebate zoologie”, Social Studies of Science.
36
Vinck D. (2009), De l’objet intermédiaire à l’objet-frontière. Vers la prise en compte du travail d’équipement, Revue
d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 51-72.
37
Lofti., Weber C., Di Pietro F. et Selmi W, 2012, Évolution de la place du végétal dans la ville, de l’espace vert a la trame verte,
Vertigo, volume 12, septembre 2012, (dossier nature et métropoles), voir http://vertigo.revues.org/12670#tocto1n1.
38
Lofti., Weber C., Di Pietro F. et Selmi W, 2012, op.cit.
23
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
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et l’Italie 39 , situé à l’extrême ouest de la ville de Nice, n’a cessé de faire l’objet
d’aménagements depuis le milieu du 19ème siècle, très artificialisé notamment dans sa partie
aval, les différentes modifications qu’il a subi (endiguements, extractions, abaissement du lit
du fleuve etc.) accompagne précisément l’urbanisation de la ville de Nice, ce dernier ayant
servi essentiellement de ressource à la construction. Actuellement la vallée du Var constitue
l’espace principal de projection des réalisations de la future OIN (Opération d’Intérêt
National), laquelle vise à requalifier et organiser les aménagements dans cette vallée à haut
risque d’inondation 40 . L’OIN se présente comme une opération exemplaire, associant
durabilité, logique d’extension de la future métropole niçoise et gestion du risque
d’inondation de la vallée du Var. La vallée du Var constitue aujourd’hui un des derniers
espaces disponibles permettant l’extension de la ville et de sa métropole : elle accompagne
la logique d’extension de Nice par l’Ouest.
Historiquement un autre cours d’eau a joué un rôle dans l’aménagement mais également
dans la culture niçoise, il s’agit du Paillon cours d’eau central qui vient se jeter dans la mer
au sud de l’actuelle place Massena. Accompagnant le plan régulateur de 1860 dessinant la
trame urbaine de la future ville nouvelle, le cours d’eau du Paillon va être d’abord être pourvu
d’un pont permettant ainsi de relier la ville ancienne avec les quartiers construits sur la rive
droite du Paillon. Puis durant les années 1920, le cours d’eau sera entièrement recouvert,
l’extension de la ville (Plan Cornudet) devant « comporter des nouveaux quartiers de luxe
avec de grandes voies de communication facile de grands parcs et une gare centrale de
voyageurs ». Du fait de sa totale couverture, le Paillon est rendu actuellement totalement
invisible dans la ville de Nice. Le projet de Trame/Coulée Verte débuté en 2010, prévoit de
réinsérer de manière symbolique le tracé du Paillon dans la ville. Il est constitué de
l'aménagement d'un parc urbain de 12 hectares au coeur de Nice, depuis le Théatre National
(TNN) jusqu'à la Promenade des Anglais et la mer. Symbole du lien retrouvé entre le VieuxNice et la ville "moderne", ce vaste espace public prendra place sur la couverture du Paillon.
Sans revenir sur la couverture du Paillon, cet aménagement nécessite la destruction de deux
infrastructures majeures, construites dans les années 70 : la Gare Routière de Nice et le
Parking Shell (parking public de 450 places. La démolition de la Gare Routière a débuté le
31 janvier 2011, et la première phase de cette démolition (partie Nord) devrait s'achever au
mois de septembre de la même année. Le parking public a été détruit en 2012. La majorité
des arbres présents en toiture ont été préservés et doivent être réintégrés à la Coulée Verte.
petits aménagements hydrauliques (jets d’eau et jardins d’eau) y sont conçus, associés aux
De nombreuses plantations ce nouvel espace est avant tout conçu comme un espace
d’agrément et de rafraîchissement de la ville. Espace de jonction de la ville avec la mer, il
sera assorti d’une passerelle enjambant la (très routière) promenade des Anglais.
Danielle Dagenais rappelle que l’établissement de trames vertes et plus largement les
actions en matière de verdissement, répondent à un ensemble de préoccupations
environnementales et sociales dont la biodiversité, à la gestion des eaux pluviales, à la
réduction des îlots de chaleur et à l’amélioration du cadre de vie. Depuis peu, à ces
préoccupations s’est ajoutée l’adaptation aux changements climatiques. Elle rappelle que
39
Le rattachement du Comté de Nice à la France ne date que de 1860.
Les débits centennaux du fleuve Var sont de l’ordre de 3000m3/s, les crues exceptionnelles hors crue centennale peuvent
atteindre 5000m3/s.
40
24
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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l’adaptation et la mitigation des changements climatiques constituent un « thème intégrateur
de ce plan ». Le verdissement, lui, est invoqué par le biais d’actions diverses ciblant la
réduction des îlots de chaleurs, l’apaisement de la circulation, l’agriculture urbaine, etc. (Ville
de Montréal, 2010). Pour une lecture plus approfondie nous renvoyons à sa contribution
proposée en annexe de ce rapport.
Le verdissement de la ville, ses différentes appropriations se matérialisent sous la forme de
trames (vertes, bleues) de chartes, de parcs ou d’approches plus récentes tels que des écoquartiers. Les formes et les fonctions multiples que le verdissement prend dans l’espace
urbain s’ancrent dans des pratiques mises en place durant les années 2000 par le
développement urbain durable, elles dénotent un infléchissement vert dans l’urbanisation
des villes. Nous l’avons souligné précédemment, les politiques d’adaptation reprennent
assez naturellement ces actions déjà existantes et qui ont acquis une certaine légitimité, les
lignes suivantes se proposent de préciser davantage ces effets d’appropriation ou de
traductions dans la perspective de l’adaptation.
Verdissement et réduction des chaleurs en ville, réflexions critiques Rappelons le travail de thèse de Morgane Colombert (200841) identifiant un ensemble de
onze leviers d’actions concernant les bâtiments (forme enveloppe, fonctionnement), les
espaces publics (forme, composition, géométrie, arbres d’alignement et espace végétalisé),
organisation urbaine (densités, agencement, forme). D’autres auteurs se concentrent
essentiellement sur deux facteurs principaux de réduction des chaleurs en ville :
l’augmentation de l’albedo et des surfaces végétalisées, particulièrement dans les villes
anciennes où les marges de manœuvre peuvent être plus limitées (Desplat, 2010).
Dans sa contribution à notre rapport, Gilles Debizet, en précise toutefois quelques aspects
problématiques. La lutte contre les ICU passe par un ensemble d’actions sur le milieu urbain
dont la végétalisation, l’augmentation de l’albedo des toits, la création d’espaces humides ou
de jets d’eau, la déminéralisation des sols or l’accent semble principalement mis sur les
actions relevant de l’aménagement paysager et accessoirement sur celles de l’architecture
(toiture, forme bâtie aérable), de l’ingénierie et des sols. D’autres solutions telles que la
suppression des obstacles à l’écoulement de l’air, la réduction de l’inertie thermique des
matériaux et l’ombre, relevant davantage du confort d’été des bâtiments, bien connues des
architectes, elles ne sont pourtant pas intégrées dans les documents d’urbanisme. Cette
analyse rejoint également un constat principal, la canicule de 2003 semble avoir contribuer à
une focalisation sur le risque canicule par rapport aux ICU au détriment d’autres approches
telles que le cadre de vie, la pollution.
Le verdissement comme dispositif de gestion des chaleurs et du ruissellement des eaux urbaines, réflexions pratiques Danielle Dagenais à l’appui d’une revue de littérature sur la question, montre que le
verdissement constitue une solution multifonctionnelle à l’adaptation articulant la gestion des
ilots de chaleur urbain et de gestion des eaux pluviales (réduction des débits de pointe et de
41
op. cit.
25
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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ruissellement et amélioration de la qualité des eaux). Sa perspective pratique est
principalement centrée sur l’analyse et la recherche de solutions alternatives au tout réseau,
dans une perspective principale d’adaptation. Nous en rappelons ici quelques aspects
principaux :
• L’interception de l’eau et le ralentissement de sa course par les parties aériennes de la
végétation (feuilles, rameaux, tiges, troncs) et la litière formée des feuilles et autres débris au
sol
• L’évaporation de l’eau interceptée par les végétaux et au sol (Barry et coll., 2009;
Labrecque et Vergriete, 2006; Lymes, 2000).
• Le maintien ou l’amélioration de la porosité du sol essentielle à l’infiltration de l’eau (Le
Coustumer et coll., 2012; USEPA, 2006; Marsh, 2005; Ontario Ministry of Environment,
2003; Brady et Weil, 2002). Cet aspect n’entre pas en jeu dans le cas des marais filtrants et
des noues humides dont le fond est imperméable de façon à y conserver de l’eau en
permanence.
• L’absorption de l’eau infiltrée dans le sol puis sa transpiration ou son intégration dans la
biomasse végétale (Barry et coll., 2009; Meyer et coll., 2008; USEPA, 2008).
Associés à ces fonctions remplies par les végétaux, de petits équipements complètent
permettent de renforcer cette gestion alternative : ce sont les noues ou les zones de biorétention, de filtration, les jardins de pluie (formes de jardins d’eau) permettant de réduire les
volumes d’eau en surface et en profondeur. Les toits verts contribuant essentiellement à la
diminution des ruissellements.
Leur rôle dans l’amélioration de la qualité des eaux,
La réalisation des dispositifs végétaux se conçoit également pour l’amélioration des eaux
pluviales. Dans leur partie aérienne, les végétaux agissent comme un filtre contribuant à la
rétention des matières en suspension (MES, contenant des métaux lourds, nutriments,
pathogènes) et des matières flottantes ainsi qu’à la dégradation des micro-organismes de la
rhizosphère.
Leur rôle sur le rafraîchissement des villes et la lutte contre les ilots de chaleur urbains
Plusieurs mécanismes participent à la réduction des effets de chaleur urbains par la
végétation et les sols des espaces végétalisés.
• L’évapotranspiration des feuilles, des végétaux et des sols contribuent à une climatisation
de l’air ambiant.
• La réduction de l’absorption de chaleur des surfaces urbaines et de manière conséquente
du réchauffement par l’effet d’albedo élevé de certains végétaux. De manière associée,
l’ombrage des arbres contribue au confort thermique.
26
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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En précision de cette approche, elle rappelle d’une part que ces effets sont à nuancer selon
les divers types espèces et tailles de végétaux. A noter également qu’en fonction du
positionnement même des arbres dans la morphologie urbaine l’influence sera plus ou moins
importante sur le rafraîchissement attendu. Articulant gestion de l’eau et des ilots de chaleur
urbain dans la perspective de l’adaptation, Danielle Dagenais rappelle par ailleurs que les
techniques alternatives de gestion des eaux contribuent également à la réduction de la
chaleur en ville. Les noues et zones de filtration par le capacité de rétention et de biofiltration permettent de maintenir un apport en eau au sol et aux végétaux en période de
sècheresse. Les marais et noues humides par l’évapotranspiration jouent un rôle dans le
refroidissement des zones environnantes. Elle rappelle enfin le rôle des végétaux dans le
maintien de la biodiversité en ville.
Pour plus de précisions, nous renvoyons aux textes proposés en annexe (annexe 2 pour
Gilles Debizet, annexe 3 pour Danielle Dagenais) du rapport intermédiaire.
Des initiatives essentiellement locales : quelques caractéristiques La mise en œuvre de l’adaptation dans les politiques urbaines montre encore une grande
diversité des approches. Concernant l’intégration de l’adaptation dans les politiques
urbaines, une référence en France semble incontournable : celle de la réalisation des Plans
Climat-Energie Territoriaux (PCET). La loi dite Grenelle I 42 encourage les communautés
d’agglomération, les départements et les régions à mettre en place des PCET de plus de
50000 habitants avant 2012. On rappellera déjà que le PCET est un document stratégique
visant à mettre en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation dans une perspective de
développement durable (principes environnementaux, sociaux et économiques). Le rapport
de l’IAU, nous rappelle les principales étapes de la démarche en terme de planification :
« une mise en contexte avec des rappels sur le changement climatique et les prévisions du
GIEC, ainsi que sur les grands engagements nationaux (conférence de Rio 1992, Protocole
de Kyoto 2009, sommet de Copenhague 2009), européens et nationaux (en France Grenelle
de l’Environnement 2009, Plan national de lutte contre le changement climatique 2011) de
réductions des émissions de GES. Ces présentations plus ou moins longues selon les
documents permettent ensuite d’introduire les justifications quant à l’élaboration du PCET et
la démarche engagée par la collectivité pour y parvenir. Viennent ensuite déclinés selon
plusieurs modalités les axes stratégiques, les propositions et enfin les dispositifs
d’application » (IAU IdF, 2010, p 39).
Les caractéristiques de la démarche proposée par les PCET sont les suivantes : une
démarche de type participatif mais séquentielle. En amont une première phase pour la
définition et l’appropriation par les acteurs des thématiques et modes d’organisation
principaux (3-6 mois). Les PCET comportent ensuite quatre autres phases : une phase de
diagnostic (6-12 mois), une phase de construction (12 mois), une phase de mise en œuvre
des décisions ; une phase d’évaluation des actions mises en œuvre en continu. La
42
Loi n°2009-967 du 3 août 2009 (J.O. du 5 août 2009), art.7.
27
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
démarche relativement séquentielle reste une démarche cadre où finalement les orientations
n’ont rien d’obligatoires, il s’agit davantage de pistes que les collectivités ont le choix de
mettre en œuvre ou d’ignorer, la place est relativement grande pour l’initiative. Qui plus est,
l'élaboration des PCET s'est effectuée de façon beaucoup plus itérative ; la connaissance de
solutions incite à poser le problème auquel ces solutions répondent, les orientations sont
d'ailleurs définies pour accueillir un nombre similaires d'actions (Debizet, Dubois 201143)
Au Québec, les collectivités ne sont pas tenues d'élaborer un plan d'action qui regrouperait
atténuation et adaptation. C'est de leur propre initiative que les collectivités s'emparent de la
question de l'adaptation, le gouvernement provincial se charge seulement de les alerter et de
les stimuler. Selon l’analyse de notre collègue Debizet menée dans le cadre du projet de
recherche "Chemins de l'innovation durable" et restituée dans la contribution située en
annexe, la démarche été initiée d’abord dans le cadre d’études financées par l’Institut
National de Santé Publique du Québec (INSQ), élaborant un plan d’action ciblé, entre autres
sur l’urbanisme. L’étude de référence est celle de Mélissa Giguère (2009), pour l’INSQ
développant diverses possibilités en terme d’aménagement en proposant des approches à
l’échelle de la ville ou du quartier et des approches à l’échelle du bâtiment.
Qu’elles se réfèrent on non à un plan, il semble que la caractéristique commune à ces
démarches françaises ou québécoises est qu’elles sont essentiellement impulsées à
l’échelle locale, tout en étant connectées aux enjeux internationaux.
Gilles Debizet rappelle que la compétence urbanistique est diversement répartie en France
et au Québec. De part et d’autre, il s’agit d’une compétence essentiellement assurée par les
collectivités locales mais pas exclusivement : la planification urbaine et l'encadrement de la
construction sont réparties entre des autorités publiques de différents niveaux,
•
En France, les règles techniques de construction sont du ressort exclusif de l'Etat ; au
Quebec, quatre échelons territoriaux contribuent à les définir : fédéral (le Canada), provincial
(le Québec), municipal (ville de Montréal par exemple) et dans le cas de Montréal, les
arrondissements,
•
en France, les règles d'urbanisme ou d'occupation des parcelles sont fixées par la commune
(cas de Grenoble) ou, dans quelques grandes agglomérations, par l'intercommunalité (cas du
Grand Lyon) mais elles sont strictement encadrées par le code (national) de l'urbanisme: elles
ne peuvent concerner des performances du bâtiment ni la nature des matériaux de
construction ; au Québec, ces règles sont fixées par la municipalité et par l'arrondissement
(cas des villes de Montréal et de Québec),
•
en France, la planification urbaine (stratégie de développement de la ville) est généralement
fixée par la commune (cas de Grenoble) et parfois par l'intercommunalité (cas du grand Lyon)
en cohérence avec un schéma établi à l'échelle de la métropole par un groupement
représentant toutes les communes ; au Québec, la planification urbaine est menée à quatre
échelles : l'arrondissement (seulement pour les villes de Montréal et de Québec), la
municipalité, l'agglomération (en l'occurrence l'Ile de Montréal composée de 14 communes) et
la métropole (en l'occurrence une soixantaine de communes en plus des 14 communes de
l'agglomération).
43
Debizet G., Duboois P., S’adapter à l’adaptation ? Mobilisation des acteurs et recours à l’expertise dans l’élaboration des
PCET, Colloque " Renforcer la résilience au changement climatique des villes", Metz 2011, HAL : halshs-00699310, version 1
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Toujours selon G. Debizet, deux situations conjoncturelles méritent d'être signalées :
•
En France, la mise à l'agenda de la lutte contre le changement climatique est imposée aux
collectivités locales de plus 50 000 habitants : la loi du 12 juillet 2010 les oblige à réaliser un
Plan Climat Energie Territorial (PCET) avant 2012. Orientation adoptée par un nombre
croissant de villes depuis le début des années 2000, l'atténuation des émissions de GES
occupe la place prépondérante dans ces plans (Dubois et Debizet (dir) 2010). Préoccupation
beaucoup plus récente, l'adaptation aux effets du changement climatique fait généralement
l'objet d'un diagnostic de vulnérabilité et d'un plan d'actions transversal aux secteurs de
l'action publique locale y compris l'urbanisme. Les agglomérations de Grenoble et de Lyon
n'avaient pas attendu l'injonction de l'Etat pour élaborer leur "plan climat" mais chacune ne
traitait quasiment que l'objectif d'atténuation (Roux et Dubois 2011).
•
Les villes de Montréal et de Québec ont subi des évolutions institutionnelles radicales depuis
une dizaine d'années. En 2002, l'ensemble des communes historiques localisées sur l'Ile de
Montréal ont été réunies dans une seule collectivité mais en 2006, 15 des arrondissements
défusionnent et les 19 restant dans la municipalité de Montréal bénéficient de pouvoirs accrus
et notamment de l'élaboration d'une partie des règles d'urbanisme et de la maitrise de la
procédure d'autorisation de construire. Les limites de responsabilité des arrondissements et
de la municipalité sont complexes et peut-être pas stabilisée, de nombreuses actions
requièrent des ajustements et une coordination entre la municipalité et les arrondissements.
Il rappelle enfin qu’une analyse de la prise en compte de l'ICU doit être relativisée selon le
contexte institutionnel : la répartition des compétences en urbanisme (au sens large du
terme), propre à chaque pays, voire à chaque ville.
Atténuation / adaptation : Le changement climatique, son atténuation et son adaptation constituent des enjeux majeurs
pour les sociétés humaines et les villes. Selon le rapport du GIEC (2007), atténuation et
adaptation sont deux actions qui sont complémentaires et liées : l’atténuation implique des
actions au niveau global, tandis que l’adaptation s’exprimerait davantage à l’échelle locale.
Par ailleurs, ce qui peut être perçu comme des mesures d’atténuation, peut constituer
également des mesure d’adaptation, analyse que l’on trouve également dans le travail de
Laurence Rocher sur Lyon (nous en reprenons quelques lignes dans le paragraphe consacré
aux formes d’actions de type pragmatique). A première vue, les actions d’atténuation
semblent se concentrer essentiellement sur le bâti : or ces mesures peuvent aussi être
considérées comme des mesures d’adaptation ; l’adaptation du bâti (rafraîchissement de
l’intérieur de bâtiments autre que la climatisation électrique) ou la limitation des rejets de
chaleur par les véhicules motorisés, constituent des mesures d’atténuation. Inversement,
l’atténuation des îlots de chaleur urbains pourrait constituer une adaptation aux
changements climatiques (IAU, IdF, 2010, p17). Par ailleurs, selon l’analyse de Danielle
Dagenais, l’adaptation semble essentiellement s’exprimer dans les actions sur le végétal or
elle implique des choix d’espèces plus résistantes choisies en fonction des changements
climatiques anticipés cependant, certaines formes de verdissement constitue également une
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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action d’atténuation au titre par exemple de la réduction des effets de chaleur, ou de la
filtration de la pollution ou de la limitation des ruissellements en ville.
La coupure atténuation/adaptation semble assez bien entérinée par la littérature ; cependant
les observations de terrain montrent une réalité plus complexe où ces deux approches
semblent davantage se relayer. Cependant et malgré ces constats, les logiques d’actions
locales semblent assez encore séparées, relevant de services, de logiques de projets et de
formes d’expertises qui ne collaborent pas encore pleinement.
Conclusion provisoire L’adaptation tout comme l’atténuation ne semblent pas devoir être cherchées à travers un
seul dispositif mais un ensemble d’actions dont certaines se rattachent directement à la
problématique climatique (PCET en France, par exemple) et d’autres sont antérieures mais
réappropriées dans cette nouvelle perspective (trames bleues, vertes, charte de l’arbre,
coulées vertes, éco-quartiers etc.). Il semble enfin que l’adaptation aux changements
climatiques pourrait appeler à des actions ayant un caractère inédit et ne s’inscrivant pas
forcément dans un chemin préalablement tracé : elle relèvent alors de l’expérimentation.
Enfin, les différentes traductions de ces notions sont opérationnalisées à travers les
documents d’urbanisme (SCOT, PLU pour le cas français) : l’opérationnalisation peut nous
renseigner très utilement sur le glissement atténuation/adaptation et inversement.
Nous avons souligné précédemment que la question climatique n’est pas forcément
l’exclusivité des logiques planifiées « à la française », elle se déroule essentiellement dans le
cadre d’initiatives locales, pratiques44 : c’est sans doute à ce niveau-là que les points de
rencontres entre expériences françaises et québécoises peuvent avoir lieuSelon l’analyse de
Danielle Dagenais, de nouveaux plans d’adaptation seront en cours d’élaboration au Québec
suite à la mise en place de la nouvelle mouture 2013-2020 du programme « Climat
municipalité » du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, de la faune et
des parcs. La situation est donc appelée à changer dans le cours de ce projet de
recherche.2.3. En complément des constats précédents, quelques enseignements originaux de Cachaleau Des logiques d’actions pragmatiques Les travaux de Laurence Rocher, Florine Bouchel, Catherine Duong, d’Isabelle Thomas
(Institut d’urbanisme - Université de Montréal) mettent en évidence des logiques d’actions
propres à l’adaptation : elles sont essentiellement pragmatiques, dont trois caractéristiques
relevées dans cette recherche,
- Les actions d’adaptation se font sans attendre qu’on ait une connaissance certaine ou
parfaite du problème (c’est d’ailleurs aussi ce qui caractérise une des logiques d’actions
relatives au risque, la précaution, nous y reviendrons) : ainsi autour ICU se déclinent deux
44
Qui souffrent peut-être aujourd’hui d’une montée en généralité…
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logiques d’actions complémentaires. D’une part, une logique d’identification de l’aléa à
travers le cadastrage des émissions de CO2, démarche selon l’analyse de Gilles Debizet
que l’on retrouve à Lyon, Grenoble et Montréal)45. D’autre part, à côté de cette logique
d’action basée sur la connaissance préalable, se développent en même temps d’autres
actions dont la nouveauté ne réside pas forcément dans les dispositifs (verdissement,
recherche de fraîcheur, calme, présence de l’eau dans la ville etc.) mais dans leur
transversalité. L’action dans un contexte de connaissance imparfaite caractérise le cadre des
démarches entreprises à Montréal en faveur de l’adaptation aux risques accrus d’inondation
(Rivière des Prairies à Montréal analysé par Isabelle Thomas). En effet, ce projet créé une
méthode d’analyse de la vulnérabilité sociétale et territoriale des communautés situées le
long de la rivière des Prairies. Ce type de méthode d’aide à la décision en intégrant des
scénarios d’inondation permet de caractériser les zones vulnérables en prenant en compte
les incertitudes liées aux changements climatiques. Le but de cette approche est d’une part,
de présenter les enjeux d’adaptation du territoire grâce à la connaissance précise de sa
vulnérabilité dans le contexte des changements climatiques. D’autre part, la démarche
itérative par l’introduction d’atelier avec les acteurs locaux pour le choix des indicateurs de
vulnérabilité favorise leur prise de conscience des défis à envisager dans les choix
d’aménagement territorial adapté.
Les analyses effectuées dans le cadre de ce projet aident ainsi à mieux comprendre, à
identifier et à hiérarchiser la vulnérabilité aux inondations dues au débordement de cours
d’eau, et pouvant affecter les collectivités urbaines. Elles visent à guider les décideurs,
urbanistes et aménagistes, à faire face à ces risques de façon plus efficace, et ceci en
incluant les incertitudes liées aux changements climatiques.
- Seconde caractéristique d’une approche pragmatique de l’action est le couplage
« problem-setting » « problem – solving » : l’approche rationnelle de la planification met le
plus souvent en évidence une forme d’action séquentielle et linéaire, comportant une
première phase, l’identification du problème (« problem setting ») et une second phase, la
mise en place de solutions (« problem solving »). Dans une perspective pragmatique, Donald
Shön46, et de manière complémentaire Hilda Blanco47, pour une analyse pragmatique de la
planification en matière d’urbanisme, montrent que le couplage « problem-setting »,
« problem solving » peut tout à fait se décliner aussi dans l’autre sens : la détention de
solutions conditionnant alors la formulation des solutions. En pratique la réalisation d’actions
s’appuie souvent sur des actions existantes : nous rappelons à ce titre les expériences déjà
soulignées, relevant du développement durable et réappropriées ou traduites dans la
perspective de l’adaptation. Cela pose évidemment le problème de l’innovation dans le
champ que nous étudions dans cette recherche, l’adaptation.
- Troisième caractéristique d’un régime pragmatique de l’action : l’action est en train de se
faire et non nécessairement tracée à l’avance. Ainsi l’action par l’entrée énergétique que l’on
qualifie généralement d’action en faveur de l’atténuation, dans sa mise en oeuvre peut se
45
Une démarche qui renvoie aux travaux de Pierre Lascoumes et al., relatifs aux logiques de décision en situation d’incertitude
et d’exploration du danger, voir Lascoumes P. retrouver
Indiquer référence bibliographique.
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Indiquer référence bibliographique.
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transforme en action d’adaptation, ce sont les premiers enseignements que nous pouvons
tirer des analyses de nos collègues sur Lyon.
En conclusion, on peut distinguer trois grandes modalités de ces actions d’adaptation,
Participative
Incitative (exemplarité des actions)
En recherche de normativité
ICU/gestion des eaux L’approche actuelle sur les effets du réchauffement climatique en ville tend à focaliser sur
une problématique centrale : les ICU et l’effet des canicules estivales. Il semble déjà que
cette question ne puisse pas être abordée de manière uniforme : d’une part l’isolation des
bâtiments pour réduire la chaleur et la déperdition de l’énergie peut rentrer en contradiction
avec la nécessaire respiration des bâtiments, un bâtiment bien isolé en hiver nuit à son
aération. Les décideurs et aménageurs devront alors choisir entre confort d’été et confort
d’hiver (IAU, IdF, p 27). Par ailleurs le réchauffement en tant que phénomène climatique ne
s’exprime pas forcément durant la seule période de l’été : une recherche récente48 réalisée
sur deux décennies a mis en évidence « que sur le site de Nice il existe une inertie
thermique de la ville (décalage temporel des températures minimales et maximales par
rapport à l’environnement rural) et d’un ilôt de chaleur urbain (ICU) l’après-midi et la nuit,
surtout en hiver. Ce phénomène climatique est un phénomène de surface en raison de
l’écrasement de la couche chaude provoquée par les brises topo-climatiques (brise de mer
et brise de montagne). Un ilôt de fraîcheur urbain (IFU) existe en matinée, surtout l’été ». Les
situations sont là encore contrastées .
La focalisation sur les ICU, si elle a permis une avancée dans les pratiques et politiques en
matière climatique suscite des interrogations : l’approche centrée sur le bâti ; le passage au
second plan de la question de la pollution atmosphérique (qui lui est pourtant lié) ; les
risques de contradiction entre une approche climatique et de densification urbaine. La
pratique étant quelquefois plus sage que la théorie, les expériences locales montrent
toutefois que la lutte contre les chaleurs en ville ne se limite pas à la seule lutte contre les
canicules et risques sanitaires elle s’inscrit dans une perspective plus large de cadre de vie :
nous avons déjà évoqué la plupart de ces points précédemment.
Un autre point problématique est pour l’instant le manque de connexion entre les
programmes relatifs à la gestion des eaux urbaines et celui évoqué des chaleurs en ville. La
gestion des eaux urbaines par les collectivités locales, connaît un regain d’intérêt très
important et ce à un niveau mondial. La gestion de l’eau intégrée dans le cahier des charges
des collectivités locales se réfère souvent à la gestion durable du cycle de l’eau, beaucoup
d’expériences proposent un ensemble combiné de solutions de récupération des eaux
pluviales, de limitation de l’imperméabilisation des sols, de réalisation de toitures
végétalisées ralentissant les écoulements de l’eau dans les réseaux, la réalisation d’espaces
48
Indiquer référence bibliographique.
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ou petits aménagements (noues, fossés) intégré à la conception paysagère. Se dessinent
deux grandes préoccupations, gestion des eaux pluviales et aménité paysagère ( dont
relèvent par exemple les thématiques de l’eau dans la ville, du confort, et de la reconnexion
des urbains avec les espaces naturels etc.).
La gestion de l’eau en ville est une thématique étroitement associée au développement
urbain (voir partie I de ce rapport), or malgré les initiatives qui se développent dans le monde
en faveur d’une réintroduction de l’eau dans la ville, il semble qu’elle ne soit pas encore
rattachée à la question de l’adaptation des villes au changement climatique.
Des référentiels différents : La prévention des risques d’inondation, prérogative de l’Etat en France, se réalise au travers
d’outils tels que les PPR pour les risques d’inondation continentaux ou les PPRSM pour les
risques littoraux, ils s’imposent aux PLU locaux A la faveur des récentes catastrophes
(notamment la tempête Xynthia de mars 2010), de la sortie du Plan National d’Adaptation au
Changement climatique (20 juillet 2011), ces outils intègrent des impératifs d’adaptation aux
changements climatiques : l’exemple le plus frappant étant celui des politiques de retrait sur
le littoral ; d’autres exemples moins médiatiques sont les différentes circulaires existantes
concernant la responsabilité incombant aux propriétaires d’ouvrages de défense d’assurer
l’entretien et la sécurité de ces derniers.
A l’échelle locale, la gestion de l’eau incombe aux collectivités territoriales, via
l’assainissement. La compétence assainissement recouvre plusieurs actions : la gestion des
eaux usées et de ruissellement ; la limitation des risques d’inondation ; la préservation de la
ressource en eau et les milieux aquatiques par la maîtrise des pollutions issues des usages
industriels, domestiques et occasionnées par les eaux de pluie (CERTU, 2003 49 ). Au
contraire de l’approche de l’Etat limitant son action à une approche de type réglementaire et
sectorielle, l’intérêt de l’échelle locale est caractérisée par une approche multifonctionnelle
de l’eau. Cependant cette multifonctionnalité ne fait pas forcément référence à l’adaptation.
La gestion de l’eau en France et à l’échelle locale semble s’inscrire davantage dans la
logique du référentiel construit autour des différentes lois sur l’Eau (loi du 16 décembre 1964
relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre la pollution ; loi du 19 juillet
1976 sur les installations classées pour la protection de l’environnement , 3 janvier 1992 dite
« Loi sur l’eau » posant les principes d’une gestion globale et équilibrée de l’eau) et des
directives européennes (directive eaux résiduaires urbaines du 21 mai 1991, directive Cadre
sur l’Eau adoptée le 23 octobre 2000 visant à rétablir le bon état des milieux aquatiques sur
tout le territoire européen, la Directive européenne du 16 décembre 2008 établissant les
normes de qualité environnementale dans le domaine de l’eau. La loi sur l’eau de 2006
(LEMA 30 décembre 2006) instaure la gestion concertée des ressources en eau et la prise
en compte de l’adaptation au changement climatique.
49
DGALN, La ville et son assainissement. Principes Méthodes et Outils pour une meilleure intégration dans le cycle de l’eau
(2003), CEDEROM, Lyon, CERTU (ed). Voir également la synthèse réalisée par le GRAIE, en ligne
http://www.graie.org/graie/graiedoc/doc_telech/actesyntheses/RDV/Lessentiel.pdf (consulté AT, avril 2013).
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Des initiatives naissantes et balbutiantes Le travail de Laurence Rocher, Florine Bouchel et Catherine Duong, nous montre que le
Grand Lyon s’est saisi de la question de l’eau dans la ville notamment à travers la mise en
place de la charte de l’Arbre (2011) encourageant une gestion du cycle de l’eau en relation
avec la gestion des arbres urbains, l’arbre est aussi envisagé dans sa capacité à remettre en
état les sols et les nappes d’eau contaminées. Or nos collègues soulignent que si la gestion
des eaux pluviales était associée à une contrainte et un aléa (Grand Lyon, 2011), aujourd’hui
le Grand Lyon semble s’engager dans une réflexion beaucoup plus globale, des multiformes
de la gestion des eaux. Elle s’exprime notamment par l’alimentation des systèmes de
climatisation, l’irrigation des espaces paysagers et plantés, des toitures végétalisés. Ces
approches composent entre confort urbain et gestion du risque par la ré-infiltration des eaux
dans les sous-sols, la limitation des risques d’inondation et la préservation de la ressource
en eau potable. Cependant l’analyse de nos collègues montre que ces actions en faveur de
la gestion des eaux pluviales est assez peu liée pour l’instant aux politiques d’adaptation : en
tout cas elles ne bénéficient pas de « l’évidence » du lien climat/ chaleurs urbaines que nous
avons évoquée plus haut.
La multifonctionnalité et ses contradictions : La gestion de l’eau dans la ville obéit à plusieurs impératifs : le besoin évoqué
précédemment des urbains d’une reconnexion avec une forme de nature ; la gestion des
eaux pluviales par les équipements techniques et alternatifs. La gestion des eaux en ville se
caractérise par un côté multiforme et multifonctionnel : pour ce dernier aspect, un seul
équipement pouvant jouer le rôle à la fois d’épurateur de l’eau et de jardin destiné à
l’agrément. Pourtant la multifonctionnalité n’est pas exempte de difficultés sur place : par
exemple il peut exister des contradictions entre l’aménagement d’un jardin d’eau destiné à
dépolluer des eaux urbaines situées dans un site anciennement industriel et très chargées
en métaux lourds et la volonté des urbains, des habitants de contempler un « joli » paysage.
Les plantes aquatiques destinées à la dépuration des eaux ne sont pas forcément celles que
se représentent l’esthétique d’un citadin : l’aménageur est alors quelquefois amené à faire
des compromis, entre maintenir les objectifs techniques de son équipement et faire des
compromis tels que planter des fleurs d’agrément autour du dispositif afin de « faire beau »50.
Un réseau ou maillage d’actions en faveur de l’adaptation : L’adaptation n’est pas forcément à rechercher au travers d’un seul dispositif mais d’un
ensemble ou réseau d’actions, qui peuvent former un maillage sur les territoires. Parmi les
actions privilégiées dans cette recherche, nous relevons les actions suivantes,
Les PCET,
Les actions d’atténuation/adaptation sur le bâti
Les actions de type trames vertes, trames vertes et bleues, coulées vertes, chartes.
50
Exemple de Lille, rives de la Haute Deüle et aménagement d’éco-quartiers. GRAIE, (2013), L’eau dans la ville : bien être,
risque, opportunités. Colloque du GRAIE, jeudi 31 janvier 2013 Villeurbanne.
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Les aménagements ponctuels de type noues, plans d’eau, plantation d’arbres ou de
végétaux etc.
Eco-quartiers
Les actions en faveur des modes doux de déplacements (auto-partage ou citelib, piste
cyclable, transports urbains collectifs, covoiturage etc.)
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3 .Axes de la recherche et concepts organisateurs :
3.1. Axes de la recherche Risques / cadre de vie
Une entrée par la vulnérabilités aux risques (et les modalités d’actions face à ces risques
analysées sous l’angle de la résilience et de l’adaptation) et une entrée par le cadre de vie.
La vulnérabilité aux risques concerne par exemple l’entrée dans la question des chaleurs
urbaines et des ICU par la canicule et les risques sanitaires de santé, associés.
Concernant la gestion de l’eau, la vulnérabilité aux risques concerne les inondations
(ruissellements et débordements), les risques sanitaires, éventuellement les risques de
sécheresse.
Mais la gestion des ICU pas plus que la gestion des eaux urbaines ne se limitent à la gestion
des risques, la gestion des ICU renvoie à la gestion de la chaleur en ville par les bâtiments
mais aussi les espaces d’agrément, le verdissement etc. ; la gestion de l’eau renvoie à la
gestion des risques et aux questions d’aménités (réalisation de plans d’eau, zone de
fraîcheur etc.) : ces deux questions seront alors traitées dans le cadre d’une même
thématique générale, le cadre de vie.
3.2. Concepts organisateurs Avertissement :
Les concepts organisateurs sont présentés ici de manière assez synthétique et théorique, ils
feront l’objet d’un approfondissement et d’un ajustement plus fin aux problématiques de la
recherche. Objet de réflexions et collaborations antérieures à cette recherche, ils ont fait
l’objet d’une première présentation dans le cadre du séminaire à Nice des 8, 9, 10 juillet
2013 (voir programme)
a) Articulé à l’axe risque et confort de vie : la vulnérabilité et les modalités d’actions face aux risques, résilience, adaptation • Résilience et adaptation : En complément de l’approche sur la vulnérabilité aux risques, deux réflexions
complémentaires sont proposées : sur la vulnérabilité/ résilience par Damienne Provitolo et
sur l’adaptation par Anne Tricot.
Bien que le terme de résilience soit de plus en plus usité, il n’a été « approprié » par les
sphères académique et opérationnelle que depuis une dizaine d’année, ce qui en fait donc
un concept récent dans le domaine du risque. Malgré cette relative jeunesse (à l’échelle de
la science), l’émergence du concept de résilience peut ici être interprétée comme un
nouveau moment de l’histoire de la gestion des risques et de la compréhension des
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et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
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catastrophes [Reghezza et al., 201251], voire même comme un changement paradigmatique.
En effet, la prise en compte de la résilience des territoires et des sociétés participe
désormais à orienter les discours, la recherche et la gestion des risques.
De plus, sous la poussée des inquiétudes relatives aux changements climatiques, la notion
de résilience se voit aujourd’hui mise en équivalence avec celle d’adaptation au sens où les
comportements de résilience ou d’adaptation constitueraient des facteurs de réduction de la
vulnérabilité [Burton et al., 200252]. Les deux notions renvoient à l’idée d’action (collective)
contribuant à la robustesse des sociétés face aux variations de l’environnement (que ce
dernier ait ou non la forme plus contemporaine de risque).
Résilience et adaptation renvoient enfin à l’idée de catastrophe : cependant la première
désigne l’idée d’une robustesse acquise suite à une expérience de type catastrophique ou
traumatique, tandis que dans la seconde la perspective catastrophique ne désigne pas une
reconfiguration d’un système après coup mais davantage une anticipation. La notion
d’adaptation ne se réfère pas à l’expérience vécue d’une catastrophe, mais davantage à
l’idée de potentialité d’un risque dont la caractéristique est qu’il peut être sans commune
mesure avec le passé, inédit en somme [Simonet, 200953], en cela elle semble aussi se
distinguer de la notion de résilience.
L’adaptation introduit l’idée de perception comme activité cognitive préalable à l’action (de
changement ou de modification) ce qui ne semble pas être une préoccupation des travaux
relatifs à la résilience. Enfin, si l’on devait trouver encore des différences entre les deux
concepts, on pourrait souligner que la résilience renvoie aujourd’hui au champ de la gestion
et de la prévention des risques ; tandis que l’adaptation se présente davantage (dans sa
version la plus paroxystique ou optimiste) comme un substitut global à toute démarche de
prévention, ce qui ne manque pas de soulever des questions éthiques sérieuses en termes
d’inégalités sociales et générationnelles [Godard, 2007 54]. Ceci étant dit, l’adaptation ne
relève donc pas seulement du risque mais de l’innovation (urbaine et sociale). Ce rapide
résumé souligne que si les notions de résilience et d’adaptation ne se confondent pas, elles
ne s’opposent pas pour autant : dans le cadre de cette recherche, on fait l’hypothèse que
chacune renvoie à des logiques d’action complémentaire qu’il conviendra d’identifier. Le
projet de recherche à l’appui de cas-types sera l’occasion de clarifier ces deux entrées.
La résilience,
D’abord utilisé en physique et en métallurgie, le concept s’est enrichi à partir de son
appropriation par différentes disciplines. La résilience a bénéficié de l’essor des sciences
écologiques. Dès 1973, C.S. Holling la définit comme la capacité d’un écosystème à intégrer
dans son fonctionnement une perturbation sans modifier sa structure qualitative avant de
préciser, plus récemment, qu’un système résilient maintient ses fonctions et ses structures
51
Reghezza M., 2012, à paraître. Résiliences urbaines, les villes face aux catastrophes, Éditions du manuscrit, collectif dirigé
en collaboration avec G. Djament-Tran
Burton I., et al. (2002), From impacts assessments to adaptation priorities : the shaping of adaptation policy, Climate Policy, 2,
pp. 145-159.
53
Simonet G. (2009), Le concept d’adaptation : polysémie interdisciplinaire et implication pour les changements climatiques,
Nature Science et Société (NSS), 2009, vol.17, pp. 392-401.
54
Godard, O., 2007, Le rapport Stern sur l’économie du changement climatique était-il une manipulation grossière de la
méthodologie économique ?, Revue d’économie Politique, Dalloz, 2007/ 4 _volume 117, pp. 475-506.
52
37
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
essentielles non pas en préservant un état d’équilibre unique mais en passant par différents
états d’équilibres, stables et instables [Holling55].
Puis, des travaux transdisciplinaires sur les interactions nature-société, et impulsés par les
pressions environnementales et sociales, sont développés par le groupe de recherche
Resilience Alliance. Ce groupe de chercheurs prône le concept de résilience systémique.
Cette notion s’applique à tous les systèmes, qu’ils s’agissent de systèmes physiques,
sociaux, territoriaux. La résilience systémique dépasse la seule idée de résistance au
changement et de conservation des structures existantes pour préférer les notions de
renouvellement du système, de réorganisation, d’émergence de nouvelles trajectoires. Cette
notion ouvre de nouvelles voies de recherche, tant sur les plans conceptuel, méthodologie et
opérationnel, à la gestion les risques émergents. Pour l’action publique, il ne s’agit pas de
reconstruire des stratégies qui soient le pendant de celles mises en place pour réduire les
vulnérabilités, mais d’anticiper la crise en construisant les piliers de la résilience, en
« inventant des futurs inédits, qui ne soient pas le seul retour aux conditions antérieures »
[Lagadec, 201056].
Et si des achoppements scientifiques existent dans le domaine des sciences écologiques,
des questionnements encore plus nombreux persistent au sein des recherches
transdisciplinaires focalisées sur la notion de résilience systémique. Aujourd’hui, les défis
scientifiques (ceux que nous souhaitons aborder) consistent à continuer à investir le concept
de résilience et ses multiples définitions, à comprendre les relations tissées entre les termes
de vulnérabilité et de résilience, à se défaire de l'idée que la vulnérabilité est nécessairement
un concept à connotation négative (fragilité, absence de résistance, blessure,
endommagement) et la résilience un concept à connotation positive [Provitolo, 2012 57 ,
201358 ; Pigeon, 201259], à développer des méthodologies reproductibles et opérationnelles
d’analyse de la résilience des territoires et à questionner les stratégies de résilience à mettre
en œuvre pour surmonter les crises éventuelles.
L’adaptation,
L’adaptation est un concept que l’on doit d’abord aux sciences biologiques, son apparition au
XIXème siècle établit une rupture avec les théories fixistes d’une vie établie par la création
divine. L’idée d’adaptation évolutive introduite en biologie par Lamarck, contient déjà l’idée
de transformation ou de changement. Pour un temps éclipsé par la théorie de la sélection
naturelle de Darwin, la notion refait son apparition en biologie avec les travaux de Rabaud
[1922] et Cuénot [192560]. Ultérieurement, Canguilhem [195061] introduit l’idée d’inventivité
dans l’adaptation au sens où le vivant ne subit pas le milieu, mais par ce processus le
55
Holling, C.S, 1973, Resilience and stability of ecological systems, Ann. Rev. of Ecol. and Syst., Vol. 4, 1-23.
Lagadec P., (2010). De nouveaux concepts pour des risques émergents. In : Cros Gaultier-Gaillard, Harter, Pech,
Catastrophes et risques urbains : Nouveaux concepts, nouvelles réponses, Paris : Lavoisier.
57
Provitolo D., 2012, « The Contribution of Science and Technology to meeting the Challenge of Risk and
Disaster Reduction in Developing Countries : From Concrete Examples to the Proposal of a Conceptual Model
of « Resiliencery Vulnerability ». In : J.-C. Bolay et al. (eds), Technologies and Innovations for Development,
Springer-Verlag, DOI. 10.1007/978-2-8178-0268-8_10
58
Provitolo D., (2013), Resiliencery vulnerability notion - Looking in another direction in order to study risks and
disasters. In : Serre D, Barroca B. et Laganier R., 2012, Resilience and Urban Risk Management, Netherlands,
CRC Press.
59
Pigeon P., (2010) Catastrophes dites naturelles, risques et développement durable : Utilisations géographiques de la courbe
de Farmer, Vertigo, La revue electronique des sciences de l’environnement, 10 (1), avril, http://vertigo.revues.org/9508
60
Cuénot, L., 1925, L’adaptation, Paris, Doin.
61
Canguilhem G., (1952), La connaissance de la vie, Paris Hachette.
56
38
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
transforme. Grâce aux théories de l’information l’adaptation va ensuite être conçue comme
une activité collective. Depuis, elle ne cessera d’être appropriée par différentes disciplines
dont la psychologie, l’anthropologie, la sociologie et la géographie (et l’école de Chicago) :
nous renvoyons pour cela à l’important travail réalisé par Guillaume Simonet [200962] qui
retrace très finement l’évolution du concept jusqu’à son intégration très récente dans la
problématique des changements climatiques [Dahan, 200663].
De manière résumée, il semble que l’adaptation renvoie à quelques questions centrales : le
rapport au temps (long, qui distingue l’adaptation de l’ajustement) ; la question de
l’environnement (naturel, urbain et social), la capacité à modifier et agir sur ce dernier
(déterminisme versus inventivité) ; enfin l’adaptation implique une logique d’action de type
pragmatique (au sens où l’action est menée sans que l’on détienne une connaissance
complète de la situation). Il conviendra dans le projet de retracer l’évolution de ce concept
pour en saisir sa portée opérationnelle, actuelle.
De manière complémentaire, si l’on quitte le domaine conceptuel, pour s’intéresser à
l’appropriation pratique ou empirique de l’adaptation dans le domaine de l’urbanisme et
l’aménagement, il semble que cette perspective soit un fédérateur d’actions impliquant des
innovations urbaines (techniques et sociales) : ce sont les enseignements que l’on se
proposera de tirer des expériences de cette recherche.
b) Articulé à « l’axe risques et confort de vie » : l’innovation comme perspective d’analyse de l’action publique Quelques éléments d’analyse du projet innovant par la sociologie de l’innovation L’invention est la création d’une nouveauté sociale, technique ou organisationnelle
concernant des biens, des services ou des dispositifs. Ce n’est qu’une potentialité.
L’innovation est l’ensemble du processus amenant l’invention à être finalement
utilisée ou pas. C’est l’implantation effective et durable d’inventions dans un milieu.
L’innovation est moins un état, un objet doté de caractéristiques particulières qu’un
processus. Pour décrire ce processus d’innovation, on peut suivre la trajectoire du
projet et tracer le réseau qui soutient l’innovation.
1) Ce réseau d’innovation va s’élargir et se consolider par rallongement, en intégrant
de nouvelles entités. Il inclut les acteurs humains : les porteurs de projets bien sûr
mais aussi les nouveaux alliés et les adversaires du projet.
2) Il inclut également des actants, des entités non-humaines qui contribuent à
l’action, la déclenchent ou la perturbent. Parfois les actants sont des boîtes noires
encapsulant des choix politiques techniques et d’organisation du passé qui vont
peser lourd sur l’innovation.
62
Simonet G. (2009), Le concept d’adaptation : polysémie interdisciplinaire et implication pour les changements climatiques,
Nature Science et Société (NSS), 2009, vol.17, pp. 392-401.
Dahan, A., Guillemot H., (2006), Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise, enjeux géopolitiques,
Sociologie du Travail, 21 p.
63
39
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
3) Convaincre ne suffit pas, il faut intéresser des alliés, notamment des financeurs et
des institutions, c’est-à-dire les recruter pour les faire participer à la construction de
l'objet technique innovant. Le promoteur du projet doit les persuader que la
réalisation de leurs objectifs passe par la réalisation de son projet. Une chaîne
d’intérêts relie alors les alliés au projet. Les redéfinitions (argumentatives,
techniques, etc.) du projet renforcent sa justification et garantissent l’intéressement.
4) Ce processus est « pavé » de controverses à travers lesquelles l’innovation
s’élabore.
Comment penser l’innovation dans la grille d’analyse des politiques publiques ? « Les politiques publiques désignent des actions liées d’un manière ou une autre à
une(des) autorité(s) publique(s) visant à changer une situation perçue comme
problématique… La création de nouvelles régulations suppose toujours des
représentations de l’enjeu, la mobilisation d’acteurs, des ressources à distribuer, des
institutions de cadrage des actions. Elle s’accompagne souvent de confrontation de
connaissances et d’opinion, de conflits d’intérêt et de mécanismes d’arbitrage entre
des positions divergentes… Les questions relatives aux dynamiques de
transformation de l’action publique portent autant sur les mobilisations, la
construction de problèmes et leur mise sur agenda, que sur le jeu et poids des
institutions qui cadrent les demandes et les initiatives des acteurs. Parmi les
dynamiques de changement, l’activité d’évaluation des politiques publiques tient
aujourd’hui une place centrale »64
A partir de la sociologie de l’innovation, nous pouvons pointer quelques pistes pour
que les transformations d’une politique publique soient plus innovantes, en particulier
dans sa phase d’implémentation.
1) L’extension de la catégorie formelle des metteurs en œuvre qui va inclure
désormais une diversité d’acteurs impliqués ou affectés (ressortissants, usagers,
opposants) par le changement induit du nouveau référentiel de la politique publique.
2) L’appropriation par ces nouveaux acteurs des territoires de mise en œuvre.
L’enjeu est le suivant : le niveau local peut-il devenir un espace public, un espace de
débat et de réappropriation des enjeux et des conséquences de la politique publique
transformée ?
3) Une grande attention portée aux outils et instruments de l’action publique car ils
encapsulent des choix politiques et organisationnels passés et peuvent limiter
l’innovation ou parfois la stimuler.
64
Cette présentation générale des politiques publiques reprend la présentation du cours de Pierre Lascoumes L’action publique
et ses transformations, Science Po Paris, 2012-2013.
40
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
3.3. Présentation des séminaires Au cours de la période encadrant la remise du rapport intermédiaire n°1, deux séminaires se
sont tenus :
Séminaire du 25 septembre 2012 depuis Montréal Un premier séminaire s’est tenu le 25 septembre 2012 depuis l’Université de Montréal par
visio-conférence entre les équipes de Nice, Montréal, et Lyon : il avait essentiellement
vocation à établir un premier contact entre les membres de l’équipe.
Réalisé avant la signature de la convention de financement (28 décembre 2012) ce
séminaire a donné lieu à de premiers échanges permettant de définir les principaux axes
organisateurs de la recherche, le risque et le cadre de vie. En complément plusieurs
concepts ont été identifiés comme servant de base théorique aux travaux : vulnérabilité,
résilience et adaptation ; innovation. Les axes de la recherche et les concepts organisateurs
sont des notions travaillées antérieurement au projet Cachaleau par les membres de
l’équipe, ils vont faire l’objet d’une adaptation précise à cette dernière en jouant des allers
retours entre concepts et approches empiriques.
Séminaire des 8, 9, 10 juillet 2013 à Nice : Un second séminaire s’est tenu à Nice les 8,9,10 juillet 2013 (voir programme joint), il avait
pour objet une présentation et une discussion des premiers résultats du rapport intermédiaire
n°1. En outre, il a permis une légère redéfinition des besoins en matière d’appui et de
valorisation de la recherche, le surplus attribué au projet (environ 10000 euros) par rapport à
la demande initiale a été l’occasion d’une discussion sur l’utilisation collective de cette
somme. Le séminaire a été l’occasion de faire une première présentation des résultats de
terrain ainsi que de premières réflexions renvoyant au cadrage théorique, le fruit des
discussions de Nice sera présenté ultérieurement : voir le programme ci-joint. Outre les
discussions théoriques, les rencontres de Nice ont permis une discussion sur les besoins
collectifs à la recherche.
Les discussions ont porté sur plusieurs points :
• L’utilisation des crédits supplémentaires :
L’ADEME attribuant à la recherche une somme supérieure à celle initialement demandée, il
a été convenu de son utilisation collective dans les perspectives suivantes,
- Une demande d’appui à la recherche (préférentiellement sous la forme de stages étudiants
au niveau « M2 ») se fera sur d’une part : sur le traitement de l’adaptation en regard des
chaleurs urbaines à Nice aspect qui n’était pas initialement intégré à la proposition initiale et
qui apparaît comme devant être croisé par rapport à la thématique de la gestion de l’eau.
Cette demande va être formulée sous la forme d’un appel à candidature depuis l’équipe de
PACTE, les candidats retenus contribueront aux travaux durant la période de novembre
2013 à juin 2014, dans le cadre du calendrier des enseignements universitaires. D’autre part,
41
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
un appui semble nécessaire pour approfondir la question du verdissement à Montréal : le
financement obtenu depuis l’ADEME ne nous permet pas d’embaucher directement un
étudiant de l’Université de Montréal. La possibilité de mettre en place un stage depuis
l’Université de Grenoble en appui cette thématique a été évoquée, cependant les coûts de
déplacement excèderaient alors largement l’enveloppe attribuée. Une autre possibilité a été
évoquée, la possibilité depuis l’Université de Montréal de traiter la question du verdissement
en proposant une aide (petite bourse) à un étudiant de niveau M2 : cette prise en charge par
l’Université de Montréal est conditionnée aux possibilités de l’Institut d’Urbanisme sur cette
question. Au cours d’une mission à Montréal (entretiens acteurs gestion de l’eau de la
communauté urbaine de Montréal) Anne Tricot se propose de rencontrer Franck Scherrer,
Danielle Dagenais et Isabelle Thomas dans le courant de la dernière semaine du mois d’août
2013 à Montréal. Elle devra être ajustée au travail déjà piloté par Isabelle Thomas (voir
paragraphe « renforcements à la proposition initiale » ci-dessous.)
- La valorisation : outre la valorisation en fin de projet prévue initialement sous la forme d’un
ouvrage collectif, il est proposé que les résultats finaux de la recherche coïncident avec un
temps fort international, les rencontres Jacques Cartier à Lyon ou Montréal (selon l’année
envisagée), elles seront également conçues comme des moments d’échanges entre
chercheurs et acteurs.
Ces points seront intégrés dans la demande d’avenant puisqu’ils impliquent une gestion
quelque peu différente de la convention initiale.
• Des renforcements à la proposition initiale :
- Une réflexion sur l’adaptation aux risques à Nice et Montréal est proposée depuis l’Institut
d’Urbanisme de Montréal dans le cadre des enseignements de niveau M1, elle est réalisée
par Paloma de Linares étudiante de maîtrise en urbanisme à Montréal et encadrée par
Isabelle Thomas (co-encadrée par Anne Tricot). Cette réflexion sera poursuivie dans le
cadre des enseignements de niveau M2 pour l’année 2013-2014.
- Le troisième séminaire du projet CAChalEau est prévu à Montréal durant la semaine de 2
au 6 décembre 2013 : deux jours seront consacrés aux échanges propre à la recherche ; les
autres jours coïncideront avec un autre temps fort, celui d’un colloque interdisciplinaire
coordonné par Isabelle Thomas (Université de Montréal) et Laurence Rocher (Université de
Lyon II). S’intitulant « Territoires vulnérables, villes résilientes : quelle adaptation
possible dans le contexte des changements climatiques ? », il se tiendra les 2, 3 et 4
décembre 2013. Ce colloque s’inscrit dans une dynamique partenariale entre la France et
le Québec, qui a déjà pris forme autour d’un projet de partenariat stratégique en matière
d’enseignement et de recherche, financé par le Conseil Franco Québécois de coopération
universitaire(CFQCU) sur les politiques urbaines d’adaptation aux changements climatiques
mené par les coorganisatrices (Isabelle Thomas et Laurence Rocher) et par Franck Scherrer
(2011-2013). Associé au projet Cachaleau financé au titre du programme « Observation de
la recherche sur la prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans
l’urbanisme etc. » de l’ADEME, la réflexion sur les vulnérabilités et les stratégies
d’adaptation sera appréhendée du point de vue des enjeux de chaleur urbaine et de gestion
42
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
de l’eau. L’objectif du colloque à Montréal est de mettre en discussion des réflexions
amorcées dans le cadre de ces projets avec d’autres expériences de recherches et
pratiques.
• Une modification du choix des terrains
Afin de pouvoir tenir les deux dimensions du projet à savoir, le croisement de la thématique
de la gestion des eaux et celle des chaleurs urbaines dans une perspective d’adaptation aux
changements climatiques, l’équipe propose les modifications suivantes. Le choix de trois
terrains : Montréal, Nice et Lyon constituent les terrains d’observation seront
systématiquement explorées ces deux entrées ; cette systématisation n’avait pas été
envisagée comme telle dans la proposition initiale. Compte tenu de cette exigence des
chercheurs de l’équipe, le terrain de Grenoble ne pourra être traité comme initialement prévu
: en contrepartie il pourra être envisagé un atelier de restitution à Grenoble impliquant les
acteurs institutionnels.
Demande de modification du calendrier
Rappel de la programmation initiale des étapes de remises des rapports intermédiaires et
finaux :
Signature de la convention : 28 décembre 2012
Rapport intermédiaire n°1 : 27 juin 2013 (remis le 11 juillet 2013)
Rapport intermédiaire n°2 : 28 décembre 2013
Rapport final : 27 juin 2014
Réalisation d’un ouvrage final : entre le 28 juin 2014 et le 27 décembre 2014.
La convention prévoit donc la remise de trois rapports, deux rapports intermédiaires et un
rapport final. La période séparant les deux rapports intermédiaires n’est que de six mois, elle
est finalement assez courte pour produire des résultats réellement nouveaux entre les deux
périodes, de plus elle ne permet pas d’intégrer correctement des étudiants stagiaires qui
débuteront leur tâche en novembre 2013 mais dont le travail s’étirera jusqu’à la fin de
l’année universitaire (juin 2013). Les chercheurs souhaitent une modification du calendrier de
la recherche calé non plus sur les 24 mois initialement prévus (18 mois de recherche et 6
mois pour la réalisation d’un ouvrage collectif) mais sur 30 mois soit 6 mois de plus de délai.
Sous réserve de l’acceptation d’un avenant qui sera demandé par la coordinatrice au cours
du mois de septembre 2013, le calendrier pourrait alors s’échelonner ainsi,
Signature de la convention : 28 décembre 2012
Rapport intermédiaire n°1 : 27 juin 2013 (remis le 13 juillet 2013)
Rapport intermédiaire n°2 : 27 juin 2014
Rapport final : 28 décembre 2014.
Réalisation d’un ouvrage collectif : entre le 28 décembre 2014 et le 27 juin 2015.
Gestion des données, publications et références des chercheurs de l’équipe :
43
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Une charte d’utilisation des données et publications des chercheurs de l’équipe va être mise
en place afin de définir un code de bonne conduite collective à la recherche, il va être
proposé par la coordinatrice et signé par l’ensemble des contributeurs.
Pour faciliter la gestion des références (sous réserve de la possibilité d’un appui technique
de PACTE), un site collaboratif de type « ZOTERO » pourra être proposé à l’équipe
également.
3.4. Programmation de la recherche (si demande d’avenant acceptée) sur 30 mois (24 + 6 mois ) : Début de la recherche : janvier 2013
la
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Lancement
travail d’état de
l’art
Grilles d’analyse
Exploration
terrains d’étude
1
Rapport 1
Etapes
de
recherche/24 mois
er
1 séminaire
(8,9,10/07/2013
à Nice)
`Rapport 2
Rapport
intermédiaire
Collecte
données
de
Traitement
résultats
Enquêtes
complémentaire
s
ème
2
séminaire 5
et
6/12/2013
Montréal
Rapport
intermédiaire
ème
Rapport
final
3
séminaire
(date et lieu à
préciser) Lyon ?
Grenoble ?
Bilan
et
préparation
rapport final
Rédaction
rapport final
Valorisation ouvrage
collectif
44
2
2 2
3 2
4 +
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et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
ANNEXES Annexe 1 : programme du séminaire à Nice – Sophia Antipolis, 8, 9 et 10 juillet 2013 Ces rencontres ont été l’occasion de discuter des premières analyses de terrains et du
rapport intermédiaire proposé à l’ADEME. En complément, une présentation rapide des
questions théoriques a été proposée : les réflexions théoriques renvoyant aux questions de
vulnérabilité/résilience/adaptation tout comme celles relevant de l’innovation sont des
questions font l’objet de recherches et de collaborations antérieures, elles seront ajustées à
la recherche CACHALEAU et contribueront de manière plus approfondie au rapport n°2.
Nota bene :
Les contributions au séminaire n’ont pu être toutes présentées (notamment les contributions
prévues au cours du mardi 9 juillet après-midi) : elles feront l’objet d’échanges entre les
chercheurs et de présentations plus complètes lors des rencontres prévues à Montréal en
décembre 2013.
Lundi 8 juillet 2013 – Site : UMR GEOAZUR, Sophia Antipolis Valbonne
9h 30 – 9 h 45 : Accueil
9h 45 – 12 h 00 :
• Rapide tour de table.
• Récapitulatif des dimensions financières du projet (budget des équipes, état d’avancement
des conventions PACTE et partenaires du projet) et établissement des besoins des équipes
en fonction du reliquat accordé par l’ADEME (environ 10000 euros). Le reliquat accordé par
l’ADEME (plus quelques petites erreurs initiales de l’ADEME lors du montage de la
convention initiale) nécessitent de demander un avenant (septembre 2013).
• Discussion sur les modes de valorisation (rencontre J. Cartier, édition d’un ouvrage
collectif, réalisation d’articles etc.).
• Calendrier et fixation des dates d’enquêtes, des dates des prochaines séances de
séminaire et questions diverses.
12 h -13 h 30 pause repas
Après-midi consacrée aux discussions sur les observations de terrain
13 h 45 – 14 h 45 : La construction de la politique climatique du Grand Lyon vu sous le
prisme des chaleurs urbaines et de la gestion des eaux pluviales. Florine Bouchel, Catherine
Duong, Laurence Rocher Institut d’Urbanisme de Lyon (EVS).
15 h 00 – 15 h 45 : Premier état des lieux de la prise en compte de l’ICU dans les grandes
villes de Rhône Alpes (Lyon, Grenoble), et du Québec (Montréal). Gilles Debizet UMR
PACTE, Grenoble.
46
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
16h00 -17h00 : premiers enseignements de la journée.
Mardi 9 juillet 2013 :
Matinée consacrée à la suite des observations de terrains et à la discussion sur le
rapport intermédiaire
9 h 30 – 10h 30 : Les enjeux d’adaptation de la ville de Montréal vus sous le prisme de la
gestion des eaux de ruissellement/ chaleurs urbaines. Les dispositifs de verdissement
comme outil d’adaptation des villes aux changements climatiques. Danielle Dagenais
(Université de Montréal – Faculté de l’Aménagement – Chaire du paysage).
10 h 30 – 11h 30 : lecture et discussion du rapport intermédiaire. Les croisements, les points
de discussion ce qu’il reste à améliorer pour la remise du rapport n°1 (au 12 juillet 2013).
12 h -13 h 30 pause repas
Après-midi consacrée aux concepts organisateurs de la recherche :
14 h 00 – 14 h 45 : Vulnérabilité, résilience, adaptation. Premiers éléments d’analyse
présentés par Damienne Provitolo (UMR GEOAZUR).
15 h 00 – 15 h 15 : Réflexions sur l’adaptation et modes d’actions (Anne Tricot, UMR
PACTE).
15 h 15 – 15 h 45 : Réflexions sur les questions d’innovation, trajectoires (Jacques Lolive
UMR PACTE)
16 h 00 – 16 h 30 : Réflexions sur les notions d’objet – frontière (Gilles Debizet, UMR
PACTE).
16 h 45 – 17 h 00 : discussion collective
Mercredi 10 juillet 2013 - Campus de Valrose – Nice
9 h 30 – 10 h00 : Présentation de quelques éléments d’analyse des enjeux d’extension de la
ville de Nice, la vallée du Var au risque de l’inondation. Anne Tricot, Jacques Lolive UMR
PACTE, Grenoble. Cette présentation pourra être complétée d’interventions de Damienne
Provitolo GEOAZUR, Valérie San Severino (recherche REVARUNI)
Ces présentations feront l’objet de premiers questions sur l’adaptation de la ville de Nice :
PCET, réappropriation du Paillon dans la ville (enjeux de mise en visibilité du cours d’eau
dans Nice et rafraîchissement de la ville) et autres dispositifs.
10h15– 11h 15 : Présentation du jeu d’acteurs de l’adaptation dans la ville de Nice. Valérie
Godfrin San Severino (Ecoles des Mines - Sophia Antipolis).
11 h 15 – 12 h : discussion collective sur les rencontres, sur les points à améliorer.
12 h 00 – 14 h 00 : clôture du séminaire et repas.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Annexe 2 : La prise en compte de l'Ilot de chaleur urbain dans l'urbanisme au Québec et en France. Gilles Debizet . Avertissement : ce texte est composé des notes de l'auteur élaborées pour la recherche
"Chemins de l'innovation urbaine" financée par l'ADEME 65 . Certains paragraphes sont
directement extraits du rapport intermédiaire remis en mai 2013. Simon Perreault, étudiant
en maitrise d'urbanisme de l'université de Montréal et stagiaire à l'université Grenoble 1
(UMR PACTE) a étroitement contribué à cette recherche en relation avec son directeur de
mémoire Franck Scherrer.
Depuis quelques années, la perspective de réchauffement climatique préoccupe de façon
croissante les villes. La canicule de 2003 en Europe est considérée comme représentative
du climat de la deuxième moitié de ce siècle. Les villes élaborent, avec l'Etat en France, des
plans d'urgence visant à réduire la mortalité en période de canicule mais elles ont aussi
compris qu'elles pouvaient réduire, à plus ou moins long terme, l'exposition des personnes à
la chaleur en agissant sur l'urbanisation et la transformation du tissu urbain existant.
Le concept scientifique d'ilot de chaleur urbain (ICU), selon lequel la température en ville est
plus élevée que dans la campagne environnante a été vérifié dans un grand nombre
d'agglomérations urbaines et a fait l'objet de nombreuses monographies scientifiques par les
spécialistes de la météorologie et du climat depuis une quarantaine d'années. Avec la
perspective de réchauffement climatique, l'ICU est considéré comme un problème ; un
nombre croissant de villes européennes et américaines souhaitent réduire ce phénomène
d'ICU.
Des institutions provinciales s'en préoccupent aussi : le ministère MAMROT, l'Institut
National de Santé Publique du Québec a financé des études et élaboré un plan d'action
ciblé, entre autres, sur l'urbanisme (M. Giguère et P. Gosselin 2006)(Plan d’action de
développement durable 2008-2013 2009)(M. Giguère 2009). En France, le Plan National
d'Adaptation au Changement Climatique (MEDTL 2011) qualifie le phénomène et définit des
actions en matière de connaissance des ICU et recommande des ajustements de dispositifs
d'urbanisme existants ; le Schéma Régional Climat Air Energie de la Région Rhône-Alpes
(Région Rhône-Alpes et DREAL 2011) préconise des actions sur les matériaux et la
végétalisation à mener par les collectivités.
Ilot de chaleur urbain : phénomène, problème et traitement
Si l'ICU est originellement un phénomène physique, il est devenu un problème urbain et la
lutte contre l'ICU englobe un ensemble d'actions sur les espaces extérieurs et les espaces
bâtis de la ville. Ces différentes dimensions de l'ICU relèvent de champs de connaissances
différents.
Le phénomène ICU a été mis en évidence par des micro-climatologues et des
météorologistes à partir de mesures de températures ambiantes. Globalement, deux types
de représentations sont utilisées pour représenter l'ICU dans la littérature scientifique : d'une
part le transect (coupe de la ville selon un plan vertical) surlequel est ajouté la courbe de la
la température ambiante, d'autre part des isothermes tracées sur un fond de plan de la ville
(voir section consacrée à la revue de littérature scientifique). Les principales caractéristiques
expliquant l'ICU sont l'albedo des surfaces, la faible évapotranspiration liées à la faible part
de végétation, la nature des matériaux de revêtement et les formes bâties freinant la
circulation de l'air.
65
Debizet G., Chemins de l'innovation urbaine, Rapport de intermédiaire pour l'ADEME, mai 2013, 53 pages
48
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Le problème ICU perçu par les aménageurs et les urbanistes est associé à un risque
sanitaire ou à un inconfort des personnes et plus rarement à des dommages aux biens.
Contrairement au Québec, les documents français mentionnent aussi les conséquences de
l'ICU en terme de recours à des climatiseurs et d'accroissement de la consommation
énergétique et des émissions de gaz à effet de serre. La cartographie de l'ICU semble
incontournable pour le caractériser et définir le programme d'actions visant à l'atténuer.
Comme nous le verrons, les documents utilisés par les urbanistes et les aménageurs
contiennent généralement des cartes indiquant des températures (généralement
températures de surface).
La lutte contre les ICU passe par des actions générales sur le milieu urbain : la
végétalisation, l'augmentation de l'albedo des toits, la création d'espaces humides ou de jets
d'eau et la déminéralisation des sols sont les plus souvent citées. On notera que la
suppression des obstacles à l'écoulement d'air, la réduction de l''inertie thermique des
matériaux et l'ombre sont mentionnées beaucoup plus rarement et que les dispositions
assurant le confort d'été des bâtiments, assez souvent connues par les architectes,
n'apparaissent pas dans les documents d'urbanisme sur les ICU. En résumé, les solutions
les plus souvent mentionnées relèvent principalement de l'aménagement paysager et
accessoirement de l'architecture (toiture, forme bâtie aérable) et de l'ingénierie de l'eau et
des sols.
Le cadre institutionnel de l'urbanisme et des prescriptions sur les espaces et les bâtiments
En France comme au Québec, l'urbanisme est une compétence essentiellement assurée par
les collectivités locales mais pas exclusivement : la planification urbaine et l'encadrement de
la construction sont réparties entre des autorités publiques de différents niveaux :
en France, les règles techniques de construction sont du ressort exclusif de l'Etat ; au
Quebec, quatre échelons territoriaux contribuent à les définir : fédéral (le Canada), provincial
(le Québec), municipal (ville de Montréal par exemple) et dans le cas de Montréal, les
arrondissements, en France, les règles d'urbanisme ou d'occupation des parcelles sont
fixées par la commune (cas de Grenoble) ou, dans quelques grandes agglomérations, par
l'intercommunalité (cas du Grand Lyon) mais elles sont strictement encadrées par le code
(national) de l'urbanisme: elles ne peuvent concerner des performances du bâtiment ni la
nature des matériaux de construction ; au Québec, ces règles sont fixées par la municipalité
et par l'arrondissement (cas des villes de Montreal et de Québec),
en France, la planification urbaine (stratégie de développement de la ville) est généralement
fixée par la commune (cas de Grenoble) et parfois par l'intercommunalité (cas du grand
Lyon) en cohérence avec un schéma établi à l'échelle de la métropole par un groupement
représentant toutes les communes ; au Québec, la planification urbaine est menée à quatre
échelles : l'arrondissement (seulement pour les villes de Montreal et de Québec), la
municipalité, l'agglomération (en l'occurence l'Ile de montreal composée de14 communes) et
la métropole (en l'occurence une soixantaine de communes en plus des 14 communes de
l'agglomération).
Deux situations conjoncturelles méritent d'être signalées :
En France, la mise à l'agenda de la lutte contre le changement climatique est imposée aux
collectivités locales de plus 50 000 habitants : une loi de 2010 les oblige à réaliser un Plan
Climat Energie Territorial (PCET) avant 2013. Orientation adoptée par un nombre croissant
de villes depuis le début des années 2000, l'atténuation des émissions de GES occupe la
place prépondérante dans ces plans (Dubois et Debizet (dir) 2010). Préoccupation beaucoup
plus récente, l'adaptation aux effets du changement climatique fait généralement l'objet d'un
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
diagnostic de vulnérabilité et d'un plan d'actions transversal aux secteurs de l'action publique
locale y compris l'urbanisme. Les agglomérations de Grenoble et de Lyon n'avaient pas
attendu l'injonction de l'Etat pour élaborer leur "plan climat" mais chacune ne traitait
quasiment que l'objectif d'atténuation (Roux et Dubois 2011).
Les villes de Montreal et de Québec ont subi des évolutions institutionnelles radicales depuis
une dizaine d'années. En 2002, l'ensemble des communes historiques localisées sur l'Ile de
Montreal ont été réunies dans une seule collectivité mais en 2006, 15 des arrondissements
défusionnent et les 19 restant dans la municipalité de Montreal bénéficient de pourvoirs
accrus et notamment de l'alaboration d'une partie des règles d'urbanisme et de la maitrise de
la procédure d'autorisation de construire. Les limites de responsabilité des arrondissements
et de la municipalité sont complexes et peut-être pas stabilisée, de nombreuses actions
requièrent des ajustements et une coordination entre la municipalité et les arrondissements.
L'analyse de la prise en compte de l'ICU doit être relativisée dans le contexte institutionnel
(répartition des compétences en urbanisme au sens large du terme) propre à chaque pays,
voire à chaque ville.
Mobilisation de la littérature scientifique
Contrairement aux documents français, la littérature grise québecoise (issue du MAMROT
ou de l'INSPQ notamment) cite précisément les sources bibliographiques à partir desquelles
la généalogie de du phénomène d'ICU a pu être explorée.
Le phénomène a été découvert il y a un siècle mais c'est surtout depuis les années 60 que
s'est développée une communauté scientifique ou plutôt se sont développées des
communautés analysant ce phénomène. Les géographes physiciens, mesurant et
représentant les températures, ont été rejoints par les météorologues et les climatologues
dont l'objectif consiste à cerner les variables causales et de développer des modèles de
simulation. Ces dernières années, une part importante de la production scientifique est
assurée par les botanistes et les agronomes avec l'objectif d'évaluer l'impact de
l'évapotranspiration des arbres et des plantes dans l'absorption de la chaleur de l'air et
l'abaissement de la température. Moins nombreux à s'intéresser au phénomène, les
énergéticiens étudient les différentes types d'échanges thermiques entre les revêtements exposés au soleil- et l'air et le sol.
Depuis une dizaine d'année, un nombre croissant de publications sur le phénomène et sur le
problème ICU ont été produites à l'intention des décideurs et les experts de la ville :
paysagistes, urbanistes, médecins, architectes ainsi que les élus locaux. Parallèlement, le
problème ICU apparaît dans les documents de planification spatiale et les programmes
d'actions développement durable des villes en France.
Premier état des lieux de la prise en compte de l'ICU dans les grandes villes de Rhône-Alpes
et du Québec
A première vue, la littérature grise des organisations provinciales (Québec) ou régionales
(Rhône-Alpes) présente essentiellement des actions menées dans les grandes villes :
respectivement Montreal, Lyon et Grenoble.
A Lyon, Grenoble et Montréal, la production de cartographie détaillée de l'ICU, plus
exactement des ICU, accapare les urbanistes planificateurs : Agences d'urbanisme de
Grenoble (Lomakine 2011) (Debizet 2011) et de Lyon, Agglomération et ville de Montréal ;
entamée en 2009 ou 2010, cette activité se poursuivait au moment où nous avons mené les
premiers entretiens. Les actions en cours étaient alors pour l'essentiel des actions déjà
50
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
entreprises pour d'autres raisons que l'ICU à savoir la végétalisation : des ruelles, des jardins
publics et des toits à Montréal, les trames vertes à Grenoble et à Lyon. Le choix d'autres
dispositions semble être suspendu à la caractérisation détaillée des ilots de chaleur.
Deux hypothèses peuvent être formulées :
La production de cartes des ICU est une phase incontournable pour la prise en compte par
les urbanistes du problème de la chaleur estivale, elle précède la programmation d'actions,
Cette prise en compte n'est pas suffisamment avancée pour que d'autres dispositions que
celles déjà définies pour d'autres objectifs soient adoptées par les collectivités.
Quelques questions de recherche :
- Quel est le processus de mise à l'agenda politique local de la question de la chaleur
estivale et de mise au point des actions publiques en terme de mitigation des ilots de
chaleur?
- Quelles connaissances concourent à la mise au point des politiques d'adaptation des villes
au réchauffement estival et la diffusion des politiques d'une ville à d'autres ?
- Quels objets intermédiaires et dispositifs facilitent l'appropriation des connaissances
environnementales relatives à la chaleur estivale ?
En quoi les modes de légitimation inhérents aux institutions territoriales et les incertitudes
environnementales déterminent-ils le processus-type de prise de décision ?
Sans viser une analyse comparative France/Québec, les différences observées entre les
deux pays seront mises en relation avec les contextes spécifiques à chacun d'eux.
La spécificité des mécanismes d' ICU (chaleur) vs inondation (eau) amène à formuler des
hypothèses qu'il conviendra de vérifier par une approche comparative :
l'élévation tendancielle - vécue et annoncée - des températures estivales facilite la prise en
compte de la chaleur dans la fabrique courante de la villes vs la dimension aléatoire des
inondations cantonne ce risque à des dispositions techniques spécifiques la spatialité floue
de l'ICU (vs la délimitation précise des zones inondables) conduit à des actions réparties de
façon relativement homogène dans l'espace urbain la chaleur estivale n'est pas seulement
appréhendée en terme de risque, elle l'est aussi en terme d'inconfort et comme un enjeu
d'attractivité (vs la montée des eaux fluviales reste un risque) l'ancienneté des problèmes
liés à l'eau (pollution des milieux, inondation, sanitaire) a pour effet de sortir la question de
l'eau du champ de l'urbanisme vs la nouveauté du problème de chaleur estivale laisse des
possibilités variées d'appropriation par les urbanistes.
Bibliographie :
- Debizet, Gilles. 2011. « RAPPORT SUR L’ATELIER 1. Îlots de chaleur, puits de fraîcheur  : mesures urbaines ».
In L’AMBIANCE EST DANS L’AIR La dimension atmosphérique des ambiances architecturales et urbaines dans
les approches environnementales, 24‑27. Grenoble: Nicolas Tixier.
- Dubois, Patricia, et Gilles Debizet (dir). 2010. « L’adaptation des territoires aux effets du changement climatique
Analyse comparée des acteurs et des politiques publiques dans le cadre des Plans Climat Energie Territoriaux en
Rhône-Alpes ». Diplome de Recherche Technologique Spécialité « Développement territorial », Université
Grenoble 1.
- Lomakine, Cédric. 2011. « RAPPORT SUR L’ATELIER 2. ILOTS DE CHALEUR, PUITS DE FRAICHEUR,
ZONES SENSIBLES  : CARTES URBAINES ». In L’AMBIANCE EST DANS L’AIR La dimension atmosphérique
des ambiances architecturales et urbaines dans les approches environnementales, 29‑35. Grenoble: Nicolas
Tixier.
- M. Giguère. 2009. Revue de littérature  : Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains. Institut national de santé
publique du Québec.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
- M. Giguère, et P. Gosselin. 2006. Vagues de chaleur, îlot thermique urbain et santé. Examen des initiatives
actuelles d’adaptation aux changements climatiques au Québec. Institut national de santé publique du Québec.
- MEDTL. 2011. « Plan national d’adaptation aux effets du changement climatique (2011-2015) ». Minsitère de
l’Ecologie, du Développement durable, du Transport et du Logement.
- Plan d’action de développement durable 2008-2013. 2009. Québec: Institut national de santé publique du
Québec.
- Région Rhone-Alpes, et DREAL. 2011. « PROJET DE SRCAE RHONE-ALPES Décembre 2011 Partie IV  :
Document d’orientations ».
- Roux, Jean-Michel, et Patricia Dubois. 2011. « RAPPORT SUR L’ATELIER 3. Changement climatique  : quelles
politiques mobilisatrices possibles  ? » In L’AMBIANCE EST DANS L’AIR La dimension atmosphérique des
ambiances architecturales et urbaines dans les approches environnementales, 43‑47. Grenoble: Nicolas Tixier.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Annexe 3 : Le verdissement (végétalisation des surfaces) comme outil d’adaptation des villes au changement climatique: état de l'art et aperçu du cas montréalais. Danielle Dagenais Dans la zone tempérée de l’hémisphère nord, le changement climatique se traduira par un
accroissement des températures moyennes et une altération des régimes pluviométriques
régionaux (GEIEC, 2007).
Au sud du Québec, comme ailleurs, les températures plus élevées amplifieront les ilots de
chaleur urbains (ICU) et leurs effets sur l’environnement (qualité de l’air, disponibilité de
l’eau, etc.) et la santé. Les effets des ICU sur la santé vont du simple inconfort, à la syncope
ou à l’aggravement de maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, le
diabète etc. (Giguère, 2009). La surmortalité liée aux vagues de chaleur accablante
s’accroîtra. Montréal comptera d’ailleurs parmi les villes canadiennes les plus touchées selon
les simulations réalisées par Martin et coll. (2012).
Quant au régime pluviométrique, dans la portion québécoise de la région Grands Lacs SaintLaurent, les maxima annuels et les pluies plus fréquentes y seront plus intenses (Mailhot,
2008; Mailhot et coll., 2011, 2007). Ces phénomènes et une urbanisation croissante
résulteront en une augmentation des volumes et des débits de pointe des eaux de
ruissellement urbaines et, conséquemment, par un accroissement des risques liés aux
inondations, retours d’eau, débordements d’égout et érosions et par la dégradation de la
qualité de l’eau des cours d’eau récepteurs (Dagenais et coll., 2012; Semadeni-Davies et
coll., 2008a,b; Mailhot et coll., 2008; Parry et coll., 2007)66 .
Afin réduire les impacts appréhendés du changement climatique sur les ilots de chaleur
urbains et sur la qualité et la quantité du ruissellement, les collectivités adoptent des
mesures d’adaptation parmi lesquelles le verdissement. Le verdissement consiste en la
mise en valeur ou l’implantation d’une large typologie d’espaces végétalisés. Ces espaces
diffèrent en superficie, type de végétation, mode de végétalisation, entretien, propriété,
utilisation du sol, etc. Ils comprennent de grands boisés, des parcs arborés, des jardins
privés ou communautaires, des plantations sur rue, des marais, des ripisylves, et autres
composantes des milieux aquatiques de même que des techniques alternatives
végétalisées de gestion des eaux pluviales, telles que les zones de biorétention, jardins
de pluies, noues, toits et murs verts, etc. Les effets des espaces végétalisés sur la gestion
des eaux pluviales et les îlots de chaleur sont rappelés dans les sections suivantes.
A. Effets du verdissement sur la gestion des eaux pluviales (réduction des volumes et
des débits de pointe et amélioration de la qualité de l’eau de ruissellement)
Rappelons les principaux mécanismes de diminution des volumes et les débits de pointe des
eaux de ruissellement mettant en jeu les végétaux :
•
L’interception de l’eau et le ralentissement de sa course par les parties aériennes de
la végétation (feuilles, rameaux, tiges, troncs) et la litière formée des feuilles et autres
débris au sol
•
L’évaporation de l’eau interceptée par les végétaux et au sol (Barry et coll., 2009;
Labrecque et Vergriete, 2006; Lymes, 2000).
66
La partie de la revue de littérature portant sur la gestion des eaux pluviales est adaptée de
Dagenais et coll. (2012) et a été subventionnée par le consortium Ouranos, consortium sur la
climatologie régionale. Elle a été revue et augmentée pour les besoins du présent rapport.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
•
Le maintien ou l’amélioration de la porosité du sol essentielle à l’infiltration de l’eau
(Le Coustumer et coll., 2012; USEPA, 2006; Marsh, 2005; Ontario Ministry of
Environment, 2003; Brady et Weil, 2002). Cet aspect n’entre pas en jeu dans le cas
des marais filtrants et des noues humides dont le fond est imperméable de façon à y
conserver de l’eau en permanence.
•
L’absorption de l’eau infiltrée dans le sol puis sa transpiration ou son intégration dans
la biomasse végétale (Barry et coll., 2009; Meyer et coll., 2008; USEPA, 2008).
Notons que la plupart des techniques alternatives végétalisées de gestion des eaux pluviales
telles que les noues ou les zones de biorétention, de biofiltration, les jardins de pluies,
permettent de réduire les volumes de façon plus importante par leurs capacités accrues de
rétention d’eau, en surface et parfois en profondeur, de même que d’infiltration. Les toits
verts pour leur part ne permettent ni infiltration en profondeur in rétention à très long terme
cependant on considère qu’ils peuvent contribuer de façon significative à la diminution des
volumes et des débits de pointe d’eau de ruissellement (MDDEP, 2011; TRCA\CVCA,
2010; Viavenette et coll., 2010; Montalto et coll., 2007).
Le type de végétation et le climat ont une influence sur la contribution des végétaux à la
réduction des volumes et débits de pointe d’eaux de ruissellement (Schroll et coll., 2011;
Barry et coll., 2009; Wolf et Lundholm, 2008; Vergriete et Labrecque, 2007; Lymes, 2000).
Généralement on considère que les arbres interceptent davantage de pluie que les arbustes,
les arbrisseaux puis les herbacées (Marsh, 2005) et qu’ils absorbent et transpirent de plus
grands volumes d’eau également (Meyer et coll., 2010).
Par ailleurs, les végétaux participent à l’amélioration de la qualité des eaux pluviales à
plusieurs égards. Leurs parties aériennes agissent comme un filtre contribuant à la rétention
des matières en suspension (MES) et des matières flottantes. En ralentissant le débit des
eaux de ruissellement, les végétaux favorisent une sédimentation plus importante des MES.
Les MES nuisent à la qualité de l’eau en augmentant sa turbidité et par les polluants qui y
peuvent y être adsorbés (métaux lourds, nutriments, pathogènes) . Leur enlèvement
constitue donc une mesure de traitement (Mathunna et coll. 2007; Dietz et Clausen, 2005;
Ontario Ministry of Environment, 2003).
Une importante vie microbienne est associée à la rhizosphère végétale. Les
microorganismes présents dans la rhizosphère sont responsables de la dégradation et de la
minéralisation de la matière organique et de la dégradation de polluants organiques (produits
pétroliers par exemple), de même que de l’immobilisation à plus ou moins long terme de
certains nutriments et métaux lourds (Jiao et coll., 2007; Brady et Weil, 2002).
Les végétaux peuvent absorber une certaine partie des nutriments contenus dans les eaux
pluviales ou résultants de la minéralisation de la matière organique de même que certains
métaux lourds. Les particules de sol, argile principalement, ainsi que la matière organique
présente dans le sol ou sur le sol (litière, paillis), adsorbent aussi une fraction des nutriments
et polluants surtout le phosphore et les métaux lourds. Des échanges cationiques
surviennent à la surface des particules de sol et de la matière organique pouvant ainsi
réduire ainsi la concentration de certains cations dans l’eau. Toutes ces réactions varient
entre autres selon pH du sol (Maltais-Landry et coll., 2007; Song et coll., 2007; Jiao et coll.,
2007; Mathunna et coll. 2007; Minnesota, 2005; Dietz et Clausen, 2005; Hunt et White, 2001;
Yong et Phadungchewit, 1993). Certaines caractéristiques du système racinaire seraient
responsables des variations d’enlèvement des nutriments observées entre les espèces de
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
végétaux selon une étude effectuée par Read et coll. (2012), alors que le sol serait
principalement responsable du degré d’enlèvement des métaux lourds. Les toits verts
agissent sur les volumes et les débits de pointe d’eaux de ruissellement, mais ne sont pas
considérés comme des mesures de traitement des eaux pluviales (MDDEP, 2011;
Berndtsson, 2010; TRCA\CVCA, 2010).
B. Effets du verdissement sur les ilots thermiques urbains67
Dans leur étude sur les ilots thermiques urbains dans la région montréalaise, Cavayas et
Beaudouin (2008) ont démontré la relation entre la réduction du couvert végétal et
l’augmentation des îlots de chaleur. La végétalisation constitue en effet l’un de moyens
privilégiés de tempérer les ICU (Coutts et coll., 2013; Gill et coll., 2007).
Plusieurs mécanismes participent en effet à la réduction des effets d’îlots de chaleur
urbains par les végétaux et le sol des espaces végétalisés. La transpiration à partir des
feuilles et l’évaporation de l’eau à partir des végétaux et du sol contribuent à la
climatisation de l’air ambiant (Hamada et Ohta, 2010 ; Olivier et coll., 2010 ; Vergriete et
Labrecque, 2007). L’ombrage par le couvert végétal et dans certains cas l’albédo élevé
des végétaux contribuent à réduire l’absorption de chaleur par les surfaces urbaines et
donc le réchauffement et l’émission subséquente de chaleur à la source des ICU (Armson
et coll., 2012; Lindberg et Grimmon, 2011; Leuzinger et coll., 2010 ; Olivier et coll.; 2010;
Oke et coll., 1989). L’ombrage permet la réduction de l’insolation et de la température du
milieu environnant ce qui contribue au confort thermique des êtres humains (Armson et
coll., 2012).
Il existe des différences notables d’effets entre les divers types et espèces de végétaux et
selon la taille et la forme des végétaux. Par exemple, les arbres seraient donc
généralement plus effectifs que la pelouse pour lutter contre les effets des îlots de chaleur
urbains sur le confort thermique des êtres humains à cause de leur large ombrage. Des
arbres à feuillage plus dense et opaque (ex : le tilleul européen Tilia X europaeae)
fourniraient une ombre plus efficace à cet égard que des arbres à cime plus clairsemée
(ex : le pin sylvestre, Pinus sylvestris) (Armson et coll., 2012). Par ailleurs, un apport en
eau suffisant est essentiel pour maintenir l’évapotranspiration des végétaux soulignent de
nombreux chercheurs (Gill et coll., 2013; Coutts et coll., 2013)
Outre les effets liés aux végétaux eux-mêmes, les conditions climatiques, édaphiques et
la morphologie urbaine notamment la forme et le nombre des espaces végétalisés de
même que le positionnement des arbres ont aussi une influence sur la réduction des ICU
(Saito et coll., 2011; Hongbing et coll., 2010; Lin et coll., 2010; Stewart et Oke, 2009;
Cavayas et
Baudouin,
2008; Heidt et
Neef, 2008;
Erell et
Williamson, 2007;
Nowak et Dwyer, 2007; Simpson, 2002; McPherson et coll., 1997). Dans leur revue de
littérature sur le sujet, Coutts et coll. (2013) précisent que la plantation d’arbres serait
particulièrement effective dans le cas d’une rue orientée d’est en ouest ou d’une rue
étroite. Par contre, l’efficacité respective de plusieurs petites surfaces végétalisées par
rapport à une superficie unique équivalente reste sujette à débat (Armson et coll., 2012;
Bowler et coll., 2010). Beaucoup de connaissances restent donc à acquérir pour orienter
Cette section s’appuie en partie sur une revue de littérature menée sur le sujet par Caroline Jambon
alors doctorante et auxiliaire de recherche à la Chaire en paysage et environnement de l’Université de
Montréal. Cette revue de littérature avait été subventionnée par les Fonds pour la préparation
demandes de subvention du vice décannat à la recherche de la Faculté de l’aménagement de
l’Université de Montréal et supervisée par Danielle Dagenais et Isabelle Thomas.
67
55
CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
la conception des espèces urbaines végétalisées en vue de réduire les effets d’îlots
thermiques urbains (Coutts et coll., 2013; Bowler et coll., 2010).
Les techniques alternatives végétalisées de gestion des eaux pluviales peuvent aussi
contribuer à réduire les îlots thermiques urbains. Par leurs capacités accrues de rétention
et d’infiltration d’eau, les noues ou les zones de biorétention, de biofiltration, les jardins de
pluies peuvent assurer un apport en eau plus soutenu au sol et aux végétaux
environnants en période de sécheresse (Hamel et coll., 2013; Coutts et coll., 2013; BNQ,
2013). Quant aux marais filtrants et aux noues humides, la présence continue d’eau en
surface permet une évapotranspiration importante. De ce fait, ces dispositifs peuvent
contribuer à refroidir les zones environnantes (Kadlec, 2006). Cependant, comme dans le
cas de tout espace végétalisé, leur effet dépend de la configuration et de la disposition de
ces dernières (Coutts et coll., 2013; Simpson et coll., 2002). Il faut ainsi rappeler que pour
constituer une adaptation au changement climatique à l’échelle de la ville, la
végétalisation des espaces urbains doit être réalisée sur tout son territoire (Dagenais et
coll., 2012, 2011).
Quant aux toits verts, des expériences et des simulations montrent leur efficacité dans la
réduction potentielle des îlots de chaleur (Alexandri et Jones, 2008; Yu et coll., 2003) par
rapport aux toits noirs (goudronnés) généralement mis en place. Les facteurs expliquant
cette efficacité relative incluent l’augmentation de la résistance thermique, de l’albédo et
l’évapotranspiration. Des analyses de cycle de vie confirment aussi la supériorité
environnementale des toits verts par rapport aux toits noirs. Leur albédo très élevé place
cependant les toits blancs en tête de liste pour la réduction des îlots de chaleur (Susca et
coll., 2011).
3. Autres avantages du verdissement
Un autre bénéfice notable du verdissement est l’augmentation de la biodiversité. Conserver,
réhabiliter ou restaurer un milieu naturel, planter des espèces végétales naturalisées ou
indigènes en lieu et place d’une surface non végétalisée augmente de facto la biodiversité
floristique. Par contre, la contribution des espèces exotiques horticoles, potagères, fruitières
ou ornementales, à la biodiversité floristique suscite certains débats chez les spécialistes,
car ces dernières ne font pas partie de la biodiversité stricto sensu (Dearborn et Kark, 2010;
Dagenais, 2004). Les espaces végétalisés tant les végétaux eux-mêmes que leurs débris ou
même le sol servent d’habitat à une faune variée. Cette biodiversité faunique comprend des
vertébrés, dont les oiseaux, et des invertébrés notamment des insectes parmi lesquels des
pollinisateurs (Kazemi et coll., 2011; Colla et coll., 2009; Kadas, 2009; Miller, 2008; Hunter et
Hunter, 2008 ; Jackson et Boutle, 2008; McKinney, 2007). La biodiversité présente un intérêt
en soi, mais aussi, car elle serait garante de la résilience des écosystèmes bien que des
débats sur les relations entre biodiversité, fonctionnement des écosystèmes et résilience
animent encore la communauté des chercheurs en écologie (Cardinale et al., 2012, 2011;
Alberti et Marzluff, 2004).
Une abondante littérature recense les bienfaits de la présence de la végétation et des
espaces verts pour la santé physique et mentale de même que pour le bien-être général et
l’amélioration du cadre de vie des citoyens. Ces avantages sont largement évoqués pour
promouvoir le verdissement (Joye et Van den Berg, 2013; Rankovic et coll., 2012; Dagenais
et coll., 2012, 2011; Hartig et coll., 2011; McCormack et coll., 2010; Ulrich, 1999; Kaplan et
Kaplan, 1989).
Outre la réduction des ICU, la gestion des eaux pluviales, le maintien ou l’augmentation de la
biodiversité et l’amélioration du bien-être des citoyens, les espaces végétalisés contribuent à
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
atténuer le bruit et à augmenter la qualité de l’air. Tous ces avantages sont maintenant
considérés comme des services écologiques rendus par la végétation et que l’on tente de
chiffrer (Rankovic et coll., 2012).
C. Végétalisation des villes et adaptation au cc: le cas montréalais (aperçu très
préliminaire)
La végétalisation des villes passe par l’établissement de trames vertes et le verdissement.
Les trames vertes sont généralement présentées comme des infrastructures
multifonctionnelles conçues en réseau plus ou moins serré et destinées à livrer un ensemble
de services écosystémiques (Coutts et coll., 2013; Colombert et Boudes, 2012; Simonnet et
Blanc, 2012). Cette notion est un amalgame des concepts de maillage écologique issus de
l’écologie du paysage et de réseaux d’espaces verts issus de l’architecture de paysage
(Champres, 2010). Dans tous les cas, les notions de continuité et de circulation sont
centrales. Quant au verdissement, il consiste à végétaliser les surfaces urbaines tant au sol,
que sur les murs et les toits de façon systématique, mais sans prioriser une mise en réseau
et sans revendiquer de visées écologiques ou paysagères. L’établissement de trames vertes
constitue donc une forme de verdissement.
Tel que mentionné précédemment, l’établissement de trames vertes et plus largement le
verdissement répondent à un ensemble de préoccupations environnementales et sociales
liées à la biodiversité, à la gestion des eaux pluviales, à la réduction des îlots de chaleur et à
l’amélioration du cadre de vie partagée par plusieurs villes à travers le globe. Depuis peu, à
ces dernières s’est ajoutée l’adaptation aux changements climatiques. Les politiques de
verdissement se réclament donc d’un ensemble de bénéfices ou services écologiques
attribuables aux espaces végétalisés.
Dans le plan de développement durable de la Collectivité montréalaise 2010-2015, le
verdissement est invoqué pour rencontrer chacune des orientations du plan :
« Améliorer la qualité de l’air et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
•Assurer la qualité des milieux de vie résidentiels.
•Pratiquer une gestion responsable des ressources
•Adopter de bonnes pratiques de développement durable dans les industries, commerces et
institutions (ICI)
•Améliorer la protection de la biodiversité, des milieux naturels et des espaces verts ». (Ville
de Montréal, 2010, p. vi).
Notons que l’adaptation et la mitigation des changements climatiques constituent un « thème
intégrateur de ce plan ». Le verdissement, lui, est invoqué par le biais d’actions diverses
ciblant la réduction des îlots de chaleurs, l’apaisement de la circulation, l’agriculture urbaine,
etc. (Ville de Montréal, 2010).
Le plan de développement durable devra être mis en oeuvre par des services divers : soit les
Services de la qualité de vie, des infrastructures, du transport et de l’environnement et de
l’eau.
Le Service de la qualité de vie chapeaute la Direction des grands parcs et du verdissement
qui remplit plusieurs mandats liés au verdissement: “préserver et maintenir accessibles plus
de 2 000 hectares d’espaces verts, concevoir et réaliser des projets d’aménagement pour
améliorer le réseau des grands parcs et les places publiques, veiller à la protection des
milieux naturels et plus largement, promouvoir la biodiversité en ville” (ville de Montréal).
Les actions de ce Service sont d’ailleurs regroupées sous les rubriques“Milieux naturels,
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
biodiversité, arbres et verdir” . Les actions de ce service sont encadrées par les plans,
programmes et politiques suivants
•
•
•
•
•
« Politique de l’arbre;
Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels;
Programme de gestion écologique;
Plan d’action canopée 2012-2021;
Plan d’action pour le contrôle des insectes ravageurs. » (Ville de Montréal, s.d.).
On notera cependant que les dossiers de la gestion des eaux pluviales et du climat qui
appellent à des actions de verdissement telles l’implantation de toits verts ou de zones de
biorétention ne relèvent pas de ce service. La gestion des eaux pluviales relève en partie de
la Direction de l’eau par son volet gestion durable de l’eau et en partie du Service des
infrastructures, du transport et de l’environnement et celui de l’adaptation aux changements
climatiques du Service de l’infrastructures, du transport et de l’environnement. Les
arrondissements eux-mêmes assument certaines responsabilités notamment par rapport à
l’adoption de règlements favorisant l’implantation de toits verts (Rosemont-La Petite
Patrie/Montréal).
Conclusions
Le verdissement ou végétalisation des surfaces constituent une mesure d’adaptation au
changement climatique qui répond à plusieurs enjeux soulevés par ces derniers :
l’augmentation des ICU, de la quantité des eaux de ruissellement, mais aussi la diminution
de la biodiversité. Il assure aussi un ensemble de services écosystémiques tant
environnementaux que sociaux. À Montréal, cependant, il semble que le verdissement soit
pris en charge par une diversité de services ce qui pourrait en compromettre l’application
systématique et raisonnée à l’échelle de la ville. Ce projet nous permettra de confronter les
pratiques et succès montréalais à cet égard de ceux de Nice, Lyon, Grenoble
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
et la gestion des eaux urbaines à partir de quatre métropoles : Montréal, Grenoble, Lyon, Nice ». Rapport intermédiaire
n°1, juillet 2013.
Figure 1 : Organigramme de Montréal 2013. Source Ville de Montréal.
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CAChaLEAU. « La prise en compte de l’adaptation aux changements climatiques dans les outils, pratiques de l’urbanisme
et de l’aménagement (projets et procédures). Analyse croisée franco-québécoise de la gestion des îlots de chaleur urbaine
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