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ontexte de l’étude
L’enquête Santé Mentale en Population Générale 1
propose une évaluation du niveau de risque suicidaire
par une approche liée aux tentatives de suicide passées
et aux idées suicidaires, grâce à un outil de mesure inté-
gré dans le questionnaire épidémiologique MINI 6 .
Une première approche utilisant un modèle d’analyse
factorielle des correspondances multiple 3 avait permis
de poser l’hypothèse de l’importance des facteurs socio-
économiques, en interaction avec les troubles psycho-
pathologiques. La présente étude propose d’explorer
cette hypothèse. Cette approche épidémiologique origi-
nale sur un très large échantillon doit permettre d’amé-
liorer la connaissance des groupes à risque suicidaire en
population générale, en précisant les pistes pour une
prévention plus efficace.
b ectif Matériel et Méthodes
L’objectif principal est de caractériser, en fonction des cri-
tères socio-économiques et psychopathologiques, des
groupes de personnes âgées de 18 ans ou plus dont le
risque suicidaire a été déterminé à l’aide d’un indicateur
construit à partir des items du MINI . Cette typologie doit
permettre de déterminer, à partir de ces caractéristiques
associées, les groupes de personnes ayant des tendan-
ces suicidaires et pouvant faire l’objet d’une vigilance
particulière et d’actions de prévention ou de soins.
L’outil utilisé, le Mini International Neuropsychiatric In-
terview (MINI), explore la présence d’idées de mort ou
de suicide sur le mois écoulé ainsi que les tentatives de
suicide faites dans le mois précédent l’enquête ou sur la
vie entière. La question comportant la programmation
du geste suicidaire, « avez-vous établi la façon dont vous
pourriez vous suicider ? », a été retirée de la passation
du test, compte tenu de l’impossibilité de neutralité en
cas de réponse positive et de la difficulté majeure ren-
contrée par l’enquêteur dans cette situation. Le risque
suicidaire ainsi évalué se répartit entre léger, moyen ou
élevé selon les items et ou le nombre d’items positifs. Le
risque est considéré comme élevé chez toute person-
ne qui a fait une tentative de suicide au cours du mois
écoulé ou, ayant déjà fait une tentative de suicide dans
sa vie, a pensé à se suicider au cours du mois écoulé
(Tableau I).
Les analyses statistiques ont été réalisées à l’Observatoire
Régional de Santé à Poitiers, sur le logiciel SAS win 8.7
et SPAD. Elles incluaient une première phase descriptive
univariée (fréquences, moyennes, et déviations stan-
dards, tests du Khi-2, test de Student) afin de définir les
variables discriminantes des niveaux de risque suicidaire.
Ces variables ont ensuite été incluses dans la deuxième
étape : l’analyse factorielle des correspondances multi-
ples, dont l’objectif était d’identifier les caractéristiques
sociales, économiques, démographiques et psychopa-
thologiques des sous-groupes de population française
associées à différents niveaux de risque suicidaire.
Son principe consiste à réaliser une synthèse de l’infor-
mation contenue dans un grand nombre de variables et
d’individus, à travers la projection mathématique de ces
caractéristiques sur des plans. Ces plans sont décrits par
des axes principaux qui peuvent être considérés comme
des variables de synthèse interprétables. Chaque moda-
lité des variables est représentée par un point. Par exem-
ple, le point appelé « célibataire » représente l’ensemble
des individus qui sont célibataires ; une interprétation
graphique simple de l’ensemble des résultats peut-être
faite grâce à la proximité géométrique des points (qui
traduit une proximité statistique). De plus, il est possible
des définir des groupes d’individus présentant un en-
semble de modalités de variables proches. Afin d’inter-
préter correctement les graphiques, il convient cepen-
dant de tenir compte des résultats fournis par le logiciel
d’analyse (forte ou faible contribution d’une variable à
la création des axes, plus ou moins bonne qualité de la
représentation du point ). Sur le graphique obtenu, il
est possible de projeter d’autres variables dites illustrati-
ves (c’est-à-dire qui ne participent pas à l’analyse, mais
projetées sur les axes à la suite de l’analyse des varia-
bles dites contributives) afin d’identifier les combinaisons
entre variables sociodémographiques, économiques et
psychopathologiques associées aux modalités de la va-
riable projetée (ici, le niveau de risque suicidaire et le fait
d’avoir ou non un trouble mental).
Résultats
Niveau de risque suicidaire actuel selon les critères
socio-économiques
Cette première analyse descriptive présentée au tableau
III permet de définir les facteurs dits « sociaux » qui dif-
férent selon le niveau de risque suicidaire et sont sus-
rancis ABAUD ulie D BARR éline S RA Roland B U T Guillaume A A ean Luc R LA DT
between unfavourable socio economic status and the presence of suicide risk at a level which is not equal
to zero. The second explanatory line defines the level of risk according to the principal psychopathological
characteristics. These two lines define a plane which enables to differentiate low risk groups from medium
risk groups and high risk groups. The latter consists mainly in isolated pathological factors or associated fac-
tors (comorbidities). The medium and high risk groups are composed mainly of the combination of the two
variables.
To conclude, these results – which are necessarily imsy since they are based on epidemiological and statistical
analysis- do however match up with the data of the epidemiologic literature in an interesting way and raise
the question of an intervention and prevention strategy that would integrate better the medical factors and
the socio economic aspects into its program. They should be completed by targeted forward clinical studies as
well as by more precise epidemiological patterns.