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tal » est à intégrer socialement avec espoir de guérison
sans doute, du fait de l’origine non physique du trouble
(comportement que nous dénommerons par la suite
« ouverture »).
Certains facteurs influencent ces deux conceptions. Les
modalités « ne connaît pas un «fou », ou « malade men-
tal » , « n’est jamais entré dans un hôpital psychiatrique »,
« pas d’autre lieu de soins que l’hôpital » ; les niveaux
scolaires de « inférieurs » à « secondaire terminé » sont
corrélés avec la première conception. Les modalités « un
fou », « malade mental » connu (collègue, ami, voisin,
proche) », « déjà entré dans un hôpital psychiatrique »,
« préférence pour une prise en charge hors hôpital (mai-
son, famille, lieu de vie) », « soins par médication ou par
psychothérapie », ainsi que les modalités du niveau sco-
laire « université » et « secondaire terminé » sont, elles
corrélées avec la seconde.
Concernant le « dépressif », l’origine non physique du
trouble est largement admise.
2 - Les stigmatisations se différencient-elles selon les
sites enquêtés?
Les sites enquêtés2 , mis en variables illustratives, ont été
projetés sur les plans factoriels des analyses précéden-
tes. On constate que les sites de Villejuif, Niort, et Poi-
tiers ont stigmatisé essentiellement le « malade mental ».
Paris 14e, Roubaix, Sarreguemines, Guéret, Esquirol ont
surtout stigmatisé les « fous ». Les personnes enquêtées
à Rennes, seul site dans ce cas, ne stigmatisent ni le
« fou », ni le « malade mental », ni le « dépressif ».
Quant aux causes physiques ou non physiques des
troubles, certains sites montrent des opinions plutôt af-
firmées :
- concernant l’image du « fou » : Limoges, Thuir, Semur
et Berck se distribuent dans les modalités principales
décrivant la « fermeture » ; En revanche, Paris 14e,
Poitiers, Bondy, Lille Est, Paris 20e, Hagueneau, Lille2,
Niort, et surtout Paris 15e et 10e sont plutôt caractérisés
par des opinions qui définissent « l’ouverture ». Pour les
autres sites, les opinions sont très partagées.
- concernant l’image du « malade mental » : on retrouve
les mêmes regroupements : « fermeture/ouverture »,
« non connaissance/connaissance », niveaux de for-
mation « pas de scolarité à secondaire non achevé/
secondaire achevé et universitaire ». Comme précé-
demment, certains sites montrent des opinions plutôt
structurées : côté « fermeture »: Guéret, Thuir, Dreux,
Melun, Roubaix ; côté « ouverture »: Lille Est, Niort, Poi-
tiers, Paris 15e, et surtout Villejuif. Les opinions de la
population des autres sites enquêtés sont beaucoup
plus dispersées.
- concernant le « dépressif » : à l’exception de la Gua-
deloupe et de la Martinique, tous les autres sites ex-
priment l’opinion que la dépression n’a pas d’origine
physique. Elle est guérissable hors des murs de l’hôpital
psychiatrique pour la plupart des personnes enquêtées
sur les sites de Villejuif, Le Havre, Paris 15e, Dreux, Nan-
tes. On remarquera cependant que les opinions de la
population des sites de Paris 10e et Paris 20e se parta-
gent entre une origine physique et une origine non
physique de la dépression.
Au final, en tendance, certains sites révèlent des opi-
nions plutôt homogènes (tant pour le « fou » , le « ma-
lade mental » ou le « dépressif ») vis à vis de ce que nous
avons dénommé « l’ouverture » (origine non physique,
guérissable, soins hors hôpital psychiatrique) : c’est le
cas de Villejuif, Niort, Lille, Poitiers, Paris 15e, Paris 10e.
On constate une homogénéité opposée, en tendance,
pour les sites de Berck, Thuir et Guéret. Les autres sites,
fortement majoritaires, se caractérisent par des opinions
très diversifiées.
3 - La stigmatisation vis-à-vis des structures se différen-
cie-elle selon les sites ?
Le spectre global des opinions de la population enquê-
tée vis à vis de l’hospitalisation psychiatrique, des plus
favorables aux plus hostiles (avec pourcentage de la po-
pulation) peut être synthétisée par le graphe 2 ci-des-
sous :
La quantification tous sites confondus montre que
31,8% de la population (« irréductibles» + «opposants »)
accepte « naturellement » les alternatives à l’hospitali-
sation psychiatrique. Il ne sera donc pas nécessaire de
mener des campagnes d’explication importantes sur la
politique de sectorisation. En revanche, elles doivent
être intenses et rassurantes pour convaincre un tiers de
la population (les « coopératifs »). Il n’y a pas lieu de pré-
parer des stratégies de sensibilisation auprès des « in-
différents » du fait de leur très faible effectif, stratégies
en général les plus lourdes et les plus délicates à mener
dans d’autres domaines d’activités [6].
Selon les sites, les opinions vis-à-vis de l’hôpital psychia-
trique se répartissent de la manière suivante :
En terme stratégique, ce sont les populations des sites
de Limoges, Melun et Berck qui affirment les opinions
les plus positives (« engagés + coopératifs »), vis-à-vis de
leur hôpital psychiatrique. A l’inverse, celles de Paris 15e,
Roubaix, Tourcoing et Nantes ont les opinions les plus
négatives.
Les représentations du «fou» du «malade mental», du «dépressif» et les opinions vis-à-vis des hôpitaux psychiatriques
sont –elles homogènes selon les populations des sites enquêtés
2 Liste des sites : Angers, Angoulème, Arras, Berck, Bondy, Cadillac, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Dijon, Dreux, Esquirol, Guadeloupe,
Guéret, Haguenau, La Réunion, Le Havre, Lille Est, Lille 2, Limoges, Longjumeau, Lunéville, Lyon, Marseille, Martinique, Melun, Mon-
tauban, Montfavet, Montluçon, Nantes, Nice, Niort, Paris10, Paris14, Paris15, Paris20, Poitiers, Queue en Brie, Rennes, Roubaix, Sarregue-
mines, Semur, Thuir, Thouars, Toulouse, Tourcoing, Vallée Lys,Villejuif.