D. Da Fonseca, E. FakraS6
d’attachement pourraient être des candidats potentielle-
ment prédicteurs de ce trouble. De manière plus positive,
il serait également intéressant de pouvoir développer des
études an de mieux caractériser des facteurs de protec-
tion. En d’autres termes, pourquoi certains sujets à risque
ne développent-ils pas un trouble bipolaire malgré la forte
composante génétique de ce trouble ? Enn, malgré l’iden-
tication de ces différents facteurs prédicteurs, de nom-
breuses questions restent sans réponse notamment la
question du traitement préventif. À quel âge devons nous
débuter le traitement ? À quel moment de l’évolution du
trouble et selon quelles modalités ?
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revanche, cette étude ne retrouve pas différence entre les
deux groupes pour ce qui concerne le TDAH. De surcroît, les
auteurs retrouvent un délai de trois ans entre le premier
épisode dépressif et l’épisode maniaque. De manière sur-
prenante, cette étude ne retrouve pas de trouble mania-
que avant l’âge de 14 ans. Les auteurs remettent ainsi en
cause l’existence d’un trouble bipolaire précoce qui selon
eux ne serait en réalité que des troubles du comportement
non spéciques.
Le trouble bipolaire à début précoce fait donc encore
l’objet de nombreuses controverses. Il s’agit d’un trouble
particulièrement difcile à diagnostiquer et dont la préva-
lence globale chez l’adolescent (entre 14 et 18 ans) serait
aux alentours de 1 %. La prévalence de la forme pré-pubère
serait de 0,2 à 0,4 %. Il semble par ailleurs que 10 % des
adultes bipolaires débutent leur trouble pendant ou avant
l’adolescence. D’un point de vue clinique, le trouble bipo-
laire à début précoce semble présenter plusieurs particula-
rités. Les épisodes maniaques sont atypiques avec en
particulier une irritabilité et une agressivité majeures. Les
épisodes mixtes sont fréquents. Il s’agit également de for-
mes chroniques à cycle rapide dont les symptômes sont dif-
ciles à distinguer des différentes co-morbidités qui sont
particulièrement nombreuses [6, 11].
Le trouble bipolaire à début précoce est également par-
ticulièrement difcile à distinguer du trouble décitaire de
l’attention avec hyperactivité. Ces deux troubles partagent
en effet de nombreux symptômes tels que l’irritabilité,
l’agitation, le langage accéléré et la distractibilité. En
revanche, il existe plusieurs signes cliniques qui semblent
plus spéciques du trouble bipolaire et qui peuvent donc
permettre de mieux différencier ces deux troubles : l’exal-
tation de l’humeur, les idées de grandeur, la fuite des idées,
la réduction du sommeil et l’hypersexualité [14].
Conclusion
Malgré des résultats parfois contradictoires et des faibles-
ses méthodologiques, l’ensemble de ces études semble
indiquer que les troubles anxieux et les troubles du com-
portement chez l’enfant et l’adolescent semblent être des
précurseurs sérieux du trouble bipolaire. Ces antécédents
développementaux constituent probablement des précur-
seurs d’une forme à début précoce avec une évolution plus
sévère. Ces éléments nous permettent ainsi de dénir des
sujets à haut risque parmi les sujets à risque. Néanmoins,
ces différents antécédents ou signes précurseurs consti-
tuent-ils réellement des antécédents ou plutôt des prodro-
mes du trouble bipolaire ? Si la question reste ouverte, il
s’agit probablement de précurseurs car la plupart des
enfants présentant des troubles du comportement ou des
troubles anxieux ne développeront pas de trouble bipo-
laire. De plus, une grande partie des adultes présentant des
troubles bipolaires n’ont pas de fonctionnement pré-mor-
bide particulier. Il reste donc à développer des études lon-
gitudinales associant à la fois les pédopsychiatres et les
psychiatres d’adultes de manière à identier d’autres fac-
teurs prédicteurs. Les facteurs tempéramentaux, le type