Revue de presse 363
phrènes. Par ailleurs, il existe un syndrome
génétique bien connu des pédiatres, le
syndrome vélo-cardio-facial qui corres-
pond àune microdéletion de la région
22q11 et qui entraîne, comme son nom
l’indique, une dysmorphie faciale, une
fente palatine et plus rarement des ano-
malies cardiaques et rénales. Cette ano-
malie chromosomique est la deuxième en
fréquence après la trisomie 21. Dans près
de 30 % des cas, les jeunes adultes qui
en souffrent présentent, outre une effi-
cience intellectuelle limite, un syndrome
schizophrénique plus ou moins patent.
COMMENTAIRE
Les variations structurelles de l’ADN (tel-
les que les CNVs pour « copy number
variations » et que les SNPs « single
nucleotide polymorphisms ») jouent un
rôle dans la contribution au risque pour
toutes les maladies dites multifactorielles
complexes. La schizophrénie est l’une de
ces maladies pour lesquelles on sait que
différents facteurs génétiques interagis-
sent avec différents facteurs environne-
mentaux pour déterminer un niveau de
vulnérabilitéindividuelle. Les facteurs
environnementaux sont mieux connus
grâce aux études épidémiologiques (p ex
le rôle du cannabis). L’identification de
facteurs génétiques semble nettement
plus complexe. Les principales raisons
sont : 1) l’étiquette schizophrénie recou-
vre un certain nombre de profils cliniques
hétérogènes qui relèvent peut-être de
causes totalement différentes ; 2) il n’y a
pas seulement un, deux, ou même trois
gènes impliqués dans la schizophrénie,
mais vraisemblablement plusieurs dizai-
nes, voire plusieurs centaines (comme
c’est p. ex. le cas pour les retards men-
taux ou les épilepsies de causes
génétiques) ; 3) la caractérisation du
génome demeure dépendante des tech-
niques et des stratégies utilisées (on peut
aussi bien cibler un gène « candidat »ou
décider de séquencer le génome entier,
les coûts et les délais de réalisation
n’étant pas vraiment les mêmes…) ; 4)
des facteurs environnementaux sont sus-
ceptibles d’interagir avec le génome, via
des processus complexes de méthyla-
tion de l’ADN et l’on ignore encore un cer-
tain nombre de mécanismes d’organisa-
tion fonctionnelle du génome.
Clinique et thérapeutique
Ph. Gorwood (1)
À quelle vitesse doit-on arrêter
les antidépresseurs ?
Illness Risk Following Rapid Versus Gradual
Discontinuation of Antidepressants.
Am J Psychiatry ; 2010 ; 167 : 934–941.
Baldessarini RJ, Tondo L, Ghiani C, Lepri B
CONTEXTE
La nécessité d’organiser très pro-
gressivement l’arrêt des thymorégula-
teurs, et au moins le lithium, est claire-
ment démontrée. On sait ainsi que l’arrêt
relativement brutal (par exemple quand
cela est fait accidentellement ou sur la
décision du patient seul) amène non seu-
lement à un risque accru de rechute, mais
aussi à une accélération des épisodes.
Mais qu’en est-il des antidépresseurs ?
Par prudence, les psychiatres interrom-
pent souvent les traitements donnés au
long cours de manière progressive… mais
nous manquons clairement de données
ou de recommandations claires.
MÉTHODE
Les auteurs ont ici analysé
400 patients ne requérant plus d’antidé-
presseur (rémission complète depuis au
moins un mois) selon l’avis du patient ou
du prescripteur, pour un épisode dépres-
sif chez des unipolaires comme bipolai-
res, ou un trouble panique, traitement
qu’ils avaient en moyenne depuis 8 mois.
L’antidépresseur est arrêté rapidement
(sur une semaine au maximum) versus
graduellement (en plus de deux semai-
nes). L’intérêt majeur de cette étude est
que le suivi s’organise sur 3 ans, permet-
tant de vérifier les conséquences immé-
diates mais aussi différées de cette
modalité d’interruption.
RÉSULTATS
La latence avant la première rechute
était 2,5 fois plus courte pour les patients
ayant eu une interruption rapide de leur
traitement. Dans le même registre, pour
les patients ayant eu une interruption
rapide, leur période d’euthymie suivante
a été réduite au trois-quart par rapport
aux périodes euthymiques habituelles
(précédant cette étude).
Ces effets apparents de l’interruption
rapide du traitement comme facteur de
précipitation de la rechute semble
majeurs pour les demi-vies courtes ou
moyennes et pour les pathologies plutôt
bipolaires (I supérieur à II, et bipolaires II
supérieurs aux unipolaires).
De manière tout aussi intéressante,
n’ont pas été impliquées la famille d’antidé-
presseurs (IRS versus tricycliques), la fré-
quence élevée des récurrences, la durée du
trouble de l’humeur, l’utilisation d’autres trai-
tements de manière concomitante, la dose
ou la durée du traitement antidépresseur.
CONCLUSIONS
Pas d’arrêt des antidépresseurs en
moins de 15 jours, que votre patient soit
paniqueur, unipolaire ou bipolaire !
COMMENTAIRE
Rien de très nouveau pourrait-on dire ; on
a cliniquement l’intuition qu’un arrêt pro-
gressif est plus adapté. Néanmoins, on a
tendance à être d’autant plus progressif
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