L’Encéphale (2009) 35, 226—233
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
CLINIQUE
Facteurs sociodémographiques, conduites addictives
et comorbidité psychiatrique des usagers de
cannabis vus en consultation spécialisée
Sociodemographic profiles, addictive and mental
comorbidity in cannabis users in an outpatient
specific setting
E. Guillema,b,c,, A. Pelissolod, F. Vorspana,b,c,
S. Bouchez-Arbabzadeha, J.-P. Lépinea,b,c
aService de psychiatrie d’adultes, groupe hospitalier Lariboisière—Fernand-Widal, AP—HP, 75010 Paris, France
bInserm U705, 75010 Paris, France
cNeuropsychopharmacologie des addictions, CNRS UMR 7157, faculté de pharmacie,
université Paris-Descartes et université Paris-Diderot, France
dService de psychiatrie d’adultes, CNRS UMR 7593, hôpital Pitié-Salpêtrière, AP—HP, 75013 Paris, France
Rec¸ule6ao
ˆ
ut 2007 ; accepté le 31 mars 2008
Disponible sur Internet le 19 août 2008
MOTS CLÉS
Cannabis ;
Abus/dépendance ;
Comorbidité des
troubles mentaux ;
Consultations
spécialisées
Résumé
Objectif et mesures. Nous présentons les caractéristiques sociodémographiques, la préva-
lence de l’abus et de la dépendance au cannabis et aux autres substances psychoactives (critères
DSM-IV) ainsi que la comorbidité des troubles mentaux dans les 12 derniers mois (diagnostics
évalués par le Mini-International Neuropsychiatric Interview [MINI] et les critères DSM-IV) chez
90 usagers de cannabis vus en consultation spécialisée cannabis à l’hôpital Lariboisière.
Résultats. — Les caractéristiques sociodémographiques des usagers associent : une prédomi-
nance d’hommes (67 %), un âge moyen de 27,5 ans (±8,4), une majorité de célibataires ou
divorcés (59 %). Deux tiers des usagers (67 %) sont actifs ou étudiants et 32 % sont inactifs.
D’un point de vue des ressources, 22 % des usagers perc¸oivent l’allocation chômage, le RMI ou
une AAH et 11 % sont sans aucune ressource. La majorité des usagers sont venus d’eux-mêmes
(63 %) et la plupart ont déjà consulté un psychologue ou un psychiatre par le passé (73 %).
Auteur correspondant. Consultation cannabis Ecimud, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France.
Adresse e-mail : [email protected] (E. Guillem).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.
doi:10.1016/j.encep.2008.03.010
Des usagers de cannabis vus en consultation spécialisée 227
Les usagers sont pour la grande majorité dépendants (82 %) et abuseurs (9 %) du cannabis dans
les 12 derniers mois. En dehors du tabac, on retrouve une dépendance à l’alcool chez seulement
7 % des usagers, une dépendance à la cocaïne ou à l’ecstasy chez 2 %. Les principales substances
consommées sur la vie sont le tabac (99 %), l’alcool (96 %) et la cocaïne (41 %). La consommation
cannabique dans les six derniers mois est de 5,8 (±4,4) joints quotidiens, 12 (±10,5) g hebdoma-
daires et le coût mensuel de 159 D(±133). Le cannabis est consommé dans plus des trois quarts
des cas sous forme de haschisch. Environ un usager sur deux (48 %) présente au moins un trouble
de l’humeur et plus de la moitié (55 %) au moins un trouble anxieux dans les 12 derniers mois. Les
troubles de l’humeur sont l’épisode dépressif majeur (38 %), la dysthymie (19 %), l’hypomanie
(3 %) et la manie (1 %). Les troubles anxieux sont la phobie sociale (29 %), l’anxiété généralisée
(17 %), le trouble panique avec et sans agoraphobie (16 %), le trouble obsessionnel compulsif
(12 %), l’agoraphobie sans trouble panique (9 %) et le syndrome de stress post-traumatique (5%).
Le pourcentage de schizophrènes est de 4 %. Les femmes souffrent plus fréquemment que les
hommes d’au moins un trouble de l’humeur (64 % versus 41 % ; p= 0,04) ou d’un syndrome de
stress post-traumatique (17 % versus 0 % ; p< 0,001) sur les 12 derniers mois.
Conclusion. — En dehors du tabac, 80 % des usagers vus à notre consultation sont uniquement
dépendants ou abuseurs du cannabis. Les taux de dépendance au cannabis sont très élevés.
En comparaison avec les études publiées sur les autres consultations spécialisées cannabis en
France, les usagers vus à l’hôpital Lariboisière sont plus âgés, plus fréquemment des femmes,
plus dépendants du cannabis et ont une comorbidité élevée de troubles de l’humeur et anxieux.
Certains résultats de notre étude ont été présentés lors de la réunion de l’Association franc¸aise
de psychiatrie biologique du 14 novembre 2006 [L’Encéphale 33 (2007) 101].
© L’Encéphale, Paris, 2008.
KEYWORDS
Cannabis;
Drug
abuse/dependence;
Comorbidity of
mental disorders;
Specific setting
Summary
Context. — In the 1990s, cannabis consumption in France increased considerably. So, in 10 years,
the number of adolescents reporting regular cannabis use (10 or more times during the last 12
months) tripled. In 2004, an official program to address problems related to cannabis addiction
was implemented. As part of this program, specific outpatient settings for cannabis use disorders
were created.
Objective. — We present the sociodemographic characteristics, the prevalence of cannabis,
alcohol and others psychoactive substances and the prevalence of mental disorders in 90 can-
nabis users seen at an outpatient specific setting for cannabis use disorders in the Lariboisière
hospital (a university hospital in Paris).
Measures. — Twelve months prevalence of substance abuse and dependence, psychiatric diag-
noses based on the DSM-IV and the Mini-International Neuropsychiatric Interview (MINI) results
are described.
Results. — The study population had the following characteristics: 67% male, mean age 27.5
(S.D. = 8.4) years and 59% single or divorced. Approximately, two-thirds of the users (67%) were
students or currently working and 32% were unemployed. Twenty-two percent of the cannabis
users received unemployment, welfare or disability benefits and 11% declared no source of
revenue. Most of the users (63%) decided on their own to seek care at the setting. Seventy-
three percent of the subjects had seen a psychologist or a psychiatrist in the past, with or
without relation to cannabis use. By far, most of the users were cannabis dependent (82%) and
9% cannabis abusers in the last 12 months according to DSM-IV criteria prior to their visit. Seven
percent of the cannabis users had alcohol dependence and 7% were abusers. The 12 months
prevalence of cocaine or ecstasy dependence was 2% and the prevalence of benzodiazepines,
heroin or stimulants dependence 1%. The main substances used over lifetime were tobacco
(99%); alcohol (96%); cocaine (41%); benzodiazepines and hypnotics (41%); ecstasy (40%) and
heroin (23%). Four percent of cannabis users had a history of intravenous drug use. The main
consumption mode of cannabis in France is the blunt. About three-quarters of the consumption
is in the form of resin (hashish) and one-quarter as marijuana (grass). The average consumption
of cannabis in the last six months was equivalent to 5.8 blunts per day (S.D. = 4.4) and 12 g per
week (S.D. = 10.5), and the average monthly cost was 159 D(S.D. = 133) (234 USD, S.D. = 196).
The prevalence of psychiatric disorders according to DSM-IV criteria in the sample is high.
A current mood disorder was present in 48% and an anxiety disorder in 55% of the cannabis
users in the last 12 months. The prevalence of affective disorders in the last 12 months was
major depressive disorder (38%), dysthymia (19%), hypomania (3%) and mania (1%). The preva-
lence of anxiety disorders in the last 12 months was social phobia (29%); generalised anxiety
disorder (17%); panic disorder with or without agoraphobia (16%); obsessive compulsive disor-
der (12%); agoraphobia without panic disorder (9%) and post-traumatic stress disorder (5%).
The prevalence of schizophrenia was 4%. The prevalence of bulimia was 4% and no anorexia.
228 E. Guillem et al.
Women are more likely to report an affective disorder (64% versus 41%; p= 0.04) or a post-
traumatic stress disorder (17% versus 0%; p< 0.001) in the last 12 months. The prevalence of
family history for psychiatric disorders was 52% and for addiction, 59%.
Conclusions. — The cannabis users seen in our specific setting are a fairly homogeneous group
and for the most part addicted to cannabis only, but with very high rates of dependence. Indeed,
other than tobacco dependence, 80% of the users were only dependent on, or abused on cannabis
in the last 12 months. In comparison with the cohort of French cannabis users (n= 4202) seen
at specific outpatient settings for marijuana users in 2005, cannabis users seen in Lariboisière
Hospital are older, the percentage of females is greater, they are more dependent on marijuana
and have a high prevalence of affective and anxiety disorders.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Introduction
La France a connu au cours des années 1990 un accroisse-
ment spectaculaire de la diffusion et de la consommation
du cannabis, et ce, particulièrement, chez les adoles-
cents. En dix ans, le nombre d’adolescents ayant fumé
au moins une fois du cannabis a doublé pour les garc¸ons
et triplé pour les filles. Au cours de ces dix mêmes
années, le nombre d’adolescents garc¸ons et filles ayant
un usage répété (dix fois et plus dans les 12 derniers
mois) a triplé [9]. L’augmentation de la concentration
du delta-9-tétrahydrocannabinol (9-THC) dans le canna-
bis et sa consommation par des adolescents de plus en
plus jeunes sont les deux principaux facteurs concourant
à l’augmentation du nombre d’usagers devenus abuseurs
et dépendants du cannabis [10]. Ce mésusage (abus et
dépendance) et son retentissement psychosocial restent des
questions d’actualité en terme de santé publique [14,12].De
manière récente, une enquête de cohorte sur les consomma-
teurs de cannabis en demande de soins au Danemark [4] et
l’enquête épidémiologique National Epidemiologic Survey
on Alcohol and Related Conditions (NESARC) en population
générale aux États-Unis [20] ont permis de mieux connaître
les caractéristiques sociodémographiques, la part d’abus et
de dépendance aux autres substances psychoactives ainsi
que la comorbidité des troubles mentaux chez les sujets
présentant un abus ou une dépendance au cannabis. De fait,
l’amélioration des soins chez ces personnes passe nécessai-
rement par une meilleure connaissance des caractéristiques
de l’usage et de son contexte.
Face à ce constat, la mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) a préconisé,
depuis 2004, la création de consultations spécialisées pour
les usagers de cannabis. Nous avons ouvert une consultation
évaluation des troubles psychopathologiques et cannabis
(«cannabis THC ») à l’hôpital Lariboisière (AP—HP) dès jan-
vier 2004. Cette consultation s’adresse à toute personne
ayant une demande d’aide médicale et psychologique en
rapport avec sa consommation de cannabis ou celle d’un
membre de son entourage. La consultation a lieu le mercredi
sur rendez-vous, elle est anonyme et gratuite. L’ouverture
de cette consultation a été notifiée au service national
d’accueil téléphonique pour l’information et la prévention
sur les drogues : «Drogues alcool tabac info service ».
Nous nous proposons de rapporter les caractéristiques
sociodémographiques, les prévalences d’abus et de dépen-
dance au cannabis et aux autres substances psychoactives
ainsi que la comorbidité psychiatrique sur les 12 derniers
mois de 90 usagers vus à notre consultation [13].
Méthodes
Sujets
Quatre-vingt-dix usagers de cannabis ont été rec¸usàla
consultation spécialisée de l’hôpital Lariboisière entre jan-
vier 2004 et octobre 2006. Chaque sujet a été informé
du projet de recherche dans le cadre de la consultation
et 82 sujets ont donné leur accord. Sept hommes et une
femme ont répondu de manière incomplète sur leur statut
sociodémographique et ont refusé de répondre aux échelles
psychométriques. Ainsi, les données portant sur huit des 90
usagers (8,8 %) sont incomplètes. Pour les mineurs, l’accord
des parents a été systématiquement demandé. Le comité
d’éthique du groupe hospitalier Lariboisière—Fernand-Widal
a donné son accord pour la passation des auto- et hétéro-
questionnaires.
Données sociodémographiques
L’ensemble des usagers a été vu en consultation par le même
psychiatre (premier auteur, Eric Guillem) qui a mené les
entretiens cliniques, validé les critères d’abus et de dépen-
dance et réalisé la passation des hétéroquestionnaires. La
première consultation dure en moyenne deux heures. Elle
comprend un entretien clinique la première heure puis la
passation des échelles psychométriques durant la deuxième
heure. Les données sociodémographiques recueillies sont :
le sexe ;
l’âge ;
l’origine de la démarche ;
le lieu de vie ;
le statut matrimonial et familial ;
le parcours scolaire ;
la situation professionnelle et les ressources actuelles.
Usage, abus et dépendance
Les prévalences d’abus et de dépendance au cannabis et
aux autres substances psychoactives sont évaluées au cours
Des usagers de cannabis vus en consultation spécialisée 229
de l’entretien clinique, puis les diagnostics sont portés
dans un deuxième temps au cours d’un entretien clinique
semi-structuré selon les critères du DSM-IV [3]. En plus du
cannabis, les substances renseignées sont :
l’alcool ;
les benzodiazépines et les hypnotiques ;
l’ecstasy ;
les psychostimulants ;
les hallucinogènes (champignons, LSD, datura...);
l’héroïne (les autres opiacés sont très rarement rappor-
tés) ;
la cocaïne (le crack est également rarement rapporté) ;
les solvants et les poppers.
Le diagnostic d’abus actuel est porté si le sujet répond
à au moins un des quatre critères d’abus définis par le DSM-
IV dans les 12 derniers mois. Le diagnostic de dépendance
actuelle est porté si le sujet répond à au moins trois des sept
critères de dépendance définis par le DSM-IV dans les 12 der-
niers mois. Bien que le DSM-IV ne propose pas de symptômes
physiologiques fiables de manque et ne reconnaît pas de syn-
drome de sevrage pour le cannabis, nous avons repris les six
principaux symptômes de manque proposés par Budney et
al. [7] :
la perte d’appétit ou de poids ;
l’irritabilité ;
la nervosité ou l’anxiété ;
la colère ou l’agressivité ;
l’agitation ;
les troubles du sommeil ou rêves pénibles.
Si un sujet rapporte au moins trois des six symptômes, le
critère de sevrage au cannabis a été considéré présent. L’âge
de première prise du produit et la prévalence de l’usage
sur la vie sont renseignés. L’évaluation de la consomma-
tion cannabique comprend également la quantification de
la consommation dans les six derniers mois :
le nombre de joints quotidiens ;
la part de haschisch (résine) et de marijuana (herbe) ;
le nombre de grammes de cannabis hebdomadaires et
coût mensuel.
Les antécédents familiaux d’abus et de dépendance aux
substances psychoactives sont évalués par la question : «À
votre connaissance, avez-vous dans votre famille un ou plu-
sieurs apparenté(s) ayant eu au cours de sa vie un problème
d’abus ou de dépendance à l’alcool ou à une autre substance
psychoactive ? »
L’usage du cannabis est également évalué par un auto-
questionnaire de dépistage de consommation problématique
de cannabis : le Cannabis Use Disorders Identification Test
(CUDIT) [2]. Les représentations et les attentes vis-à-vis du
cannabis sont évaluées grâce au Marijuana Effect Expec-
tancy Questionnaire (48 items) [1].Ces deux échelles ont été
traduites par nos soins.
Troubles psychiatriques
L’histoire d’un suivi antérieur par un psychologue ou un psy-
chiatre avec ou sans rapport avec le cannabis est renseignée.
Les diagnostics de troubles psychiatriques dans les 12 der-
niers mois chez les usagers (troubles de l’humeur, troubles
anxieux et troubles des conduites alimentaires) sont évalués
avec le Mini-International Neuropsychiatric Interview (MINI)
(version 4.4 vie entière) [18] qui permet de porter des diag-
nostics selon le DSM-IV. Le diagnostic de schizophrénie est
porté à partir d’un entretien semi-structuré selon les cri-
tères du DSM-IV. Les patients schizophrènes sont cotés avec
la PANSS [15]. Les antécédents familiaux psychiatriques sont
évalués par la question : «À votre connaissance, avez-vous
dans votre famille un ou plusieurs apparenté(s) ayant eu au
cours de sa vie un trouble psychiatrique comme un trouble
de l’humeur, une psychose, un trouble grave de la person-
nalité, s’est suicidé ou a fait une tentative de suicide ? »
Analyses statistiques
Des analyses descriptives ont tout d’abord été réalisées
avec le calcul des pourcentages pour les variables quali-
tatives et des moyennes et écart-types pour les variables
dimensionnelles. Des tests tde comparaison de moyennes
ont ensuite été effectués pour les comparaisons entre
groupes pour les variables dimensionnelles et des tests de
Khi-2 pour les comparaisons de pourcentages. Les résultats
présentés portent sur l’ensemble des données recueillies.
Le seuil de significativité de ces tests a été fixé à p= 0,05.
Résultats
Données sociodémographiques
Les caractéristiques sociodémographiques sont présentées
dans le Tableau 1. Sur les 90 usagers, on compte 60 hommes
et 30 femmes (67 % versus 33 %). L’âge moyen des usagers
est de 27,5 ans (±8,4). Le sujet le plus jeune est âgé de
15 ans et le plus âgé de 51 ans. Les femmes sont signifi-
cativement plus âgées que les hommes (30,2 ans versus
26,2 ans ; p= 0,03). Deux tiers des personnes (63 %) sont
venus d’elle-même. Les femmes sont significativement
plus nombreuses que les hommes à faire une démarche
personnelle de soins (83 % versus 52 % ; p= 0,01). Les
usagers dont la démarche de soins est personnelle sont
significativement plus âgés que ceux dont la demande
émane d’un tiers (30,5 ans versus 22,8 ans ; p< 0,001). Il
n’y a pas d’autres différences significatives selon le sexe
(données non montrées). Le lieu de résidence est Paris pour
59 % des usagers et pour le reste les autres départements
d’Île-de-France. Plus de la moitié des usagers (59 %) sont
célibataires ou divorcés et seuls 14 % ont des enfants. Les
parents sont séparés ou ont divorcé chez environ la moitié
(47 %) des usagers. Le niveau scolaire atteint est :
le bac ou des études supérieures (46 %) ;
un CAP ou BEP (13 %) ;
14 % des usagers n’ont pas validé les études secondaires ;
27 % sont étudiants.
230 E. Guillem et al.
Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques.
Total (n= 90)
Homme 67 % (n= 60)
Âge 27,5 ans (±8,4)
Origine démarche de soins (%)
Patient 63
Parents, conjoint 20
Injonction médicale,
judiciaire ou scolaire
17
Situation matrimoniale (%)
Célibataire 55
Union libre 33
Marié(e) 8
Divorcé(e) 4
Niveau études (%)
Scolarité en cours 27
Secondaire non validé 14
CAP/BEP 13
Bac/Bac pro 11
Études supérieures 35
Statut professionnel (%)
Étudiant(e) 27
Actif 40
Non actif 32
Invalidité 1
Ressources (%)
Étudiant(e) 27
Salaire, revenus 40
Allocations chômage, RMI,
allocation adulte
handicapé (AAH)
22
Sans ressources 11
Moins de la moitié (40 %) des usagers ont une activité
professionnelle, 32 % sont inactifs et 1 % est invalide. D’un
point de vue des ressources, 22 % des usagers vus en consul-
tation perc¸oivent l’allocation chômage, le revenu minimal
d’insertion (RMI) ou une allocation adulte handicapée et 11 %
sont sans aucunes ressources.
Usage, abus et dépendance
Les prévalences sur les 12 derniers mois de l’abus et de la
dépendance aux substances psychoactives (DSM-IV) sont rap-
portées dans le Tableau 2. Huit usagers sur dix (82 %) vus à
la consultation cannabis de Lariboisière sont actuellement
dépendants au cannabis et 9 % sont abuseurs. Seuls 7 % des
usagers sont actuellement dépendants à l’alcool et 2 % à la
cocaïne ou à l’ecstasy. La prévalence de la dépendance aux
benzodiazépines, à l’héroïne ou aux stimulants est de 1 %.
L’abus d’alcool actuel est retrouvé chez 7 % des usagers.
L’âge de survenue de l’abus de cannabis est plus précoce
chez les hommes que chez les femmes (17,9 ans versus 21,5
ans ; p= 0,009). Les usagers dépendants au cannabis sont
majoritairement des femmes (93 % versus 76 % ; p= 0,05) et
sont plus âgés que les non dépendants (28,6 ans versus 23,9
ans ; p= 0,01). Les femmes dépendantes du cannabis ont un
Tableau 2 Prévalence sur les 12 derniers mois de l’abus et
la dépendance aux substances psychoactives (DSM-IV).
Abus (%) Dépendance (%)
Cannabis 9 82
Alcool 7 7
Cocaïne 1 2
Ecstasy 0 2
Benzodiazépines 1 1
Héroïne 0 1
Stimulants 0 1
Poppers, solvants,
hallucinogènes
00
nombre plus élevé de critères DSM-IV que les hommes (5,5
versus 3,1 ; p= 0,007). Parmi les usagers vivant en couple,
les femmes ont plus souvent que les hommes un conjoint
consommateur de cannabis (67 % versus 31 % ; p= 0,04) ou
d’alcool et d’autres substances psychoactives (28 % versus
0%; p= 0,03). Au regard des substances autres que le can-
nabis, il n’y a pas de différence dans l’abus et la dépendance
en fonction du sexe ou de l’âge (données non montrées). La
grande majorité des usagers (80 %) sont abuseurs ou dépen-
dants du cannabis dans les 12 derniers mois, sans abus ou
dépendance à une autre substance psychoactive en dehors
du tabac.
L’âge de première prise des produits ainsi que la préva-
lence d’usage sur la vie sont renseignés dans le Tableau 3.
L’âge moyen de première prise pour le tabac est de 13,4
ans, pour l’alcool de 14 ans et pour le cannabis de 15,8 ans.
Il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes
dans l’âge de première expérimentation pour les diverses
substances (données non montrées). Les prévalences
d’usage sur la vie des principaux produits chez les fumeurs
de cannabis sont :
le tabac (99 %) ;
l’alcool (96 %) ;
la cocaïne (41 %) ;
les benzodiazépines et les hypnotiques (41 %) ;
l’ecstasy (40 %).
Tableau 3 Âge de première prise et prévalence sur la vie
de l’usage des substances psychoactives.
Âge (écart-type) Usage sur
la vie (%)
Tabac 13,4 (2,9) 99
Alcool 14,0 (2,8) 96
Solvants 14,4 (2,5) 13
Cannabis 15,8 (3,1) 100
Stimulants 18,7 (4,2) 9
Hallucinogènes 19,4 (3,3) 33
Poppers 19,4 (3,4) 24
Ecstasy 21,5 (3,8) 40
Héroïne 21,6 (5,8) 23
Cocaïne 22,0 (4,5) 41
Benzodiazépines/
hypnotiques
23,5 (7,2) 41
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